Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

Appel à l’action contre le comité de “sages”

 Commentaires fermés sur Appel à l’action contre le comité de “sages”
Fév 122024
 

De Nous ne serons pas sages!

La CAQ a cédé honteusement aux mobilisations transphobes et a décidé de nommer un “comité de sages”, qui décidera du futur des communautés trans et non-binaires. Nous exigeons la dissolution immédiate de ce comité car : 

Ce comité est composé exclusivement de personnes cis (non-trans), qui n’ont même aucune expertise académique ou d’intervention auprès des personnes trans. La majorité d’entre eux entretiennent par contre des affinités connues avec des groupes transphobes. Tout cela est fondé sur la présupposition selon laquelle les personnes trans et non binaires seraient incapables d’être “sages”, raisonnables et impartiales. Nous revendiquons la reconnaissance des savoirs expérientiels, universitaires et communautaires LGBTQ+; nous revendiquons notre auto-détermination! 

L’existence de ce comité a pour but de légitimer les demandes de la droite et de l’extrême droite transphobe. Se pliant à leur agitation, le gouvernement a choisi de mettre sur pause toutes les avancées sociales pour les communautés trans. Il le fait au mépris de ses propres institutions, ignorant l’existence du Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie et de son plan d’action. Ce n’est pas la première fois que la CAQ s’attaque aux communautés trans: on se rappelle le Projet de Loi 2. Nous continuerons de nous défendre face à ce gouvernement transphobe!

Ce comité vise à questionner la légitimité des personnes trans et en faire des objets de débat dans l’espace public. Ce type de mise en scène médiatique a toujours eu comme conséquence d’augmenter les violences et les crimes haineux contre les personnes trans et non conformes dans le genre. Le “problème trans” n’existe pas : nos existences ne sont pas à débattre. Nous continuerons de lutter pour la sécurité et la dignité des personnes trans et non-binaires!

La création de ce comité fait partie du backlash international contre les communautés LGBTQ+. Les agitateurs conservateurs mobilisent leurs bases en présentant les personnes trans comme un danger pour les enfants. Ni les homosexuel.les, ni les drag-queens, ni les personnes trans ne constituent un danger pour la jeunesse. Ce sont plutôt les adultes autoritaires et intolérants qui mettent en danger le bien-être des enfants. Nous continuerons de lutter pour un monde dans lequel tous les enfants se sentent libres de s’exprimer et de s’épanouir sans crainte ni jugement!

Ce comité est influencé par un mouvement réactionnaire qui se dit féministe, prétendant que les femmes trans représenteraient un danger pour les femmes cis. Au contraire, la libération des femmes trans contribue à la libération de toutes les femmes. Combattre pour l’autonomie des individus sur leurs corps, c’est se battre autant pour l’accès aux hormones que pour l’accès à l’avortement. Nous continuerons de lutter pour un monde libéré du patriarcat!

Le gouvernement derrière ce comité est le même qui détruit les milieux de la santé et de l’éducation. C’est le même gouvernement qui s’attaque aux droits des locataires. C’est le même gouvernement qui s’attaque à la liberté religieuse des minorités et qui s’oppose à tout effort de paix en Palestine. Nous souhaitons inscrire cette lutte dans une perspective de solidarité et créer un front commun face aux dérives autoritaires et réactionnaires du pouvoir!

Nous revendiquons la libération trans. En ce sens, nous voulons bâtir un monde qui accueille les individus dans leur diversité et défend leur droit de disposer de leurs corps. Nous voulons aussi créer une société qui accompagne les gens dans leur exploration et affirmation de genre. Nous considérons que se libérer de l’imposition d’une stricte binarité de genre est bénéfique pour l’ensemble de la population. Nous continuerons de lutter pour un monde qui ne sème pas le mal-être, l’inconfort et la haine, mais qui nourrit la joie et l’euphorie. 

Nous appelons à un soulèvement contre la CAQ et son comité de soi-disant “sages”. Nous appelons à l’auto-organisation de toustes celleux qui veulent lutter contre la transphobie. Nous vous invitons à former des groupes affinitaires, à mobiliser vos organisations et à créer des comités. Par la diversité des tactiques, nous comptons faire reculer ce gouvernement et construire un futur pour toustes!

Face au comité de “sages”, NOUS NE SERONS PAS SAGES

Sabotage sur le terrain de Northvolt : donner des armes à la forêt

 Commentaires fermés sur Sabotage sur le terrain de Northvolt : donner des armes à la forêt
Jan 222024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un des derniers milieux naturels de la Montéregie est mis en péril ! La construction planifiée de l’usine de batteries Northvolt à Saint-Basile-le-Grand est un affront écocidaire. Si ce projet a lieu, 1,4 kilomètres carrés de milieux humides et de zones boisées vont être rasés, servant la stratégie de greenwashing de nos gouvernements, et ce, en puisant à même les fonds publics.

La zone abrite une faune diversifiée (chauves-souris, oiseaux, amphibiens, tortues, serpents, etc.) parmi laquelle on compte plusieurs espèces classées comme « menacées » ou « en voie de disparition ». On dénombre même 142 espèces d’oiseaux qui fréquentent le site ! Alors qu’au même moment, les sociétés de transports en commun subissent une vague de compressions budgétaires, le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral préfèrent donner 7,3 milliards de dollars au secteur privé pour perpétuer la « culture de l’automobile ». Plutôt que de miser sur des solutions collectives plus écologiques et solidaires (trains, bus, autopartage) en ville comme en région, les gouvernements perpétuent notre dépendance à la voiture main dans la main avec les industries polluantes et les plus fortunés.

Le projet d’usine à Saint-Basile-le-Grand fait partie intégrante du « Projet Saint-Laurent », une stratégie de développement économique défendue par François Legault qui vise à transformer les basses-terres du Saint-Laurent en une sorte de Silicon Valley québécoise misant sur des « zones d’innovations ». Northvolt s’inscrit donc dans une approche capitaliste de la transition écologique au même titre que d’autres projets dont celui du Littoral Est à Québec, le REM ou encore la plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistiques contre laquelle se battent les citoyens de l’Est de Montréal. Sous le capitalisme, la transition énergétique, c’est-à-dire la sortie des hydrocarbures, signifie la multiplication des mines à ciel ouvert, notamment dans le Sud global, pour y extraire les métaux servant à fabriquer les batteries, la construction de nouveaux barrages hydroélectriques sur les terres de Premières Nations, l’implantation de méga-usines aux abords de nos cours d’eau sans compter l’ambition de nombreux pays d’accroître le nucléaire. Contre ces fausses solutions qui ravagent les écosystèmes, nous nous mobilisons. De plus, ce projet ne bénéficiera pas à la population et risque de produire un « effet boomtown ». L’arrivée soudaine de milliers de travailleurs en zone rurale va engendrer une pression sur le marché immobilier de même que sur les services de santé, d’éducation et d’aide sociale.

Nous avons pris l’initiative de nous opposer à ce déboisement en insérant des barres d’aciers et des clous dans les troncs des arbres qui sont menacés par la construction de l’usine. Tout en ayant un impact minimal sur la santé des arbres, ceux-ci posent un risque important pour la machinerie lourde. Les abatteuses actuellement employées sur le terrain seront sévèrement endommagées si leur tête entre en contact avec les objets métalliques au moment de la coupe*. Pour arrêter Northvolt, nous devons multiplier les tactiques et frapper là où ça fait mal : c’est-à-dire en causant un risque économique et de l’incertitude. Contrairement à ce qui prétend le ministre Fitzgibbon, nous n’avons pas croisé de « poissons à trois yeux », mais avons plutôt été accompagné·es du chant des oiseaux et avons pu marcher dans les innombrables chemins tracés par les bêtes qui habitent le boisé. ​​​​​Nous avons donné des armes à la forêt pour qu’elle puisse se défendre !

Le cloutage, ou « spiking », est une méthode d’action directe qui a fait ses preuves. Elle a été utilisée au début des années 1980 par Earth First ! pour empêcher l’abattage des séquoias dans le Pacific Northwest américain et a été popularisée par le livre « Ecodefense: A Field Guide to Monkeywrenching » écrit par Dave Foreman, l’un des fondateurs du groupe écologiste (l’ouvrage est disponible en ligne ici). La méthode a d’ailleurs été utilisée contre la coupe à blanc des forêts primaires de Clayoquot en Colombie-Britannique. Cette mobilisation a culminé à l’été 1993 avec l’acte de désobéissance civile le plus important de l’histoire du Canada avant les blocages de Fairy Creek en 2021 où la méthode a de nouveau été utilisée par les activistes. Au mois de mai de cette année, des activistes des Soulèvements de la Terre ont fait de même pour protéger les chênes de la forêt de Bord à l’est de Rouen en France.

Aujourd’hui, nous appelons à une mobilisation large contre le projet destructeur que constitue la méga-usine de Northvolt. Il faut s’en prendre à cette machine à broyer le vivant en visant ses points faibles. Sabotons l’équipement, bloquons les chantiers et harcelons les élus à la solde de l’industrie. Le mouvement écologiste doit redoubler d’ardeur.


*De même, lors de la coupe, si une tronçonneuse heurte un clou, celui-ci va abîmer ou briser la chaîne. Il faudra refaire l’affûtage, – perte de temps – voire changer toute la chaîne, puis reprendre l’abattage un peu plus haut pour ne pas heurter de nouveau le clou en espérant ne pas en rencontrer un second. La déforestation sera rendue d’autant plus pénible, coûteuse, et potentiellement dangereuse.

P. S : Nous ne sommes en aucun cas hostiles aux travailleur·euse·s : nous en avons contre ceux qui profitent de la destruction de nos milieux de vie et qui font passer le profit avant tout. En ce sens, la classe ouvrière est, au même titre que la terre, les animaux et les végétaux qui font prospérer le territoire, exploitée par notre système économique. Pour nous assurer que les personnes engagées pour raser la forêt soient bien conscientes des risques de l’opération, nous avons marqué les arbres cloutés d’un signe de S peinturé à l’aérosol en plus d’ajouter des affiches expliquant notre tactique. Nous espérons que les travailleur·euse·s sauront faire respecter leurs droits et se tiendront loin des arbres identifiés.

Solidarité contre la répression : Action contre Indigo

 Commentaires fermés sur Solidarité contre la répression : Action contre Indigo
Jan 142024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Aux petites heures du matin du 13 janvier, nous avons posé une action en solidarité avec les personnes arrêtées à Toronto le 23 novembre 2023. La police de Toronto a dépensé des centaines de milliers de dollars afin de s’introduire dans des maisons, menotter des aînéEs, saccager des effets personnels et terroriser des familles. Des parents ont été menotté.es devant leurs enfants. À son retour à la maison, une personne a retrouvé sa porte brisée et une chaise de patio ayant été lancée dans la cour avant. Les membres d’une autre famille se sont fait ordonner de ne pas parler dans leur langue maternelle. Les arrêtéEs ont prétenduement poser l’action ordinaire de poser des affiches sur une librairie de la chaîne Indigo et d’éclabousser sa façade de peinture. Cette action visait la foundatrice et CEO de Indigo, Heather Reisman, qui redirige les profits de Indigo vers la fondation HESEG, laquelle offre des bourses d’éducation à des individus émigrant en Israël pour s’enroler dans l’IDF, soutenant et encourageant ainsi le recrutement à l’international pour l’armée israëlienne. Afin de punir plus durement les militantEs arrêtéEs, de terroriser les autres militantEs engagéEs auprès du mouvement en solidarité avec les Palestinien.nes et de légitimer les persécutions qu’elle commet, la police a encouragé un récit médiatique décrivant l’action comme des crimes motivés par une haine antisémite. La cruauté de ces arrestations et de ces fouilles illustre que si la police était vraiment intéressée à empêcher les attaques haineuses, ses membres ne seraient tout simplement pas allés travailler.

La police ne peut protéger les complices du génocide partout ou en tout temps. Nous avons utilisé un extincteur rempli de peinture rouge pour redécorer l’intérieur du magasin Indigo au centre-ville de Montréal, après avoir brisé les fenêtres. Il n’y a eu aucune arrestation.

Nous avons agi afin de montrer qu’il y a un mouvement qui ne tolérera aucune persécution politique éhontée. Nous voulons attirer l’attention sur les arrêté.es de Toronto afin qu’illes ne soient pas oubliéEs. La police, tout autant que les capitalistes comme Heather Reitman, ne doivent pas avoir la permission de librement terroriser celleux qui expriment leur résistance. Clairement, la loi n’apporte pas notre sécurité et nous devons être les agent.es de notre propre justice.

Nous sommes anarchistes. Nous refusons de supporter un quelconque gouvernement ou parti, qu’il soit ethno-nationaliste, islamiste, fasciste, colonial ou démocratique et libéral. Nous contestons que les problèmes du monde soient réductibles à des enjeux d’ethnicité ou de religion, qu’elles soient juive, arabe ou musulmane. Nous soutenons la liberté et le bonheur de tout le monde. Les gouvernements, les médias et les capitalistes d’Israël, du Canada et des É-U considèrent le siège de Gaza comme une occasion d’accroître leurs propres pouvoir, richesse et privilège. Leur manque de respect envers la valeur de la vie humaine, qui leur profite et qui indigne quiconque observe la situation, devient plus clair à chaque massacre à Gaza. Ceci est évident même pour les gens vivants en Israël qui ont perdu leur droits de manifester ou d’exprimer leur désaccord, et qui ont pu constater que les vies juives ne comptent pas non plus dans la campagne de punition collective et de capture de territoire que mène le gouvernement israélien. Cela est encore plus clair pour les familles des otages israélienEs (trois d’entre elles ont d’ailleurs perdu un être cher, abattus par les troupes israéliennes alors qu’iels agitaient un drapeau blanc). Nous sommes désenchantéEs et avons décidé d’ignorer les cycles médiatiques habituels et leurs attentes de manifestations obéissantes.

Nous avons agi parce que c’est tellement facile de causer des dégâts. Notre but est de miner tous les actes de répression politique ainsi que de bâtir une offensive contre les gouvernements et les capitalistes. Nous espérons que cette action soit populaire et inspire d’autres gens. Lorsque que des actions de ce genre se répandent, que nous soyons caché.es dans la nuit ou fondu.es dans la foule, notre habileté à changer le futur croît radicalement. Aucun sauveur ne prépare son entrée en scène. Nous n’attendrons pas en vain que quelque chose survienne. Personne ne nous a demandé d’accomplir cette action. Il s’agit du genre de résistance que nous voulons voir exister, et donc nous l’avons mise en oeuvre. Si vous lisez ceci, sauf si vous êtes unE flic ou unE capitaliste, nous vous encourageons à vous renseigner sur les idées anarchistes, comment vous habiller pour vous anonymiser et comment agir sans laisser de trace numérique.

Sabotage ferroviaire au ‘BC’ en solidarité avec la Palestine et les Wet’suwet’en

 Commentaires fermés sur Sabotage ferroviaire au ‘BC’ en solidarité avec la Palestine et les Wet’suwet’en
Jan 012024
 

Soumission anonyme à BC Counter-info

Fin octobre 2023, aux heures les plus calmes de la nuit, un petit groupe a rapidement mis en place un blocus des voies ferrées du CN au “bc”, dans la région de Hope.

Le blocus consistait en un étau de table de travail en fer de 100 livres – dont les mâchoires étaient fixées directement au rail – surmonté d’une pile de plusieurs centaines de livres de chaînes et de ferraille.

D’un côté du gigantesque étau de table de travail était peint en rouge “FREE GAZA”. De l’autre côté, on pouvait lire “CGL OFF THE YINTAH”. Le barrage était fixé à un tronçon de rail incurvé dans la forêt, à proximité d’aucune habitation. Les trains de marchandises du CN traversent cette zone plusieurs fois par heure. Le barrage a été fixé immédiatement après le passage d’un train, afin de laisser le plus de temps possible pour travailler en toute sécurité.

Seules deux lignes ferroviaires transportent l’ensemble du système de fret de la “Colombie-Britannique” : le CN et le CP. Leurs itinéraires se chevauchent dans une vaste zone du territoire Secwepemc, entre Hope et Kamloops, que les autorités qualifient de “point d’étranglement” pour le système de fret du gouvernement – ses lignes d’approvisionnement pour l’extraction des ressources. Si ces deux lignes sont perturbées ou fermées simultanément, c’est tout le système de fret ferroviaire de la “province” qui s’arrête. Mettons-nous au travail.

Veuilez jeter vos déchets sur les rails. Plus il y a de déchets, de verre brisé et de ferraille sur les rails, plus les travaux s’encrassent.

[Voir ce texte pour des méthodes permettant d’éviter de causer un déraillement ; NdMtlCI]


Alors que nous prenons les mesures nécessaires pour envoyer ce communiqué anonyme, nous souhaitons encourager des tactiques allant au-delà des boycotts. C’est une bonne chose de cesser de donner de l’argent aux entreprises génocidaires. Il est maintenant temps de franchir une nouvelle étape et de commencer à prendre l’argent de ces entreprises. La récente autoréduction massive de nourriture dans un Whole Foods à Lenapehoking, soi-disant New York, est un excellent exemple.

Vous avez cessé d’aller chez Starbucks – commencez maintenant à retourner chez Starbucks pour voler et détruire leurs marchandises. Perturbez leurs profits de manière de plus en plus directe. Les petits rasoirs cachés sont parfaits pour ouvrir les sacs de café et déchirer les produits, tout en ayant l’air de simplement manipuler et examiner les marchandises.

Les conteneurs d’huile de cuisson usagée sont parfaits pour être versés sur les livres et les produits en papier dans les magasins qui soutiennent le génocide. Huilez votre Indigo local par exemple – ciblez les produits les plus chers possible. Transportez l’huile dans une bouteille d’eau ou une tasse à café réutilisable, ou dans de minuscules flacons qui tiennent dans la paume de votre main.

Ne jetez plus les restes de nourriture, en particulier la viande, mais fabriquez des boules puantes. Mettez les aliments dans des récipients bien fermés et laissez-les pourrir à la chaleur. Lorsqu’ils sont prêts, déversez subtilement leur contenu dans les commerces que vous souhaitez perturber.

rassemblez-vous, faites preuve de créativité et allez-y

Réflexions anarchistes sur la grève en milieu scolaire

 Commentaires fermés sur Réflexions anarchistes sur la grève en milieu scolaire
Déc 292023
 

De l’Organisation révolutionnaire anarchiste

Trop souvent les professionnel·les de l’enseignement sont méprisé·es, déconsidéré·es, pris·es pour acquis·es par l’État québécois et son ministère de l’Éducation. Le travail éducatif, comme les autres emplois du soin et de la reproduction sociale, a une position particulière dans le système capitaliste. C’est un travail dévalorisé parce qu’il ne participe pas directement à la création de profits. Le travail éducatif est aussi une bonne illustration du patriarcat dans la société contemporaine: il est dévalorisé parce qu’il est considéré comme un « féminin ». En même temps, la profession est instrumentalisée et détournée par l’État pour assurer la reproduction du système tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Cette exploitation du travail, surtout des personnes femmes, doit cesser : nous espérons que la lutte syndicale actuelle offrira des possibilités de libération pour ces traveilleur·euse·s. 

Nous proposons ici quelques réflexions afin d’élargir ces possibilités libératrices de la résistance du milieu scolaire dans la grève actuelle. Nous considérons qu’il n’est pas suffisant de revendiquer de meilleures conditions de travail pour les travailleur·euses : nous croyons nécessaire de chambouler le système scolaire dans son entièreté en reconnaissant l’autonomie de toutes les personnes qui y participent. En plus des revendications salariales, les conditions des classes, particulièrement concernant le nombre d’élèves par classe, le soutien à l’enseignement et le budget pour le matériel scolaire, doivent rester à l’avant-plan des demandes des regroupements des travailleur·euses. D’autant plus que celles-ci ne  concernent pas qu’elleux, mais aussi les élèves. À notre sens, c’est cette relation entre les travailleur·euses de l’enseignement et les personnes avec lesquelles illes travaillent qui permet de redonner aux luttes syndicales des perspectives révolutionnaires. 

Les revendications syndicales actuelles effacent certains enjeux centraux au fonctionnement de la classe et de l’école. Le mouvement anarchiste nous a laissé en héritage plusieurs pistes d’analyse pertinentes provenant de pédagogues et d’écoles ayant des projets de libération commune au personnel des écoles et aux élèves. Ces expériences nous amènent à souligner deux autres problèmes dépassant les conditions salariales et le sous-financement du système : les fonctionnements prescrits par un État de plus en plus incompétent et méconnaissant des conditions d’enseignement ; le recours constant à l’autorité qui passe de l’État, aux directions, aux enseignant·e·s et, enfin, aux élèves.

Au regard de ces problèmes, nous considérons que la résistance doit commencer dans chaque classe par la collaboration des élèves et des enseignant·e·s et dans chaque école en résistant à l’ingérence de l’État et en créant des structures plus autonomes.

Le rôle de reproduction de l’école actuelle

Les programmes actuels sont, à notre sens, beaucoup trop prescriptifs et restrictifs. Ils assument que les élèves se développent à un rythme régulier et similaire pour toustes. Or, comme il est possible d’observer facilement dans les classes, ce n’est pas du tout le cas. Les atteintes à remplir de ces programmes imposent un stress continu sur tout le système. Le personnel enseignant surchargé n’arrive pas à transmettre et à évaluer tous les éléments du programme ; les élèves se sentent peu à peu de plus en plus incompétent·e·s ou ne sont pas assez stimul·é·s par l’école. 

En plus de ce stress, ces programmes restreignent la liberté des enseignant·e·s et des élèves dans les apprentissages. Ensemble, ces derniers·ères devraient être en mesure de choisir un cheminement adapté à leurs besoins et à leurs intérêts en reconnaissant leur expertise commune (celle des enseignant·e·s sur l’éducation et celle des élèves sur leur connaissance d’elle-eux-mêmes). Cela vient nécessairement avec une redéfinition des critères de réussite et d’une définition subjective de la réussite.  

Sans cela, nous considérons que l’école ne se voit qu’attribuer la fonction centrale de la reproduction des systèmes oppressifs de la société. Les curriculums structurent l’école autour de pratiques qui servent à classer les élèves selon leur atteinte de la «réussite». Il faut se questionner sur ce que cette réussite sous-entend comme objectifs. À notre sens, elle soutient surtout le système de travail actuel. En évaluant les élèves et en les mettant en compétition, l’école détermine qui aura accès aux emplois les plus valorisés et les plus payés plus tard. Ainsi, on assure une restriction à l’accès à la richesse aux élèves les plus performant·es (encore provenant majoritairement des classes priviligées). Du même coup, on justifie la perpétuité de la misère des classes opprimées. Les élèves intériorisent par coups d’échec et de dévalorisation qu’illes seraient moins méritant·e·s en raison de leur manque de performance scolaire aux tests standardisés et aux évaluations arbitraires. Dès le plus jeune âge, on leur inculque la notion de dominance et de soumission à un système classiste et capitaliste. 

Le système québécois à trois vitesses (avec les écoles publiques, privées et les programmes spécialisés) ne fait qu’accentuer les écarts entre les élèves. On ajoute à cela le manque de personnel spécialisé dans les écoles, le manque de ressources matérielles et le trop grand nombre d’élèves : aucune chance que l’école publique puisse réellement remplir son mandat d’éducation. Les élèves n’ont pas non plus la chance d’atteindre leur potentiel. Un potentiel qui ne serait pas défini par un État pour répondre aux besoins du marché, mais par ses intérêts et ses besoins. Pensons ici comme alternatives les pédagogies par projet qui centrent l’élève dans des processus qui lui permettent de participer activement à sa communauté. À travers ces projets, les apprentissages se réalisent selon les besoins qui surviennent, et non selon des impositions externes que l’élève ne comprend pas.  

Les systèmes d’oppression dans le système scolaire 

Dans un autre ordre d’idées, il faut s’intéresser à la question des élèves en difficulté d’apprentissage et en situation de handicap. Les syndicats revendiquent actuellement un meilleur équilibre du « nombre de cas » dans les classes. Pourtant, cette mesure n’est pas une solution suffisante pour aider autant le personnel enseignant que les élèves. Nous soutenons que la situation de handicap n’est pas un problème individuel, mais un problème créé par le système en place qui assume que les élèves doivent s’adapter à la « norme ». à des critères de réussite abstraits et arbitraires. Malgré le projet d’inclusion que le gouvernement tente de mettre en place depuis quelques années, le fonctionnement des classes et les curriculums n’ont pas reflété de changements permettant que ce projet se concrétise. À la place, le système fait porter la responsabilité au personnel enseignant et aux élèves sans leur donner le réel pouvoir de changer les choses. Nous proposons de décentraliser l’image de l’élève modèle porté par la vision des curriculums en passant par une réappropriation des attentes et des curriculums par le milieu scolaire. Créons plus de chemin de réussites, plus de parcours d’apprentissage selon les besoins réels des élèves et des personnes enseignantes. La prise de décision sur les apprentissages devrait se faire le plus proche possible des élèves. 

Il nous apparait aussi essentiel de ne pas garder sous silence quels savoirs et quelles transmissions de savoir sont priorisées par l’État dans les curriculums. En valorisant la transmission des savoirs dominants, l’école reste un projet colonial et raciste. En s’appuyant toujours sur l’autorité présumée de l’adulte pour transmettre les savoirs, l’école soutient indirectement, et parfois même directement, les différents discours oppressifs : raciste, sexiste, queerphobe et capacitiste. En effet, au lieu de donner les outils aux élèves pour analyser les réalités sociales et réfléchir par elleux-mêmes, on primerose de leur présenter les savoirs déjà prémâchés en faisant référence à l’autorité de la personne experte. Cela les empêche d’entrer dans des discussions constructives où illes se sentiraient aptes à remettre en question des « faits établis ». Illes apprendraient à chercher à comprendre plusieurs analyses possibles selon des postures sociales diverses, pas seulement la perspective des hommes blancs cis hétérosexuels qui continuent à prédominer à l’université et dans nos gouvernements. Les élèves doivent être vus comme des personnes capables de produire du savoir aussi, non seulement de le recevoir. Cela est d’autant plus le cas des élèves vivant différentes formes d’oppression qui devraient en mesure d’être entendu.e dans un système où leur communauté est parfois sous-représentée. 

Nous soutenons toutes les approches de plus en plus populaires qui redonnent aux  élèves du pouvoir dans leur apprentissage et qui les invitent à penser par elleux-mêmes. Or, quiconque souhaite voir une possibilité de changement social dans le projet scolaire verra ses espoirs mitigés par l’expérience et la brutalité des exigences de l’État qui priorise l’atteinte de compétences servant le système au bienêtre des élèves.  

L’autorité : une violence partagée 

 Comme nous venons de le montrer, l’État joue un rôle dans l’instrumentalisation de l’école. L’État impose des curriculums, des examens ministériels, des processus de prise de décision hiérarchiques. Ces mesures restreignent grandement la liberté des enseignant·es à faire des choix pédagogiques et structurels qui pourraient modifier le système. Les personnes enseignantes doivent aussi faire subir les décisions de l’État à leurs élèves, limitant ainsi leur liberté dans leurs apprentissages. Le fonctionnement du haut vers le bas repose sur le recours constant à l’autorité enseignante, soutenu par les méthodes managériales des directions. En plus, en refusant de financer convenablement l’école publique, l’État met le personnel du milieu dans des situations de plus en plus difficiles, ce qui les contraint à assoir une autorité toujours plus grande pour que le système survive. 

D’autant plus, l’État vient de passer, en pleine mobilisation syndicale, la loi 23 qui lui octroie encore plus de pouvoir sur le système scolaire. Nous devons reconnaitre que les personnes professionnelles de l’enseignement ne sont que très peu consultées par l’État quand il est temps de prendre des décisions structurelles sur le système. Et quand elles le sont, il est rare qu’elles soient réellement écoutées. C’est une autorité illégitime que se donne l’État alors que le gouvernement n’a pas du tout les connaissances du terrain. En plus, en priorisant la recherche universitaire pour la prise de décision, cela restreint encore la construction du savoir à une classe privilégiée sans considérer toutes les démarches et les analyses qui sont faites dans les classes par le personnel et les élèves. Ces personnes sont à même de choisir ce qu’illes ont besoin et ce qui les aide à réussir, pas les personnes au pouvoir de plus en plus éloignées des écoles. 

Il faut aussi souligner les conséquences de l’autorité sur les élèves. L’autorité est souvent utilisée comme moyen de conserver le contrôle d’une classe en vue de transmettre du savoir. Cela a tendance à enlever aux élèves leur confiance dans leur capacité à faire des choix sur le long terme. Les élèves veulent apprendre, mais, quand les apprentissages sont toujours imposés par le haut, illes perdent leur motivation intrinsèque. Il est normal que les élèves questionnent l’autorité et veuillent avoir une prise de parole. En associant toujours cette résistance à de l’indiscipline et en y proposant plus d’autorité comme solution, cela ne fait qu’habituer les élèves à prioriser une personne « supérieure » à elleux pour prendre des décisions. Cela ne leur apprend pas l’autonomie ni à résister aux injustices de la société. Nous soutenons que cela ne fait que les préparer à respecter l’autorité de l’État et de leur patronat.  

En ce sens, il est nécessaire que les luttes enseignantes et les luttes des élèves se rejoignent. Il nous faut nommer les ennemis communs : l’État et son système scolaire. Nous proposons aux enseignant·e·s de résister à l’autorité de l’État sur leur travail et de résister à l’autorité éducative que l’école essaie de leur faire imposer aux élèves.

Une lutte syndicale porteuse de changements sociaux 

À la lumière de cette analyse, il semble aujourd’hui risible que l’école québécoise se donne comme objectif de favoriser le « vivre ensemble » alors qu’elle abat toute sa violence sur le dos de ses élèves et des personnes y travaillant. Les mauvaises conditions de travail ont des impacts de plus en plus importants sur le bienêtre de toute la communauté scolaire. Le racisme et le capacitisme restent des problèmes largement gardés sous silence dans les écoles, et la situation actuelle ne fait que les empirer. Les comportements des enfants racisé·es continuent d’être de plus en plus policés et punis ; les élèves en situation de handicap ont de moins en moins de ressources pour atteindre leur potentiel. L’école actuelle ne fait qu’assurer l’individualisme de survie dans la jungle capitaliste.

Et les personnes enseignantes sont en première place du spectacle des conséquences de ce système sur les enfants et leur famille n’arrivant pas à répondre à leurs besoins. Les inégalités sociales ont des impacts réels sur les conditions de travail des écoles. Devant ces problèmes systémiques, le personnel éducatif doit s’unir à toutes les luttes qui veulent remettre de l’avant le prendre soin collectif, le partage des ressources selon les besoins de toustes et la destruction des systèmes  d’oppression. 

On dit souvent que le travail éducatif fait partie des différents emplois du soin. Le soin collectif et l’aide mutuelle sont parmi nos meilleurs outils de résistance au système capitaliste qui veut nous séparer avec l’individualisme et la consommation. Dans nos classes, on voit cette résistance qui s’opère en recherchant à promouvoir le travail d’équipe et l’entraide dans l’apprentissage. Dans les écoles, on voit des communautés de parents et d’élèves plus larges se former pour accompagner le personnel sur les lignes de piquetage. Ainsi, les communautés des écoles et autour des écoles doivent se solidariser. Par exemple, nous proposons de ne pas limiter les revendications sur l’indexation des salaires à l’inflation aux personnes syndiquées, mais pour toustes parce que cela est aussi pour le bien de nos élèves.   

Autogestion et libération pour toustes

Les problèmes que nous venons de souligner ne seront pas résolus par l’intervention de l’État, surtout pas devant le mépris qu’il utilise sur les tables de négociation. Nous pensons que le changement doit passer par la mobilisation du personnel enseignant en collaboration avec les élèves. Pour que cela soit possible, nous devons changer l’école pour que les élèves puissent prendre la parole et revendiquer pour elleux-mêmes leurs conditions d’étude. Les syndicats représentent les travailleur·euses; qui représente les élèves? Si les enseignant·es se réclament une indépendance en réponse au paternaliste de l’État, illes ne peuvent en bonne conscience que refuser les mêmes outils pour les élèves. Peu importe ce qu’on essaie de nous faire croire sur l’incapacité des élèves à faire des choix engageants quant à leurs existences, nous devons rejeter ce discours qui engendre des conséquences violentes sur les élèves. Il faut reconnaitre aux élèves leur liberté pour qu’illes aient un réel pouvoir sur leur éducation.

Les élèves devraient pouvoir s’organiser pour présenter des revendications en dehors du regard autoritaire des adultes et de l’État. De cette façon, nous rejetons l’autoritarisme comme seule manière de faire fonctionner une classe, une école, une société. Sans le contrôle imposé de l’État, nous pourrons explorer  de nouvelles avenues pour vivre ensemble à l’école, et plus largement dans la société. 

L’école devrait être un milieu qui favorise la construction d’une communauté qui prend des décisions collectives en considérant l’autonomie des enfants et des travailleur·euses. Un milieu antioppressif qui combat activement les outils qui soutiennent le système en permettant une remise en question constante des discours sociaux racistes, capacitistes, sexistes  et queerphobes. Pour que cela soit possible, la parole de toustes se doit d’être considérée en développant de nouvelles structures réellement démocratiques à l’école et avec les communautés qui l’entourent. Nous rejetons l’idée que l’école soit mise à part de la sphère politique et de ses décisions : les élèves doivent être considéré·es comme des sujets politiques actifs, en reconnaissant les différents besoins et prises de parole.

En ce sens, chaque école devrait mener sa propre lutte selon des demandes conjointes et uniques au contexte des traveilleur·euses et des élèves. Revendiquons l’autodétermination de chaque milieu par rapport à l’État. Redonnons le pouvoir aux communautés de travailler ensemble pour assurer la libération de toustes à travers une éducation populaire. Une éducation qui appartient aux communautés pour les communautés en vue de construire un monde meilleur.

Ça brasse partout!

 Commentaires fermés sur Ça brasse partout!
Déc 162023
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

Tract distribué lors des différentes manifestations de l’automne 2023

C’est l’fun de vous voir manifester! On écrit ce document parce que les politiques des gouvernements nous forcent à marcher souvent pour dénoncer les injustices et plein de mouvements s’activent. Ça brasse pas mal dans plein de secteur de la société; ça faisait longtemps qu’on avait pas vu autant de manifs aussi populeuses, des grèves, des blocages et des actions directes aussi fréquentes. C’est une opportunité exceptionnelle de rejoindre des luttes conviviales et combatives, si vous avez le temps et l’énergie. C’est non seulement plus d’opportunités de faire du trouble à Legault et à Trudeau, mais une manière de créer des liens entre les luttes, de s’informer, de créer des solidarités et de trouver des gens qui nous ressemblent. C’est pour ça qu’on vous présente d’autres luttes qui se passent entre autres à Montréal.

La CLAC est un collectif anti-autoritaire réuni sur la base de la lutte contre toute les oppressions et dominations.

Autre collectif intéressant : l’ORA est une nouvelle Organisation Révolutionnaire Anarchiste ouverte et publique à Montréal.

Attaques contre les locataires

L’agenda de la CAQ n’est pas compliqué: on prend aux pauvres pour donner aux riches. En terme de logement, ça veut dire de s’attaquer aux dernières mesures qui permettent de garder quelques espaces pas trop cher pour nous. Une de ces attaques est le projet de loi 31, qui vise entre autres ầ empêcher la cession de bail, une pratique qui permet de garder le loyer au même prix entre deux locataires. Bien que les propriétaires n’ont pas le droit d’augmenter le loyer de plus qu’un taux déterminé par la régie du logement, les cessions de bail sont la seule façon d’empêcher les hausses excessives qui se produisent lors d’un changement de locataire.

Le FLIP (Front de Lutte pour une Immobilier Populaire) organise plusieurs événements pour lutter contre ce projet de loi, dont une grande manif le samedi 2 décembre à midi au métro Parc!

Le SLAM (Syndicat de Locataires Autonomes de Montréal) a une approche anarcho-syndicaliste du droit au logement.

Génocide à Gaza

La bande de Gaza, depuis le milieu des années 2000, faisait l’objet d’un blocus économique, empêchant l’importation de plusieurs biens essentiels et empêchant les gens de sortir du territoire, et même d’aller pêcher dans la mer. Plusieurs expert·e·s ont qualifié Gaza de prison à ciel ouvert et ce longtemps avant l’attaque du 7 octobre. Les attaques Israëliennes sur les populations civiles de Gaza ne sont pas une guerre: Gaza ne possède pas d’armée à proprement parler. C’est pourquoi le terme de génocide est plus approprié pour la situation. De très nombreuses manifs se produisent en solidarité avec les gazaouis. Voix Juives Indépendantes, et Palestiniens et Juifs Unis organisent des manifestations pour que cessent le génocide.

Destruction environnementale

Pendant ce temps, les gouvernements coupent dans le transport en commun et visent à continuer le tout-à-l’auto, au dépend de la survie de la planète. En tête de liste des choix douteux du gouvernement, l’investissement de 7 milliards de dollars dans une usine de batteries au lithium qui désire s’implanter à McMasterville, au dépens de l’écosystème local, au profit des minières canadiennes, et aux dépens d’un plan de transport raisonnable. Dans le mouvement écolo, Rage Climatique lutte contre ce projet d’usine.

Lutte contre la transphobie et l’homophobie

L’extrême droite s’en prend désormais de plus en plus droits des enfants et personnes trans-, queer et non-binaires en tentant d’empêcher l’éducation sexuelle inclusive, comme celle effectuée par des personnes trans. Heureusement, ces attaques ne sont pas sans réponses grâce aux efforts incessant du P!nk Bloc Montréal.

Attaques contre les travailleur·euse·s

Les conventions collectives pour le secteur public arrivaient à échéance le 31 mars 2023, au même moment où continuait la mauvaise foi du gouvernement Legault. Une fermeture à discuter des conditions de travail ou à offrir des augmentations qui s’approche de l’inflation a amené des votes de grève historique dans les nombreux syndicats, avec des votes de grève atteignant parfois 100%. Plusieurs journées de  grèves sont prévues dans les prochaines semaines.

Donc ça va très mal, mais au moins on résiste! Pour avoir plus d’informations sur tout les événements organisés dans le cadre de ces différents mouvements, consultez le calendrier de Résistance Montréal au https://www.resistancemontreal.org/calendrier

Québec : Action contre PL31

 Commentaires fermés sur Québec : Action contre PL31
Déc 052023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

PL31 /// Dénis des droits fondamentaux

Le projet de loi de la CAQ et de sa ministre Duranceau est une attaque directe envers les classes les plus vulnérables de notre société.
La ministre, ses petits amis lobbyistes et sa partenaire d’affaire Annie Lemieux doivent être bien heureux de pouvoir exploiter librement les locataires pour se remplir les poches.
Pour lui envoyer un message, nous avons redécoré la porte de son ministère à Québec.

Le PL31 est un coup bas pour le droit au logement.

Pour qui la ministre travaille-t-elle vraiment?
Pour les promoteurs immobiliers ou pour la population?

Nous répliquerons sans relâche aux actes de ces rapaces.

Nous sommes partout.
Nous sommes anarchistes.

Femme à maintenir séparée : La prison, le genre et la violence de l’inclusion

 Commentaires fermés sur Femme à maintenir séparée : La prison, le genre et la violence de l’inclusion
Déc 052023
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Avant toute chose, un avertissement : ce texte est écrit par et pour des personnes queers et leurs ami-e-s. Il a pour intention de contribuer au débat autour de l’inclusion et des identités, où la validité des personnes queers n’est pas questionnée. Quiconque utilise ce texte pour contribuer à de l’homophobie ou de la transphobie est un foutu crétin.

Quand la porte de la cellule se referme enfin, quand le bruit métallique des clés s’éloigne, tu sais que t’iras pas plus loin aujourd’hui. Enfin tu peux relâcher ton souffle, seul-e avec ton matelas, et être dans ton propre corps à nouveau, ton corps qui n’est plus un problème à résoudre ou une question à laquelle répondre. Simplement ton poids familier sous la couverture, où tu peux trembler encore et encore, et essayer de dormir et de te préparer à ce qui va venir.

J’ai fait de la taule autant dans des prisons pour hommes que pour femmes, et j’en ai beaucoup appris sur le monde dans lequel on vit. Sur le genre et sur comment l’État le perçoit, et sur la façon dont le genre est une forme de contrôle. Ici, dans le territoire appelé Canada, l’État a changé ses règles sur la façon dont ses institutions traitent le genre il y a de ça quelques années. Il a ajouté «l’identité de genre» à la liste des «catégories protégées», comme la race ou le sexe, dans le projet de loi C-16(1). Cela signifie qu’il a fallu s’informer sur comment respecter l’auto-identification de genre.

Dans le monde austère et violent de la prison, la fragilité de ce cadre progressiste du genre apparaît clairement. La société canadienne a une approche – officiellement – positive de la différence, à travers l’inclusion de diverses identités basées sur l’auto-identification. C’est en grande partie le résultat de luttes, mais nous devons aussi être capable de le critiquer pour continuer à lutter pour un monde sans prisons et sans la violence du genre. On se penchera plus tard dessus dans le texte, mais adopter nous-mêmes la vision purement positive de l’identité de genre que véhicule l’État peut nous mener à une compréhension simpliste de (l’hétéro-)sexisme et à défendre les projets de l’État contre les réactionnaires, alors que nous devrions les attaquer à notre façon(2).

Se faire identifier

La prison est l’un de ces rares espaces restants où l’État continue à s’impliquer ouvertement dans la catégorisation des gens par le genre, et à les exposer à un traitement différencié sur cette base. Allongée sur ce matelas merdique, j’étais dans une cellule de l’unité d’isolement de la section femme de ma prison régionale après avoir été identifiée comme trans. Les gardiens m’avaient cuisiné sur mon genre et ma sexualité pendant à peu près deux heures jusqu’à ce que je sois en pleurs, ce qui était horrible, puisque j’essaye d’habitude de ne pas leur montrer grand-chose.

Au niveau humain, je ne pense pas qu’ils agissaient avec malveillance. Le processus était nouveau, la plupart d’entre eux ne s’en étaient jamais chargé
avant et ils ne connaissaient probablement aucune personne trans. Et beaucoup des questions posées n’étaient pas les questions officielles. Quand le gardien
derrière le bureau s’arrêtait pour taper quelque chose, l’un de ceux sur le côté intervenait avec curiosité : « Donc tu ne t’identifies comme rien, mais tu aimes les hommes ou les femmes ? Tu dois choisir. » Et alors le gardien au bureau continuait « Donc si tu es en surveillance étroite en cas de risque de suicide, et on t’a retiré tes vêtements, tu veux être surveillé par qui sur caméra, un homme ou une femme ? »

Comment tu t’identifies ? Identifie-toi ! Il y a deux portiques de détection menant à deux différentes incarcérations, tu dois t’identifier de façon à ce qu’on sache lequel utiliser.

La pression pour s’identifier avait commencé juste avant l’aube ce jour-là, peu de temps après les détonations des grenades assourdissantes quand les flics avaient enfoncé notre porte. J’étais nue sous un drap, les poignets attachés par des serflex, surveillée par un flic masqué en tenue de protection avec un fusil d’assaut à la main, quand un flic habillé plus normalement est entré. Il m’a annoncé les chefs d’accusation, et m’a ensuite demandé si je préférais qu’un flic homme ou femme me regarde m’habiller. J’ai dit que je m’en fichais. Il est parti chercher une flic femme et a coupé les menottes. Je passais en revu mes vêtements à la recherche de quelque chose qui serait à la fois féminin et chaud, puis j’ignorais leurs sommations pour me dépêcher alors que je me maquillais.

Au commissariat, je gardais un visage fermé alors que le policier me montrait des photos et des documents et me posait des questions. Quand arriva le temps du transfert au tribunal, les officiers de justice me demandèrent qui devait me fouiller, un homme ou une femme. Je dis que je m’en foutais. Ils dirent qu’il fallait que je réponde. Je dis que qui voudrait le faire le pouvait, que je ne pouvais pas les arrêter. Ils décidèrent de me faire fouiller le bas du corps par un homme et le haut par une femme.

Après le tribunal, je fus chargé dans le fourgon dans un box pour un seul prisonnier, classifiée comme « Femme : à maintenir séparée ». Il y avait plusieurs hommes dans les autres box et l’un d’eux commença à plaisanter, m’appelant sa petite-copine. On nous déplaça un à la fois vers la section homme de la taule, placés en cellules les uns à côté des autres, et les plaisanteries continuèrent. Je jouais le jeu nerveusement. J’avais déjà été en prison pour hommes avant, j’y ai parfois été identifiée comme gay, mais j’avais l’air assez différente à cette époque. Les gardiens virent ce qui se passait et me sortirent après quelques minutes. Ils me demandèrent où je voulais être. Je demandais quelles étaient mes options et ils répondirent probablement l’isolement chez les hommes ou l’isolement chez les femmes. Les autres prisonniers parlaient toujours de moi. Je dis chez les femmes. Ce fut la première affirmation que je fis en réponse à une question de la journée.

Construire et affirmer une identité, sur instagram comme dans une salle d’interrogatoire, est une façon de nous faire parler. La prison doit se montrer inclusive de la diversité de genre, et l’inclusion équivaut à une invitation à participer : « Où veux-tu être ? ». Devrais-je me sentir heureuse de me voir inclus dans une prison, affirmée en tant que personne trans, quoique ce mot puisse signifier ? Bien sûr que je suis contente de n’avoir pas vécu davantage de violence, mais est-ce que cette expérience tient vraiment lieu d’une victoire pour celleux qui ont milité pour l’inclusion ?(3)

Il est facile, et pas nouveau, de faire des critiques de l’inclusion, parce qu’il y a tellement de choses que nous préférerions demander – je viens d’une tradition anarchiste où c’est ce que le mot « queer » signifie. Cependant c’est différent de partir de ce que l’inclusion nous fait ressentir dans nos corps, comment elle nous façonne. Les façons dont l’exclusion est violente sont souvent évidentes, mais y at-il aussi une dimension violente à l’inclusion, quelque chose que nous rejetons à juste titre?

Comme point de départ on peut se demander comment l’État voit le genre. Que signifie le mot « femme » dans la phrase « prison pour femmes » ? Quelles sont les conséquences de l’inclusion en tant que femme dans une telle prison ? Comment est-ce que l’État comprend le mot « trans » et comment cette compréhension se manifeste-t-elle par des murs et des barreaux ? L’identité a deux versants, un positif et un négatif. Le négatif renvoie à
l’oppression et à la violence, le positif à l’affirmation et à l’appartenance. La première fois que j’ai appris cette distinction, elle portait sur le fait d’être noir-e (je suis blanche). Dans ce contexte, « Noir-e » renvoie à une histoire et à un vécu continu de violence raciste qui produisent certaines personnes comme noires, mais en même temps cela affirme une identité résiliente, une lutte partagée et la culture qui en émerge (4). Un débat semblable est en cours dans ma région autour de l’identité autochtone et le rôle de l’ascendance, de la culture, de l’appartenance, de la violence, du racisme et de la lutte pour construire ces identités.

Le débat sur l’inclusion trans et le discours officiel d’État insistent sur le versant positif, sur l’affirmation – l’auto-identification comme base d’appartenance à une classe reconnue de personnes (pour moi, celle des femmes). Mais cette positivité n’est qu’un vernis, ce qui s’avère particulièrement évident en ce qui concerne la prison, car entre les murs c’est notre affirmation positive, notre autoidentification qui nous expose au versant négatif de l’identité – à savoir la
violence genrée des prisons pour femmes.

Être vrai

Dans le contexte carcéral les femmes existent comme « les autres ». La prison est pour les hommes, la prison est masculine, même si le taux d’incarcération des femmes ne cesse d’augmenter. Dans le contexte du patriarcat, une prison qui « ne voit pas le genre », exposerait les femmes à une violence additionnelle que cette société ne sanctionne pas officiellement. Donc, dans un esprit d’égalité bourgeoise, le système carcéral produit une institution séparée pour les femmes, les regroupant sur la base d’un vécu de violence sexiste. Quand l’État commence à voir sa légitimité menacée par l’expérience de violences similaires des personnes queers et trans, celles-ci peuvent être ajouté-e-s à cette catégorie pré-existante sans avoir à changer la nature fondamentale de la prison.

Hommes et femmes sont des catégories signifiantes dans la mesure où il existe un vécu du patriarcat propre à chacun; les femmes trans constituent une identité distincte dans la mesure où elles ont aussi une relation spécifique à la violence du patriarcat (5). La prison fonctionne alors comme une usine : elle trie les corps pour les exposer à des traitements différenciés et les reproduire violemment comme des êtres genrés dans un monde qui a besoin de tels êtres.
Être séparé-e ne veut pas dire être égal-e. La façon dont les gens sont traités dans une prison pour femmes n’est pas la même que dans une prison pour hommes. C’est en partie pour répondre à des besoins différents : des vêtements avec des hauts et des bas séparés plutôt qu’une combinaison, l’accès à des serviettes et des tampons, davantage de travailleurs sociaux, moins d’insistance sur la colère dans les programmes et davantage sur le trauma. D’autres aspects sont manifestement sexistes et correspondent à l’application des normes de genre par la prison : un code vestimentaire stricte, une interdiction de se toucher, une dissuasion pour l’exercice physique, et une tolérance limitée pour les conflits et les bagarres.

Au-delà des traitements différents, mêmes les choses qui sont identiques entre les prisons pour hommes et pour femmes ne produisent pas le même effet : les plateaux repas standardisés, les visites, la surveillance et les fouilles, la présence à la fois de gardiens et de gardiennes. Les deux expériences de ces mêmes éléments ont des effets très différents. Développons un de ces exemples : Les prisons provinciales des hommes et des femmes dans l’Ontario servent exactement la même nourriture. Dans la prison pour hommes, on la trouve souvent insuffisante, en partie parce que l’exercice joue un rôle important dans la culture des prisonniers ; il n’est pas rare que les prisonniers sortent de prison en meilleure forme et plus musclés qu’à leur entrée. Dans les prisons pour femmes, s’exercer est fortement déconseillé entre prisonnières et parfois les gardiens le traitent comme une violation des règles. Il est courant pour les prisonnières de prendre du poids rapidement tout en ayant une baisse globale de condition physique du fait d’une inactivité imposée. La société dans son ensemble traite la grosseur de façon fort différente pour les hommes et pour les femmes, donc cette prise de poids est souvent accompagnée de honte et vient jouer avec des troubles alimentaires et d’autres enjeux de santé mentale.

Des repas égaux dans une société profondément inégale produisent un impact global négatif sur les prisonnièr-e-s dans les établissements pour femmes – la prison nuit et contrôle autant par ce qu’elle donne que par ce qu’elle enlève. En ce sens, la prison pour femmes reproduit une vision spécifique du patriarcat à travers les formes de nuisance qu’elle cause et les dynamiques toxiques qu’elle encourage. Nous pourrions faire une analyse semblable de la façon dont les expériences de violence sexuelle et d’objectification rendent les fréquentes fouilles au corps plus pernicieuses, tout comme la présence de gardiens hommes t’observant à tout instant. Ou comment les systèmes de visites et de téléphones restrictifs viennent jouer avec le fait que les prisonnières ont beaucoup moins  d’accès à des ressources et à du soutien extérieur que ce à quoi ont accès les prisonniers du côté des hommes.

Pour en revenir à mon histoire, je finis en isolement chez les femmes à la fin de cette première journée. Ce qui est plus ou moins la même chose que l’isolement chez les hommes, superficiellement du moins. La cellule fait à peu près la même taille, son agencement est le même, tout comme le sont les règles étranges comme ne pas avoir droit à des chaussures, et comme la télé qui est à l’extérieur de ta cellule et n’a pas de son. J’ai fini par rejoindre un bloc normal avec d’autres prisonnièr-e-s que le système considérait comme des femmes, mais ça a pris du temps.

Beaucoup de choses horribles se passent en prison. Une grande partie n’en sort jamais, ne devient jamais visible pour celleux qui sont à l’extérieur. Mais il y a des exceptions, la plus notable étant la mort. Si à l’heure actuelle les prisons provinciales dans ma région font l’objet d’une réorganisation pour réduire le
nombre de morts par overdose, ce n’est pas parce qu’ils se soucient des prisonniers, mais parce que un corps qui en sort en tant que cadavre est impossible à ignorer. Ils préféreraient ainsi que les prisonniers n’aient aucune activité, aucun livre et aucune lettre plutôt que de risquer que du fentanyl ne puisse trouver son chemin vers l’intérieur. De même, les prisons ne peuvent cacher les grossesses.

Dans son entreprise de tri des corps, la prison a considéré mon corps comme une source potentielle de violence dont l’évitement (ou la gestion) est à l’origine de l’existence des prisons pour femmes. Lors de mes premiers jours en isolement chez les femmes, on m’a dit que je sortirais de l’isolement seulement si je pouvais prouver que j’étais incapable d’avoir une érection. Je n’ai pas mordu à l’hameçon, j’ignore donc ce que le «prouver» aurait pu impliquer. Mais il y a d’autres façons par lesquelles la prison s’assure que tu n’es pas une menace : ils regardent si tu prends des hormones et quelles sont tes doses, ils observent comment tu te présentes à l’intérieur des murs comme à l’extérieur, à ce pourquoi tu te bats contre eux (combien de fois tu les supplieras à la fenêtre de ta cellule d’isolement pour obtenir un rasoir ?). Ils évaluent aussi comment les autres prisonnièr-e-s réagissent face à toi.

À un moment, un sergent est venu et m’a dit que j’avais dix minutes pour me préparer, que j’allais visiter un bloc. Je résistais en disant qu’on ne m’avait pas encore donné de rasoir, alors ils m’en ont ramené un, mais sans démordre sur les dix minutes. Heureusement, comme ça faisait maintenant un mois que j’étais à l’intérieur, des gens m’avaient envoyé de l’argent, donc j’avais déjà pu me procurer du maquillage à la cantine. Je me suis donc précipitée avec le rasoir merdique et j’ai réussi à appliquer du fond de teint sur les coupures avant que ne soient revenus les matons pour m’emmener dans un bloc avec trente autres prisonnièr-e-s.

Je n’ai jamais vécu quoique ce soit de semblable au fait d’entrer pour la première fois dans un nouveau bloc. La seule chose qui change en prison d’un jour à l’autre, c’est les gens, donc tous le monde se scrute les un-e-s les autres et les nouvelles personnes sont de vraies curiosités. Tu dois te rendre inintéressant-e, mais évidemment les gardiens m’avaient amené là pour qu’on parle de moi. Je n’ai passé que quelques minutes dans le bloc durant ma «visite». Quelques personnes m’ont parlé, tout le monde m’a regardé et on m’a sorti à nouveau. C’était profondément gênant. J’ai réussi le test, c’est ce qu’on m’a expliqué plus tard, et ça avait à voir avec le son de ma voix, si je pratiquais le tucking, ce à quoi je ressemblais et comment je bougeais. J’ai une petite corpulence et on m’a dit que ça a aussi aidé. Les prisonnièr-e-s avec lesquel-le-s les gardiens parlèrent se trouvaient d’accord pour dire que j’étais «vraie», alors on m’a bougé dans ce bloc le soir-même.

J’ai entendu beaucoup d’histoires à propos de «fausses» femmes trans, expression qui peut signifier que des femmes trans n’ont pas un bon passing, mais la plupart du temps ça désigne celles qui n’en font pas l’effort. J’ai entendu mes co-détenu-es décrire des agressions ou des avances de la part de femmes trans alors qu’elles étaient à l’intérieur. Je n’ai aucune raison de douter de leurs expériences, car on a passé des mois ensemble et on a fini par se connaître assez bien. Un certain nombre de personnes qui m’ont raconté ces faits étaient aussi les plus accueillante-s avec moi, personnellement. Il semblerait que ce mépris pour les «fausses» femmes trans était proportionnel avec combien mes co-détenues pensaient que les «vraies» devaient être incluses.

Les «vraies» femmes trans ne se battent pas, ne crient pas avec des voix masculines, ne font pas de pompes et ne draguent pas d’autres femmes; à l’inverse, les «fausses» femmes trans aiment tyranniser les autres, font monter leur voix dans les aiguës sauf si ça peut servir à intimider, ne veulent pas d’un corps féminin et leur sexualité est celle d’un homme hétéro. Ça me fait ressentir un truc dégueulasse de répéter ce discours qui fait écho à la pire propagande antitrans. Pourtant, je pense que dans le contexte de la prison, c’était aussi une façon pour ces gens, dont je sais qu’elles ne détestent pas les femmes trans, d’essayer de se protéger les unes les autres.

La distinction entre «vraie» et «fausse» est encore plus bidon que le genre lui-même, mais je veux assumer la manière dont j’y ai participé. Au début d’une période d’un an et demi, dans laquelle j’ai fait trois passages en taule, je suis passée de non-binaire féminin à faire de mon mieux pour avoir un bon passing de femme. Par certains aspects, ce processus s’est avéré très satisfaisant et peut-être que j’aurais fini par le faire de toute façon. Par d’autres, une bonne partie de ma motivation était de ne pas avoir à passer des mois et des mois en isolement. Je comprends encore mon identité de genre comme étant – par essence – imposée, et je m’efforce encore d’avoir un bon passing, même si ça fait maintenant presque un an que j’ai entendu pour la dernière fois la porte d’une cellule se refermer derrière moi.

Ceci dit, je ne pense pas que ce soit un problème d’attitudes individuelles – pas les miennes, pas celles de mes co-détenu-e-s, pas même celles des gardiens-. Je pense que la compréhension progressiste et purement positive du genre est fausse et nuisible, ce que l’adoption par le système carcéral de l’auto-identification du genre a rendu encore plus évident. Je compte développer plus ce point, mais j’y reviendrai plus tard, car je veux d’abord vous raconter une histoire que j’ai entendue à l’intérieur.

Quand identité signifie accès

L’État a une règle selon laquelle il doit fournir des repas répondant aux régimes alimentaires religieux, parmi lesquels le plus compliqué est le kasher, puisqu’il ne s’agit pas que de remplacer une chose par une autre. Donc, les prisons de l’Ontario ont signé un contrat avec une entreprise privée pour les repas kasher, qui sont souvent d’une qualité bien meilleure que les repas standards. Ça fait que les prisonniers essayent constamment de convaincre l’institution qu’iels sont juifve-s, de façon à accéder à de la meilleure nourriture. Les prisons sont alors dans un rôle de contrôle de l’identité juive et fabriquent toute sorte d’obstacles pour celleux qui essayent sincèrement d’observer des règles religieuses.

J’ai entendu récemment qu’un bloc de la prison pour hommes adjacente avait essayé de régler ce problème une fois pour toute en déposant une plainte pour
violation des droits de l’homme concernant l’accès aux repas kasher. Ils soutenaient que les règles alimentaires suivies par les personnes juives sont
également celles présentées dans les Écritures observées par d’autres religions; il s’ensuit donc que toute personne observant les Écritures Saintes devrait avoir accès à de la nourriture conforme à ces règles. Le tribunal leur a donné raison et, tout d’un coup, des centaines de prisonniers exerçaient leur tout nouveau droit d’accès à de la nourriture kasher. Ça entraîna l’effondrement de l’approvisionnement de repas kasher (ou du moins de la ligne budgétaire
correspondante), ce qui a eu pour conséquence que la plupart des prisonniers juifs furent poussés à prendre le régime vegan, puisque les repas kasher se
raréfiaient.

Je ne sais pas si cette histoire est vraie. Je ne peux en retrouver aucune trace sur google. Mais j’ai été témoin, autant en tant que prisonnière qu’en tant que personne solidaire, de plusieurs moments de lutte de prisonnièr-e déclenchés au Canada dont la revendication pour l’accès à une meilleure nourriture pour tou-tes tenait lieu de poudrière. Même si cette histoire n’est qu’une fable, elle souligne certaines dynamiques sur la façon dont le changement – sur des bases d’identité – se produit.

Le système carcérale a été obligé d’accepter une définition élargie d’une classe reconnue de personnes et, de ce fait, de fournir un ajustement lié à cette classe, à plus de prisonniers. Autant le système que les prisonniers comprirent cette ajustement comme un privilège dont l’obtention représentait une amélioration des conditions de vie des prisonniers, aussi bien qu’une obligation financière accrue pour l’institution. La prison a alors refourgué ce fardeau à un autre groupe  de prisonniers (ici, les prisonniers juifs pratiquants dans leur vie hors murs) tout en essayant de limiter l’accès à l’ajustement (ou au privilège) sur une base différente, plutôt que de remettre en cause l’identité de qui que ce soit.

Vous aurez sans doute deviné où je veux en venir, mais laissez-moi le développer. Le système nécessite d’étendre son contrôle sur le genre pour tenir compte de l’auto-identification, ce qui entraîne une augmentation du nombre de personnes assignées homme à la naissance placées en prison pour femmes (6). Il crée également un chemin plus facile pour quiconque voudrait bouger d’une prison pour hommes vers une prison pour femmes. Les conditions dans les deux établissements sont différentes, comme je l’ai expliqué plus haut, et cette différence se fonde sur la réduction ou la gestion de la violence à laquelle font face les personnes que le système considère comme femmes.

La violence dans les prisons pour hommes, en Ontario comme ailleurs, peut être intense, ce qui fait que beaucoup de gens ont leurs raisons de vouloir y échapper, pas seulement les femmes trans. Les prisons pour hommes essayent de répondre à ce besoin (parce que la prison a du mal à dissimuler les visites à l’hôpital, tout comme les cadavres et les bébés) avec la Détention protégée (DP) , ce qui revient plus ou moins au même que la Population générale (PG), à la différence que toutes les personnes qui s’y trouvent ne se sentaient pas en sécurité dans un bloc normal (7). Beaucoup de queers finissent en DP, mais c’est aussi l’endroit où finissent les personnes accusées de crimes d’ordre sexuel ou de violence contre des enfants, tout comme les personnes qui ont trop de conflits, qui sont dans le mauvais gang, qui ont une mauvaise réputation, qui étaient dans les forces de l’ordre…

L’admission en DP est volontaire, les prisonniers doivent juste en faire la demande, mais une fois que tu es en DP, c’est la plupart du temps impossible de revenir sur ce choix. Au fil du temps, il en résulte que le nombre de prisonniers en DP et en PG se ressemble de plus en plus, tout comme leurs niveaux de violence. Alors où va-t-on pour échapper à la violence de la DP ? Il y a eu un développement de nouvelles formes d’isolement ces dernières années (8). De plus en plus de queers se retrouvaient à purger la totalité de leur peine en isolement, ce qui ne fait qu’aggraver le problème préexistant de surpopulation dans les prisons en Ontario. Les unités d’isolement ne peuvent la plupart du temps pas être aussi densément peuplées, et le système carcéral veut disposer de l’espace à sa discrétion. Les personnes trans, en particulier, finissent la plupart du temps seul-e en cellule, au lieu de deux ou trois personnes par cellule comme pour d’autres.

Déplacer les personnes trans vers un autre établissement où iels seraient placé-e-s dans un bloc normal est donc une réponse partielle à la surpopulation. Ça signifie aussi que s’identifier comme trans donne à des prisonnièr-e-s, qui ne se seraient peut-être pas identifié-e-s comme trans autrement, une option additionnelle pour échapper au choix entre violence et isolement. Je crois que peu de gens agissent ainsi de façon tout à fait cynique et que pour beaucoup, ça ressemble plutôt à mon processus à moi de transition de non-binaire vers une présentation qui correspond à l’idée que se fait la prison (et la société en générale) d’une «vraie» femme (trans). Aussi, la violence carcérale s’abat de façon disproportionnée sur celleux dont la santé mentale les rend incapables de se conformer à l’environnement social rigide, qui est lui-même une réponse à la surpopulation et à l’incarcération elle-même (9).

La pression pour s’identifier à un genre auprès de la prison commence de plus en plus à ressembler à la pression pour s’identifier devant un flic qui t’arrête. C’est une invitation à participer à ce que le processus de contrôle de ton corps se passe en douceur sans trop te blesser. Je me souviens que quand je pleurais dans la salle d’admission, ce n’était pas que je refusais encore de leur dire quelles cases cocher, mais que je n’avais juste pas le bon type de réponses. Finalement, j’en arrivais à une réponse qui me fit obtenir ce dont j’avais besoin à la fin de cette très longue journée – un lieu sûr où dormir (10).

J’avoue que certains s’identifient comme trans cyniquement, tout comme ces prisonniers qui se battent pour être identifié-e-s comme des «gens du Livre» afin d’avoir accès aux repas kashers de meilleure qualité. Mais c’est une très petite minorité. Néanmoins, la prison pour femmes vient jouer un rôle de «super DP» dans le système carcéral global.

Toujours contre la prison

J’ai passé beaucoup de temps à discuter de ce sujet avec d’autres prisonnièr-e-s, aussi bien cis que trans. Peut-être que ce n’est pas un problème que la prison pour femmes soit également une super DP. La coercition et la violence font partie de l’identité de toute façon, donc c’est peut-être dans la culture entre prisonnier-e-s dans les prisons pour femmes qu’il faut gérer ce changement. C’est ça l’idéal progressiste, non ? Que des dirigeants éclairés décident des droits des gens et que l’exigence de respecter ces droits constitue l’unique limitation à notre liberté? Parce que l’oppression n’est qu’une question de comportement individuel, non ? Donc, heureusement que le système carcéral a collé des posters Personne Gingenre™ dans toutes les blocs de la prison pour femmes, de façon à ce que les prisonnièr-e-s puissent s’éduquer et préserver cet endroit comme un lieu sûr (11). Je ne plaisante pas; c’est vraiment là, juste à côté de l’imprimé obligatoire de nos droits, une douzaine de pages sous un panneau en plastique, et dont la typographie est si petite que ça en est illisible.

Toute personne qui se soucie de l’inclusion des trans, qui a pu lutter dans les campagnes que l’État vient de récupérer et de régurgiter sous la forme du projet de loi C-16, devrait examiner honnêtement ce que fait le système carcéral de leur projet. Le voir sous cette forme grotesque devrait ébranler notre analyse du genre et de l’inclusion de façon à la rendre plus riche et nuancée. Parce que l’autoidentification comme base d’inclusion en prison est intenable. Quand il y aura une réaction anti-trans au niveau législatif, on ne manquera pas d’histoires d’horreur venant de la taule pour alimenter l’indignation.

Et c’est pas du fait que certaines meufs trans sont «fausses», ni parce que certaines meufs trans reproduisent un comportement prédateur, qu’ont certaines prisonnières cis aussi. Il est évident que c’est injuste de tenir responsable un groupe entier de personnes pour les choses merdiques que font quelques individus de ce groupe. La réaction viendra parce qu’il ne suffit absolument pas de coller au système carcéral une vision positive de l’identité de genre. Il me semble important qu’il y ait une critique du projet de loi C-16 et de sa mise en œuvre qui provient de queers et de personnes porteuses d’un projet d’émancipation – et pas seulement d’opportunistes qui haïssent les personnes trans, comme Jordan Peterson (prof canadien devenu philosophe de droite). Je ne considère pas l’État comme un agent de changement social positif, mais même celleux d’entre vous qui le voient ainsi devraient se demander s’il n’existe rien à critiquer du projet de loi C-16, comme si Trudeau (le premier ministre canadien) avait tapé dans le mille du premier coup.

Pour celleux en-dehors du Canada, peut-être que voir comment l’inclusion trans progressiste s’est jouée ici s’avérerait utile pour éviter les écueils dans lesquels nous avons échoués. C’est un autre sujet, mais une analyse de comment s’est joué l’inclusion trans dans le milieu brutal de la prison pourrait bien révéler certaines faiblesses dans l’auto-identification comme base du genre ailleurs.

Le système carcéral pourrait réagir de différentes manières face à ces contradictions, mais d’abord une petite histoire : il y a eu quelques gardien-ne-s queers avec lesquels j’ai interagi dans la prison pour femmes. L’une était une femme trans qui, en me fouillant au corps, m’a dit «On a eu de grands progrès ces dernières années, les choses s’améliorent.» Mais celui avec qui j’ai interagi le plus régulièrement travaillait dans mon bloc et se montrait assez amical avec moi. Un jour, il brutalisa une de mes amies en vidant une bombe au poivre dans ses yeux à quelques centimètres de distance tandis qu’un autre gardien la maintenait au sol. On lui donna un sale surnom en référence à cet événement, et il se plaignit auprès de la direction afin que nous arrêtions de le «harceler». Plus tard il a eu une mammectomie, et me l’annonça avec enthousiasme pendant que je faisais la queue pour les médocs, et je regrette d’avoir alors fini par l’en féliciter.

Une des premières façons dont le système pourrait réagir serait de mettre les bouchées doubles dans l’amélioration de son projet d’inclusion, peaufinant ses politiques trans et résolvant les problèmes en cours. J’espère que des histoires comme celle-ci pourront aider à nous convaincre que leurs efforts en ce sens ne répondent en rien à nos besoins. Je m’en fiche de l’identité de genre du gardien qui me brutalise, de la même façon que leurs ajustements pour mon identité de genre ne m’ont pas rendue plus libre (12). De plus, le système carcéral pourrait se replier sur ses origines en appliquant un modèle de contrôle par la séparation. On entend beaucoup parler d’une unité spéciale pour les queers, voire même d’un établissement séparé. Le statut des personnes queers ne serait plus à mi-chemin entre la prison pour hommes et celle pour femmes, mais entre la prison ‘normale’ et la prison psychiatrique, ce qui constitue déjà la façon dont le système gère les formes de déviances qu’on ne peut nous reprocher. Nous devrions nous opposer à ça, tout comme nous nous opposons à tout développement du système carcéral.

En tant qu’anarchiste, je suis bien entendu contre toutes les prisons et je ne vais pas offrir de suggestions de politique. J’écris peu de temps après le meurtre de George Floyd par la police de Minneapolis et après l’énorme rébellion qui s’en est suivie, à un moment où les critiques contre la police et la prison se sont propagées comme je n’aurais jamais pensé le voir. Ça m’a motivé à enfin finir ce texte plutôt que de continuer à me trimbaler ces expériences à l’intérieur, parce que je pense que les espaces féministes et queers pourraient faire plus pour construire une hostilité envers les flics et les prisons, à leurs manières. Je vis pour voir le jour où tou-te-s celleux dont la vie a été impactée par la prison se rassembleront pour les détruire, et laisser le champ libre aux pigeons et à la pluie. Nous planterons des arbres fruitiers sur leurs ruines et nous ferons un feu de joie des uniformes de prisonnier et de gardien. Je sais que la fumée emportera avec elle certains aspects du cauchemar genré dans lequel nous vivons tou-te-s, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur des murs.

Postscriptum : Ça fait quatre mois que la parution de la version anglaise de ce texte est sortie, et je veux y ajouter un petit mot pour l’occasion de sa traduction vers le français. Si je n’ai guère traité de la race dans ce texte, c’est parce que j’hésitais à raconter des histoires qui ne sont pas les miennes ou d’en faire une analyse à la noix. J’aurais dû trouver la manière d’en parler, mais mieux vaut tard que jamais. Je n’ai rencontré aucune autre femme trans blanche en prison, elles étaient toutes noires ou autochtones, et j’avais beaucoup moins d’ennuis qu’elles. Elles finissaient presque systématiquement en DP ou restaient en isolement. Impossible de savoir dans quelle mesure c’était dû au niveau de soutien extérieur dont j’ai profité en tant que prisonnière anarchiste; mais le fait est que si toutes les femmes trans ont plus de chances de vivre dans la misère et de finir en taule, c’est autrement plus dur pour les femmes trans racisées.

Comme je l’ai expliqué plus haut, il est nécessaire d’avoir un bon passing pour sortir d’isolement et de se faire accepter par les autres prisonnières aussi bien que par le système. Des féministes racisées ont démontré que les standards de beauté sont blancs, et on pourrait en dire autant pour le passing, qui nous demande (le plus souvent) de jouer sur des notions de féminité stéréotypées. Si, dans les sociétés canadienne et française, on dressait le portrait de ce qu’est une vraie femme, belle et élégante, respectable, ce serait sans doute celui d’une femme blanche.

Pour avoir un bon passing, la couleur de ma peau me facilite beaucoup la tâche, au moins autant que ma petite corpulence. Le système carcéral a décidé que j’étais une «vraie» femme trans qui ne méritait pas une expérience de violence accrue, pour les mêmes raisons que la société accepte que je bosse dans le service aux clients. Ce sont des boulots de merde, mais c’est encore pire de ne pas pouvoir obtenir un boulot de merde quand on en a besoin. Dans ces deux cas, la race vient jouer avec l’identité de genre et faire que les politiques d’inclusion ne sont que pour certains. Ce qui n’est nullement un argument pour une meilleure inclusion, mais pour la nécessité de la critiquer et de concevoir une autre manière de penser le problème.

Galérer davantage en taule -comme économiquement- fait que le cycle de traumatisme, d’instabilité et de criminalisation se répète de plus belle en dehors des murs. La régulation du genre par la prison nuit à tout le monde, mais pas de la même manière. Ce n’est pas nouveau de dire que la prison réserve un traitement différencié selon la race, mais la race entre également dans la reproduction du genre à l’intérieur des murs au moment du tri des corps. Dans ce texte je voulais insister sur la violence de l’inclusion non pas pour minimiser la violence de l’exclusion, mais pour réfuter l’idée progressiste que l’inclusion est la réponse à l’exclusion. L’expérience des prisonnièr-e-s trans n’est qu’un énième exemple qui montre que ce ne sont que les deux faces d’une même
pièce.

Anonyme
Été 2020

Ce texte se veut un point de départ et j’espère que d’autres personnes l’étofferont. Il n’est pas signé, même si je sais bien qu’il n’est pas très anonyme. Si tu veux me contacter pour me faire des retours, c’est possible (en anglais et en français) à l’adresse de la brochure.

Traduction depuis l’anglais
Juillet 2023
Pour recevoir la brochure ou pour toute correction, remarque, critique : atropa@mortemale.org

Notes :

1) Voici un résumé du projet de loi C-16, comme il apparaît présenté dans la proposition de loi : « Le texte modifie la Loi canadienne sur les droits de la
personne afin d’ajouter l’identité de genre et l’expression de genre à la liste des motifs de distinction illicite. Il modifie également le Code criminel afin d’étendre la protection contre la propagande haineuse prévue par cette loi à toute section du public qui se différencie des autres par l’identité ou l’expression de genre et de clairement prévoir que les éléments de preuve établissant qu’une infraction est motivée par des préjugés ou de la haine fondés sur l’identité ou l’expression de genre constituent une circonstance aggravante que le tribunal doit prendre en compte lorsqu’il détermine la peine à infliger. »
https://www.parl.ca/DocumentViewer/fr/42-1/projet-loi/C-16/premiere-lecture?
col=2

2) Mon vécu n’est pas le même que tou-te-s, je ne peux m’exprimer pour le vécu de tou-te-s les personnes trans. Quelques notes me concernant pour aider à
contextualiser :
– Je suis blanche et je ne fais donc pas face au même niveau de criminalisation dans ma vie quotidienne, ni au même niveau d’hostilité au sein du système
carcéral. Les prisonnièr-e-s trans noir-e-s et autochtones avec lesquels j’ai interagi ont souvent fait face à bien plus de violence et de refus autour de leur
identité de la part du système carcéral que ce que j’ai pu connaître, ce qui est logique puisqu’iels subissent également plus de violence et d’exclusion à
l’extérieur.
– Je n’ai jamais été à l’intérieur pour autre chose que de l’activité anarchiste, c’est donc une énorme différence en terme d’expérience par rapport à quasiment toutes les personnes que j’ai pu rencontrer à l’intérieur, et je reçois bien plus de soutien extérieur. J’ai été incarcéré-e en 5 occasions séparées qui, accumulées, équivalent à à peu près un an, ce qui est long sous certains aspects, mais ce qui ne l’est pas du tout comparé à un bon nombre de personnes.
– À savoir aussi que les hommes trans sont dans une position différente relative à ce que je décris dans ce texte. Les hommes trans à qui j’ai parlé ont dû choisir entre arrêter de prendre de la testostérone ou rester en isolement, donc la question de l’inclusion n’est pas la même pour eux.

3) Je ne blâme pas les prisonnièr-e-s de mes mauvaises expériences autant que je blâme l’institution déshumanisante qui expose toute différence à une telle
pression intense.

4) Au-delà de l’élément de l’identité, je n’aurais pas l’analyse que j’ai de la prison sans les écrits et l’exemple des radicaux noirs. Lire Assata Shakur, George Jackson et Kuwasi Balagoon dans la prison des hommes, et en discuter avec d’autres prisonnier-e-s a été assez formateur pour moi.

5) Bien que je comprenne pourquoi ce cadre existe, insister sur le fait que « les femmes trans sont des femmes » est trop simpliste. La plupart d’entre nous avons grandi avec des privilèges masculins et nous ne comprenons pas ce que ça signifie d’être produit comme femme depuis la naissance ; de même, l’exclusion et la violence auxquelles les femmes trans font face dans la société ne sont pas les mêmes que celles auxquelles les femmes cis font face.  Personne ne prétend que les femmes cis comprennent l’expérience d’une femme trans juste parce que « nous sommes toutes des femmes ». On n’a pas besoin de débattre si une forme de violence est pire qu’une autre, il suffit de dire qu’elles sont différentes. La différence ne veut pas dire que l’inclusion n’a pas lieu d’être (je ne vous demande pas d’attendre de rentrer chez vous pour pisser). C’est un argumentaire contre le fait de laisser la nécessité de l’inclusion – du fait de besoins similaires de sécurité dans le monde tel qu’il est – nous mener à une idée du genre qui aurait été réduite à ses dimensions positives. De même, il y a une différence entre le fait de s’identifier en tant que quelque chose et le fait d’être identifié ainsi. Que les deux coïncident ou non pour une personne donnée mènera aussi à une expérience de la violence différente. Problématiser des catégories comme homme/femme (ou cis/trans) est certes utile, mais je ne veux pas qu’on aplatisse les choses et qu’on finisse avec une capacité moindre à discuter de nos expériences différentes de la violence systémique.

6) Il y a eu de rares femmes trans dans les établissements pour femmes depuis au moins les années 80, mais la majorité des femmes trans étaient dans les prisons pour hommes.

7) Je sais que toutes ces classifications peuvent porter à confusion pour quelqu’un qui n’a pas fait de taule avant, donc je vais expliquer un peu ici. DP (Protective Custody, PC, en anglais) et PG (General Population, GP) se ressemblent : même emploi du temps, même niveau de surpopulation, même (manque d’)accès à des programmes. C’est pas l’isolement, tu es toujours avec beaucoup d’autres personnes et tu partages toujours une cellule.

8) C’est en parti en réponse aux verdicts de tribunaux canadiens qui limitent la capacité du système carcéral à utiliser l’isolement comme punition.

9) Soyons clairs, les prisons pour femmes ne sont pas un espace safe pour les queers. Par exemple, j’ai pu être témoin de situations où des personnes queers
assignées femmes à la naissance étaient ballottées d’une relation à l’autre avec des femmes cis dures-à-cuire qui vivaient à hétéroland en dehors de la taule. Les personnes queers pensaient au début être dans une espèce de camp d’été gay, mais iels ont fini par se rendre compte qu’iels étaient dans une situation qu’il ne serait pas facile de quitter ou de changer.

10) Cette pression sur l’identité de genre des prisonnièr-e-s n’est pas qu’une question trans. J’ai vu la façon dont les hommes dans les prisons pour hommes
font face à une pression à performer de l’hypermasculinité. De même, la prison pour femmes reproduit les individus comme des victimes sans défense en les
dépouillant de leurs options et de leurs soutiens tout en jouant avec leur trauma. Le genre de presque tout le monde est examiné et changé par la prison. Il y a néanmoins une expérience distincte à celle-là liée au fait d’être trans, et c’est ce qui m’intéresse le plus ici.

11) La Personne Gingenre (en anglais The Genderbread Person) est un outil éducatif sous forme de poster visant à expliquer les différences entre genre, sexe et sexualité, dans le cadre d’une vision extrêmement progressiste du genre. https://www.genderbread.org.

12) C’est d’une ironie étrange que le syndicat des gardiens ait réussi à obtenir l’acceptation de l’identité de genre de leurs travailleurs avant que le système n’en soit arrivé à faire de même pour les prisonnièr-e-s. Il y a eu des femmes trans gardiennes dans les prisons pour femmes bien avant la Bill C-16.

Pour faciliter la distribution, le texte est disponible en PDF, soit en format page par page, soit en cahier.

Pleins feux sur Shawn Beauvais MacDonald, le néonazi de NDG

 Commentaires fermés sur Pleins feux sur Shawn Beauvais MacDonald, le néonazi de NDG
Nov 292023
 

De Montréal Antifasciste

Entre 2017 et aujourd’hui, Montréal Antifasciste a régulièrement mentionné dans ses publications un néonazi local répondant au nom de Shawn Beauvais MacDonald. Nous n’avions toutefois jamais pris le temps de lui consacrer un article complet. Sachant que le principal intéressé n’a jamais remis en question ses convictions sous l’effet de l’attention négative qui lui a été portée, et que le bonhomme continue de traîner sa carcasse – habituellement décorée d’emblèmes néonazis – dans les rues de Montréal, nous avons décidé de corriger cette lacune. Cela est d’autant plus important que nous avons pris connaissance de ses récentes tentatives d’infiltrer les manifestations de solidarité avec la Palestine et d’autres espaces qui devraient pourtant être sûrs, inclusifs et solidaires des groupes et des personnes dont cet individu souhaite la destruction. Car, qu’on le comprenne bien, Beauvais MacDonald est un personnage éminemment raciste, misogyne, homophobe, transphobe et, bien sûr, d’un antisémitisme grossier.

Voici donc un portrait d’un des néonazis les plus visibles et les plus impénitents de la région de Montréal, qui a collaboré d’une manière ou d’une autre à la plupart des projets suprémacistes blancs et néofascistes du Québec de ces dernières années. Cet article a pour objet de démontrer que Beauvais MacDonald n’a rien d’une brebis autrefois égarée, aujourd’hui rentrée dans le droit chemin, mais qu’il reste à ce jour un militant suprémaciste blanc, idéologiquement fanatisé, endurci et irréformable. Nous espérons que ce dossier sera relayé largement, de sorte que ce méprisable individu ne puisse se sentir nulle part à l’aise dans notre ville.

[Note : cet article reprend en partie des renseignements déjà publiés au cours des dernières années.]

Avertissement : cet article contient des éléments de contenu à caractère raciste, misogyne, homophobe, transphobe et antisémite.

///

Shawn Beauvais MacDonald (SBM) est d’abord apparu sur notre radar en août 2017, dans la foulée des événements entourant le rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », à Charlottesville, en Virginie, les 11 et 12 août 2017. Il a vite été identifié parmi les Québécois ayant fait le voyage jusqu’en Virginie pour participer à cette grand-messe de l’Alt-Right nord-américaine, aux côtés notamment de Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger » (condamné en septembre 2023 à 15 mois de prison pour avoir fomenté la haine des Juifs) et Vincent Bélanger Mercure. On aperçoit d’ailleurs brièvement SBM dans le reportage qu’a consacré Vice News aux participants de « Unite the Right », où on le voit serrer la main du tristement célèbre « nazi pleurnichard », Christopher Cantwell. Rappelons que le 12 août, en après-midi, après plusieurs heures d’affrontements souvent violents entre suprémacistes (néonazis, KKK, etc.) et militant·es antiracistes/antifascistes, James Alex Fields, un néonazi associé au groupe Vanguard America, avait foncé avec sa voiture sur un cortège antiraciste, faisant plusieurs blessé·es graves et tuant la militante Heather Heyer.

Une analyse subséquente des images captées lors de ces événements nous a permis d’apercevoir SBM dans la marche aux flambeaux du 11 août, scandant le slogan antisémite « Jews Will Not Replace Us! » [les juifs ne nous remplaceront pas]. Il est également aperçu, coiffé d’un casque de baseball rouge distinctif, dans les accrochages du lendemain, lors desquels, explique-t-il dans un épisode du podcast Alt-Right américain « Late Night Alt-Right », il a subi une blessure au coude.

Shawn Beauvais MacDonald (à gauche) à Charlottesville, Virginie, le 11 août 2017, avec Gabriel Sohier Chaput (chandail gris), Vincent Bélanger Mercure (chandail Ensemble…) et Christopher Cantwell (à droite).
Shawn Beauvais MacDonald, lors de la marche aux flambeaux du rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », le 11 août 2017, à Charlottesville, Virginie.
Shawn Beauvais MacDonald, lors de la marche aux flambeaux du rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », le 11 août 2017, à Charlottesville, Virginie.
Shawn Beauvais MacDonald au rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », le 12 août 2017, à Charlottesville, Virginie.
Shawn Beauvais MacDonald lors du rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », le 12 août 2017, à Charlottesville, Virginie.

SBM de toutes les sorties…

Nous l’ignorions encore à ce moment, mais nous avions déjà croisé son chemin à plusieurs reprises au cours des mois précédents. Les enquêtes sur SBM menées après Charlottesville ont révélé qu’il avait été membre actif de La Meute, la formation populiste islamophobe formée quelque temps plus tôt par des vétérans des forces armées canadiennes. Il en avait été pour un temps, semble-t-il, le responsable des médias sociaux anglophones. Il avait notamment participé au baptême de feu de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017 (la première d’une série de manifestations islamophobes), où il s’était rendu avec plusieurs autres membres du petit groupe Alt-Right local dont nous n’allions découvrir l’existence qu’un peu plus tard (voir ci-dessous). À cette occasion, s’étant momentanément retrouvé du côté des contre-manifestant·es antiracistes avec un camarade, les deux larrons s’étaient fait montrer le chemin de la sortie à coups de pied au cul après avoir cru pertinent de traiter ces dernier·es de « race traitors » [traîtres à sa race]. Il expliquera par ailleurs à ses congénères nazis que son implication dans La Meute visait principalement à y propager une vision ethnique (raciste) du nationalisme.

Shawn Beauvais MacDonald dans la manifestation de La Meute, à Montréal, le 4 mars 2017.

Dans le salon de discussion du groupe Alt-Right local, Shawn Beauvais MacDonald évoque son rôle au sein de La Meute, en août 2017.

Toujours en 2017, il se rapproche des Soldiers of Odin Québec (SOO), filiale régionale de ce réseau anti-immigration fondé par un néonazi, et de la formation néofasciste Atalante Québec, dont il s’est lié d’amitié avec le leader, Raphaël Lévesque. Il s’entraîne notamment avec les autres membres d’Atalante à leur club de boxe privé, « La Phalange ». Voici quelques exemples, parmi des dizaines, de son implication avec ces groupes au cours de cette période agitée :

  • Le 30 septembre 2017, il est à nouveau aperçu à une manifestation de l’organisation anti-immigration Storm Alliance près du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.
Shawn Beauvais MacDonald, avec le contingent Atalante/Soldiers of Odin, à Québec, le 25 novembre 2017.
Shawn Beauvais MacDonald, avec le contingent Atalante/Soldiers of Odin, à Québec, le 25 novembre 2017.

En 2018 et 2019, SBM participe à diverses actions de visibilité d’Atalante à Montréal, où la formation fasciste tente sans succès de s’implanter.

  • En décembre 2018, il est identifié dans notre article « Démasquer Atalante » comme étant membre de la section montréalaise de la formation fasciste.
  • Le 30 septembre 2019, il distribue des sandwichs dans le Quartier latin et le Village de Montréal. Quelques membres d’Atalante posent devant la station Berri et tentent d’intimider des clients du bar L’Escalier, sans grand succès.

Toujours en septembre 2019, SBM est nommé, parmi d’autres, dans notre nouvel article « Chasser Atalante  pour qui travaillent les fachos? », qui dévoile ses emplois et son lieu d’étude. Il semble par la suite prendre ses distances d’Atalante, possiblement pour épargner la réputation de Raphaël Lévesque, qui se prépare alors pour son procès dans l’affaire Vice Québec. Il fait néanmoins partie de la garde rapprochée qui accompagne Lévesque à ses comparutions au tribunal.

Shawn Beauvais MacDonald participe à la garde rapprochée de Raphaël Lévesque au Palais de justice de Montréal, à l’automne 2019.

On peut tout à fait imaginer que la présence de SBM ne faisait pas l’unanimité dans les rangs d’Atalante, puisque ce dernier est considéré dans son propre milieu comme un paquet de trouble dont la simple présence sulfureuse met ses camarades dans l’eau chaude. Quoi qu’il en soit, le procès de Lévesque ne se passe pas comme souhaité (l’affaire de l’agression au bar LvlOp de Québec venant assombrir le tableau), et le projet Atalante perd de la vitesse, jusqu’à s’immobiliser sans bruit quelque part durant la période pandémique.

Alt-Right Montréal

À l’hiver 2018, une fuite du salon de discussion « Montreal Storm » du groupe Alt-Right néonazi local (ARM) a mené à la révélation publique de l’identité de Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger » et de plusieurs autres membres du groupe, dont SBM, qui y participait sous les pseudonymes « Bubonic » et plus tard « FriendlyFash ».

On déduit assez vite de l’analyse de ces discussions que SBM est au cœur du groupe et en est un des militants les plus actifs. Au cours de cette période, il a vraisemblablement participé à des campagnes d’affichage et de collage de matériel néonazi, notamment des affiches du designer graphique Patrick Gordon Macdonald, alias « Dark Foreigner », un prolifique propagandiste aujourd’hui accusé d’activité terroriste par la justice canadienne. La propagande de « Dark Foreigner » est notamment associée à la réédition du livre Siege, de James Mason, considéré comme la bible des mouvements néonazis contemporains, et à l’activité du réseau néonazi Atomwaffen Division, aujourd’hui reconnue comme organisation terroriste au Canada et dans de nombreuses autres juridictions.

L’un des collants d’inspiration néonazie qui sont apparus à Montréal au moment où les membres du groupe Alt-Right Montréal faisaient des sorties nocturnes. L’image est de « Dark Foreigner ».

SBM fait aussi la promotion du groupuscule identitaire ID Canada (issu des mêmes réseaux Alt-Right et modelé sur l’exemple européen de Génération identitaire et d’autres organisations similaires), qui est conçu par les militants racistes comme un véhicule plus « socialement acceptable » pour promouvoir le nationalisme blanc au Canada. Des collants ID Canada apparaissent notamment dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, où SBM réside.

Sous le couvert de la fausse ironie qui caractérise les forums et babillards de l’Alt-Right extrémiste, SBM tient sur le serveur Discord « Montreal Storm » des propos agressivement racistes, antisémites et misogynes, de la manière la plus décomplexée. Comme pour confirmer sa participation à ce milieu, SBM était déjà sorti le 1er juillet 2017 dans le Vieux-Montréal avec d’autres membres du groupe Alt-Right Montréal, dont le leader présumé, Athanase Zafirov, alias « Date », pour haranguer une manifestation anticolonialiste.

Un échantillon des commentaires racistes et misogynes de Shawn Beauvais Macdonald dans le salon de discussion « Montreal Storm ».
Shawn Beauvais MacDonald avec ses camarades du groupe Alt-Right Montreal, dans le Vieux-Montréal, le 1er juillet 2017.

À la même époque, il est encore présent sur la plateforme Facebook, où il publie d’abord sous son propre nom, puis plus tard, sous le pseudonyme « Hans Grosse », une référence à un pilote renommé de la Lufftwaffe (et à un personnage du jeu vidéo Wolfenstein).

Un échantillon des publications édifiantes de Shawn Beauvais Macdonald sur Facebook en 2017.

Au printemps 2018, après la publication dans The Gazette d’une série d’articles sur Gabriel Sohier Chaput et le groupe Alt-Right Montreal (articles appuyés en grande partie sur le travail d’enquête de militant·es antifascistes), une campagne d’affichage sauvage est organisée dans le quartier NDG pour exposer SBM et son camarade Vincent Bélanger Mercure à la communauté. SBM est aperçu le lendemain en train d’arracher frénétiquement les affiches portant sa photo et ses coordonnées personnelles.

Lors des élections fédérales de 2019, SBM sert de garde du corps au candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun, Julien Côté Lussier, un employé d’Immigration Canada qui mène une double vie comme idéologue nationaliste blanc (il est notamment porte-parole d’ID Canada) et éminence grise du milieu Alt-Right local, où on le connaît sous le pseudonyme « Passport ».

Shawn Beauvais MacDonald sert de de garde du corps au candidat nationaliste blanc Julien Côté Lussier, à Verdun, le 19 octobre 2019.

Les années pandémiques

Durant la pandémie de COVID-19, on retrouve SBM sur la plateforme Telegram, où il sévit encore sous le pseudonyme « FriendlyFash ». Au moment d’écrire ces lignes, la « légende » de son profil est « Meine Ehre heißt Treue » [mon honneur s’appelle fidélité], soit la devise des SS. SBM est notamment actif dans le salon de discussion du groupuscule suprémaciste blanc local White Lives Matter Québec (WLM). On le retrouve ainsi avec d’autres membres de ce groupe dans une manifestation anti-mesures sanitaires à Montréal, le 22 janvier 2022.

Shawn Beauvais MacDonald dans la manifestations antisanitaire du 22 janvier 2022, avec d’autres membres du groupe White Lives Matter Québec.

En mars 2022, il discute dans le même clavardoir avec un autre indécrottable nazi, Sylvain Marcoux, au sujet du procès pour incitation à la haine de son ancien camarade Gabriel Sohier Chaput. Il fait aussi la promotion du réseau « Active Club » (AC), l’héritier direct du Rise Above Movement (RAM), affirmant explicitement la nécessité de développer une sorte de club de combat néonazi militant en vue de la guerre raciale à venir. SBM avait d’ailleurs déjà exprimé son soutien au fondateur du RAM et père spirituel des AC, Robert Rundo. Le Frontenac Active Club (section québécoise du réseau) voit d’ailleurs le jour à partir du groupe de discussion WLM Québec… Nous savons que le jeune Raphaël Dinucci, alias « Whitey », qui a sans doute subi l’influence directe de SBM, est aujourd’hui l’administrateur de la chaîne Telegram WLM Québec et un militant principal du Frontenac Active Club.

Shawn Beauvais MacDonald débat avec le néonazi Sylvain Marcoux au sujet de son « ancien chum », Gabriel Sohier Chaput.

Nous n’avons pas la preuve directe de l’implication de SBM dans le projet Frontenac AC, mais il est raisonnable de l’inférer, ne serait-ce que par ses publications passées. Il en est certainement une espèce de « parrain ». Un autre indice de sa participation est survenu le 21 avril 2023, lorsque des autocollants Frontenac AC sont apparus dans le Village de Montréal à la veille d’un événement antifasciste organisé juste à côté. Le soir même de l’événement, SBM a eu l’idée saugrenue de se pointer seul au bar Yer Mad, un établissement bien affiché à l’extrême gauche et proche du milieu antifasciste, sans doute dans le but d’en intimider la clientèle. Au lieu de cela, il en a été sorti sans ménagement par des antifascistes arrivés sur place peu après.

Des collants du Frontenac Active Club ont été collés dans le Village de Montréal en avril 2023, à la veille d’un événement antifasciste organisé à deux rues de là. Nous soupçonnons Shawn Beauvais MacDonald d’avoir participé à cette action.

Récemment…

SBM a régulièrement été croisé dans les rues de Montréal dans les derniers mois, systématiquement affublés de symboles néonazis, dont une épinglette de totenkopf qu’il porte au revers du col de son manteau. Quand il est reconnu, il réagit habituellement par la provocation, profitant de son physique imposant, en faisant des yeux méchants et en roulant des mécaniques comme un décérébré.

Shawn Beauvais MacDonald a fait l’objet de cette publication sur la page Facebook de Montréal Antifasciste en février 2021.
Cette photo de Shawn Beauvais MacDonald nous a été envoyée par un sympathisant le 15 novembre 2023, soit moins de deux semaines avant la publication du présent article.

Récemment, SBM a été aperçu dans des manifestations organisées en solidarité avec la population de Gaza visée par la dernière opération de nettoyage ethnique menée par l’État d’Israël. Il importe de noter qu’il semble s’y présenter seul et marche dans la foule sans interagir avec quiconque, ce qui laisse croire qu’il n’a aucun contact réel avec le mouvement pro-Palestine. C’est dans ce contexte qu’il a notamment publié sur Instagram une longue diatribe antisémite après la manifestation du 13 octobre au centre-ville de Montréal… qu’il a modifié plus tard pour en ôter le passage explicitement raciste à l’égard des arabes. Il a d’ailleurs aussi changé son nom de compte Instagram de « FriendlyFash88 » à « Awakened_amalekite » (référence biblique aux ennemis du peuple israélite), dans la semaine du 20 novembre, c’est-à-dire tout récemment. (Il conserve toutefois le pseudo « FriendlyFash » sur Telegram, auquel il a acollé un icône nazi dans les derniers jours.)

Shawn Beauvais MacDonald a publié une diatribe antisémite sur son compte Instagram le 14 octobre 2023, au lendemain d’une manifestation de solidarité avec la Palestine. Notons qu’il a pris le temps d’éditer son commentaire pour en retirer un passage raciste et arabophobe.
Shawn Beauvais MacDonald a changé le nom de son compte Instagram dans la semaine du 20 novembre, soit environ une semaine avant la publication du présent article.
Shawn Beauvais MacDonald conserve le pseudo « FriendlyFash » sur Telegram, qu’il agrémenté d’un logo nazi dans les jours précédant la publication du présent article.

Il a été vu à nouveau dans la manifestation du 4 novembre, et cette fois-ci le service d’ordre de la manifestation l’en a expulsé à l’instigation de camarades antiracistes. Il a été vu et confronté à nouveau le 11 novembre, puis perdu de vue dans la foule. C’est en partie pour cette raison que nous avons voulu produire le présent article : pour communiquer à la communauté élargie et aux forces vives du  mouvement de solidarité avec la Palestine l’intention de ce néonazi d’infiltrer leurs rangs. Il est hors de question que l’on permette aux adversaires du mouvement d’exploiter la présence de ce bozo isolé pour diaboliser le mouvement en entier. Il doit être expulsé sur-le-champ, et systématiquement, à chaque tentative d’infiltration des espaces de solidarité avec la Palestine.

Soyons parfaitement clairs : Shawn Beauvais-Macdonald est un suprémaciste blanc et un néonazi, jusqu’à ce jour. Il se fait encore voir en public orné de symboles néonazis; il n’est donc absolument pas raisonnable de croire qu’il est réformé, et toute prétention en ce sens devrait se heurter à une fin de non-recevoir. Il ne peut et ne doit être toléré dans aucun espace inclusif.

Multiplions les tracasseries…

Depuis qu’il est apparu sur le radar de la communauté antifasciste montréalaise, SBM a connu une série de revers et de désagréments. Il a d’abord perdu des emplois quand sa participation aux manifestations de Charlottesville a été révélée. Des affiches exposant ses activités ont été posées dans son quartier, il a reçu la visite d’antifascistes à son domicile (2045 rue Elmhurst, Notre-Dame-de-Grâce), puis des tracts le dénonçant ont été distribués au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité (CIMME), où il a été brièvement inscrit en 2019.

Shawn Beauvais MacDonald a reçu la visite d’antifascistes à son domicile en 2018; le drapeau nazi qui lui servait de rideau de salle de bain lui a été confisqué.
Ces tracts présentant Shawn Beauvais MacDonald ont été distribué au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité (CIMME), où il a été brièvement inscrit en 2019.

Actuellement, nous savons que SBM s’entraîne régulièrement au Nautilus Plus de LaSalle (il fréquentait auparavant le Nautilus Plus du centre-ville). Des sympathisant·es nous communiquent régulièrement des renseignements à son sujet, notamment sur les lignes de bus où il est régulièrement aperçu. Nous n’avons bien sûr pas l’intention de le laisser tranquille. Si vous avez d’autres renseignements utiles à nous communiquer, notamment sur l’emploi actuel de Shawn Beauvais MacDonald, n’hésitez pas à nous joindre à alerta-mtl@riseup.net.

Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartiers pour les fachos!