Des Comités de défense et de décolonisation des territoires
Depuis le 19 juillet, quelques dizaines de défenseurs de la terre Haudenosaunee réoccupent une portion de leur territoire non-cédé, là où le conseil de bande et une compagnie de développement s’étaient entendus sur la construction de plusieurs dizaines de logements. Un peu plus d’une dizaine de tentes ont été montées et une cuisine est en construction, et les habitants actuels n’ont pas l’intention de s’en aller. Un jardin a été planté, en guise d’engagement à rendre ce territoire de nouveau habitable pour ceux et celles à qui il revient. Une partie de crosse a été organisée en guise de pratique de soin collective, de la communauté et du territoire pour réitérer le lien ininterrompu, malgré la destruction temporaire qui les affecte.
Le territoire contesté avait été promis à la communauté de Six Nations en 1784, faisant partie d’une bande de 6 miles de part et d’autre de la rivière Grand. Cette rivière coule au milieu de la réserve de Six Nation et de la ville voisine, Caledonia, où le 1535 Mackenzie Road a été renommé 1492 Land Back Lane, en référence à l’année de l’invasion européenne sur l’Île de la Tortue. Le conseil de bande, qui est un de ceux qui fonctionne avec le plus bas taux de consentement au pays (5% de participation aux élections), avait décidé, malgré l’opposition populaire lors des consultations, de vendre pour 43 acres de terre et 350 000 $ (qui équivalent à la valeur d’une maison au moment de la vente) les 252 acres à la compagnie Foxgate Development.
Si le conseil de bande est le mode de gouvernance reconnu par la loi coloniale canadienne, pour les Haudenosaunee, les affaires politiques se jouent au niveau des gestes posés par les membres de la communauté. Comme le rapporte le média One Dish, One Mic :
«La Grande Loi des Haudenosaunee se veut participative. Si les gens agissent dans le meilleur intérêt du collectif, les structures de leadership en place sont censées suivre la volonté du peuple. Lorsque les défenseurs de la terre ont été arrêtés après la première injonction douteuse le 5 août, des centaines de personnes ont risqué leur santé et leur bien-être pour soutenir l’équipe de réoccupation du 1492 Land Back Lane. Le conseil élu soutient maintenant un moratoire sur le développement des territoires non cédés de Six Nations, alors qu’il avait précédemment condamné les actions des défenseurs de la terre. »
Le 5 août, lors de la tentative d’appliquer l’injonction nommée ci-haut, une trentaine de véhicules de la police provinciale de l’Ontario (OPP) se sont placés de part et d’autre du campement. Leurs effectifs ont vite doublé et ils ont arrêté 9 personnes pour avoir réoccupé et défendu leur territoire en concordance avec la loi traditionnelle. La police a fait feu avec des balles de plastique sur les habitants du site, qui ont répondu en allumant des signaux de fumée et des feux de pneus pour bloquer l’autoroute 6 et une voie ferrée, alertant ainsi les membres de la communauté. Selon l’OPP, ceux-ci se seraient attroupés pour repousser la police en faisant usage de projectiles. À la fin de la journée, le 1492 Land Back Lane était revenu sous le contrôle des défenseurs de la terre.
Pour aider avec le fonds légal et d’infrastructures sur le site du 1492 Land Back Lane : landback6nations@gmail.com.
Visitez le 1492 Land Back Lane juste après le coin de Mackenzie et Fuller à Caledonia; tous ceux qui se présentent dans un esprit de bienveillance sont les bienvenus – c’est un camp sans drogue, sans alcool et sans violence – sachez simplement qu’être sur la propriété peut entraîner des arrestations et des accusations à tout moment.
Pour une mise à jour fréquente des événements et du soutien nécessaire, visitez le groupe facebook de 1492 Land Back Lane.