Soumission anonyme à MTL Counter-info
Dans la nuit du lundi 11 avril, une manifestation à Montréal a attaqué la police en réponse à un second meurtre commis par la police en moins de deux semaines.
Sandy Tarzan Michel, un homme Anishinabe, a été assassiné par la police sur la réserve anishnabeg de Lac Simon, Québec, mercredi dernier le 6 avril. La police lui a tiré dessus à de multiples reprises après lui avoir roulé dessus avec une voiture de police. Le frère de Sandy a aussi été assassiné par la police à lac Simon en 2009 alors qu’il était âgé de 19 ans.
Après que Sandy ait été assassiné, d’autres personnes qui vivent sur la réserve ont confronté la police locale et tenté de blocker l’entrée sur la réserve à la police provinciale (la Sûreté du Québec) qui avait été appelée pour assister les forces policières locales. Cela a mené à trois arrestations. Lorsque quelqu’un est tué par la police au Québec, une agence de police différente est appelée pour investiguer l’affaire, c’est donc le SPVM qui a reçu l’ordre d’investiguer le meurtre de Lac Simon.
Autour de 100 personnes se sont rassemblées à l’extérieur du métro St-Laurent et ont écouté les discours des organisateurs Anishinabe. Alors que la manif a pris la rue, on a pu voir des participant-es distribuer des masques aux gens dans la manif. La manif a pris Ste-Catherine en direction est alors que des policiers à vélo suivaient la manif à la hauteur où étaient massées le plus de gens masqués. Durant les quarante-cinq minutes qui ont suivi, la manif a marché dans un calme relatif, et les gens exprimaient leur douleur, leur tristesse et leur colère de différentes façons, alors que certaines personnes marchianet silencieusement et invitaient les autres à faire de même, et d’autres chantaient des slogans encourageant la violence contre la police.
À l’intersection de Ste-Catherine et de Lorimier, des personnes dans la foule ont lancé des roches sur les policiers à vélo sur le côté tout en lançant des fumigènes sur les trottoirs pour obscurcir la vision des policiers. Les policiers à vélo ont rapidement fui. Comme il n’y avait plus de flics à proximité immédiate de la manif, quelques minutes plus tard, des gens ont attaqué les bureaux du Ministère de la Sûreté du Québec sur Parthenais. Le Ministère de la Sécurité Publique supervise les prisons provinciales au Québec (qui sont peuplées de manière tout à fait disproportionnée par des personnes autochtones) et la Sûreté du Québec – deux institutions participant à maintenir l’occupation coloniale au soi—disant Québec. La police anti-émeute a chargé la manifestation peu de temps après cette attaque contre les bureaux du ministère, et a réussi à disperser la manifestation malgré les tentatives de riposte avec des volées de roches. Aucune arrestation n’a été faite.
En tant qu’anarchistes, nous avons initié les attaques dans cette manifestation car nous ne combattons pas pour une police moins meurtrière, mais pour la destruction de toute forme de police. Lorsque la police assassine, agresse sexuellement ou emprisonne quelqu’un-e, nous croyons en la vengeance, mais nous ne désirons pas en rester là. En ouvrant du temps et de l’espace dans les rues en attaquant la police, les gens créent les conditions qui permettent de détruire des aspects de l’infrastructure matérielle de la société coloniale. Nous croyons que c’est une étape importante pour nourrir des relations de care, de confiance et de réciprocité qui sont nécessaires à toute rupture avec le contrôle colonial, capitaliste et patriarcal de la vie. Dans les conditions particulières de la manifestation de lundi, nous avons agi afin d’ouvrir la possibilité d’une complicité avec des personnes autochtones qui voient les institutions policières Canadiennes, coloniales de manière inhérente, comme des ennemies. Bien que nous soyions conscient-es que certain.es participant.es Anishnabes à la manif demandaient une manif pacifiste, nous espérons que d’autres reconnaîtrons en nous de futurs complices possibles.
Après la soirée de lundi, nous avons constaté que certains allié.es colons/blancs autoproclamé.es ont régit durement envers les actions directes qui ont été menées contres les institutions auxquelles elles et ils s’opposent apparemment. La manière dont les appels d’une ou deux personnes individuelles pour une manif pacifiste sont prises comme représentant les intérêts de toute une communauté marque bien l’échec d’une politique d’alliance. L’idée qu’être un.e bon.ne allié.e est possible en suivant les instructions d’un groupe opprimé nous mène inévitablement à confronter le problème des contradictions entre les gens qui partagent une même catégorie identitaire. Dans le soi-disant Canada, on ne manque pas d’exemple de résistance anti-coloniale combative de laquelle on peut s’inspirer; que ça soit des personnes qui ont confronté la police sur la réserve anishnabeg mercredi dernier, les luttes contre la dévastation écologique à Elsipogtog et à Lelu Island, la lutte mené derrière les barricades il y a plus de deux décennies lors de la ‘Crise d’Oka’, ou la guerre en continu contre le colonialisme qui a été menée sur de multiples fronts depuis le début de la colonisation.
Il y a une multiplicité de façons dont les personnes combattent les systèmes qui leur font du mal à eux et à leur environnement. Alors que certaines personnes Anishinabe et d’autres personnes autochtones désirent confronter violemment les institutions qui les dominent, d’autres placent leurs espoirs de changement dans des canaux présentés par ces mêmes institutions – comme des manifestations symboliques. Les gens qui souhaitent alors être des ‘allié.es’ se doivent de reconnaître cette réalité, et trouver nos propres chemins dans la lutte contre la domination plutôt que de suivre un.e représentant.e sur la base d’un sentiment de culpabilité ou d’une quelconque moralité.
Nos désirons encourager des relations de complicité plutôt que d’alliance, avec tous.tes ceuzes qui luttent contre la violence systémique. Fuck la police, fuck le québec, fuck le canada.