Montréal Contre-information
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Jan 132019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 31 décembre 2018, à la veille du Nouvel An, environ 150 personnes se sont rassemblées près du métro Henri-Bourassa sur l’île de soi-disant Montréal (Tio’tia:ke) afin de prendre 3 autobus jusqu’à Laval, Qc. Chaque année depuis 2014, et de manière sporadique pendant les années précédant 2014, nous nous rassemblons devant les prisons de Laval afin d’allumer des feux d’artifices, souhaiter une joyeuse nouvelle année aux gens à l’intérieur des murs, et montrer notre opposition aux prisons, aux frontières, ainsi qu’aux industries et aux gouvernements qui les nourissent.

Après une brève balade d’autobus, nous sommes débarqué.es au lieu de manifestation, notre premier arrêt étant le Centre fédéral de formation (sécurité minimale), situé au 600 Montée St-François. Étendu aux abords de la Montée St-François, avec une simple clôture séparant les unités d’habitation de la route, le Centre fédéral de formation (sécurité minimale) est le seul arrêt sur notre route où nous pouvons apercevoir le visage des gens aux travers des fenêtres. Cette année ne fût pas exception. Des dizaines de personnes nous saluaient de la fenêtre de leurs cellules et gueulaient de joie avec nous à la vue des feux d’artifices, alors que de la musique jouait et que nous scandions nos voeux de Bonne année. Une bannière exprimant “Happy New Year! Free all prisoners!” (Joyeuse année ! Libérons tout.es les prisonnièr.es !) était brandie, alors que nous chantions “Pour une monde sans patrons, ni flics, ni prisons!”

Notre second arrêt était à Leclerc, une prison provinciale pour femmes. Cette année, nous avons été capables de nous rendre plus près de la barrière que l’an dernier et, après avoir lancé des feux d’artifices et monté le volume de la musique, nous avons pu apercevoir des lumières clignotées à répétition dans certaines fenêtres de la prison! Cette prison se situe en retrait de la route et nous étions excité.es de savoir que les gens à l’intérieur pouvaient nous entendre et nous voir. Leclerc a été fréquemment dénoncé dans le passé pour avoir des conditions de vie exécrables, dont tout récemment en décembre 2018 par une coalition de groupes au Québec. Les cellules sont si froides que les prisonnièr.es doivent dormir avec leur manteau et l’eau y est inbuvable. Bien que nous ne ferions pas de compromis pour des prisons plus “humaines” dans notre lutte pour un monde meilleur, on pense quand même que c’est horrible pour les détenu.es d’être soumis.es à des conditions de vie aussi dégueux!

Nous nous sommes ensuite arrêtés sur le site de construction de la nouvelle prison pour migrant.es. Nous avons pointé le chantier à la foule et avons informé celle-ci des plans de la nouvelle prison. Supervisé par des firmes d’architecture et d’ingénierie Lemay et Groupe A, le nouveau centre de détention pour migrant.e.s fait partie du plan gouvernemental de reserrer les politiques sur l’immigration et d’alimenter la machine de déportation. Le gouvernement prétend que le nouveau bâtiment aura un intérieur en bois chaleureux et sera conçu pour «ne pas se sentir comme une prison» malgré les plans incluant autant de caméras de sécurité et de clôtures qu’on pourrait s’y attendre. Nous pensons que ces projets sont tous de la foutaise et nous nous attendons à ce que la nouvelle prison soit identique aux prisons régionales pour femmes construites dans les années 90 et 2000. Autrement dit, une prison avec des unités de haute sécurité, des caméras partout et aucun budget pour la programmation à cause que les coûts de sécurité seront trop élévés. Bien évidemment, tout cela si nous ne parvenons pas d’abord à arrêter la construction!

Ensuite, nous avons emprunté la route qui mène à la prison pour migrant.e. présentement utilisée. Nous avons lancé des feux d’artifices et crié notre soutien aux gens (y compris les enfants!) à l’intérieur. Des tambours dans la foule ont su créé une ambiance festive. Les personnes ayant pris parole au mégaphone nous ont rappelé la grève de la faim menée en septembre dernier contre le plan du gouvernement intitulé «alternatives à la détention». Ce plan comprend la mise en place d’un programme de surveillance électronique et la sous-traitance de la Société John Howard et de l’Armée du Salut afin de créer des programmes de type de « parole » pour les migrant.es. Nous pensons que tout cela est un moyen de contrôler et de surveiller les migrant.es d’avantage, alors que ceuzes-ci sont souvent en train de fuir des situations de violence que le gouvernement Canadien a aidé à créer à la base. Honte à la Société John Howard et l’Armée du Salut d’avoir pris ces contrats ! Et fuck les plans du gouvernement d’augmenter les déportations de 30% dans les prochaines années. Pour un monde sans frontières et sans prisons !

Notre cinquième arrêt était devant le Centre fédéral de formation (niveaux mixtes). Cette prison a une cloison ainsi que deux clôtures qui l’entourent. Alors, il est toujours difficile pour nous de nous approcher, ainsi que de savoir si le monde à l’intérieur peut nous voir ou nous entendre. Malgré cela, nous avons allumé des feux d’artifice et nous avons crié nos meilleurs vœux aux personnes à l’intérieure de cette prison. Notre système de son est devenu à plat à ce moment, alors nous n’avons pas pu lire une déclaration de notre camarade Cedar, qui est en prison en Ontario, parce que nous n’avions pas la puissance de voix pour le faire sans le système de son. Solidarité à Cedar et à tout.es celleux qui ont dû passer les fêtes derrière les barreaux ! Nous pensons à vous et nous luttons afin que personne ne doive jamais passer la veille du Nouvel An en prison !

En dernier lieu, nous sommes repassé.es devant le Centre fédéral de formation (sécurité minimale) afin de dire nos au revoir. À notre deuxième arrêt devant cette prison, quelques personnes sont sorties des unités d’habitation pour venir dans la cour, en bravant le froid pour nous envoyer la main et nous saluer. Un fuck you bien ressenti à tout.es les policier.es qui ont insisté à se tenir près de la clôture, entre euzes et nous. Quelques personnes dans la foule ont chanté la Chanson de l’hélicopter et ont essayé d’apprendre aux autres de nouvelles paroles sur l’air de We R Who We R de Ke$ha. Nous avons alors lancé nos derniers feux d’artifices, puis nous nous sommes déplacé.es vers les autobus.

Cette tradition de la manif de bruit du Nouvel An nous tient à coeur! Nous voulons remercier toutes les personnes qui sont venues. Nous étions excité.es par le nombre de gens qui se sont pointés la bette cette année! Solidarité avec tout.es les détenu.es qui combattent le système de l’intérieur des murs!