Jeudi dernier, 30 mars, une action de blocage d’un chemin de fer appartenant à Rio Tinto a eu lieu afin de protester contre le traité Petapan. Pendant plus de deux heures, les manifestants et manifestantes autochtones ont maintenu ce blocage dans le but de bien faire comprendre que l’opposition au traité colonial Petapan est bien vivante. Voici leur communiqué.
Le Collectif Mashk Assi, Nitassinan non-cédé.
Le Traité Petapan : Les chefs.fes héréditaires Innuat demandent l’arrêt des négociations territoriales
Plus de 30 chefs de territoire Innuat exigent par signatures l’arrêt immédiat des négociations ainsi que l’arrêt immédiat des coupes forestières dans le secteur de la forêt Cyriac et l’arrêt de la mine de first phosphate corp !!! Le communiquer d’opposition au traité Petapan des cheffes héréditaires Innuat à été envoyer à tous les paliers gouvernementaux hier avant la signature illégale prévu aujourd’hui de ce traité le 31 Mars 2023 !!!
Un traité illégal en droit innu
Les négociations territoriales ont pour objectif de morceler ce territoire en petits territoires et d’éteindre le droit à disposer de soi-même du peuple innu. La colonisation, l’amnésie culturelle et surtout, la réclusion dans les réserves ont fait en sorte que plusieurs personnes et certains chefs ne voient plus ce qu’ils laissent aller, un vaste territoire, mais s’imaginent ce qu’ils pensent gagner, une réserve un peu plus grande. Le complexe du colonisé est d’en venir à se définir à travers le regard du colonisateur. Il devient d’autant plus problématique que ceux qui ne voient pas clairs soient responsables exclusivement de négocier l’avenir de tout notre peuple.
En vertu de la Loi sur les Indiens, il importe de rappeler que les conseils de bande ont des juridictions sur la gestion des terres de réserve seulement. En ce sens, ils n’ont pas juridiction sur les terres situées hors réserve. Ce sont les chefs.fes de territoire, les gardiens.nes de territoire et les cercles des kukum (grands-mères) qui possèdent l’obligation de protéger le territoire ancestral. En droit innu, la terre est inalienable et constitue un leg pour les générations futures qui doit être protégée et respectée. En ce sens et au terme du droit innu, ces négociations sont illégitimes et illégales. En ce sens, les chefs.fes héréditaires demandent l’arrêt immédiat du processus des négociations territoriales globales.
D’ailleurs, dans une lettre soumise en 2005, au Premier Ministre du Canada, Paul Martin, La coalition Ukauimau aimu « paroles de mères de famille » constituée de plus de 270 membres de différentes communautés, y dénonçait le manque de transparence, de consultation dans le processus des négociations territorial et la session illégale du territoire ancestral.
À l’heure d’un écocide mondial, le temps n’est plus au morcèlement du territoire, à son aliénation ou à son exploitation, il est impératif de continuer l’exercice de notre obligation juridique innu de protéger Tshikauinu Assi, notre Terre-Mère. Aujourd’hui plus que jamais, cette obligation est devenue un impératif planétaire. Jouer le jeu de la division coloniale n’a bénéficié financièrement et politiquement qu’à une seule petite élite et cette dernière, ne peut discuter et décider unilatéralement, à huit clos et secrètement de l’extinction de tout un peuple.
La clause d’extinction, également appelée « clause de certitude » est un énoncé qui a pour objectif de transférer la souveraineté des Premiers Peuples à la Couronne fédérale et provinciale, qui à son tour la modifie, afin de transformer le statut des terres autochtones inaliénables, en terres provinciales et fédérales commercialisables. En ce sens, le Canada et les provinces deviennent les propriétaires ultimes de ces territoires. Cette clause apporte de la certitude aux gouvernements fédéral et provinciaux, ce sont eux qui ont intérêt dans ces traités modernes et non pas les Premiers Peuples qui sont, de facto, souverains. Cette souveraineté est notamment reconnue dans le Traité international Oswegatchie de 1760.
À ce discours sur la certitude, les trois conseils déclarent que les droits ancestraux ne seront pas éteints mais que leur exercice sera « suspendu », tel que stipulé à l’article 3.3.4 de l’Entente de principe. Or, la suspension de l’exercice des droits et leur extinction est ont tout deux le même effet, celui d’empêcher la mise en œuvre du droit à l’autodétermination et l’exercice de l’innu tipenitamun. Ce leurre juridique entraine graduellement le renoncement à la souveraineté innu. Comme le stipulait le Professeur Michael Asch, professeur émérite à l’Université de Victoria : « les traités devraient être basés sur la reconnaissance des droits plutôt que sur leur extinction ou leur abandon ».
MAMU PIMUTETAU TSHETSHI SHUTSHIEK !!!! MAUAT TRAITÉ PETAPAN !!!!