Soumission anonyme à MTL Contre-info
RAPPEL DES FAITS
La brigade s’est rassemblée le 7 octobre 2024 dernier pour mener une action contre l’expulsion prévue à 8h30. L’habitante de l’appartement a eu des problèmes de loyers impayés qu’elle a réussi à résoudre en s’endettant. Cependant, le paiement de ces loyers a été fait en argent liquide à la concierge de l’immeuble. La concierge confirme le règlement de ces sommes, mais le propriétaire nie avoir reçu cet argent. Ce dernier a donc traîné la locataire au tribu- nal administratif du logement (TAL) et a exigé en outre des frais de retards et des intérêts. Contre tout bon sens, le TAL a refusé de repousser l’audience qui aurait permis d’entendre le témoignage de la concierge comme preuve de paiement.
La locataire a malgré tout réglé les frais supplémentaires en s’endettant toujours plus et a cette fois payé par chèque pour s’assurer de laisser une trace indéniable. Mais le propriétaire ne reconnaissant pas le paiement des loyers précédents, une nouvelle audience au TAL a eu lieu. Le tribunal a décidé de considérer que la locataire avait un historique de mauvais paiements étant donné que le témoignage de la concierge n’a pas été jugé recevable. Une procédure d’éviction a donc été lancée. La tentative de faire appel de la décision a également été rejetée.
On assiste ici à une situation proprement kafkaïenne. La locataire s’est endettée pour payer son loyer et même pour rem- bourser les frais de retard, mais le TAL se place du côté du propriétaire et la personne va se retrouver sans argent et sans logement. De son côté, le propriétaire gagne sur tous les fronts : il empoche l’argent et va pouvoir expulser la personne. Plusieurs autres locataires de l’immeuble ont déjà été expulsés et le prix de leurs appartements ont explosé après une légère rénovation. On voit bien l’objectif de la manœuvre.
Comme si ce n’était pas suffisant, la locataire est dans une situation de santé fragile qui limite sa capacité à travailler et à se reloger. Ajoutons pour la forme que le logement est plein de moisissures qui sont probablement à l’origine de son état de santé, que rien n’avait été fait pour résoudre le problème et qu’un trop perçu de plus de 200$ est encore entre les mains du propriétaire. Nous ne pouvons accepter que les tribunaux bourgeois condamnent une personne pour n’avoir pas su manœuvrer leur propre système devant un propriétaire malhonnête. L’ultraformalisme du tribunal met systématiquement les locataires à la merci de propriétaires plus riches, capables de payer des avocats et autres professionnels pour faire le sale travail.
ACTION DE SOUTIEN
Nous étions une trentaine de militant.e.s réuni.e.s à 8h pour nous opposer à l’expulsion programmée par l’huissier. Nous sommes resté.e.s jusqu’à midi. L’huissier et le propriétaire seraient passés mais notre présence les aurait dissuadés de mener à bien l’expulsion. La police était sur place, mais s’est contentée de nous surveiller de loin sans chercher à entrer en contact avec nous.
Malheureusement, l’expulsion a bien eu lieu le lendemain matin. Nous connaissons les limites de nos capacités face aux décisions du TAL, mais nous savons aussi faire la distinction entre ce qui est juste et ce qui est légal. Notre action ne s’arrête pas là et nous allons continuer à soutenir les locataires et dénoncer les propriétaires. Notre présence aura au moins permis à la locataire de conserver ses meubles, l’huissier n’ayant pu réserver un autre camion pour le lendemain. Plus largement nous avons montré que la brigade est capable de mobiliser suffisamment de personnes, même un lundi matin à 8h, pour des actions solidarité.
Au cours de cette action, nous avons pu constater l’état déplorable des appartements loués par cette entreprise. Nous avons également eu plusieurs retours de locataires qui affirment que les loyers sont payés en liquide sur demande du pro- priétaire. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis d’obtenir cette expulsion. Nous nous attendons à ce que d’autres personnes soient victimes de ces vendeurs de sommeil. C’est pourquoi nous avons décidé de publiciser les responsables de cette situation afin que les locataires puissent se préparer à se défendre si ils et elles devaient avoir à faire à ces personnes. Ces informations sont des données publiques.
L’entité légale louant les appartements est l’entreprise 9117-0977, aussi connu sous le nom de Domaine Dutrisac. L’adresse de son siège social est au 335 avenue Wiseman à Montréal, H2V 3J5. Les responsables de cette entreprise sont :
• Aaron Sander, actionnaire
• Susan Sander, actionnaire
• Joel Teller, secrétaire du conseil d’administration
• Raphael Nehmias, directeur général du conseil d’administration
Nous invitons toutes personnes ayant affaire à eux à se rapprocher d’associations de défense des locataires, de conser- ver des traces de leurs paiements et de faire constater l’état de leurs logements de façon préventive. La justice protège les riches, mais ne leur facilitons pas la tâche.
Nos proprios savent où nous habitons, ce n’est que justice que nous le sachions aussi.