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Avr 222025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Quelques mots sur l’activisme et l’ère du temps

Nous avons connu, nous connaissons encore, la tentation de l’activisme. Les contre-sommets, les campagnes contre les expulsions, contre les lois sécuritaires, contre la construction de nouvelles prisons, les occupations, les camps No Border ; la succession de tout cela. La dispersion progressive des collectifs répondant à la dispersion même de l’activité.

Courir après les mouvements.

N’éprouver au coup par coup sa puissance qu’au prix de retourner chaque fois à une impuissance de fond. Payer chaque campagne au prix fort. La laisser consommer toute l’énergie dont nous disposons. Puis aborder la suivante, chaque fois plus essoufflés, plus épuisés, plus désolés. Et peu à peu, à force de revendiquer, à force de dénoncer, devenir incapables de simplement percevoir ce qui est pourtant supposé être à l’origine de notre engagement, la nature de l’urgence qui nous traverse.

L’activisme est le premier réflexe. La réponse conforme à l’urgence de la situation présente. La mobillisation perpétuelle au nom de l’urgence, avant de sembler un moyen de les combattre, est ce à quoi nous ont habitués nos gouvernements, nos patrons.

Ajout sur l’anarcho-populisme et la guerre en cours

Le problème, avec les revendications, c’est que, formulant des besoins dans des termes qui les rendent audibles par les pouvoirs, elles ne disent d’abord rien de ces besoins, de ce qu’ils appellent de transformations réelles du monde. Ainsi, revendiquer la gratuité des transports ne dit rien de notre besoin de voyager et non de se déplacer, de notre besoin de lenteur.

Mais aussi, les revendications ne font le plus souvent que masquer les conflits réels dont elles énoncent les enjeux. Réclamer les transports gratuits ne fait qu’ajourner dans un certain milieu la diffusion des techniques de fraude. En appeler à la libre circulation des personnes ne fait qu’éluder la question d’échapper, pratiquement, au resserrement du contrôle.

Se battre pour le revenu garanti, c’est, au mieux, se condamner à l’illusion qu’une amélioration du capitalisme est nécessaire pour pouvoir en sortir. Quoi qu’il en soit, l’impasse est toujours la même : les ressources subjectives mobilisées sont peut-être révolutionnaires, elles demeurent insérées dans ce qui se présente comme un programme de réforme radicale. Sous prétexte de dépasser l’alternative entre réforme et révolution, c’est dans une ambiguïté opportune que l’on s’installe.

– Charles Irving