Montréal Contre-information
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Oct 152025
 

Du Collectif Emma Goldman

La scène politique contemporaine est caractérisée par une lourdeur accablante. Au niveau international, la situation est alarmante : on assiste quotidiennement, notamment au sud de la frontière, à une dérive autoritaire et fascisante.

Au Québec, cette anxiété se manifeste par une surenchère identitaire alimentée par des partis comme le PQ et la CAQ. Leur stratégie consiste à imputer tous les maux de la société – crise du logement, crise en éducation, crise en santé – à « l’autre », c’est-à-dire aux personnes immigrantes ou nouvelles arrivantes.

Cette tactique sert à masquer leur incompétence et les effets délétères de leurs propres politiques, qui consistent historiquement et actuellement à :

-Offrir des cadeaux aux grandes entreprises ; 

-Couper les impôts des plus riches ; 

-Affaiblir drastiquement les services publics, une tendance qui s’inscrit dans une continuité gouvernementale remontant bien au-delà de sept ans de Legault (Couillard,  Charest, Landry, Bouchard, etc.).

Les fondements de la lutte antifasciste

Selon La Horde, « L’antifascisme est devenu une lutte à défendre » (p.8). Cette nécessité s’est accentuée lorsque le « clown orange », a décrété les antifascistes (antifas) comme organisation terroriste intérieure.

Malgré les allégations de l’extrême droite québécoise — dont une des figures influentes a prétendu à la radio de Québec que les antifas n’étaient qu’une invention stalinienne —, l’histoire dit le contraire. La Horde rappelle que l’antifascisme existait avant même la naissance du parti fasciste de Benito Mussolini . Avant de porter ce nom, des militants s’organisaient déjà contre l’extrême droite, alors connue sous le nom de « la réaction ».(p.9)

Les multiples dimensions du mouvement

L’antifascisme est un mouvement aux multiples facettes et ne peut être réduit à une seule catégorie. Il est simultanément :

-Un « mouvement d’autodéfense » 

-Un « courant politique révolutionnaire » 

-Une « contre-culture » (p.11)

Ses racines sont profondément ancrées dans l’histoire des organisations de gauche. Durant l’entre-deux-guerres, l’antifascisme s’est structuré et développé principalement « au sein des organisations politiques du mouvement ouvrier (communiste,socialiste et anarchiste)» (p.14). Il s’agit donc d’une tradition politique et sociale bien établie, née du combat contre l’autoritarisme.

Le racisme défensif 

L’extrême droite moderne est bâtie sur cinq piliers idéologiques fondamentaux : le racisme, le sexisme (incluant l’homophobie et la transphobie), le nationalisme, le traditionalisme et l’autoritarisme.

Une mutation tactique majeure est observée: le passage d’un racisme offensif à un racisme défensif. Ce dernier vise à nier les fondements systémiques du racisme et à inverser la perception des rôles.

Ce racisme défensif s’articule autour de plusieurs mécanismes. Il s’exprime par l’injonction d’« en finir avec la repentance », un rejet de toute culpabilité historique, cherchant le déni du racisme structurel. Au Canada, cela est illustré par les propos de Maxime Bernier (chef du PPC), qui a qualifié la Journée nationale de la vérité et réconciliation de « canular » et dénoncé la « fausse culpabilité des Blancs et de l’arnaque basée sur elle ». À cela s’ajoute l’instrumentalisation active du sentiment anti-musulman (islamophobie) pour attiser la peur et les divisions. Enfin, le mouvement propage des théories fallacieuses, comme celle du « Grand Remplacement », qui prétend que les populations dites « historiques » sont victimes d’une menace démographique, transformant ainsi les minorités et les populations immigrantes en agresseuses présumés. Cette tactique vise clairement l’inversion des rapports de domination.

Le masque de la vacuité idéologique

L’extrême droite actuelle se distingue par son manque de programme abouti. La Horde souligne que ces mouvements « […] ne se rattachent à aucun courant précis » (p. 9). Pour masquer cette vacuité idéologique, ils recourent à un camouflage sémantique, dissimulant leurs objectifs derrière des étiquettes volontairement vagues et normalisantes telles qu’« identitaire », « conservateur » ou simplement de « droite ». Ceci leur permet d’attirer un public plus large tout en évitant de s’engager sur des positions politiques claires ou radicales.

Antifascisme : Réponse à la Violence

La question de la violence est centrale dans le débat sur l’antifascisme.

D’une part, Mathieu Bock-Côté critique les antifas comme une milice d’ultra-gauche violente qui instrumentalise l’étiquette pour disqualifier ses adversaires et justifier sa propre violence.

D’autre part, les organisations antifascistes comme le Horde argumentent que si la violence de l’antifascisme est souvent « pointée du doigt », c’est en oubliant qu’elle est « d’abord une réponse à la violence constitutive des mouvements d’extrême droite » (p. 14).

L’antifascisme est donc fondamentalement positionné comme une réaction à la violence inhérente et historique des mouvements qu’il combat.

En somme, l’urgence de l’antifascisme est plus pressante que jamais, alimentée par une convergence de menaces allant de la dérive autoritaire internationale à la surenchère identitaire québécoise. Face à l’instrumentalisation politique des crises internes et à l’usage d’un racisme défensif par la droite nationaliste et l’extrême droite, la nécessité d’agir est manifeste.

Être antifasciste, c’est avant tout être contre le racisme et l’autoritarisme. C’est une lutte politique et sociale essentielle pour défendre des principes d’égalité et d’émancipation face à toute tentative de division ou d’inversion des rapports de domination.

C’est une lutte qui rappelle la célèbre maxime latine de Térence, « Homo sum, humani nihil a me alienum puto » (Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger.), laquelle a été modernisée pour devenir : « Aucun humain n’est étranger sur cette terre ». Cet idéal place l’émancipation de tous les êtres humains au cœur du combat antifasciste.