traduit de l’anglais par sabotagemedia
Plus de 50 personnes se sont réunies à Montréal pour poursuivre la tradition des manifs de bruit anti-carcérales devant les prisons pour le nouvel an. La manif s’est rassemblée au lieu de rencontre désigné et a pris la rue derrière une bannière lisant «Pour un monde sans patrons, ni flics, ni prisons» et une importante présence policière essayant en vain de contrôler la circulation. Certain.es parmi la foule ont distribués des tracts expliquant l’action et détaillant les récentes modifications législatives que le gouvernement a conçu pour remplir les 22 nouvelles prisons qu’il fait construire.
Lorsque nous sommes arrivés à notre première destination, Tanguay, la prison pour femmes, la foule est entrée en scandant par un stationnement alors que les porcs étaient retenus à l’entrée. Autour de l’entrée arrière de nombreux discours furent donnés sur un haut-parleur destinés aux prisonnières, dans l’espoir qu’elles entendent les paroles de solidarité en français et en anglais. Des éclats de trompettes, de chants et de feux d’artifice ont été utilisés pour attirer l’attention de nos amies à l’intérieur. Assez vite nous avons entendu des réponses par les fenêtres, «Bonne année!» qui a fait éclater encore plus de bruit et d’amour de la foule. La foule a passé 20 minutes à scander des chants de solidarité et de bons voeux pour les femmes avant de promettre de revenir et de continuer vers notre prochaine cible.
Un autre 15 minutes de marche nous a amenés à Bordeaux, la prison pour hommes, qui est la plus grande prison de la province de Québec. Cette fois, la foule a dû esquiver une barrière et faire face à une forteresse beaucoup plus grande avec ses murs de 30 pieds qui l’entourent. Les feux d’artifice ont annoncé notre présence et des discours ont été rendus de nouveau exprimant notre désir d’abolir les prisons et toute autorité. Après beaucoup de bruit et ensuite de l’écoute, des réponses provenaient des hommes à l’intérieur. Encore une fois «Bonne année» a été entendu fort et clair, nous avons répondu par «Solidarité avec les prisonniers!». De nombreuses voix ont criés ensemble venant d’au-delà des murs et de chaque coin de l’édifice monstrueux. La foule est devenue autant plus enthousiasmé jusqu’à décharger le reste de l’arsenal de feu d’artifice. L’occasion fut présentée pour que quiconque prenne le micro pour donner un message personnel également diffusé sur une radio locale puisque l’événement était enregistré par des camarades d’un média indépendant. En sortant nous avons de nouveau pris la rue à quatre voies scandant «police partout, justice nulle part» et «our passion for freedom is stronger than their prisons» [notre passion pour la liberté est plus forte que leurs prisons]. La manif s’est dispersée sans ingérence des porcs à la station de métro où elle avait commencé.
un vidéo par Média Recherche Action
un enregistrement audio édité de la manif
Le texte suivant est tiré du tract de la manifestation:
Manif anti-carcérale du Nouvel An… ou, pourquoi nous haïssons les prisons
Les manifestations de bruit devant les prisons et les centres de détention de l’immigration prennent part à une tradition en cours dans plusieurs régions du monde de ne pas oublier celles et ceux qui sont détenu.es par l’État. C’est une manière de démontrer de la solidarité avec les personnes emprisonnées à l’intérieur. Les prisons ont été créées pour isoler les gens de leurs communautés. Ces manifestations sont un des moyens de nous rassembler pour lutter contre la répression et de briser cet isolement.
Les prisons existent pour affermir l’autorité du pouvoir en place. Il ne peut y avoir ni mesures d’austérité, ni capitalisme, sans prisons pour mettre celles et ceux qui ne peuvent, ou choisissent de ne pas correspondre aux normes de ce système. En fait, l’agrandissement des prisons et la mise en place de mesures d’austérité marchent main dans la main. Alors que le gouvernement réduit le budget alloué aux services sociaux, étendre le système carcéral est une de ses priorités. Tout en adoptant de nouvelles lois comme les projets de loi C-10 et C-38, qui visent à mettre plus de gens en prison pour plus longtemps et assurer la détention obligatoire des réfugiés, l’État dépense présentement un budget de 4 millions de dollars pour construire 22 nouvelles prisons et agrandir plusieurs établissements déjà existants à travers le pays. Cela donne une plus grande marge de manoeuvre à l’État pour emprisonner à la fois celles et ceux qui le combattent activement, comme les personnes emprisonnées dans le contexte de la grève étudiante du printemps derniers ou dans celui des manifestations contre le G20 à Toronto en 2010, ainsi que celles et ceux qui contestent ses lois simplement pour survivre. Les gens sont arrachés de leurs communautés et une fois à en-dedans, ils et elles deviennent un réservoir de maind’oeuvre esclave pour l’industrie.Faisons savoir à celles et ceux qui sont enfermées, qu’elles et ils ne sont pas oublié.es. Nous pouvons partager notre opposition aux barreaux, aux gardes ainsi qu’au monde de misère et d’exploitation qui en a besoin. Parce que personne n’est libre jusqu’à ce que nous le soyons tous. Endedans comme à dehors, révoltons-nous !
[voir ici pour une compilation des actions anticarcérales du nouvel an 2013]