Montréal Contre-information
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Mar 022021
 

De Mettre fin au silence

Aujourd’hui, le jugement de la juge Katheryne A. Desfossés exigeant le dévoilement de l’identité des administratrices de la page Dis son nom ainsi que de la personne ayant dénoncé l’agresseur Jean-François Marquis est d’une telle violence que les mots nous manquent pour la nommer: seuls nos hurlements de rage semblent adéquats.

On veut d’abord envoyer toutes notre solidarité aux personnes affectées par le jugement et les actions de Marquis: la personne survivante, les administratrices de la page Dis son nom et toutes les autres personnes survivantes dont les échanges avec Dis son nom seront mises entre les mains d’un agresseur et de son avocat. On espère tellement que toutes ces conversations se retrouvent malencontreusement perdues ou magiquement effacées. Se faire désapproprier de sa propre démarche de dénonciation, c’est extrêmement violent.

Ce travail collectif qui a été fait l’été passé, mais aussi au fil des ans pour trouver des manières de libérer nos paroles et pour faire changer la peur de camp se voit grandement ébranlé par les événements d’aujourd’hui.

Généralement, le système et ses acteurices répondent avec une violence proportionnelle au danger que nos ripostes présentent pour l’ordre établi. C’est tellement légitime d’avoir peur devant une violence aussi inouïe. D’avoir envie de perdre espoir. Même si l’heure n’est crissement pas à la fête, on a le goût de dire qu’on peut quand même se féliciter: on leur a fait tellement peur aux agresseur.e.s et à leurs complices qu’a émergé le besoin de réagir avec virulence pour essayer de nous faire taire. À nos yeux, ça veut quand même dire qu’on a un esti de beau pouvoir collectif quand on s’y met.

Pour nous, les événements d’aujourd’hui illustrent avec encore plus d’évidence la nécessité de l’anonymat, de plate-formes sécuritaires et d’alternatives à ce système judiciaire pourri qui protège l’ordre oppressif, les agresseur.e.s, le pouvoir établi. La nécessité de continuer à dénoncer ces estie de vidanges qui nous pourissent individuellement et collectivement la vie.

Plutôt que de susciter la peur, c’est sur les braises de notre colère que ce jugement souffle avec force. Pour notre collectif, il est hors de question de plier devant la violence du système, devant les menaces de représailles.

Notre plate-forme restera active, prête pour la suite. S’il y a des personnes pour qui ça a déclenché comme nous une envie de dénoncer et de foutre la marde. S’il y a des personne qui, malgré la peur, ont ce besoin de témoigner. En nommant leur.s agresseur.e.s ou non. Maintenant ou plus tard. On sera là. On vous fucking croit.