FEU AUX PRISONS ET AU MONDE QUI EN A BESOIN
La prison n’est rien de plus qu’un reflet de la société dans laquelle nous vivons. Notre société ressemble à une grande prison à ciel ouvert; avec la menace de mourir de faim si vous ne dépensez pas votre énergie pour le capitalisme dans un travail dépourvu de sens, avec des caméras à chaque coin de rue, avec la police intimidant et assassinant dans la rue comme les screws font pour ceux et celles enfermé.es dans des cages et avec des frontières tracées en tant que murs par nos dirigeant.es. L’intérieur et l’extérieur de la prison ne diffèrent que par leur degré d’intensité, mais les deux sont basés sur la domination, l’aliénation et le contrôle.
L’État n’est pas intéressé à réduire le crime, mais à augmenter le contrôle social. L’emprisonnement décent, comme un capitalisme humain, n’existe pas. L’emprisonnement – être pris en otage par l’État – est une raison en soi pour se rebeller contre les screws et leurs barbelés. Tout comme dans la rue, il y a des gens dans les prisons, les établissements psychiatriques et les centres de détention qui ne sont pas en paix avec leurs conditions, qui n’ont pas enterré un certain goût pour la liberté simplement parce qu’un.e juge a décidé qu’ils vivraient dans une cage. Au sein de ces murs, il y a celles qui refusent le quotidien d’humiliation d’obéir aux gardes, dont les murs et les barbelés ne sont pas encore gravées dans leur cerveau, et qui plutôt les observent comme des obstacles qui doivent encore être surmontés. Le châtiment que le juge leur impose est une conséquence d’un monde qui est basé sur l’exploitation et l’obéissance, un monde qui ne pourrait pas fonctionner sans la menace constante de prison pour ceux qui choisissent de ne pas se soumettre à la misère qui les entourent.
Des vagues de révoltes, d’émeutes et de rébellions sont très répandues dans le système pénitentiaire. En se soulevant, en brûlant les infrastructures de la prison, en attaquant les gardes et en s’échappant, certains prisonnier(ère)s ont redécouvert ce que le système a essayé de leur enlever: le courage, le désir de liberté et la volonté de mettre un terme à au moins une partie de cette société de domination par la rébellion contre elle.
Notre désir de vivre libre de l’exploitation est sans valeur si nous ne sommes pas disposés à agir. La machine de la prison n’est pas aussi bien huilée qu’elle le semble, et celles à l’extérieur peuvent retrouver ses engrenages à chaque coin de rue – des architectes de prisons aux banques qui financent les prisons. Notre passion pour la liberté est plus forte que leurs prisons!
« C’est la plus terrible institution de notre époque que cette justice, fatiguée de surenchérir sur le crime qu’elle prétend punir; ne crucifiant plus, n’écartelant plus, de dépeçant plus, n’empalant plus, ne brûlant plus et, même, ne décapitant plus. Il n’y a plus ni fer, ni roue, ni gibet, ni bûcher, ni rien. Ce qui remplace tout, c’est le temps. La vie amputée du temps! C’est ça la prison : du temps infligé dans sa nudité. On ne tue pas, on laisse mourir. » – Serge Coutel
« Même si les prisons étaient transformées d’entrepôts d’humain.es en hôtels de luxe, même si les prisonnier(ère)s de toutes les prisons recevaient des «réductions de peine», même si le passage à tabac à tous les jours des prisonnier(ère)s était remplacé par des accords sournois et assimilés par les politiques correctionnelles, conformément au modèle des «droits humains», même si les cellules blanches étaient peinturées en rose et que la méthadone remplaçait l’héroïne, nous resterions à jamais les ennemi.es de toute structure qui nous prive de notre liberté. Nous serons les rebelles à l’intérieur de vos hôtels de luxe et les incendiaires de la justice légale. Nous serons combattant.es éternel.les en amour avec la liberté. Des meilleures conditions de détention ne signifient rien de plus que l’amélioration des conditions de captivité. Pour nous, la question reste dans son essence, l’état de captivité en soi. » – Yiannis Dimitrakis, anarchiste brigand de banques emprisonné en Grèce
« La prison n’est pas simplement un endroit, c’est aussi une condition : l’antithèse de ce qu’est la liberté. Par la même, l’absence de liberté est la prison et c’est seulement lorsque cette dernière est perçue comme condition propre qu’il devient possible d’entrer dans la dimension destructrice, sans mesure. » – Jean Weir