Montréal Contre-information
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Oct 182025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le Salon du livre anarchiste de Montréal est de retour. L’évènement aura lieu ce week-end, samedi le 18 octobre 2025, au Bâtiment 7. Une première pour le Salon qui se tient au CÉDA depuis plus de 20 ans. Par ailleurs, le Comité d’éducation aux adultes de la Petite-Bourgogne et de Saint-Henri (CÉDA) fait actuellement face – disons-le – à une poursuite du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) ainsi qu’à un avis de non-reconduction du bail. L’éducation populaire se meurt, et nous devons le souligner. Cela dit, l’anarchisme n’a pas de temps à perdre. Et le Batiment 7™ (B7) a également besoin de soutien.

Plusieurs militant·e·s ont été étonné·e·s par le retour du Salon. Surtout le « milieu » anarchiste actuel. Cela ne devrait pourtant étonner personne. Le Collectif a lui-même annoncé son retour en avril dernier.

On y promettait un évènement cet automne et le retour du Salon en mai 2026. Malgré le fait qu’un nouveau groupe organisateur, le festival Constellation pour ne pas le nommer, se soit réapproprié (!) le Salon du livre anarchiste « aux mêmes endroits et aux mêmes dates ». Le festival Constellation a répondu à cette déclaration.

Les cercles militants sont néanmoins enthousiastes par l’évènement. Ils republient pour la plupart les annonces du Salon. Le Collectif a notamment annoncé le « Art et Anarchie 2025 », visant à créer et partager de l’art anarchiste dans les rues à travers le monde. Nous souhaitons beaucoup de participant·e·s.

Vendre la Grande obscurité

Ce week-end, le Collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal invite principalement (sic) « les libraires, [les] éditeurs et [les] distributeurs de Montréal/Tio’tià:ke/Mooniyang. »

Un choix contextuel parce que le Grand Atelier du B7 ne peut pas accueillir tout le monde.

L’invitation du Collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal, qui mentionne au moins quatre fois les mots vendre ou vendeuse·eur·s, se lit comme suit :

« Nous aimerions [vous] inviter à venir vendre vos « marchandises » au Salon du livre anarchiste de Montréal […] le samedi 18 octobre, de 10h à 17h30, au Bâtiment 7 à Pointe-St-Charles. » (Extrait du courriel envoyé par le Collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal)

Des plans pour refroidir les anticapitalistes les plus farouches. Certain·e·s camarades auraient justement refusé·e·s l’invitation. Il serait intéressant de voir pour quels motifs.

Le Collectif a d’ailleurs publié la liste des « organisations » qui tableront samedi. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a peu de projets anarchistes dans le lot.

Titre du courriel d’invitation.

Nuançons : il y aura tout de même amplement d’espace autour (à l’extérieur) du B7 pour de la littérature gratuite.

Samedi, le restaurant Pushap & Sweet Shop, qu’on peut retrouver sur Uber Eats ou DoorDash – les ™ ne sont pas nécessaires ici, vendra des samosa à 2 piastres. Par chance, la délégation Food Not Bombs de la ville de Sherbrooke sera aussi là pour servir des repas gratuits. Nous aurions aimé voir d’autres initiatives grassgroot. Nous avons quand même l’embarras du choix à Montréal : Food Against Fascism, The People’s Potato ou encore Food Not Bombs-Notre-Dame-de-Grâce (NDG). Peut-être sont-elles trop occupées. Ce sera une prochaine fois.

Une saveur locale

« Le Salon du livre […] présentera des vendeuse·eurs, des ateliers, un espace pour les jeunes, des espaces de littérature gratuite, […] avec une saveur locale, centrés sur des projets et l’activisme ainsi que le renforcement des relations sociales dans notre ville/région. »

(Un autre extrait du courriel d’invitation envoyé par le Collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal)

25 ans de Salon du livre anarchiste à Montréal, ce n’est pas à essuyer du revers de la main comme ça.

Sauf que… ce qui faisait (fait) la différence, avec le festival Constellation par exemple, c’est l’immense (!) réseau international du Collectif du Salon. Montréal peut (doit) encore porter le plus grand salon du livre anarchiste de l’Amérique du Nord. Et même tout le Mois de l’anarchie, traditionnellement en mai.

Nous l’espérons pour 2026.

Cela dit, le Salon doit, effectivement, demeurer enraciné dans la communauté militante locale. À ce sujet, un minimum de « promo » dans les espaces anarchistes de la ville n’aurait pas fait de tort. Nous avons peine à trouver les affiches du Salon de ce week-end. Aucun signe de vie à l’Insoumise, aux Révoltes, au DIRA ou à l’Achoppe. Peu, voire pas du tout, d’annonces sur les grands groupes de rencontres Signal non plus.

Le Salon du livre de Montréal ne doit pas non plus perdre l’essence anti-marchande de l’initiative. Rappelons que l’anarchisme n’a rien à voir avec le commerce autant DIY qu’il soit. C’est un projet révolutionnaire qui vise le renversement des rapports autoritaires et, encore une fois, marchands.

C’est malgré tout une joie de retrouver le Salon du livre anarchiste de Montréal et son masque médical obligatoire. Nous espérons de tout cœur que le parfum, les dreadlocks, les mohawks et les jeux de Tarot demeureront interdits le 18 octobre 2025.

Plus sérieusement, vouloir s’approprier le monopole d’un évènement, inviter des « vendeur·euse·s », imposer des mœurs et des pratiques autant anti-oppressives soit-elles et, peut-être, refuser de se dissoudre reflètent des dynamiques institutionnelles qui donnent raison aux plus « anti-org » des anarchistes.

Nous espérons, finalement, que le retour du Salon du livre anarchiste de Montréal fera palpiter le festival Constellation, qui vient tout juste d’annoncer sur les réseaux sociaux, quelques heures avant la tenue du Salon, son édition 2026. Quel hasard ! Nous retrouverons donc, du 14 au 20 mai prochains, ces anarchistes de pacotille qui utilisent l’atroce étoile du chaos, qu’illes sèment par ailleurs en invitant les organisations politiques (et les vendeux de livres) à se choisir tout bonnement lors de leur salon une table sous le douteux joug du « premier arriver, premier servi ». Le Désordre moins le pouvoir.

Nous avons déjà hâte à 2026.

Ni dieu, ni patron,
Ni Salon, ni Constellation.
(non)

N.B. : Comme les pratiques anarchistes encouragent aussi la discussion et la réflexion, disons que ce texte accusateur n’est qu’un procès d’intention. Et discutons.