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Dur Lendemain : Le turbo-capitalisme à un jet de pierre du Bâtiment 7

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Mai 272019
 

De La Pointe Libertaire

Nous reproduisons ci-dessous le message du Collectif 7 À NOUS (que vous apercevez sur la photo prise au Bâtiment 7) qui tient à se dissocier d’un événement (22 au 24 mai 2019) que certains auraient tendance à mêler volontairement, pourtant deux projets aux antipodes quant aux buts et à la philosophie.

DUR LENDEMAIN

Cette semaine s’est ouvert à Pointe-Saint-Charles, sous le thème de « demain », la version 2019 de C2 Montréal (C2, pour commerce et créativité). C2 Montréal, c’est la foire commerciale « la plus avant-gardiste au monde » (intelligence artificielle, biotechnologie, « écoresponsabilité », yoga avec chèvres, menu végétalien et ainsi de suite), à 1 600$ la journée. Alors que notre quartier est décimé depuis des années par l’embourgeoisement, la grande classe d’affaires vient se pavaner chez nous pour se donner une image d’avant-garde. C2 Montréal est en effet un habitué des lieux excentrés au fort potentiel de « développement » et de « créativité ». Il est donc tout naturel que la Pointe leur soit tombée dans l’œil.

De fait, l’embourgeoisement utilise comme l’un de ses moteurs une fausse image de marque créée de toute pièce par les promoteurs immobiliers, la classe d’affaire en général et les instances étatiques et municipales. Alors qu’il y a 20 ans, la Pointe était parsemée d’édifices en ruine ou abandonnés et que la misère y était partout visible, le quartier est maintenant présenté comme le nec plus ultra de la vie urbaine, en effaçant son histoire et sa vie ouvrière, sa misère qu’on a déportée à coups de hausses de loyers. C’est beau la démocratie; pas besoin d’armée ou camps pour déplacer des gens, on n’a qu’à laisser « le marché » faire le travail « naturellement » en montant le coût de la vie, logement en premier.

Dans ces conditions, pas surprenant que Stephen Bronfman soit l’un des promoteurs de C2 Montréal, lui qui veut nous achever par la construction d’un stade de baseball à nos portes. Pas surprenant non plus que Guy Laliberté se retrouve parmi les conférenciers invités, lui qui avait voulu nous faire le même coup il y a 15 ans en déménageant le Casino de Montréal à l’endroit où on se trouve actuellement. Pas surprenant enfin qu’en plus du 1 600$ par jour (alors que l’événement fait appel à des bénévoles), on offre aux participant-e-s de payer un 25$ supplémentaire pour la réduction de l’empreinte écologique, comme si l’argent suffisait à faire un monde meilleur, comme si on pouvait acheter sa bonne conscience et sa vertu.

Voilà tout C2 Montréal : du tape-à-l’œil et de l’argent; du vent et rien d’autre. « Demain » ne se trouve pas dans le flot déraciné, impersonnel et éphémère du gros argent; il est dans l’enracinement dans une communauté forte, dans un tissu humain vivant, dans la (re)construction d’une collectivité capable de prendre son avenir en main. “Demain” n’est pas à C2 Montréal; il est dans le présent qu’on construit ensemble, et nous voyons comme une agression et une menace sa présence dans notre quartier.

Le monument Macdonald et la statue de la reine Victoria vandalisés à nouveau à Montréal

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Mai 182019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Au début du week-end de la fête de Victoria, le monument Macdonald et la statue de la reine Victoria à McGill ont de nouveau été vandalisés. Les anarchistes de mai à Montréal (MMA) ont vandalisé le monument Macdonald à la peinture verte anti-coloniale et la statue de la reine Victoria à la peinture rouge anti-impérialiste.

Selon le groupe #MacdonaldMustFall à Montréal: « John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones avec la création du système brutal des pensionnats ainsi que d’autres mesures destinées à détruire les cultures et les traditions autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non blancs au Canada, promouvant ouvertement la préservation d’un Canada dit «aryen». Il a adopté des lois pour exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel. »

Et dans les mots de la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin: « La présence de statues de la Reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités. Le règne de la reine Victoria a représenté une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne a représenté un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué. »

Les statues de Macdonald et Victoria devraient être retirées de l’espace public. En tant qu’artefacts historiques, elles devraient être entreposées, soit dans les archives ou les musées. L’espace public devrait plutôt célébrer les luttes collectives pour la justice et la libération et non pas la suprématie blanche et le génocide.

Atalante et ses partisan.e.s – Partie 2: FolkYou et l’infiltration du folk par l’extrême-droite

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Mai 172019
 

De Montréal Antifasciste

Montréal Antifasciste a récemment publié un long dossier sur l’organisation néofasciste Atalante Québec. On peut notamment y découvrir les liens avec des organisations à l’internationale, le projet politique du groupe inspiré du fascisme ainsi qu’une identification des principaux membres du groupe à Québec et à Montréal.

La partie consacrée au band RAC Légitime Violence nous a montré que ce genre d’organisation a besoin d’investir certains terrains, notamment des scènes musicales contre-culturelles, en particulier la scène métal, le tatouage, la politique, les universités, les jeux grandeur nature pour recruter. Le travail d’identification est donc encore loin d’être terminé.

Nous publierons dans les prochains mois une série de courts articles intitulée « Atalante et ses partisan.e.s ». L’objectif est d’y présenter des personnalités publiques, membres ou proches d’Atalante, qui participent à leur façon à populariser et à normaliser l’organisation.

Dans cette seconde partie nous nous penchons sur la scène folk et nous vous présentons le groupe FolkYou, dont au moins trois de ses membres ont des liens avec l’extrême-droite et notamment avec Atalante Québec. Ces liens permettent d’expliquer pourquoi Légitime Violence trouve facilement une salle lorsqu’elle veut jouer à Québec : le Studio Sonum.

Sylvain « Vevin » Cloutier, le « repenti »

Sylvain Cloutier

Sylvain Cloutier, alias « Vevin » avec ses tatouages bien visibles du Ste-Foy Krew, 1488 et du soleil noir.

Sylvain Cloutier 2

La plus récente photo sur le compte Facebook de Sylvain « Vevin » Cloutier le montre avec un t-shirt du groupe métal d’extrême-droite Graveland. La photo date du 25 janvier 2019 lors d’un concert de son autre groupe, Neurasthene.

« De suprémaciste blanc à chanteur folk », c’est ainsi que Le Soleil titrait un article consacré à Sylvain Cloutier, chanteur du groupe FolkYou en mars 2018. Cet article nous faisait part de la supposée rédemption du musicien après plusieurs années passées au sein de l’extrême droite la plus radicale de la ville de Québec.

Ste-Foy Krew, la Fédération des Québécois de souche, les groupes de musique néonazis Prison Bound, Elyab et Dernier Guerrier ont tous pu compter dans leur rangs « l’étudiant au baccalauréat en musique de l’Université Laval ». Ce dernier est également apparu dans des groupes comme La Ferraille dans lequel il se déguisait en pirate..

«Être un gros chr… de raciste et être un nazi, c’est stupide. Du racisme et du nazi, tu n’en trouveras jamais dans Folk You.» assurait « Vevin » Cloutier tout en ajoutant : «S’il y a des gens qui veulent me faire tomber moi, fine, mais pas le reste de Folk You. Je ne veux pas que la m…. retombe sur le reste de mon band, car ils n’ont absolument rien à voir là-dedans».

Après enquête, nous pouvons affirmer que ces déclarations étaient bel et bien fausses. En effet, il n’a pas fallu chercher longtemps pour trouver non pas un mais bien deux autres suprémacistes blancs associés à FolkYou et ce, depuis la fondation du groupe.

bergy et vevin

Sylvain « Vevin » Cloutier (à droite) accompagné du membre d’Atalante, Mathieu Bergeron. La photo est prise lors d’un concert du groupe Légitime Violence au Studio Sonum. À noter que Cloutier porte un t-shirt néonazi Vinland Misanthropic Division.

Steve « Rebel », le co-fondateur

Fondé en 2014, FolkYou semble surtout être composé d’un noyau dur formé par Sylvain Cloutier, Félix Latraverse et un autre individu surnommé « Steve Rebel ». Si les liens avec l’extrême droite de FolkYou n’ont pas toujours été évidents à démontrer, ce n’est vraiment pas le cas pour monsieur « Rebel ».

Steve Rebel 4En effet, le joueur de banjo affiche fièrement un tattoo « 1488 » sur ses jointures. Sa photo de profil la plus récente publiée sur Facebook ne laisse d’ailleurs aucun doute sur ses allégeances politiques néonazies, lui qui porte une patch de la Totenkopf.

À tite d’information, « 1488 » est un code utilisé par les militants néonazis de tout acabit depuis les années 80. Le 14 fait référence aux Fourteen Words, une citation du militant du Ku Klux Klan David Lane et le 88 signifie Heil Hitler (H étant la 8e lettre de l’alphabet). La Totenkopf, quant à elle, était un insigne que portait les officiers SS nazis chargés de la garde des camps de concentration durant l’époque hitlérienne. Disons que ça ne laisse pas vraiment place au doute.

Étrangement, « Steve Rebel » semble quitter le groupe quelques semaines avant la publication de l’article du Soleil, en 2018. Coïncidence?

Félix Latraverse, le guitariste

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Le trio fondateur de FolkYou, Steve Rebel, Sylvain Cloutier et Félix Latraverse (de gauche à droite).

En décembre 2018, Montréal Antifasciste publiait un dossier complet sur le groupuscule néo-fasciste Atalante Québec. C’est au sein de ce dossier que nous retrouvons un peu plus d’informations sur le troisième membre fondateur de FolkYou, Félix Latraverse, qui a notamment paradé avec Atalante Québec en septembre 2016.

En effet, en plus de jouer dans FolkYou depuis la fondation du band, Latraverse se trouve également à être le plus récent guitariste du groupe phare d’Atalante, Légitime Violence. Il a d’ailleurs pu en profiter pour se rendre en Europe en novembre 2018 avec ces derniers pour une tournée musicale. Ensemble, ils ont pu visiter les plus belles destinations néo-fascistes des vieux continents.

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Félix Latraverse lors de sa tournée européenne aux côtés de Légitime Violence.

Latraverse est également un musicien ayant participé à de nombreux projets musicaux, particulièrement dans la scène métal. C’est exactement le genre de personne qui peut faciliter les liens entre Atalante, c’est-à-dire la politique, et les contre-cultures musicales. Sous le pseudonyme de « Fix », ou encore « Ti-Wis », le musicien a pu jouer dans les groupes Neurasthène (avec Sylvain Cloutier, également de FolkYou), Haeres, Aborgnon, Délétère, Blood Plot, Hollentur, Hymen, Dimentia et Dèche Charge, notamment.

Retour sur le Premier mai contre les frontières à Montréal

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Mai 142019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le premier mai 2019 à Montréal, il y a eu 4 manifestations à des moments et endroits différents dans la ville. La CLAC (Convergence des Luttes Anti-Capitalistes) a appelé à sa manifestation anticapitaliste annuelle sous le thème « Sans frontières ». Ce thème s’inscrit dans le cadre de la montée de l’extrême droite au Québec et plus précisément du projet de nouvelle prison pour migrant.es à Laval.

Peu après le départ, des centaines de manifestant.es se dirigeant sur Atwater vers St-Henri, un black bloc se forma à l’arrière de la manif, protégé par une bannière sur laquelle était écrit « All Bosses are Bastards ». Des clôtures de construction, des pylones et d’autres matériaux de construction ont été mis dans la rue, permettant de créer une distance entre la manif et les flics qui suivaient. Des tracts avaient d’ailleurs été passés au point de rassemblement, encourageant les gens à prendre les deux côté de la rue et le trottoir afin d’empêcher les flics d’encercler la manif à partir du trottoir. Pis ça a super bien fonctionné, y’a aucun cops qui ont réussi à se positionner.

La manif a tourné vers l’ouest sur Notre-Dame et ensuite vers le nord sur Greene, se dirigeant vers les bureaux de Lemay, une compagnie d’architecture produisant les plans pour la prison pour migrants. Alors que la manif s’approchait du bâtiment, une poubelle a été mise en feu et poussée vers les flics en vélo qui suivaient, permettant de créer une distance qui a permis de poser les gestes à venir. Des gens ont attaqué l’édifice de Lemay, brisant les grandes vitres de devant et du côté du batiment avec des pierres, des balles de billard et des bêliers improvisés. Des graffitis ont aussi recouverts deux facades du bâtiment. Des tracts ont ete distribués pour expliquer le rôle de Lemay dans la construction de la prison pour migrant.es.

Les flics anti-émeute se sont deployés, trop tard, devant les bureaux de Lemay, où ils ont été acceuillis avec des jets de pierres. Ils ont répondu à l’escalade de la tension avec des tirs de lacrymos, faisant dévier la manifestation de la rue Saint-Jacques vers le nord. Même si le cortège a été divisé et quelques personnes isolées a cause des gaz, deux grands groupes se sont retrouvés quelques instants plus tard sur Saint-Antoine, une artère majeure qui mène a l’autoroute : échec de la tentative de dispersion! Le groupe motivé, qui se freyait une chemin contre le traffic a trainé les poubelles et bacs de recyclage dans la rue, en en allumant quelques uns. Même si le groupe était de moins en moins grand, un nombre considérable a continué vers l’est sur Notre-Dame, laissant quelques graffitis sur son chemin et se défendant en tirant des feux d’artifice dans la face des flics, permettant de donner l’espace suffisant à ce que la manif continue.

Ce premier mai à donc marqué une grande amélioration par rapport à l’année dernière, où la confrontation entre les polices marchant sur le trottoir et le black bloc à la tête de la manifestation avait éclaté après seulement deux minutes, isolant le bloc du reste de la manifestation. Depuis cette confrontation, les flics ont constamment gardé leur distance dans les grandes manifestations, témoignant du succès d’une culture de manif combative. Ceci étant, ils s’ajustent maintenant en réagissant de manière très offensive dès les premières attaques. Il nous faudra continuer de répondre à ce changement de stratégie.

Cette année, la répartition de différent groupes anonymes et des bandes avec une volonté de confrontation dispersées au travers de la manif a permis de prévenir l’isolation du bloc du reste de la manifestation. Ça a aussi aider à nuire aux tentatives des disperstions. Avoir, à divers endroits dans la manif, différents groupes de personnes prêtes à rester ensemble malgré les gaz et les charges signifie que beaucoup d’autres peuvent gagner la confiance nécessaire à la reproduction de ces gestes. L’expérience de cette année, avec les regroupements par la suite et la continuation de la manif même après avoir attaqué Lemay en est une preuve excellente!

***Nous avons aussi remarqué cette année que beaucoup de monde dans la manif avaient des caméras ou filmaient avec leur cellulaire. Filmer et prendre des photos met les gens en danger, que ça soit fait par des médias de masse ou pas. Même si vous ne voulez pas donner vos images aux flics, ou que vous avez l’intention de brouiller les visages du monde avant de partager les photos, il demeure le risque que vous soyez arrêté et que votre stock incrimine des gens. Pour simple rappel : ne filmez pas les visages dans les manifs, et ne soyez pas surpris si vous vous faites tasser des manifs parce que vous le faites.

Le succès de l’attaque contre Lemay est un développement excitant dans le cadre de la lutte contre la prison pour migrant.es. Lemay avait déjà été attaqué plusieurs fois dans les dernières années : ses projets de condos ont été défoncés, des criquets ont été mis dans leur siège social pis leurs serrures ont aussi été brisées. Mais ces attaques n’ont pas été aussi publique que pendant cette manif. Et on imagine qu’elles impliquaient un nombre plus petit de personnes. On a vraiment été touché par la force et la solidité des centaines de personnes qui se sont tenues et sont restées ensemble pendant que cette firme d’architecture dégeulasse se faisait démolir en pleine journée. C’est le genre de force collective et de détermination qui sera à notre avis nécessaire dans la suite de la lutte contre la prison pour migrants qui continuera de se dérouler dans les prochains mois.

Longue vie aux manifs incontrôlables ! Longue vie à la lutte contre les prisons pour migrant.es !

Détruisons les prisons, débordons les frontières !

Fuck Lemay, bon premier mai à tout le monde !

boys will be boys

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Mai 072019
 

De Ingouvernables.info

À nos amis,

On vous écrit aujourd’hui à la suite de nombreuses discussions, réflexions personnelles et communes, qui suscitent des émotions et des tensions contradictoires: voilà, on vous aime mais vous nous faites chier, des fois*.

On vous écrit aussi, à la place de vous parler – et ce, pour différentes raisons. La principale annonce l’essence de notre critique, elle concerne cette difficulté de créer des espaces de communication et de réflexions critiques (avec vous) dans lesquelles on se sent safe et crédibles…

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La « Vague bleue » frappe un mur à Montréal : les antifascistes forcent (une fois de plus) la protection policière d’une manifestation nationaliste identitaire

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Mai 072019
 

De Montréal Antifasciste

Montréal, le 6 mai 2019 – Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a été massivement déployé à Montréal samedi dernier pour protéger quelques centaines de colons nationalistes mobilisés par une poignée de groupuscules identitaires.

Comme nous l’avions rapporté la semaine dernière, la « Vague bleue » était en fait organisée par différents individus liés à Storm Alliance, le Front patriotique du Québec et d’autres groupuscules nationalistes issus de ce que nous appelons la « fachosphère » québécoise. C’est finalement la crème de la crème de ce que le Québec compte de nationalistes frustrés, de miliciens de pacotille et de patriotes de marché aux puces – pas plus de 400 personnes* – qui se sont retrouvés contenus entre deux lignes d’antiémeute devant les locaux du réseau TVA à Montréal, supposément pour soutenir le projet de loi 21.

De son côté, en moins de dix jours le milieu antifasciste montréalais a mené une solide campagne d’information et est parvenu à mobiliser entre 150 et 200 militant-e-s déterminé-e-s pour forcer le déploiement d’un imposant dispositif policier autour de la manifestation nationaliste. Dispositif que le cortège antiraciste a néanmoins réussi à déjouer pas moins de trois fois!

On doit dire que même si c’était une journée bizarre à plusieurs égards, nous en dressons un bilan positif. D’une part, on s’est plutôt bien amusé à tourner autour des « rednecks » et à faire courir les flics dans tous les sens. Par ailleurs, si l’on compare le bénéfice net de la mobilisation identitaire et celui de la contre-manifestation antiraciste, nous en ressortons avec un clair avantage. Une réussite complète aurait été d’empêcher physiquement ou de forcer l’annulation de l’événement, mais dans les circonstances, un pareil scénario était impensable. À défaut, maintenir la pression au maximum est la seule option possible, et c’est ce que nous avons clairement réussi à faire.

À cet égard, notons qu’après quatre mois d’organisation intense, pour 2 300 personnes ayant confirmé leur participation et 5 400 ayant signifié leur intérêt sur Facebook, à peine quelques centaines de schtroumpfs laïcs ont répondu à l’appel le jour venu. Les catho-laïcards se sont retrouvés enfermés dans une boîte hermétique pendant plusieurs heures, sans eau, nourriture, accès aux toilettes et animation, où personne ne les a vus ou entendus à part les flics déployés pour les protéger (qui eux-mêmes ont eu l’air de les trouver pitoyables). De plus, les barrages de flics ne laissaient pas facilement passer les personnes qui voulaient assister à la « flaque bleue ». Il fallait être « parrainé » par une personne de l’intérieur qui devait venir elle-même vous accueillir au point d’entrée. De telles restrictions résultent directement de la pression que nous avons exercée et a contribué à réduire le nombre de personnes sur place.

De notre côté, il y avait plus de contre-manifestant-e-s mobilisé-e-s en personne que d’usagers Facebook ayant signifié leur participation! De plus, notre campagne d’information a culminé le 4 mai par la distribution de 5 000 tracts dans le secteur, aux résident-e-s, touristes et passant-e-s. Ainsi, à certains égards, le rassemblement bleu-brun des catho-laïcards nationalistes nous a aidé-e-s à sensibiliser la population et à renforcer notre implantation dans le quartier.

Tactiquement, nous avons réussi à contourner le dispositif policier à trois reprises : une première fois sur Alexandre-De Sève (à la faveur d’une connaissance intime du quartier), une seconde fois sur Papineau (où un premier contact avec la « Vague bleue » a immédiatement dégénéré lorsqu’un carabinier du SPVM a tiré à hauteur de tête sur le cortège antiraciste; notons d’ailleurs qu’un manifestant antiraciste a été blessé au visage), puis une troisième fois, 45 minutes plus tard, lorsque les antifascistes ont réussi à se regrouper pour venir se camper tout près de la « Vague bleue » devant TVA, au coin des rues Maisonneuve et Champlain. Ce dernier rebondissement a d’ailleurs forcé les organisateurs de la « Vague bleue » à déplacer précipitamment leur camion de son, ce qui les a privés d’animation pour le reste de la journée!

Le troisième acte de la contre-manifestation s’est traduit par un face-à-face prolongé avec la « Vague bleue », laquelle est restée rigidement contenue par le dispositif policier sur Maisonneuve entre Champlain et Alexandre-DeSève. Là encore, la mobilité des antiracistes leur a permis de poursuivre le travail d’information en marge de la manifestation identitaire, d’engager des dizaines de conversations avec les résident-e-s du quartier (et même avec certain-e-s manifestant-e-s nationalistes), et de documenter parmi la « Vague bleue » la présence de très nombreux individus liés de près à l’extrême droite.

Parmi ceux-ci, plusieurs membres connus de Storm Alliance, des Soldiers of Odin, du Front patriotique du Québec et son groupe de sécurité, de La Meute, des soi-disant « Gardiens du Québec », d’une milice louche appelée Ragnarok Nordique Society dont le leader se fait appeler Redneck Breault  (bonjour la laïcité, en passant), les ding et dong antisémites de DMS (rebonjour la laïcité, les royalistes cathos intégristes!), des adeptes de la théorie du complot « Q Anon », et toute la ménagerie des mascottes folkloriques de la fachosphère, comme Robert Proulx, Stéphane Gagné, Michel Meunier, Donald Proulx, René Blaireau, Michel Éthier, Stéphane Dufresne… et au moins un motté perdu avec un t-shirt d’Atalante.

Soulignons finalement l’ironie d’apercevoir dans cette manif prolaïcité, de manière bien ostentatoire (!), le Carillon-Sacré-Cœur, une version caduque du drapeau du Québec dont se réclame la frange ultra-catholique du mouvement nationaliste québécois, comme certains éléments de la Fédération des Québécois de souche.

Au moins une insolation s’est produite du côté bleu, et nous déplorons un blessé et deux interpellations pour des délits mineurs du côté antiraciste.

///

Bilan globalement fort positif, donc, pour cette longue journée de mobilisation contre la « Vague » identitaire. On a certainement eu plus de fun que les laïcards emboîtés! Tel que promis, le quartier s’est défendu contre l’affront que venaient lui faire les promoteurs de cette ondée passagère, et pour rappeler qu’en dépit des hululements réactionnaires, et malgré l’adversité intense du SPVM, Montréal est et restera antiraciste!

///

Photos:

Une revue de presse sommaire :

La Presse :
https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/201905/04/01-5224686-manifestation-en-appui-au-projet-de-loi-sur-la-laicite.php

Huffington Post :
https://quebec.huffingtonpost.ca/2019/05/04/quelques-centaines-manifestants-defilent-appui-projet-loi-21_a_23721675/

Radio Canada :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1167921/manifestation-projet-loi-21-laicite-montreal-antiraciste-vague-bleue

Reportage de TVA :
https://www.tvanouvelles.ca/2019/05/04/face-a-face-entre-les-partisans-et-les-opposants-de-la-laicite-1


*Le Journal en ligne Le Peuple, l’un des sites les plus prolifiques de la fachosphère national-populiste, parle plutôt de 300 personnes…

 

La CLAC: Communiqué d’après-manif du 1er Mai anticapitaliste

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Mai 022019
 

De la Convergence des luttes anti-capitalistes

  • Aucune entrevue ne sera accordée aux médias d’information corporatistes.
  • Spécial fuck you à Québecor Média et sa cohorte de tâcherons.
  • Les autres peuvent joindre la CLAC à info@clac-montreal.net

Pourquoi nous avons marché encore?

Le 1er mai est né de luttes ouvrières menées par des immigrant-e-s. Elles ont eu lieu sur ce continent il y a plus de cent ans. Aujourd’hui, l’impérialisme capitaliste globalisé a créé des conditions qui forcent des millions de personnes à laisser leur maison pour trouver un refuge et tenter de survivre. Ces millions de personnes sont placées dans des situations d’extrême vulnérabilité, créant une population sans statut et exploitable. D’ailleurs, selon un article du Devoir publié aujourd’hui, le risque de subir des accidents de travail causant des blessures graves ou la mort est deux fois plus élevé pour les travailleuses et travailleurs étranger-ère-s.

Autour de nous, les forces capitalistes et racistes érigent les murs de la forteresse canado-étatsunienne, rendant les conditions de vie et de travail plus difficiles et précaires pour les migrant-e-s. C’est pourquoi en ce 1er mai, nous avons attaqué les complices de la machine anti-immigration : les infrastructures frontalières, les compagnies qui s’enrichissent en construisant des prisons pour migrant-e-s, le système de déportation inhumain. Ce 1er mai, nous disons fuck les frontières, les prisons et tous ceux et celles qui attaquent les migrant-e-s!

Pourquoi Lemay? Parce qu’il profite des prisons et des déportations

Depuis deux ans, Lemay profite de façon hypocrite de l’emprisonnement des migrant-e-s. Seulement un mois après avoir inauguré une « murale des droits humains » sur leur nouveau bâtiment dans Saint-Henri, le groupe Lemay a remporté un contrat de plusieurs millions de dollars pour la nouvelle prison pour migrant-e-s à Laval. Le contrat de la firme d’architecture de la prison prévoit :

  • des clôtures couvertes de verdure pour réduire l’effet visuel,
  • camoufler les barreaux de fer aux fenêtres pour les rendre invisibles au public,
  • cacher la zone des enfants avec une barrière visuelle de 6 pieds.

Peu importe la couleur de peinture qu’ils utilisent, ça reste une prison. Nous voulons vivre dans un monde sans prisons et sans frontières, où tous les gens peuvent vivre dans la dignité et le respect. Enfermer les personnes, limiter leurs mouvements, les déporter vers des situations dangereuses, voire vers la mort, ne font que causer plus de violence et de douleur.

Non aux frontières et aux prisons ! Non aux compagnies qui profitent de la vulnérabilité des personnes migrantes !