Bonsoir tout le monde – je suis de retour à Montréal après deux jours et une nuit dans la prison de la police de Québec. Merci à tout le monde pour votre solidarité et votre appui, en particulier aux gens qui sont venus à la Cour (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur) et aux personnes – Arij, Emilie, Enrico, Rich – qui ont offert du support légal de diverses manières. Merci à toutes les personnes de Québec qui se sont mobilisées pour venir à la Cour (incluant un ancien camarade pendant la mobilisation contre le Sommet des Amériques en 2001 qui a témoigné pour moi) et aux personnes de Montréal qui travaillaient dans l’ombre (incluant les gens de Montréal Antifasciste qui ont écrit ce très utile communiqué).
Bien que je me sois représenté moi-même à la Cour, j’ai été très bien appuyé d’autres manières, ce qui m’a permis de me concentrer sur la tâche la plus urgente, qui était d’être relâché avec le moins de conditions possibles. Merci également à tous ceux et toutes celles qui ont envoyé un message d’appui ; ces messages comptent beaucoup pour moi.
Cet épisode entier est ridicule, drôle et troublant à la fois, mais aussi une distraction face à la problématique réelle: la confrontation collective et l’opposition à la montée de l’extrême-droite raciste et anti-immigrant-e-s au Québec et ailleurs.
L’accusation criminelle d’avoir emprunté l’identité de l’ancien ailier-gauche des Nordiques nommé au Temple de la Renommée, Michel Goulet, est particulièrement ridicule. L’accusation n’est pas que l’on suppose que je refusais de m’identifier, mais que les policiers (et la Couronne) pensent sérieusement que je faisais à semblant d’être le grand joueur Goulet. Quand j’étais plus jeune, je faisais effectivement à semblant d’être Goulet, avec mon bâton Titan signé, mais je n’ai jamais cru que ça allait devenir un jour une accusation criminelle sérieuse.
D’autres aspects de cette cause s’ajoutent à la farce: être arrêté et menotté dans un restaurant de Montréal et conduit à Québec sur la force d’un mandat d’arrestation, emprisonné une nuit durant, paradé menotté devant les médias, l’objection de la Couronne à ma libération conditionnelle. Ça inclut la déclaration de la Couronne que je constituerais une menace pour la ville de Québec, la tentative de me garder détenu jusqu’au procès, et le fait d’insister sur des conditions de libération qui m’auraient banni de Québec et forcé à fournir des empreintes digitales.
[J’ai déjà gagné une cause où il a été établi que des empreintes digitales ne peuvent pas être requises dans le cas d’accusations sommaires, incluant toutes les causes aux Cours municipales de Montréal et de Québec, et ce précédent légal peut dorénavant être appliqué plus largement. Pour plus de détails au sujet des empreintes digitales, voir ici ou ici.]
Normalement, les policiers auraient simplement envoyé par la poste une « promesse à comparaitre » au sujet des accusations relativement mineures, et je me serais simplement présenté en Cour à la date prévue, sans en faire toute une histoire. Au lieu de cela, dans les suites du maire de Québec qui me déclare un « crétin » et affirme qu’il me déteste, et des racistes d’extrême-droite qui se mobilisent pour me faire arrêter, les policiers de Québec, un juge de la Cour municipale (qui a signé le mandat d’arrêt) et les procureurs de la Couronne furent tous complices de la manufacture d’un spectacle légal sans aucune proportion avec les charges relativement mineures et peu sérieuses auxquelles je dois faire face. (Pour le contexte, voici ma réponse de la semaine dernière au maire de Québec).
La principale preuve utilisée contre moi lors de l’audience sur la remise en liberté a été l’entrevue que j’ai donnée le 21 août à LCN, le lendemain des manifestations à Québec … Pour les flics et la Couronne, cette vidéo devait prouver que je suis une personne dangereuse.
Depuis une semaine et demi, nous avons vu le maire de Québec, les procureurs de la Couronne, certains médias de masse, ainsi que les policiers, répéter les lignes racistes et mensongères de l’extrême-droite au sujet de ma personne et de mon rôle dans les manifestations (« gang à Singh », « chef de manifestations violentes », etc.). Ils sont l’expression normalisée, en veston-cravate, des skinheads racistes, comme ce type (écoutez à partir de 1:35).
Dans l’ensemble, les actions des autorités légales de Québec, de la police et du maire sont troublantes et dangereuses, et ne font que réaffirmer l’importance de l’organisation autonome et populaire contre le racisme et le fascisme.
Somme toute, j’ai été en mesure de récupérer beaucoup de sommeil (la seule chose à faire en détention, et je suis capable de dormir n’importe où), de me rappeler du support à l’extérieur, et de m’engager à nouveau à organiser, avec tant de gens parmi vous, la lutte contre l’extrême-droite raciste et anti-immigrant-e-s, à Montréal, à Québec et partout ailleurs. Continuons de nous organiser!
Ouvrez les frontières! Réfugié-e-s bienvenu-e-s!
— Jaggi Singh
#JeSuisMichelGoulet #NousSommesMichelGoulet