
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Pour la deuxième année de suite, Campagne Québec Vie organisait « La marche pour la vie », à Québec. Malheureusement, l’année dernière, il y avait eu quelques actions, mais rien qui ait vraiment perturbé la visite des anti-choix.
Cette année nous nous y sommes pris d’avance et nous avons décidément réussi à prendre le dessus sur les anti-choix et les flics.
Affichage et pression en ligne
En plus de leur manifestation, les cathos avaient prévu un banquet pour leurs militant-e-s à l’hôtel Delta. Après une campagne d’affichage dans les rues des quartiers centraux de Québec dénonçant l’accueil des anti-choix par l’hôtel (et des mauvaises critiques en ligne qui s’accumulaient), le Delta a fait le choix judicieux d’annuler toutes les chambres et les salles qui avaient été réservées par Campagne Québec Vie quelques jours avant leur marche.

Le jour de la marche
Du côté des pro-choix, il y avait une coordination minimale et très décentralisée des forces en présence dans les semaines précédant le jour de la marche et durant la journée.
Solidarité inter-urbaine des camarades montréalais-e-s
La journée a bien mal commencé pour les anti-choix, qui ont vu le départ d’un de leur bus en provenance de Montréal retardé d’une heure par des camarades antifascistes et des membres du SITT-IWW Montréal.
Nous les remercions grandement pour leur mobilisation, ça a fait une différence.

Les tannant-e-s en imperméable noir
Vers 10h40 un groupe d’une dizaine de personnes masquées est arrivé avec une bannière pour mettre un peu de pression sur les cathos. Iels ont tenu la ligne pendant une bonne heure, ont scandé des slogans et gardé les flics occupé-e-s.
L’action de perturbation des militantes féministes
Discrètement, un groupe de militantes féministes avaient “infiltré” le rassemblement des anti-choix, et au milieux des discours, elles ont soudainement craqué des fumigènes et se sont mises à scander des slogans, ce qui a complètement déstabilisé les cathos, qui ne pensaient pas que les contre-manifestant-e-s pourraient se rendre jusqu’à eux, et les flics aussi d’ailleurs, qui se sont retrouvés pris entre deux groupes de pro-choix, don’t un littéralement mêlé au travers des anti-choix.
Les tannant-e-s en imperméable noir en ont profité pour avancer leur ligne plus proche des anti-choix pendant que les flics étaient occupés ailleurs.
Après s’être fait sortir du rassemblement anti-choix par les flics, les militantes féministes sont allées rejoindre les tannant-e-s derrière la bannière.
Les syndicalistes et leurs gros jouets
Comme les féministes s’étaient coordonnées avec les syndicalistes pour que l’action de perturbation ait lieu avant l’arrivée des bus syndicaux, les syndicats sont arrivés à 12h15 exactement comme ils l’avaient annoncé.
Leur arrivée tombait à point, car malgré tous les slogans et chants possibles, les tannant-e-s et les féministes n’arrivaient pas à enterrer les discours des anti-choix. Les syndicats, eux, s’étaient munis de sirènes de bateau montées sur des perceuces électriques et de dizaines de fumigènes, afin de bien enterrer visuellement et auditivement les anti-choix. Ce qui a très bien fonctionné, car un bon nombre d’anti-choix ont quitté les lieux à ce moment, visiblement découragé-e-s, et nous n’avons plus rien entendu de leurs discours!
Ensuite, lorsque l’action syndicale devait prendre fin, les militant-e-s syndicaux étaient bien crinqué-e-s, et donc, au lieu de partir comme prévu, iels ont laissé les bus partir et sont resté-e-s jusqu’à la fin de la journée.

Marche des tannant-e-s et des féministes jusqu’à l’action verte
Alors que les syndicalistes se retiraient vers la haie de la honte, les anti-choix ont annoncé dans leurs micros que la police allait leur permettre de partir sur leur trajet tel que prévu initialement via René-Lévesque.
Ayant entendu tout ça, la bannière noire et la ligne s’est reculée afin de bloquer entièrement Honoré-Mercier, plutôt que simplement le côté ouest de la Fontaine.
Le SPVQ a alors mis la pression pour tenter de repousser les manifestant-e-s pro-choix, sans grand succès, avant de finalement dire aux anti-choix de partir dans l’autre direction vers Grande Allée. Quand les anti-choix ont tourné le coin de la rue, le mot s’est passé pour contourner l’Assemblée Nationale vers le parc de l’Amérique Française. Des policiers ont à plusieurs reprises tenté de dévier ou d’arrêter la manifestation en disant que celle-ci était illégale, sans succès. Une fois rendue au parc de l’Amérique Française, la manifestation y est restée un peu jusqu’à ce qu’une partie de la haie de la honte qui était à la poursuite des anti-choix nous rejoigne.
À un moment, le mot s’est passé que la manifestation anti-choix revenait sur ses pas via Grande Allée, pour éviter la confrontation. Un mélange des personnes de haie de la honte et de celleux qui suivaient la bannière noire s’est alors séparé en deux puisque deux appels à se déplacer circulaient. Un petit contingent s’est rendu vers l’Assemblée Nationale via René Lévesque sous haute surveillance policière. Pendant que l’autre contingent, plus grand, est parti vers Grande Allée via rue de l’Amérique Française, puis Jacques Parizeau.
Sur Jacques Parizeau, une unité d’anti-émeute a tenté de dépasser la manifestation par le trottoir pour la bloquer, la bannière noire a alors tenté de leur bloquer le passage, s’en est suivi une salve de coups de bouclier avant que l’anti-émeute se calme et réalise qu’ils étaient rendus entouré par la manif contre un mur, et relativement peu nombreux. La manifesatation a alors continué, coupé à la course par le parc de la Francophonie, puis bloqué Grande Allée pour empêcher les anti-choix de revenir à l’Assemblée Nationale.
La police a fait passer les anti-choix par une rue perpendiculaire et vers René-Lévesque jusqu’au point de départ. À ce moment, le contingent avec la bannière noire a tenté d’aller vers René Lévesque pour bloquer à nouveau les anti-choix, puis bloqué par la police, ils ont rejoint le reste de la manif à l’Assemblée Nationale.

La haie du déshonneur
Les groupes communautaires avaient organisé une action verte, “La haie de déshonneur”, qui avait pour but d’huer “La marche pour la vie”. Il y avait au moins 200-250 personnes à cette action. Les anti-choix ayant changé leur trajet, la haie est partie en manif pour monter de René-Lévesque à Grande Allée afin d’aller huer les cathos dans leur face.
Après avoir chahuter les anti-choix, on a senti la colère des gens grimper d’un cran. C’est à ce moment que les gens se sont mis à suivre la marche des anti-choix. Par la suite, il y a eu un jeu du chat et de la souris où les pro-choix bloquait la manif anti-avortement à tous les détours.
Finalement, la manif catho a réussi de peine et de misère à retourner à l’Assemblée Nationale.
Peu de temps après, les pro-choix qui avaient été bloqué-e-s ou ralenti-e-s par les flics sont tou-te-s arrivé-e-s en même temps de tous les côtés, ont contourné les lignes de flics et ont réussi à confronter de plus belle les anti-choix dans leur face. Jusqu’à ce qu’un cordon de policiers qui n’était pas habillé en anti-émeute sépare les deux groupes et fasse disperser les anti-choix.

Conclusion
Que ce soit durant les grèves étudiantes de 2012 et 2015, la manif contre la meute de 2017 ou la riposte pro-choix du 31 mai dernier, c’est dans un certain chaos que Québec shine le plus. Encore une fois, c’est une coordination plus ou moins formelle, des communications efficaces et décentralisées ainsi que du laisser-aller de la part de toutes les forces en présence qui ont fait de cette journée un succès.
Même si les anti-choix fricotent généralement avec l’extrême-droite, le droit à l’avortement et l’autonomie corporelle sont des aspects négligés des luttes contre l’extrême-droite. Les anti-choix se mobilisent généralement à la fin de l’été à Québec, restons donc vigilant-e-s et soyons présent-e-s en grand nombre à leur prochaine visite.