Du P!nk Bloc
Les milieux réactionnaires de toutes sortes ont déclaré la guerre aux communautés trans et queer. Les contre-manifs se multiplient et la tension a monté d’un cran. On considère nécessaire de remettre à jour nos conseils pour les militant·e•s qui pourraient se retrouver dans des contre-manifs pour la première fois, toujours en ayant la sécurité de nos communautés comme principale préoccupation. Sur ce, voici quelques conseils pour se protéger et se préparer individuellement et collectivement!
1. Se préparer avant la manif
On recommande à toutes les personnes qui comptent venir à une contre-manif de s’organiser avec des ami·e·s pour ne pas arriver seul•e•s. La formule des binômes fonctionnent généralement assez bien : on s’organise d’avance avec un·e ami·e pour former une paire et rester ensemble pour la durée de la manifestation. L’objectif est qu’il y ait toujours au moins une personne qui veille sur chaque personne. On arrive ensemble, on part ensemble!
Ce qui est encore mieux c’est de s’organiser en groupe! À 4, 6, 8 personnes, on est d’autant plus capables de se protéger entre nous, mais aussi de prendre des tâches sur place et d’aider à ce que tout se passe bien! Voir la section 6 pour plus d’info
2. Protéger son identité
L’extrême droite live stream souvent ses évènements. Cela signifie que nos visages peuvent facilement se retrouver à circuler dans leurs réseaux. Ça peut mener à du doxxing (publication d’informations personnelles dans le but d’intimider une personne) et potentiellement faciliter la répression étatique. De plus, beaucoup de militants d’extrême droite se font passer pour des journalistes et essaient de filmer les visages des gens. Pour s’en protéger, plusieurs options s’offrent à nous :
Beaucoup de nos camarades choisissent de se masquer complètement pour ce genre d’action, ce qui offre la meilleure protection en termes d’anonymat. C’est ce qu’on appelle former un Black Bloc. En s’habillant toustes en noir, sans trait reconnaissable, on se fond les un·es avec les autres et on protège notre identité. Pour ne pas attirer trop d’attention sur nous avant d’entrer dans la contre-manif, il est préférable de porter une couche colorée pour son arrivée et de se changer en black bloc dans la foule en utilisant des bannières ou des parapluies pour bloquer la vue des caméras, et de se changer encore avant de quitter.
Par contre, il faut reconnaître que d’être entièrement masqué·e dans ce genre de contexte peut peindre une cible sur nous autant aux yeux des militant·e•s d’extrême droite que de la police. On peut quand même se masquer et rester relativement subtil•e. Un masque chirurgical, une casquette et des lunettes de soleil peuvent faire une grosse différence. Il est aussi possible de protéger son identité de l’extrême-droite toute en ayant une apparence festive : des masques colorés et des foulards peuvent nous cacher de leurs caméras. Ceci ne nous anonymise par contre pas autant que la technique du black bloc.
Pour cette raison, s’il n’y a pas au moins une bonne vingtaine de camarades en black bloc, le light bloc peut être préférable, c’est-à-dire de cacher son identité autant qu’en black bloc mais avec des vêtements de couleurs neutres (masque t-shirt gris ou bleu marin) plutôt que noir. N’oubliez pas les lunettes de soleil!
En se masquant, on se protège soi-même, mais on permet aussi aux autres personnes masquées de se fondre mieux dans la foule. C’est donc aussi un acte de solidarité, notamment face à nos camarades sans-papiers qui ont besoin de cet anonymat car iels sont facilement criminalisé•e•s ou particulièrement à risque d’être ciblé•e•s par l’extrême-droite.
3. Bloquer les caméras
À l’ère d’Internet et des réseaux sociaux, les caméras sont une arme politique. En filmant ses adversaires, l’extrême-droite cherche à trouver des images qui leur servira à détourner les discours opposés (on ne gagne jamais rien à débattre avec ces gens-là, ils ne diffusent que ce qui sert leur cause) et potentiellement à doxxer les gens pour essayer de s’en prendre à elleux dans leur vie de tous les jours (un camarade migrant en a subi les conséquences récemment).
Tous les téléphones et caméras des anti-trans devraient être vus comme autant de menaces pour nos communautés. Il est nécessaire de les bloquer, de les retirer à l’adversaire et de les sortir de nos rangs! Si des personnes de notre côté filment, il est important de leurs expliquer de ne jamais filmer les visages de nos allié•e•s. Qu’iels filment des pieds, des signes, des bannières ou nos opposants.
Il peut aussi être très utile de se munir de drapeaux, bannières et parapluies pour bloquer les cellulaires et caméras. Ces outils ont aussi l’avantage de mettre une distance entre nous et les fascistes, ce qui permet de diminuer les risques de confrontation physique. Si vous pouvez apporter ce genre de matériel, on vous y encourage fortement! Voir la section 6 pour plus d’info
4. Faire confiance à notre communauté et non à la police
La police est un ennemi historique des communautés trans et queer, et est très souvent un allié objectif des fascistes. Elle le prouve en ce moment un peu partout dans le monde par son traitement des mobilisations anti-drag et anti-trans.
Ne pas se laisser berner par la police devient donc un enjeu de sécurité collective . Leurs consignes n’ont pas notre bien-être à cœur et l’on ne doit pas les laisser dicter notre défense communautaire. Ne les laissons pas entrer dans nos rangs et faisons avant tous confiance à notre organisation collective.
Il ne faut JAMAIS demander à la police d’intervenir dans la manifestation, ne jamais chercher à dénoncer des camarades et ne jamais chercher à dialoguer avec la police. Les services de police attaquent régulièrement nos manifestations, violentent nos adelphes trans et criminalisent notre résistance. Ils sont, de par leur nature historique et politique, naturellement du côté de nos opposants.
5. Former des rangs serrés
Souvent, la situation dégénère dans ces évènements quand les lignes se font floues, quand les gens se dispersent, essaient d’aller débattre avec des individus ou laissent passer des acteurs mal intentionnés dans nos rangs. C’est important de rester groupé•e•s. C’est notre nombre et notre solidarité qui nous protègent et, en ce sens, on doit rester ensemble. Des lignes serrées avec des camarades prêt·e·s à réagir à proximité sont nettement plus sécuritaires qu’une masse éparpillée et divisée.
6. Se préparer à agir.
L’idéal lors des contres-manifs c’est d’être prêt·e à agir. La passivité auxquelles certaines marches et manifestations nous habituent a moins sa place dans ce contexte-ci. Plus nombreux sont les groupes qui arrivent organisés et prêts à agir, plus nous seront fort·e·s en tant que groupe. En s’organisant à 4-6-8 personnes d’avance, on peut avoir un rôle beaucoup plus significatif au sein de la manif.
Certaines tâches auquel on peut se préparer en avance sont:
Équipe de parapluies. Des petits groupes équipés de parapluies pour bloquer les caméras ou tenir à distance les militants d’extrême-droite sont toujours extrêmement utiles dans les contre-manifs. En bloquant les caméras, on protège l’identité de nos camarades et, en créant des obstacles physiques entre les camps, on limite les risques de violences physiques.
Équipe de bannières. En contre-manif, les bannières servent à former des lignes pour maintenir l’adversaire sur un territoire précis, mettre un obstacle entre eux et nous et défendre nos camarades. Des équipes mobiles avec des bannières bloquant le passage à l’extrême droite et défendant les positions stratégiques jouent un rôle important dans ces évènements.
Équipe de médics. Ce sont des équipes de personnes formées en premiers soins, identifiables et portant du matériel de premiers soins sur elleux, qui se rendent disponibles pour intervenir en cas de blessure.
D’autres tâches peuvent apparaître sur place et c’est toujours intéressant de rester attentif·ves à la situation et aux mots d’ordre émergeant dans la manif.
7. Faire attention à son état émotionnel et à celui des autres.
Les contres-manifs sont des moments de tensions et de choc émotionnel assez importants. C’est très facile de perdre son sang-froid sans même s’en rendre compte. Quand nos émotions nous submergent, on risque de prendre de mauvaises décisions et d’agir de manière non sécuritaire.
C’est donc important d’être à l’écoute de son état émotionnel et de prêter attention à celui des autres. Si on se sent devenir trop en colère ou paniqué, il peut être judicieux de se reculer, d’aller vers des coins plus tranquilles, ou d’aller chercher du soutien de personnes disponibles loin de la ligne d’affrontement. On peut aussi faire des exercices de respiration ou tout simplement parler avec nos camarades pour se soutenir les un·es autres.
C’est normal de vivre ces émotions difficiles, alors il faut prendre soin de soi et des autres pour qu’on puisse maintenir notre calme et notre discipline autant que possible pendant ces moments de lutte tendue.