Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Oct 162022
 
« Respectez la souveraineté autochtone »

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Mise à jour importante: Lundi 17 octobre 2022

Il est venu à notre attention que certaines tournures de phrases dans notre communiqué précédent requièrent des corrections et clarifications immédiates. Nous respectons et honorons le travail ardu que les kahnistensera font, et dans le but d’adresser certaines craintes, nous voulons communiquer ce qui suit.

Compte tenu que les institutions coloniales derrière le projet de Nouveau Vic de McGill ont apparamment essayer d’utiliser cette action contre Arkéos pour menacer les kahnistensera et leur poursuite en justice, les organisateurices de cette action veulent ajouter cette mise à jour à notre communiqué ci-dessous: nous avons planifié et mise en oeuvre cette action de façon complétement indépendante des kahnistensera et n’avons pas communiqué avec elles à propos de l’action. Notre utilisation du terme ”complices” dans le communiqué original était influencée par la discussion anti-coloniale et anarchiste plus large entourant l’utilisation de ce mot dans d’autres contextes, et notre définition était donc ”le travail d’un.e complice dans la lutte anti-coloniale est d’attaquer les structures et idées coloniales” (voir ici). Nous souhaitons aussi vous rediriger vers ce texte pertinent sur des sujets similaires, intitulé ”On the question of allies”. Nous ne voulons pas débattre l’utilisation du terme, mais plutôt de donner du contexte derrière notre utilisation. En rétrospective, nous réalisons que ce terme n’était pas approprié compte tenu de la présente poursuite judiciaire séparée et indépendante des kahnistensera.

Encore une fois, nous allons réitérer, dans aucune circonstances travaillons nous pour ou au nom des kahnistensera. En tant que colons anarchistes, nous avons décidé de notre propre initiative d’attaquer Arkéos, sans la participation des kahnistensera. Ceci était une action autonome, nous seul.e.s la réclamons. Nous voyons Arkéos comme un autre obstacle mis dans le chemin des kahnistensera par McGill, afin d’empêcher les kahnistensera de faire une enquête médico-légale non-instrusive et adéquate. Arkéos commencera avec une enquête intrusive, ce qui est contre les demandes publiques des kahnistensera. 

Dans le contexte de la poursuite judiciaire qui sera à nouveau au tribunal le 26 octobre, McGill, et jusqu’à un certain degré Arkéos, utilisent cette action pour essayer stratégiquement de miner et semer le doute sur la bonne volonté et l’honorable façon que les kahnistensera ont mener cette poursuite. Le passé a démontré la collaboration entre l’état, la police et/ou des corporations pour créer avec les médias des narratifs de doute, de conspiration et de méfiance entre toutes les parties agissant en solidarité avec une campagne menée par des Autochtones. Cette tactique est souvent connue sous le nom de contreinsurgence.

Nous allons rediriger encore une fois l’attention envers les vraies coupables: McGill et Arkéos collaborant sur des actes de violence coloniale pour du profit. Avec si peu de temps pour stopper Arkéos, il est impératif pour les groupes indépendants d’utiliser la diversité des tactiques tout en respectant la Kaianereh’kowa (la Grande Loi de la Paix). L’organisation autonome n’est pas un principe nouveau, c’est un mode d’action utilisé par plusieurs anarchistes dans le cadre de luttes anticoloniales.


Vendredi 14 octobre 2022

Depuis l’expulsion du camp sur le site du Royal Vic mardi matin par la police, les entrepreneurs de McGill ont commencé leur excavation sur le site. Des clôtures ont été installées et un garde de sécurité, qui ne semble pas savoir lui-même pour qui il travaille, a été engagé. Ils ont terminé d’enlever l’asphalte et les inforrmations disponibles indiquent que la firme d’archéologie Arkéos prévoit commencer à creuser le sol dès lundi.

Les Kanienkeha Kahnistensera (connues en anglais sous le nom de Mohawk Mothers) se sont opposées à plusieurs reprises au cours des derniers mois au projet New Vic. En avril dernier, elles ont intenté une action en justice contre McGill et la SQI (Société québécoise des infrastructures) qui sont à l’origine du projet de rénovation. Les Kahnistensera attendent actuellement leur prochaine date de procès contre McGill, qui aura lieu le 26 octobre, bien après qu’Arkéos ait dépouillé la terre autour de leur village historique.

En tant que colons anarchistes et complices, nous avons décidé d’attaquer Arkéos aujourd’hui, car nous voulons leur faire savoir qu’ils portent également une responsabilité dans le projet colonial initié par McGill. Cette université, fondée grâce aux profits tirés de la vente des produits issus de la traite des esclaves et de l’argent volé aux fonds fiduciaire Haudenausaunee, a une fois de plus agi au mépris total de la souveraineté autochtone en ignorant les demandes formulées par les Kahnistensera, les gardiennes du territoire en vertu de la Grande Loi de la Paix.

Nous exigeons qu’Arkéos assume la responsabilité face au travail qu’ils font pour McGill. Après l’annulation de sa consultation avec les Mohawk Mothers par McGill et la SQI, Arkéos n’a toujours pas rencontré les Mères pour répondre à leurs préoccupations concernant l’excavation. Malgré une avalanche d’appels et de courriels adressés à la firme pour lui demander d’annuler sa participation au projet, Arkéos a refusé d’attendre une consultation avec les Kahnistensera avant de procéder à l’excavation. Arkéos n’est pas un acteur apolitique dans cette lutte avec ses barrières et ses gardes autour d’eux pendant qu’ils profanent un site culturel autochtone historique.

Cela ne devrait peut-être pas être une surprise, compte tenu du passé de cette même entreprise. En effet, Arkéos a été fondée par des ingénieurs qui avaient besoin d’archéologues et d’anthopologues pour légitimer leurs projets de construction. Ce n’est certainement pas la première fois qu’Arkéos se tient main dans la main avec l’État colonial québécois : ils ont été impliqués dans des projets d’Hydro-Québec à Eeyou Istchee, des projets miniers sur le Nitassinan, des projets de pipeline dans le sud du soi-disant Québec ainsi que divers projets de gentrification dans les soi-disant villes de Montréal et de Québec.

À Arkéos, nous aimerions dire ceci : la prochaine fois, si vous ne voulez pas pleurer à cause de quelques boîtes renversées et de la saleté sur vos luxueux canapés, la meilleure solution serait probablement de ne pas accepter de fucking contrats coloniaux.

Sincèrement, quelques anarchistes.