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Message au mouvement pour le climat

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Sep 162025
 

Soumission anonyme à La grappe

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À travers la dernière décennie, à la fois en Europe et au-delà, une nouvelle génération d’activistes a mis le mouvement pour le climat au premier plan. Des groupes tels que Extinction Rébellion, Fridays for Future, et Ende Gelände ont réussi à sortir des marges, convainquant des millions à s’engager pour la défense de la planète. C’était il n’y a pas si longtemps que peu étaient même conscient·e·s de la possibilité d’une catastrophe climatique – de nos jours c’est tout le contraire. Je n’ai aucune intention de minimiser ces réussites. Ce sur quoi j’aimerais attirer l’attention, toutefois, est que l’activisme pour le climat a fait peu ou pas de différence à quelque chose de très important, la seule chose importante qui compte réellement : de réellement abaisser la quantité de carbone émise par les humain·e·s à travers la planète. De telles émissions continuent à augmenter chaque année, tout comme les températures mondiales moyennes, les catastrophes météorologiques, et le taux d’extinction des espèces. Gagner la reconnaissance de toute la société n’a pas été suffisant. Dans tous ses principaux objectifs, le mouvement pour le climat reste une défaite décisive.

J’ai une suggestion sur pourquoi c’est le cas. Parce que le mouvement pour le climat est resté coincé dans la supposition que ceux au pouvoir doivent être convaincus d’apporter les changements nécessaires pour nous. Malgré le recours à une esthétique de l’action directe, la plupart de l’activisme pour le climat s’est concentrée à obtenir l’attention médiatique (incluant les médias sociaux grand public, ce qui est autant une extension du pouvoir capitaliste que la télévision ou les journaux) dans le but d’atteindre une reconnaissance sociale, finalement pour faire pression sur des politiciens. Toutefois, l’élite politique ne sera jamais capable de résoudre cette crise, parce que le système qui leur accorde le pouvoir est aussi le système qui littéralement prospère en dévastant la planète. Ce qu’on appelle « l’économie » est une mégamachine hors de contrôle qui juge tout ce qui n’est pas une expansion illimitée (un processus qui implique la dévastation écologique) comme une sorte de désastre. Peu importe leur affiliation ou les promesses qu’ils accordent, tous les politiciens et corporations plaident allégeance à la logistique à l’arrière de ce monstre dévoreur du monde.

Certain·e·s rétorqueraient que quelques éléments du mouvement pour le climat échappent à ce malaise. Contrairement à Extinction Rébellion ou Fridays for Future, des groupes anti-capitalistes comme Ende Gelände ne font pas de demandes explicites aux politiciens, se concentrant à la place à perturber directement les infrastructures critiques. Toutefois, on ne peut pas supposer qu’occuper pacifiquement une mine de charbon (ou ses artères) pour quelques heures est une manière réaliste de la mettre à l’arrêt pour de bon ; c’est juste une autre manière d’attirer l’intérêt des médias. De telles actions n’ont aucun sens à moins qu’on espère, consciemment ou non, qu’elles puissent servir à convaincre des politiciens d’intervenir et de réformer l’économie pour nous. D’autres organisations de masse (par exemple, Les Soulèvement de la terre) pourraient apparaître comme un progrès, étant donné qu’elles favorisent le sabotage d’infrastructures écocidaires, et en ce sens encouragent quelque chose qui ressemble à l’action directe (bien que dirigée par une avant-garde secrète). Là encore, toutefois, cela ne serait qu’une manière plus séduisante de recevoir l’attention des médias ; car de telles attaques seraient bien plus effectives si menées par des petits groupes autonomes qui frappent dans l’obscurité, surtout là où les autorités ne s’y attendent pas.

Pour faire court, la plupart de l’activisme pour le climat a pour fixation de demander de l’aide de la part d’un système qui est intrinsèquement incapable de répondre. Elle répand ainsi un ethos de déresponsabilisation et d’infantilisation, insinuant que les gens ordinaires sont incapables de faire face à la crise climatique par elleux-mêmes. Mais vraiment c’est tout l’inverse. On sera tou·te·s réduit·e·s en cendres avant que les gouvernements fassent ce qui a besoin d’être fait. Il revient ainsi au·x rebel·le·s non spécialisé·e·s, dévoué·e·s, de commencer à résoudre la crise directement. À quoi cela pourrait ressembler ? Adopter sans délai les changements nécessaires que ceux au pouvoir ne considéreront jamais sérieusement. Par là je veux dire mettre à l’arrêt les centrales électriques, les aéroports, les autoroutes, et les usines, tout en arrangeant des moyens décentralisés (et ainsi avec dans une esprit écologique) de nos subsistances sans eux. Cette proposition implique sans aucun doute une escalade massive dans la stratégie. Quoiqu’il en soit, étant donné la gravité de la situation, combinée au fait que les méthodes actuelles ont prouvé leur insuffisance, je pense qu’il est temps qu’on considère la révision radicale de notre approche.

L’inspiration est déjà là. Par exemple, la campagne Switch Off ! (initié en Allemagne en 2023, et qui se répand au-delà de l’Europe depuis) a laissé tomber la réforme du capitalisme, se concentrant à la place à paralyser directement l’infrastructure responsable de la dévastation de la planète. De tels exemples de sabotages se répandent, qu’ils soient associés à cette bannière, une autre, ou pas revendiqués du tout. Pour ne mentionner que quelques unes des actions pertinentes : en septembre 2023, le réseau ferroviaire de la périphérie d’Hambourg a été saboté en plusieurs points, provoquant une perturbation majeure dans l’un des plus grands ports d’Europe ; en mars 2024, une attaque incendiaire du réseau électrique proche de Berlin a fermé l’immense Gigafactory Tesla pendant plusieurs jours ; en mai 2025, une double attaque sur une centrale électrique et un pylône à haute-tension a causé un blackout dans une partie importante de la France, privant d’électricité un aéroport, plusieurs usines, et le Festival du Film de Cannes. On pourra aussi se rappeler que l’aéroport de Londres-Gatwick a été fermé pendant plusieurs jours en 2018, selon certaines sources (et pour des motivations inconnues) parce que un drone portatif a survolé les pistes. Malgré les massifs efforts policiers, celleux qui ont réalisé cette action facilement reproductible n’ont jamais été retrouvé·e·s ; les autres actions mentionnées ici n’ont pas mené à de quelconques arrestations non plus. En contraste, les tactiques activistes conventionnelles pour le climat (par exemple, le recours aux lock-ons, aux trépieds, à la superglu) tiennent le fait d’être arrêté·e comme acquis, sacrifiant en cela nos camarades aux tribunaux, aux prison, et à la surveillance continue. C’est un prix cher pour des actions qui, à côté du fait qu’elles favorisent une attitude de soumission envers les autorités, ont peu ou pas d’impact sur les capacités de fonctionnement des industries qui trash le climat.

Dans le but de commencer à faire face au problème à l’échelle du changement climatique, toutefois, les attaques contre les infrastructure écocidaires doivent devenir encore plus ambitieuses. Cela pourrait être formulé en termes de dépassement de la focalisation sur les industries spécifiques en ciblant la civilisation industrielle dans son ensemble. Les centres de production, d’extraction, et de recherche pertinents doivent être pris pour cibles ; ainsi que le réseau électrique qui les lie ensemble, à savoir, le réseau même qui donne sa puissance (dans les deux sens du terme) au système de la destruction au départ. Une vision aussi audacieuse paraît déplacée pour beaucoup de gens. Mais il est trop souvent oublié que le changement climatique et la civilisation industrielle sont en fait exactement le même problème. La dégradation humaine du climat n’est pas quelque chose d’ancien ; elle est autant datée que l’industrialisation elle-même. Depuis à peu près 150 ans, la vie humaine s’est centrée de façon croissante sur l’usage des machines qui convertissent les combustibles fossiles en énergie, émettant en cela du dioxyde de carbone. La culture humaine, en d’autres termes, a été mise de force dans une relation de dépendance envers une infrastructure en perpétuelle expansion qui ne peut pas fonctionner sans empoisonner le climat. La Révolution industrielle a été initiée il y a seulement quelques générations, et ses conséquences ont déjà mené beaucoup à questionner la viabilité de la vie elle-même au-delà du siècle. Il ne pourrait y avoir de plus accablant de ce tournant technologique relativement récent.

Certain·e·s répondront, bien sûr, que la civilisation industrielle n’est pas intrinsèquement dévastatrice de la terre, et est déjà dans le processus d’être réformée. On parle là de la dite « Transition verte » annoncée à travers le spectre politique comme la solution à la crise climatique. Toutefois, c’est une erreur courante de penser que les énergies éolienne, solaire, ou hydroélectrique représentent d’authentique alternatives aux méthodes conventionnelles ; car en réalité elles sont harnachées aux combustibles fossiles, qui sont en train de brûler en quantités plus élevées que jamais. Penser que l’économie capitaliste consentirait jamais à laisser des réserves inexploitées de charbon, de gaz, ou de pétrole dans le sol c’est méconnaître la principale logique d’un système basé sur la croissance illimitée. La conséquence de l’investissent record dans la green tech, ainsi, n’a été que pour catapulter la consommation mondiale d’énergie à des niveaux sans précédent.

Par ailleurs, à côté du fait qu’elle échoue à engager une transition, la restructuration économique en cours est tout sauf verte. Premièrement, les combustibles fossiles sont des sources d’énergie hautement denses, que ni l’énergie solaire, éolienne, ou hydraulique ne sont prêtes d’égaler ; il s’ensuit que les « énergies renouvelables », si attendues qu’elles maintiennent les niveaux actuels d’absorption, doivent consommer des étendues de terre bien plus grandes que celles qui sont déjà dédiées à la production d’énergie. Deuxièmement, les technologies clés d’une telle restructuration dépend lourdement de l’extraction de minéraux, en particulier par l’exploitation minière. Par exemple, le nickel et les minéraux de terres rares sont nécessaires à la construction de panneaux solaires et d’éoliennes ; le lithium et le cobalt sont des composants clés de leurs batteries, ainsi que celles des voitures électriques, des vélos électriques et des smartphones. En tant que tel, et au nom du devenir « vert », l’économie capitaliste est en train de piller chaque recoin du globe à la recherche de ressources lucratives, conduisant donc à la dévastation écologique, au travail forcé, et aux conflits géopolitiques. Même les profondeurs inexplorés des océans sont sur le point d’être saccagées ; ensuite ce seront les astéroïdes et d’autres planètes. En somme, donc, ce qui a été promu comme la solution technologique à la catastrophe climatique n’est qu’un vaste mensonge camouflant la poursuite de l’expansion de la mégamachine.

Est présente dans le discours de presque tou·te·s celleux que l’on rencontre de nos jours une compréhension que les humains sont en train de dévaster la biosphère – et simultanément de se suicider. Pourtant, beaucoup moins sont prêt·e·s à envisager la crise pour ce qu’elle est réellement, à savoir, la résultante d’une fuite en avant dans le développement technologique. Ceci n’est pas un problème auquel on peut faire face par le vote, la pétition, la manifestation, le boycott, ou l’investissement. La seule réponse réaliste à la crise climatique est l’attaque de la civilisation industrielle. Je ne m’attends pas à ce que cette proposition s’apprête à recevoir une popularité large ; après tout, elle garantit de déstabiliser le seule monde que presque n’importe qui n’a jamais connu. Toutefois, on pourrait devoir tenir compte du fait que beaucoup ou la plupart des humains insisteront toujours pour maintenir leurs voitures, frigos, et smartphones en marche – même au prix d’abandonner l’air même que l’on respire. Il incombe donc à celleux dont les priorités sont ailleurs de procéder à l’action courageuse et intransigeante.

Publication anonyme sur Act for Freedoom Now !

15 août 2025

LECTURES COMPLÉMENTAIRES

Desert, Stac an Armin Press, 2011

« Désarticuler l’autorité », Avalanche n°8, 2016

Hourriya, cahiers anarchistes internationalistes n°3 L’Imprévu – Du centre à la préiphérie, 2016

Total Liberation, Active Distribution, 2019

Breaking Ranks : Subverting the Hierarchy & Manipulation Behind Earth Uprisings, 2023

Contre le phagocytage des luttes par les Soulèvements de la terre, 2023

Lutter et/ou se faire manipuler au nom d’une lutte ? Soulèvements de la terre versus État, même combat, 2023

Quand NDDL se prend pour le petit père des luttes – Entre récupération et autoritarisme, 2021

« Mégaprojet, « Transition énergétique » : Localiser les points faibles », Antisistema n°2, 2024

« Mapping the Megamachine : Microship Production », Tinderbox n°5, 2024
(disponible en papier)

« Nonhuman Comrades », No Path n°2, 2024
(disponible en papier)

« Constellations souterraines : Mettre en lumière les rouages de la guerre et de l’écocide », Tinderbox n°7, 2025

An Anarchist Solution to Global Warming, Peter Gelderloos, 2010

« Nothing is True, Anything is Possible », No Path n°2, 2024
(disponible en papier)

Conversation with a human ecologist on the promises of renewable energy technologie, No Mine in Glálok : Ecocide and Colonialisme in Swedish-occupied Sápmi, 2023

Blocages et solidarité

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Sep 022025
 
Confrontation pendant un blocus d’une route forestière dans la région de Wemotaci au Québec (wikipedia). À gauche, Dave Petiquay du collectif Première Nation MAMO, fait face à Dany Grenier (à droite), entrepreneur forestier de Dolbeau-Mistassini (image de Lisanne Pittikwi sur Facebook).

Du Collectif Emma Goldman

« … l’état, la bourgeoisie et même la classe ouvrière se sont constitués en partie grâce à la destruction des Premières Nations, à la dépossession de leurs territoires, l’extorsion de leurs ressources et au colonialisme de peuplement. »– Francis Dupuis-Déri et Benjamin Pillet, 2019. L’anarcho-indigénisme. Lux Éditeur, Montréal. p.35

Au cours des dernières semaines, des blocages de routes forestières ont été réalisés en Haute-Mauricie et dans le nord du Lac-Saint-Jean par l’Alliance Mamo (Première Nation). Ces actions, menées pour contester le projet de loi 97 sur la réforme du régime forestier, ont interrompu ou perturbé les opérations de foresterie.

Unir les Premières Nations pour la souveraineté et la protection du territoire

C’est le 11 avril 2025 qu’une assemblée s’est tenue à La Tuque pour fonder l’Alliance Mamo. Cette alliance, dont le nom signifie « Ensemble » dans les langues atikamekw (Nehiromowin) et innu (Innu-aimun), a pour objectif de rassembler les Premières Nations dans l’exercice de leur souveraineté. Elle a été initiée par les gardien·ne·s des territoires Nehirowisiw (Atikamekw), Nitassinan (Innuat) et Ndakina (Abénakis).

Opposition au Projet de Loi 97 et revendication de souveraineté

Les gardiens et gardiennes du territoire manifestent leur désaccord face au Projet de Loi 97, qui modifie le régime forestier du Québec. Ils et elles estiment que cette loi met en danger les caribous forestiers et la durabilité des forêts, compromettant ainsi le mode de vie traditionnel autochtone en période de crise climatique.

De nombreux blocages et démonstrations de souveraineté (1) ont engendré des tensions entre les manifestant.es autochtones et les travailleurs forestiers (allochtones) , alimentant également des commentaires haineux sur les réseaux sociaux. En réponse à cette situation, le gouvernement du Québec a promis de négocier avec les Premières Nations pour trouver un consensus et envisager des amendements au projet de loi.

Les groupes autochtones traditionalistes (comme l’alliance Mamo), qui s’appuient sur les droits ancestraux et les traditions, soutiennent que la véritable autorité sur les terres forestières revient aux familles et aux gardiens du territoire. Ils considèrent que les conseils de bande actuels, établis par le système de la Loi sur les Indiens du gouvernement canadien, ne reflètent pas la souveraineté traditionnelle et sont perçus comme des complices du système colonial. Ces groupes estiment que les conseils de bande ne peuvent pas négocier au nom de tous les membres des nations.

Le Traité Petapan et la gestion forestière

Cette tension entre les conseils de bande et les traditionalistes n’est pas nouvelle; elle apparaît également dans d’autres négociations, comme le Traité  Petapan. En négociation depuis plus de quarante ans, ce projet de traité implique le Regroupement Petapan, qui regroupe les Premières Nations d’Essipit, Mashteuiatsh et Nutashkuan, ainsi que le Canada et le Québec, et vise à reconnaître, confirmer et protéger les droits des Innus. Cependant, des traditionalistes s’opposent à ce traité, affirmant que la gouvernance traditionnelle des chefs héréditaires et des gardiens et gardiennes du territoire est mise de côté au profit des conseils de bande.

En conclusion

Il n’y aura pas de réconciliation sans réparation. Les États canadien et québécois ont été établis sur l’appropriation des territoires et des ressources des peuples autochtones. Pour atteindre une véritable réconciliation, il est essentiel de soutenir et de s’engager dans les luttes décoloniales et environnementales. Il est crucial de devenir de véritables allié-es  dans cette bataille pour protéger le vivant. C’est à dire d’éviter dans nos rapports entre allochtones et autochtones au sein des mouvements de décolonisation: « l’invisibilisation des personnes autochtones ou la récupération de leur voix, le recours à des Autochtones de service, l’imposition de choix tactiques et stratégiques ou encore une attitude générale de déculpabilisation pour se donner bonne conscience »(L’anarcho-indigénisme,p.10)

(1) Contrairement à d’autres régions du Canada où des traités historiques ont été signés, de vastes étendues de territoire, notamment en Colombie-Britannique et au Québec, n’ont jamais fait l’objet de traités de cession de terres.

À lire également : Soit un ou une bonne alliée ou sinon reste chez toi !

Il ne s’agit PAS de blocus forestiers

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Août 262025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il ne s’agit pas de « blocus forestiers » — il s’agit d’une expression de nos droits ancestraux et coutumiers pour protéger ce qui reste de nos forêts.

Les Québécois·es sont appelé·es à reconnaître qu’ils et elles participent à un système colonial, extractiviste et génocidaire. Ce n’est pas aux Autochtones de demander la permission d’exister sur leurs territoires. C’est à l’État colonial et à ses complices de cesser leurs destructions.

Nous devons appuyer le vivant — pas l’extraction, le pillage et la colonisation.

Si les soi-disant Québécois·es étaient vraiment solidaires, ils fermeraient eux-mêmes leurs entreprises coloniales, ils exigeraient que le gouvernement mette fin à ces ravages, et ils refuseraient de soutenir la violence étatique contre nos peuples.

Pourtant, des individus comme Sandra Rossignol, Marianne Perron, Alexandre Tremblay, David Garneau et Mélyna Girard soutiennent activement la poursuite de ce pillage. Complices racistes et complaisants envers le colonialisme, ils demandent à Luc Provençal (ou « Legault », selon le contexte) d’imposer la violence policière contre nos communautés.

Ils savent très bien que les forces policières ont tué, opprimé et criminalisé des Autochtones depuis des décennies. Et pourtant, ils appellent à davantage de répression.

Il n’y a aucune « manifestation » ici — il y a une résistance légitime. Une présence pacifique sur nos territoires, en vertu de nos lois et de nos droits. Ce ne sont pas les Autochtones qui provoquent des débordements, mais bien le système colonial qui refuse de respecter nos existences.

Ces envahisseurs veulent conserver un contrôle commercial basé sur la coercition, la violence et l’exploitation. Et ils cherchent à faire porter le blâme aux victimes.

La Chambre de commerce et d’industrie du secteur de Normandin, tout comme certains élus de la MRC d’Autray, incarnent cette mentalité coloniale, même racisme. même complicité.

Assez. Nous ne céderons pas. Nos forêts, nos territoires, nos vies — tout cela vaut plus que leurs profits.

Soutenons le vivant. Défendons les droits autochtones. Mettons fin à la colonisation. Ne voyez-vous PAS que se sont vos descendants qu’y vont subir les conséquences de votre inaction.

Convergence des technologies anarchistes 2025

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Août 232025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La technologie est un tas fumant de n’importe quoi. La salade de transistors, de condensateurs et de fils dans laquelle nous nous marinons pendant 17,2 minutes avant de boire notre café est la première chose que nous voyons chaque matin, tandis que nos subversions des excréments du capitalisme de surveillance sont les dernières choses à brûler leurs images dans nos rétines avant que nous fermions les yeux chaque nuit. La totalité augmentée par l’IA qui engourdit nos sens et optimise notre travail continue son chemin, vulnérable mais sans entrave. Ne disons pas qu’on n’a jamais essayé.

La convergence des technologies anarchistes de Montréal est un rassemblement annuel à l’intersection de l’anarchisme et des technologies.

Un événement sur deux jours: 11 & 12 octobre 2025 au Batiment 7 à Tiohtia:ke Montreal

  • ateliers
  • présentations
  • partage de compétences
  • discussions
  • et bien plus!

Bienvenue aux informaticien-ne-s anarcho-curieux-ses, aux anarchistes techno-curieux-ses et tout le monde entre les deux.

Notre but est de tisser des liens, de pratiquer ensemble, de jeter ce rectangle avide de notre attention dans le blender, puis façonner ses éclats en une paire de fesses à déposer sur le perron de ton propriétaire.

Envoyez vos propositions avant le 15 septembre.
https://mtl-atc.org/fr

En Palestine et partout ailleurs, la résistance continue!

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Août 212025
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

Semaine d’action en solidarité avec la Palestine

Depuis 1947, le peuple palestinien lutte contre l’occupation et la colonisation de ses terres par l’entité sioniste (connue sous son nom colonial  »Israël »). Alors que la création de cette entité sur des terres volées est facilitée par l’ONU, les Palestinien·nes, dépossédé·es et déplacé·es de force dans des territoires de plus en plus grugés par l’entité sioniste, ne se laissent pas faire et résistent à l’envahisseur. Alors que Gaza était assiégée depuis près de 20 ans, la résistance a culminé le 7 octobre 2023 dans un coup de force. Déterminé à ne tolérer le moindre écart de conduite, l’entité sioniste en a profité pour accélérer ses politiques et pratiques génocidaires contre le peuple palestinien avec la complicité de ses allié·es. Bombardé·es et affamé·es délibérément par l’entité sioniste depuis deux ans, les Palestinien·nes à Gaza luttent pour survivre et continuent de résister, tout comme les Palestinien·nes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est qui font face à une accélération des attaques des colons et du vol de leurs terres.

Pendant que les Palestinien·nes sonnent l’alarme et implorent le reste du monde à arrêter cette violente machine de guerre qui a déjà fait des dizaines de milliers de martyrs, les gouvernements, incluant le  »Canada » et le  »Québec » enchaînent des déclarations vides de sens sur le « respect du droit international » et la fausse « solution à deux États », tout en continuant à supporter l’entité sioniste financièrement, militairement et politiquement, et en refusant d’imposer quelconque sanction. L’entité sioniste, armée par ses complices occidentaux et impérialistes, est bien décidé à prendre le contrôle complet de la bande de Gaza et à anéantir le peuple palestinien. L’armée d’occupation commet des massacres jour après jour en direct dans l’indifférence. Lorsqu’ils en parlent, les médias invisibilisent la réalité sur le terrain : une occupation militaire et une colonisation brutale de par l’entité sioniste, et une lutte de libération historique d’un peuple contre des puissances coloniales qui assujettissent le monde entier.

Cela fait deux ans que les peuples solidaires de la libération de la Palestine protestent partout dans le monde, en rupture avec leurs gouvernements complices. Les actions se multiplient : manifestations, campements, graffitis, occupations, actions de perturbation et de sabotage, flottilles, caravanes et marches mondiales pour briser le blocus. Continuons nos actions pour mettre fin au génocide en cours et soutenir le peuple palestinien dans sa lutte de libération, pour la justice et la dignité !

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Du 6 au 12 octobre 2025, D4P et la CLAC invitent tous·tes et chacun·e à s’organiser avec sa communauté en vue de provoquer, déranger et perturber pour visibiliser notre refus collectif à la complicité au génocide et rappeler la légitimité de la résistance, sous toutes ses formes, en Palestine et ici. 

Alors que la violence et la déshumanisation des vies palestiniennes est devenue honteusement normalisée, la résistance en devient d’autant plus légitime et nécessaire ! Confrontons nos gouvernements à l’insignifiance de leurs actions et à leur complicité active ! Ciblons les profiteurs de guerre, où qu’ils soient dans la vaste toile de complicité : qu’ils produisent des armes, des outils d’intelligence artificielle, des fonds de pensions ou des services d’investissement ! En groupe d’affinités, en comités de quartier, avec nos associations étudiantes, dans nos lieux de travail, attaquons partout, par l’éducation populaire, les manifestations, l’action directe et notre mobilisation généralisée.

Pas de paix tant que Gaza saigne : notre devoir est la résistance, par tous les moyens!

* Cet appel à l’action fait écho à celui lancé le 20 juillet 2025 par six groupes politiques et organisations de résistance à Gaza qui nous demandent d’escalader nos actions pour accentuer la pression sur nos gouvernements complices. 

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Pour endosser la semaine d’actions en tant que groupe: https://shorturl.at/YAS52

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L’affiche en français

L’affiche en anglais

Sabotage chez Enbridge : Interruption du service sur la ligne 9B

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Août 202025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La forêt boréale brûle, l’eau est empoisonnée, les arbres sont abattus jusqu’au dernier et les traités sont trahis. Le mirage que nous appelons « démocratie libérale » plie devant les lobbys du pétrole. On parle de nouveaux pipelines qui traverserons le pays comme autant de cicatrices, de nouveaux projets gaziers qui défigurerons le territoire.

De tout temps, notre histoire aura été celle d’une colonie d’extraction fondée sur le pillage et la dépossession. C’est à nous qu’il revient de mettre un terme au désastre.

Cette nuit, nous avons attaqué la ligne 9B. Ce tuyau de la mort serpente sur les terres volées aux peuples autochtones transportant le bitume le plus sale au monde au travers des cours d’eau, des villes et de nos vies. Nous avons frappé deux valves de contrôle, détruisant le matériel électronique avant de nous évanouir dans la nuit.

Ce sont désormais plus d’une dizaine de kilomètres qui échappent au contrôle d’Enbridge. Tant que les installations n’auront pas été réparées, y faire couler du pétrole est aussi dangereux qu’illégal.

Nous choisissons de désarmer Enbridge parce que le système actuel protège le profit et laisse mourir les écosystèmes. Nous agissons parce que chaque baril nous empoisonne, nous tue, coule à contre-sens de l’histoire. Nous sommes de celles et ceux qui regardent la vérité en face, qui prennent acte de l’urgence. Nous choisissons d’obéir à l’amour de la vie et de l’avenir.

La ligne 9B transporte la fin du monde baril après baril. Il est l’heure de s’en prendre directement aux infrastructures qui la provoquent.

Les installations concernées se trouvent à Saint-André d’Argenteuil (45°33’25.1″N 74°20’53.7″W) et Mirabel (45°36’42.3″N 74°04’46.6″W).

« Israël » terroriste, médias complices

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Août 192025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tiohtià:ke/Montréal, le 18 août 2025 — C’est avec le coeur brisé et la rage au ventre que des militant⸱e⸱s autonomes ont ciblé les médias québécois cette nuit, dénonçant leur couverture biaisée du génocide du peuple palestinien, particulièrement le plus récent massacre de l’équipe d’Al Jazeera à Gaza par les forces d’occupation sionistes. Nous honorons cette nuit nos adelphes martyrisés Anas Al-Sharif, Mohammed Qreiqeh, Ibrahim Zaher, Mohamed Noufal et Moamen Aliwa d’Al Jazeera, le journaliste de Sahat media Mohammed Al-Khali, Saad Jundiya ainsi les 262 autres journalistes qui ont tous péris dans cet affront inhumain contre la liberté journalistique. C’est aussi toujours en réponse à l’appel de la résistance palestinienne publiée le 20 juillet 2025 aux militant⸱e⸱s internationaux de mettre en place une escalade des moyens de pression pour ouvrir les canaux d’aide humanitaire que les groupes autonomes ont redécoré les bureaux du Montréal Gazette (MG).

Depuis 2 ans, les médias québecois couvrent le génocide à Gaza de manière biaisée, asymétrique et déshumanisante. Leur cadrage éditorial présentant une fausse symétrie de la violence efface le contexte colonial fondamental: l’entité sioniste, « Israël », est une puissance occupante expansionniste depuis 1948, la Palestine, elle, un territoire colonisé. Le rapport au vocabulaire choisi par les journalistes québécois a aussi largement été documenté comme étant biaisé en faveur « d’Israël » qui reçoit un traitement médiatique diamétralement plus empathique que celui concernant les victimes palestiniennes traitées avec distance et froideur. Enfin, face à l’interdiction imposée par « Israël » aux journalistes internationaux de se rendre à Gaza, les médias québécois ont obtempéré sans broncher et aucun d’entre eux n’a jugé nécessaire d’engager un.e correspondant.e palestinien.ne pour documenter les massacres quotidiens. Au contraire, c’est plutôt une tribune d’exception qui a été offerte par les médias aux autorité génocidaires sionistes, y compris des hauts gradées du Tsahal. Pourtant, aucun média québécois n’a invité de représentants de la résistance palestinienne.

Cette nuit, MG était particulièrement ciblée car elle incarne un des plus puissants outils propagandistes de la dangereuse et génocidaire idéologie sioniste. Tribune de choix du facho-sioniste en chef du municipal; Jeremy Levi, MG pullule de mauvais articles et de chroniques douteuses visant à nous gaver des distorsions cognitives les plus sadiques du 21e siècle. Le quotidien a par ailleurs été dénoncé par l’organisation Canadians for Justice and Peace in the Middle East à au moins deux reprises pour la mauvaise qualité de sa couverture des campements étudiants en solidarité avec la Palestine et, plus généralement, pour ses biais pro-sionistes dans la couverture du génocide à Gaza. De plus, MG fait parti de la grande famille Postmedia Network qui possède aussi le National Post, un rammassi de textes pseudo-journalistiques médiocres. Il n’est donc pas surprenant de voir chez MG une ligne éditoriale diamétralement favorable aux idéologies sionistes. En effet, le principal actionnaire de Postmedia Network est Chatham Asset Management, un fonds d’investissement spéculatif états-uniens réputé pour sa proximité avec le parti républicain, aussi connu pour être le power bottom de choix pour les ambitions tyranniques et génocidaires de Netanyahu. Non seulement devrions-nous considérer alors MG comme un média étranger, mais devons-nous nous surprendre que sa couverture fasse autant abstraction des principes journalistiques de base quand ses dirigeants fleurtent sans gêne avec le fascisme moderne?

Enfin, que va-t-il falloir pour que les médias écoutent la population et commencent à couvrir le génocide à Gaza à la hauteur des principes journalistiques auxquels ils prétendent adhérer? Cette semaine, des militant-es ont occupé les bureaux de La Presse ainsi que ceux de la maison de Radio-Canada sans qu’on leur offre une tribune adéquate ou qu’on prête attention aux critiques formulées à leur encontre. Seule exception, un énième éditorial frileux de François Cardinal qui se cache derrière une fausse neutralité pour camoufler son rôle dans la normalisation du génocide à Gaza. Il devient donc de plus en plus évident que si les médias québécois ne veulent rien entendre via les revendications et manifestations légitimes du peuple, c’est par la voie du dommage économique qu’ils comprendront qu’ils se situent du mauvais côté de l’Histoire.

Des camions de McElhanney ont brûlé à Smithers (C.-B.)

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Août 132025
 

Soumission anonyme à BC Counter-info

Le 10 août vers 4h du matin, deux camions appartenant à l’entreprise McElhanney ont été incendiés à Smithers, en Colombie-Brittanique.

McElhanney fournit des services de conseil au projet PRGT. Pour en savoir plus sur leur participation, consultez « Against Extractivism: PRGT and its Actor » et « Arson attack in Terrace BC ».

PKP t’as du sang sur les mains!

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Août 012025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit dernière, plusieurs groupes autonomes ont répondu à l’appel de la résistance palestinienne demandant d’activer tous les leviers de pression et d’escalade en marche dans les sphères politiques, médiatiques et économiques internationales afin de garantir l’acheminement de l’aide humanitaire à Rafah. Ainsi, à Montréal/Tiohtiá:ke, alors que les foules ébahies applaudissaient la dernière édition des feux d’artifices de la saison, plusieurs groupes se sont appliqué à rappeler qu’à Gaza, ces bruits d’explosions sèment la mort et le nettoyage ethnique.

Depuis près de 22 mois l’entité sioniste bombarde, torture, agresse et affame les Palestinien-nes, le tout sous nos yeux, en toute complicité avec nos dirigeants. Alors que nos adelphes de Gaza vivent une famine orchestrée par les forces sionistes, il est de notre responsabilité de dénoncer les structures en place au sein de notre société qui ont facilité ce génocide en banalisant les atrocités de l’armée, en normalisant l’islamophobie ainsi que la haine envers les palestinien-nes, en profitant financièrement de la propagande sioniste et en favorisant la répression des militant-es pour la libération de la Palestine.

Qui réprésenterait mieux cette complicité que Pierre-Karl Péladeau ainsi que son empire Québecor? Avec une main mise dans toutes les sphères médiatiques et culturelles, Péladeau est à même de façonner l’opinion publique québécoise et ce, depuis des décennies. À travers une diversité de médias, de maisons d’éditions, d’offres publicitaires et de productions culturelles, Québecor recycle un crachat de haine infini envers toute communauté vulnérabilisée ou marginalisée. La communauté queer et trans, les usager-ère-s de drogues, les immigrant-e-s, les personnes en situation d’itinérance, pour n’en nommer que quelques exemples, subissent toustes une déshumanisation orchestrée par les sbires de PKP. On ne peut surtout ignorer le rôle systématique de l’empire Québecor dans la montée fulgurante de l’islamophobie dans les dernières années; un élément indissociable à l’insensibilité et la banalisation générale à l’égard du génocide palestinien dans le discours public. À travers une plateforme unilatéralement offerte aux sionistes comme le clown de service du CIJA Julien Corona, combiné à une explosion de propos haineux de ses démagogues en chef, Québécor cherche à rendre acceptable le colonialisme sanglant qu’opère l’entité sioniste depuis 77 ans en Palestine. Mais le peuple n’est pas dupe, ni insensible. Même en investissant massivement son argent sale dans des compagnies de sécurité privée comme SIRCO qui profile et brutalise les militant-es pour la libération de la Palestine, PKP ne réussira jamais à normaliser l’inacceptable.

Ce n’est pas parce que tu liches la raie des sionistes pour te magasiner plus de contrats avec Hollywood que tu vas nous faire taire Péladeau!

Fuck ton empire!

Fuck tes amis sionistes!

Fuck ton racisme, ta transphobie et ta misogynie!

Le peuple sera toujours plus fort que toi!

Réponse à l’invitation à réinvestir le Centre Social Anarchiste l’Achoppe, à Hochelaga

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Juil 132025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

J’ai répondu à l’un de ces appels à réinvestir le CSA il y a environ 2 ans. Les anarchistes n’ont rien à faire là tant que le bâtiment est habité. On sait, L’Achoppe est le lieu d’habitation, de fréquentation, de “squat” d’un groupe plus ou moins homogène, en tout cas assez soudé, on le verra, qu’on tend à appeler “les punks”, du fait qu’iels se rejoignent entre autres par amour de la vie d’une certaine scène. Ces gens, en tant que locataires, en transit ou visiteur-euses, n’ont pas l’obligation d’entretenir le Centre Social Anarchiste (rez-de-chaussée et sous-sol) en participant aux instances décisionnelles ou en prenant des tâches. Ça va de soi: on n’a pas le réflexe, en tant qu’anarchistes, de forcer les gens à faire ce qui ne les passionne pas; on pense généralement que chacun-e a quelque chose qui lui tient à cœur et que la place de chacun-e dans la chaîne de (re)production devrait être désignée en fonction de cela. En d’autres mots, on pense que l’on a intérêt, toustes, à ce que les tâches soient menées par passion plus que par obligation. C’est cela, selon les anarchistes, qui pousse à avoir du cœur à l’ouvrage. Or il est pour le moins curieux, en dépit de cette raison, de voir des anarchistes dans une telle situation, qui en est une d’inégalités.

En effet, les gens qui investissent bénévolement le CSA se mettent en position de subir la volonté de gens qui ne conçoivent à peu près pas de responsabilités envers elleux et qui pourtant fréquentent le lieu qu’iels entretiennent. Les “punks”… Je les appelle “les torché-es”… Appelons-les “les torché-es”… Les torché-es ont tout loisir, lors des périodes d’inactivité du CSA, quand on a le dos tourné, de dégueulasser la place et de laisser les anarchistes torcher par la suite. Il n’était pas rare, quand je m’y impliquais, de voir s’attrouper dès la conclusion d’une activité menée par des bénévoles ou d’une journée de travail, toujours plus de dandys dans la cour ou au rez-de-chaussée et de retrouver le CSA dégueulassé le lendemain ou surlendemain. – Quoi!? C’est pas ce qui les passionne, les anarchistes, torcher? Iels ont bien volontairement pris la tâche! – C’pas d’même ça marche, ti gars. Évidemment que les bénévoles torchent volontairement, or c’est pour que le lieu puisse accueillir des projets, principalement menés par elleux-mêmes. Or ces projets, ça prend du temps; et je n’ai vu personne du CSA qui était enchanté-e de se taper deux heures de ménage, initialement prévues pour autre chose, parce que la veille, 2-3 torché-es ont décidé que la bibliothèque devenait un lieu de ramassage de scrap.

Je n’ai vu personne enchanté-e par ce genre de situation, en effet, puisque le temps est limité, d’autant plus que l’on doit déjà se faire exploiter ailleurs, sur le marché du travail. Et c’est ça qui est grave à l’Achoppe: on s’y fait voler son temps, une chose des plus précieuses qu’on a. Si on veut se faire exploiter de la sorte, il n’y a qu’à travailler au communautaire avec une direction qui se paie deux fois le taux horaire du plancher (sans justification aucune que celle d’entretenir la fidélité, le contentement, des hiérarques, versus des employé-es dépendant-es de leurs misérables paies). L’Achoppe a tout d’un centre de bénéficiaires, moins la paie.

Certaines personnes ont eu longtemps espoir de voir les torché-es devenir des personnes responsables.

Ce fut tout à leur honneur: dans le lot de nos déterminations, certaines se contrarient et ainsi, nous ne sommes pas, a priori, condamné-es à faire toujours les mêmes choix. N’empêche, la répétition est signe que certaines déterminations empiètent grandement. Et c’est là que prend tout son sens l’expression “choisir ses combats”. Il faut bien choisir ses combats, en effet, puisque notre temps est limité et que certains sont peut-être, du moins de notre vivant, voués à l’échec, une mise avec trop peu de chances de succès, comme quand on veut “se refaire aux machines” après une énième perte d’argent.

De ce que j’ai entendu, la structure d’organisation du CSA est demeurée sensiblement la même depuis mon départ. Probablement que le système de membrariat s’est ramoli, voire n’est plus existant. C’était quelque chose qui me semblait être respecté avec réticence quand j’y étais. Les signes que L’Achoppe est un mauvais choix, les voici…

• Les torché-es ne s’intéressent généralement pas à la théorie. Beaucoup d’anarchistes se sont proclamé- es tel-les suite à un contact avec des théories sur le travail et l’autorité. Quand est venu le temps de discuter théorie à L’Achoppe, j’ai vu des yeux rouler d’exaspération. Et pour m’exhorter à la patience, on me disait quelque chose de condescendant comme: “À leurs yeux, on est une gang d’intellectuel-les diplômé-es, donc privilégié-es. Faut donc user de tact”… Comme si j’en avais pas lavé des assiettes depuis mes 13 ans… Comme si j’en avais pas ramassé de la scrap depuis que je suis tout p’tit… Comme si mon diplôme m’avait pas valu une dette de 30 000$… Comme si ma mère m’avait pas appris à torcher, parce qu’y était pas question qu’à 2-3 jobs salaire minimum, elle torche toute seule… Privilégié, je veux bien, mais pas à quel point? Comme si ma réalité de pauvre n’avait pas informé mon parcours d’étudiant… Et comme si la théorie n’avait jamais été un outil d’émancipation des masses… Bref, apparemment, les torché-es pensent que la théorie c’est bourgeois, ou quelque chose du genre. Donc, on ne les verra pas aisément se poser des questions à propos d’une organisation équitable du travail, du travail domestique comme d’un travail à part entière (on repassera, d’ailleurs, pour le féminisme à L’Achoppe… n’est-ce pas?), etc.

• Il est un drôle de fait que j’ai encore grand mal à concevoir: certaines personnes, pourtant assez autonomes en maints domaines et assez peu privilégiées, se sentent le luxe de n’avoir à peu près jamais à ne serait-ce que songer aux tâches ménagères; et on les voit préférer, à l’idée d’adresser l’encombrement fréquent que cela implique, d’être interpellées à maintes reprises par les gens avec qui elles cohabitent, détériorant ainsi leurs relations. Je soupçonne que cela nous vient de la famille, de cet amour supposé inconditionnel qui lui est propre, qui cautionne toutes sortes d’abus. La précarité grandissante n’arrange sûrement rien, réduisant davantage les possibilités de sortir de son milieu d’origine. Sans parler du familialisme qui, au Québec, nous colle à la peau… Bref, cela est un autre sujet. De ce drôle de type de gens, il s’en trouvait au CSA entre les périodes d’activités préparées par les bénévoles. Et souvent, quand nous étions ravis-es de l’état de l’endroit à notre arrivée, et que nous félicitions la bonne volonté des torché-es, un-e comembre nous reprenait en nous disant qu’en fait, c’était tel-le organisateur-ice d’événement qui avait fait torcher sa gang avant leur départ… La période que j’ai connue où le CSA était le plus propre, c’était un été où la majorité des habitant-es étaient parti- es, probablement travailler au BC ou quelque chose du genre que les torché-es font l’été. Très souvent, on ne demandait pas de comptes, on se contentait de torcher, par dégoût du conflit puéril, du sermon et du temps potentiellement perdu à chercher qui avait laissé dans la buanderie ses sacs de plastique déchirés ayant contenu des vêtements don’t on savait qu’ils abritaient possiblement des parasites, après une alerte punaises… Il fut question de barrer les portes du CSA et de ne laisser l’accès qu’aux membres, or on s’est mal vu-es priver les locataires de salle de lavage, ce à quoi iels n’ont pas accès autrement dans le bâtiment, me disait-on. Bref, le point est que la cohabitation d’anarchistes et de torché-es ne fonctionne pas dans la mesure où les premier-ères ont très souvent intérêt à rapidement nettoyer plutôt qu’à tenter de trouver l’enfant-adulte responsible de leur désarroi, car le-la bénévole du CSA est présent-e généralement pour préparer quelque activité imminente. Ainsi, les torchées continuent de se faire torcher et ne sont pas poussé-es à changer leur conduite.

• On a envisagé de priver de moyens d’empiéter sur le CSA par la légitimité que conféraient les processus démocratiques en cours… Or cela n’a semblé qu’un rêve aussi. Quand venait le temps de remettre en question des activités associées à beaucoup de soucis et au caractère punk (jam space, dortoir), les torché-es avaient soudainement la forte envie de participer aux processus démocratiques.

On comprend. Le dortoir, plus particulièrement, est un moyen de garder une force du nombre pour les torché-es: pas mal moins intimidant de se pointer en bas, chez les supposé-es intellectuel-les bourgeois- es, quand une partie de ta gang de torché-es vit en bas. De plus, la communauté des torché-es en est une qui voit ses membres en être longtemps et elle pose sa légitimité là-dessus. En effet, quand est venu le temps de refuser un don de légumes à sécher à L’Achoppe, par manque de place et d’effectif, et de répondre à cet individu qui s’indignait que l’on refusât une telle charité, on rétorqua chez les torché-es: “Ah! Mais un tel, c’est un ami de longue date de L’Achoppe!” – Ouin pis? Qui va inventer la place et coordonner tout ça?… Personne? Bah ta yeule. Je ne compte pas les fois où j’ai entendu dire avec fierté qu’un-e tel-le torché-e avait connu L’Achoppe du temps de telle affaire ou de telle autre, quand c’était pas carrément : “L’Achoppe a toujours été punk et elle restera punk”. Ressort un ton héroïque (le terme est peut-être un peu fort) des paroles de torché-es que je rapporte. Cette durabilité du « projet punk » n’a pas manqué, clairement, de paraître un signe de vitalité… sauf qu’elle est fondée sur l’abus en vérité.

• C’est quoi le “projet punk”? Après un an et demi d’implication à L’Achoppe, je crois comprendre que c’est un paradoxe. C’est l’inconfort, être toujours entre deux chaises, énerver à la manière d’une mouche qui attend sa claque. Ça fait du bruit pour pas grand-chose, ça recherche sa misère… Jusque-là, en dépit de mon ton, on peut y trouver quelque honorabilité: pas évident d’être parvenu-e avec une telle attitude, d’être un traître à sa classe (versus, disons, des représentants syndicaux, avec le respect qu’on croit généralement leur devoir). Or c’est ici que ça se corse: ça a en horreur toute clarification de rapports.

C’est que ça pense bêtement, parce que, on se souvient, ça n’aime pas la théorie, que structure consciemment travaillée = autorité, plutôt que moyen de coordonner les intérêts. Attendez-la, si vous avez la bêtise de vous investir à L’Achoppe à cause du récent appel, la qualification de votre personne d’autoritaire. Ça se pense vertueux en cultivant l’informel. Certes, il leur arrive, aux torché-es, de fréquenter la structure… On a vu pourquoi. En fait ça en veut bien une structure. Il s’agit de celle que j’achève de dessiner ici, informelle, inconsciente. Notez, ce n’est pas pour dire que les anarchistes, versus les torché-es, ont pour fin une seule structure donnée. Seulement, l’anarchisme, du moins celui don’t je suis, refuse le regroupement bête, de ne pas tenter de prendre conscience, en vue d’atteindre ses buts, des rapports qui unissent et désunissent. Puisque la vie est faite de pressions, d’impacts, de glissements, de frottements, de temps, qu’elle conduit. La bonne foi ne suffit pas toujours à la paix. Il faut parfois d’abord chercher à modifier le contexte. Ainsi les torché-es sont bien plus à risque de stagner que les anarchistes.

En conclusion, les torché-es ont tout pour sentir que leur “projet” leur réussit. Chez les torché-es, on méprise la théorie et ce qui dure, pourtant n’a pas manqué la formation de quelque instinct, ou réflexe, par une Achoppe “still punk” et l’ancienneté de certain-es membres de cette communauté… C’est que l’instinct cautionne à la fois le changement et le durable. Il y a stabilité et stagnation, deux termes signifiant des réalités similaires, mais aux connotations différentes. Et il y a changement et mauvaise surprise… C’est bien là le lot des gens qui refusent de réfléchir et choisissent de n’être qu’un paquet de réflexes: ne pas réaliser les contradictions bêtes par lesquelles on trahit les camarades. Il s’agit bien de trahison, puisqu’il s’agit d’exploitation. En effet, il s’agit, quand on travaille au CSA, d’à peine pouvoir profiter de son travail, alors que d’autres, qui ne s’impliquent pas du tout ou seulement quand l’intégrité de leur “projet”, le “projet punk”, est mise à mal, en profitent tout simplement. En tant qu’anarchiste, paraît d’abord un rare lieu d’expérimentation le CSA. On en ressort généralement déçu-e et épuisé-e. Et on part. Ai-je besoin d’expliciter en quoi cela est terriblement néfaste pour le projet anarchiste? Non seulement cela, mais considérez à un niveau plus personnel. Les choix qu’on fait sont vitaux puisqu’ils nous font plus ou moins gagner du temps. Il est, en ce sens, absolument outrageant de voir les torché-es à répétition flouer des travailleur-euses bénévoles, qui ont bien d’autres choses à faire que de s’impliquer dans un centre social tout pourri des murs aux gens. C’est rien moins qu’un vampirisme. Je disais: on peut penser que l’entretien de ce cycle par les torché-es est instinctif; il s’agit de reproduire une situation qui paraît bénéfique, simplement, de faire comme d’habitude. Et l’anarchisme est toujours là… Depuis quand? Plus de dix ans?… pour renforcer sans cesse cet instinct, en se mettant dans des situations où il est difficile de ne pas simplement torcher ou de ne pas finir par partir et être remplacé-e par quelque personne non avertie. On entend souvent en frais d’introduction à l’anticapitalisme: “L’histoire démontre que le capitalisme ne sert pas l’humanité”. Il faudra combien d’anarchistes passé- es et déçu-es par L’Achoppe pour user de la répétition comme argument? Notez que si le CSA avait un homologue dans les environs, on n’en serait sûrement pas là.

Naturellement, si je me fais chier là, je vais voir ailleurs. Or il n’est pas de tiers lieu comme le CSA dans les environs de celui-ci pour lui “faire compétition”. Et si la tendance se maintient dans l’immobilier, il semble que l’acquisition pour un projet de ce genre d’un autre bâtiment par des moyens légaux s’avérera de plus en plus ardue… C’est la raison pour laquelle plusieurs me disaient ne pas vouloir abandonner le projet: “C’est le seul endroit du genre dans le quartier; un lieu désigné pour l’anarchisme, c’est précieux, surtout de nos jours.” Est-il si précieux s’il y a à peine le temps de s’y investir déjà sans les torché-es? Il n’est pas dit, dans ce contexte, que le temps nécessaire à une sensibilisation efficace, s’il en est, auprès des torché-es en est un raisonnable. Et la tendance n’est pas qu’à la difficulté d’acquérir un bâtiment, évidemment; le temps lui-même se fait de plus en plus rare. Il semble qu’on essaie de gagner du temps avec du temps qu’on n’a pas en maintenant une Achoppe à la fois anarchiste et “punk”. En effet, ne désire-t-on pas entre autres du CSA qu’il soit le lieu de réunions par défaut, le lieu de confection de réserves alimentaires, le lieu de recrutement pour diverses organisations? Tout cela a trait au temps, est censé libérer du temps aux anarchistes.

C’est en raison de tout ce qui précède qu’on doit, je pense, miser sur les propositions suivantes:

• Réaffecter les habitations, afin que ces espaces ne puissent plus être occupés par de simples habitant- es qui n’ont aucun scrupule à saper les projets d’anarchistes.

• Ou enfin renoncer au lieu, le laisser aux torché-es (”L’Achoppe a toujours été punk et elle restera punk”), et faire campagne plus ou moins formellement, selon les besoins, pour que les anarchistes ne s’y fassent plus avoir. On verra combien de temps ça tough un centre social mené par rien que des torché-es… L’Achoppe telle qu’on la connaît n’est sûrement pas la seule avenue de l’anarchisme dans Hochelaga. J’ai tenté de rendre évident le fait qu’elle est plutôt une épine dans son pied. D’autres types de projets existent, et qui peut-être ont plus de chance de nous faire gagner du temps.

Nus