Commentaires fermés sur De semences contre la nouvelle prison migrante de Laval
Juin122019
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Ce n’est plus un secret pour personne : l’État canadien a décidé d’investir plus de 56 M$ de dollars pour enfermer des centaines de personnes dans sa toute nouvelle prison migrante en cours de construction à Laval. Le 7 juin dernier nous avons décidé de nous réapproprié ce lieu de souffrance et de deuil afin d’en faire une terre d’espoir et de vie.
Grâce à un don de semences biologiques d’une coopérative agricole québécoise, nous avons semé 490 kg de l’avoine, des pois et des fèves sur les 23 700 mètres carrés du site de construction. Nous espérons ainsi poursuivre les efforts qui sont actuellement déployés par d’autres membres de la communauté. Nous désirons également inspirer d’autres actions visant à bloquer la construction de cet édifice et encourager à la réappropriation collective de ce lieu pour les fins communautaires. Ni prisons, ni frontières !
Rappelons quelques éléments :
En 2017, le Canada détenait près de six milles personnes migrantes, dont 162 mineur·e·s, dans différents types d’institutions carcérales.
La construction de la nouvelle prison à Laval fait parti d’un investissement de 138 M$ de dollars annoncé en 2016 par le gouvernement fédéral dans le cadre du nouveau Cadre national de détention liée à l’immigration (CNDLI). De ce montant, 122 M$ serviront à la construction de prisons pour migrant·e·s. À l’heure actuelle, les firmes québécoises Lemay et Groupe A ont signés des contrats d’une valeur de 5 M$ pour construire la prison de Laval. Le nom de l’entrepreneur général sera annoncé prochainement.
Véritable coup de marketing social, le CNDLI a été élaboré afin de déplacer la discussion sur la légitimité même de la détention de personnes migrantes vers les conditions de détention. Ainsi, le gouvernement fédéral se targue de construire une prison qui n’a pas l’air d’une prison.
Les personnes détenues vivent généralement plusieurs violences physiques et psychologiques aux mains des agent·e·s de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Depuis 2000, au moins seize personnes sont mortes alors qu’elles étaient détenues par l’ASFC.
Pourquoi nous nous opposons cette prison ?
La machinerie étatique canadienne est depuis longtemps au service d’élites économiques dont le seul objectif est, avec la complicité des gouvernements, d’exploiter les ressources des peuples autochtones d’ici et des pays du Sud jusqu’à l’épuisement de toute forme de vie et de richesse. Nul n’est sans savoir aujourd’hui les violences (meurtres, viols collectifs, évictions forcées, etc) et les ingérences politiques dont sont accusées les compagnies canadiennes (Barrick Gold, Goldcorp, Pacific Rim, SNC Lavalin, etc.) en Afrique, au Moyen-Orient, et en Amérique du Sud. Le colonialisme d’hier a fait place à une nouvelle forme de contrôle des corps et des richesses des pays du Sud, celle d’un capitalisme et d’un néolibéralisme débridés qui nous conduit tout droit vers un cataclysme humain et écologique.
Parallèlement, au Nord, les gouvernements favorisent une vision de l’immigration utilitariste où les immigrant·e·s sont uniquement de la main-d’oeuvre bon marché, remplaçable et temporaire. Or, cette main-d’oeuvre immigrante est constituée, rappelons-le, en raison de désastres écologiques (désertification, déforestation, contamination des eaux et de l’air par des polluants, inondations de terre, etc.), de crises économiques et politiques, de famines, de guerres, bref du dérèglement complet de la planète – résultat, disons-le franchement, de la rapacité d’un groupuscule de compagnies et de leurs dirigeant·e·s qui « structurent » l’ordre mondial.
Dans ce contexte, la prison, avec tout ce qu’elle porte en elle de déshumanisant et de mortifère, apparaît comme une stratégie mondiale des pays occidentaux. Leur objectif est double : d’abord, poursuivre un programme économique caractérisé par la spoliation et la capitalisation à outrance par le secteur privé de ressources là où il en reste; ensuite, l’établissement de zones extrajudiciaires dans lesquelles confinées des individus jugés « jetables » ou trop encombrants.
L’investissement de millions de dollars dans la construction de prisons pour migrant·e·s n’est donc pas fortuite, mais répond à des exigences strictement économiques. Il est aussi l’héritage de plusieurs décennies de politiques racistes, xénophobes et coloniales.
En somme, notre opposition à la détention des personnes migrantes s’inscrit donc dans les luttes contre l’impérialisme et le colonialisme.
— Le Collectif Lève-toi contre les prisons et les frontières
Dans les années 1960, aux États-Unis tout comme au Canada, l’homosexualité est toujours interdite ; au niveau légal, on la considère comme un crime. Les personnes homosexuelles sont donc fichées, pourchassées et fréquemment emprisonnées. En plus d’être interdite au niveau légal, l’homosexualité est aussi réprimée au niveau moral. Considérée comme une déviance, elle est pathologisée comme une fonction anormale de l’individu. Avec l’essor de la psychologie au XIXe siècle, l’homosexualité en était venue à être considérée, en Occident, non plus comme un pêché commis délibérément, mais plutôt comme une maladie à guérir. C’est sur cette vision de l’homosexualité comme pathologie, à la jonction entre l’hétéronormativité et la hiérarchie patriarcale, que se fondent la majorité des lois homophobes des états occidentaux au XXe siècle. Bien qu’en Occident, les personnes homosexuelles aient lutté pour leur droit à l’existence depuis le XIXe siècle, cent ans plus tard, bien peu de choses avaient changé. Au tournant des années 1960, on pouvait toujours être licencié pour ses orientations sexuelles ou encore arrêté dans sa chambre à coucher. Les lois régissant l’homosexualité s’étendaient par ailleurs à tout comportement susceptible de remettre en cause les normes de genre.
À New York, notamment, des lois régulaient toujours la façon dont les individus pouvaient (ou ne pouvaient pas) se vêtir. Ainsi, une personne dont l’habillement ne correspondait pas aux normes de genre en place était passible d’arrestation. En 1964, l’Exposition universelle qui se tient à New York fournit l’excuse miracle au maire de la ville, qui en profite pour « nettoyer » la ville de ses « vices » : des mesures sont prises qui comprennent l’arrestation de nombreux homosexuels dans les espaces publics, piégés par des policiers en civils. Quelques années plus tard, le maire de Montréal, Jean Drapeau, instaurera lui aussi une opération de « nettoyage » dans le cadre des préparatifs de l’Exposition universelle de 1967 : en plus de cacher les taudis derrière des panneaux de bois, plusieurs établissements qu’on estime « louches » se verront forcés de fermer, dont plusieurs bars LGBTQ+.
Barbara Gittings, militante des Daughters of Bilitis de New York, imprimant la première publication lesbienne distribuée à l’échelle des États-Unis, The Ladder.
Dès les années 1950, aux États-Unis, sont créées deux associations qui militent pour les droits des homosexuels et des lesbiennes : The Mattachine Society, fondée par des militants communistes à Los Angeles et The Daughters of Bilitis, une organisation lesbienne basée à San Francisco. À la fois lieux de lutte et de socialisation, ces organisations restent pourtant marquées par un conservatisme social et une homophobie internalisée qui minent leurs efforts. Ainsi, on joue dans la conformité en se gardant bien, par exemple, de se montrer en couple en public. On insiste sur la « respectabilité » pour contrecarrer l’image de « déviant.e » associée aux personnes homosexuel.les et on se rassemble dans le secret. Dans une société où les pratiques hétérosexuelles sont érigées en normes absolues et où tout autre type de pratiques sexuelles ou de rapports amoureux sont considérés comme des déviances et réprimés avec violence, ces organisations inspirées par le mouvement des droits civiques cherchent surtout à faire en sorte de convaincre le grand public que les homosexuel.les sont des citoyen.nes ordinaires qui méritent le respect. Ce n’est que quelques années plus tard, vers le milieu des années 1960, qu’émerge une véritable affirmation de soi homosexuelle, en rupture ouverte avec les normes conservatrices des sociétés occidentales. Dès lors, il n’est plus question d’adhérer aux dires homophobes des « scientifiques » ; par le biais de journaux et d’autres médias, de l’information politique contestant l’hétéronormativité est diffusée et les militant.es manifestent ouvertement pour leurs droits à l’existence et à la différence. Le droit à l’emploi, le droit de ne pas être maltraité.es par les autorités ainsi que plus largement les droits à la considération et à la dignité sont mis de l’avant. C’est dans ce contexte qu’auront lieu les émeutes de Stonewall, en juin 1969. Considérées comme « l’acte de naissance » d’un nouveau mouvement de lutte radical, ces émeutes de la dignité propulseront les luttes LGBTQ+ au rang de lutte de libération.
Un groupe de jeunes gens célèbrent devant le Stonewall Inn, situé au 53 Christopher Street, après l’émeute qui a eu lieu le week-end du 28 juin 1969.
Le Stonewall Inn, situé à Greenwich Village, est dans le New York des années 1960 un des principaux lieux fréquentés par une foule éclectique LGBTQ+. Gais et lesbiennes de toutes origines, trans, drag-queens et travesti.es de New York s’y retrouvent pour danser ; la danse entre couples homosexuels étant proscrite dans tous les autres bars de la ville. Bar semi-privé tenu par la mafia, le Stonewall Inn reste un des seuls établissements relativement épargnés par les rafles policières, les propriétaires du bar tirant de faramineux profits de leur arrangement avec la police et de la fréquentation ininterrompue de l’endroit par une population marginalisée partout ailleurs.
Au tournant des années 1960, les descentes de police sont affaire courante dans les bars gais – ou dans tout autre lieu considéré comme espace de rencontre pour les personnes LGBTQ+. Avec la prétention de contrôler « les bonnes mœurs », la police fiche tous ceux et celles qu’elle estime contrevenir à celles-ci ; la répression s’abat particulièrement sur les personnes ne respectant pas les normes de genre en place. Mais au Stonewall Inn, les raids habituels des policiers sont connus à l’avance (grâce à la mafia qui profite de son rôle d’entremetteur entre les flics et les personnes fréquentant le bar), et un système efficace de prévention est établi pour réduire les arrestations. Lorsque les policiers entrent, les lumières blanches du bar (habituellement fermées) s’allument – dès lors, tous les couples homosexuels changent de partenaire pour former un « couple » hétérosexuel « acceptable ». Malgré tout, les raids policiers font beaucoup de dégâts : une fois entrés, les policiers somment les occupant.es du bar de se mettre en rang et de présenter leurs pièces d’identités. Ceux et celles qui n’en ont pas sont arrêté.es. Au delà du contrôle des mœurs sexuelles, les raids cherchent aussi à contrôler et à maintenir les normes de genre. On impose, par exemple, aux lesbiennes de porter au moins trois pièces de vêtements genrés féminins. Quant à la procédure de contrôle de l’apparence physique, elle relève de l’horreur : les personnes considérées comme travesties sont amenées aux toilettes par une agente, afin de vérifier que « leur sexe » correspond bien à leur présentation extérieure. Toutes les personnes habillées de la « mauvaise manière » sont aussi arrêtées. À ces violences homophobes et transphobes s’ajoutent les violences racistes que vivent une grande partie des client.es du Stonewall. Malgré tout, le Stonewall Inn est un des seuls établissement qui persiste à rouvrir ses portes après les raids – l’arrangement entre la mafia locale et la police constituant probablement une des causes majeures de la longue existence du bar dans ces années de répression féroce.
Pourtant, dans la nuit du 28 juin 1969, tout ne se passe pas comme à l’habitude. Prétextant une violation des réglementations concernant les permis d’alcool et cherchant à coffrer à la fois les propriétaires du bar et les client.es, la police organise une descente surprise. Ce soir là, c’est plus de 200 personnes qui se trouvent dans le bar. D’abord, tout semble aller comme à l’habitude. Mais les policiers rencontrent soudain de la résistance. Les travesti.es refusent pour la première fois de suivre les agentes aux toilettes. Puis, les autres occupant.es refusent de présenter leurs cartes d’identité. La police arrête conséquemment presque l’entièreté de la clientèle, qu’elle sort au compte-goutte du bar. Bientôt, une foule formée de curieux.ses et de ceux et celles qu’on a relâché.es s’amasse à l’entrée du bar. Encouragé.es par la foule, les arrêté.es résistent de plus en plus aux policiers. Alors qu’à l’intérieur les gens s’opposent à leur arrestation, à l’extérieur, c’est sous une pluie de sous, de verres et de bières, aux cris de « Gay Power ! » que la police doit opérer. Dépassée, elle doit appeler des renforts, pendant que les arrêté.es laissé.es sans surveillance s’enfuient de la camionnette où on les a placé.es. Dehors, la foule trouve bientôt un chantier de construction dans lequel elle s’équipera en munitions. L’insurrection spontanée prend de l’ampleur, et bientôt, la dizaine de policiers présents doit se barricader dans le bar, pour éviter les briques et la foule enragée.
« Nous avions tous le sentiment collectif que nous en avions assez de ce genre de merde. Ce n’était pas quelque chose de tangible, que quiconque ait dit à qui que ce soit ; c’est un peu comme si tout ce qui s’était accumulé au fil des années était arrivé à son paroxysme au cours de cette nuit particulière à un endroit donné, et ce n’était pas une manifestation organisée… Tout le monde dans la foule sentait que nous ne reviendrions jamais en arrière. […] Et nous avons senti que nous avions enfin la liberté, ou la liberté de montrer au moins que nous réclamions la liberté. Nous n’allions pas marcher tranquillement dans la nuit et les laisser nous brutaliser – c’est comme si vous vous teniez debout pour la première fois et avec force, et c’est ce qui a surpris la police. Il y avait quelque chose dans l’air, la liberté attendue depuis longtemps et nous allions nous battre pour l’obtenir. Ça a pris différentes formes, mais l’essentiel était que nous n’allions pas nous en aller. Et nous ne l’avons pas fait. »
Michael Fader
Une scène d’émeute à l’entrée du Stonewall Inn, 28 juin 1969.
Le reste de la nuit se déroule comme une partie de chat-et-souris entre policiers et émeuti.ères, qui sont maintenant plus de deux milles. À la fin de la nuit, le verdict est tombé : les émeuti.ères ont gagné. Les policiers sont vaincus et humiliés par ceux et celles qu’ils humiliaient chaque jour depuis des années. L’annonce de cette victoire se répand rapidement : le lendemain, c’est encore plus de gens qui se rassemblent devant le lieu de la première émeute et continuent les festivités. Et il en est ainsi chaque soir jusqu’au 2 juillet…
Les émeutes de Stonewall ont ceci de particulier, que les premier.es acteur.ices de cette lutte de résistance faisaient aussi partie des populations les plus marginalisées et les plus violentées de la société : de jeunes homosexuels racisés et poussés à l’itinérance par l’exclusion, des femmes trans, souvent elles-aussi racisées qui n’avaient « nulle part où aller », des butchs, des drags-queens… Stonewall fut réellement le moment où tout ceux et celles dont l’identité et l’existence faisaient constamment l’objet de la répression et de la violence de la part de l’état et de la société se sont levé.es. Les nouvelles de l’émeute font bientôt le tour du monde et donnent le coup d’envoi de centaines d’initiatives pour la libération LGBTQ+. En plus de l’effervescence spectaculaire autour des organisations pour les gais et lesbiennes se développent des organisations centrées sur les besoins et les revendications des drags-queens et des personnes trans et queer, longtemps invisibilisées (et rejetées) dans les luttes des décennies précédentes, non seulement au sein des organisations gais et lesbiennes, mais aussi au sein des organisations féministes.
Marsha P. Johnson, militante, drag-queen et travailleuse du sexe, co-fondatrice du Gay Liberation Front, distribuant des dépliants en faveur de l’organisation à New York.
L’effervescence née des émeutes de Stonewall donne l’impulsion à une critique radicale, par les organisations nouvellement crées, de l’hétéronormativité et des normes sociales de genre. Le mouvement pour les droits civiques se transforme rapidement en un véritable mouvement révolutionnaire. Celui-ci prône non seulement le renversement des normes conservatrices définissant les genres, la famille et la sexualité et l’auto-organisation des personnes LGBTQ+ pour répondre à leurs propres besoins, mais aussi la contestation des autres inégalités sociales et systèmes d’oppressions. C’est dans ce but que sont créées des organisations comme le Gay Liberation Front. Au niveau de l’auto-défense, des militant.es comme Storme DeLarverie arpentent les rues de New York et défendent par les armes les lesbiennes des violences homophobes. À New York, notamment, Sylvia Rivera et Marsha P. Johnson fondent l’organisation STAR (Street Transvestite Action Revolutionaries), un collectif révolutionnaire qui développe un réseau d’entraide pour les travailleur.euses du sexe trans et pour toute la jeunesse queer qui n’a nulle part où aller. D’abord installé dans un stationnement, l’espace collectif déménage bientôt dans un réel bâtiment, où non seulement les jeunes de la rue sont accueilli.es, mais où les tendances socialistes de l’organisation se déploient : on s’auto-organise pour s’offrir des cours de lecture et d’écriture, on offre vêtements, nourriture et soins à ceux et celles qui en ont besoin… Dans son manifeste (publié en 1970), STAR réclame une éducation, des logements et des soins de santé gratuits pour toutes les personnes opprimées, prennent position contre la violence policière et conçoivent la libération LGBTQ+ dans un tout, ce qui les distingue des groupes plus réformistes qui cherchent surtout la reconnaissance de leurs droits dans la société civile. Sylvia Riviera et STAR rejoignent bientôt le Young Lords Party, une organisation révolutionnaire de la jeunesse porto-ricaine.
En 1970, Sylvia Rivera et Marsha P. Johnson co-fondent Street Transvestites Action Revolutionaries (STAR), avec pour premier objectif de fournir un logement aux personnes trans sans abri.
Au Canada, le mouvement pour la libération LGBTQ+ suit à peu de différence près la même évolution qu’aux États-Unis. Là aussi, les émeutes de Stonewall viennent donner force et courage à une génération de militant.es qui mettent sur pied de nouvelles initiatives. Si les luttes des années précédentes ont permis de décriminaliser l’homosexualité, la partie est loin d’être terminée. Au Québec, c’est surtout les luttes des gais et lesbiennes qui domineront le paysage politique : en 1971 est fondé le Front de Libération Homosexuel. L’organisation, liée à la revue contre-culturelle Mainmise, est le premier groupement de gais et lesbiennes francophones de Montréal. Le FLH, dont le nom rappelle volontairement celui du Front de Libération du Québec, est influencé par le nationalisme révolutionnaire en vogue a l’époque. Mais malgré la large popularité du FLH (en quelques mois, plus de 200 personnes y adhèrent), la répression féroce et des désaccords internes sur la vocation et la structure du groupe viendront à bout de l’organisation en moins d’un an…
En 1972, c’est Gay McGill qui prend le relais du FLH, en organisant surtout des soirées dansantes. Face au sexisme des hommes dans les organisations, plusieurs femmes font sécession et fondent en 1973 l’organisation Montreal Gay Women. En 1973 également ouvre la librairie l’Androgyne (1973-2002) première librairie gaie et lesbienne au Québec, fruit des efforts collectifs et bénévoles de militant.es, qui deviendra en 1983 une entreprise privée. Ce large mouvement de libération verra aussi son lot de publications militantes et l’établissement de plus en plus manifeste de lieux ouvertement gais et lesbiens. Pourtant, pendant longtemps (et encore aujourd’hui) la répression des établissements publics associés aux communautés LGBTQ+ reste prégnante : en décembre 1977, à Montréal, le bar Truxx est la cible d’une violente descente policière qui mène à l’arrestation de centaines de personnes. En réponse à cette descente brutale, des manifestations sont organisées qui rassemblent des milliers de personnes dans ce qui deviendra un véritable « Stonewall montréalais ». Mais la répression des établissements publics LGBTQ+ se poursuit pourtant à Montréal, et en 1990 a lieu une énième une descente, cette fois-ci au Sex Garage, où les 400 client.es principalement trans, gais et lesbiennes du bar sont une fois de plus brutalisé.es et humilié.es par la « police des mœurs ».
Le mois de juin marque, chaque année, l’anniversaire des émeutes de Stonewall. Ces jours d’émeutes, dont la nouvelle s’est diffusée comme une traînée de poudre, ont été le catalyseur d’un mouvement de libération sans précédent et mondial. Elles ont permis à des millions de gens de retrouver la fierté d’être soi, malgré l’opiniâtre opposition d’une société patriarcale, homophobe et transphobe. L’émergence d’une critique radicale des catégories de genre et de l’injonction à l’hétérosexualité ont contribué à remettre en question des normes longtemps déterminées par le pouvoir et régies par les lois des états. Cette critique, encore et souvent bien mal reçue tant à droite qu’à gauche, est pourtant fondamentale si nous voulons nous permettre de repenser les rapports sociaux, le rapport à soi et le rapport aux autres. Cette réflexion est partie prenante d’une lutte pour la transformation radicale d’un monde qui nous fait violence. Les initiatives militantes impulsées par Stonewall, qui adressent non seulement les questions de sexualité et de genre, mais aussi les questions du racisme, de l’impérialisme et des classes sociales le montrent bien.
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Pour en savoir plus sur l’histoire des luttes gaies et lesbiennes au Québec, on consultera avec profit le remarquable travail des Archives gaies du Québec, qui proposent, en plus du centre physique d’archives dont ils s’occupent, de nombreux documents numérisés et des fiches informatives en ligne. On consultera aussi (en anglais) le site d’Arquives, qui rend disponible en ligne des documents et images d’archives des luttes LGBTQ2+ au Canada. La plupart des articles sur les émeutes de Stonewall, ainsi que plusieurs interviews de figures phares de ces années de luttes (Marsha P. Johnson, Sylvia Rivera, Miss Major Griffin-Gracy, entre autres) sont aussi en anglais. Nous vous proposons cet article (également en anglais), qui rappelle le caractère collectif des émeutes de Stonewall, au delà des figures mythiques auxquelles on en attribue l’origine.
Depuis 1873, le gouvernement canadien utilise la GRC et tous les services de police à leur disposition pour envahir par la force les territoires autochtones, aidant à voler leurs terres pour leurs ressources et les assimiler.
Dans l’ouest, sur le territoire de Wet’suwet‘en, dans le nord de la Colombie-Britannique, la GRC continue d’harceler les individus qui rentrent chez eux et en partent, s’emparant de leurs voitures et larguant mères et jeunes dans la nature.
De plus, la police continue d’empêcher les Wet’suwet’en d’avoir librement accès aux zones de chasse et de pêche et, durant la période de dégel printanier, aux zones où il est possible de cueillir des fruits rouges et des médicaments pour soigner les maladies organiser les cérémonies. Tout cela au nom et au profit de TransCanada/TC Energy.
A l’est, sur les rives du Sipekne’katik (rivière de Shubenacadie), en territoire Mi’kmaq occupé, nous voyons la GRC satisfaite une fois de plus une autre société d’énergie destructrice : Alton Gas. En avril dernier, la GRC a investi par la force et sans autorisation sur le territoire, arrêté et inculpé trois grand-mères micmaques. Ces arrestations interviennent après deux ans de lutte de la communauté autochtone visant à empêcher l’accès au chantier d’un projet qui va dévaster le fragile écosystème du Mascaret.
Les autorités du maintien de l’ordre colonial continue à intervenir et à empiéter les territoires où elles ne sont pas les bienvenues, toujours en faveur des profits de l’industrie et de l’État. Le 8 mai, nous avons même vu la police provinciale de l’Ontario (OPP) arrêter et inculper un individu de Wahta Mohawk pour « intrusion », et ce sur son propre territoire, après s’être affronté à la bande du conseil du gouvernement pour « corruption ».
Nous voyons ces moments et ces luttes pour l’autodétermination autochtone et la remise en état du territoire pour ce qu’ils sont : courageux et nécessaires.
Nous soutenons celles et ceux qui revendiquent ce qui leur a été volé et corrigent ce qui leur paraît injuste en faisant ce que nous pouvons faire maintenant, en attaquant les appareils de l’État qui harcèlent sans cesse, entravent et criminalisent les peuples autochtones.
Dans la nuit du 12 mai, un groupe de gens ordinaires a tenté d’être courageux.
En ciblant pour la deuxième fois le bâtiment de Stoney Creek dans l’histoire récente de la GRC, des individus ont trouvé le moyen d’atteindre les véhicules privés de la GRC et d’en mettre le plus grand nombre possible hors-service.
Nous avons repeint leurs véhicules avec des bombes de peinture, mis de la crème de gravure pour causer des dégâts plus conséquents puis verser de l’eau de javel dans les réservoirs d’essence qui étaient accessibles.
Il nous plaît à penser que nous avons rendu pour une courte période les choses un peu plus sûres ici.
Un petit geste de gratitude pour ceux et celles qui font réellement honneur à notre mère, à l’occasion du jour des mères.
Nous lançons un appel à l’implication et à l’action. Un appel à prendre au sérieux ces luttes, autant que sont pris aux sérieux des engagements envers la famille, le travail, l’école ou la communauté. Nous faisons appel à chaque personne s’étant déjà considérée comme une « alliée » : commencez à vous organiser et à vous mobiliser en prévision de ce qui est inévitablement à venir. Que serez-vous prêt.es à faire quand les Mi’kmaq and les Wet’suwet’en devront une fois de plus défendre physiquement leurs territoires contre la violence coloniale ? Comment vous préparez-vous pour les événements qui se trament depuis deux ans, depuis dix ans ? Les communautés autochtones continuent de mener leur bataille de 300 ans contre le colonialisme et le contrôle étatique. Les colons peuvent (et devraient) maintenir le second front.
Commentaires fermés sur Une belle manière de passer la soirée
Mai302019
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Il y a quelques nuits, nous sommes tombées sur un véhicule de la compagnie Englobe. Englobe est une compagnie d’ingénierie de l’environnement qui a reçu le contrat pour effectuer l’évaluation du site de la future prison pour migrants de Laval. Nous avons détruit son pare-brise, lacéré chacun de ses pneus et taggé sur son flanc “No Migrant Prison”. C’était une manière spontanée et plutôt facile d’exprimer notre colère contre ceux et celles qui sont impliqué-es dans la construction de cette prison. Nous espérons que ça aura empêché au moins un-e travailleur-euse à se rendre au travail le lendemain.
C’était peut-être un petit geste, mais il était facile à faire. Les voitures de ces compagnies sont partout. Fuck toutes les prisons et tous-tes ceux et celles impliqué-es dans leur construction.
Nous reproduisons ci-dessous le message du Collectif 7 À NOUS (que vous apercevez sur la photo prise au Bâtiment 7) qui tient à se dissocier d’un événement (22 au 24 mai 2019) que certains auraient tendance à mêler volontairement, pourtant deux projets aux antipodes quant aux buts et à la philosophie.
DUR LENDEMAIN
Cette semaine s’est ouvert à Pointe-Saint-Charles, sous le thème de « demain », la version 2019 de C2 Montréal (C2, pour commerce et créativité). C2 Montréal, c’est la foire commerciale « la plus avant-gardiste au monde » (intelligence artificielle, biotechnologie, « écoresponsabilité », yoga avec chèvres, menu végétalien et ainsi de suite), à 1 600$ la journée. Alors que notre quartier est décimé depuis des années par l’embourgeoisement, la grande classe d’affaires vient se pavaner chez nous pour se donner une image d’avant-garde. C2 Montréal est en effet un habitué des lieux excentrés au fort potentiel de « développement » et de « créativité ». Il est donc tout naturel que la Pointe leur soit tombée dans l’œil.
De fait, l’embourgeoisement utilise comme l’un de ses moteurs une fausse image de marque créée de toute pièce par les promoteurs immobiliers, la classe d’affaire en général et les instances étatiques et municipales. Alors qu’il y a 20 ans, la Pointe était parsemée d’édifices en ruine ou abandonnés et que la misère y était partout visible, le quartier est maintenant présenté comme le nec plus ultra de la vie urbaine, en effaçant son histoire et sa vie ouvrière, sa misère qu’on a déportée à coups de hausses de loyers. C’est beau la démocratie; pas besoin d’armée ou camps pour déplacer des gens, on n’a qu’à laisser « le marché » faire le travail « naturellement » en montant le coût de la vie, logement en premier.
Dans ces conditions, pas surprenant que Stephen Bronfman soit l’un des promoteurs de C2 Montréal, lui qui veut nous achever par la construction d’un stade de baseball à nos portes. Pas surprenant non plus que Guy Laliberté se retrouve parmi les conférenciers invités, lui qui avait voulu nous faire le même coup il y a 15 ans en déménageant le Casino de Montréal à l’endroit où on se trouve actuellement. Pas surprenant enfin qu’en plus du 1 600$ par jour (alors que l’événement fait appel à des bénévoles), on offre aux participant-e-s de payer un 25$ supplémentaire pour la réduction de l’empreinte écologique, comme si l’argent suffisait à faire un monde meilleur, comme si on pouvait acheter sa bonne conscience et sa vertu.
Voilà tout C2 Montréal : du tape-à-l’œil et de l’argent; du vent et rien d’autre. « Demain » ne se trouve pas dans le flot déraciné, impersonnel et éphémère du gros argent; il est dans l’enracinement dans une communauté forte, dans un tissu humain vivant, dans la (re)construction d’une collectivité capable de prendre son avenir en main. “Demain” n’est pas à C2 Montréal; il est dans le présent qu’on construit ensemble, et nous voyons comme une agression et une menace sa présence dans notre quartier.
Commentaires fermés sur Le monument Macdonald et la statue de la reine Victoria vandalisés à nouveau à Montréal
Mai182019
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Au début du week-end de la fête de Victoria, le monument Macdonald et la statue de la reine Victoria à McGill ont de nouveau été vandalisés. Les anarchistes de mai à Montréal (MMA) ont vandalisé le monument Macdonald à la peinture verte anti-coloniale et la statue de la reine Victoria à la peinture rouge anti-impérialiste.
Selon le groupe #MacdonaldMustFall à Montréal: « John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones avec la création du système brutal des pensionnats ainsi que d’autres mesures destinées à détruire les cultures et les traditions autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non blancs au Canada, promouvant ouvertement la préservation d’un Canada dit «aryen». Il a adopté des lois pour exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel. »
Et dans les mots de la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin: « La présence de statues de la Reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités. Le règne de la reine Victoria a représenté une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne a représenté un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué. »
Les statues de Macdonald et Victoria devraient être retirées de l’espace public. En tant qu’artefacts historiques, elles devraient être entreposées, soit dans les archives ou les musées. L’espace public devrait plutôt célébrer les luttes collectives pour la justice et la libération et non pas la suprématie blanche et le génocide.
Montréal Antifasciste a récemment publié un long dossier sur l’organisation néofasciste Atalante Québec. On peut notamment y découvrir les liens avec des organisations à l’internationale, le projet politique du groupe inspiré du fascisme ainsi qu’une identification des principaux membres du groupe à Québec et à Montréal.
La partie consacrée au band RAC Légitime Violence nous a montré que ce genre d’organisation a besoin d’investir certains terrains, notamment des scènes musicales contre-culturelles, en particulier la scène métal, le tatouage, la politique, les universités, les jeux grandeur nature pour recruter. Le travail d’identification est donc encore loin d’être terminé.
Nous publierons dans les prochains mois une série de courts articles intitulée « Atalante et ses partisan.e.s ». L’objectif est d’y présenter des personnalités publiques, membres ou proches d’Atalante, qui participent à leur façon à populariser et à normaliser l’organisation.
Dans cette seconde partie nous nous penchons sur la scène folk et nous vous présentons le groupe FolkYou, dont au moins trois de ses membres ont des liens avec l’extrême-droite et notamment avec Atalante Québec. Ces liens permettent d’expliquer pourquoi Légitime Violence trouve facilement une salle lorsqu’elle veut jouer à Québec : le Studio Sonum.
Sylvain « Vevin » Cloutier, le « repenti »
Sylvain Cloutier, alias « Vevin » avec ses tatouages bien visibles du Ste-Foy Krew, 1488 et du soleil noir.
La plus récente photo sur le compte Facebook de Sylvain « Vevin » Cloutier le montre avec un t-shirt du groupe métal d’extrême-droite Graveland. La photo date du 25 janvier 2019 lors d’un concert de son autre groupe, Neurasthene.
« De suprémaciste blanc à chanteur folk », c’est ainsi que Le Soleil titrait un article consacré à Sylvain Cloutier, chanteur du groupe FolkYou en mars 2018. Cet article nous faisait part de la supposée rédemption du musicien après plusieurs années passées au sein de l’extrême droite la plus radicale de la ville de Québec.
Ste-Foy Krew, la Fédération des Québécois de souche, les groupes de musique néonazis Prison Bound, Elyab et Dernier Guerrier ont tous pu compter dans leur rangs « l’étudiant au baccalauréat en musique de l’Université Laval ». Ce dernier est également apparu dans des groupes comme La Ferraille dans lequel il se déguisait en pirate..
«Être un gros chr… de raciste et être un nazi, c’est stupide. Du racisme et du nazi, tu n’en trouveras jamais dans Folk You.» assurait « Vevin » Cloutier tout en ajoutant : «S’il y a des gens qui veulent me faire tomber moi, fine, mais pas le reste de Folk You. Je ne veux pas que la m…. retombe sur le reste de mon band, car ils n’ont absolument rien à voir là-dedans».
Après enquête, nous pouvons affirmer que ces déclarations étaient bel et bien fausses. En effet, il n’a pas fallu chercher longtemps pour trouver non pas un mais bien deux autres suprémacistes blancs associés à FolkYou et ce, depuis la fondation du groupe.
Sylvain « Vevin » Cloutier (à droite) accompagné du membre d’Atalante, Mathieu Bergeron. La photo est prise lors d’un concert du groupe Légitime Violence au Studio Sonum. À noter que Cloutier porte un t-shirt néonazi Vinland Misanthropic Division.
Steve « Rebel », le co-fondateur
Fondé en 2014, FolkYou semble surtout être composé d’un noyau dur formé par Sylvain Cloutier, Félix Latraverse et un autre individu surnommé « Steve Rebel ». Si les liens avec l’extrême droite de FolkYou n’ont pas toujours été évidents à démontrer, ce n’est vraiment pas le cas pour monsieur « Rebel ».
En effet, le joueur de banjo affiche fièrement un tattoo « 1488 » sur ses jointures. Sa photo de profil la plus récente publiée sur Facebook ne laisse d’ailleurs aucun doute sur ses allégeances politiques néonazies, lui qui porte une patch de la Totenkopf.
Étrangement, « Steve Rebel » semble quitter le groupe quelques semaines avant la publication de l’article du Soleil, en 2018. Coïncidence?
Félix Latraverse, le guitariste
Le trio fondateur de FolkYou, Steve Rebel, Sylvain Cloutier et Félix Latraverse (de gauche à droite).
En décembre 2018, Montréal Antifasciste publiait un dossier complet sur le groupuscule néo-fasciste Atalante Québec. C’est au sein de ce dossier que nous retrouvons un peu plus d’informations sur le troisième membre fondateur de FolkYou, Félix Latraverse, qui a notamment paradé avec Atalante Québec en septembre 2016.
En effet, en plus de jouer dans FolkYou depuis la fondation du band, Latraverse se trouve également à être le plus récent guitariste du groupe phare d’Atalante, Légitime Violence. Il a d’ailleurs pu en profiter pour se rendre en Europe en novembre 2018 avec ces derniers pour une tournée musicale. Ensemble, ils ont pu visiter les plus belles destinations néo-fascistes des vieux continents.
Félix Latraverse lors de sa tournée européenne aux côtés de Légitime Violence.
Latraverse est également un musicien ayant participé à de nombreux projets musicaux, particulièrement dans la scène métal. C’est exactement le genre de personne qui peut faciliter les liens entre Atalante, c’est-à-dire la politique, et les contre-cultures musicales. Sous le pseudonyme de « Fix », ou encore « Ti-Wis », le musicien a pu jouer dans les groupes Neurasthène (avec Sylvain Cloutier, également de FolkYou), Haeres, Aborgnon, Délétère, Blood Plot, Hollentur, Hymen, Dimentia et Dèche Charge, notamment.
Félix Latraverse a participé à un défilé d’Atalante dans les rues de Québec en 2016.
Studio Sonum, le dernier retranchement
Le dossier produit par Montréal Antifasciste nous apprenait également que Félix Latraverse travaille au Studio Sonum à Québec. Bizarrement, les derniers concerts de Légitime Violence (qui ne semblent plus être les bienvenus dans la majorité des salles de spectacles de la capitale) semblent tous avoir eu lieu justement au Studio Sonum. Encore une drôle de coïncidence, n’est-ce pas?
Studio Sonum, ce sont des locaux de répétition et des studios d’enregistrement pour musiciens qui sont situés dans le quartier Saint-Sauveur à Québec. Plusieurs bands y ont des locaux, dont La Corriveau, Never More Than Less et Sons of Disgrace. Selon un vidéo promotionnel produite par l’entreprise et diffusé sur Youtube, il semble également que les membres de Légitime Violence soient des clients réguliers du Studio.
Pourquoi Studio Sonum, non seulement, tolère d’avoir un groupe de musique d’extrême droite entre ses murs, mais va même jusqu’à utiliser l’image de Légitime Violence dans ses publicités? Pourquoi l’entreprise accepte-t-elle que des concerts abritant la crème de la mouvance néo-fasciste québécoise y soient tenus? Est-ce seulement une manigance de leur employé, Latraverse, ou est-ce que l’administration est au courant? Dans tous les cas, il est troublant de voir un commerce ouvert au public permettre le déploiement de drapeaux d’Atalante en son sein.
Le groupe Légitime Violence qui apparaît dans une vidéo promotionnelle du Studio Sonum produite en 2017.
En haut, photo promotionnelle de la salle de spectacle de Studio Sonum. En bas, Légitime Violence lors de leur dernier concert à Québec. Difficile de ne pas reconnaître l’endroit.
Une infiltration réussie
À travers le temps, FolkYou a réussit à s’infiltrer au sein de la scène musicale de Québec et à passer pour un groupe lambda. Chemin faisant, la formation a pu se produire en première partie de groupes folk n’ayant rien à voir avec l’extrême droite tels que Québec Redneck Bluegrass Project, Les Chiens de Ruelles, Irish Moutarde et Capitaine Salaud.
De plus, le groupe a aussi réussit à jouer à La Ninkasi, à l’Anti, à La Barberie, au Festival celtique de Québec ainsi qu’aux festivités de la St-Patrick organisés par la ville de Québec. Ils ont également pu se produire lors d’événements organisés par les municipalités de Sorel-Tracy et de Sainte-Flavie.
Ne nous laissons pas berner, aucun milieu n’est imperméable aux idées d’extrême droite, comme nous pouvons le voir avec la scène folk, une scène qui est généralement assez progressiste. C’est en jouant sur la confusion que le groupe a pu aussi bien réussir à passer entre les mailles du filet et se produire dans des salles qui n’auraient certainement pas tolérer la présence de groupes ouvertement d’extrême-droite.
Il incombe donc à tout le monde impliqué au sein d’une scène culturelle de faire attention et de se renseigner sur les groupes qui existent en son sein. Il est temps que les producteurs, les propriétaires de salles de spectacles, les groupes de musique soient mis au courant du vrai visage de FolkYou. À notre humble avis, ce band devrait être barré de l’ensemble du réseau musical, tout simplement.