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Des bannières de célébration du 150e du Canada détruites sur le pont Mercier

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Juil 102017
 

Près d’une semaine après que les nouvelles bannières célébrant le “Canada 150” aient été installées sur le pont Mercier, plusieurs avaient déjà été réduites en lambeaux.

Bien joué, les vandales!

Dernière heure: les gens n’aiment toujours pas la police

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Juil 102017
 

From Instagram

Le matin du 21 juin dernier, une voiture de police a été attaquée avec des briques dans le quartier de Pointe-St-Charles. Les circonstances de l’attaque sont inconnues puisqu’elles n’ont pas été raportées par le SPVM ou les médias. À quelle fréquence de tels actes arrivent-ils sans que personne n’en entende parler, parce qu’elles sont invisibilisées par les institutions contrôlant les flux d’informations ?

Il est impossible de dire ce qui a inspiré une telle action hier matin, et nous désirons éviter le piège d’y apposer un narratif politique qu’elle n’en a pas nécessairement un. Néanmoins, entendre parler de cette voiture de patrouille détruite nous a inspiré et procuré des sentiments d’allégresse. Nous publions cette photo, parce que peu importe les circonstances, il est encourageant de voir des gens répliquer contre un vieil ennemi.

Pointe-St-Charles se gentrifie rapidement, et la présence policière a augmenté pour faciliter le nettoyage social que la gentrification requiert. L’année dernière, à Pointe-St-Charles, des anarchistes ont rendu hors d’usage une voiture de police en employant des tactiques similaires à celles d’hier, et ce en plein jour.

Nous espérons voir la résistance se multiplier face à la violence quotidienne de la police. Nous voulons que la peur change de camp.

Une installation du Canada150 recouverte de peinture à Montréal… et une proposition

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Juil 102017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Le vendredi 16 juin, des anarchistes ont vandalisé une installation faisant la promotion du 150e anniversaire du Canada – célébrant l’assassinat de personnes autochtones et le vol de leurs terres (entre autres). Un immense panneau d’affichage “Canada150” se trouvant au-dessus d’un stand d’information de Parcs Canada, a été couvert de peinture noire, alors qu’étaient collés à proximité des posters anti-coloniaux sur une affiche commémorant Sir Wilfred Laurier.

Le lieu choisi se situe près de deux destinations touristiques importantes, le Canal Lachine et le Marché Atwater. Le timing des actions a été prévu afin que les foules du week-end ne ratent pas la redécoration. Samedi après-midi, la peinture n’avait pas été nettoyée.

Nous avons été inspiré.es par les appels ayant largement circulés dans les derniers mois qui invitaient à perturber le Canada150, la célébration du génocide autochtone. En tant que personnes vivant dans des villes canadiennes et désirant saboter la machinerie économique, politique et symbolique de l’état colonial, nous encourageaons une attaque diversifié contre Canada150.

Des actions subversives et hautement visibles contre les installations de Canada150, aussi bien qu’avec les statues et les monuments, peut perturber le narratif officiel soulignant l’unité d’un pays diversifié dont la célébration est méritée. Ici, à Montréal, où le 375e anniversaire de la ville est célébré en tandem avec Canada150, nous pouvons trouver des opportunités de faire une pierre deux coups.

Les cibles sont partout puisque la colonisation mobilise toutes les facettes du capital et du pouvoir de l’État canadien. Vendredi, par exemple, la propriété de Parc Canada – une agence fédérale qui semble innofensive au premier abord – a été endommagée. La plupart des parcs du Canada se trouvent sur des territoires autochtones traditionnels. La conversion de ces territoires en parcs provinciaux et fédéraux est un facteur important l’histoire du génocide des autochtones par le Canada et pour le projet canadien actuel. Ces zones, autrefois des maisons, des territoires de chasse et des territoires de cueillette à partir desquels les gens pouvaient subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leurs familles, ont été transformés en parcs gérés de manière très spécifique par l’état. Ce n’est pas une coïncidence que les premiers parcs nationaux aient été établis lors de la construction du chemin de fer Canadien Pacifique et à la toute fin de la rébellion Métisse.

Des actions directes ciblant des infrastructures difficiles à défendre (même dans et autour de zones urbaines) comme des autoroutes, des chemins de fer et des pipelines, peuvent avoir un impact direct sur les revenus des gouvernements et des profiteurs corporatifs coloniaux. Cela brise le contrôle social dont la gouvernance coloniale dépend. Ces attaques bâtissent des savoir-faires, de la confiance, et une capacité collective qui est inestimable dans les temps où l’action collective est intensifiée.

À travers l’action, nous bâtissons des réseaux de solidarité matérielle effective avec les luttes autochtones qui se trouvent en première ligne. Ceuzes d’entre nous qui sommes dans les villes avons accès à du financement substantiel et à d’autres ressources pouvant aider des personnes autochtones défendant leurs terres à acheter des fournitures vitales, à payer du transport et à assurer les frais légaux. Nous pouvons nous organiser pour nous présenter lorsque nous sommes invité.es par des autochtones à des actions pour protéger la terre, en nombres utiles et avec des contributions pertinentes. Lorsque nous, les colonisateurs.trices, nous engageons à fournir de tels efforts, nous devons aller au-delà d’un cadre d’allié et comprendre les raisons qui nous sont propres et qui nous poussent à participer à des projets anticoloniaux et anticapitalistes, en reconnaissant qu’une lutte anticoloniale est inséparable de la nôtre.

Nous sommes dévoués aux projets qui continueront jusqu’en 2018, pour renforcer la résistance contre le Canada au-delà de ces honteux 12 mois d’auto-promotion coloniale exacerbée.

Fuck le 150e, fuck le Canada!


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Fuck le Canada : de la peinture aux couleurs de l’anarchie verte est lancée sur les trains VIA Rail célébrant le génocide colonial

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Juil 102017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À travers les territoires du soi-disant Canada, l’héritage génocidaire de la civilisation coloniale est célébré par les politiciens, les flics, les capitalistes et les lécheurs de bottes et, ce, pour une année entière remplie de spectacles grotesques. Avec des avions de chasse aux couleurs du drapeau canadien, des concerts et des défilés ainsi que des publicités sur les trains de passagers de VIA Rail, le Canada essaye de blanchir 150 années de violence coloniale.

Pour nous, il n’y a rien à célébrer dans la campagne génocidaire contre les peuples autochtones, dans la dévastation écologique ou dans la mise en place d’un État qui réprime la férocité de nos désirs et nous dérobe de notre capacité à vivre librement. Ce que nous désirons célébrer, c’est plutôt la résistance des peuples autochtones à travers l’île Tortue: des peuples Gitwilgyoots qui résistent à la construction d’un immense terminal de gaz naturel liquéfié sur leur territoires à la résistance des Mi’kmaq contre fracturation sur leurs territoires.

Plus tôt ce matin, nous avons sali la propagande du 150e canadien décorant les flancs d’un train VIA Rail en partance de Tio’Tia:Ke (“Montréal”) vers Gichi Kiiwenging (“Toronto”). Nous désirions célébrer à l’avance un 1er juillet anti-colonial, parce que c’est tous les jours que le colonialisme existe. En novembre dernier, le même chemin de fer avait été bloqué en solidarité avec Standing Rock.

Les infrastructures férroviaires a joué un rôle important dans l’établissement de la société coloniale bâtie sur les corps morts d’autochtones et d’immigrants – l’expansion coloniale était contingente à la construction des chemins de fer pour le transport de trouves et la transformation de “ressources naturelles” en marchandises pour l’exploitation humaine.

À travers les territoires dominés par l’état canadieu, cette infrastructure continue à jouer un rôle de maintien important pour l’économie capitaliste. Lors de l’insurrection d’Oka se sont propagées des actions de solidarité à travers le territoire du soi-disant Canada: barrages de routes et de chemins de fer, et sabotages de chemins de fer et des lignes de transport d’électricité. Ces actions de solidarité on fait véritablement craindre l’économie canadienne et ses politiciens alors qu’ils tentaient d’écraser cette insurgence autochtone.

C’est avec de la peinture vert et du noir que nous avons couvert le train – les couleurs d’un anarchisme contre la civilisation et la domestication. Nous sommes des anarchistes colonisateurs.trices inspiré.es par les luttes autochtones qui visent à affirmer leur autonomie par tous les moyens nécessaires. Et dans les temps à venir qui seront ceux de la résistance aux pipelines et aux incursions territoriales, nous espérons que nos gestes de solidarité seront ressentis de manière significative et percutante. Affaiblir le pouvoir de l’état Canadien, et le détruire complètement, est un but que nous avons en commun avec bien des luttes autochtones. Si nous désirons être capables de choisir la manière dont on vit, créer les relations sociales qu’on désire, et être libérés des policiers, des patrons, des politiciens et de toute autorité, nous voyons la destruction de l’État, du capitalisme et de la civilisation comme la seule option.

Fuck le Canada! Solidarité avec ceuzes qui résistent et se révoltent!

P.S.: Nous avons utilisé des extincteurs remplis de peinture. Si vous êtes intéressé.es à les essayer vous-mêmes, regardez ce vidéo d’instruction.


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La panique islamophobe du « Safarigate » : un faux scandale monté en épingle par des racistes notoires!

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Juil 062017
 

De Montreal-antifasciste.info

Plusieurs grands médias ont commencé à relayer et commenter une vidéo raciste tournée au Parc Safari (un zoo situé à 45 minutes de Montréal) et postée sur YouTube le 2 juillet dernier[1]. Le sujet de la vidéo, de prime abord tournée par une femme visitant innocemment le zoo ce jour-là, n’est pas particulièrement clair : on y voit une foule de vacanciers flâner sur la pelouse, une femme coiffée d’un hijab traversant la voie pavée, puis l’on y entend un enregistrement difficilement discernable émis par un système de son. Il n’y a rien là qui sorte de l’ordinaire pour quiconque est un tant soit peu familier avec la vie en société dans la plupart des grandes villes d’Amérique du Nord.

Pourtant, cette anodine vidéo de 47 secondes (maintenant relayée par de nombreux médias et sites Internet) a apparemment déclenché une vive controverse, puisqu’il montre des musulmans priant en public, et non seulement ça, mais diffusant la prière à l’aide d’un système de son. L’afflux de plaintes et de demandes d’éclaircissement a poussé l’administration du Parc Safari à publier une réponse officielle[2], laquelle explique que l’Association musulmane du Canada avait organisé une visite de groupe au zoo ce jour-là, qu’elle avait apporté son propre système de son portable et qu’elle avait en tout point respecté les règles du zoo. Comme l’expliquent ses administrateurs, le Parc Safari est « un lieu d’accueil pour tous, peu importe la nationalité, la religion, la culture, la langue et l’orientation sexuelle », et est « désolé que la liberté de religion ait pu offenser des gens ».

Jusque-là, l’affaire paraît plutôt simple, voire d’une banalité déprimante : une journée ordinaire dans cette société islamophobe, une autre affaire insignifiante montée en épingle par les médias pour raviver la polémique artificielle entourant les « accommodements raisonnables ». La seule chose qui sort de l’ordinaire ici est l’agréable surprise que procure l’excellente réponse du zoo.

En grattant un peu la surface, toutefois, d’autres éléments de ce fait divers méritent qu’on y prête attention.

Premièrement, qui a publié cette vidéo? Elle a initialement été versée sur YouTube par l’utilisatrice «guindon87» [3]; ce compte semble se spécialiser dans les vidéos antimusulmanes, comportant des images tournées par des membres des groupes d’extrême droite du Québec. Par exemple, l’une des plus récentes additions est une vidéo tournée par Sylvain Gallant, à Drummondville en 2016[4], où Gallant conduit sa voiture devant une mosquée et demande, « on veut-tu laisser faire ça à Drummondville, une mosquée!? Moé, en tout cas, j’en veux pas icitte! (…) on est en train de se faire envahir avec des ostie de mosquées icitte. On est rendu à trois, là. Moé, ch’t’à boutte en tabarnac! ». Cette vidéo a été introduite en preuve plus tôt cette année dans un procès pour incitation à la haine intenté contre Gallant, à l’issue duquel un juge l’a condamné à 200 heures de travaux communautaires et lui a interdit d’utiliser les médias sociaux pendant trois ans[5]. À l’extrême droite, Gallant est maintenant présenté comme un héros et un champion de la liberté d’expression persécuté pour ses idées. D’autres vidéos publiées par guindon87 défendent la récente parade de la Saint-Jean contre les accusations de racisme formulées à son endroit; deux autres vidéos attaquent spécifiquement un militant montréalais, notamment en proférant des insultes racistes[6]; et dans une autre vidéo on peut entendre la même personne appeler ouvertement au meurtre de militant-e-s antifascistes[7]. Il est impossible de dire si guindon87 est la personne qui a filmé la vidéo au Parc Safari, ou si elle l’a simplement publiée sur YouTube.

Le timing de la publication est également curieux. La veille de la publication de la vidéo, la petite ville d’Hemmingford a été envahie par des membres de l’extrême droite québécoise, alors qu’environ 60 personnes de groupes comme « Les Templiers » (lol) et La Meute ont répondu à l’appel du groupe anti immigration Storm Alliance à se réunir à la frontière pour se porter témoin des passages irréguliers des réfugié-e-s… et intimider ces dernier-e-s par la même occasion. Cette action anti immigration a été neutralisée par une turbulente contremanifestation organisée par Solidarité sans frontières, un groupe de défense des migrant-e-s basé Montréal[8]. Ce face-à-face s’est déroulé à moins de dix minutes du Parc Safari, où Storm Alliance avait en fait stationné ses véhicules. Bref, ce weekend-là en particulier, des militant-e-s d’extrême droite de partout au Québec s’étaient donné rendez-vous dans cette minuscule localité.

Un autre élément à considérer est que, une fois que la vidéo a été affichée sur Facebook par Audrey Tremblay, elle s’est rapidement répandue, de sorte que mercredi, elle avait été partagée 1 500 fois et comptait quelque 500 commentaires. Dans ces commentaires, non seulement peut-on trouver l’expression du racisme le plus abject, mais également des liens vers des groupes d’extrême droite comme La Meute. En fait, la vidéo a été spinnée avec enthousiasme par des membres de La Meute au cours des trois derniers jours. « Sue Elle » (de son vrai nom Sue Charbonneau), une membre de La Meute de Montréal, a partagé la vidéo sur les pages respectives du Mouvement républicain du Québec et du Front patriotique du Québec, avec un modèle de lettre de récrimination à envoyer au zoo, en encourageant les gens à se plaindre qu’on permette à des musulmans de prier en public. En même temps, André Pitre (alias Stu Pitt) s’est servi de sa chaîne YouTube pour faire mousser l’affaire, en établissant un lien sans fondement entre les musulmans qui étaient au zoo ce jour-là et les Frères musulmans, en expliquant qu’ils veulent établir un califat mondial et qu’un élément clé de la « conquête » musulmane consiste à humilier les populations visées. Dans l’esprit enfiévré de Pitre, qui prétend n’être rien de plus qu’un ardent défenseur de la liberté d’expression, c’est ce qui se passe lorsque des personnes de la communauté musulmane amplifient leurs prières à l’aide d’un système de son : ce sont des « envahisseurs » qui humilient leurs « victimes »!

Un groupe de musulmans priant en public ne devrait évidemment pas être un sujet d’inquiétude et d’anxiété, et ne devrait certainement pas faire polémique au point d’attirer l’attention des médias, pas plus que des chrétiens disant la bénédicité au restaurant ou des bouddhistes méditant au parc, ou toute autre manifestation publique de croyances religieuses dans une société multiculturelle. Néanmoins, il semble que nous vivions désormais dans un contexte où des exemples autrefois inoffensifs de groupes minoritaires osant vivre et prendre leur place en public sont devenus des questions controversées galvanisant une opposition raciste de plus en plus décomplexée. De triste mémoire, ce potentiel raciste a été harnaché par des politiciens de droite comme « de gauche » lors des débats entourant les accommodements raisonnables » et la prétendue « Charte des valeurs ».

Depuis le massacre perpétré par un fanatique d’extrême droite dans une mosquée de Québec, plus tôt cette année, un mouvement populiste national s’est mis en branle. Le rassemblement de Storm Alliance et de ses alliés à Hemmingford le 1er juillet n’est que la plus récente d’une série de manifestations publiques contre les immigrant-e-s et les musulman-e-s en particulier. Jusqu’à présent, La Meute (qui était présente en nombre le 1er juillet et fournit la majeure partie des militant-e-s sur le terrain) est clairement au centre de ce déferlement raciste.

Voilà le contexte dans lequel une simple visite au zoo, une histoire banale et sans réel intérêt, peut devenir un motif de discorde artificielle exploité par des démagogues au service d’un programme raciste.

 

[1] https://www.youtube.com/watch?v=AAY9FoHHjYY

[2] https://www.facebook.com/ParcSafari/posts/1555486877824473

[3] https://www.youtube.com/user/guindon87/videos

[4] https://www.youtube.com/watch?v=J_ksRxGtzn0

[5] http://www.journalexpress.ca/faits-divers/justice/2017/6/29/des-videos-hargneuses-contre-l-islam-le-mene-devant-le-tribunal.html

[6] https://www.youtube.com/watch?v=Ar3SiS37iVw

[7] https://www.youtube.com/watch?v=KDbbv9d4FDY

[8]  http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1043061/immigration-hemmingford-manifestation-refugies

Une boucherie vandalisée par des végétariens

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Juil 052017
 

La Boucherie Grinder, sur la rue Notre-Dame Ouest dans le quartier Griffintown, aurait été ciblée par des végétariens, qui n’ont pas réussi leur coup. À leur arrivée, les propriétaires ont constaté que des briques porteuses de messages avaient été lancées sur la vitrine de la rue Richmond, donnant sur la chambre froide où sont entreposées les pièces de boucherie. Cet acte pourrait être le premier d’une série selon le message laissé avec les briques.

« Ceci est un acte végétaire. Nous considérons que votre établissement hideux et infect nécessite depuis longtemps une intervention ostensible. Cessez de mutiler et de vendre les animaux non-humains. À partir d’aujourd’hui, 27 juin 2017, de plus en plus d’institutions spécistes comme la vôtre verront vandalisées à Montréal. Merci de comprendre que les animaux, comme les êtres humains, ne sont pas à vendre. Ensemble pour un future 100% végétaire. »

Une campagne de graffitis: 375+150 = Bullshit!

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Juin 302017
 

Montréal est recouvert d’images et de graffitis anticoloniaux, anti-nationalistes et pour la justice migrante

De Le Collectif No Borders

Cette semaine, entre les démonstrations nationalistes du 24 juin (fête du Québec) et du 1er juillet (fête du Canada), un groupe appellé Le Collectif Sans Frontières à Montréal a recouvert diverses parties de la ville avec des images et des graffitis anticoloniaux, anti-nationalistes et de justice pour les migrants.

Voici quelques-uns des messages partagés sur les graffitis et les affiches :
375+150 = Bullshit
Construisons une ville sans frontières
Arrêtez les déportations
Open The Borders
Refugees Welcome
Réfugié-e-s bienvenu-e-s
Ils construisent des murs, nous bâtissons des ponts
Ni Canada, Ni Québec. Fuck le 150e
Ni Québec, ni Canada.
Quebec, Canada … same shit, different piles.
Canada 150: Fake News

Parmi les images, un drapeau canadien en feu.

No Images found.

Cette action a été prise dans l’esprit de la résistance anticoloniale, le soutien aux luttes antiracistes et antifascistes, ainsi que la solidarité avec la justice pour migrants, ainsi que pour faire de Montréal une ville et société solidaire. Le Collectif Sans Frontières s’engage également à reprendre les espaces de la propagande capitaliste, coloniale et nationaliste.

Différentes peintures et images sont apparues à divers endroits à Montréal, y compris (non exhaustive), dans les quartiers de Côte-des-Neiges, Parc-Extension, Marché Jean-Talon, Villeray, St-Michel, Rosemont, Petite-Patrie, le Mile-End, Plateau Mont-Royal, St-Henri, Pointe-St-Charles et au centre-ville de Montréal.

Nous avons inclus ci-dessous différents liens offrant plus d’informations et qui contextualisent les luttes anticoloniales, antiracistes, antifascistes et de justice pour migrants, mais aucun des groupes affiliés aux liens ci-dessous ne participe directement ou indirectement à cette action. Les liens de photos incluent également les images de peintures d’origine, afin d’encourager d’autres à Montréal, et au-delà, à redécorer les rues et espaces de leurs communautés. Nous encourageons tous vos efforts de redécoration et vous invitons à partager vos photos avec nous.

Au plaisir de vous voir dans les rues !
— Le Collectif No Borders (lecollectifnoborders@gmail.com)

Décoloniser Canada 150

NonAuCanada.Info

Warrior Publications

Canada 150 banners destroyed on Mercier Bridge

Canada150 Installation Defaced in Montreal, and a Proposal

150e, 375e : vive les rebelles!

Fascism & Anti-Fascism: A Decolonial Perspective

Anti-Canada 150 Poster Pack

Déclaration pour une Cité sans frontières

Community Alert: Montreal is NOT a Sanctuary City

 

Concrétisons nos idéaux

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Juin 292017
 

De La Fronde: Journal anarchiste montréalais
La fronde est disponible à L’Insoumise et La Déferle

Le territoire (lequel, du soi-disant «Canada») a connu divers actes d’insoumission face à la domination de l’État et du Capital dans les dernières années. Notamment, on a qu’à penser aux sabotages de projets pétroliers un peu partout, tels qu’à l’île d’Anticosti et les sabotages de nouvelles lignes de haute-tension. En passant aussi par les différentes résistances des Mi’kmaq contre la fracturation hydraulique ou de plusieurs nations autochtones contre les traités modernes destinés à compléter l’assimilation et le projet de génocide culturel. Et à la grève étudiante de 2015, les nombreuses attaques contre la gentrification dans les quartiers populaires ou les révoltes ayant éclaté suite à la mort de Bony Jean-Pierre dans Montréal-Nord. Considérant le contexte dans lequel on vit, c’est-à-dire la réalité montréalaise ainsi que les quelques projets de vie collective émergeant à la campagne, de la Gaspésie à Lanaudière, nous avons pour objectif de détruire l’État et la domination sous toutes ses formes. Nous avons l’intention de nous attaquer aux fondements idéologiques et culturels qui sont à la base de la reproduction du monde autoritaire, afin que celui que nous souhaitons construire prenne racine ici et maintenant. Néanmoins, une perspective multidimensionnelle à moyen-long terme a le potentiel de créer le contexte d’une lutte pouvant matérialiser ces idéaux. C’est là où nous nous trouvons. Nous voyons les limites que contiennent autant les actions sporadiques que des manifestations rituelles telles le 15 mars ou le premier mai. Seront donc exposées ici certaines réflexions dans une perspective de contribution à la guerre sociale en cours. Plusieurs actes de rupture ont lieu face à l’ordre que tente d’imposer l’État et ces chiens de garde en uniforme. La rage contre ce monde n’est pas seulement portée par les anarchistes et nous avons l’intention de tisser des relations de solidarité, de réciprocité et d’amitié avec quiconque a un cœur insoumis, peu importe sa réalité, sa couleur, son quartier ou son milieu.

Le territoire du soi-disant Canada est vaste et peu peuplé, par contre, son rôle dans le capitalisme mondialisé est primordial, puisque tout est mis en place pour favoriser l’extraction de ses ressources naturelles ; bois, pétrole, minerai, gaz naturel. L’exploitation se fait majoritairement dans les régions éloignées des grandes villes, vers le nord ou il y a peu d’opposition. Quant à elles, les métropoles situées au sud longeant la frontière américaine servent de point de transit pour les produits extraits. Il est impératif pour l’État-Capital de pacifier les régions urbaines afin que les marchandises puissent y circuler sans entraves. Nous avons la certitude que cette économie destructrice est néanmoins fragile et qu’il est facile de l’entraver. Les derniers territoires encore non-exploités se font décimer peu à peu par l’industrie. De nombreux moyens de résistance sont possibles pour déstabiliser ce système destructeur dans ses projets expansionnistes.

Afin de tracer cette perspective, il nous faut faire un léger retour en arrière. Les événements de printemps 2015 furent assez déterminants pour certains anarchistes à Montréal. Pour une fois, la grève ne s’appuyait plus seulement sur des enjeux corporatistes axés sur la condition étudiante, mais s’opposait à l’austérité en générale. Elle ne fût pas organisée par les syndicats étudiants réformistes, mais par des groupes affinitaires autonomes appelant à des assemblées générales de grève dans lesquelles des anarchistes ont pu intervenir. Par l’absence intentionnelle d’interlocuteur officiel avec l’État, de grand leader étudiant lançant des appels au calme et par l’insouciance de garder une belle image devant les médias, la situation a permis l’ouverture de nouvelles possibilités. Somme toute, c’est dans la rue que la contribution anarchiste fut la plus effective. Les réflexes acquis durant 2012 n’avaient heureusement pas été perdus et une nouvelle génération a pu se radicaliser à travers ce mouvement. Les masques sont réapparus sur les visages. Les affrontements avec la police et la destruction de symboles du capital reprirent leur souffle après l’accalmie de la période post-2012 qui avait été marquée par une répression acharnée des manifestations. Chaque rassemblement était encerclé par un cordon policier ne permettant aucun déplacement sous peine de réprimande. Cela eut pour résultat de calmer la rue et d’alimenter la peur des flics. Bien que la grève ne soit pas éternelle, les liens entre les compagnons et la mémoire des expériences restent, ce qui contribue entre autres à consolider les idées et pratiques de lutte anarchistes dans la durée.

Dans les moments où il est relativement plus difficile de nous rassembler, où le contexte semble absent, il y a toujours des situations et des points conflictuels sur lesquels nous pouvons intervenir afin de continuer à créer une tension avec l’Existant. La révolte ne doit pas être limitée uniquement aux journées spécifiques ou aux contextes de mobilisation sociale large. Bien que l’on doit donner une certaine importance à ces journées symboliques ou aux mouvements de masse, c’est dans notre quotidienneté que nous devons continuer d’agir. La société nous a enseigné que seules, nos idées n’ont aucune valeur. Elle nous a appris que l’opinion de la majorité nous est indispensable. Nous avons choisi de faire rupture avec elle et d’agir selon nos désirs et volontés. Les systèmes de domination et d’exploitation continuent d’enterrer la révolte sous plusieurs couches d’illusions et nous refusons d’attendre que les bonnes conditions soient réunies pour lutter. L’anarchie est avant tout une forme de vie. Il n’est pas toujours possible de prévoir les effets d’une action. Parfois, elle sera l’étincelle qui mettra le feu aux poudres de cette société pourrie.

Par la volonté de quitter le carcan étudiant réformiste afin d’expérimenter de nouveaux lieux conflictuels, plusieurs compagnons ont choisi.es de partager leurs différentes perspectives et de coordonner leurs efforts afin de créer un contexte de lutte prenant racine dans notre quotidien, dans nos quartiers en plein processus d’embourgeoisement. Au-delà du fait que plusieurs d’entre nous sont précaires et habitent ces quartiers populaires en périphéries du centre-ville, nous y avons vu un potentiel intéressant d’intervention. Les nouvelles populations bien nanties viennent s’établir alors que les personnes plus défavorisées sont poussées à quitter leurs logements en raison de la hausse des loyers. Ces problématiques affectent la vie de beaucoup de gens. La lutte contre l’embourgeoisement nous offre de multiples angles d’approches, en plus de la possibilité de partager nos idées et projets avec nos voisins qui habitent à proximité. Plutôt que de revendiquer des logements sociaux en optant pour une posture citoyenne, nous avons l’envie d’aller de l’avant avec un projet offensif ayant le potentiel de se généraliser. Nous envisageons une rupture totale avec le capital, ce qui implique d’assumer un conflit permanent sans concession pour libérer ces espaces. Nos ennemis sont autant les promoteurs de condos, nos propriétaires de logement, les propriétaires des commerces yuppies, les flics, les banques ou les élu.es qui prennent des décisions. Soit, notre ambition n’est pas tant l’obtention de plus de logements abordables. Nous proposons de nous organiser pour occuper tous ces bâtiments vides en attente de spéculation foncière, de se rencontrer dans des assemblées autonomes de quartiers, d’aller remplir nos sacs dans les commerces bobos, de détruire les caméras de sécurité qui apparaissent dans tous les recoins, de construire une culture et des pratiques de lutte nous permettant réellement de libérer notre temps et nos espaces de vie du travail, de la nécessité de payer tout, tout le temps, du contrôle de la police et de l’État.

On veut nous faire croire que seul.es nous ne sommes rien et que chaque action que l’on pourrait porter est vaine. La société libérale cherche à nous rendre dociles en nous apprenant dès le plus jeune âge que les changements adviennent grâce aux partis politiques ou aux ONG. Dans cette logique, sans organisations nous ne sommes rien. La politique n’est pas là pour changer les choses, mais pour maintenir le statu quo. Regardez qui s’assoient au parlement. Ce ne sont pas des gens issus des classes populaires. Même si c’était le cas, cela ne changerait pas le fait que plusieurs personnes ont faim tous les jours, que d’autres se fassent déporter parce qu’ils sont sans-papiers ou que certains, dans plusieurs réserves autochtones, vivent encore en 2017, sans eau potable ni électricité.

D’autre part, nous sommes concerné.es par la montée de l’extrême-droite, prenant de l’importance en occident depuis les dernières années et spécialement depuis l’élection de Trump. Le soi-disant Québec ne fait pas exception. Bien que ces groupes aient toujours été dans le paysage, ils ont récemment recommencé à se mobiliser et à prendre la rue, même à Montréal. Leur stratégie semble être de récupérer la colère contre le gouvernement libéral, exploiter la précarité et le sentiment identitaire nationaliste pour faire appel à des manifestations. Ils optent pour un discours modéré dans l’apparence, mais qui s’oppose farouchement aux politiques d’accueil des personnes immigrantes, au multiculturalisme et au droit des gais et lesbiennes (ou LGBTQ). Les organisateurs de ces rassemblements mettent en place un service d’ordre composé de grands baraqués munis de casque, de bâtons et de brassards. Ils arrivent étonnamment à mobiliser quelques centaines de personnes pour prendre la rue et scander des discours xénophobes. En tant qu’anarchistes nous croyons qu’il est nécessaire de nous organiser contre ces différents groupes et contrer leurs discours. L’éducation populaire est autant nécessaire que l’attaque physique de certains fachos radicaux prônant la suprématie blanche et le meurtre raciste. Le fascisme est un symptôme de la précarité, des frontières et d’un système autoritaire dont nous combattons tous les aspects. C’est parfois une question de culture et de langage. La haine que les fachos dirigent contre les personnes de couleur vient souvent d’un sentiment d’injustice ou d’oppression. C’est comme s’ils se trompent d’ennemis. Nous avons une responsabilité d’expliquer que c’est le système de domination qui crée la hiérarchie et les injustices. C’est aussi la culture dominante qui construit des normes et les systèmes de valeurs. Bien que les groupes d’extrême-droite soient encore loin de prendre le pouvoir, c’est la menace du contrôle de la rue qui nous inquiète. En effet, chaque fois qu’ils réussissent à marcher en grand nombre dans les rues, cela renforce leur sentiment de force et d’unité. On ne sera pas surpris.es de voir une radicalisation du discours d’extrême-droite dans un futur proche, car plus il y a de gens qui les suivent, plus ils se permettront de montrer leur vrai visage. Nous voulons éviter que leur mouvement prenne de l’ampleur et cela se fera dans la rue.

Ainsi, nous avons pour objectif de faire des liens pour que différents angles de luttes s’entrecroisent et de propager des formes d’attaques des plus variées pour maintenir constamment une tension afin de favoriser les moments de ruptures. Pour nous, l’anarchie n’est pas une plateforme d’idées, ni une construction historique, mais une manière d’être dans le monde, de vivre en lutte, de s’attaquer à la domestication de la pensée et des gestes.

Qu’est-ce que c’est qu’un Justin Trudeau? Sur le nationalisme canadien et la paix sociale

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Juin 292017
 

De NonAuCanada.info

Comme la plupart de gens, la politique canadienne ne m’intéresse pas vraiment. Ceci est vrai même pour celleux d’entre nous qui habitent le territoire contrôlé par l’Etat canadien. Surtout de ces jours, avec un clown maléfique à la tête du gouvernement américain, les yeux des gens au Canada sont plus ou moins rivés sur l’autre côté de la frontière. Aux rares moments où on pense un peu au Canada, c’est souvent juste pour faire les louanges d’un icône politique qui suscite la jalousie des progressistes du monde entier – Justin Trudeau.

On prend de petites pauses dans notre fixation sur la comédie Trump pour se sentir vaguement soulagés-es de voir un beau jeune homme marchant dans le défilé de la fierté gay ou de le voir faire des amis avec des réfugiés ou que la moitié de son cabinet sont des femmes.


Mais qu’est-ce que c’est, un Justin Trudeau? Quel est son rôle dans le projet capitaliste et colonial canadien? Quel est son rapport aux dix ans de gouvernement conservateur qui l’ont précédé? Et qu’est-ce que ça veut dire de s’opposer à un état mené par une telle personnalité politique?

Comme je viens de dire, je ne fais pas attention au Canada. Mais de la manière dont je vois les choses, la politique canadienne est définie par trois éléments: la comparaison favorable aux États-Unis, l’extraction de ressources (c’est-à-dire l’expansion coloniale) et les relations fédérales-provinciales. Commençons par jeter un coup d’oeil sur les derniers gouvernements à travers ce prisme.

Les prédécesseurs de Trudeau

Pour un petit survol des deux ou trois derniers gouvernements canadiens, pendant douze ans le parti Libéral de Chrétien/Martin a été construit autour d’accords de libre-échange néolibéraux. Ces accords ont permit une accélération de l’extraction des ressources au Canada pour un marché global et ont déchainé les sociétés extractives canadiennes sur tous les coins du monde. Chrétien et Martin ont équilibré le buget avec moins de compression de programmes que chez le gouvernement Clinton pendant la même période et ont évité la guerre en Iraq: ce qui voulait dire, pour nous autres avec les yeux fixés en permanence sur le spectacle américain, que Chrétien n’était pas si mauvais que ça (alors même que les gens combattaient le Zone de libre-échange des amériques dans les rues de Québec en 2001).

Ces mêmes industries extractives libérées par les Libéraux ont apporté les Conservateurs de Harper au pouvoir, surtout l’industrie pétrolière des sables bitumineuses en Alberta, suite à la fusion des deux partis de droite et la victoire dans leur sein des éléments les plus conservateurs. Il a redéfini le rapport entre les provinces et le gouvernement fédéral en réduisant des programmes fédéraux que les provinces ont souvent dû financer. La plupart du règne de Harper a eu lieu pendant les années Obama, ce qui voulait dire qu’il lui manquait la cruciale comparaison favorable avec les ÉU (quoique le Canada ait largement évité la crise économique de 2008, situation pour laquelle le gouvernement Harper s’est attribué le mérite).

Pendant les dix années où régnait Harper, une résistance de plus en plus puissante et bien organisée est sortie contre lui, poussée en avant par les nations autochtones à travers le pays qui ont organisé à une échelle impressionnante. Cette résistance était aussi caractérisée par la multiplication de liens entre les résistants-es autochtones, qui ont développé leurs habilités au cours de plusieurs réclamations de terres et la poursuite d’une autonomie territoriale au fil des décennies précédantes, et des colons anarchistes et d’autres de la gauche anticapitaliste (a preciser).

Notamment, cette résistance a pu empecher que l’huile des sables bitumineuses puissent atteindre un port par oléoduc, ce qui constituait une victoire majeure pour la résistance et un coup grave à la crédibilité du gouvernement Harper. L’identité nationale canadienne comme cela a existé depuis les années soixante-dix s’oppose à la base à la politique antagoniste menée par Harper et ses positions sur les questions sociales ainsi que son militarisme, son nationalisme et sa xénophobie. Des gens étaient prêts à regarder ailleurs pendant un temps au nom de la nécessité économique, mais cela a galvanisé de plus en plus de résistance lorsque Harper cherchait à mettre en oeuvre une politique de conservatisme sociale vers la fin de son mandat. Plusieurs gouvernements provinciaux ont aussi basculé à gauche pendant ces années, notamment la Colombie-Britannique, l’Alberta et (un peu) l’Ontario, en partie en réponse aux coûts associés aux programmes que Harper leur a abandonné, mais également pour récupérer la colère populaire.

Paix sociale, pour l’économie

Un regard sur ces deux gouvernements récents nous permet de mieux comprendre la mission de Trudeau. Le gouvernement Harper n’a pas pu aller aussi loin qu’il aurait voulu avec l’expansion des projets d’extraction de ressources car il n’a pas pu assurer les deux autres jambes du tabouret de la politique canadienne: la pression sur les provinces suite au replie du gouvernement fédéral et l’image de régression sociale par rapport aux É-U ont provoqué trop d’opposition. À la base, le mandat de Trudeau est de produire une paix sociale suffisante pour permettre une expansion infrastructurelle. C’est surtout important pour lui de construire cette paix avec les nations autochtones, où l’opposition tend à être plus engagé, expérimenté et capable d’agir dans des zones critiques loin des villes (car le Canada est hyper grand et moi et la plupart des autres anarchistes habitent une poignée de grandes zones urbanisées tout près de la frontière, loin des industries extractives tout-importantes).

Malgré son geste symbolique de s’excuser pour les écoles résidentielles[1. Les écoles résidentielles étaient établies un peu partout sur le territoire canadien à partir de la fin des années 1800 et le dernier n’a fermé ses portes qu’en 1996. Ces programmes ont vu des enfants de communautés autochtones (qui avaient d’habitude déjà été déposédées de leurs territoires traditionelles et envoyées sur des réserves) enlevés de leurs familles sans leur consentiment et déplacées près des zones urbaines où ils étaient interdits de parler leur langue ou d’engager dans des pratiques culturelles. L’essentiel de leur éducation s’agissaient de produire des travailleurs-euses manuels-lles obédients-es. Le nombre de morts provoquées par par les écoles résidentielles n’est pas connu à cause de la pratique d’enterrrement dans des fossées communes anonymes, mais au plus bas il est évalué à environ 10 000 morts et plusieurs écoles ont maintenu un taux de mortalité de 50% pendant des décénnies. Que les écoles s’engageaient activement à éliminer les cultures autochtones leur ont valu l’étiquette de pratique de génocide culturelle.] et le lancement d’une enquête, Harper a vu paraitre le spectre d’une insurrection autochtone pendant ses années au gouvernement. Cela est peut-être le risque le plus important auquel l’État canadien doit faire face et ça fait que les investissements infrastructurels paraissent moins sûrs, car l’Etat n’est pas en position de faire avancer les projets. Le rôle de Trudeau est avant tout la contre-insurrection – diviser, pacifier et fragiliser la solidarité afin d’isoler les éléments de la résistance qui refuseront tout compromis mais qui pourraient être vaincus.

Difficile d’exagérer le niveau de bonne volonté dont a jouit Trudeau cette dernière année pendant qu’il mettait en oeuvre son programme. Plus haut, j’ai dit que la définition de l’identité canadienne date des années 1970 – en effet, cela est largement dû au père de Justin, Pierre Elliot Trudeau, un des premiers ministres canadiens les plus influents. Justin Trudeau cherche à récréer cette identité culturelle canadienne positive pour, d’un côté, pacifier la résistance aux projets importants et de l’autre d’implanter une certaine forme de politique libérale (Libéral) parmi les habitants du territoire canadien, surtout parmi celleux qui sont arrivés-es plus récemment.

L’invention de l’identité canadienne

Tout nationalisme a pour base des mensonges et des récits imaginaires, mais au Canada, ceci est bien plus évident qu’ailleurs. On peut dire que l’identité canadienne était créée à partir de rien dans les années soixante et soixante-dix. Le Canada n’avait pas de drapeau avant 1965, on chantait « Que Dieu garde la reine / God Save the Queen » au lieu de « Oh Canada » jusqu’en 1980, il n’y avait pas de littérature ou musique canadienne à proprement parler (il existait de formes musicales régionales, mais l’identité littéraire et culturelle était surtout celle du Commonwealth Britannique). Le Canada s’est battu en rang avec l’Angleterre pendant les guerres mondiales mais n’avait pas de politique étrangère indépendante. Et il n’existe pas de cuisine canadienne à part quelques trucs volés des nations autochtones (le sirop d’érable) et quelques plats de pauvreté venus de Québec (la poutine).

Le Canada n’est qu’un vide, un effacement. Tout ce que signifiait le mot « Canada » jusqu’aux années soixante était la lente et méthodique génocide contre les peuples et cultures autochtones et l’exportation de ressources. Le projet de Canada se résumait à ça – et il s’y résume toujours, bien que Pierre Trudeau et son prédécesseur immédiat Lester B Pearson, également du Parti libéral, ont tenté de l’embellir.

Premier ministre de 1968 à 1979, Trudeau le premier a injecté beaucoup d’argent dans les arts et la culture pour produire une génération d’écrivains, de musiciens et d’artistes qui, diffusés par des médias d’Etat élargis, ont créé une idée de ce que ça veut dire d’être canadien. En ceci, il a pu s’appuyer sur des institutions telles que l’Office national de film du Canada (qui a vu largement croître ses opérations à la fin des années 60 pour que la culture officielle parvienne aux périphéries canadiennes) et le Conseil des arts du Canada (qui a géré une augmentation importante de financement destinée aux artistes pour la production de contenu à thème canadien au long des années Trudeau). La production de cette nouvelle identité canadienne était toujours aussi liée aux réssources naturelles (pensons à Gordon Lightfoot et ses chansons nostalgiques sur les paysages sauvages et vides ouverts par la voie ferrée), mais souvent présentée comme une appréciation d’une beauté naturelle vierge (la canonisation du Groupe des sept et d’Emily Carr).

À l’époque, ces investissements culturels avaient comme but de réduire le malaise régional contre une élite anglophone en Ontario qui paraissait souvent déphasée par rapport au reste du pays. La Loi sur les langues officielles de 1969 était la pierre angulaire législative d’une identité nationale fondée sur deux peuples, les français et les anglais, qui cherchait à mieux intégrer les francophones, surtout les québecois, dans l’identité canadienne tandis que la Révolution tranquille atteignait son sommet. C’était ça la carotte, mais Trudeau a également montré qu’il était prêt à se servir du bâton, car l’invocation de la Loi sur les mesures de guerre en 1970 qui ciblaient les nationalistes québecois et les communistes était l’arrestation de masse la plus conséquente de l’histoire canadienne jusqu’au sommet du G20 en 2010. Simultanément, Trudeau le premier voulait encadrer l’identité nationale qu’il s’affairait à produire comme étant en quelque sort « progressiste », ce qu’il a pu faire en s’opposant à la Guerre de Vietnam et en accueillant des milliers d’objecteurs de conscience américains, geste qui se reposait sur le changement d’image éffectué par Pearson (où l’armée canadienne est devenue une force de maintien de la paix) et en faisant évoluer les idées sur la race et l’immigration.

Elles étaient également les années de l’assurance santé universel (programme introduit par Pearson et mis en oeuvre par Trudeau) et l’élargissement massif des programmes de l’assurance emploi et soutien de revenu, tous les trois administrés par les provinces avec des sous du gouvernement fédéral. Les politiques redistributives de ce genre font donc partie intégrante de cette version de l’identité canadienne, ce qui voulait dire que les menaces de Harper contre l’assurance santé universal (en ouvrant la porte aux assureurs privés) et les importantes réductions budgétaires et le sous-financement de la sécurité sociale par les gouvernements Chrétien/Martin et Harper présentent à Justin la possibilité de se faire leur défenseur.

Au Québec, cette époque n’était pas entièrement la même et elle mérite sa propre analyse, ce que je n’essayerai pas ici. La renaissance culturelle francophone de cette époque mettait en avant une identité québecoise distincte, mais elle jouait sur beaucoup des mêmes thématiques et valeurs qu’au Canada anglophone et son rôle, de produire un sentiment d’unité autour des projets d’expansion coloniale, était quasiment le même.

Et l'(im)migration?

En 1971, Pierre Trudeau a également déclaré que le Canada adoptera une politique multiculturelle, ce qui rendait officielle qu’une partie de l’identité canadienne consistait d’accueillir d’autres pratiques cultures sur le territoire sans exiger leur assimilation aux normes dominantes (bien que la Loi sur le multiculturalisme ne soit signé qu’en 1988, grand nombre de ses éléments clés datent de l’époque Trudeau). Le bilinguilisme et la tolérance, les deux codifiés en loi, restent de bases importantes de l’image que souhaite projeter le Canada. Pendant cette période, le Canada a enlevé son interdiction de l’immigration non-européenne (la fin des années soixantes) et a partir de 1971 la majorité des immigrants qui s’installaient au Canada étaient d’origine non-européenne. Cependant, ils n’ont fait que remplacer une politique d’immigration ouvertement raciste par une axée plutôt sur la classe – la grille des points[2. La grille des points est utilisé par l’État pour choisir qui pourrait immigrer au Canada. Elle octroie des points à aux individus largement sur la base de traits fortement liés à sa position de classe, dont la richesse, l’immobilier, le niveau d’études, que leurs abilités soient jugés utiles et qu’ils-elles aient un emploi, et leur capacités linquistiques en anglais ou en français.].

La géographie du Canada lui permet un contrôle unique sur ses frontières et lui permet de sélectionner ses migrants. Le Canada, davantage peut-être que n’importe quel autre pays du monde, courtise les classes supérieures mondiales en les incitant à immigrer (un exemple connu serait les billions de dollars apportés par les immigrants venus de Hong Kong avant la réunification de l’île à la Chine). Des personnes considérées comme moins désirables seraient peut-être admises, mais se voient souvent assigner à une précarité à long terme par moyen de programmes tels que le statut de travailleur-euse étranger-ère temporaire et le système de visa, ainsi que par des purges fréquentes (comme celle qui ciblait la communauté Rom vers 2012). En 1978, le gouvernement Trudeau a formellement inscrit l’accueil des réfugiés dans la politique d’immigration canadienne et l’image du Canada comme réfuge sûr est également un élément important de l’identité canadienne positive de cette époque. Mais cette réputation de sanctuaire est très exagérée – plus de la moitié des migrants admis au Canada le sont pour des raisons économiques et puis encore un quart pour réunification familiale. Il n’y a qu’un part infime de l’immigration au Canada réservé pour les réfugiés, qui sont presque tous sélectionnés soigneusement à l’extérieur du pays.

Cette sélectivité et la politique de multiculturalisme sont souvent crédités pour le rapport moins conflictuel du Canada avec l’immigration, par rapport à des pays comme la France ou les États-Unis. Mais dans un contexte comme celui de Toronto, où plus de la moitié des résidents sont nés à l’extérieur du pays, l’Etat a un intérêt évident à assurer l’intégration dans l’identité canadienne dominante des nouveaux-lles arrivés-es et des communautés qu’ils-elles forment. Ces dix dernières années, les nouveaux-lles immigrants-es, qui viennent souvent d’acheter une maison dans des zones urbaines en pleine expansion, ont souvent voté contre les impôts et pour des politiciens conservateurs, ce qui a contribué à des phénomènes tels que Rob Ford[3. Au cas où vous êtes arrivés-es à l’oublier, Rob Ford est surtout connu pour la révélation qu’il fumait du crack pendant qu’il était maire de Toronto entre 2010 et 2014 et pour avoir agit en permanence comme un espèce de connard sexiste et raciste. Qu’il soit mort en 2016 n’empêche pas qu’il soit toujour objet de ridicule.] ou la victoire du Parti conservateur dans la région torontonienne en 2011. Harper acceptait leur soutien tout en stigmatisant les migrant-es pour gagner également le soutien des réactionnaires.

Justin Trudeau a intérêt de remettre en avant cette vision positive et multiculturelle du Canada pour raisons de politique partisane, mais aussi pour atténuer la possibilité de tensions régionales (entre la région torontonienne et le reste du sud d’Ontario; l’équilibre de pouvoir entre le français et l’anglais, et ainsi de suite) et pour éviter un mouvement anti-immigration qui pourrait menacer l’accès aux travailleurs qualifiés et de nouveaux capitaux venus de l’étranger. Pour tout le discours de Pierre Trudeau que « l’uniformité n’est ni possible ni souhaitable », l’identité canadienne multiculturelle est surtout une manière pour permettre à chacun de participer à sa façon à la destruction acharnée menée par le projet capitaliste et colonial connu sous le nom de Canada. Comme le Canada ne représente rien d’autre que le pillage, nulle pratique culturelle à part la révolte anti-autoritaire peut le menacer, alors tous les gouvernements depuis les années 70 ont continué la pratique de Pierre Trudeau de financer et soutenir des événements « culturels » au nom de l’identité canadienne.

Une vague de nostalgie

Une grande partie du charme de Trudeau est grâce à une nostalgie pour le Canada qu’il nous vend: un retour aux opérations de maintien de paix (au lieu des postures belliqueuses des années Harper); un multiculturalisme fier (après les conneries des conservateurs sur « les pratiques culturelles barbares »); socialement progressiste (surtout en comparaison à Trump); et le tout fêté par une industrie culturelle made-in-Canada capable de résister à la machine culturelle américaine. C’est ça l’image du Canada dont une partie majeure de ceux qui ont évolué dans les années 70 ont envie d’être fière.

C’est logique que les gens aiment l’assurance santé, veulent accueillir des immigrants et sont soulagés par des prises de positions progressistes sur des questions sociales. Les désirs qui font qu’on puisse soutenir ces politiques ne sont pas en soi le problème. Le problème c’est que tout ça fait partie intégrante d’un projet nationaliste qui veut nous faire voir l’état et l’économie canadiens comme en quelque sort bienveillants pour qu’on baisse notre garde contre leurs attaques.

Grace à la promotion d’une forme de nationalisme canadien développé par son père, Justin Trudeau espère colmater la nature coloniale du projet canadien et la violence économique quotidienne du capitalisme. Pas moins que Donald Trump (ou que n`importe quel autre chef d’État), Trudeau évoque un passé à moitié inventé, une époque où il y aurait eu moins de conflit social et ou le nationalisme pouvait nous donner bonne conscience. Cette forme de nationalisme est ce qui permet à Trudeau de réunir les trois éléments de la politique canadienne: une réduction de la colère populaire permet a l’extraction de ressources d’avancer; ses positions progressistes sur les questions sociales font qu’on a l’air enviable par rapport aux ÉU; et le réinvestissement dans les programmes sociaux et dans les infrastructures par un gouvernement fédéral moins opposé à l’endettement allègent la charge sur les provinces, ce qui cree moins de conflit et rend plus facile l’implémentation de l’agenda du gouvernement fédéral.

Je ne suis même pas au Canada, mais ça me fout la nausée comment Trudeau est arrivé à faire que c’est de nouveau OK d’être un Canadien fier. Je n’ai pas envie de me sentir bien par rapport au Canada. Je n’ai pas envie d’être un pion dans leur gentil projet colonial ni d’être un exclu, chassé des villes embourgeoisées et des rangs des travailleurs-euses productifs-ves – je veux rendre visible l’immense violence de l’Etat canadien et de son économie. Je ne veux pas remplir le vide nommé Canada par de petits mythes minables sur comment l’assurance santé et le multiculturalisme font qu’on n’a pas raison de se plaindre – je veux porter un regard honnête sur la situation et choisir mon camp dans le conflit. Je n’ai pas envie de la paix sociale offerte par Justin Trudeau, car la paix sociale signifie le statu quo – je veux me battre pour mon autonomie et l’autonomie des autres, avec des terres et de l’eau sains.

Au lieu de se dessiner une feuille d’érable sur la joue pour le 150e anniversaire du Canada, prenons le moment pour regarder la bête d’en face. La fierté que nous offre le nationalisme est fausse et nous empêche de trouver la vraie force qu’on peut construire ensemble lorsqu’on identifie clairement nos ennemis et qu on se prépare a passer à l’offensif.