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Réponse à l’invitation à réinvestir le Centre Social Anarchiste l’Achoppe, à Hochelaga

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Juil 132025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

J’ai répondu à l’un de ces appels à réinvestir le CSA il y a environ 2 ans. Les anarchistes n’ont rien à faire là tant que le bâtiment est habité. On sait, L’Achoppe est le lieu d’habitation, de fréquentation, de “squat” d’un groupe plus ou moins homogène, en tout cas assez soudé, on le verra, qu’on tend à appeler “les punks”, du fait qu’iels se rejoignent entre autres par amour de la vie d’une certaine scène. Ces gens, en tant que locataires, en transit ou visiteur-euses, n’ont pas l’obligation d’entretenir le Centre Social Anarchiste (rez-de-chaussée et sous-sol) en participant aux instances décisionnelles ou en prenant des tâches. Ça va de soi: on n’a pas le réflexe, en tant qu’anarchistes, de forcer les gens à faire ce qui ne les passionne pas; on pense généralement que chacun-e a quelque chose qui lui tient à cœur et que la place de chacun-e dans la chaîne de (re)production devrait être désignée en fonction de cela. En d’autres mots, on pense que l’on a intérêt, toustes, à ce que les tâches soient menées par passion plus que par obligation. C’est cela, selon les anarchistes, qui pousse à avoir du cœur à l’ouvrage. Or il est pour le moins curieux, en dépit de cette raison, de voir des anarchistes dans une telle situation, qui en est une d’inégalités.

En effet, les gens qui investissent bénévolement le CSA se mettent en position de subir la volonté de gens qui ne conçoivent à peu près pas de responsabilités envers elleux et qui pourtant fréquentent le lieu qu’iels entretiennent. Les “punks”… Je les appelle “les torché-es”… Appelons-les “les torché-es”… Les torché-es ont tout loisir, lors des périodes d’inactivité du CSA, quand on a le dos tourné, de dégueulasser la place et de laisser les anarchistes torcher par la suite. Il n’était pas rare, quand je m’y impliquais, de voir s’attrouper dès la conclusion d’une activité menée par des bénévoles ou d’une journée de travail, toujours plus de dandys dans la cour ou au rez-de-chaussée et de retrouver le CSA dégueulassé le lendemain ou surlendemain. – Quoi!? C’est pas ce qui les passionne, les anarchistes, torcher? Iels ont bien volontairement pris la tâche! – C’pas d’même ça marche, ti gars. Évidemment que les bénévoles torchent volontairement, or c’est pour que le lieu puisse accueillir des projets, principalement menés par elleux-mêmes. Or ces projets, ça prend du temps; et je n’ai vu personne du CSA qui était enchanté-e de se taper deux heures de ménage, initialement prévues pour autre chose, parce que la veille, 2-3 torché-es ont décidé que la bibliothèque devenait un lieu de ramassage de scrap.

Je n’ai vu personne enchanté-e par ce genre de situation, en effet, puisque le temps est limité, d’autant plus que l’on doit déjà se faire exploiter ailleurs, sur le marché du travail. Et c’est ça qui est grave à l’Achoppe: on s’y fait voler son temps, une chose des plus précieuses qu’on a. Si on veut se faire exploiter de la sorte, il n’y a qu’à travailler au communautaire avec une direction qui se paie deux fois le taux horaire du plancher (sans justification aucune que celle d’entretenir la fidélité, le contentement, des hiérarques, versus des employé-es dépendant-es de leurs misérables paies). L’Achoppe a tout d’un centre de bénéficiaires, moins la paie.

Certaines personnes ont eu longtemps espoir de voir les torché-es devenir des personnes responsables.

Ce fut tout à leur honneur: dans le lot de nos déterminations, certaines se contrarient et ainsi, nous ne sommes pas, a priori, condamné-es à faire toujours les mêmes choix. N’empêche, la répétition est signe que certaines déterminations empiètent grandement. Et c’est là que prend tout son sens l’expression “choisir ses combats”. Il faut bien choisir ses combats, en effet, puisque notre temps est limité et que certains sont peut-être, du moins de notre vivant, voués à l’échec, une mise avec trop peu de chances de succès, comme quand on veut “se refaire aux machines” après une énième perte d’argent.

De ce que j’ai entendu, la structure d’organisation du CSA est demeurée sensiblement la même depuis mon départ. Probablement que le système de membrariat s’est ramoli, voire n’est plus existant. C’était quelque chose qui me semblait être respecté avec réticence quand j’y étais. Les signes que L’Achoppe est un mauvais choix, les voici…

• Les torché-es ne s’intéressent généralement pas à la théorie. Beaucoup d’anarchistes se sont proclamé- es tel-les suite à un contact avec des théories sur le travail et l’autorité. Quand est venu le temps de discuter théorie à L’Achoppe, j’ai vu des yeux rouler d’exaspération. Et pour m’exhorter à la patience, on me disait quelque chose de condescendant comme: “À leurs yeux, on est une gang d’intellectuel-les diplômé-es, donc privilégié-es. Faut donc user de tact”… Comme si j’en avais pas lavé des assiettes depuis mes 13 ans… Comme si j’en avais pas ramassé de la scrap depuis que je suis tout p’tit… Comme si mon diplôme m’avait pas valu une dette de 30 000$… Comme si ma mère m’avait pas appris à torcher, parce qu’y était pas question qu’à 2-3 jobs salaire minimum, elle torche toute seule… Privilégié, je veux bien, mais pas à quel point? Comme si ma réalité de pauvre n’avait pas informé mon parcours d’étudiant… Et comme si la théorie n’avait jamais été un outil d’émancipation des masses… Bref, apparemment, les torché-es pensent que la théorie c’est bourgeois, ou quelque chose du genre. Donc, on ne les verra pas aisément se poser des questions à propos d’une organisation équitable du travail, du travail domestique comme d’un travail à part entière (on repassera, d’ailleurs, pour le féminisme à L’Achoppe… n’est-ce pas?), etc.

• Il est un drôle de fait que j’ai encore grand mal à concevoir: certaines personnes, pourtant assez autonomes en maints domaines et assez peu privilégiées, se sentent le luxe de n’avoir à peu près jamais à ne serait-ce que songer aux tâches ménagères; et on les voit préférer, à l’idée d’adresser l’encombrement fréquent que cela implique, d’être interpellées à maintes reprises par les gens avec qui elles cohabitent, détériorant ainsi leurs relations. Je soupçonne que cela nous vient de la famille, de cet amour supposé inconditionnel qui lui est propre, qui cautionne toutes sortes d’abus. La précarité grandissante n’arrange sûrement rien, réduisant davantage les possibilités de sortir de son milieu d’origine. Sans parler du familialisme qui, au Québec, nous colle à la peau… Bref, cela est un autre sujet. De ce drôle de type de gens, il s’en trouvait au CSA entre les périodes d’activités préparées par les bénévoles. Et souvent, quand nous étions ravis-es de l’état de l’endroit à notre arrivée, et que nous félicitions la bonne volonté des torché-es, un-e comembre nous reprenait en nous disant qu’en fait, c’était tel-le organisateur-ice d’événement qui avait fait torcher sa gang avant leur départ… La période que j’ai connue où le CSA était le plus propre, c’était un été où la majorité des habitant-es étaient parti- es, probablement travailler au BC ou quelque chose du genre que les torché-es font l’été. Très souvent, on ne demandait pas de comptes, on se contentait de torcher, par dégoût du conflit puéril, du sermon et du temps potentiellement perdu à chercher qui avait laissé dans la buanderie ses sacs de plastique déchirés ayant contenu des vêtements don’t on savait qu’ils abritaient possiblement des parasites, après une alerte punaises… Il fut question de barrer les portes du CSA et de ne laisser l’accès qu’aux membres, or on s’est mal vu-es priver les locataires de salle de lavage, ce à quoi iels n’ont pas accès autrement dans le bâtiment, me disait-on. Bref, le point est que la cohabitation d’anarchistes et de torché-es ne fonctionne pas dans la mesure où les premier-ères ont très souvent intérêt à rapidement nettoyer plutôt qu’à tenter de trouver l’enfant-adulte responsible de leur désarroi, car le-la bénévole du CSA est présent-e généralement pour préparer quelque activité imminente. Ainsi, les torchées continuent de se faire torcher et ne sont pas poussé-es à changer leur conduite.

• On a envisagé de priver de moyens d’empiéter sur le CSA par la légitimité que conféraient les processus démocratiques en cours… Or cela n’a semblé qu’un rêve aussi. Quand venait le temps de remettre en question des activités associées à beaucoup de soucis et au caractère punk (jam space, dortoir), les torché-es avaient soudainement la forte envie de participer aux processus démocratiques.

On comprend. Le dortoir, plus particulièrement, est un moyen de garder une force du nombre pour les torché-es: pas mal moins intimidant de se pointer en bas, chez les supposé-es intellectuel-les bourgeois- es, quand une partie de ta gang de torché-es vit en bas. De plus, la communauté des torché-es en est une qui voit ses membres en être longtemps et elle pose sa légitimité là-dessus. En effet, quand est venu le temps de refuser un don de légumes à sécher à L’Achoppe, par manque de place et d’effectif, et de répondre à cet individu qui s’indignait que l’on refusât une telle charité, on rétorqua chez les torché-es: “Ah! Mais un tel, c’est un ami de longue date de L’Achoppe!” – Ouin pis? Qui va inventer la place et coordonner tout ça?… Personne? Bah ta yeule. Je ne compte pas les fois où j’ai entendu dire avec fierté qu’un-e tel-le torché-e avait connu L’Achoppe du temps de telle affaire ou de telle autre, quand c’était pas carrément : “L’Achoppe a toujours été punk et elle restera punk”. Ressort un ton héroïque (le terme est peut-être un peu fort) des paroles de torché-es que je rapporte. Cette durabilité du « projet punk » n’a pas manqué, clairement, de paraître un signe de vitalité… sauf qu’elle est fondée sur l’abus en vérité.

• C’est quoi le “projet punk”? Après un an et demi d’implication à L’Achoppe, je crois comprendre que c’est un paradoxe. C’est l’inconfort, être toujours entre deux chaises, énerver à la manière d’une mouche qui attend sa claque. Ça fait du bruit pour pas grand-chose, ça recherche sa misère… Jusque-là, en dépit de mon ton, on peut y trouver quelque honorabilité: pas évident d’être parvenu-e avec une telle attitude, d’être un traître à sa classe (versus, disons, des représentants syndicaux, avec le respect qu’on croit généralement leur devoir). Or c’est ici que ça se corse: ça a en horreur toute clarification de rapports.

C’est que ça pense bêtement, parce que, on se souvient, ça n’aime pas la théorie, que structure consciemment travaillée = autorité, plutôt que moyen de coordonner les intérêts. Attendez-la, si vous avez la bêtise de vous investir à L’Achoppe à cause du récent appel, la qualification de votre personne d’autoritaire. Ça se pense vertueux en cultivant l’informel. Certes, il leur arrive, aux torché-es, de fréquenter la structure… On a vu pourquoi. En fait ça en veut bien une structure. Il s’agit de celle que j’achève de dessiner ici, informelle, inconsciente. Notez, ce n’est pas pour dire que les anarchistes, versus les torché-es, ont pour fin une seule structure donnée. Seulement, l’anarchisme, du moins celui don’t je suis, refuse le regroupement bête, de ne pas tenter de prendre conscience, en vue d’atteindre ses buts, des rapports qui unissent et désunissent. Puisque la vie est faite de pressions, d’impacts, de glissements, de frottements, de temps, qu’elle conduit. La bonne foi ne suffit pas toujours à la paix. Il faut parfois d’abord chercher à modifier le contexte. Ainsi les torché-es sont bien plus à risque de stagner que les anarchistes.

En conclusion, les torché-es ont tout pour sentir que leur “projet” leur réussit. Chez les torché-es, on méprise la théorie et ce qui dure, pourtant n’a pas manqué la formation de quelque instinct, ou réflexe, par une Achoppe “still punk” et l’ancienneté de certain-es membres de cette communauté… C’est que l’instinct cautionne à la fois le changement et le durable. Il y a stabilité et stagnation, deux termes signifiant des réalités similaires, mais aux connotations différentes. Et il y a changement et mauvaise surprise… C’est bien là le lot des gens qui refusent de réfléchir et choisissent de n’être qu’un paquet de réflexes: ne pas réaliser les contradictions bêtes par lesquelles on trahit les camarades. Il s’agit bien de trahison, puisqu’il s’agit d’exploitation. En effet, il s’agit, quand on travaille au CSA, d’à peine pouvoir profiter de son travail, alors que d’autres, qui ne s’impliquent pas du tout ou seulement quand l’intégrité de leur “projet”, le “projet punk”, est mise à mal, en profitent tout simplement. En tant qu’anarchiste, paraît d’abord un rare lieu d’expérimentation le CSA. On en ressort généralement déçu-e et épuisé-e. Et on part. Ai-je besoin d’expliciter en quoi cela est terriblement néfaste pour le projet anarchiste? Non seulement cela, mais considérez à un niveau plus personnel. Les choix qu’on fait sont vitaux puisqu’ils nous font plus ou moins gagner du temps. Il est, en ce sens, absolument outrageant de voir les torché-es à répétition flouer des travailleur-euses bénévoles, qui ont bien d’autres choses à faire que de s’impliquer dans un centre social tout pourri des murs aux gens. C’est rien moins qu’un vampirisme. Je disais: on peut penser que l’entretien de ce cycle par les torché-es est instinctif; il s’agit de reproduire une situation qui paraît bénéfique, simplement, de faire comme d’habitude. Et l’anarchisme est toujours là… Depuis quand? Plus de dix ans?… pour renforcer sans cesse cet instinct, en se mettant dans des situations où il est difficile de ne pas simplement torcher ou de ne pas finir par partir et être remplacé-e par quelque personne non avertie. On entend souvent en frais d’introduction à l’anticapitalisme: “L’histoire démontre que le capitalisme ne sert pas l’humanité”. Il faudra combien d’anarchistes passé- es et déçu-es par L’Achoppe pour user de la répétition comme argument? Notez que si le CSA avait un homologue dans les environs, on n’en serait sûrement pas là.

Naturellement, si je me fais chier là, je vais voir ailleurs. Or il n’est pas de tiers lieu comme le CSA dans les environs de celui-ci pour lui “faire compétition”. Et si la tendance se maintient dans l’immobilier, il semble que l’acquisition pour un projet de ce genre d’un autre bâtiment par des moyens légaux s’avérera de plus en plus ardue… C’est la raison pour laquelle plusieurs me disaient ne pas vouloir abandonner le projet: “C’est le seul endroit du genre dans le quartier; un lieu désigné pour l’anarchisme, c’est précieux, surtout de nos jours.” Est-il si précieux s’il y a à peine le temps de s’y investir déjà sans les torché-es? Il n’est pas dit, dans ce contexte, que le temps nécessaire à une sensibilisation efficace, s’il en est, auprès des torché-es en est un raisonnable. Et la tendance n’est pas qu’à la difficulté d’acquérir un bâtiment, évidemment; le temps lui-même se fait de plus en plus rare. Il semble qu’on essaie de gagner du temps avec du temps qu’on n’a pas en maintenant une Achoppe à la fois anarchiste et “punk”. En effet, ne désire-t-on pas entre autres du CSA qu’il soit le lieu de réunions par défaut, le lieu de confection de réserves alimentaires, le lieu de recrutement pour diverses organisations? Tout cela a trait au temps, est censé libérer du temps aux anarchistes.

C’est en raison de tout ce qui précède qu’on doit, je pense, miser sur les propositions suivantes:

• Réaffecter les habitations, afin que ces espaces ne puissent plus être occupés par de simples habitant- es qui n’ont aucun scrupule à saper les projets d’anarchistes.

• Ou enfin renoncer au lieu, le laisser aux torché-es (”L’Achoppe a toujours été punk et elle restera punk”), et faire campagne plus ou moins formellement, selon les besoins, pour que les anarchistes ne s’y fassent plus avoir. On verra combien de temps ça tough un centre social mené par rien que des torché-es… L’Achoppe telle qu’on la connaît n’est sûrement pas la seule avenue de l’anarchisme dans Hochelaga. J’ai tenté de rendre évident le fait qu’elle est plutôt une épine dans son pied. D’autres types de projets existent, et qui peut-être ont plus de chance de nous faire gagner du temps.

Nus

Un appel à la communauté large à réinvestir le Centre Social Anarchiste l’Achoppe

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Juil 132025
 

De l’Organisation révolutionnaire anarchiste

Si vous habitez dans Hochelaga ou si vous êtes le moindrement impliqué dans des mouvements populaires, les contre-cultures ou la gauche radicale, vous connaissez probablement l’Achoppe. Le lieu existe comme repère de queers, d’anarchistes et de punks depuis près de 20 ans et en 2018 plusieurs personnes ont participé à créer un OBNL pour racheter le bâtiment et en faire un centre social autonome (CSA), avec comme idéal: en faire une oasis autonome au milieu du désert ambiant.

Depuis, le niveau d’engagement des anarchistes et de la communauté de gauche plus large varie grandement selon les périodes. Un constat les traverse cependant: le manque d’implication à long terme de la communauté dans la reproduction du lieu. L’achoppe se veut un lieu de convergence pour les luttes locales, un lieu d’échange et de rencontre entre militantEs et habitantEs du quartier, un lieu d’entraide et d’implantation. Il n’y a conflit d’usage que parce que la communauté militante radicale ne s’est pas véritablement emparée du lieu pour en faire un RÉEL centre social, vivant et implanté dans le quartier et les luttes.

Dépasser la contre-culture.

L’Achoppe traîne depuis longtemps une mauvaise réputation dans plusieurs milieux. CertainEs le trouvent trop blanc, d’autres trop sale, ou trop bruyant. On entend dire que c’est un repère d’agresseurs où se reproduisent des violences sexuelles et des problèmes de consommation excessive. Nombreuses sont les militantEs qui ont abandonné l’espoir d’un jour parvenir à changer la culture ambiante et qui se sont brûlées à torcher après le reste des utilisateurices du lieu qui s’en déresponsabilisaient. On a souvent entendu « c’est peine perdue, mieux vaut créer un autre lieu plus à notre image ». 

Si la réputation de l’Achoppe a du mal à se transformer, ce n’est pas faute des quelques militantEs qui l’investissent et mettent en place des structures et des processus pour empêcher la reproduction de ces dynamiques. Pendant ses meilleurs mois, l’Achoppe débordait d’activités et la machine roulait parce que des gens y travaillaient, y mettaient du temps et de l’amour. Ce genre de projet ne fonctionne pas tout seul et un travail monumental a été fait pour rétablir la communication avec les colocs, améliorer la culture ambiante à travers des ateliers sur le consentement, des formations de prévention des violences à caractère sexuel avec les organisateurices d’événements, une politique de prévention des violences, des procédures d’exclusion et de justice transformatrice, nettoyer, rénover et aménager l’espace pour répondre aux besoins de différents groupes et différentes capacités, trouver du cash pour pouvoir garder le lieu, monter des initiatives d’aide mutuelle ouvertes sur le quartier, et créer des projets d’éducation populaire.

Malgré tous ces efforts, force est de constater que les préjugés ont la couenne dure. Après la lune de miel du nouveau CSA (depuis 2022), les quelques personnes (majoritairement des femmes et personnes queer) qui continuent de s’y impliquer, le tiennent à bout de bras. L’Achoppe n’est pourtant pas par essence un lieu malsain. Il est à l’image de celleux qui l’investissent. Si on veut que l’Achoppe change, il faut s’y impliquer et y mettre de l’énergie.

Ceci est un appel aux anarchistes, aux autonomistes, aux communistes antiautoritaires, aux progressistes et à la communauté militante élargie à se réapproprier le lieu et à en faire ce que nous voulons qu’il soit !

À qui l’Achoppe?

On doit se compter vraiment privilégiées d’avoir accès à un tel espace, une enclave libérée au cœur de la prison capitaliste qui nous entoure. Pouvez-vous nommer un seul autre lieu qui est possédépar la communauté, accessible pour en faire des activités virtuellement gratuitement, où n’importe qui partageant les valeurs antiautoritaires, égalitaires et anti-oppressives peut venir proposer son projet, le voir naître et l’héberger aussi longtemps qu’il durera ? 

On ne se rend pas compte de la valeur d’un tel endroit, mais c’est inestimable pour l’extrême gauche ! Pourquoi un tel désintérêt pour un lieu qui appartient à la communauté et qui déborde de potentiel ? 

La bibliothèque est remplie d’ouvrages pertinents et d’archives, l’espace possède un projecteur et un écran géant (des projections politiques y étaient organisées un jeudi sur deux en 2024), un bon système de son, un jamspace, une grande cuisine fonctionnelle (bravo aux bouffes collectives un mercredi sur deux), tous les outils pour fabriquer des meubles en bois, pour souder, pour réparer tout et n’importe quoi, des outils et des pièces pour réparer et même monter son propre vélo à partir de zéro (le B-choppe à besoin de beaucoup d’amour), faire sa propre bière, faire pousser des légumes, coudre des vêtements, faire de l’art, on pourrait aussi y faire de la sérigraphie, etc. Il pourrait y avoir des permanences tous les jours, des soupers collectifs (plus qu’une fois par mois), des projections de films, des formations, des panels, des shows bénéfices, des cercles de lectures, des discussions, des théâtres de marionnettes, des répar-o-thons, des cours de muy thai, n’importe quelle activité qui nécessite un grand espace intérieur ou de petits espaces tranquilles…

Réapproprions-nous l’espace, utilisons-le à son plein potentiel et faisons-le vivre !

Il n’en tient qu’à nous de le rendre à la hauteur de nos aspirations !

Vous pouvez écrire à lachoppe@riseup.net pour proposer vos idées ou aller aux réunions du CSA qui sont un mardi sur deux dans la grande salle de l’Achoppe.

-Des anarchistes d’hochelag

Retour sur l’action du 29 juin contre le BBQ annuel libéral pour la fête du Canada à Québec

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Juil 032025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le dimanche, 29 juin 2025, à Québec, les ministres et députés fédéraux Jean-Yves Duclos et Joël Lightbound ont convié leurs partisan·es à un événement festif organisé à l’occasion de la fête du Canada. Ce rassemblement, sous forme de pique-nique public où hot-dogs et crudités étaient à l’honneur, s’inscrivait dans une mise en scène politique visant à projeter une image de normalité et d’unité nationale. L’événement, présenté comme le « BBQ annuel Fête du Canada – région de Québec » par le Parti libéral du Canada, figurait sur le site officiel du parti. La promotion de ce rassemblement affirmait qu’« on ne peut jamais tenir nos progrès pour acquis », notamment dans le contexte d’un gouvernement minoritaire, une rhétorique destinée à mobiliser la base libérale autour d’un exercice de visibilité publique.

Malgré le silence complice des grands médias et les tentatives des organisateurs de camoufler la présence des manifestant·es derrière des images soigneusement sélectionnées, l’action militante menée sur place a imposé un contre-récit clair et puissant.

Dans un contexte de génocide en cours à Gaza, alors que la famine forcée sévit, une vingtaine de citoyen·nes ont choisi de dénoncer pacifiquement l’hypocrisie de ce BBQ. Dès les premières minutes, des slogans et des prises de parole ont été lancés, tandis qu’une dizaine de militant·es s’infiltraient parmi les partisan·es libéraux pour mettre en scène une performance intitulée « À Gaza, on meurt pour un sac de farine ». Allongé·es au sol, couvert·es de faux sang et entouré·es de sacs de farine, les participant·es ont incarné la réalité des Palestinien·nes contraint·es de risquer leur vie pour se nourrir.

Cela dit, la réaction des forces policières a été révélatrice. Plusieurs manifestant·es ont été poussé·es, piétiné·es, voire agressé·es physiquement, notamment par des coups de botte assénés à des personnes allongées au sol. Les policiers ont également tenu des propos moqueurs, protégeant les dignitaires pendant qu’ils festoyaient sans être inquiétés. Certains ont refusé de s’identifier, dissimulé leurs matricules sous des dossards ou agi sans uniforme officiel. Des propos méprisants, tels que « vous ne changerez rien » ou « vous allez vous fatiguer avec ça », ont été rapportés.

Il est important de rappeler que l’événement était officiellement ouvert à toutes et à tous. Aucune inscription préalable n’était requise, si ce n’est une simple adresse courriel permettant de figurer sur la liste de diffusion du Parti libéral. Il n’était pas nécessaire d’avoir un billet ni de fournir son nom ou d’autres informations avant de s’y présenter. Pourtant, une fois sur place, une table a été installée pour distribuer des bracelets rouges, accompagnés de plusieurs feuilles incitant les participant·es à fournir leurs renseignements personnels afin de « s’inscrire » sur place. Cette mise en scène administrative évoquait, pour plusieurs, les dispositifs de filtrage social mis en place durant la pandémie de COVID-19. Dans les faits, des personnes qui ne correspondaient pas au moule attendu de la partisanerie libérale, ayant des piercings, des cheveux courts et colorés, se sont vu restreindre l’accès à la nourriture en l’absence de bracelet, ont été épiées de près, et parfois même empêchées de s’inscrire. Derrière les apparences d’un événement inclusif se dessinait ainsi un mécanisme de tri politique, où la dissidence se voyait rapidement marginalisée.

Pendant ce temps, à Gaza, l’accès à la nourriture constitue un enjeu de survie. Selon le journal Haaretz, des soldats israéliens ont reçu l’ordre explicite de tirer sur des foules civiles en attente de distributions alimentaires. Les convois d’aide humanitaire sont régulièrement ciblés par des bombardements, et les points de distribution sont systématiquement pris pour cibles. Plus récemment, des professionnel·les de la santé sur le terrain ont révélé la contamination de sacs de farine par des opioïdes comme l’oxycodone, un narcotique hautement addictif. Des comprimés écrasés ont été retrouvés directement mélangés à la nourriture, soulevant de sérieuses inquiétudes quant à l’utilisation d’armes chimiques à visée destructrice et coloniale.

Ce qui se déroule à Gaza pourrait même dépasser le cadre d’une famine : il s’agit d’une guerre chimique, d’un processus de destruction lente ciblant les populations civiles par la privation, l’empoisonnement et la dépendance. Dans ce contexte, l’attitude du gouvernement canadien, qui refuse d’imposer des sanctions, maintient ses exportations d’armes et approfondit ses relations diplomatiques avec Israël, s’apparente à une complicité active.

La participation publique des ministres et députés Duclos et Lightbound à un événement festif en pleine tragédie humanitaire constitue une démonstration flagrante de cynisme politique. Tous deux sont directement impliqués dans les politiques d’approvisionnement militaire, ayant dirigé ou supervisé Services publics et Approvisionnement Canada. Par ailleurs, leur parti se rend complice de la normalisation des relations avec Israël, du conditionnement de l’aide humanitaire et de la criminalisation des mouvements de solidarité avec la Palestine.

Le gouvernement fédéral a récemment annoncé une hausse significative de ses dépenses militaires, visant 2 % du PIB, tout en réduisant les budgets consacrés aux services publics. Sur les campus et dans les rues, il multiplie les mesures de censure et de répression à l’encontre des voix dissidentes, tout en favorisant les intérêts de groupes de pression comme le CIJA (Centre Israélien-Juif pour les Affaires publiques).

L’action du 29 juin visait à briser cette indifférence institutionnalisée, à affirmer que toutes les vies ne sont pas traitées de manière égale par l’État canadien, et à réitérer une solidarité ferme envers le peuple palestinien. Par cette action sobre mais percutante, les manifestant·es ont confronté l’image rassurante des élites canadiennes avec la réalité brutale d’un peuple affamé et bombardé.

Enfin, il est impossible de dénoncer les politiques génocidaires à l’œuvre en Palestine sans reconnaître les fondements coloniaux du Canada lui-même. Ce même 1er juillet, que l’État présente comme une fête nationale, représente pour de nombreux peuples autochtones une journée de deuil. Elle rappelle un passé et un présent marqués par le vol des terres, les pensionnats, les stérilisations forcées, les disparitions, la négation culturelle et la pauvreté systémique. Tandis que le gouvernement se livre à des célébrations festives sous des drapeaux tricolores, il continue de refuser de reconnaître les droits territoriaux des Premières Nations, d’appliquer pleinement la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, et d’adopter des lois controversées comme le projet de loi C-5, critiqué pour faciliter l’appropriation de terres non cédées au bénéfice d’intérêts privés.

La solidarité avec la Palestine est indissociable de celle envers les peuples autochtones d’ici. Les logiques coloniales, racistes et extractivistes qui alimentent l’oppression au Moyen-Orient résonnent dans les structures de pouvoir canadiennes. C’est dans cette continuité des luttes, locales et transnationales, contre les formes contemporaines de colonialisme et de génocide que s’inscrit notre action.

Ne serait-ce qu’évoquer que quelques-unes des violences contemporaines contre les autochtones

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Juin 262025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ne serait-ce qu’évoquer que quelques-unes des violences contemporaines contre les autochtones (exploitations minières illégales, criminalisation des défenseurs de l’environnement, destruction d’écosystèmes) relèvent davantage de systèmes oppressifs structurels (racisme institutionnel, extractivisme)… Les colonisations ont laissé des héritages de violence, d’expropriation et de marginalisation qui perdurent aujourd’hui sous diverses formes (spoliation des terres, inégalités socio-économiques, déni des droits culturels, etc.).

Les entités coloniales n’ont aucune intention de réconciliation, c’est un fake show pour faire continuer à dormir, les somnanbules. Ils ont besoin qu’ils continuent à dormir pour faire la deuxieme phase du génocide. Pendant que les somnanbules fêtent et dansent, ils passent des lois pour les évincers de leurs territoires. Ils ont besoin que vous continuez à dormir pour faire la deuxieme phase du génocide contre tous les autochtones du Turtle Island.

Il est temps de briser le silence.

Les violences contre les peuples autochtones ne sont pas des accidents, mais le fruit d’un système colonial génocidaire vivant, inscrit dans les lois, les économies extractivistes et les mentalités. Exploitations minières illégales, criminalisation des gardiens de la Terre, destruction des forêts et des rivières sacrées, spoliation des territoires : chaque jour, ces actes perpétuent un génocide structurel, une guerre silencieuse mais bien réelle.

La réconciliation ? Un manteau vert jeté sur la pourriture. Derrière les discours officiels et les cérémonies vides, les États et les multinationales continuent de piller, de diviser, d’effacer. Leur objectif est clair : vous endormir, vous faire croire que la justice viendra par des signatures sur du papier, pendant qu’ils passent des lois pour expulser les communautés, écraser les résistances et détruire ce qui reste de la vie ancestrale.

Vous pensez être spectateur·trice ? Non. Tant que vous laissez le monde dormir, vous faites partie du mécanisme. Chaque dollar investi dans l’extractivisme, chaque vote pour des gouvernements complices, chaque indifférence face aux prisons remplies de défenseurs autochtones nourrit cette machine à détruire.

Le réveil commence par l’action.

Soutenez les luttes concrètes : Bloquer les projets miniers, exiger la restitution des terres.
Cessez de cautionner les fables étatiques : Exigez des comptes, dénoncez les lois d’occupation, boycottez les entreprises complices? Devenez un·e allié·e : Apprenez, écoutez, amplifiez les voix autochtones. La survie de leurs cultures est notre survie à tous. Le génocide ne se déroule pas en secret. Il se déroule sous nos yeux. Refuser de voir, c’est choisir de participer. Le réveil est une responsabilité, pas une option.

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Les luttes des peuples autochtones ne sont pas seulement des luttes pour la justice sociale

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Juin 212025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Berthierville, le 17 juin 2025 — Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire de dénoncer l’ensemble des politiques mises en œuvre par l’État québécois, qui s’inscrivent dans la continuité d’un projet colonial visant à éliminer toute autonomie politique, culturelle, spirituelle et territoriale des peuples autochtones du soi-disant Québec. Une logique coloniale toujours active.

Derrière les discours officiels sur la « coexistence » ou la « reconnaissance », ce sont bien des actions concrètes qui traduisent une volonté constante de contrôle, d’assimilation et d’extraction : La Loi 96 (Charte de la langue française) impose une vision étatique du français tout en ignorant les langues autochtones, leurs droits à la transmission, et leur statut légitime sur leur propre territoire.

Le projet de loi 97, récemment présenté, menace encore davantage l’autonomie des communautés autochtones en cherchant à encadrer ou limiter leur capacité à exercer leur souveraineté locale, notamment en matière d’éducation, de gestion des terres et de gouvernance interne.

La répression abusive contre la culture autochtone se manifeste notamment par l’interdiction ou l’empêchement d’accéder à des sites sacrés, la stigmatisation des cérémonies spirituelles, ou encore l’obstruction des pratiques traditionnelles comme les chants, danses, rituels ou rassemblements communautaires liés à la terre.

Les projets extractivistes tels que GNL Québec, les projets miniers en Eeyou Istchee et ailleurs, se font sans respect du principe du consentement libre, préalable et informé (CLPI), reconnu par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

La criminalisation des résistances pacifiques, comme lors du démantèlement des barricades à Maniwaki ou ailleurs, montre clairement que l’État québécois ne reconnaît pas la souveraineté des communautésalgonquines, innues, atikamekw, inuk-mikmaw, cris, inuites… Une nécessité décoloniale.

Nous affirmons ici que les peuples autochtones ont le droit inaliénable de s’identifier eux-mêmes, d’administrer leurs terres, de parler leurs langues, de pratiquer leurs cultures, de transmettre leurs savoirs, et de vivre selon leurs systèmes juridiques, spirituels et sociaux propres. Ce droit à l’autodétermination n’est pas négociable. Il est fondamental.

Appel à la solidarité. À l’heure où le Québec tente de se poser comme un État progressiste, c’est précisément ce masque qu’il faut briser. Les luttes des peuples autochtones ne sont pas seulement des luttes pour la justice sociale : elles sont aussi des luttes anticapitalistes, anticoloniales, écologiques et féministes. Nous appelons toutes les personnes alliées, organisations, groupes militants, syndicats et collectifs à amplifier ces voix, à soutenir les résistances, et à refuser la normalisation de cette violence coloniale.

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Retour sur la riposte pro-choix du 31 mai 2025 à Québec

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Juin 132025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pour la deuxième année de suite, Campagne Québec Vie organisait « La marche pour la vie », à Québec. Malheureusement, l’année dernière, il y avait eu quelques actions, mais rien qui ait vraiment perturbé la visite des anti-choix.

Cette année nous nous y sommes pris d’avance et nous avons décidément réussi à prendre le dessus sur les anti-choix et les flics.

Affichage et pression en ligne

En plus de leur manifestation, les cathos avaient prévu un banquet pour leurs militant-e-s à l’hôtel Delta. Après une campagne d’affichage dans les rues des quartiers centraux de Québec dénonçant l’accueil des anti-choix par l’hôtel (et des mauvaises critiques en ligne qui s’accumulaient), le Delta a fait le choix judicieux d’annuler toutes les chambres et les salles qui avaient été réservées par Campagne Québec Vie quelques jours avant leur marche.

Le jour de la marche

Du côté des pro-choix, il y avait une coordination minimale et très décentralisée des forces en présence dans les semaines précédant le jour de la marche et durant la journée.

Solidarité inter-urbaine des camarades montréalais-e-s

La journée a bien mal commencé pour les anti-choix, qui ont vu le départ d’un de leur bus en provenance de Montréal retardé d’une heure par des camarades antifascistes et des membres du SITT-IWW Montréal.

Nous les remercions grandement pour leur mobilisation, ça a fait une différence.

Les tannant-e-s en imperméable noir

Vers 10h40 un groupe d’une dizaine de personnes masquées est arrivé avec une bannière pour mettre un peu de pression sur les cathos. Iels ont tenu la ligne pendant une bonne heure, ont scandé des slogans et gardé les flics occupé-e-s.

L’action de perturbation des militantes féministes

Discrètement, un groupe de militantes féministes avaient “infiltré” le rassemblement des anti-choix, et au milieux des discours, elles ont soudainement craqué des fumigènes et se sont mises à scander des slogans, ce qui a complètement déstabilisé les cathos, qui ne pensaient pas que les contre-manifestant-e-s pourraient se rendre jusqu’à eux, et les flics aussi d’ailleurs, qui se sont retrouvés pris entre deux groupes de pro-choix, don’t un littéralement mêlé au travers des anti-choix.

Les tannant-e-s en imperméable noir en ont profité pour avancer leur ligne plus proche des anti-choix pendant que les flics étaient occupés ailleurs.

Après s’être fait sortir du rassemblement anti-choix par les flics, les militantes féministes sont allées rejoindre les tannant-e-s derrière la bannière.

Les syndicalistes et leurs gros jouets

Comme les féministes s’étaient coordonnées avec les syndicalistes pour que l’action de perturbation ait lieu avant l’arrivée des bus syndicaux, les syndicats sont arrivés à 12h15 exactement comme ils l’avaient annoncé.

Leur arrivée tombait à point, car malgré tous les slogans et chants possibles, les tannant-e-s et les féministes n’arrivaient pas à enterrer les discours des anti-choix. Les syndicats, eux, s’étaient munis de sirènes de bateau montées sur des perceuces électriques et de dizaines de fumigènes, afin de bien enterrer visuellement et auditivement les anti-choix. Ce qui a très bien fonctionné, car un bon nombre d’anti-choix ont quitté les lieux à ce moment, visiblement découragé-e-s, et nous n’avons plus rien entendu de leurs discours!

Ensuite, lorsque l’action syndicale devait prendre fin, les militant-e-s syndicaux étaient bien crinqué-e-s, et donc, au lieu de partir comme prévu, iels ont laissé les bus partir et sont resté-e-s jusqu’à la fin de la journée.

Marche des tannant-e-s et des féministes jusqu’à l’action verte

Alors que les syndicalistes se retiraient vers la haie de la honte, les anti-choix ont annoncé dans leurs micros que la police allait leur permettre de partir sur leur trajet tel que prévu initialement via René-Lévesque.

Ayant entendu tout ça, la bannière noire et la ligne s’est reculée afin de bloquer entièrement Honoré-Mercier, plutôt que simplement le côté ouest de la Fontaine.

Le SPVQ a alors mis la pression pour tenter de repousser les manifestant-e-s pro-choix, sans grand succès, avant de finalement dire aux anti-choix de partir dans l’autre direction vers Grande Allée. Quand les anti-choix ont tourné le coin de la rue, le mot s’est passé pour contourner l’Assemblée Nationale vers le parc de l’Amérique Française. Des policiers ont à plusieurs reprises tenté de dévier ou d’arrêter la manifestation en disant que celle-ci était illégale, sans succès. Une fois rendue au parc de l’Amérique Française, la manifestation y est restée un peu jusqu’à ce qu’une partie de la haie de la honte qui était à la poursuite des anti-choix nous rejoigne.

À un moment, le mot s’est passé que la manifestation anti-choix revenait sur ses pas via Grande Allée, pour éviter la confrontation. Un mélange des personnes de haie de la honte et de celleux qui suivaient la bannière noire s’est alors séparé en deux puisque deux appels à se déplacer circulaient. Un petit contingent s’est rendu vers l’Assemblée Nationale via René Lévesque sous haute surveillance policière. Pendant que l’autre contingent, plus grand, est parti vers Grande Allée via rue de l’Amérique Française, puis Jacques Parizeau.

Sur Jacques Parizeau, une unité d’anti-émeute a tenté de dépasser la manifestation par le trottoir pour la bloquer, la bannière noire a alors tenté de leur bloquer le passage, s’en est suivi une salve de coups de bouclier avant que l’anti-émeute se calme et réalise qu’ils étaient rendus entouré par la manif contre un mur, et relativement peu nombreux. La manifesatation a alors continué, coupé à la course par le parc de la Francophonie, puis bloqué Grande Allée pour empêcher les anti-choix de revenir à l’Assemblée Nationale.

La police a fait passer les anti-choix par une rue perpendiculaire et vers René-Lévesque jusqu’au point de départ. À ce moment, le contingent avec la bannière noire a tenté d’aller vers René Lévesque pour bloquer à nouveau les anti-choix, puis bloqué par la police, ils ont rejoint le reste de la manif à l’Assemblée Nationale.

La haie du déshonneur

Les groupes communautaires avaient organisé une action verte, “La haie de déshonneur”, qui avait pour but d’huer “La marche pour la vie”. Il y avait au moins 200-250 personnes à cette action. Les anti-choix ayant changé leur trajet, la haie est partie en manif pour monter de René-Lévesque à Grande Allée afin d’aller huer les cathos dans leur face.

Après avoir chahuter les anti-choix, on a senti la colère des gens grimper d’un cran. C’est à ce moment que les gens se sont mis à suivre la marche des anti-choix. Par la suite, il y a eu un jeu du chat et de la souris où les pro-choix bloquait la manif anti-avortement à tous les détours.

Finalement, la manif catho a réussi de peine et de misère à retourner à l’Assemblée Nationale.

Peu de temps après, les pro-choix qui avaient été bloqué-e-s ou ralenti-e-s par les flics sont tou-te-s arrivé-e-s en même temps de tous les côtés, ont contourné les lignes de flics et ont réussi à confronter de plus belle les anti-choix dans leur face. Jusqu’à ce qu’un cordon de policiers qui n’était pas habillé en anti-émeute sépare les deux groupes et fasse disperser les anti-choix.

Conclusion

Que ce soit durant les grèves étudiantes de 2012 et 2015, la manif contre la meute de 2017 ou la riposte pro-choix du 31 mai dernier, c’est dans un certain chaos que Québec shine le plus. Encore une fois, c’est une coordination plus ou moins formelle, des communications efficaces et décentralisées ainsi que du laisser-aller de la part de toutes les forces en présence qui ont fait de cette journée un succès.

Même si les anti-choix fricotent généralement avec l’extrême-droite, le droit à l’avortement et l’autonomie corporelle sont des aspects négligés des luttes contre l’extrême-droite. Les anti-choix se mobilisent généralement à la fin de l’été à Québec, restons donc vigilant-e-s et soyons présent-e-s en grand nombre à leur prochaine visite.

S’appropriant le salon : un compte-rendu de Constellation 2025

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Juin 132025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

On a ouï-dire que vous aimez les comptes-rendus de festivals anarchistes ; nous espérons que d’autres suivront le pas. La deuxième édition de Constellation a eu lieu du 15 au 21 mai 2025 à Montréal. Pendant sept jours, il y a eu des lancements de livres, des fêtes, des spectacles-bénéfices, des randonnées à vélo, un arpentage de livres, un rave squattée dans un magasin de magie abandonné, un BBQ, un autre barbecue qui a bloqué des fachos, une journée de réseaux maillés, un atelier sur le consentement radical, et plus encore. Les participant.e.s venaient de partout dans le pays, du sud de la frontière et aussi d’outre-mer, et les événements se sont déroulés dans des salles combles, même lorsqu’il y en avait cinq en même temps.

Le 17 mai a vu le Salon du livre anarchiste, une tradition montréalaise qui remonte à l’an 2000. Plus de 90 éditeurs, distros de zines, artistes et groupes ont tenu des tables. Il a plu presque toute la journée, et il n’y avait d’espace à l’intérieur du CÉDA que pour les deux tiers des tables. Heureusement, une tente de mariage de la taille d’une grange a été installée sur le terrain de baseball à l’extérieur, ainsi qu’une autre plus petite, et elles ont vraiment fait leurs preuves. Pendant ce temps : des kilos de café volés à l’étalage gardait les participant.e.s caféinés, des enfants jouaient dans la salle du service de garde ou participaient à des ateliers (qui incluaient la lecture d’un livre anarchiste pour enfants par les auteurs) et une équipe de cuisiniers se préparait à nourrir gratuitement des centaines de personnes. Plus de 1000 personnes sont passées, et nous ne nous souvenons pas de la dernière fois où nous avons vu autant de nouveaux visages lors d’un événement anarchiste en ville.

D’autres ateliers ont abordé l’histoire de l’anarchisme révolutionnaire en Europe de l’Est et en Amérique latine, l’intelligence artificielle, un analyse anarchiste du cancer, les dangers de la militarisation des luttes sociales, l’histoire de la résistance à l’esclavage et au colonialisme dans le sud-est des États-Unis, l’organisation des locataires contre l’exposition au plomb, et la vie rurale en tant qu’anarchistes. Des gardiens du territoire Nehirowisiw (Atikamekw), situé à environ deux heures au nord de Montréal, ont également fait le déplacement pour partager dans une salle pleine à craquer, le contexte de leur lutte contre l’exploitation forestière. Cette discussion tombait bien, parce que les blocus contre l’exploitation forestière allaient reprendre trois jours plus tard, avec un appel aux sympathisant-es de la ville à se joindre à elleux. On espère que de nombreuses personnes qui ont assisté à cette discussion ont ensuite pris des zines de réflexions anarchistes sur la solidarité anticoloniale au salon et se sont préparées à faire une contribution matérielle à cette lutte.

Au lieu d’une deuxième journée de livres et de zines, le 18 mai, le CÉDA a accueilli ce qui a été annoncé comme un skill faire. C’était génial. Nos ami-es nous ont dit qu’iels avaient besoin de voir le format en vrai pour comprendre son potentiel, et sont enthousiastes quant à son avenir. Il y avait des tables où les gens pouvaient apprendre à crocheter des serrures, acheter des hormones en ligne avec Bitcoin, souder des composants électroniques, organiser un complot contre leur proprio, s’informer sur les réseaux maillés, créer un compte Riseup, faire des retouches sur leurs vêtements, améliorer la sécurité de leur appareils électroniques, ou faire de la chimie DIY. Des ateliers ont permis aux gens de s’initier à la réparation automobile de base, à la sérigraphie, au chant balkanique, aux techniques somatiques d’action collective, à la guerrilla grafting, et à bien d’autres choses encore. Moins de tables, des interactions en face-à-face plus longues et pratiquement aucun échange monétaire ont été parmis les facteurs ayant contribué à créer un contraste agréable avec la journée du salon du livre. On s’intéresse aussi à la manière dont le format des tables de skills permet d’établir des liens entre les projets et nos différentes connaissances pratiques.

Ce n’est pas un secret que le groupe qui organise Constellation a pris une approche différente à celle du Collectif du salon du livre anarchiste de Montréal (MABC), dont différentes permutations ont organisé le salon du livre jusqu’en 2023. Lorsque le MABC a accusé Constellation de « s’approprier » le Salon du livre, nous avons été heureux-ses de constater que les anarchistes de Montréal étaient assez unanimes à répondre que le salon du livre n’appartient à personne, ou, autrement dit, qu’il nous appartient à tout-es. Depuis la fin de semaine, nous avons réfléchi à la façon dont cette perspective offre un environnement plus libre, dynamique et invitant, tout en requérant un peu plus à chacun-e d’entre nous.

Ceci est vrai notamment en ce qui concerne les conflits. Tout événement rassemblant autant d’anarchistes au même endroit est voué à devenir site de tensions interpersonnelles et politiques. Nous sommes heureux-ses que le festival ait été organisé sans l’intention de balayer les conflits ou de les supprimer, ou selon le modèle d’un comité spécial habilité à décider qui est le bienvenu et ce qui est autorisé. Cette approche a pour conséquence que les personnes qui sont impliqué-es dans des conflits, ou qui ont été blessées ou même lésées par d’autres, peuvent prendre des mesures autonomes pour tenter d’affirmer leurs limites, de mettre un terme à des comportements heurtants ou de se venger. Mais à la liberté s’accompagne la responsabilité. Nous éprouvons le grand besoin d’une culture plus saine en ce qui concerne les conflits, plus à même de désamorcer les conflits qui ne sont pas avec l’ennemi ainsi que de modifier les causes qui en sont à l’origine. C’est en partie grâce à nos réponses à la manière dont les conflits sont introduits dans nos espaces partagés que cette culture se développe en tant que forme de responsabilité collective. Cela peut être inconfortable, qu’il s’agisse de remettre en question les tendances de nos ami.es les plus proches, d’identifier les peurs sous-jacentes à nos propres réponses apprises, de découvrir les hypothèses qui ne sont pas remises en question dans notre cercle social, ou simplement de dire des choses qu’il est difficile de dire. Dans d’autres cas, il suffit de prendre des initiatives.

Dans un cas, une affiche dénonçant une participante au kiosque du salon, écrivaine local et une éditrice de zines, a été collée devant le CÉDA la nuit précédant le salon. Nous n’aimons pas particulièrement cette écrivaine, qui a transformé sa « cancellation » en une sorte d’escroquerie (quiconque possède la grande plateforme de cette personne n’est pas cancellée). Mais l’auteur.e de l’affiche a fait une paire d’allégations sérieuses qui, à notre connaissance, ne sont supportées par quelconque source crédible, dans le contexte de l’annonce que cette personne serait indésirable lors d’événements anarchistes. Faire des allégations sérieuses contre quelqu’un sur la base de preuves fallacieuses ou inexistantes peut être incroyablement endommageant à bien des égards pour nos relations de confiance et nos luttes. Ça nous a pas gênés d’apprendre que la plupart de ces affiches ont été détruites avant même le début du salon du livre.

En général, si vous décidez d’apporter votre beef au salon du livre, en particulier d’une manière qui exige quelque chose de la part de d’autres anarchistes, vous devriez être prêt.es à entendre des questions, des remises en question, et peut-être des critiques. On se méfie de tout groupe qui cherche à s’engager dans un conflit de la manière la plus publique possible tout en exigeant que les autres n’y interviennent pas ; ça ressemble à l’extrême opposé de l’invisibilisation et de l’évitement du conflit, en le transformant en spectacle. Ces deux extrêmes nient la responsabilité collective des conflits, l’un les reléguant à la sphère privée, l’autre nous transformant en spectateurs passifs. Nous ne devrions pas non plus formuler faussement les choses avec des termes qui étouffent le débat ou menacer de diaboliser toute personne qui conteste nos affirmations.

Se donner les moyens de réparer les préjudices sans faire appel à l’autorité ou la reconstituer semble être le projet de toute une vie. Outre le fait de ne pas avoir délégué cette responsabilité, nous doutons que quelqu’un ait atteint la cible à ce niveau au cours de la fin de semaine.

– des anarchistes

Faut-il répéter les même mots ou en utiliser d’autres ? Brève d’exercice et de récupération.

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Juin 112025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

On fait constamment l’objet d’une récupération. Par le passé, j’aurais utilisé la notion de Spectacle, mais plus le temps avance, et plus je me dis que c’est aussi le propre de chaque fois qu’on prend la parole d’être mécompris.e, c’est une fonction du langage.

Cette mécompréhension est constitutive de l’échange, du dialogue, du débat, sans quoi ce on pourrait clarifier nos positions une bonne fois pour toute et les suivre. On connaît l’histoire, des tendances s’imaginent pouvoir enfin parvenir à un accord sur des principes simples et puis soudainement, ça capote, on s’entend plus, chaque mot renferme une Boîte de Pandore. Souvent, on en cherche la cause dans le marécage de l’interpersonnel ou de la mauvaise communication, mais c’est aussi plus profond. On peut pas tout dire, s’entendre vraiment, sans quoi le momentum est passé.

Proposition: le modèle qu’on devrait prendre pour la prise de parole ou l’entente, ça devrait être davantage celui de deux processus concurrents. D’un côté, la récupération et le déplacement de sens incessant, de l’autre la précision et le retour à l’idée politique à répéter. On s’entend que la compulsion de répétition est pas toujours du bon côté ni le déplacement dans le flou.

Exemple concret et récent (pour une fois) : on pitch une idée sur l’antifascisme pendant la fête des Patriotes, les OUI Québec la récupèrent, on est content.e de voir que ça prend: peut-être que quelque chose pourrait se jouer, une ligne de démarcation dans le mouvement indépendantiste… Ensuite, on voit un vieux réac, apprenti bock-cotiste reprendre l’idée d’une indépendance antifasciste. Mais quelle est la valeur alors de l’antifascisme qui peut faire l’objet d’un tel glissement? Est-ce que ces affirmations profitent à l’antifascisme ou bien est-ce qu’elles créent une position vraiment cursed des souvrainistes-antifa pour l’indépendance mais qui ne dénoncent pas les Bock-Côté ou PSPP? Ce glissement est positif et négatif : l’enthousiasme a-critique comme le rejet en bloc sont des attitudes qui nous aident pas à penser dans ce genre de moment politique.

M’intéresse un antifascisme qui permet de faire advenir un clivage, de bouger l’ensemble de l’espace public et qui s’intéresse à toujours préciser et clarifier le contenu de son mot d’ordre contre la fascisation en cours.

Je parle ici aussi de façon large: les mots «antifascisme» comme «gauche» ou «anarchisme» font l’objet de déplacements et de récupérations constants. Publier un post ou un texte ou tenir une position politique dans le discours, c’est comme faire la vaisselle – c’est à refaire à chaque jour –, mais c’est aussi comme un muscle. Oui, il faut le travailler d’abord et avant tout. Mais un fois qu’on a recommencé à faire des exercices, il faut aussi faire attention aux patterns de faux mouvements qui peuvent nuire à la longue. Il faut changer les paramètres de l’exercice ou carrément d’exercice quand ça fait plus forcer.

Quand le travail de propagande antifa atteint un consensus relatif, on peut se réjouir. En Allemagne, récemment, les manifs contre la droite et contre le fascisme ont rassemblé des centaines de milliers de participants. Or, à la fin de la journée ces manifs avaient un discours politique qui était si peu clair, elles avait tellement de difficulté à préciser des lignes de démarcation, qu’elles ont principalement servi la dédiabolisation de tout ce qui n’est pas l’AFD mais qui s’en inspire et reprend ses politiques. Ceci est un bon exemple de la récupération toujours possible, on se fait dérober nos propres termes, puis on les revoit en face de soit à la fois étranges et familiers. En Allemagne, les groupes qui sont parvenus à intervenir de la façon la plus intéressante dans ces manifs contre la droite, qui ont prolongé la lutte antifasciste, ce sont les groupes pro-pal qui ont décloisonné l’image du fascisme de ses usual suspects. Ça n’a pas plus à certains antifas–antideustch, ceux qui, depuis les années 1990 font de la politique de rue contre les nazis, mais qui font également coexister le symbole des drapeaux antifa avec le drapeau d’Israël et sa politique; un exemple de glissement et de récupération avec un autre drapeau bleu et blanc.

Tout ça pour dire, il faut prendre la parole, entraîner le muscle souvent. Mais il faut le faire en ayant conscience que les mots nous échappent, que ça en prendra beaucoup de mots, des arguments – avec des gestes – pour faire gagner une ligne. On ne peut se contenter du flou et de son corollaire, l’évidence partagée, mais jamais argumentée.

Lorsque se présente à nous une situation de rapprochement inattendue celle-ci est indissociable de la récupération. Il faut avancer avec nos deux jambes et prévoir ce qui va nous revenir en pleine face si on le clarifie pas, si on précise pas.

– Maulwurf

Une position différente

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Juin 112025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous ne sommes PAS l’Association des gardiens du territoire Nehirowisiw Aski, notre position est différente : « On n’appelle PAS la police, dans cette situation ». Le supposé système de justice coloniale est l’un des éléments centraux du racisme systémique commis contre tous les autochtones de l’ile de la tortue. Nous sommes des autochtones qui résistent au génocide en cours.