Commentaires fermés sur Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant?
Nov082024
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Alors, les fascistes ont gagné aux états-unis, en france, en italie … et ils s’en viennent ici. Qu’est-ce qu’on fait maintenant? On fait ce qu’on a toujours fait: on s’organise!
Construire un réseau de support pour personnes immigrantes
Beaucoup de personnes vont être forcées de fuir les états-unis. La menace de la « dénaturalisation » (un gros mot pour dire la déportation des personnes non-blanches) implique que beaucoup de personnes racisées seront forcées de quitter les états-unis dans l’urgence. Beaucoup de personnes LGBTQ+, en particulier des personnes trans, vont devoir trouver des refuges rapidement, à cause des lois transphobes et queerphobes.
Il y a des américains qui travaillent présentement à construire un réseau souterrain pour amener les gens à des endroits sûrs. Nous devrions donc nous assurer d’avoir des endroits sûrs ici pour les accueillir. Tant que le canada marque les états-unis comme un tiers pays sûr, beaucoup de ces gens se retrouveront sans statut. Le problème d’un état plus social comme le nôtre est qu’on dépend beaucoup de lui pour nos services. Il n’y a donc pas beaucoup de ressources pour les personnes sans statut à Tio’tia:ke.
Le Centre des travailleurs et travailleuses immigrantes (iwc-cti.ca) travaille avec des personnes au statut précaire et aura besoin d’aide. Solidarité sans frontières (solidarityacrossborders.org) supporte aussi des personnes au statut précaire et aura besoin de notre aide.
Aider vos antifascistes locaux
Nous ne sommes pas dans un lieu sûr nous-mêmes. Le fascisme est en hausse ici aussi. Le gouvernement legault se faufile lentement vers le fascisme, et les conservateurs fédéraux seront probablement élus avec un mandat d’extrême-droite. Et c’est sans compter les nazis locaux et leurs supporteurs. Contactez votre collectif antifasciste local (à Tio’tia:ke voir montreal-antifasciste.info) pour voir comment vous pourriez aider, ou bien créez votre propre collectif! Au minimum, enlevez tous les signes de la présences des fascistes. Ne les laissez pas prendre racine dans votre quartier!
On remarque aussi une hausse du nombre de shows de punk et de metal, malgré la fermeture de plusieurs scènes camarades. Ces shows sont beaucoup apolitiques, et si nous ne sommes pas prudent-e-s, les scènes pourraient être investies par des fachos. Tenir des tables de merchs camarades pourrait aider à rappeler aux gens ce qui est en jeu, et l’importance de jeter dehors les fascistes et nazis de nos shows.
Construire des alternatives à nos services perdus
Un des gros enjeux aux états-unis, et possiblement au canada bientôt, c’est l’accès à l’avortement et aux hormones d’affirmation de genre. Mais il y avait un moment où on pouvait assurer ces services nous-mêmes. La génération plus ancienne de personnes trans se souvient peut-être de l’époque où les personnes trans se rencontraient afin d’apprendre comment faire leur propre estrogène et testostérone. Le collectif américain Four Thieves Vinegar Collective (fourthievesvinegar.org) offre ce service en enseignant aux gens des habiletés pharmaceutiques de base.
Une autre solution pourrait être de construire une coopérative de clinique de santé. La Clinique Communautaire Pointe-Saint-Charles (ccpsc.qc.ca) en est un exemple, et fournit des services à la Pointe depuis des décennies. Bien que ces coopératives doivent respecter la loi, il pourrait être plus facile d’offrir des services additionnels sur le côté qu’à un hôpital ou une clinique d’état. Cela pourrait être crucial pour des personnes sans statut, par exemple.
Se préparer pour des catastrophes climatiques
À ce stade, il faut s’attendre à des catastrophes climatiques. Les « leaders » actuels du monde ont fait leur politique d’ignorer la crise climatique. Nous ne devons pas nous attendre à ce que des actions concrètes soient prises dans un avenir proche. Des mesures de mitigation seront prises, mais probablement uniquement pour protéger les quartiers les plus riches, au dépens des autres. Nous voyons déjà des murs marins être construits pour protecter les maisons des personnes blanches, poussant l’eau vers les quartiers racisés.
Nous avons été frappé-e-s fort cet été à Laval, mais ce n’est rien comparé avec ce qu’on a vu à Asheville (caroline du nord) et Valence (espagne). Le collectif Firestorm Books à Asheville donne de l’information sur ce qu’ielles ont fait après la catastrophe. Il existe aussi des brigades anarchistes mobiles dédiées à intervenir rapidement après une tempête de tornades ou un ouragan. Ces brigades sont souvent plus rapides à intervenir que les ressources étatiques, en particulier dans les zones les plus pauvres.
Bien que nous ne sommes pas présentement dans une zone de tornades ni d’ouragans, cela pourrait changer bientôt. Nous aurions besoin de ressources de ce genre.
Apprendre à désobéir
Cela peut être tentant de se lancer dans une action très visible, mais ce n’est pas quelque chose que la majorité des gens peuvent faire. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez rien faire! Toutes les petites actions peuvent aider: Oublier de demander une preuve de résidence avant de donner un service. Marquer un médicament comme perdu, et le donner à une personne sans statut. Perdre la requête d’information de la police, ou bien leur envoyer la mauvaise information à la mauvaise adresse. Conspirez avec vos collègues pour refuser une politique raciste et/ou sexiste.
Le gouvernement legault a passé récemment la raciste loi 96, qui force les employé-e-s du gouvernement à parler en français aux personnes qui viennent demander des services. Ce qu’on voit en pratique, c’est que presques tou-te-s les travailleu-se-s désobéissent à la loi, malgré la réception d’une directive stricte en ce sens. La plupart des employé-e-s du gouvernement vont vous parler dans la langue que vous préférez, même si la loi le leur interdit.
Ce refus d’obéir est important. C’est ce que nous avons besoin dans un état fasciste. Enfin, on ne pleurera pas si certains (ou toutes!) les ambassades se mettent à brûler durant la nuit, mais ce n’est pas quelque chose que tout le monde voudrait faire. Apprendre à désobéir, c’est quelque chose que nous pouvons tou-te-s faire, et que nous devons apprendre à faire.
Conclusion
Le but de ce petit article est juste pour vous donner quelques indices sur ce que vous pouvez faire. Il y a cependant beaucoup d’autres choses dont on aura besoin! La clé est d’être curieu-se, observateur-rice, et imaginatif-ve. Regardez autour de vous, parlez à des camarades, regardez ce qui manque aux gens, déterminez ce qu’il faut faire. Les vieilles approches nous ont menées dans ce pétrin: peut-être qu’il est temps d’en trouver de nouvelles.
Une chose est certaine: ils veulent nous entraîner dans leur grande noirceur. Le moindre que l’on peut faire, c’est de les faire chier un max!
Commentaires fermés sur Une compilation de musique montréalaise pour célébrer les 25 ans de Riseup
Nov082024
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Riseup célèbre ses 25 ans cette année. Pour l’occasion, le collectif appelle à contribuer à la célébration d’un quart de siècle de communications autonomes. Nous, utilisateurices de Riseup du soi-disant Québec, y répondons.
Pourquoi le 30 novembre ?! En 1999, des militant·e·s débarquent à Seattle pour s’organiser contre le sommet du World Trade Organization (WTO). Illes utilisent Hotmail pour communiquer. C’est là que les fondateur·ice·s de Riseup mettent en place un serveur mail. On utilise depuis, à Montréal comme ailleurs, Riseup.
Le 30 novembre marque la 1ère journée des émeutes contre le WTO. Le lancement de #montreal4riseup tombe 25 ans, jour pour jour, après le célèbre Battle of Seattle.
Il existe ici une scène anarchiste vibrante. Les anarchistes étant généralement en contact, beaucoup de militant·e·s ont rapidement utilisé les services de Riseup. Il est donc normal qu’émerge, à Montréal, une compilation qui célèbre un projet supportant autant d’initiatives autonomes d’ici depuis tant d’années.
Pourquoi soutenir Riseup ? Avec le temps, l’explosion de Signal et l’arrivée de grandes entreprises soi-disant sécures (et plus faciles d’accès) dont Proton (qui a transmis plusieurs informations de militant·e·s à l’État), nous délaissons les services de communications de confiance (Riseup est en un, mais il existe aussi Disroot, Systemli ou Autistici/Inventati). Nous voulons remettre la lumière sur ces alternatives. Afin de se protéger de la surveillance informatique, il vaut mieux limiter l’utilisation du numérique. Or, il faut rappeler que certains services ont fait leurs preuves.
25 ans de communications autonomes /// 25 years of autonomous communications /// 25 años de comunicaciones autónomas /// عامًا من الاتصالات المستقلة
Du 22 au 25 novembre, l’assemblée parlementaire de l’OTAN débarque à Montréal pour son cirque mortifère. D’une alliance militaire durant la guerre froide, l’OTAN est devenue aujourd’hui le bras armé des pays occidentaux, imposant ses politiques belliqueuses à travers le monde. Face à ces profiteurs de guerre, il est impératif de faire entendre notre voix et de combattre leur logique destructrice. L’OTAN a déjà des conséquences néfastes sur nos vies:
Augmentation des budgets militaires : Ce sommet survient alors que l’OTAN fait pression sur le gouvernement canadien pour qu’il augmente à 2% la part de son PIB consacré aux forces armées, une augmentation de 50%, alors que le gouvernement canadien a déjà augmenté ses investissements militaires de 41% de 2014 à 2021. Cet argent devrait servir à l’éducation, la santé et le communautaire, pas à alimenter la machine de guerre impérialiste.
Destructions au nom de l’impérialisme américain : Ne nous laissons pas berner par le langage stérile des forces occidentales; les interventions de l’OTAN, loin d’être stratégiques et précises sont plutôt excessivement puissantes, disproportionnées et imprécises. L’OTAN détruit tout sur son passage, répend la misère et favorise la multiplication de groupes armés, tout ça pour préserver les intérêts de ses États membres, principalement des États-Unis, pilier de l’alliance et géant du complexe militaro-industriel. Cette logique impérialiste maintient les peuples du Sud Global dans la pauvreté et la dépendance envers le Nord Global.
Complice du génocide palestinien : Le soi-disant Canada est complice du génocide en Palestine en contribuant à l’approvisionnement en armement, en facilitant des partenariats économiques et académiques et, surtout, par son soutien indéfectible à Israël qui est l’allié central de l’OTAN. C’est en soutenant militairement les forces sionistes que l’OTAN peut maintenir une main mise stratégique au Moyen-Orient afin d’y faire reigner les intérêts politiques et économiques de ses membres.
La paix ne se gagne pas à la pointe du fusil, mais en redistribuant les richesses. C’est en l’honneur de tous les peuples colonisés d’hier, d’aujourd’hui et de demain, d’ici et d’ailleurs, que nous appelons à votre courage et votre détermination pour prendre la rue avec nous !
Le 22 novembre, sortons massivement dans la rue pour faire entendre notre colère ! Unisson-nous pour rappeler aux États du monde entier que leurs mains resteront toujours salies du sang des exploité·e·s, peu importe qu’iels tentent de les dissimuler dans des gants de velours ou des sommets risibles !
Ensemble, bloquons l’OTAN et affirmons notre refus du militarisme, de l’impérialisme et du colonialisme !
Date et heure: vendredi, 22 novembre 2024 – 17:30
Un journal écrit en 3 semaines en vu de la venue de l’assemblée parlementaire de l’OTAN du 22 au 25 novembre 2024. Le document intégral en pdf. Ou juste la version francaise ou anglaise.
Ces lignes répondent à un article paru dans Tinderbox, un journal hors-ligne d’anarchie combative.
Fin 2010 un acte individuel de désespoir dans la ville de Sidi Bouzid a déclenché un bouleversement audacieux, enragé et joyeux qui a voyagé à travers l’Afrique du Nord jusqu’au Moyen-Orient et au-delà. Les populations ont défié les systèmes oppressifs dans lesquels elles étaient immergées depuis des générations et se sont rassemblées dans les rues pour renverser les élites politiques à leur tête. Les autorités, d’abord stupéfaites par cet esprit courageux qu’elles ne pouvaient pas comprendre, ont alors délivré une réponse cynique et brutale.
Cette défaite est toujours en train d’être infligée aux populations de la région, et elle est aussi ressentie dans le monde entier par celles et ceux qui se sont tenus en solidarité avec les soulèvements mais qui ont été pour la plupart incapables de surmonter leur impuissance tandis que les soulèvements étaient massacrés.
Les horreurs dans la région durant la dernière décennie sont nombreuses. Pour en nommer quelques unes qui me restent le plus en tête : Sissi a ramené l’Égypte au temps d’une dictature militaire avec le soutien matériel des États-Unis. Les régimes dans les autres pays nord-africains sont en train de paver tout signe de liberté pendant que les pays européens les persuadent de fermer les routes migratoires sur la Méditerranée. Sans les campagne militaires meurtrières du Hezbollah et du CGRI en Syrie, Assad n’aurait pas survécu au soulèvement. Le régime iranien lui-même a brutalement réprimé trois différents soulèvements dans le pays au cours de la dernière décennie. La plupart des gens au Liban sont dans une lutte quotidienne pour la survie à cause de la cupidité de ses dirigeants politiques pendant que des foules aux ordres du Hezbollah répriment des manifestations de rue. Au début des soulèvements, le Hamas, qui a abattu des opposants politiques en plein jour dans les rues de Gaza, a éliminé les tentatives d’un soulèvement en rassemblant les organisateurs des manifestations et les menaçant de meurtre. Les dirigeants dans la région ont compris une fois de plus qu’ils peuvent utilisé tous les moyens contre les populations sous leur contrôle sans réel empêchement de l’extérieur. Indifférence, cynisme et opportunisme l’emportent sur les appels moraux, et les alliances stratégiques sont toujours en jeu. Le monde continue de tourner. Pour celles et ceux d’entre nous qui n’ont pas regardé ailleurs, comment ne pouvons-nous pas voir un lien entre Assad bombardant des villes syriennes jusqu’à la saturation et Netanyahou en train de raser Gaza ?
Les auteurs et autrices de « Vers la dernière intifada » (Tinderbox n°6) ne reconnaissent pas ces expériences de la dernière décennie. Au lieu de cela, ils et elles proposent de rejoindre le camp opposé d’une alliance géopolitique américaine (en maintenant le centralisme américain à leur propre façon). Selon elles et eux, l’Axe de la Résistance montre la voie à suivre aux anarchistes pour lutter contre l’empire. Cet article semble confondre résistance avec « la Résistance ». C’est-à-dire, qu’ils et elles font tomber toute forme de résistance de gens en Palestine, et plus largement dans la région, dans une représentation particulière, adoptant un terme parapluie utilisé par les États, les militaires, les organisations para-étatiques/para-militaires pour décrire leurs propres activités. Les auteurs et autrices de l’article mettent en garde les anarchistes contre une trop grande sensibilité à la hiérarchie – comme si c’est le seul aspect de « la Résistance » que les anarchistes pourraient trouver difficile à accepter.
Cela fait maintenant un an après l’incursion sanglante du Hamas en Israël. À part les discours, les accomplissements de la Résistance jusqu’ici sont : le Hezbollah a lancé des roquettes inefficaces qui ont seulement infligé des dommages significatifs à un village druze, les dirigeants iraniens s’occupent en faisant des appels vers l’Occident pour régner en Israël, des milices en Irak ont attaqué quelques bases militaires US dans le pays au début et puis sont tombées dans le silence, tandis que seuls les Houthis semblent avoir pris « l’Unité des Fronts » de Nasrallah au sérieux. Ils ont réussi à perturber des routes maritimes mondiales et porté des attaques aériennes inattendues sur Israël. Entre-temps, Israël a anéanti la direction du Hezbollah, lance des bombes sur le Liban quotidiennement, bombarde régulièrement des sites en Syrie sans représailles, et commet des exécutions à Téhéran. L’Axe de la Résistance et l’Unité des Fronts sont de simples slogans qui masquent les affaires stratégiques entre les organisations politiques, autoritaires et les États avec leurs propres intérêts (souvent différents). C’est illusoire de le voir comme quelque chose d’autre. Et Israël qualifie de bluff « la Résistance » avec une escalade militaire exponentielle.
Les massacres d’Israël à Gaza, avec le soutien matériel des pays occidentaux, sont incessants. Le régime d’apartheid en Cisjordanie et Israël a été bâti pendant des décennies, laissant presque aucun oxygène à respirer pour celles et ceux vivant sous son contrôle. Face à cette triste réalité et une accablante impuissance d’y mettre fin, les anarchistes sont peut-être à la recherche d’une résistance efficace (ou plutôt, semble-t-il, d’une image de celle-ci). Mais si nous voulons combattre l’oppression, nous ne pouvons pas nous contenter avec une quelconque opposition. Choisir de rejoindre un système autoritaire, militariste contre un autre ne mettra pas fin aux horreurs de ce monde – ni dans ce conflit ni dans aucun autre. Ce n’est ni intrinsèquement défaitiste ni un signe d’indifférence privilégiée de refuser de prendre parti entre groupes et États belliqueux. Nous arrivons à cette conclusion seulement si nous réduisons la réalité à des représentations simplistes. Au lieu de cela, en s’ouvrant à la complexité et la spécificité, l’agir anarchiste peut être un effort libérateur. C’est là que nous pouvons trouver des affinités, construire des relations sur une base différente, et rassembler la force et le courage – ou peut-être, l’humilité et la passion – pour l’attaque. Les anarchistes trouvent leur efficience lorsque ils et elles peuvent ébranler et détruire des systèmes oppressifs. Nous ne la trouverons pas dans une prouesse militaire qui, en fin de compte, produit plus d’oppression et de misère. Et donc celles et ceux qui ont un esprit qui leur est propre et la mémoire des révoltes passées combattront pour un autre soulèvement. Depuis la côte nord de la Méditerranée, avec un cœur lourd et une âme en feu Début octobre 2024
La Messe des Morts (MdM) est un festival montréalais qui, selon la section « À propos » de sa page Facebook, se donne pour mission de « satisfaire ceux qui aiment leur Métal sombre et haineux! » L’événement est organisé par Martin Marcotte sous son label, Sepulchral Productions. Il est principalement consacré au Black Metal et à sa scène locale, le Métal noir québécois. Il s’agit d’une scène musicale assez underground, bien que très développée au Québec, qui affectionne particulièrement les thèmes choquants, comme le satanisme et le gore, par goût de l’anticonformisme, de la provocation et de la transgression.
Ce que nous révélons ci-dessous, toutefois, dépasse largement la simple provocation.
L’édition 2016 de la MdM avait déjà défrayé la chronique suite à l’annonce de la participation au festival du groupe polonais Graveland, un groupe de Black Métal associé au sous-genre du National Socialist Black Metal (NSBM). Rappelons que l’expression « national-socialiste » désigne le parti politique allemand mieux connu sous son abréviation courante : le parti nazi.
Le National Socialist Black Metal, comme son nom l’indique, explore (parfois de manière directe et explicite, mais souvent de manière oblique ou implicite) des thèmes aussi sombres que l’apologie du nazisme, la supériorité raciale des Européens de « race blanche » et la glorification de l’Holocauste, généralement conjugués aux thèmes du paganisme, des dieux nordiques et germains et de l’héritage des peuples scandinaves.
Suite au tollé provoqué par la présence de Graveland dans la programmation de la MdM, et après une intense campagne menée par des antifascistes dans les semaines précédent l’événement, laquelle s’est achevée par une manifestation devant le théâtre Plaza le soir venu et l’intervention de la police antiémeute, le groupe a été empêché de jouer et la soirée fut finalement annulée.
Après cela, l’organisation du festival, toujours sous la bannière de Sepulchral Productions, s’est faite plus discrète (même si l’édition 2017 a elle aussi posé problème)… jusqu’à cette année.
Sepulchral Productions semble vouloir opérer cette année un fâcheux retour aux sources : au minimum trois groupes appartenant au sous-genre NSBM (ou qui en sont à tout le moins proches à divers degrés) sont annoncés dans la programmation 2024, du 28 au 30 novembre.
Voici un aperçu des groupes prévus cette année et de leurs liens avec le sous-genre NSBM.
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Marduk :
Ce groupe suédois affectionne singulièrement les thèmes macabres liés à la Deuxième Guerre mondiale. Le groupe se défend bien de donner dans le NSBM ou de glorifier les nazis, et ses membres se décrivent eux-mêmes candidement comme férus d’histoire, mais curieusement, ils explorent systématiquement ces thèmes « historiques » du point de vue du Troisième Reich, de la Wehrmacht (l’armée allemande) et des SS (unités d’élite nazies, responsables notamment de l’extermination des Juifs). Le spectacle qu’ils souhaitent présenter au troisième soir de la MdM 2024 s’intitule d’ailleurs Panzer Division Marduk, d’après le titre de leur album de 1999, en référence directe aux divisions blindées des forces armées allemandes durant la Deuxième Guerre mondiale.
On constate rapidement la monomanie que cultive ce groupe pour le régime nazi en consultant les paroles de ses chansons, réunies sur cette page : [http://www.darklyrics.com/m/marduk.html]
Le plus récent disque de Marduk, Viktoria (2018), est un retour aux thèmes explorés dans leurs disques précédents, revisitant divers épisodes de la Deuxième Guerre mondiale… toujours du point de vue nazi. La chanson « Werwolf » fait référence au plan de résistance clandestine du même nom ourdi par les nazis en 1944 en cas de défaite; « Equestrian Bloodlust » fait directement référence à la 8e division de cavalerie SS Florian Geyer; « Narva » évoque la bataille de Narva, dite « des SS européens »; « Viktoria » fait référence au chant de marche militaire des troupes nazies « Sieg Heil Viktoria », etc.
Finalement, une recherche sommaire de la marchandise du groupe offerte en ligne révèle notamment des chandails ornés du Totenkopf (tête de mort) emblématique des SS, ou encore de l’emblème de l’aigle impérial du Troisième Reich, en plus de l’imagerie guerrière associée aux disques du groupe, dont Panzer Division Marduk.
Un échantillon des chandails de Marduk reprenant l’imagerie nazie, pour donner une idée de l’iconographie qui pourrait être aperçue aux abords du Théâtre Paradoxe les 29 et 30 novembre prochain…
Le nazisme et la glorification des combats militaires allemands durant la Deuxième Guerre mondiale, en particulier des unités SS, ne sont donc pas des éléments accessoires dans l’œuvre de Marduk, mais constituent un thème central, récurrent et persistant.
Le groupe a d’ailleurs connu plusieurs polémiques dans les dernières années (voir les liens ci-dessous). En 2017, deux de leurs membres ont été identifiés comme ayant acheté du matériel du Nordic Resistance Movement, le plus gros mouvement néonazi scandinave. Suite à cela, un spectacle de Marduk a été annulé à Oakland, grâce à la pression exercée par le groupe Anti-Fascist Action Bay Area. L’année dernière, le bassiste du groupe a été filmé en train de faire un salut nazi lors d’un spectacle, suite à quoi le groupe a été contraint de le limoger.
Ce groupe finlandais entretient des liens très clairs avec la scène NSBM. L’ancien chanteur de Horna est le fondateur et membre principal du groupe NSBM Satanic Warmaster. Le leader et guitariste de Horna a longtemps géré un label ayant endisqué d’autres groupes NSBM, en plus d’avoir lui-même participé à un groupe dont les paroles prônent la suprématie blanche. L’actuel chanteur de Horna a quant à lui été claviériste du groupe français Peste Noire, une formation phare du NSBM en Europe, dont la chanson « La bataille de Sarcelles », par exemple, fait l’apologie d’une bagarre de rue contre des Arabes en France (« les ennemis de nos terres ») à coups de « battes de baseball et d’autres bâtons de guerre », avec référence aux « fanions à croix celtique », le symbole de l’extrême droite identitaire (2021), alors que la chanson « Turbofascisme » fait l’apologie du « fascisme », de la « race des Seigneurs » et de la « race blanche » de la « Vieille Europe » (2018).
Un groupe québécois dont la notoriété est en partie due à ses collaborations passées avec des groupes NSBM. Ils ont produit en 2004 un disque en collaboration avec le groupe finlandais susmentionné, Satanic Warmaster], où figure la chanson « Six Million Tears » (six millions de larmes), en référence aux six millions de Juifs tués par les nazis durant l’Holocauste.
Dans une entrevue donnée en 2004, les membres d’Akitsa disaient n’avoir aucun problème avec la scène NSBM :
« [c’est] vrai que l’on doit mettre fin à l’immigration telle qu’elle est maintenant. La plupart de nos pays occidentaux sont envahis par des étrangers avec d’autres cultures que les nôtres. Ils détruisent la culture européenne. C’est la même chose pour les valeurs américaines (ce qui comprend les idées sionistes et les lois en matière de droits de la personne). La philosophie nationale-socialiste a des bons points concernant ces problèmes. »
Le logo du groupe ci-dessus est couronné du slogan fasciste « Me ne frego »; c’est aussi le titre d’un split du groupe sorti en 2013.
Le chanteur d’Akitsa, Pierre-Marc Tremblay, alias « Outre-Tombe », a fondé le label Tour de garde en 2001 (toujours actif), par l’entremise duquel il s’est empressé de diffuser la musique d’artistes néonazis québécois (Arnstadt et Mors Summa). À noter que le logo de Tour de garde évoque clairement les écussons militaires des SS… Sans doute une autre coïncidence.
Et par-dessus le marché, les groupes finlandais Chamber of Unlight et Warmoon Lord, aussi à l’affiche de la Messe des Morts 2024, sont produits sous le label NSBM Werewolf Records. L’ancien claviériste de Graveland joue maintenant avec Warmoon Lord…
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Tout cela, vous en conviendrez, dresse un portrait extrêmement problématique.
D’ailleurs les fans de black metal eux-mêmes ne s’y méprennent pas! Voici quelques-une des réactions trouvées sur les pages du festival et de Sepulchral Productions après l’annonce de la venue de Marduk et Horna :
Nous pensons évidemment que ces artistes ne doivent pas se produire à Montréal. Nous croyons aussi que les organisateurs du festival, au premier chef Martin Marcotte, ne peuvent plus se cacher derrière la licence artistique et doivent être mis devant leurs responsabilités : celle d’inviter année après année des artistes qui valorisent et mettent au goût du jour des idéologies haineuses, glorifiant le nazisme et le fascisme, dans notre métropole multiculturelle. Nous croyons qu’il est absolument primordial de préserver le caractère accueillant, diversifié et inclusif de Montréal, et par conséquent, de signifier sans ambiguïté que ce genre de contenu haineux n’a pas sa place dans nos salles de spectacles.
Mais justement, qui accueille ce festival?
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Le Théâtre Paradoxe
Depuis l’édition 2017 de la MdM, c’est le Théâtre Paradoxe, une entreprise d’économie sociale et solidaire, qui accueille le festival. Dans une entrevue accordée au magazine Sors-tu? en 2022, Martin Marcotte s’était d’ailleurs enorgueilli de ce partenariat inusité entre les adeptes du blasphème que sont les amateurs de Black Metal, et un ancien lieu de culte chrétien.
« J’ai parlé avec la directrice, on a discuté des controverses, de la médiatisation, je lui ai donné ma version des faits, et elle était OK pour donner une chance à l’évènement. »
Il y a trois semaines, nous avons communiqué avec l’administration du Théâtre Paradoxe en leur demandant de faire preuve de bon sens, compte tenu de la programmation 2024, et de rompre leurs relations d’affaires avec la MdM. L’administration nous a alors informés qu’elle était préoccupée par la situation et la prenait au sérieux.
Après quelques échanges de courriels, l’administration du Théâtre nous a récemment invités à une rencontre afin de dialoguer avec les différentes parties concernées. Or, du point de vue antifasciste, une rencontre avec les promoteurs de la Messe des Morts ne présente aucune espèce d’utilité. Il y a des situations où il faut trancher nettement, et celle-ci en est une. Il n’y a pas de dialogue possible entre apologistes et ennemis du nazisme, ce conflit ayant été réglé de manière définitive il y a 80 ans.
De toute manière, nous connaissons déjà par cœur les éléments de la ligne de défense de Martin Marcotte et Sepulchral Productions. Ça serait un enjeu de « liberté d’expression »; ces artistes nient publiquement être néonazis et n’appartiennent « pas vraiment » au sous-genre NSBM (bien que certains aient des parcours discutables); les paroles problématiques relèvent du « deuxième degré » et de la licence artistique; l’imagerie problématique fait partie intégrante de la sous-culture, les « vrais fascistes » sont ceux qui cherchent à les réduire au silence, etc.
Tous ces arguments sont fallacieux, relèvent du gaslighting, et servent en définitive à noyer le poisson.
Depuis 2017, malgré une sourde hostilité, le milieu antifasciste n’avait plus exercé de pression sur la Messe des Morts. Or cette année, Sepulchral Productions place en tête d’affiche des groupes extrêmement problématiques et largement reconnus pour cela. À notre avis, cela dépasse une ligne rouge, et il est évident que Martin Marcotte teste la limite de l’administration du Théâtre Paradoxe pour voir jusqu’où il pourra pousser la note douteuse dans l’enceinte même de cette entreprise à vocation sociale.
Nous comprenons bien évidemment que le Théâtre Paradoxe n’endosse pas les idées répugnantes véhiculées par le National Socialist Black Metal et ses apologistes. Cependant, l’organisme a le pouvoir d’agir avec fermeté en rompant ses relations d’affaires avec Sepulchral Productions, ce qui aurait pour effet d’envoyer un signal clair et de faire annuler la Messe des Morts, ou du moins de confronter Marcotte à ses responsabilités en le forçant à trouver un plan B.
Bref, l’heure n’est plus au dialogue, mais aux prises de position raisonnées, aux actions et aux conséquences.
Nous invitons nos sympathisantes à communiquer avec l’administration du Théâtre Paradoxe pour leur faire part (poliment, mais fermement) de leurs préoccupations.
Kevin, nous sommes profondément désolés qu’après une vie marquée par la violence d’État, tu aies été expulsé. Nous avions le potentiel d’arrêter cette déportation violente, mais nous n’avons pas été suffisamment présents. Comme mouvement, nous devons faire mieux.
Dimanche matin, Kevin a été expulsé vers Haïti. En raison d’une certaine attention du public, le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a examiné son dossier, mais a refusé d’intervenir.
Kevin est arrivé au Canada à l’âge de trois ans et a été rapidement placé dans le système de “protection” de l’enfance. Il a été maltraité et traumatisé par ce système et en souffrira les conséquences pour le reste de sa vie. Une de ces conséquences a été sa criminalisation et son expérience du système pénal raciste, anti-Noir et colonial. Non satisfait de l’incarcération de cet homme noir, l’État canadien a ensuite entamé des procédures pour l’expulser vers Haïti, un pays auquel il a peu de liens, étant parti à l’âge de trois ans. De plus, après des siècles d’interférence impériale du Nord, Haïti est aujourd’hui tellement instable que même le Canada a suspendu les déportations vers ce pays – sauf, bien sûr, pour les personnes qu’il a criminalisées. Ainsi, Kevin a été contraint de quitter son foyer et a été expulsé vers Haïti dimanche matin.
En vertu des lois et politiques d’immigration actuelles, il est pratiquement impossible pour lui de revenir légalement au Canada. Même si, par miracle, il y parvient, cela prendra un minimum de cinq ans.
Nous devons continuer à lutter contre ce système raciste et suprémaciste blanc qui gagne des points électoraux aux dépens des plus vulnérables et marginalisés dans le système. Et nous devons devenir plus forts – car c’est ce qui est en jeu.
Commentaires fermés sur Contre l’électrification du désastre
Sep292024
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Non à la filière batterie !
Pour souligner la journée de manifestations Pour la suite du monde du 27 septembre 2024, nous avons déployé, tôt ce matin, une bannière devant les bureaux de Nouveau Monde Graphite. Cette entreprise s’apprête à creuser la plus grande mine de graphite à ciel ouvert en Amérique du Nord, à quelques kilomètres du village de Saint-Michel-des-Saints dans Lanaudière. Si notre monde doit avoir une suite, il ne la trouvera certainement pas dans le Nouveau monde d’extractivisme vert et de destruction électrifiée proposé par cette entreprise.
La filière batterie, soutenue par des investissements publics massifs, s’étend de l’extraction des ressources jusqu’à la production d’unités manufacturées. Son annonce grand bruit a provoqué une véritable ruée vers l’or. Les claims et les projets miniers se sont multipliés sur le territoire – de l’Abitibi à la Gaspésie, en passant par l’Outaouais, Lanaudière et le Nord-du-Québec – dans le but d’extraire les ressources dites stratégiques à la production des composantes de batterie. En parallèle, les entreprises sont invitées à s’installer sur le territoire et à profiter de l’accès aux matières premières, appuyées par des subventions étatiques et des tarifs hydroélectriques réduits – de la méga-usine de Northvolt au complexe industriel de Bécancour.
Ce Nouveau monde du graphite n’a pourtant rien de nouveau. À travers le discours de la «transition énergétique», l’État colonial québécois a su se renouveler et sauver in extremis l’industrie automobile nord-américaine. Sous couvert d’ambitions nobles en faveur d’une transition verte, nous devons plutôt y voir une fausse tentative de prendre au sérieux la catastrophe en cours et une manière de faire du Québec un nouveau pôle d’attraction pour des capitaux étrangers. On voudrait nous faire croire que pour se sortir de la catastrophe environnementale il nous faudrait ouvrir des mines toujours plus loin, multiplier les usines et décupler la production d’électricité pour alimenter ces projets. Le pétrole et la batterie sont pourtant les deux faces de la même pièce : celle d’un monde bâtit autour de l’extractivisme, du profit et de la surconsommation. Ce sont l’industrie automobile et l’étalement urbain qui doivent être radicalement remis en question, pas uniquement les énergies fossiles. Face au mensonge de la transition énergétique – qui voudrait nous inciter à continuer à extraire, produire et consommer – nous opposons : c’est le modèle capitaliste et colonial qui est responsable du désastre écologique qui attend les futures générations et la solution passe nécessairement par une transformation drastique de nos modes de vie.
Partout où ces mégaprojets miniers et industriels naissent, nous y voyons une destruction des territoires, la pollution des nappes phréatiques et des bassins versants, ainsi que des émanations de poussières dangereuses pour les habitant-es, la faune et la flore. Nous y voyons un saccage du vivant au profit de l’enrichissement. Nous y voyons une course effrénée vers l’épuisement des ressources et une avancée de l’État colonial sur des territoires non cédés.
Ce qui nous tue, nous sommes en droit de le défaire. Contre l’expansion de cette entreprise tentaculaire, nous devons bâtir un réseau de résistance – unir et lier les luttes locales en leur permettant de résonner entre elles et de s’amplifier. Ne laissons pas ces entreprises écocidaires accaparer les territoires et détruire les forêts, polluer les rivières et tuer les êtres qui les habitent. Ne laissons pas les fausses prétentions environnementales de l’État et des entreprises vider les sols et multiplier les profits.
Pour la suite du monde, mais surtout pour la fin de celui-ci.
Le No Trace Project lance une nouvelle initiative, les discussions anti-répression, pour encourager les échanges autour de sujets en lien avec la surveillance et la sécurité, au sein de et entre les réseaux anarchistes informels, à un niveau international. On pense que de nombreuses pratiques d’anti-répression sont plus efficaces quand elles sont mises en place à l’échelle d’un réseau, plutôt que seulement par des groupes affinitaires spécifiques.
Les discussions anti-répression vont être une série de sessions, chacune sur un sujet différent, chacune durant trois mois. Pendant une session, les participant·e·s sont invité·e·s à former des groupes de travail locaux avec des personnes de confiance pour discuter du sujet de la session — on fournit des ressources et des points de discussions pour aider à démarrer ces discussions. À la fin d’une session, un tchat en ligne international a lieu, où les participant·e·s peuvent se retrouver anonymement pour partager leurs idées et conclusions. Après une session, ses résultats sont publiés sur le site web du No Trace Project, y compris tout contenu contribué par les groupes de travail et un résumé du tchat.
La première session, les discussions anti-répression #1, vont aborder le fait de se préparer à la surveillance physique et auront lieu en octobre, novembre, et décembre 2024, et le tchat en ligne le 4 janvier 2025. Les résultats seront publiés ici.
Surveillance physique
Ces dernières décennies, les capacités de surveillance des acteurs étatiques se sont grandement diversifiées, notamment grâce à de nouvelles avancées technologiques comme la vidéosurveillance, les téléphones portables et les analyses ADN. Malgré cela, la surveillance physique — l’observation directe de personnes ou d’activités dans le but d’obtenir des informations — est toujours largement utilisée par des acteurs étatiques, en particulier dans les cas où d’autres techniques de surveillance ne sont pas efficaces. Notre Bibliothèque de menaces référence des exemples d’utilisation de la surveillance physique contre des anarchistes.
On pense que, dans des contextes où l’État enquête sur des actions directes anarchistes à fort impact — par exemple dans une ville où un incendie volontaire a récemment eu lieu et a été revendiqué sur des sites web anarchistes — il est probable qu’il emploie certaines techniques de surveillance physique. On pense aussi que dans de nombreux contextes, les anarchistes ne se préparent pas suffisamment au risque de surveillance physique. Se préparer à la surveillance physique n’est pas évident, cela demande de développer des compétences spécifiques, mais c’est possible, et c’est la seule chose qui pourra vous aider si les flics vous suivent lorsque vous vous rendez à un rendez-vous sensible ou une action.
Groupes de travail locaux
On invite les participant·e·s à former des groupes de travail locaux pour discuter du sujet de la session, d’octobre à décembre 2024. Pendant la session, s’ils le souhaitent, les groupes de travail peuvent nous envoyer tout contenu qu’ils jugent utile à la discussion. On aujoutera ce contenu aux résultats de la session où les autres groupes pourront le consulter.
On conseille aux groupes de travail de lire les ressources suivantes :
La brochure Maßnahmen gegen Observation (Mesures contre la surveillance, en allemand et anglais) pour une vue d’ensemble des techniques de surveillance physique utilisées par la police dans des zones urbaines, avec des exemples en provenance d’Allemagne.
Le livre The Theory of Covert Surveillance (La théorie de la surveillance cachée, en anglais) pour une vue d’ensemble plus complète des techniques de surveillance physique utilisées par les détectives privés (et la plupart des unités de police), avec des exemples en provenance du Royaume-Uni.
Le livre Surveillance Countermeasures (Mesures contre la surveillance, en anglais) pour une vue d’ensemble complète des contre-mesures à la surveillance physique : la détection de surveillance (y compris la contre-surveillance) et l’anti-surveillance. Une fois que vous comprenez la logique des techniques de surveillance physique de l’ennemi, on conseille fortement ce livre pour commencer à apprendre des contre-mesures que vous pourrez appliquer dans votre vie et vos projets.
Et on propose les points de discussion suivants, qu’on invite les groupes de travail à compléter avec leurs propres points :
Parmi les ressources conseillées, qu’est-ce qui a été difficile à comprendre ou mettre en pratique ?
Comment est-ce qu’on peut se soutenir les un·e·s les autres dans le développement et la mise en pratique de contre-mesures à la surveillance physique ?
Si on détecte de la surveillance physique, quelles activités ou projets est-ce qu’on voudrait continuer et lesquels est-ce qu’on voudrait mettre en pause ? Si on arrête de voir des ami·e·s pour empêcher une opération de surveillance de cartographier notre réseau social, comment est-ce que notre réseau peut aider à ce qu’on ne se sente pas isolé·e ?
Si on détecte de la surveillance physique, comment est-ce qu’on peut en parler à notre réseau d’une manière qui n’alerte pas l’opération de surveillance qu’elle a été détectée ? Comment en parler sans tomber dans la paranoïa ?
Tchat en ligne international
Un tchat en ligne international aura lieu le 4 janvier 2025. Il sera ouvert à tou·te·s, et on demande donc à ce que les participant·e·s n’y partagent pas d’informations identifiantes et n’y discutent pas de quoi que ce soit qui ne devrait pas être rendu public. Le tchat sera limité aux messages textuels (pas d’audio ou de vidéo). Les discussions auront lieu en anglais, avec une traduction en temps réel disponible vers et depuis le français et l’espagnol — merci de prendre contact avec nous si vous pouvez aider à traduire en temps réel dans ces langues ou dans d’autres.
Commentaires fermés sur Invitation de l’État à la Révolte!
Sep032024
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Cette fin de semaine qui vient, la Municipalité d’Eastman, Québécor, Hydro-Québec, le reste du gouvernment du Québec et le Conseil des Arts du Canada vous invite à vous joindre à la Révolte !
Oui c’est pas un canular, mais bien le thème officiel de ces Correspondances d’Eastman, avec une panoplie de gentils écrivain-es, intellols et artisses de la haute société, qui nous chanteront sans doute leurs tentatives pitoyables de récupérer les beaux moments que nous avions passé ensemble (en présentiel ou à distance) à brûler des poubelles et parfois des chars dans les rues, à saboter des opérations de l’industrie écocidaire, à bloquer des trains et des oléoducs, à dénoncer des mecs abuseurs de notre entourage, à attaquer des grosses mardes de l’immobilier, comme d’ailleurs les grosses mardes en charge du gouvernment du Québec (salut à toi, Camarade Legault) et bien entendu ceux du Conseil municipal (de Eastman ou ailleurs).
Visiblement même le gouvernement et sa myriade d’institutions qu’il parraine se voit forcé de reconnaître ici que leur société vaut plus la peine d’être vécue… que le temps de la Révolte est revenu.
Et il y a en effet plusieurs terrains de stationnements à travers le village et ses environs que le gratin s’empresseront de remplir de leurs beaux chars de l’année et leurs superdutys. Puis une myriade de chalets de luxe et autres développements immobiliers -souvent laissés vides le plus clair de l’année- contribuant graduellement à la destruction d’écosystèmes et à la pollution d’hycrocarbures. Aussi pas mal de restos/bistros bien bobos, à commencer par leur Cabaret de banlieusards de marde.
Et si jamais vous vous sentez pas dedans pour des attaques, bien il est bon de savoir que (soi-disant) le courrier déposé dans les boîtes rouges des Correspondances sera affranchi au frais des Correspondances, peu importe la destination du courrier, or ça peut être une occasion opportune d’envoyer des lettres aux prisonnier-ères que vous chérissez. Autant que possible essayez de pas venir en char par contre, car c’est pas assuré que le vôtre va pas écoper aussi!
Sur les lieux:
Eastman est cet endroit magique… plutôt notoire, bien connu des gens dans le sud du Québec qui sortent parfois de leur patelin pour voyager sur la 112 ou l’autoroute 10 entre Montréal et Sherbrooke. Juste à côté du Parc du Mont Orford. Une de ces colonies de la petite bourgeoisie libérale (et moins libérale) de milieu rural; un autre Sutton, ou Bic, ou Waterville, ou Val David… mais avec ses propres cliques de petit bourgeois professionels, les vampires de l’immobilier et autres artisses de renom et bien connectés. Mais c’est pas qu’Eastman qui fait cette jolie communauté, mais les enclaves bourgeoises des environs, Orford-sur-le-Lac, Stukely, les Boltons et puis les Communes de chalets de bord de lac. Des opportunités à perte de vue!
Soit, juste pour votre info… si jamais le coeur vous en dit.
Le 8 décembre 2023, la Gendarmerie royale du Canada annonçait avoir arrêté deux Ontariens, Matthew Althorpe et Kristoffer Nippak, et porté contre eux un certain nombre d’accusations découlant de leurs activités au sein de divers projets à caractère néonazi implantés en Ontario. Au premier chef, les deux hommes sont accusés de « participation aux activités d’un groupe terroriste », soit le réseau Atomwaffen Division, organisation classée comme terroriste au Canada. Dans son communiqué la GRC évoque également deux projets moins bien connus : le Terrorgram Collective et Active Club Canada. Le premier y est décrit comme « un groupe de chaînes sur Telegram en faveur de l’idéologie néofasciste qui publient des guides sur les moyens de se livrer à des actes de violence à caractère racial ». Active Club y est quant à lui présenté ainsi :
« Le réseau de l’Active Club est formé de cellules décentralisées de groupes néonazis et de suprématie blanche, qui sont actifs dans bien des États aux États-Unis et qui ont des chapitres ailleurs dans le monde, comme au Canada. Le réseau a été créé en janvier 2021 et préconise le recours aux arts martiaux mixtes pour combattre ce qu’il dit être un système qui cible la race blanche. Il encourage aussi le développement d’un esprit guerrier pour se préparer à la guerre raciale qui viendra. »
Active Club Canada, dont font partie les deux accusés, se présente donc comme un pôle régional du réseau Active Club international.
Quelques jours seulement avant ces arrestations, le 1er décembre, Vice News avait fait paraître un exposé détaillé du journaliste indépendant Mack Lamoureux sur Kristoffer Nippak et son rôle clé au sein du réseau Active Club au Canada, en particulier dans la région d’Ottawa. Dans son article, Lamoureux fait état d’une section régionale au Québec, mais jusqu’à présent, ce groupuscule local n’avait toujours pas fait l’objet d’un examen attentif. Le présent article a pour objectif de remédier à cette lacune en exposant le noyau dur du Frontenac Active Club (FAC), le principal projet « activiste » néonazi au Québec à l’heure actuelle.
Que sont les Active Clubs?
Les Active Clubs forment un réseau décentralisé de groupes locaux ancrés dans l’idéologie suprémaciste blanche et néonazie. Ils incarnent une renaissance du mouvement « nationaliste blanc » (parfois désigné comme White Nationalism 3.0), faisant suite aux courants white power des années 1990 et 2000 et à la mouvance Alt-Right des années 2016-2020, épousant une structure sans leadership formel. L’origine du mouvement est généralement imputée au militant américain Robert Rundo, qui avait déjà fondé le groupe activiste Rise Above Movement (RAM) en Californie, en 2017, au plus fort de la période Alt-Right. Le but exprès de RAM était d’agresser physiquement les ennemi·es du mouvement nationaliste blanc.
Suivant la même logique, l’activité principale des Active Clubs consiste à s’entraîner à différentes techniques d’arts martiaux en vue de se préparer à la guerre raciale à venir, jugée inévitable en raison de ce que les militants conçoivent comme un « génocide blanc », soit le remplacement délibéré (par une nébuleuse élite généralement assimilée au cosmopolitisme et à la « juiverie internationale ») des populations à majorité blanche par des populations non-blanches dans les pays du bloc occidental, au moyen de « l’immigration de masse ». Les militants d’Active Club adhèrent sans réserve à ce fantasme de complot, comme à celui du « Grand Remplacement », et sont profondément ancrés dans la sous-culture néonazie contemporaine, vouant par exemple un culte à la figure d’Adolf Hitler et au parti nazi, en plus d’épouser une interprétation négationniste de l’Holocauste et de la Deuxième Guerre mondiale. Il va sans dire qu’ils baignent dans un imaginaire violent imprégné d’antisémitisme, de racisme, de misogynie, d’homophobie/transphobie et de haine viscérale des mouvements sociaux inclusifs et égalitaristes – libéraux autant que radicaux –, lesquels sont généralement regroupés sous la catégorie fourre-tout de « communiste » (la détestation du communisme est une référence constante et une valeur fondamentale).
Les Active Clubs seraient implantés dans 33 États américains et au moins douze pays, probablement plus à l’heure d’écrire ces lignes. Selon Vice News, il y aurait au moins 11 sections locales Active Club au Canada, dont le groupe Frontenac Active Club, principalement implanté dans la grande région de Montréal.
En dépit de ses déboires judiciaires, Robert Rundo demeure une figure emblématique du mouvement, et la Californie du Sud semble toujours en être l’épicentre, puisqu’un rassemblement des sections Active Club y est attendu au mois d’août 2024 (un premier événement du genre s’est déjà tenu à San Diego en août 2022). Rundo anime un certain nombre d’initiatives, dont le projet médiatique Media2Rise et la distribution de vêtements Will 2 Rise (W2R), dont les membres des Active Clubs portent très souvent les couleurs en soutien à leur maître à penser.
D’où vient le Frontenac Active Club?
Le Frontenac Active Club a vu le jour au printemps 2023 (la chaîne Telegram a été créée le 16 février) et est l’héritier direct du projet White Lives Matter local, auquel nous avions consacré un article au printemps 2022. L’un des deux leaders du groupe mentionnés dans cet article est Raphaël Dinucci, de Laval, qui a visiblement poursuivi son parcours pour devenir le principal pilier du Frontenac Active Club et le militant clé sans qui le projet n’aurait sans doute pas tenu debout. Dans un premier temps, Dinucci a multiplié les liens avec des sections ontariennes du mouvement, avant de parvenir à réunir autour de lui un noyau de 5 ou 6 militants et de former ce qui est aujourd’hui le Frontenac Active Club.
On sait que le FAC entretient toujours des liens virtuels avec les autres Active Clubs canadiens, notamment avec le groupe ayant fait l’objet des perquisitions de la GRC, ainsi qu’avec le groupe Nationalist-13 implanté dans le sud-ouest de l’Ontario (13 = AC, pour anticommuniste).
Les activités du groupe sont centrées dans le grand Montréal. Ses membres y sont disséminés sur la rive sud (Saint-Hubert, Saint-Jean-sur-Richelieu), la rive nord (Laval) et jusque dans Lanaudière (Rawdon). Bien qu’une poignée de membres/sympathisants semblent aussi être présents dans la région de Québec, on ne peut pas parler d’une section dûment constituée, puisque leurs actions se sont limitées dans la dernière année à la pose d’autocollants et à quelques sorties sociales dans la Capitale.
Sans doute dans le souci de favoriser l’esprit de fraternité raciste et misogyne qui est à la base du mouvement, l’adhésion au FAC est strictement réservée aux hommes blancs.
Le compte Twitter/X du groupe a été créé en avril 2024. Raphaël Dinucci y a également un compte personnel.
(Il importe à cet égard de souligner que cette plateforme, sous la houlette du milliardaire Elon Musk, est [re]devenue un véritable safe space pour les individus et groupes suprémacistes et néonazis, après que l’administration précédente y eût opéré une relative épuration. C’est aussi un espace où la désinformation et les discours haineux ont aujourd’hui libre cours, pratiquement sans aucune contre-mesure. À tel point d’ailleurs qu’il nous semble inutile, voire contre-productif, d’y maintenir une présence.)
Que font-ils?
Dans la droite lignée du mouvement, les membres du FAC s’entraînent assez régulièrement aux arts martiaux, de façon inégale selon les membres, généralement dans un parc public près de chez vous, surtout en périphérie de Montréal (Longueuil, Laval). L’autre aspect central de leur activité consiste à se mettre en scène sur leur chaîne Telegram, en publiant des photos de groupe documentant leurs activités. En avril dernier, les membres du noyau dur se sont notamment photographiés en prenant la pose après un entraînement au parc Mackenzie-King, dans l’arrondissement Côte-des-Neiges de Montréal, tout juste en face d’une synagogue et d’une école confessionnelle juive, et à un jet de pierre du Musée de l’Holocauste de Montréal.
Cet événement coïncide d’ailleurs avec l’apparition à visage découvert de Shawn Beauvais MacDonald, dont nous soupçonnions déjà la connivence avec le club. Rien n’indique que Beauvais MacDonald ait été un militant sérieux du groupe avant cette année, mais il est clair que ni lui ni ses acolytes ne rechignent à ce que sa tristement notoire image soit associée au Frontenac Active Club. D’ailleurs, plus récemment encore, il semble que Beauvais MacDonald ait pris une place encore plus centrale au sein du groupe, le représentant notamment dans un tournoi de boxe amical contre les nazis de Nationalist-13 et donnant son contact personnel comme moyen d’entrer en lien avec le FAC.
L’ignorance consternante des membres du groupuscule n’a d’égale que leur extrême valorisation d’un culte du corps correspondant aux normes de la masculinité toxique qui s’imposent traditionnellement dans les milieux d’extrême droite. Outre les entraînements, le FAC se donne plus que jamais des allures de club social pour nazis rejects lorsque ses membres organisent des randonnées en nature les week-ends (par exemple au Mont Gorille, Laurentides, ou à la Montagne Noire, Lanaudière), ou se tapent une partie de badminton au Carrefour Multiport de Laval, souvent suivie d’une petite bière dans un pub local.
Outre les activités physiques et la représentation ostentatoire sur ses médias sociaux, le club cherche bien sûr à se donner de la visibilité dans la cité, notamment sur le mode déjà privilégié par White Lives Matter consistant à poser des autocollants un peu partout dans la région de Montréal et d’autres localités, dont Saint-Jean-sur-Richelieu, où réside notamment le militant David Barrette.
Quant aux mobilisations physiques, Raphaël Dinucci et David Barrette ont eu la curieuse idée de se pointer à une manifestation contre l’heure du conte en drag et la communauté queer et trans, à Sainte-Catherine, le 2 avril 2023. Ça s’est mal passé pour eux, puisque Dinucci s’est fait battre par les manifestant·es et interpeller par la police, tandis que Barrette a reçu des accusations pour voie de fait (abandonnées au printemps dernier). Dans le même ordre d’idée, le militant du FAC Martin Brouillette a envoyé des menaces explicites aux organisateur·rices de la manifestation « Nous ne serons pas sages », en mars dernier, sous son pseudonyme « Martin Leblanc ». Il n’a toutefois pas donné suite à ses menaces.
Une publication de juin sur la chaîne Telegram du groupe montre le militant Mathieu Grenier en visite en France, entouré de militants nationalistes de la région marseillaise.
Comment le Frontenac Active Club s’inscrit-il dans l’écosystème d’extrême droite au Québec?
Que ce soit sous la bannière Active Club ou, précédemment, celle de White Lives Matter, il est clair que ce petit noyau de militants néonazis cherche à se tailler une niche dans le milieu de l’extrême droite québécoise.
Le Frontenac Active Club s’inscrit avant tout dans la tradition du nationalisme blanc et du néonazisme made in North America, en droite ligne avec la frange la plus radicale de l’Alt-Right et les mouvements qui l’ont historiquement précédée. Il est aussi adjacent aux obsessions complotistes dominantes en Amérique du Nord (là où le « White Genocide » rencontre le Grand Remplacement), comme la panique morale entourant l’émancipation des minorités sexuelles et de genre. Les militants WLM/FAC ont notamment été aperçus durant la pandémie dans des manifestations contre les mesures sanitaires, puis, à partir du printemps 2023, en marge des activités transphobes organisées par les suspects habituels de la complosphère locale. Le FAC maintient aussi des liens avec le réseau Active Club canadien, dont les néonazis du groupuscule Nationalist-13, et avec le réseau Diagolon, principalement au moyen de communications chiffrées sur la plateforme Telegram. Lors de la récente « tournée canadienne » des militants de Diagolon, ceux-ci se sont d’ailleurs arrêtés à Montréal, où ils ont fraternisé avec les gars du Frontenac Active Club.
Mais ses membres flirtent également avec le fascisme en ceinture fléchée. Ils ont notamment participé au moins une fois à l’horripilante « Saint-Jean de la Race » de Nomos-TV, le programme de propagande ethnonationaliste dirigé par Alexandre Cormier-Denis. Depuis quelques années, ces festivités prennent la forme d’un enregistrement de Nomos en direct, le 23 juin, suivie d’une petite fiesta intime entre fachos. Raphaël Dinucci était définitivement présent à l’édition 2022 de cet événement à Québec (au Bar Le Duck), notamment aux côtés de membres du groupe néofasciste Atalanteet du Parti nationaliste chrétien (néonazi) de Sylvain Marcoux, avec qui le FAC semble en termes amicaux depuis l’époque de WLM. Nous avons de bonnes raisons de croire que Dinucci était à nouveau présent lors de la dernière édition de la Saint-Jean de Nomos, à Montréal le 23 juin dernier, qui se tenait pour une deuxième année consécutive dans les locaux de Lux Média, le projet de « réinformation » d’André Pitre. (Beauvais MacDonald y a quant à lui été aperçu l’année précédente.)
Le plus important à retenir ici est précisément que ces « activistes » néonazis qui se fantasment un rôle prépondérant dans une guerre raciale qu’ils imaginent imminente – du côté des croisés de la race blanche, bien entendu – font partie intégrante de l’écosystème de l’extrême droite au Québec. Bien qu’ils y soient encore relégués à la marge, ils y jouent définitivement un rôle, ne serait-ce que comme repoussoir pour les autres, qui peuvent à loisir se dépeindre comme « moins pires que ». Sans que tous leurs éléments spécifiques s’arriment nécessairement, il faut bien comprendre que tous les groupes et les courants mentionnés dans le présent article et dans les autres communications récentes de Montréal Antifasciste (des nazis 3.0 de WLM/FAC aux nationalistes ethniques de Nouvelle Alliance, en passant par les complotistes transphobes, les cryptofascistes de Nomos et les nationaux-socialistes déjantés du Parti nationaliste chrétien) occupent un espace particulier dans un seul et même écosystème, où ils tendent à se renforcer mutuellement.
Il importe aussi de rappeler le rôle clé que jouent certaines figures des médias dominants d’ici (est-il même besoin de les nommer?) pour normaliser l’extrême droite… en répétant aussi souvent que possible qu’elle n’existe tout simplement pas.
Raphaël Dinucci est fort probablement le fondateur et le principal animateur du Frontenac Active Club. Il apparait d’abord sur notre radar en 2022 comme coadministrateur du canal Telegram White Lives Matter Québec, sous le pseudonyme de « Whitey », aux côtés de Yannick Lachapelle, alias « Nord-Est ». Ils forment en fait à eux deux le noyau dur de l’éphémère groupuscule.
Dinucci se distingue dès le début par un activisme intense, notamment dans les rues de Laval, qu’il recouvre de stickers et de graffitis.
Après la sortie de l’article White Lives Matter : un nouveau projet néonazi fait des petits au Québec en mars 2022 et l’évaporation dans la nature de Yannick Lachapelle, Dinucci se retrouve seul aux commandes. Nous savons qu’il multiplie les liens avec des membres ontariens de WLM et Active Club, et c’est éventuellement à ce moment que lui vient l’idée et l’envie de passer à la vitesse supérieure et de fonder le Frontenac Active Club.
On le retrouve sur quasi toutes les photos des activités du groupe de Montréal et il est aussi celui qui s’occupe des relations publiques pour le FAC, que ce soit en rencontrant les membres du Parti Nationaliste Chrétien (PNC, basé à Drummondville), ou en participant aux différentes éditions de la « Saint-Jean de la Race » de Nomos-TV.
Il est présent le 2 avril 2023 au rassemblement de Sainte-Catherine avec David Barrette et Sylvain Marcoux (du PNC), et ils déploient quelques secondes une bannière « Sales pédos hors du Québec », qui leur est rapidement confisquée.
Il est toujours domicilié chez son père dans le secteur Auteuil de Laval.
David Barrette
Telegram : @NatSocSiD Adresse : 863 rue Saint-Jacques, Saint-Jean-sur-Richelieu
David Barrette est un néonazi du clavier hyperactif depuis des années, principalement sous le pseudo @NatSocSid (il en a plusieurs autres), sur de nombreuses plateformes virtuelles, dont Telegram, Discord et le serveur IRC #Montreal du réseau de clavardage Undernet. Il est également actif sur YouTube, BitChute, TikTok et plusieurs autres plateformes. Il était déjà membre du groupe White Lives Matter en 2020 et a naturellement fait la transition vers le Frontenac Active Club à sa création, avec Dinucci et d’autres sympathisants.
Son activité et son implication au sein du FAC sont limitées en raison d’une blessure chronique à la cheville. Cela ne l’a pourtant pas empêché d’accompagner Raphaël Dinucci lors d’une aventure « in real life » à Sainte-Catherine le 2 avril 2023, aventure qui s’est soldée pour lui par une arrestation et des accusations de voies de fait (accusations retirées en mars dernier par les autorités, pour des raisons que nous ignorons). Nous croyons que ces déboires judiciaires ont refroidi son enthousiasme pour l’activisme politique, mais il reste très proche du noyau dur du FAC.
David Barrette habite à Saint-Jean-sur-Richelieu et travaille à Montréal dans le domaine des technologies de l’information, pour la compagnie Globotech Communications, spécialisée dans l’hébergement Web. Les renseignements que nous avons recueillis nous portent à croire qu’il se sert de sa position privilégiée au sein de cette compagnie pour y héberger de manière clandestine des sites et services à caractère antisémite, néonazi ou suprémaciste blanc, à même les serveurs de l’entreprise.
L’employeur de Barrette sera sans doute intéressé de connaître les activités extracurriculaires de son employé, voire de procéder à un examen minutieux des serveurs placés sous sa supervision.
Globotech Communications :
sales@globo.tech/support@globo.tech / abuse@globo.tech / NOC@globo.tech Téléphone : (514) 907-0050 ou 1 888-482-6661 (À noter que Barrette reçoit lui-même les messages de demande de soutien et est susceptible de les filtrer; il est donc indiqué d’écrire à plusieurs adresses pour faire en sorte que le message se rende bien aux autorités compétentes…)
Nous avons eu les premiers échos de ce sinistre personnage en mars dernier, lorsque le comité Nous ne serons pas sages – un groupe grassroots formé pour contrer le ressac anti-LGBTQ et le soi-disant « Comité des sages » du gouvernement de la CAQ – nous a contacté pour nous signaler des menaces violentes et haineuses reçues d’un certain « Martin Leblanc ». Ce dernier disait vouloir « se rencontrer » pour « enlever des pédophiles et des trans de ce monde », et qu’il leur donnait « rendez-vous sur Fullum » (le lieu de la manif du Comité). Dans un autre message, tout aussi violent, il se disait « fasciste, violent, près (sic) à faire le ménage », qu’il avait « déjà cracher (sic) sur des juifs et des gay » et qu’il voudrait « continuer [son] cheminement ».
Nous avons assez facilement retrouvé un « Martin Leblanc » sur Telegram (chaîne associée, « My Ancestral Calling »), avec un profil dont le caractère suprémaciste blanc ne laisse aucun doute (hommage à Hitler, etc.). Sa photo de profil le montre dans un gym dont les murs sont tapissés de symboles néonazis et d’un drapeau du Frontenac Active Club; c’est d’ailleurs le même gym qu’on aperçoit sur certaines photos publiées par le groupe sur sa propre chaîne.
Ce profil nous a permis de trouver son vrai nom, Martin Brouillette – dont le compte Facebook est illustré par la même photo de profil que le compte Telegram de « Martin Leblanc » – où celui-ci se décrit carrément dans sa bio comme « fasciste ». (À ce propos, les robots de Facebook semblent de moins en moins capables de détecter les publications néonazies ou suprémacistes blanches, et même les profils qui écrivent « fasciste » en clair, en plus d’afficher du contenu haineux, ne semblent pas être détectés dans ce Meilleur des mondes placé sous le signe de l’intelligence artificielle.)
Les photos affichées par Brouillette sur sa chaîne Telegram nous enseignent également qu’il s’entraîne au gym Kanreikai Karaté Joliette, situé à Saint-Charles-Borromée. C’est par les mêmes moyens que nous avons pu déterminer que son gym privé, là où il invite ses potes fascistes à se rouler par terre, se trouve dans son propre garage, sur le chemin Bélair dans la municipalité de Rawdon.
(Nous vous invitons à faire preuve de mesure et de politesse si vous choisissez de communiquer avec les responsables de l’école; il s’agit d’une entreprise légitime, a priori gérée par des personnes raisonnables dont nous n’avons aucune raison de croire qu’elles sont au courant des activités politiques de Martin Brouillette.)
Shawn Beauvais MacDonald
Telegram : @FriendlyFash
Eh la la, comme on dit dans le milieu… Cet abruti saucé est littéralement de tous les mauvais plans, à tel point que les autres nazis devront bien, à un moment donné, se rendre compte qu’il est toxique et que tout ce qu’il touche se transforme en marde. Il n’a en tous cas aucune notion de sécurité opérationnelle et vit sa petite vie de nazi comme un livre ouvert, ce qui expose tôt ou tard ses petits camarades. Que dire encore sur cet énergumène que nous n’ayons pas déjà dit 100 fois?
Nous soupçonnions déjà depuis avril 2023 que Beauvais MacDonald jouait un rôle, soit au cœur, soit en marge du FAC, mais nous n’en avions aucune preuve. En avril dernier, il a toutefois commencé à s’afficher à visage découvert avec le groupe sur son compte Telegram, suite à quoi celui-ci a décidé d’en faire un poster boy sur sa propre chaîne Telegram. Il a récemment pris une place plus centrale au sein du groupe. Il convient de remarquer que son arrivée dans le décor a coïncidé avec une séance d’entraînement au jiu-jitsu tout juste devant une synagogue dans le quartier Côte-des-Neiges de Montréal.
Accessoirement, Beauvais MacDonald semble récemment plus que jamais en roue libre. On nous signale qu’il a été plus d’une fois aperçu en public à proférer des menaces contre des personnes l’ayant reconnu (qu’il assimile évidemment aux « antifas »). De plus, il semble s’être acoquiné avec la jeune Sandrine Girardot, de Châteauguay, qui s’est tristement fait connaître en mars dernier pour avoir commis une série de graffitis haineux dans cette ville, notamment sur son propre immeuble à logements. Cette dernière a elle-même publié sur ses comptes de médias sociaux une série de publications et de vidéos complètement déjantées où l’on aperçoit avec Shawn Beauvais MacDonald dans divers quartiers et dans le métro de Montréal, agressant verbalement des passant·es avec des invectives et des insultes racistes et homophobes, criant leur admiration pour Adolf Hitler et faisant des saluts nazis, hilares.
Lorsque nous avons signalé publiquement ce rendez-vous galant de néonazis en goguette, Beauvais MacDonald a répondu en formulant des menaces explicites :
Mathieu Grenier
Mathieu Grenier utilise l’alias « @matthewattic » sur Telegram. Nous savons peu de choses de lui, hormis qu’il est roux et qu’il fut jadis impliqué dans le (très éphémère et essentiellement virtuel) groupe Proud Boys de Montréal. Il a récemment fait un voyage à Marseille, où il a socialisé avec des fachos locaux.
Steven Khazanov
Khazanov utilise l’alias « @stvjms » sur Telegram. Il vit sur la rive-sud de Montréal et a participé à plusieurs activités du Frontenac Active Club au cours de la dernière année.
Sa photo de profil sur Telegram le montre s’entraînant dans les installations extérieures du Parc de la Cité, à Saint-Hubert. Il est domicilié au 3133, rue Ovila-Hamel, à Saint-Hubert.
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Afin de ne pas nuire à nos enquêtes, nous avons choisi de ne pas inclure tous les renseignements dont nous disposons dans cet article. Nous continuons bien sûr à recueillir des renseignements sur les membres actifs du Frontenac Active Club. Si vous avez des renseignements sur ces individus ou d’autres rattachés au groupe ou évoluant dans ce milieu, n’hésitez pas à nous écrire à alerta-mtl@riseup.net.