Montréal Contre-information
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Un passage du flambeau – un regard extérieur sur l’organisation du 15 mars

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Mar 252024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Avant toute chose, je tiens à préciser que je n’ai en aucun cas participé à l’organisation de la manifestation du 15 mars contre la brutalité policière de cette année. Je connaissais certaines des personnes impliquées dans son organisation auparavant, et certaines des personnes impliquées dans l’organisation cette année, mais je n’ai vu l’organisation évoluer que de loin.

Donc oui, il y avait un nouveau collectif qui organisait la manifestation du 15 mars cette année. Pendant et après la manifestation, j’ai entendu un certain nombre de critiques, certaines chuchotées entre camarades, d’autres plus publiques. Pour ma part, je souhaite répondre à ces critiques. Je remercie sincèrement et entièrement le collectif du 15 mars, qui a pris les choses en main et a rempli de très grosses chaussures, avec très peu de temps pour le faire. C’est un travail ingrat, difficile et dangereux, et ces personnes ont toutes mon soutien pour s’y être attelées.

Était-ce parfait ? Non. Mais d’après ce que j’ai entendu, elles et ils ont eu à peine un mois pour le faire. Le fait que le collectif ait réussi à produire des tracts, des autocollants, des affiches et à créer une coalition dans un délai aussi court est tout simplement incroyable. Et même si elles et ils avaient eu plus de temps, nous savons tou-te-s que ces événements ne sont jamais parfaits : en tant que personne organisatrice d’événements radicaaux moi-même, je sais que nous faisons de notre mieux avec les maigres ressources dont nous disposons. Nous tirons toujours un millier de fils en même temps, et nous continuons toujours à marcher sur la frontière vers le burnout. Sans parler de la nature chaotique d’un événement radical, où tout peut arriver (et arrive souvent) et où il est impossible de prévoir toutes les éventualités. Et à mon avis, c’est là que réside la beauté de ce que nous faisons. Lors de nos événements, n’importe qui peut prendre l’initiative de brandir un drapeau, une bannière ou un mégaphone, et permettre à tou-te-s d’aller un peu plus loin que ce que l’on pensait.

L’organisation de cette année était-elle différente des manifs du 15 mars auxquelles nous sommes habitué-e-s ? Oui, mais rien ne devrait être inscrit dans la pierre, surtout pas les événements anarchistes. Oui, le format était différent, et bien que je ne connaisse pas les objectifs du collectif, j’ai eu l’impression que cela suivait un format que nous avions l’habitude de voir plus souvent dans les années 90s/00s. Au début, une manifestation semi-radicale, accessible au plus grand nombre. Et puis, par la suite, la vraie chose, pour celles et ceux qui veulent pousser les choses plus loin. D’après ce que j’ai pu voir, il y avait encore de la place pour une diversité de tactiques, c’est juste une manière différente d’organiser les choses. Et ce format est un bon moyen d’introduire des personnes qui ne se joindraient jamais à une manifestation radicale, pour voir ce qui se passe quand les gens sont plus combatifs.

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Le changement de tactique, le nouveau collectif du 15 mars… tout cela nous amène à l’état général de notre mouvement, de nos luttes.

Nous arrivons à un tournant dans nos collectifs, où certains vieux groupes semblent avoir des difficultés : par exemple, nous savons que le Salon du livre, un autre travail ingrat et difficile, a aussi des problèmes. Le COBP continue à faire des miracles avec, d’après ce que j’ai entendu, seulement une poignée de personnes. Et peut-être que l’organisation du 1er mai ne rassemble plus autant de monde qu’avant ? En même temps, de nouveaux collectifs radicaux émergent, comme l’ORA/RAO, le P!nk Bloc et maintenant le collectif du 15 mars. Il est peut-être temps pour nous, l’ancienne génération, de passer le flambeau à la plus jeune.

La nouvelle génération fera-t-elle tout comme nous, les ancien-ne-s, avions l’habitude de faire ? Va-t-elle façonner le mouvement comme nous, les vieilles et vieux punks, le voulons ? Non. Et c’est bien là le but. Les gens changent, les idées changent, et nos mouvements doivent changer avec eux. Les priorités, les tactiques et les objectifs de la prochaine génération ne seront pas les mêmes que ceux des anciens, et c’est tant mieux. Ce n’est pas comme si les priorités, les tactiques et les objectifs que nous utilisons en ce moment donnent beaucoup de bons résultats ces temps-ci, n’est-ce pas ?

Donnons à la prochaine génération une chance et un espace pour grandir, apprendre et, oui, faire des erreurs si nécessaire. C’est le seul moyen d’améliorer ce que nous avons construit au fil des ans et de le faire passer au prochain niveau. Et de faire en sorte que nos mouvements perdurent au-delà de nos propres vies, trop courtes et trop vaines.

Vive la prochaine génération de la Révolution,
Vive le nouveau 15 mars,
Et, comme toujours, ACAB partout.

une vieille personne camarade

Photo : André Querry

Une manif sans tête – Retour critique sur la manifestation du 15 mars 2024

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Mar 232024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette année, la traditionnelle manifestation contre la brutalité policière était organisée par le nouveau Collectif 15 mars. Les personnes à l’initiative de ce collectif nous sont inconnues, mais nous trouvons qu’autant discursivement – par l’appel à manifester sur leur site – que dans leurs pratiques de rue, ce changement de paradigme fait la part belle à une libéralisation de cette tradition anarchisante et combative. Trop peu de pratiques militantes à Montréal permettent de faire vivre un esprit offensif, où l’affrontement avec les corps policiers n’est pas accueilli négativement par la foule. Nous ne pouvons nous permettre de laisser cette manifestation tomber aux mains des réformistes aux tendances vive le communautaire.

Prenons d’abord l’appel à manifester puisqu’il s’agit du seul texte produit par le nouveau collectif et qu’il indique clairement les tendances idéologiques du nouveau groupe. Que nous dit donc cet appel… Pas grand-chose, sauf leurs brèves lignes politiques : « l’opposition aux interventions policières », « la fin des interpellations de la police, des équipes – intervenant·e·s et policier·ère·s –et de la présence des agences de sécurité privée dans l’espace public » et leur soutien à différents groupes communautaires et militants. Dans les dernières années, le COBP se faisait reprocher de ne pas assez se centrer sur l’opposition à la police en soi plutôt qu’à ses méthodes brutales – alors qu’il est évident que la plus grande part des manifestant·e·s ne tient pas à cette distinction non plus, à en croire la popularité du slogan ACAB. Nous trouvons que le passage d’un collectif opposé à la brutalité policière à un collectif opposé aux interventions policières n’ouvre pas d’horizon politique particulièrement intéressant. Les temps de l’euphémisation des discours d’extrême gauche devraient déjà être longtemps révolus.

Ce monde nous est intolérable, les démocraties libérales occidentales se flétrissent et laissent surgir une autorité, une surveillance ainsi qu’une violence de plus en plus crues. Il nous faut intensifier la lutte et nos discours, et non les vider de leur sens en les affadissant. Le 15 mars, s’il devait n’y avoir qu’un seul mot d’ordre, celui-ci devrait être l’abolition immédiate et non négociable de tous les corps policiers, de l’armée de l’État et de tous les centres de détention.

Suite à notre lecture de l’appel, nous étions sceptiques, mais, considérant qu’un doute planait sur la tenue de la manifestation cette année, nous étions tout de même excité·e·s à l’idée que le quinze mars ait encore lieu. Nos doutes par rapport aux tangentes que prenait la manifestation se sont toutefois cristallisés lorsque le Collectif 15 mars, quelques jours avant l’événement, nous a fait discrètement parvenir l’ordre de « ne pas faire d’action directe lors de la manifestation » et il nous est apparu que le trajet avait été spécifiquement réfléchi afin d’éviter le maximum de cibles potentielles pour des gauchistes excité·e·s. Quelle honte! Les réformistes pacifiant·e·s n’avaient pas assez des 172 autres manifs plates et dociles de l’année? Voilà maintenant qu’iels doivent s’approprier une des seules manifestations radicales traditionnelles de Montréal. Lorsque la manifestation se met à elle-même se policer, il n’y a effectivement plus besoin de police…

Fort heureusement, nous avons eu la preuve que les consignes autoritaires et pacifiantes sur le milieu anarchiste n’ont eu que trop peu de résonance et n’ont su changer la nature de la manifestation du 15 mars! Bon nombre de banques et de condos de luxe se sont fait attaquer et plusieurs feux d’artifices et bombes fumigènes ont coloré le ciel. Nous saluons chaudement les personnes ayant pris ces initiatives!

Mais il nous semble également important de souligner que dès la première attaque contre une banque – la RBC face au métro Beaudry – la tête de la manif du Collectif 15 mars n’a donné aucun mot d’ordre et s’est immédiatement volatilisée (à notre connaissance, la police n’avait pas déclaré la manifestation illégale – on nous corrigera). Cela a eu comme conséquence directe de désorganiser la manifestation et de l’exposer à de potentielles interventions policières au moment précis où des personnes auraient pu se faire arrêter. Pis encore, il nous semble évident que les personnes derrière le Collectif 15 mars comprennent mal l’implication politique des tactiques de manifestation. En effet, sans entrer ici dans une critique exhaustive du concept de « diversité des tactiques », toustes devraient minimalement s’entendre sur la nécessité de la désobéissance civile (c.a.d. non-confrontationnelle ou « non-violente » pour reprendre ce terme répandu mais inexact) dans un contexte de manifestation combative. Ainsi, les personnes organisatrices – qui marchent à visage découvert, ou qui sont associées plus ou moins publiquement à tel ou tel groupe communautaire ou institution – devraient utiliser leur présence en manifestation pour défendre jusqu’à la dernière minute le droit de manifester que prétend octroyer l’État canadien. N’ayant commis aucun acte criminel, elles n’ont pas de raison sensée d’être les premières à quitter. La fuite individuelle et injustifiée n’est pas qualitativement mieux que la course effrénée; les personnes qui ont trop peur devraient avoir l’humilité de s’abstenir d’assumer un rôle de leadership.

Enfin, faut-il ajouter que la présence soutenue et durable du plus grand nombre pendant tout l’événement est pour le moins importante dans un contexte où les manifestations montréalaises sont peu populeuses. Cette coprésence de personnes engagées dans différents rapports confrontationnels mais solidaires dans la rue est un des éléments fondamentaux à la prolifération de mouvements combatifs qui pourraient être à la fois significatifs pour de larges parties de la population qui sont présentement insensibles à nos propositions politiques et réellement inquiétants pour le système. Lorsque des organisateurs·rice·s contre la brutalité policière agissent au contraire de manière à mettre en danger une manifestation combative (et donc à risque d’arrestation), nous ne pouvons nous empêcher de nous sentir trahi·e·s.

Après quelques minutes d’incertitudes suivant la réalisation que l’organisation avait disparu, nous avons décidé avec nos camarades du P!nk Bloc d’utiliser nos bannières respectives pour prendre la tête de la manifestation afin de continuer à marcher avec une masse de gens qui, visiblement, était restée sur sa faim après avoir parcouru les rues résidentielles de Centre-sud sans cibles à portée de jet de pierre. Nous avons ainsi improvisé un itinéraire qui suivrait la rue Ste-Catherine vers la Place-des-Arts, que nous pensions être un bon endroit pour une dispersion réussie. Considérant que la masse de gens rétrécissait et que nous n’étions véritablement pas en assez grand nombre pour être en mesure de résister à une attaque de la police, nous avons rangé nos bannières, puis quitté à la Place-des-Arts comme prévu, mais une partie de la manif a choisi de continuer son chemin pour prendre fin au centre-ville.

Nous avions des critiques concernant le COBP et nous avions espoir que ce nouveau Collectif 15 mars puisse renouveler l’organisation de cette journée en offrant un cadre permettant de redoubler de combativité. Pour nous, le message est clair : le Collectif 15 mars n’a pas été à la hauteur de cette tâche. Il nous a semblé faire plutôt l’inverse par sa compromission avec la tendance libérale et sa soumission implicite à un statu-quo mou. Nous ne voulons pas d’appel à cesser l’action directe lors des manifestations, nous ne voulons pas de tête de manifestation qui abandonne la manifestation dès la première vitrine fracassée. Ce que nous voulons, ce sont de vraies solidarités tactiques et stratégiques, un attachement clairvoyant aux traditions, une compréhension perspicace du rôle des manifestations – une réelle camaraderie, ne serait-ce que l’instant d’un moment de casse. Ce que nous voulons, c’est véritablement devenir ingouvernables et menaçant·e·s pour l’État et son corps policier. Que le 15 mars de l’année prochaine le permette!

Longue vie au 15 mars ingouvernable!

Première Ligne

Radio-Canada a du sang sur les mains : retour sur les vitrines détruites dans la nuit du 12 au 13 mars.

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Mar 152024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit du 12 au 13 mars, les vitrines de la maison de Radio-Canada ont été détruites par des militant-es en réponse au choix de Radio-Canada d’utiliser sa large plateforme pour amplifier des discours transphobes proche de ceux de l’extrême-droite.

Le reportage TransExpress paru à l’émission Enquête le 29 février 2024 est une attaque intellectuellement et scientifiquement malhonnête envers les personnes trans et leur accès aux soins de santé. Ce reportage représente un glissement idéologique qui sert à légitimer les demandes transphobes de l’extrême droite, qui va attiser les violences envers les communautés trans, présentement de plus en plus ciblées. Radio-Canada et ses journalistes ont choisi d’entretenir une panique morale qui met la communauté trans, et en particulier les jeunes trans, en danger.

Ne nous laissons pas avoir par la prétention de neutralité journalistique et de “simple curiosité” : Pasquale Turbide et l’équipe de Radio-Canada ont choisi de laisser la parole à des pseudo-experts discrédités comme Lisa Littman et le SEGM. Leurs discours alarmistes sont déjà liés à une augmentation de la violence en Angleterre et aux États-Unis. La journaliste refuse de faire un réel effort de recherche et de compréhension de la réalité trans. Dans le reportage, elle utilise un langage transphobe et irrespectueux des communautés, mégenrant constamment les personnes trans. Même les passages qui se veulent reconnaître la réalité trans le font dans un cadre de psychiatrisation de la transidentité, invitant plus de contrôle médical de la part de l’état. Nous ne voulons pas du contrôle de l’état sur nos corps! Tout le monde devrait pouvoir expérimenter comme bon leur semble, quitte à faire des erreurs, sans avoir à demander la permission aux chiens de garde de l’état. Nous ferons de nos corps ce que bon nous semble, à tort ou a raison, n’en déplaise à l’état et à la petite bourgeoisie culturelle.

On voir clair dans l’agenda de Radio-Canada et son empressement à capitaliser sur cette panique morale pour augmenter ses cotes d’écoute. Comment expliquer autrement d’avoir fait venir Pasquale à Tout le monde en parle, sans lui opposer d’interlocuteur-ice informé-e pour opposer ses discours transphobes et sensationnalistes?

Comme toujours le capitalisme et l’état, face aux crises répétées et à la gronde populaire, cherchent à détourner l’attention des classes populaires. Plutôt que de parler de l’effondrement des services publics, de la crise du logement, de la crise climatique, de la montée du fascisme, de la violence policière ou du génocide en Palestine, il est plus facile de créer une menace imaginaire. La dérive fasciste de nos sociétés se sert de la communauté trans comme d’un bouc émissaire. L’état de plus en plus autoritaire et violent cherche a faire de nous un ennemi face auquel justifier son pouvoir et sa violence. Et ne vous attendez pas à ce qu’il s’arrête là tant qu’on ne les arrête pas.

Ces discours ont des conséquences réelles sur les décisions concernant l’accès aux soins de santé pour les personnes trans, mais aussi sur l’hostilité et la violence que les communautés trans vivent au quotidien, en particulier les jeunes trans. Ce n’est pas neutre que de répéter aux heures de grandes écoutes les discours poussés par l’alliance des forces d’extrême-droite. Quel honte de réentendre les propos de la droite religieuse, des néo-nazis, des masculinistes et du reste du camp de la haine sur une chaîne d’information publique! Ce reportage mensonger va encourager les mouvements haineux qui causent la mort des jeunes trans, par meurtre ou par suicide, comme c’est arrivé encore très récemment en Oklahoma. Quand un jeune trans tombera sous les coups de la transphobie, est-ce que l’équipe d’Enquête prendra ses responsabilités dans l’affaire? Feront ils une heure de reportage sur l’étendue des violence transphobes qui, contrairement à l’accès aux soins, tuent? Nous voyons clair dans leur jeu. Nous ne nous laisserons pas faire.

Il n’y a pas de “problème trans” mais il y a des trans qui ont un problème avec vous.
En choisissant de participer à une campagne de désinformation et de propagande haineuse envers nos communautés, derrière un vernis pseudo-scientifique d’autant plus dangereux, peut-être ces journalistes se sont-ils dit que la communauté trans est une cible facile, peu nombreuse, isolée et multi-marginalisée.

Mais comprenez bien que nous ne sommes pas seul-es : Nos alliées sont nombreux-es et notre rage est profonde. Nous sommes déterminé-es et solidaires.
Ce ne sera ni la première, ni la dernière fois que les queers bash back!

Nouveau sabotage contre Northvolt – Aucun capitaliste n’est à l’abri

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Mar 082024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette semaine marquait le retour des oiseaux migrateurs en Montérégie et le début de la nidification pour plusieurs espèces. Le chantier Northvolt est désormais engagé dans une course contre la montre afin de remblayer un maximum de milieux humides d’ici le 10 mars avant d’être empêché par la réglementation fédérale protégeant les oiseaux migrateurs. Si les travaux de déboisement sont terminés du côté de Saint-Basile-le-Grand (8700 arbres abattus) des travaux similaires s’amorcent désormais dans la partie Est du terrain appartenant à McMasterville. C’est dans cette section que se trouve le dernier boisé encore intact, peut-être préservé de la coupe en raison des actions répétées de spiking qui y ont eu lieu.

Afin de freiner le saccage des milieux naturels, des militant·es se sont attaqués à la carrière Mont-St-Hilaire du groupe Michaudville, responsable jusqu’à maintenant du remblayage de plus d’une dizaine d’hectares de zones marécageuses essentielles à la survie d’espèces vulnérables comme le petit blongios, la tortue molle à épines et la chauve-souris rousse. En raison de l’artificialisation des sols et de l’étalement urbain, il ne reste plus, aujourd’hui, que 5% de milieux humides dans ce bassin versant. Non seulement ce projet industriel n’aidera en rien à la décarbonisation de notre économie (comme le prétendent nos ministres), mais il se fera, en plus, aux dépends de la biodiversité locale. Rappelons que la crise écologique n’est pas seulement une crise climatique, mais aussi une crise de la biodiversité toute aussi menaçante. C’est grâce à nos relations avec d’autres espèces si nous vivons, mangeons et respirons. Nous sommes entièrement dépendent·es de ces écosystèmes.

En début de semaine, une centaine d’engins cloutés ont été répandus sur le chemin menant à la carrière afin de cibler les camions transportant la terre et le gravier servant au remblayage. Dans les dernières semaines, ce sont au-delà de cent allers-retours qui s’y sont produits quotidiennement avec un passage de camion aux 3 minutes. Toute action qui perturbe la circulation et entrave l’unique voie d’accès à la carrière cause des pertes financières affectant la rentabilité du projet. Chaque heure de travail perdue est une victoire pour les opposants à Northvolt.

Le projet Northvolt ne sera jamais écologique. Avec la filière batterie, le gouvernement caquiste profite du dérèglement du climat pour faire des affaires. Tandis que l’État injecte aujourd’hui des milliards de dollars pour sauver l’industrie automobile, ces investissements nous obligent à assurer, pour les décennies à venir, la croissance d’un secteur économique tout aussi destructeur que l’économie fossile. L’électrification massive des transports et le tout-à-l’auto nécessitent la multiplication des mines dans les pays du Sud et sur le territoire des Premières Nations. Partout, les terres agricoles, les cours d’eau et les populations qui en dépendant seront empoisonnés par des rejets toxiques. Des forêts entières seront jetées à terre, des montagnes éventrées. La crise écologique est insoluble dans le capitalisme : notre unique voie de sortie passera par l’entraide, la création de communautés résilientes et la décroissance.

Aux entreprises qui collaborent avec Northvolt : personne n’est à l’abri!

Bande de Gaza: le Canada a du sang sur les mains

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Mar 062024
 

Du Collectif Emma Goldman

6 mars 2024. Saguenay sur le Nitassinan.

Des membres du Collectif anarchiste Emma Goldman ont accroché une bannière « Non au génocide, Canada complice. Gaza libre » sur un symbole militaire trônant dans un parc d’Arvida. Quatre mois après que les Israéliens aient totalement bouclé la bande de Gaza,(action en contravention avec le droit international) et après que Tsahal ait ouvert le feu et tué une centaine de civils lors d’une distribution d’aide humanitaire, le gouvernement canadien annonce qu’il fera parachuter des vivres sur la Bande de Gaza par l’entremise de l’armée jordanienne. Cette action est une autre insulte pour les  millions d’humains qui s’entassent aujourd’hui à Rafah. Ces derniers souffrent d’une grave pénurie d’eau, sont à risque de famine et d’éclosions d’épidémies de toutes sortes. Quand leurs familles ne sont pas tout simplement décimées par les bombes larguées sans relâche sur la bande de Gaza par les avions de chasse de fabrication américaine en service dans l’armée de l’air israélienne. Est-ce que nous allons laisser un autre génocide se commettre au vu et su de tous? Les postes de contrôle terrestres doivent être ouverts pour acheminer l’aide humanitaire! 

Le Canada doit mettre fin à sa politique des deux poids, deux mesures (la Russie et l’invasion de l’Ukraine) et dénoncer les crimes de guerre commis par l’armée israélienne et prendre action contre le gouvernement israélien. De plus, le gouvernement canadien doit cesser l’envoi de matériel militaire à Israël. Dans les deux premiers mois de l’agression israélienne sur la bande de Gaza, le gouvernement fédéral a autorisé pour 28,5 millions de dollars de nouveaux permis d’exportation de matériel militaire vers Israël, soit plus que les exportations militaires de 2022 (1). 

Une pression maximale doit être exercée sur le gouvernement du Premier ministre Netanyahu pour faire taire le bruit des armes. Le gouvernement canadien doit œuvrer à trouver une solution permanente et durable au conflit israélo-palestinien en faisant respecter le droit au retour des réfugiés palestiniens, en exigeant la fin de l’apartheid israélien et de la colonisation illégale de la Cisjordanie. Une colonisation maintes fois condamnée par l’assemblée générale des Nations unies depuis 1967. 

Il est temps d’agir, l’histoire nous regarde! 

1. 21 millions pour 2022 et 26 millions de dollars en 2021.

Attaquons Northvolt, toujours, partout

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Fév 282024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Des anarchistes ont encore attaqué la machine de destruction capitaliste sur le site de Northvolt. Des pics d’acier ont été mis en place sur les différents chemins utilisés par la machinerie. En plus, de nouveaux clous ont été mis dans des arbres, cette fois sans les identifier, pour maximiser le potentiel de destruction sur la machinerie écocidaire. Les personnes ayant fait l’action n’ont pas peur de se faire prendre. Même si c’était le cas, elles demanderaient d’être jugées par leurs pairs. Par les tortues molles à épines, les petits blongios et les chevaliers cuivrés. Par toutes les espèces qui meurent parce que la destruction de la planète, c’est payant en crisse.

En effet, pour maintenir la croissance économique capitaliste, ça prend des bungalows de banlieue pitoyables de plus en plus grands et des chars de plus en plus gros. Pendant ce temps, on se ferme les les yeux et on se laisse bercer par les comptines des capitalistes qui prétendent que les chars électriques réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Sous le prétexte hypocrite de la protection de l’environnement, L’État et ses amis des industries tentent un sauvetage désespéré de l’industrie automobile. Pour qu’elle survive après 2035, le moment où le fédéral interdira la vente de chars au gaz, ils remplacent les chars au gaz par des chars électriques. Les gouvernements s’arrangent alors pour réduire le prix des chars électriques, par des subventions directes et indirectes, pour qu’ils restent accessibles à la classe moyenne. Bref, la filière batterie, c’est le pillage des fonds verts par les gouvernements pour financer la croissance économique, pour permettre à l’industrie automobile de survivre aux changements climatiques qu’elle a causés. Le développement de la filière batterie, c’est pour qu’on continue de vivre dans des villes bruyantes, désagréables, dangereuses, où les centres-villes ont été transformés en autoroutes et en stationnements. Les anarchistes ne veulent rien savoir de leur monde, et c’est pour ca qu’iels tenaient à crisser une pelletée de sable supplémentaire dans ses engrenages.

Et il faut se rappeller que le char électrique, ce n’est qu’en ville qu’il peut prétendre être vert. Tout autour, ce sont les mines, toujours sur des terres autochtones, partout dans le monde. C’est la raffinerie toxique de Rouyn-Noranda. Ce sont les extensions de ports le long du fleuve Saint-Laurent. De l’Afrique à l’Amérique du sud, ce sont les exécutions contre les syndicalistes et les défeuseur·euse·s de la nature effectués au nom des minières canadiennes. À défendre la nature ici, on ne risque pas la mort. Se servir de nos privilèges pour défendre les plus vulnérables, ça veut dire agir ici. C’est un problème causé par les blancs, et il est grand temps qu’on prenne nos responsabilités.

C’était un moment triste pour faire une action. Sur le site de Northvolt, il reste à peine quelques arbres, dont ceux qui étaient identifiés comme ayant été la cible de cloutage la dernière fois. C’est donc dire que l’action directe fonctionne. En effet, ces clous ont probablement fait plus pour la protection de la biodiversité que la COP15, et toute la ribambelle d’autres COP. On voit clairement en action les mécanismes de compensation ridicules pour la biodiversité: d’un côté, on déboise massivement, alors que dans 4-5-6 ans, ou quand on aura le temps, on plantera une monoculture d’épinette noire sur 20 hectares, une armée de petits arbres en rangées qui seront coupés – de quoi faire du papier toilette à peine assez solide pour qu’on puisse se torcher avec, ne vous demandez pas pourquoi vos doigts passent en travers. D’un côté on remblaie les milieux humides, alors que dans 4-5-6 ans, ou quand on aura le temps, on creusera un trou dans un spot de sable pour y mettre deux-trois poissons et algues, pour se donner une tape dans le dos. On créera un étang à un autre endroit pour les animaux déjà emportés. Des animaux morts dans une flaque d’eau, c’est au mieux une soupe, ça ne pourra jamais compenser un écosystème vivant. Et ça, c’est s’il y a effectivement compensation, parce que c’est la première chose qui sera coupée si la rentabilité est menacée.

La lutte contre Northvolt ne fait que commencer. Il reste encore 2 ans avant la mise en service de l’usine. Les marges de profits ne seront pas extravagantes. Les coûts en sécurité, en relations publiques, en gestion de crise commencent déjà à s’accumuler. Déjà, l’image de la compagnie est fortement entachée, et il y a fort à parier que les investisseur·euse·s déchantent. Il reste encore 2 ans pour lutter et l’ennemi est vulnérable. On entre encore sur le terrain comme dans une passoire: on ne peut pas protéger plus d’un kilomètre carré avec quelques clôtures rouillées ainsi qu’un garde de sécu immobile qui joue à 2048 et qui fait dodo dans son auto. Les sous-traitant·e·s risquent de reconsidérer leurs relations étant donné les dangers encourus. Il ne faut pas les laisser aller. Le site de Northvolt avait été saccagé pour l’usine de CIL, mais la nature a repris ses droits. Continuons le combat jusqu’à ce que la vie revienne.

Appel à l’action contre le comité de “sages”

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Fév 122024
 

De Nous ne serons pas sages!

La CAQ a cédé honteusement aux mobilisations transphobes et a décidé de nommer un “comité de sages”, qui décidera du futur des communautés trans et non-binaires. Nous exigeons la dissolution immédiate de ce comité car : 

Ce comité est composé exclusivement de personnes cis (non-trans), qui n’ont même aucune expertise académique ou d’intervention auprès des personnes trans. La majorité d’entre eux entretiennent par contre des affinités connues avec des groupes transphobes. Tout cela est fondé sur la présupposition selon laquelle les personnes trans et non binaires seraient incapables d’être “sages”, raisonnables et impartiales. Nous revendiquons la reconnaissance des savoirs expérientiels, universitaires et communautaires LGBTQ+; nous revendiquons notre auto-détermination! 

L’existence de ce comité a pour but de légitimer les demandes de la droite et de l’extrême droite transphobe. Se pliant à leur agitation, le gouvernement a choisi de mettre sur pause toutes les avancées sociales pour les communautés trans. Il le fait au mépris de ses propres institutions, ignorant l’existence du Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie et de son plan d’action. Ce n’est pas la première fois que la CAQ s’attaque aux communautés trans: on se rappelle le Projet de Loi 2. Nous continuerons de nous défendre face à ce gouvernement transphobe!

Ce comité vise à questionner la légitimité des personnes trans et en faire des objets de débat dans l’espace public. Ce type de mise en scène médiatique a toujours eu comme conséquence d’augmenter les violences et les crimes haineux contre les personnes trans et non conformes dans le genre. Le “problème trans” n’existe pas : nos existences ne sont pas à débattre. Nous continuerons de lutter pour la sécurité et la dignité des personnes trans et non-binaires!

La création de ce comité fait partie du backlash international contre les communautés LGBTQ+. Les agitateurs conservateurs mobilisent leurs bases en présentant les personnes trans comme un danger pour les enfants. Ni les homosexuel.les, ni les drag-queens, ni les personnes trans ne constituent un danger pour la jeunesse. Ce sont plutôt les adultes autoritaires et intolérants qui mettent en danger le bien-être des enfants. Nous continuerons de lutter pour un monde dans lequel tous les enfants se sentent libres de s’exprimer et de s’épanouir sans crainte ni jugement!

Ce comité est influencé par un mouvement réactionnaire qui se dit féministe, prétendant que les femmes trans représenteraient un danger pour les femmes cis. Au contraire, la libération des femmes trans contribue à la libération de toutes les femmes. Combattre pour l’autonomie des individus sur leurs corps, c’est se battre autant pour l’accès aux hormones que pour l’accès à l’avortement. Nous continuerons de lutter pour un monde libéré du patriarcat!

Le gouvernement derrière ce comité est le même qui détruit les milieux de la santé et de l’éducation. C’est le même gouvernement qui s’attaque aux droits des locataires. C’est le même gouvernement qui s’attaque à la liberté religieuse des minorités et qui s’oppose à tout effort de paix en Palestine. Nous souhaitons inscrire cette lutte dans une perspective de solidarité et créer un front commun face aux dérives autoritaires et réactionnaires du pouvoir!

Nous revendiquons la libération trans. En ce sens, nous voulons bâtir un monde qui accueille les individus dans leur diversité et défend leur droit de disposer de leurs corps. Nous voulons aussi créer une société qui accompagne les gens dans leur exploration et affirmation de genre. Nous considérons que se libérer de l’imposition d’une stricte binarité de genre est bénéfique pour l’ensemble de la population. Nous continuerons de lutter pour un monde qui ne sème pas le mal-être, l’inconfort et la haine, mais qui nourrit la joie et l’euphorie. 

Nous appelons à un soulèvement contre la CAQ et son comité de soi-disant “sages”. Nous appelons à l’auto-organisation de toustes celleux qui veulent lutter contre la transphobie. Nous vous invitons à former des groupes affinitaires, à mobiliser vos organisations et à créer des comités. Par la diversité des tactiques, nous comptons faire reculer ce gouvernement et construire un futur pour toustes!

Face au comité de “sages”, NOUS NE SERONS PAS SAGES

Réflexions anarchistes sur la grève en milieu scolaire

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Déc 292023
 

De l’Organisation révolutionnaire anarchiste

Trop souvent les professionnel·les de l’enseignement sont méprisé·es, déconsidéré·es, pris·es pour acquis·es par l’État québécois et son ministère de l’Éducation. Le travail éducatif, comme les autres emplois du soin et de la reproduction sociale, a une position particulière dans le système capitaliste. C’est un travail dévalorisé parce qu’il ne participe pas directement à la création de profits. Le travail éducatif est aussi une bonne illustration du patriarcat dans la société contemporaine: il est dévalorisé parce qu’il est considéré comme un « féminin ». En même temps, la profession est instrumentalisée et détournée par l’État pour assurer la reproduction du système tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Cette exploitation du travail, surtout des personnes femmes, doit cesser : nous espérons que la lutte syndicale actuelle offrira des possibilités de libération pour ces traveilleur·euse·s. 

Nous proposons ici quelques réflexions afin d’élargir ces possibilités libératrices de la résistance du milieu scolaire dans la grève actuelle. Nous considérons qu’il n’est pas suffisant de revendiquer de meilleures conditions de travail pour les travailleur·euses : nous croyons nécessaire de chambouler le système scolaire dans son entièreté en reconnaissant l’autonomie de toutes les personnes qui y participent. En plus des revendications salariales, les conditions des classes, particulièrement concernant le nombre d’élèves par classe, le soutien à l’enseignement et le budget pour le matériel scolaire, doivent rester à l’avant-plan des demandes des regroupements des travailleur·euses. D’autant plus que celles-ci ne  concernent pas qu’elleux, mais aussi les élèves. À notre sens, c’est cette relation entre les travailleur·euses de l’enseignement et les personnes avec lesquelles illes travaillent qui permet de redonner aux luttes syndicales des perspectives révolutionnaires. 

Les revendications syndicales actuelles effacent certains enjeux centraux au fonctionnement de la classe et de l’école. Le mouvement anarchiste nous a laissé en héritage plusieurs pistes d’analyse pertinentes provenant de pédagogues et d’écoles ayant des projets de libération commune au personnel des écoles et aux élèves. Ces expériences nous amènent à souligner deux autres problèmes dépassant les conditions salariales et le sous-financement du système : les fonctionnements prescrits par un État de plus en plus incompétent et méconnaissant des conditions d’enseignement ; le recours constant à l’autorité qui passe de l’État, aux directions, aux enseignant·e·s et, enfin, aux élèves.

Au regard de ces problèmes, nous considérons que la résistance doit commencer dans chaque classe par la collaboration des élèves et des enseignant·e·s et dans chaque école en résistant à l’ingérence de l’État et en créant des structures plus autonomes.

Le rôle de reproduction de l’école actuelle

Les programmes actuels sont, à notre sens, beaucoup trop prescriptifs et restrictifs. Ils assument que les élèves se développent à un rythme régulier et similaire pour toustes. Or, comme il est possible d’observer facilement dans les classes, ce n’est pas du tout le cas. Les atteintes à remplir de ces programmes imposent un stress continu sur tout le système. Le personnel enseignant surchargé n’arrive pas à transmettre et à évaluer tous les éléments du programme ; les élèves se sentent peu à peu de plus en plus incompétent·e·s ou ne sont pas assez stimul·é·s par l’école. 

En plus de ce stress, ces programmes restreignent la liberté des enseignant·e·s et des élèves dans les apprentissages. Ensemble, ces derniers·ères devraient être en mesure de choisir un cheminement adapté à leurs besoins et à leurs intérêts en reconnaissant leur expertise commune (celle des enseignant·e·s sur l’éducation et celle des élèves sur leur connaissance d’elle-eux-mêmes). Cela vient nécessairement avec une redéfinition des critères de réussite et d’une définition subjective de la réussite.  

Sans cela, nous considérons que l’école ne se voit qu’attribuer la fonction centrale de la reproduction des systèmes oppressifs de la société. Les curriculums structurent l’école autour de pratiques qui servent à classer les élèves selon leur atteinte de la «réussite». Il faut se questionner sur ce que cette réussite sous-entend comme objectifs. À notre sens, elle soutient surtout le système de travail actuel. En évaluant les élèves et en les mettant en compétition, l’école détermine qui aura accès aux emplois les plus valorisés et les plus payés plus tard. Ainsi, on assure une restriction à l’accès à la richesse aux élèves les plus performant·es (encore provenant majoritairement des classes priviligées). Du même coup, on justifie la perpétuité de la misère des classes opprimées. Les élèves intériorisent par coups d’échec et de dévalorisation qu’illes seraient moins méritant·e·s en raison de leur manque de performance scolaire aux tests standardisés et aux évaluations arbitraires. Dès le plus jeune âge, on leur inculque la notion de dominance et de soumission à un système classiste et capitaliste. 

Le système québécois à trois vitesses (avec les écoles publiques, privées et les programmes spécialisés) ne fait qu’accentuer les écarts entre les élèves. On ajoute à cela le manque de personnel spécialisé dans les écoles, le manque de ressources matérielles et le trop grand nombre d’élèves : aucune chance que l’école publique puisse réellement remplir son mandat d’éducation. Les élèves n’ont pas non plus la chance d’atteindre leur potentiel. Un potentiel qui ne serait pas défini par un État pour répondre aux besoins du marché, mais par ses intérêts et ses besoins. Pensons ici comme alternatives les pédagogies par projet qui centrent l’élève dans des processus qui lui permettent de participer activement à sa communauté. À travers ces projets, les apprentissages se réalisent selon les besoins qui surviennent, et non selon des impositions externes que l’élève ne comprend pas.  

Les systèmes d’oppression dans le système scolaire 

Dans un autre ordre d’idées, il faut s’intéresser à la question des élèves en difficulté d’apprentissage et en situation de handicap. Les syndicats revendiquent actuellement un meilleur équilibre du « nombre de cas » dans les classes. Pourtant, cette mesure n’est pas une solution suffisante pour aider autant le personnel enseignant que les élèves. Nous soutenons que la situation de handicap n’est pas un problème individuel, mais un problème créé par le système en place qui assume que les élèves doivent s’adapter à la « norme ». à des critères de réussite abstraits et arbitraires. Malgré le projet d’inclusion que le gouvernement tente de mettre en place depuis quelques années, le fonctionnement des classes et les curriculums n’ont pas reflété de changements permettant que ce projet se concrétise. À la place, le système fait porter la responsabilité au personnel enseignant et aux élèves sans leur donner le réel pouvoir de changer les choses. Nous proposons de décentraliser l’image de l’élève modèle porté par la vision des curriculums en passant par une réappropriation des attentes et des curriculums par le milieu scolaire. Créons plus de chemin de réussites, plus de parcours d’apprentissage selon les besoins réels des élèves et des personnes enseignantes. La prise de décision sur les apprentissages devrait se faire le plus proche possible des élèves. 

Il nous apparait aussi essentiel de ne pas garder sous silence quels savoirs et quelles transmissions de savoir sont priorisées par l’État dans les curriculums. En valorisant la transmission des savoirs dominants, l’école reste un projet colonial et raciste. En s’appuyant toujours sur l’autorité présumée de l’adulte pour transmettre les savoirs, l’école soutient indirectement, et parfois même directement, les différents discours oppressifs : raciste, sexiste, queerphobe et capacitiste. En effet, au lieu de donner les outils aux élèves pour analyser les réalités sociales et réfléchir par elleux-mêmes, on primerose de leur présenter les savoirs déjà prémâchés en faisant référence à l’autorité de la personne experte. Cela les empêche d’entrer dans des discussions constructives où illes se sentiraient aptes à remettre en question des « faits établis ». Illes apprendraient à chercher à comprendre plusieurs analyses possibles selon des postures sociales diverses, pas seulement la perspective des hommes blancs cis hétérosexuels qui continuent à prédominer à l’université et dans nos gouvernements. Les élèves doivent être vus comme des personnes capables de produire du savoir aussi, non seulement de le recevoir. Cela est d’autant plus le cas des élèves vivant différentes formes d’oppression qui devraient en mesure d’être entendu.e dans un système où leur communauté est parfois sous-représentée. 

Nous soutenons toutes les approches de plus en plus populaires qui redonnent aux  élèves du pouvoir dans leur apprentissage et qui les invitent à penser par elleux-mêmes. Or, quiconque souhaite voir une possibilité de changement social dans le projet scolaire verra ses espoirs mitigés par l’expérience et la brutalité des exigences de l’État qui priorise l’atteinte de compétences servant le système au bienêtre des élèves.  

L’autorité : une violence partagée 

 Comme nous venons de le montrer, l’État joue un rôle dans l’instrumentalisation de l’école. L’État impose des curriculums, des examens ministériels, des processus de prise de décision hiérarchiques. Ces mesures restreignent grandement la liberté des enseignant·es à faire des choix pédagogiques et structurels qui pourraient modifier le système. Les personnes enseignantes doivent aussi faire subir les décisions de l’État à leurs élèves, limitant ainsi leur liberté dans leurs apprentissages. Le fonctionnement du haut vers le bas repose sur le recours constant à l’autorité enseignante, soutenu par les méthodes managériales des directions. En plus, en refusant de financer convenablement l’école publique, l’État met le personnel du milieu dans des situations de plus en plus difficiles, ce qui les contraint à assoir une autorité toujours plus grande pour que le système survive. 

D’autant plus, l’État vient de passer, en pleine mobilisation syndicale, la loi 23 qui lui octroie encore plus de pouvoir sur le système scolaire. Nous devons reconnaitre que les personnes professionnelles de l’enseignement ne sont que très peu consultées par l’État quand il est temps de prendre des décisions structurelles sur le système. Et quand elles le sont, il est rare qu’elles soient réellement écoutées. C’est une autorité illégitime que se donne l’État alors que le gouvernement n’a pas du tout les connaissances du terrain. En plus, en priorisant la recherche universitaire pour la prise de décision, cela restreint encore la construction du savoir à une classe privilégiée sans considérer toutes les démarches et les analyses qui sont faites dans les classes par le personnel et les élèves. Ces personnes sont à même de choisir ce qu’illes ont besoin et ce qui les aide à réussir, pas les personnes au pouvoir de plus en plus éloignées des écoles. 

Il faut aussi souligner les conséquences de l’autorité sur les élèves. L’autorité est souvent utilisée comme moyen de conserver le contrôle d’une classe en vue de transmettre du savoir. Cela a tendance à enlever aux élèves leur confiance dans leur capacité à faire des choix sur le long terme. Les élèves veulent apprendre, mais, quand les apprentissages sont toujours imposés par le haut, illes perdent leur motivation intrinsèque. Il est normal que les élèves questionnent l’autorité et veuillent avoir une prise de parole. En associant toujours cette résistance à de l’indiscipline et en y proposant plus d’autorité comme solution, cela ne fait qu’habituer les élèves à prioriser une personne « supérieure » à elleux pour prendre des décisions. Cela ne leur apprend pas l’autonomie ni à résister aux injustices de la société. Nous soutenons que cela ne fait que les préparer à respecter l’autorité de l’État et de leur patronat.  

En ce sens, il est nécessaire que les luttes enseignantes et les luttes des élèves se rejoignent. Il nous faut nommer les ennemis communs : l’État et son système scolaire. Nous proposons aux enseignant·e·s de résister à l’autorité de l’État sur leur travail et de résister à l’autorité éducative que l’école essaie de leur faire imposer aux élèves.

Une lutte syndicale porteuse de changements sociaux 

À la lumière de cette analyse, il semble aujourd’hui risible que l’école québécoise se donne comme objectif de favoriser le « vivre ensemble » alors qu’elle abat toute sa violence sur le dos de ses élèves et des personnes y travaillant. Les mauvaises conditions de travail ont des impacts de plus en plus importants sur le bienêtre de toute la communauté scolaire. Le racisme et le capacitisme restent des problèmes largement gardés sous silence dans les écoles, et la situation actuelle ne fait que les empirer. Les comportements des enfants racisé·es continuent d’être de plus en plus policés et punis ; les élèves en situation de handicap ont de moins en moins de ressources pour atteindre leur potentiel. L’école actuelle ne fait qu’assurer l’individualisme de survie dans la jungle capitaliste.

Et les personnes enseignantes sont en première place du spectacle des conséquences de ce système sur les enfants et leur famille n’arrivant pas à répondre à leurs besoins. Les inégalités sociales ont des impacts réels sur les conditions de travail des écoles. Devant ces problèmes systémiques, le personnel éducatif doit s’unir à toutes les luttes qui veulent remettre de l’avant le prendre soin collectif, le partage des ressources selon les besoins de toustes et la destruction des systèmes  d’oppression. 

On dit souvent que le travail éducatif fait partie des différents emplois du soin. Le soin collectif et l’aide mutuelle sont parmi nos meilleurs outils de résistance au système capitaliste qui veut nous séparer avec l’individualisme et la consommation. Dans nos classes, on voit cette résistance qui s’opère en recherchant à promouvoir le travail d’équipe et l’entraide dans l’apprentissage. Dans les écoles, on voit des communautés de parents et d’élèves plus larges se former pour accompagner le personnel sur les lignes de piquetage. Ainsi, les communautés des écoles et autour des écoles doivent se solidariser. Par exemple, nous proposons de ne pas limiter les revendications sur l’indexation des salaires à l’inflation aux personnes syndiquées, mais pour toustes parce que cela est aussi pour le bien de nos élèves.   

Autogestion et libération pour toustes

Les problèmes que nous venons de souligner ne seront pas résolus par l’intervention de l’État, surtout pas devant le mépris qu’il utilise sur les tables de négociation. Nous pensons que le changement doit passer par la mobilisation du personnel enseignant en collaboration avec les élèves. Pour que cela soit possible, nous devons changer l’école pour que les élèves puissent prendre la parole et revendiquer pour elleux-mêmes leurs conditions d’étude. Les syndicats représentent les travailleur·euses; qui représente les élèves? Si les enseignant·es se réclament une indépendance en réponse au paternaliste de l’État, illes ne peuvent en bonne conscience que refuser les mêmes outils pour les élèves. Peu importe ce qu’on essaie de nous faire croire sur l’incapacité des élèves à faire des choix engageants quant à leurs existences, nous devons rejeter ce discours qui engendre des conséquences violentes sur les élèves. Il faut reconnaitre aux élèves leur liberté pour qu’illes aient un réel pouvoir sur leur éducation.

Les élèves devraient pouvoir s’organiser pour présenter des revendications en dehors du regard autoritaire des adultes et de l’État. De cette façon, nous rejetons l’autoritarisme comme seule manière de faire fonctionner une classe, une école, une société. Sans le contrôle imposé de l’État, nous pourrons explorer  de nouvelles avenues pour vivre ensemble à l’école, et plus largement dans la société. 

L’école devrait être un milieu qui favorise la construction d’une communauté qui prend des décisions collectives en considérant l’autonomie des enfants et des travailleur·euses. Un milieu antioppressif qui combat activement les outils qui soutiennent le système en permettant une remise en question constante des discours sociaux racistes, capacitistes, sexistes  et queerphobes. Pour que cela soit possible, la parole de toustes se doit d’être considérée en développant de nouvelles structures réellement démocratiques à l’école et avec les communautés qui l’entourent. Nous rejetons l’idée que l’école soit mise à part de la sphère politique et de ses décisions : les élèves doivent être considéré·es comme des sujets politiques actifs, en reconnaissant les différents besoins et prises de parole.

En ce sens, chaque école devrait mener sa propre lutte selon des demandes conjointes et uniques au contexte des traveilleur·euses et des élèves. Revendiquons l’autodétermination de chaque milieu par rapport à l’État. Redonnons le pouvoir aux communautés de travailler ensemble pour assurer la libération de toustes à travers une éducation populaire. Une éducation qui appartient aux communautés pour les communautés en vue de construire un monde meilleur.

Ça brasse partout!

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Déc 162023
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

Tract distribué lors des différentes manifestations de l’automne 2023

C’est l’fun de vous voir manifester! On écrit ce document parce que les politiques des gouvernements nous forcent à marcher souvent pour dénoncer les injustices et plein de mouvements s’activent. Ça brasse pas mal dans plein de secteur de la société; ça faisait longtemps qu’on avait pas vu autant de manifs aussi populeuses, des grèves, des blocages et des actions directes aussi fréquentes. C’est une opportunité exceptionnelle de rejoindre des luttes conviviales et combatives, si vous avez le temps et l’énergie. C’est non seulement plus d’opportunités de faire du trouble à Legault et à Trudeau, mais une manière de créer des liens entre les luttes, de s’informer, de créer des solidarités et de trouver des gens qui nous ressemblent. C’est pour ça qu’on vous présente d’autres luttes qui se passent entre autres à Montréal.

La CLAC est un collectif anti-autoritaire réuni sur la base de la lutte contre toute les oppressions et dominations.

Autre collectif intéressant : l’ORA est une nouvelle Organisation Révolutionnaire Anarchiste ouverte et publique à Montréal.

Attaques contre les locataires

L’agenda de la CAQ n’est pas compliqué: on prend aux pauvres pour donner aux riches. En terme de logement, ça veut dire de s’attaquer aux dernières mesures qui permettent de garder quelques espaces pas trop cher pour nous. Une de ces attaques est le projet de loi 31, qui vise entre autres ầ empêcher la cession de bail, une pratique qui permet de garder le loyer au même prix entre deux locataires. Bien que les propriétaires n’ont pas le droit d’augmenter le loyer de plus qu’un taux déterminé par la régie du logement, les cessions de bail sont la seule façon d’empêcher les hausses excessives qui se produisent lors d’un changement de locataire.

Le FLIP (Front de Lutte pour une Immobilier Populaire) organise plusieurs événements pour lutter contre ce projet de loi, dont une grande manif le samedi 2 décembre à midi au métro Parc!

Le SLAM (Syndicat de Locataires Autonomes de Montréal) a une approche anarcho-syndicaliste du droit au logement.

Génocide à Gaza

La bande de Gaza, depuis le milieu des années 2000, faisait l’objet d’un blocus économique, empêchant l’importation de plusieurs biens essentiels et empêchant les gens de sortir du territoire, et même d’aller pêcher dans la mer. Plusieurs expert·e·s ont qualifié Gaza de prison à ciel ouvert et ce longtemps avant l’attaque du 7 octobre. Les attaques Israëliennes sur les populations civiles de Gaza ne sont pas une guerre: Gaza ne possède pas d’armée à proprement parler. C’est pourquoi le terme de génocide est plus approprié pour la situation. De très nombreuses manifs se produisent en solidarité avec les gazaouis. Voix Juives Indépendantes, et Palestiniens et Juifs Unis organisent des manifestations pour que cessent le génocide.

Destruction environnementale

Pendant ce temps, les gouvernements coupent dans le transport en commun et visent à continuer le tout-à-l’auto, au dépend de la survie de la planète. En tête de liste des choix douteux du gouvernement, l’investissement de 7 milliards de dollars dans une usine de batteries au lithium qui désire s’implanter à McMasterville, au dépens de l’écosystème local, au profit des minières canadiennes, et aux dépens d’un plan de transport raisonnable. Dans le mouvement écolo, Rage Climatique lutte contre ce projet d’usine.

Lutte contre la transphobie et l’homophobie

L’extrême droite s’en prend désormais de plus en plus droits des enfants et personnes trans-, queer et non-binaires en tentant d’empêcher l’éducation sexuelle inclusive, comme celle effectuée par des personnes trans. Heureusement, ces attaques ne sont pas sans réponses grâce aux efforts incessant du P!nk Bloc Montréal.

Attaques contre les travailleur·euse·s

Les conventions collectives pour le secteur public arrivaient à échéance le 31 mars 2023, au même moment où continuait la mauvaise foi du gouvernement Legault. Une fermeture à discuter des conditions de travail ou à offrir des augmentations qui s’approche de l’inflation a amené des votes de grève historique dans les nombreux syndicats, avec des votes de grève atteignant parfois 100%. Plusieurs journées de  grèves sont prévues dans les prochaines semaines.

Donc ça va très mal, mais au moins on résiste! Pour avoir plus d’informations sur tout les événements organisés dans le cadre de ces différents mouvements, consultez le calendrier de Résistance Montréal au https://www.resistancemontreal.org/calendrier