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Parution de la 6e édition du guide d’autodéfense numérique

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Jan 162023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cinq ans après la précédente, nous avons le plaisir de vous annoncer la sortie de la 6e édition du guide d’autodéfense numérique, entièrement mise à jour, afin de fournir conseils et recettes adaptées pour s’orienter dans les méandres parfois hostiles de la jungle numérique.

Ce guide d’autodéfense numérique vise à présenter l’« absence d’intimité » du monde numérique et propose des méthodes pour ajuster nos pratiques quotidiennes en conséquence. On y trouve des éléments de compréhension de l’outil informatique et de ses failles, des pistes de réflexion permettant d’élaborer et de mettre en place des « politiques de sécurité » et des outils permettant à quiconque d’apprendre et de répandre des pratiques de protection adaptées à chaque situation.

Cette réédition augmentée contient toujours deux tomes (regroupés en un seul ouvrage), et documente en particulier les dernières versions de Debian et de Tails. Elle inclut aussi de nombreuses actualisations sur les pratiques de surveillance numérique, sur les lois que nous subissons et sur les outils que nous utilisons, ainsi qu’un nouveau chapitre sur la réduction des risques appliquée au numérique.

La nouvelle édition du guide d’autodéfense numérique est d’ores et déjà accessible en version numérique à l’adresse https://guide.boum.org/, et sa version papier, publiée par les éditions Tahin Party, sera disponible en librairie à partir du 27 janvier 2023.

Afin de diminuer les traces que nous laissons et les risques que nous prenons dans nos usages des ordinateurs, des logiciels et d’Internet, apprenons, appliquons et diffusons des pratiques d’autodéfense numérique !

L’équipe du guide d’autodéfense numérique.

Nous le répétons, les frontières tuent, la négligence de l’ASFC tue

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Jan 072023
 

De Solidarité sans frontières

Nous dénonçons la mort de migrants au centre de détention de Surrey, en Colombie-Britannique, et au chemin Roxham.

Nous sommes une fois de plus enragée-s et attristé-e-s d’apprendre la mort de deux migrants en l’espace de deux semaines.

Le 27 décembre, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a annoncé qu’un détenu avait été déclaré mort le 25 décembre au centre de détention de l’ASFC de Surrey, en Colombie-Britannique. Le 5 janvier, la Sûreté du Québec a confirmé avoir trouvé le corps sans vie d’un homme près de du chemin Roxham, un passage irrégulier entre les États-Unis et le Canada.

Nous déplorons la mort de l’homme migrant près du chemin Roxham et tenons le gouvernement canadien pour responsable et redevable de cette mort. Bien que nous ne connaissions pas la cause du décès, nous pouvons affirmer avec certitude que personne ne devrait avoir à mourir seul-e en essayant de traverser la frontière au prix d’un grand stress personnel, de dangers et de dépenses importantes. Toute personne a le droit de migrer, le droit de résister aux déplacements forcés et le droit de retourner dans son pays d’origine si elle le souhaite.

Rappelons-nous que c’est l’Entente sur les tiers pays sûrs qui oblige les gens à choisir des moyens plus risqués pour traverser la frontière. Cette entente est un accord entre le Canada et les États-Unis qui est en vigueur depuis 2004 et qui stipule que les États-Unis et le Canada désignent l’autre pays comme un pays sûr pour les réfugié-e-s et ferment la porte à la plupart des demandeur-se-s d’asile à la frontière canado-américaine. Cet accord a été largement critiqué par de nombreuses organisations et par les migrant-e-s et les réfugié-e-s elleux-mêmes, notamment parce qu’il porte atteinte au droit de toute personne fuyant les persécutions de demander l’asile. En vertu de cet accord, les migrant-e-s et les réfugié-e-s qui présentent une demande d’asile aux postes frontaliers officiels du Canada et qui ne répondent pas aux critères sont automatiquement renvoyé-e-s aux États-Unis sans procédure régulière. En conséquence, de nombreux-ses migrant-e-s et réfugié-e-s se résignent à traverser la frontière canado-américaine par des points d’entrée dits « irréguliers », dont le chemin Roxham, parfois au péril de leur vie, comme ce qui vient de se produire.

Quant au décès de la personne détenue par l’ASFC, il est mentionné dans leur communiqué que les proches du migrant décédé ont été contacté-e-s, mais on n’y trouve aucune information concernant le nom de la personne, son âge, son sexe, son pays d’origine, et encore moins la raison ou la durée de sa détention. De plus, aucune information sur les circonstances dans lesquelles la personne est décédée au centre de détention (à savoir pourquoi ils n’ont pas pu amener la personne à l’hôpital à temps pour lui sauver la vie) n’a été divulguée. Comme d’habitude, l’ASFC prétend agir ainsi « pour des raisons de confidentialité » (source : déclaration de l’ASFC).

Le décès de ce migrant dans la prison de Surrey (Colombie-Britannique) fait écho à celui d’une autre personne détenue à Laval (Québec) en janvier 2022. L’ASFC n’a pas non plus partagé de détails, notamment sur les circonstances du décès de cette personne, et a insisté sur le fait qu’aucune information ne serait divulguée car une « enquête est en cours ». Près d’un an plus tard, il n’y a toujours pas eu de mise à jour. Il devient de plus en plus clair que l’ASFC ne cherche qu’à masquer la violence de son régime de détention et à s’assurer qu’elle ne sera jamais tenue responsable des décès survenus sous sa garde, tout en tentant d’échapper à l’examen public.

La personne qui est décédée à Surrey, en Colombie-Britannique, est morte dans le centre de détention pour migrant-e-s nouvellement construit. Ironiquement, à Montréal, des groupes ont protesté contre la nouvelle prison pour migrant-e-s, ce soi-disant centre de détention, qui est présenté comme un endroit plus confortable pour les personnes détenues. Une prison reste une prison, qu’il y ait une cour à l’intérieur ou non. Ces installations sont inhumaines et le traitement des personnes qui y sont détenues reste brutal et, comme nous l’avons vu, parfois mortel. Les millions de dollars dépensés dans de nouvelles installations ne remplacent pas la liberté. Aucun emprisonnement n’apporte justice ou dignité.

Nous le répétons : les frontières tuent, la négligence de l’ASFC tue. Aucun-e migrant-e, aucun être humain, ne devrait avoir à subir un traitement aussi cruel. Nous continuerons de nous battre jusqu’à ce que chaque personne soit libre.

La façon dont l’ASFC gère la détention et les soins médicaux des personnes détenues montre clairement comment elle déshumanise les gens pendant leur détention et aussi lorsqu’elles décèdent. Il ne suffit que d’observer le nombre de décès pour comprendre l’ampleur du phénomène ; au cours des vingt dernières années, au moins 17 personnes sont mortes en détention :

Bolante Idowu Alo
Abdurahman Ibrahim Hassan
Fransisco Javier Roméro Astorga
Melkioro Gahung
Jan Szamko
Lucia Vega Jimenez
Joseph Fernandes
Kevon O’Brien Phillip
Homme non-identifié
Shawn Dwight Cole
Homme non-identifié
Joseph Dunn
Personne non-identifiée
Sheik Kudrath
Prince Maxamillion Akamai
Personne non-identifiée
Personne non-identifiée

« Aussi longtemps que l’ASFC continuera de détenir des migrant-e-s, les décès en détention se poursuivront », est-il écrit dans une déclaration conjointe publiée par des organisations pour la justice migratoire basées en Colombie-Britannique.

Nous, les groupes soussignés, sommes solidaires de la famille de la personne tuée et des groupes en soit-disant Colombie-Britannique qui sont en première ligne pour combattre cette injustice.

Rappelons-nous que la détention fait partie intégrante de la matrice répressive du système d’immigration canadien. C’est un outil que l’État canadien impérialiste utilise pour se dégager de toute responsabilité envers les personnes qui migrent pour une vie meilleure, qui cherchent à quitter des situations de pauvreté, d’exploitation et de violence, où l’État et les entreprises canadiennes sont souvent complices de la création de ces mêmes conditions.

L’objectif de l’appareil de détention de l’État est de dissuader les gens d’entrer dans la forteresse du Canada. Cela opprime les migrant-e-s et les oblige à vivre en marge, isolé-e-s et dans la clandestinité, craignant constamment d’être arrêté-e-s et emprisonné-e-s. La pratique de l’emprisonnement des migrant-e-s favorise en fait l’exploitation des personnes vulnérables qui doivent travailler et vivre dans des conditions abusives et dangereuses, sans recours ni protection.

Nous dénonçons la mort de ces deux migrants sur le chemin Roxham et dans le centre de détention de Surrey, en soit-disant Colombie-Britannique, et exigeons que cette violence et l’impunité de l’ASFC cessent. Pas une mort de plus.

Nous exigeons des frontières ouvertes, la fin de l’Entente sur les tiers pays sûrs, et la libre circulation des personnes en quête de justice et de dignité, c’est-à-dire la liberté de se déplacer, la liberté de revenir et la liberté de rester.

Arrêtons les détentions, arrêtons les déportations ! Nous exigeons un programme de régularisation complet et continu, sans exceptions ni discriminations !

Endossé par :

Butterfly (Asian and Migrant Sex Workers Support Network)
Carranza LLP
Migrant Workers Alliance for Change
Migrante Canada
Migrante BC
No One Is Illegal Toronto
Parkdale Community Legal Services
RAMA Okanagan
RAMA Isla
Sanctuary Health
Sanctuary Students Solidarity & Support Collective
Solidarity Across Borders
Vancouver Committee for Domestic Workers and Caregivers Rights
Workers’ Action Centre

Trois mythes sur le fascisme

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Jan 022023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Une définition plus large du fascisme

Comme nous le savons bien, la définition du fascisme tend à varier. Ces dernières années, les politicien-ne-s n’ont cessé de se lancer ce mot à la figure, au point qu’il signifie tout et son contraire. Une définition plus sérieuse, qui est souvent utilisée, est la définition de « Ur-Fascisme » écrite par Umberto Eco. Bien que l’article d’Eco soit très intéressant et mérite absolument d’être lu, il est trop souvent sorti de son contexte. Eco décrit le fascisme qu’il a connu, à savoir le fascisme des années 1930 et 1940, et plus précisément l’Italie fasciste de Mussolini. Il s’agit d’une définition très précise sur le plan historique, mais plutôt limitée pour notre époque.

Une autre approche utilisée plus récemment est la « définition en canard » du fascisme. L’idée est la suivante : si ça marche comme un canard, nage comme un canard, vole comme un canard et cancane comme un canard, alors c’est un canard. Ou, pour le dire clairement :

  • Si ça réprime l’opposition comme le font les fascistes,
  • Si ça promeut l’importance d’un leader fort comme le font les fascistes,
  • Si ça fait des boucs émissaires, ça opprime et asservit les minorités comme le font les fascistes,
  • Si ça pousse pour un état policier comme le font les fascistes,

alors c’est du fascisme.

C’est une définition plus large du fascisme, et oui, elle inclut beaucoup de régimes autoritaires et dictatoriaux. Mais la différence entre « Ur-Fascisme » et une dictature nous importe-t-elle ? Si cette distinction reste importante pour les universitaires, dans la pratique, dans la rue, sur nos lieux de travail, dans nos maisons, la couleur de la botte qui nous écrase la face importe peu.

Ce qui compte, c’est que nous, nos camarades, nos amis, souffrent. Ce qui importe, c’est que les mécanismes de l’État nous soient de plus en plus hostiles. Ce qui importe, c’est que cet autoritarisme, quels que soient la forme et le nom qu’il prend, est pour beaucoup d’entre nous une menace existentielle. Le combattre est une question de survie. Peu importe que la botte soit noire, brune, rouge, blanche ou bleue : la botte elle-même doit être détruite.

Mais selon cette nouvelle définition, de nombreux régimes actuels et passés présentent, à tout le moins, des tendances fascistes. L’asservissement des Ouïghours par la Chine semble certainement fasciste. L’Inde de Modi et le traitement qu’elle réserve à sa population musulmane ressemblent éminemment à l’Allemagne nazie. La Russie de Poutine et ses États totalitaires satellites marchent définitivement comme des fascistes. Les gouvernements actuels de l’Italie, de la Hongrie, de certains États des États-Unis et d’Israël, pour ne citer qu’eux, font de plus en plus de place aux suprémacistes et aux intégristes religieux.

Pour ne rien dire des régimes anciens. La Rome impériale s’appuyait généralement sur un vaste appareil d’État militarisé pour maintenir l’ordre et, surtout, pour garder les esclaves dans le rang. Le règne des monarchies absolues dans l’Europe des XVIIIe et XIXe siècles, qui s’appuyaient sur un appareil policier élaboré et puissant, présente de fortes caractéristiques fascistes.

Mythe 1 : le fascisme est rare

ou : on s’en fout, tout ça appartient au passé

Et nous arrivons ici au coeur du problème. Le fascisme, l’autoritarisme, le totalitarisme, les dictatures, quel que soit le nom qu’on leur donne, sont plutôt la norme que l’exception quand on étudie l’histoire des États. Le fait est que, aussi mauvaise que soit la situation aujourd’hui, nous ne vivons pas des temps exceptionnels. Être libre, même relativement libre, reste l’exception.

Et même cette liberté relative est constamment menacée. Pas seulement par un coup d’État violent, mais tout simplement parce que les gens votent pour eux. Modi en Inde et Orban en Hongrie sont constamment réélus. Israël vient de ressusciter Netanyahu. Des millions de personnes ont voté pour Trump, et voteront très probablement pour sa prochaine incarnation. L’Italie vient d’élire un gouvernement ouvertement fasciste. Même le Québec a voté pour un partisan de Duplessis, un partisan du retour à « La Grande Noirceur ».

Les soi-disant « guerres culturelles » actuelles n’ont rien de nouveau : c’est l’interminable combat entre l’ancienne noblesse propriétaire et le reste d’entre nous qui luttons pour être plus que de simples serviteur-e-s. Les conservateurs se battent pour maintenir une hiérarchie vieille de plusieurs siècles, et ils disposent d’une richesse presque illimitée pour faire avancer leurs programmes. Ne rien faire, c’est leur laisser tout l’espace dont ils ont besoin pour distribuer leur poison. Ne rien faire, c’est creuser notre propre tombe.

Mythe 2 : le fascisme est universellement méprisé

ou : on s’en fout, tout le monde les déteste

La montée actuelle des régimes autoritaires et l’effondrement des soi-disant démocraties occidentales montrent une triste réalité : beaucoup de gens aiment en fait le fascisme. Après tout, si vous faites partie de la faction soutenue par les fascistes, comment ne pas aimer ça ? Les personnes que vous détestez ont été expulsées, réduites en esclavage ou tuées. Leurs emplois sont les vôtres, leurs maisons sont les vôtres, leur richesse est la vôtre. C’est l’appel de la sirène du fascisme, le fait que la désignation de boucs émissaires et l’exploitation massive d’une partie de la population, qu’il s’agisse d’immigrants, de juifs, de musulmans, de LGTBQ+ ou de toute autre minorité, est extrêmement rentable pour le reste de la population.

C’est, après tout, ce qui rend l’impérialisme et le colonialisme si attrayants. L’exploitation et l’asservissement d’une partie du monde au profit de l’autre est très rentable pour nous. Par exemple, le Canada abrite 75 % des sociétés minières du monde, et de nombreuses personnes ici travaillent dans leurs administrations, leurs services comptables, leurs machinations bancaires. Ces mêmes compagnies minières qui continuent à commettre des crimes de guerre et autres atrocités à l’extérieur du Canada. Maintenant, un ouvrier d’usine n’a peut-être pas d’autre choix que de travailler pour Nestlé pour survivre, mais un comptable pourrait probablement travailler ailleurs que chez Talisman Energy, par exemple. Et le fait est que beaucoup de gens à Tio’tia:ke travaillent volontairement pour des entreprises comme Talisman Energy, des entreprises qui ont du sang sur les mains. Beaucoup de sang.

L’un de nos principaux objectifs devrait donc être d’agir avant que trop d’entre nous n’aient un avant-goût de ce que le fascisme peut leur apporter. Parce qu’une fois qu’une fraction de la population a goûté à ce que ça peut leur apporter, une fois que cette fraction est bien encadrée (et souvent bien armée) par les fascistes au pouvoir, il devient très difficile de les déloger. C’est un thème récurrent en Amérique latine, par exemple, où l’on voit une classe moyenne qui n’est qu’à peine plus riche que le reste de la population, se battre bec et ongles lorsque ses privilèges sont remis en question.

Et il est facile pour les élites riches actuelles, qui possèdent tous les médias, de leur faire avaler leur propagande. Il est facile de faire croire à cette classe moyenne précaire que la menace vient de celleux qui vivent dans une misère absolue et qui veulent juste survivre, et non du fait que 99% de la richesse produite est siphonnée par une poignée de zigotos en cravate. Il y a une raison pour laquelle des réseaux comme Fox et TVA ciblent toujours la gauche : nous sommes sur leur chemin.

Mythe 3 : le fascisme est autodestructeur

ou : on s’en fout, ça ne dure jamais longtemps

Nous rions beaucoup du fait que le Reich de mille ans d’Hitler a à peine duré une décennie. Malheureusement, les nazis sont plutôt l’exception ; la plupart des régimes fascistes sont très stables. Mussolini est resté au pouvoir pendant plus de 20 ans, et aurait pu durer encore plus longtemps sans l’orgueil et l’imbécilité d’Hitler. Le Chili de Pinochet a duré 25 ans. L’Espagne de Franco a duré plus de 35 ans. Le Portugal de Salazar a duré plus de 45 ans. Et même si certains de ces régimes dictatoriaux ont survécu grâce à un soutien extérieur (dans de nombreux cas, grâce au soutien des États-Unis), le fait est qu’ils ont réussi à naviguer entre les menaces internes et externes et ont survécu pendant longtemps, très longtemps.

La définition scientifique de ce qu’est un État consiste généralement à déterminer qui dans une région donnée a le monopole de la force. Qui écrit la loi, oui, mais surtout, qui la fait appliquer. Les régimes fascistes peuvent être extrêmement stables car ils s’efforcent d’exploiter une partie de la population pour prodiguer des avantages à une autre partie, généralement bien armée. Les bénéficiaires bien armés du régime n’ont aucun intérêt à ce qu’il soit renversé, et le défendront souvent avec acharnement.

Les régimes fascistes présentent généralement deux faiblesses qui mènent à leur chute :

  • La dépendance à l’égard d’un « leader unique et fort » qui, malgré la propagande de l’État, est simplement mortel. Beaucoup de ces régimes s’effondrent donc lorsque le « chef » tombe malade, devient sénile ou finit par crever.
  • Quand ils commencent à croire à leur propre propagande. Ils peuvent prétendre être la race supérieure, le peuple supérieur, la caste supérieure, ils ne sont que des humains comme le reste d’entre nous. Il n’y a pas de meilleur rappel à la réalité que la réalité elle-même.

Mais ces deux faiblesses ne sont pas sous notre contrôle… Si un régime fasciste arrive au pouvoir, nous ne pouvons pas attendre 35 ans… merde, nous pourrions ne pas survivre aux premières semaines.

Que devons-nous faire ?

Aussi mauvaise que soit notre société libérale actuelle, elle nous offre une bulle de liberté pour exprimer nos idées, même dans un contexte impérialiste et colonialiste plus large. Les minorités ont certains droits, même s’ils sont très souvent violés. Les gens peuvent vivre en marge de la société, même s’iels sont généralement ostracisé-e-s pour cela. La réalité est que, en dehors de cette bulle libérale, la plupart d’entre nous n’auraient même pas le droit d’exister. C’est quelque chose que nous pouvons voir dans la théorie marxiste : il est difficile pour une révolution sociale d’avoir lieu dans un régime autoritaire. Nous avons besoin d’un espace pour partager nos idées, où nous pouvons pratiquer nos idéaux, même s’il est limité comme il l’est actuellement.

Notre objectif devrait donc être d’élargir cette bulle autant que possible. De tester et de repousser les limites de nos libertés, afin de les étendre encore plus. Comment pouvons-nous y parvenir ? Dans notre contexte actuel, où la bulle ne cesse de se rétrécir, cela implique que nous devons défendre cette bulle. Même si nous détestons cette société libérale, nous aurions de gros problèmes si elle venait à s’effondrer. Cela ne signifie pas que nous devons jouer le jeu politique : notre temps et notre énergie sont trop précieux pour ce cirque. Mais, comme les IWW aiment le dire, nous devons nous organiser. Cela signifie :

  • Organiser des manifestations et dénoncer leur inévitable répression policière,
  • Organiser des groupes de défense des minorités,
  • Organiser des groupes de défense des droits : antiracistes, anti-frontières, anti-propriétaires, anti-police, anti-prison…
  • Organiser des médias indépendants et des forums internet réellement libres,
  • Organiser des actions anti-fascistes et bloquer les événements fascistes,
  • Organiser des espaces de solidarité et des réseaux de coopération, et inventer de nouvelles façons de travailler ensemble,
  • etc.

Comme notre petite bulle est menacée, l’exercice de chacune de ces libertés menacées est une action antifasciste. Alors que les fascistes restreignent ce que nous pouvons faire, ce que nous pouvons dire, où nous pouvons le dire, le faire *de toute façon* est une action antifasciste.

Parce que les libéraux ne nous sauveront pas. Les signes sont partout : les libéraux sont prêts à vendre leurs libertés, nos libertés ! pour un peu plus de sécurité, un peu plus de stabilité. Après tout, ils n’ont pas grand intérêt à protéger une bulle dont ils n’ont pas besoin elleux-mêmes pour survivre.

Pour finir comme nous avons commencé, citons Umberto Eco : « Notre devoir est de découvrir [le fascisme] et de pointer du doigt n’importe laquelle de ses nouvelles instances – chaque jour, dans chaque partie du monde. »

L’histoire nous dit qu’il est beaucoup plus facile de prévenir le fascisme que de le renverser. Alors, allons-y !

Aimez et enragez-vous !
Dansez et insurgez-vous !
Organisez et révoltez-vous !

L’histoire du contrôle des armes à feu au Canada

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Déc 272022
 

Face au retour du débat sur les armes à feu au Canada, nous avons pris le temps de traduire cet article datant de 2019 sur le sujet. Il provenait du site North Saskatchewan Resistance, qui n’est malheureusement plus en ligne.

La première loi sur le contrôle des armes à feu adoptée au Canada a reçu la sanction royale en 1886. Elle ne s’appliquait qu’aux territoires, comprenant ce qui est aujourd’hui l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. La portée de cette loi ferait même rougir Trudeau.

L’article 101 de l’Acte des Territoires du Nord-Ouest interdisait à quiconque de posséder, d’utiliser, de transporter, d’acheter ou de vendre des armes à feu ou des munitions pour quelque raison que ce soit sans l’autorisation écrite expresse du gouvernement. Cette loi est restée en vigueur jusqu’en 1905, date à laquelle la Saskatchewan et l’Alberta sont devenues des provinces. Le raisonnement derrière ce projet de loi, adopté par le gouvernement conservateur de Macdonald, était d’éradiquer toute dissidence restante contre l’État canadien, en particulier chez les Autochtones et les Métis des territoires, qui constituaient à l’époque la majorité. Même si les chefs de la rébellion du Nord-Ouest ont tous été brutalement exécutés ou exilés, que la Police montée du Nord-Ouest, fortement militarisée, parcourt la campagne et que la majorité de la population des Premières nations est regroupée dans de minuscules réserves, le gouvernement fédéral ressent le besoin de désarmer complètement l’Ouest sauvage. Depuis cette année-là, l’histoire du contrôle des armes à feu au Canada est une longue histoire où l’État désarme le peuple au premier signe de mécontentement.

Dans les années qui ont suivie, de nouvelles lois exigeaient que les citoyens canadiens aient un permis pour les pistolets et que les étrangers obtiennent un permis avant de manipuler une arme à feu. Un registre des armes à feu est créé. Malgré tout, les règles régissant la possession d’armes à feu étaient beaucoup plus laxistes que l’État policier totalitaire qui régnait dans l’Ouest au lendemain de la pendaison de Louis Riel. Alors que les gouvernements Trudeau et Turner font face à la pression des séparatistes québécois et que le FLQ démontre qu’il est prêt à aller très loin pour se libérer du Canada, de nouveaux systèmes de contrôle sont mis en place, d’abord en 1969 avec l’omnibus C-150, puis en 1977. Ces lois ont introduit le système des AAAF et ont classé les armes à feu comme étant sans restriction, à restriction ou prohibées.

Le système actuel de contrôle des armes à feu a vu le jour en 1991. Un projet de loi sur le contrôle des armes à feu a circulé pendant des mois à la suite du massacre de 14 femmes à l’École Polytechnique de Montréal en décembre 1989, l’un des pires crimes haineux au Canada. Malgré un soutien public important, le projet de loi n’a pas réussi à s’imposer au sein du Parti libéral ou du Parti conservateur.

À l’été 1990, cependant, les guerriers mohawks de Kanehsatà:ke ont commencé à défendre leurs terres contre les tentatives illégales du gouvernement du Québec de construire un terrain de golf au-dessus de leur cimetière. Après la mort d’un policier lors de l’affrontement, une crise de plusieurs mois s’est ensuivie, qui a jeté tous les grands partis dans une démonstration gênante de racisme colonial et de lâcheté civique. Une étoile montante du Parti progressiste-conservateur de Brian Mulroney, Kim Campbell, a présenté une version fortement modifiée du projet de loi sur le contrôle des armes à feu, auparavant impopulaire, et le projet de loi C-17 (1991) a été adopté par la Chambre des communes avec l’approbation des conservateurs et des libéraux. L’arme à feu utilisée pour massacrer plus d’une douzaine de femmes au Québec deux ans auparavant (le Ruger Mini-14) est restée sans restriction, tandis que les armes à feu portées par les Mohawk Warriors – toutes des variantes civiles semi-automatiques de l’AK-47 – ont été reclassées comme prohibées.

Quelques années plus tard, ne voulant pas être dépassé par les conservateurs, le Parti libéral a adopté des restrictions encore plus sévères sur les armes à feu. Le projet de loi C-68 (1995) a de nouveau été adopté sur la rhétorique de l’École Polytechnique, mais rien dans le libellé du projet de loi n’aurait pu empêcher les fusillades de masse. Le langage du projet de loi visait plutôt les ennemis de l’État, comme les guerriers Shuswap et Secwepemc qui avaient tenu bon au lac Gustafsen quelques mois seulement avant que le projet de loi ne soit présenté au Parlement.

Le gouvernement canadien a longtemps prétendu que ses efforts pour désarmer ses citoyens étaient dans l’intérêt de ces derniers, même si la GRC retourne à ses racines militaristes et ressemble chaque jour davantage à une armée d’occupation plutôt qu’aux Dudley Do-Rights familiers qu’on a fini par fétichiser. Lorsque le gouvernement viendra prendre le fusil de chasse suspendu à la cheminée ou la carabine dans le coffre-fort, rappelez-vous l’histoire du contrôle des armes à feu dans ce pays et pensez-y à deux fois avant de remercier le gendarme pour ses services lorsqu’il vous vole au milieu de la journée.

Le Syndicat des Locataires Autonomes de Montréal résiste à la rénoviction de Cromwell: la solidarité anarchiste est essentielle

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Déc 202022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Les opinions exprimées dans ce texte [initialement paru en anglais le 23 octobre ; NdMtlCI] ne sont pas celles du Syndicat Autonome des Locataires de Montréal (SLAM). Ce qui suit est le compte rendu et l’analyse d’un membre du syndicat. SLAM est construit sur des principes anarcho-syndicalistes mais n’est pas une organisation explicitement anarchiste et contient de nombreux (sinon la plupart) militants non-anarchistes. Travailler ensemble ne consiste pas à compromettre nos principes, mais à accroître notre force sur la base d’un accord tactique.

Un court documentaire, basé sur une visite communautaire du 3605 st-urbain dont il est question plus loin dans ce texte, explore les conditions des locataires de Cromwell.

Les résidents du 3605 St-Urbain se défendent contre une rénoviction effectuée par Cromwell Management. Leur propriétaire, l’un des hommes les plus riches du Québec, est George Gantcheff.

Le projet de rénovation de Gantcheff et Cromwell, implacable, imprévisible et initialement illégal, a atteint un point d’ébullition.

Depuis janvier, plus de 100 locataires ont été rénovincés d’une tour de 130 logements. Ces travaux ont nécessité l’arrêt du chauffage de l’immeuble. Les locataires s’apprêtent à passer un hiver glacial. Leur seule source de chaleur sera les chauffages d’appoint fournis par Cromwell. Tous les locataires de l’immeuble de 130 logements, sauf 14, sont partis.

De nombreux locataires ont accepté l’offre du propriétaire de mettre fin à leur bail de manière anticipée et d’abandonner leur logement plutôt que de subir des rénovations intrusives. De nombreux locataires âgés vivaient dans l’immeuble depuis des années.

Cromwell a l’habitude d’effectuer des rénovictions et d’augmenter les loyers dans les unités de Montréal et de Toronto. Les rénovictions fournissent une excuse au propriétaire pour augmenter drastiquement le loyer.

Cela contribue de manière significative à l’embourgeoisement/gentrification et à l’accélération de la hausse des loyers. La conséquence est l’enrichissement des propriétaires au détriment de l’appauvrissement continu de la classe ouvrière.

Le propriétaire du 3605 a d’abord justifié les travaux de construction par la nécessité de réparer le système de chauffage du bâtiment. Cromwell en a ensuite profité pour effectuer des rénovations massives. La construction a encore été retardée et étendue.

Depuis, les locataires sont confrontés à un manque d’eau chaude, à de l’eau rouillée, à de la poussière et de la saleté partout, à un bruit constant insupportable et à des coupures de courant. Cromwell a transformé l’immeuble en une zone de construction insupportable et a utilisé ces conditions pour faire pression sur les locataires afin qu’ils quittent leur logement.

Un par un, les locataires ont déménagé. Une fois qu’une unité était libérée, l’appartement était éviscéré, permettant à la construction de s’étendre continuellement.

La majorité des locataires restants du 3605 ont formé un conseil de locataires qui s’est réuni régulièrement au cours des deux derniers mois.

Un membre du Syndicat Autonome des Locataires de Montréal, qui a participé activement à l’organisation de conseils de locataires dans des immeubles voisins, assiste à leurs réunions et assure la coordination entre leur conseil et le syndicat général.

Des centaines de dépliants et d’affiches ont depuis été distribués dans le quartier du Plateau, alertant les voisins des locataires de la situation et appelant à la solidarité. Les locataires actuels du 3605 refusent d’être déplacés au nom du profit des entreprises.

Le Syndicalisme Révolutionnaire des Locataires : s’organiser sur le terrain

Le Syndicat Autonome des Locataires de Montréal, qui s’organise avec les locataires de l’immeuble, est un syndicat fondé sur la non-hiérarchie interne, la solidarité, le recours à l’action directe et le leadership des locataires. L’objectif général est de créer un mouvement de masse capable de supprimer radicalement les relations de pouvoir entre les gens, pas seulement pour les locataires, mais pour tout le monde.

SLAM se consacre à la construction de conseils de locataires dans les immeubles et les blocs appartements. Des membres de SLAM assistent aux réunions de ces conseils autonomes. Leur rôle est d’encourager et d’éduquer à l’action directe, de fournir des conseils lorsqu’on leur demande, et d’aider à coordonner les actions ou le soutien avec l’appareil syndical plus large sans dominer la discussion.

Au moment d’écrire ces lignes, SLAM, qui a moins d’un an, a aidé à organiser des conseils de locataires dans près d’une douzaine d’immeubles à travers Montréal.

Les locataires actifs comprennent plus de 40 syndicalistes ou participants aux conseils. Il existe un réseau de soutien plus large de quelque 100 à 150 personnes qui ont signé des pétitions ou participé à des événements.

Les deux mois et demi d’organisation au 3605 St-Urbain (l’immeuble en rénoviction) ont été un défi enrichissant pour les organisateurs. Les locataires restants ont tous plus de 40 ans. Ils viennent d’une pléthore de milieux. Les réunions ne sont pas conventionnelles.

Les discussions de groupe ne durent pas plus de 30 secondes avant que les interruptions ne donnent lieu à des conversations secondaires improvisées. L’attention et la « parole » sont très difficiles à retenir.

À cela s’ajoute le fait que, en raison des horaires disjoints de ce groupe constitué de travailleurs, les réunions se tiennent tard le soir. Elles peuvent parfois s’éterniser au-delà de 23 heures.

Lorsque le Syndicat a entendu parler pour la première fois d’un locataire du 3605, il a été contacté par une figure de proue aimable et respectée de l’immeuble. Cette personne avait déjà organisé une première réunion entre locataires. Avec seulement un petit encouragement du Syndicat, ces réunions du conseil ont continué.

Lorsque l’organisateur du SLAM est entré dans le groupe, les locataires étaient principalement axés sur le recours aux tribunaux du logement pour résoudre leurs problèmes avec Cromwell. C’était dommage.

Sans trop entrer dans les détails, il est juste de dire qu’un mouvement de masse et combatif capable de remplacer le contrôle des entreprises par le contrôle des locataires ne viendra pas du lancement de procès. S’engager dans les tribunaux, c’est individualiser les problèmes sociaux à son meilleur.  

Lors des premières réunions du Conseil du 3605, l’organisateur du SLAM a apporté plusieurs échantillons de lettres collectives que d’autres conseils de locataires avaient écrites à leur propriétaire, a discuté des avantages de l’action collective et a même fait passer des vidéos d’action directe et montré des coupures de presse.

Ces vidéos comprenaient la marche du SLAM sur le siège social de Cogir en juin. Cette marche a permis aux locataires d’obtenir des milliers de dollars en réparations, des économies de loyer et des travaux de construction sans que les locataires n’aient ouvert un seul dossier au Tribunal.

Grâce à des discussions continues, certaines propositions d’actions collectives hors-sol ont finalement été proposées et acceptées par les locataires du 3605. Ces résolutions étaient adaptées à la situation spécifique et aux zones de confort des locataires.

Une fois certaines actions décidées, le SLAM a aidé à convoquer une assemblée générale de ses organisateurs et sympathisants locataires. Environ 16 locataires se sont entassés dans l’espace de réunion habituel du Syndicat, dont plusieurs locataires plus âgés de la classe ouvrière.

Ces locataires plus âgés s’étaient impliqués dans le Syndicat par nécessité, étaient devenus des leaders dans leurs conseils et étaient maintenant prêts à en faire plus. Lors de cette réunion, deux sessions de peintures de bannières ont été planifiées, une liaison avec les médias, une stratégie de médias sociaux et une visite guidée du 3605.

Les bannières sont magnifiques et plusieurs d’entre elles ont été accrochées samedi dans le hall et à l’extérieur du 3605. Plus de 30 voisins, membres du Syndicat et sympathisants ont participé à la visite de l’immeuble délabré. Certains voisins qui avaient été contactés lors du porte-à-porte des appartements de la même rue se sont présentés. Iels étaient absolument enragéEs et engagéEs. Iels avaient leurs propres analyses et expériences et voulaient les soutenir de toutes les manières possibles. Une femme a demandé à rejoindre le SLAM.

Les locataires ont été encouragés par ces premières actions (l’entreprise, en revanche, avait répondu au projet de visite par une réponse ferme et agressive, en affichant des avis semi-légaux menaçants et en se présentant aux portes des locataires en réponse).

Au fur et à mesure que la campagne progresse, le Syndicat continuera à faire pression en faveur d’autres actions directes et d’une escalade. Les locataires sont de plus en plus ouverts à ces tactiques car ils ressentent le pouvoir de la solidarité des locataires à l’extérieur de leur immeuble.

Conclusion

Le but de cette courte anecdote sur l’organisation des débuts de cette campagne contre Cromwell est de souligner l’importance pour les anarchistes de créer et de s’insérer dans des groupes où l’antagonisme de classe est le plus clair.

Nous voulons aider à créer des conseils, des lieux de rencontre qui renforcent le pouvoir collectif et l’autonomie de chacun. Nous avons également pour objectif de pousser la lutte plus loin et de la renforcer. Peut-être que notre idéologie de non-hiérarchie et d’esprit révolutionnaire combatif n’a pas de sens pour tout le monde, mais nos tactiques, lorsqu’elles sont proposées aux situations spécifiques des gens, devraient toujours en avoir.

Cette stratégie syndicaliste nous permet de construire le respect et la popularité de nos méthodes parmi les non-anarchistes et de devenir des « robin des bois » locaux (selon les mots d’un locataire du 3605).

L’avantage de cette forme de syndicalisme continue de faire ses preuves pour le SLAM. Le Syndicat ne se résume pas à la foule habituelle d’organisateurs monolithiques, idéologiquement orientés, plus jeunes et consciemment engagés (bien que ce groupe démographique soit important, et majoritaire aux réunions bihebdomadaires). Il a la capacité d’organiser dans les divers cercles qui constituent le véritable noyau de nos classes opprimées.

Le soutien et l’activisme continus des camarades anarchistes à travers Tio’Tia:Ke («Montréal») restent plus importants que jamais.

La solidarité est essentielle!

Notre objectif n’est pas seulement l’amélioration des conditions. Comme l’écrit Lorenzo Kom-Boa Ervin dans Anarchism and the Black Revolution,

«nous devrions jeter les riches clochards dehors et prendre le pouvoir! Bien sûr, nous devrons nous battre contre les flics et les gardes de sécurité pour les propriétaires véreux, mais nous pouvons le faire aussi! Nous pouvons… construire un mouvement indépendant de locataires qui autogéreront toutes les installations, non pas pour le gouvernement… mais pour eux-mêmes !»

Vous souhaitez apporter votre soutien ? Prenez contact avec le Syndicat : slam.matu@protonmail.com ou tenez-vous au courant sur notre instagram @slam.matu.

Consultez le compte Kolektiva du Syndicat pour notre documentaire et les futures vidéos du SLAM.

Auxane Jonot : le policier raciste qui s’en vient vivre à Québec

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Déc 102022
 

De Montréal Antifasciste

Montréal Antifasciste exerce une activité de veille et de surveillance sur les groupes haineux, qu’ils se regroupent dans le monde réel ou sur des groupes en ligne.

Dans les dernières années, les franges radicales de l’extrême droite ont eu tendance à quitter les plateformes traditionnelles comme Facebook et Instagram pour se tourner vers des plateformes jugées plus dérégulées (comme GAB) ou mieux sécurisées (comme Telegram). Cela ne nous empêche pas de continuer notre travail de surveillance, comme nous l’avons fait cette année avec la section québécoise de la nébuleuse White Lives Matter.

En dépit de la perte de certaines de ses plateformes, nous nous sommes intéressé·es cette année à la communauté qui se regroupe autour d’Alexandre Cormier-Denis et de son média Nomos TV. Plus spécifiquement, nous avons pu observer toutes sortes de choses sur le chat Telegram réservé aux abonnés.

Récemment, un utilisateur de ce chat a plus particulièrement attiré notre attention.

L’utilisateur « Aux » est un jeune Français qui s’apprête à s’installer au Québec. Il est un fervent partisan d’Éric Zemmour (l’ex-journaliste devenu candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle française de 2022, qui ferait passer Marine Le Pen pour un gentil chaton) et de son organisation Reconquête. Tout naturellement, « Aux » s’est retrouvé sur le chat réservé aux abonnés payant de Nomos TV puisque son animateur, Alexandre Cormier-Denis, a beaucoup soutenu la candidature d’Éric Zemmour. Il y est actif depuis le 29 août 2022.

De Mr Deez…

« Aux» est actif dans la communauté du jeu vidéo. Il est connu pour être un joueur, notamment sur le jeu Call of Duty, sous le pseudonyme Mr Deez. Il anime une chaîne Twitch à ce nom, suivie par 2200 « followers » et a été derrière le projet YouTube « 5 choses à savoir ». De nombreuses preuves relient sans peine « Aux» à Mr Deez :

… au policier Jonot

« Aux» a finalement dévoilé qu’il travaille comme policier en région parisienne. En plus de se mettre en scène en uniforme, il a commencé à partager des photos de sa journée, comme des photos de son pistolet Taser.

Beaucoup plus choquant, il a décidé de partager des photos des gens qui étaient en garde à vue (arrêtés) – des personnes menottées à leur siège, évidemment photographiées sans leur consentement. De plus en plus décomplexé au fil des semaines, il a commencé à publier régulièrement les noms et les visages de personnes qu’il interpelle, afin de justifier son idéologie raciste. Il a fini par publier les photos ou coordonnées de pas moins d’une quinzaine de détenus, avec des commentaires pour chacun, ou il dévoile leur historique d’arrestations et leurs accusations, avec des commentaires désobligeants ou racistes.

Voici un échantillon des portraits de détenus qu’Auxane Jonot a publié sur la chaîne Telgram de Nomos; nous avons flouté les visages et autres éléments qui pourraient permettre d’identifier les personnes.

Il est même allé jusqu’à publier des extraits de son carnet de notes avec les noms, date de naissance, adresses, et numéros de téléphone – et une photo du système informatique interne pour les policiers avec les détails d’une intervention policière, avec les noms des personnes, adresses, etc.  Tout ça, juste pour donner un prétexte de discuter du « grand remplacement » ou dénigrer les gens qui ne sont pas blancs comme lui.

« Mes 4 interpellations à l’instant, je vous donne un exemple des noms 🙂 C’est nous, on écrit très vite à l’arrache 😭 eux ne savent à peine écrire ahah Justement, je montre au Québec qu’en France tout va très bien et que ceux qui disent le contraire sont des complotiste »

Ses comportements et gestes en disent long sur la culture qui règne aux services de police, qui baigne dans le racisme systémique.

« Alors c’est simple ça fait 4 ans que je suis dans la police, j’ai mis en garde à vu 5 personnes au TOTAL dont le prénom était français ou occidental disons. TOUT le reste c’est du prénom africain/maghrébin ou pays de l’Est. »

La police et le racisme systémique

Le fait que la police est une institution qui incarne le racisme systémique ne fait pas question – étude après étude le démontre, avec ses effets dévastateurs (violence, mort, incarcérations) pour les BIPOC, et même les services de police des grandes villes du Canada le constatent. On a vu que la police de Toronto s’est fait enlever le droit d’arrêter les gens aléatoirement (politique « stop and frisk »), à cause du profilage racial flagrant — et tout récemment les services de police du Québec se sont vu enlever le droit d’intercepter des conducteurs sans motif pour les mêmes raisons.

Il est aussi de plus en plus documenté qu’un bon nombre de policiers sont sympathiques aux mouvements d’extrême droite, et que certains en sont membres eux-mêmes. On l’a vu récemment avec le mouvement du soi-disant « Convoi de la liberté » — des policiers filmés qui donnent leur appui enthousiaste, et encore plus choquant, les allégations de fuites stratégiques de « tous les corps de police » au convoi. Aux États-Unis on a vu la police donner du soutien aux milices qui intimidaient les militant-e-s de Black Lives Matter, et qui ne voulaient pas arrêter Kyle Rittenhouse après que celui-ci ait tué des manifestants dans la foule — Rittenhouse qui a été finalement acquitté de toutes les accusations portées contre lui. En septembre, le Anti-Defamation League a publié une étude sur une fuite de la milice américaine des Oath Keepers, dans lequel on trouvait 373 policiers qui étaient aussi membres de cette milice (et relayait des témoignages de la manière par laquelle ils propageaient les valeurs de cette milice anti-immigrante dans leurs corps de police). On a aussi vu un ex-membre du FBI produire un reportage en 2020 qui documentait à quel point les services « de maintien de l’ordre » ont été liés à des activités militantes racistes dans au moins 12 états au cours de la dernière décennie. En Europe, il y a de nombreuses études sur l’extrême droite dans les corps de police – on y trouve une « culture d’extrémisme » selon le journal The Guardian, qui révèle que 81 % des corps policiers en France voteraient pour le Rassemblement National, et rappelle la fuite du groupe WhatsApp de policiers français bourré de racisme.

Qui est « Aux »?

Auxane Jonot
Aux Tonoj: https://www.facebook.com/auxane.soy
Twitter : https://twitter.com/MrDeeZHD
Twitch : https://www.twitch.tv/mrdeezhd
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCmamnT89_gghqsDP5-JvBaA

Emeline Maire
Facebook : https://www.facebook.com/emeline.maire.14
Twitter: https://twitter.com/Anywherexx

Plusieurs indices semés sur le chat des abonnés de Nomos TV nous ont permis rapidement d’en savoir plus sur lui. Auxane est son prénom, il est originaire de la région Bretagne et vit en région parisienne où il occupait un emploi de policier dans le Val-de-Marne (département 94), notamment dans la ville d’Arcueil.

Sa conjointe est pharmacienne et partage largement les idées racistes d’Auxane, comme celui-ci nous l’a appris, et comme nous l’avons découvert sur son compte Twitter. C’est d’ailleurs en partant des échanges sur leurs deux comptes Twitter que nous avons pu identifier formellement le couple comme étant Auxane Jonot et Emeline Maire.

Une arrivée imminente au Québec

Heureusement pour la jeunesse française, Auxane a annoncé avoir démissionné de son emploi de policier au mois de novembre 2022. Le couple de Français s’apprête à s’installer au Québec. Leur arrivée est prévue pour le 11 janvier 2023.

Il était d’abord prévu qu’iels s’installent à Montréal et qu’Auxane suive une formation en informatique. Sur le chat, Auxane demandait par exemple :

« Selon vous quels sont les meilleurs quartiers de Montréal? Les quartiers les plus épargnés par la diversité? »

Un récent séjour exploratoire cet automne a changé la donne. Suite à sa récente visite au Québec, Auxane déclare sur le chat que :

« Montreal est bcp trop LGBTophile/anglicisé à mort/et grand remplacé pour moi. »

Le couple a finalement décidé de s’installer dans la ville de Québec, jugée plus conservatrice, et ils ont déjà trouvé un appartement dans le secteur de Lebourgneuf.

///

Dans un élan de lucidité, Auxane Jonot a posé la question suivante sur le canal Telegram de Nomos TV :

« On est sur qu’il n’y a pas d’infiltré dans ce canal? Car on ferait vite la une de Mediapart »

Cette phrase à elle seule démontre bien qu’Auxane est tout à fait conscient de la gravité de ses actions et de ses mots, il expose sa haine dans un entre-soi raciste qu’il pense (ou espère) anonyme. Mais comme le dit très bien ACD lui-même : « on est sur de rien du tout ».

Faisons en sorte qu’Auxane et Emeline ne se sentent pas les bienvenus. Et pourquoi pas, qu’il fasse la une de Mediapart!

Il y a de la place pour tout le monde au Québec, sauf pour un ancien policier raciste.

Réfugié·es bienvenu·es, racistes dehors!

P.-S. On vous met en bonus cette capture d’un autre post raciste d’Auxane Jonot sur la chaîne Telegram de Nomos, dont l’ironie n’échappera pas personne…

Solidarité avec Alfredo Cospito! De Barton à Bancali

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Nov 282022
 

De North Shore Counter-Info

On était dans la rue pour tenir notre banderole avec notre numéro de téléphone dessus pour communiquer avec les prisonniers dans la prison Barton à Hamilton, Canada, comme d’hab, mais on a voulu prendre un moment pour exprimer notre solidarité avec des prisonniers et prisonnières anarchistes en lutte.

Alfredo Cospito a entamé une grève de la faim dans la prison Bancali en Italie le 20 octobre pour exiger qu’on le sorte d’isolement et qu’on lui redonne accès aux appels téléphoniques, au courrier et aux visites. Il a était placé dans ces conditions en mai pour le punir d’avoir continué de s’impliquer dans les luttes anarchistes depuis la prison.

En tant que le Projet de solidarité avec les prisonniers de Barton, nous croyons fermement à la nécessité de ne pas oublier les prisonniers et de les soutenir quand ils entre en lutte contre les prisons qui les oppriment. Certains d’entre nous ont déjà fait de la prison et d’autres ont soutenu leur amis incarcérés, et nous savons toutes et tous à quel point c’est important et utile de faire en sorte que les prisonniers et les prisonnieres anarchistes restent présents dans nos vies. Ce qui n’est pas un geste de charité avec les personnes incarcérées, mais parce qu’ils restent des compagnons qui ont des choses précieuses à contribuer malgré les barreaux.

Ivan Alocco, Anna Beniamino et Juan Sorroche sont des prisonniers anarchistes qui ont également lancé une grève de la faim en solidarité avec Alfredo, et nous voulons leur envoyé notre solidarité aussi. Ce n’est que grâce à la multiplication et à la convergence des luttes qu’on devient assez puissants pour gagner, donc sachez qu’alors que nous travaillons avec les prisonniers de Barton pour détruire la prison ici, vous étés dans nos cœurs.

Notre petite banderole bien moche n’est qu’une petite chose, mais sachez qu’elle représente votre présence à côté de nous dans nos luttes.

Compte rendu de la lutte en solidarité avec les kahnistensera contre le projet New Vic de McGill

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Nov 192022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À travers cette lutte en solidarité, c’est devenu évident qu’en tant que communauté radicale, on se doit de se tenir en solidarité avec les kanien’kehá:ka kahnistensera.

Parce que ces militantes traditionalistes de Kahnawa:ke se battent depuis les cinquantes dernières années pour défendre la souveraineté de leur peuple.

Parce qu’elles font partie du peu de personnes Mohawks qui tiennent encore dur comme fer à leur mode de gouvernance pré-invasion coloniale, qui s’appelle la Grande loi de la Paix.

Parce que ce code organise la confédération Haudenausaunee comme ce que nous interpréterions comme du fédéralisme libertaire, où toute les décisions sont prises à petite échelle par consensus avant d’être amenées à un niveau supérieur : de la famille au clan, du clan à la communauté, de la communauté à la Nation, de la Nation à la Confédération.

Parce que dans la Grande Loi, les femmes sont considérées comme les progénitrices de la nation, et sont donc responsables de s’assurer de la protection du territoire et des enfants (autant du passé, du présent et à naître).

Parce qu’en tant que colons et anarchistes, nous avons également nos propres raisons de supporter les communautés autochtones dans leur bataille contre l’État qui les prive de leur relation avec leur mère, le territoire, la terre.

Les kahnistensera poursuivent actuellement en justice l’université McGill, la ville de Montréal et les gouvernements du Québec et du Canada pour faire cesser les travaux de rénovation du projet New Vic sur les terrains du Allan Memorial Institute et de l’hôpital Royal Victoria. Ces institutions ont été le lieu d’expériences de tortures menées dans le cadre du programme MK-Ultra des années (1950 – 1960). Le Allan Memorial Institute et l’hôpital Royal Victoria étaient tous les deux impliqués dans ce programme. Il y a d’importants soupçons que des enfants autochtones (ainsi que des orphelins de Duplessis et autres personnes marginalisées) y seraient décédé.es et auraient été enterré.es sur le site de manière anonyme et McGill a minimisé cette terrible histoire en procédant à des fouilles. En tant que traditionalistes, les Mères ont une position bien différente du conseil de bande de leur communauté qui est soutenu par le gouvernement, et qui ne leur offre aucun soutien pour cette action en justice ou pour la lutte générale.

Dans le cadre de la poursuite, elles demandaient d’abord une injonction interlocutoire pour faire arrêter les travaux de rénovation du Royal Victoria qui risquent de détruire à jamais les preuves de ces atrocités, en plus de potentiellement détruire les traces archéologiques d’un très important village Kanien’kehá:ka qui se trouvait exactement à l’endroit du Royal Vic avant l’arrivée des français sur l’île. Le 27 octobre 2022, contre toutes attentes, la cour Supérieure du Québec s’est prononcée en leur faveur et accorda une injonction forçant l’arrêt des travaux de rénovation. L’université McGill est maintenant forcé de s’asseoir avec elles pour établir un plan pour des fouilles archéologiques complètes et non-intrusives du site.

Depuis le début de leur poursuite contre l’université McGill, elles ont fait énormément de mobilisation dans la conférédation Haudenausaunee, mais également dans les milieux radicaux de Montréal : une présentation pendant l’occupation du pavillion des arts de McGill, une présentation à l’Achoppe au printemps derniers, une présentation au salon du livre anarchiste cet été, et probablement beaucoup d’autres événement dont je ne suis pas au courant. Dans les derniers mois, des rumeurs ont commencé à circuler comme quoi l’université McGill allait de l’avant avec l’excavation sans attendre l’audience prévue pour l’injonction interlocutoire. En septembre, McGill annonçait que les travaux d’excavation auraient lieu début du mois d’octobre, alors que le procès était prévu pour le 26 octobre. C’est ce qui a été l’élément déclencheur de la campagne « Stop the New Vic », les gens voulant trouver une manière de retarder les travaux d’excavation au moins jusqu’au moment du procès, en espérant que les Mothers obtiendraient l’injonction. Nous n’étions pas particulièrement optimiste quant à la possibilité d’un jugement qui leur serait favorable, mais si les travaux allaient avoir lieux avant même qu’elles aient eu la chance de défendre leur cas, nous allions tenter de les faire cesser.

Au début du mois d’octobre, une rencontre de mobilisation a été appelée, où il y avait une bonne trentaine de personnes motivées à s’impliquer dans une occupation du terrain du Hersey Building du Royal Vic, là où aurait lieu l’excavation.

Semaine du 10 octobre, deux semaines avant l’audience
Le 10 octobre, « Columbus Day » aux soi-disant États-Unis et l’Action de Grâce au Canada est considéré par beaucoup d’autochtones sur l’île de la Tortue comme le « Indigenous People’s Day of Rage ». Ce soir-là, sur le site prévu de l’excavation des personnes sont allées installer un campement et certaines y ont passé la nuit.

Le lendemain matin, très rapidement, la police a été appelée. Les militant.es au campement ont essayé de retarder la police le plus longtemps possible. Iels ont fini par jouer au chat et à la souris sur le Mont-Royal avec des flics qui étaient de plus en plus en crisse. Les policiers criaient à tout le monde que la prochaine fois qu’ils les croisaient, iels se faisaient arrêter, mais pour autant que je sache il n’y eu aucune arrestation. L’après-midi même, une quinzaine de personnes ont réussi à se retrouver pour évaluer les possibilités d’actions. L’énergie était encore très bonne et les gens se sont toute de suite mis à planifier la suite.

Au cours de cette semaine là, des groupes affinitaires sont allés plusieurs fois à chaque jour sur le site pour ralentir les travaux. Les bureaux de la firme archéologique ont aussi été attaqués. Cette action fut l’objet d’un communiqué de la part des Mohawk Mothers, qui se retrouvaient accusées par leurs opposants juridiques :

« We are being held accountable legally of all such actions at this time, as the opponents are trying to construe us as criminals before the Judge with less than two weeks remaining before the hearing at the court on October 26, 2022 »

Aux militant.es qui avaient organisé cette action, les Mohawk Mothers ont adressé cette remarque :

« We greatly appreciate tokens of solidarity and demonstrations, but we ask you to be mindful of the dire legal repercussions for us, and the high risk of jeopardizing all the work we have invested for more than one year to obtain an injunction, which could be ruined, as well as the hope of our families to know the truth and get justice ».

Quant à Arkéos, interrogé par un journaliste sentimentaliste de La presse, le patron de la firme affirmait « On ne veut pas que [les ouvriers] creusent sans qu’il y ait d’archéologues. Ce serait vraiment une perte », sous entendant que les travaux de rénovation auraient lieux avec ou sans la présence d’archéologues, et exposant ainsi davantage la stratégie de «rubberstamping» de McGill, qui fait affaire avec des archéologues dans le seul but de donner de la légitimité à son projet colonial.

Semaine du 17 octobre, une semaine avant l’audience
Le lundi suivant une vigile de treize personnes avec des chandelles a aussi réussi à ralentir les travaux. Les flics étaient tellement sur les nerfs à cause de la semaine précédente qu’ils étaient plus nombreux que les manifestant.es. Armés jusqu’aux dents, ils bloquaient la porte d’entrée, ce qui a drôlement fait chier les travailleur.es de la firme d’archéologie mais aussi les employé.es de l’hôpital. Comparés à la foule très tranquille de la vigile, les flics ont eu l’air de monstres hyper-agressifs

Dans la nuit de jeudi à vendredi, une « intervention artistique » a eu lieu : des tombes, des vêtements et des souliers d’enfants ont été disposés sur le site de l’excavation pour souligner la violence associée au fait de creuser et donc de déranger les potentielles tombes anonymes.

Semaine du 24 octobre, semaine de l’audience
La semaine de préparation au procès, les gens de Divest Mcgill ont travaillé extrêmement fort à l’organisation de trois événements de mobilisation :

Lundi : Journée de teach-in et de tractage sur le campus de l’université McGill,

Mardi : Projection du film « Kahnesatà:ke, 270 ans de résistance »,

Mercredi : Rassemblement devant le palais de justice pour la première journée en cour.

L’audience
Le mercredi 26 octobre, l’énergie au palais de justice était électrique. La salle d’audience était trop petite pour accueillir toutes les personnes qui voulaient assister au procès. Des jeunes étaient assis.es à terre, les camarades dehors faisaient de la mobilisation, il y avait de la bouffe pour une armée. Tout le monde qui était au rassemblement et à l’intérieur ont mangé la bouffe collective, même les Mothers!

Jeudi, l’énergie n’était pas assez élevée pour refaire le rassemblement dehors, mais les camarade ont fait et amené une vingtaine de portions de bouffe pour nourrir les Mothers et les personnes qui les appuyaient au procès. On m’a raconté que cela a mené à une scène très cocasse où une vingtaine de personnes mangeaient assises par terre dans un corridor du palais de justice parce que la cafétéria du palais de justice n’acceptait pas les gens qui avaient leur propre lunch.

Jeudi soir, le jugement a été rendu : considérant que le cas était vraisemblablement d’intérêt public, le juge avait le devoir de rendre un jugement immédiat devant les gens, et pas seulement de l’écrire et de l’envoyer aux parties. Il a ordonné une injonction interlocutoire de 3-4 mois jusqu’à la prochaine date d’audience. Pendant ce temps là, l’université McGill doit s’asseoir avec les Mothers et établir un plan pour des fouilles archéologiques qui leurs conviendraient. Cela veut dire que les travaux de rénovation sont stoppés jusqu’à la fin de l’injonction!

Une victoire historique
Sans aucun doute, ce procès fera l’histoire. Pour la première fois depuis ses débuts, la cour supérieure a accepté qu’un collectif de personnes autochtones s’auto-représente. C’était vraiment important pour les Mothers de le faire de cette manière, par souci d’autodétermination, et aussi pour rester en cohérence avec la Grande loi. Le juge n’avait aucune raison d’ordonner une injonction : après tout, jeudi midi l’avocat de l’université McGill avait annoncé que les fouilles étaient terminées et que rien n’avait été trouvé. En plus, tous les avocat.es de la défense ont plaidé que les procédures légales présentes étaient adéquates et que s’addresser à la cour supérieure du Québec ne l’était pas. Dans son jugement à l’oral, le juge a reconnu que de renvoyer les Mothers dans le vortex légal de l’État ne serait pas bénéfique à la réconciliation avec les communautés autochtones.

En fait, c’est la première fois qu’un tribunal reconnaît que les horreurs des pensionnats ont aussi eu lieu dans le système de santé régulier, ce qui est une énorme avancée en terme de reconnaissance du génocide. D’ailleurs, et ce en même temps que le procès des Mothers, l’assemblée nationale a finalement reconnu que les pensionnats étaient un outil génocidaire. Et donc, avec ce jugement obtenu par les Mothers, les hôpitaux blancs devraient bientôt pouvoir être reconnus comme des outils génocidaires à l’égard des peuples autochtones.

Un autre gain vraiment majeur : les Mohawk Mothers ont réussi à asseoir leur légitimité sur le fait qu’elles sont traditionalistes, donc directement en opposition avec le conseil de bande. Le jugement du 27 octobre vient renforcer le fait que les conseils de bande sont des institutions coloniales (des « federal boards ») et que leur consultation ne peut en aucun cas être confondue avec le consentement d’une nation. Elles ont réussi à imposer leur légitimité avec la force de leurs lois, de leur caractère, leur courage, et le soutien qu’elles ont su trouver auprès de leur communauté, de colons anarchistes et de la gauche radicale.

Finalement, le juge a particulièrement insisté sur le fait que les traumas associés aux tombes non marquées correspondait à des « dommages irréparables », c’est à dire que les dommages ne peuvent pas être compensés par des montants d’argent. C’est pourquoi il a décidé d’imposer l’injonction même si elle était pas nécessaire considérant que McGill avait supposément terminé les fouilles. Il considérait que les inconvénients associés au délai pour McGill ne faisaient pas le poids face au trauma et à la perte de confiance envers le système de justice qu’aurait pu entraîner le refus de l’injonction. Il a dit une phrase vraiment marquante que je vais essayer de reformuler de mémoire:

« Depuis deux jours, vous regardez tous vers l’avant de la salle. De l’endroit où je suis, je regarde dans la direction opposée, et j’ai bien vu depuis deux jours que la douleur et les émotions associées au fait de déranger des tombes ananymes n’affecte pas uniquement les kahnistensera. Depuis deux jours, j’ai vu les réactions émotives des gens dans l’assistance en direct, et je ne peux pas ignorer ça. »

Ça m’a vraiment surpris.e qu’un juge base son jugement sur des perceptions émotives, d’autant plus des émotions provenant de l’audience. Je veux dire, les témoignages des Mothers et tout le contexte historique qui a été abordé pendant le procès était absolument suffisant pour faire pencher la balance. Mais je pense quand même sérieusement que le fait que les personnes se soient mobilisées pour être au palais de justice avec elles a enfoncé le dernier clou.

En tant qu’anarchistes, nous sommes particulièrement méfiant.es face au système de justice canadien. Ce système ayant été mis en place sur le territoire pour assurer la colonisation et l’exploitation des territoires autochtones, le développement du système capitaliste, et la protection des riches et des puissants, nous ne pouvons nous résoudre à y faire confiance. C’est pourquoi il est particulièrement important de nous organiser en dehors de cette institution, directement sur le terrain et dans nos millieux. Soyons prêt.es à répondre quand le système juridique aura atteint sa limite. Soyons prêt.es à répondre quand il aura démontré que son principal rôle demeure la pacification et la récupération, même si de temps à autre, dans certains contextes très particuliers ce dernier flanche sous la pression. Cette lutte n’est pas terminé. Les Mothers sont encore en cour, le site de l’ancien hopital Royal Vic est encore menacé de devenir un pavillon de green washing au service de McGill et de l’État, bref on a encore énormément de pain sur la planche.

Merci infiniment à toutes les personnes qui ont donné même juste une heure de leurs temps à cette lutte dans les dernières semaines, tout ça ne serait jamais arrivé sans tout le soutien qu’on a reçu. Je suis particulièrement reconnaissant.e de la façon dont nous avons pu, en tant que camarades, prendre soin les un.es des autres en redistribuant nos ressources, en faisant des bouffes collectives et en solidifiant nos relations. Je me sens légèr.e, optimiste, et absolument prêt.e pour la suite des choses.

Un.e camarade anarchiste

Formation du CRAB et drop de bannière en préparation de la COP15

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Nov 172022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Du 7 au 19 décembre 22, se tiendra au palais des congrès de Montréal la 15e COP sur la biodiversité. Ce rassemblement des puissances étatiques et corporatives mondiales discutant de la biodiversité ne devrait conforter personne. Ces agents du capital et du colonialisme n’ont, en 14 conférences similaires sur 3 décennies, proposés aucune solution réelle à l’effondrement de la biodiversité. Alors même que les États capitalistes et leurs maîtres corporatifs sont responsables de cet effondrement, il est inquiétant de les voir se réunir pour signer un traité sur la biodiversité. Loin de chercher à trouver des solutions réelles, les parties de la COP cherchent deux choses: impliquer de plus en plus les intérêts privés dans la gestion de la biodiversité et maximiser les profits issus du brevetage de matière génétique. Ce dernier point régi par le protocole de Nagoya dépossède la majorité de l’humanité de son droit fondamental au savoir issu du vivant (savoirs développés avant tout par les premiers peuples de la terre) en cherchant à placer le contrôle des savoirs sous l’égide corporatif et étatique. Ce protocole pourrait mener à l’emprisonnement de scientifiques cherchant à rendre accessible des médecines et autres savoirs issus de la nature. Comment justifier de restreindre la recherche et le développement de médecines dans un contexte de pandémie mondiale qui prouve une fois de plus la nécessité de partager les savoirs par delà les frontières?

Les exploiteurs, pollueurs, impérialistes et autres escrocs ont le culot de se réunir au centre-ville de Montréal pour se voiler de vert dans ce qui n’est au final qu’une répétition des sommets néolibéraux du tournant du millénaire. Comme à Québec en 2001 et à Seattle avant, il nous revient à toustes de montrer notre opposition à ce regroupement des pouvoirs. Le capitalisme ne nous sauvera pas de la crise qu’il a causée. La solution ne viendra pas de la poursuite du profit. Pour se sauver, tournons-nous les un-es vers les autres et luttons pour se défaire du contrôle des puissants. Les grandes manifestations et les concertations environnementalistes qui se sont multipliées dans les dernières années n’ont pas suffi. Il est venu le temps de confronter directement le pouvoir!

Face à l’appel à se mobiliser contre ce sommet, nous sommes un groupe de militant-es anticapitaliste et anti-colonialiste, pour la plupart vétéran-tes des luttes écologiques des dernières années, réuni-es indépendamment pour créer le Comité Révolutionnaire d’Action pour la Biodiversité pour contribuer à la lutte. Nous partageons l’appel à tous les autres groupes, réseaux, comité, ligue de se joindre à nous et à la Coalition Anticapitaliste et Écologique Contre la COP15 dans la lutte, de commencer à dresser les terrains et préparer la résistance face à la COP15.

L’air, la terre et les rivières ont besoins de révolutionnaires!

– Comité Révolutionnaire d’Action pour la Biodiversité (CRAB)

Appel de textes : Vers la création d’une organisation anarchiste

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Nov 052022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 1er octobre dernier s’est tenue une assemblée du milieu révolutionnaire montréalais. Cette réunion faisait suite aux discussions initiées lors des rassemblements stratégiques. De nombreuses personnes y avaient souligné les limites de nos formes d’organisations actuelles. Les rencontres n’ayant pas permis de creuser suffisamment la question, un comité a été chargé d’organiser un nouveau moment de discussion.

Cette nouvelle assemblée est tombée d’accord sur plusieurs choses. Tout d’abord, il est nécessaire de créer une organisation anarchiste ouverte, publique et visible œuvrant à l’abolition de l’État, à la destruction du capitalisme, de l’impérialisme, du racisme, du colonialisme, du cishétéropatriarcat et du capacitisme, ainsi qu’au respect des écosystèmes.

Cette organisation aura notamment pour fonction de recruter et de former de nouveaux et nouvelles militant·es, de produire des stratégies et des analyses théoriques, de faire de l’éducation populaire, d’avoir une présence culturelle sur la place publique, d’appuyer les autres organisations et amplifier les luttes, d’avoir des espaces physiques et/ou virtuels, et d’établir un réseau.

Bien que ces points d’accord clarifient certaines questions politiques, l’assemblée n’a pas eu le temps de se prononcer sur la structure la plus à même de remplir ces objectifs. Une deuxième assemblée se consacrera donc aux discussions autour des questions de structure. De plus, ces objectifs ne sont que des grandes lignes et mériteraient d’être mieux définis. Afin que nos débats soient fructueux, nous appelons donc tous·tes les camarades intéressé·es par le projet à nous faire parvenir par écrit le fruit de leurs réflexions et de leurs débats, incluant des questions ou des propositions à adresser à l’assemblée. À titre d’illustration, les textes peuvent traiter des sujets suivants :

  • la question de l’adhésion/ membrariat (qui peut adhérer, qu’est-ce qu’implique une adhésion, y-a-t-il différents statuts de membrariat);
  • la prise de décision (quelles sont les instances de prise de décision, comment procède-t-on pour prendre des décisions, sur quels sujets veut-on prendre des décisions, quelle est la force contraignante des décisions);
  • comment les positions politiques de l’organisation (anarchisme, antiracisme, anticapacitisme et autres) devraient se manifester autant au niveau externe qu’à l’interne;
  • le code de conduite (doit-on se doter d’un, comment peut-on améliorer la bienveillance et le respect dans les discussions et les prises de décision).

Le site web recensera également les suggestions de textes produits par d’autres groupes ou organisations sur le sujet. La prochaine assemblée aura lieu avant les fêtes. Prenez contact avec nous pour obtenir toutes les informations nécessaires. Envoyez vos textes et vos suggestions à orga-revolutionnaire@riseup.net

Par ailleurs, des réflexions découlant de la première assemblée, mais aussi des rassemblements stratégiques et de différents milieux militants ont souligné la nécessité et le désir de lieux d’organisation et de discussions politiques en mixité choisie de genre, sans hommes cis. Le comité de suivi appelle donc à une assemblée féministe révolutionnaire en mixité choisie de genre au début de l’année 2023. Cette rencontre pourra notamment traiter des enjeux pratiques d’organisation, des réflexions autour du cishétéropatriarcat, des processus de justice réparatrice et de redevabilité, mais également plus largement aux problèmes du capitalisme et du colonialisme, à l’exclusion, au racisme et au capacitisme qui profitent à ces systèmes. Les camarades intéressées à se joindre à l’organisation d’une telle rencontre nous contacteront à orga-revolutionnaire@riseup.net. Les textes, les questionnements et les esquisses de propositions sur les formes d’organisation s’intéressant spécifiquement aux enjeux de genre et d’inclusion sont aussi les bienvenues.

Considérant que cette assemblée aura lieu après l’assemblée de l’organisation anarchiste en décembre, nous proposons provisoirement deux choses : 1) des groupes de discussion en mixité choisie de genre se tiendront au matin de la deuxième assemblée et 2) lors de l’assemblée, les enjeux et les modes d’organisation en lien avec les dynamiques de genre et d’inclusion qui feront débat ou qui nécessiteront une réflexion plus soutenue seront mis en dépôt et ne seront pas traités avant que les rencontres en mixité choisie le jugent opportun.

En résumé :

– Il y aura une deuxième assemblée sur l’établissement d’une organisation révolutionnaire anarchiste en décembre 2022 et portera sur la question de la structure.

– Une assemblée en mixité choisie de genre, sans hommes cis, aura lieu au début de l’année 2023. Contactez-nous pour être du groupe organisateur de l’événement.

– L’appel de textes et de propositions vise spécifiquement la question de la structure, y compris par rapport aux enjeux de genre et d’inclusion.

– Pour toute question, information, désir d’implication, précision, une seule adresse : orga-revolutionnaire@riseup.net