De UCL-Saguenay
De UCL-Saguenay
Storm Alliance (SA) est une organisation anti-immigration active au Québec depuis 2016, née d’une rupture avec Soldiers of Odin (SOO), une organisation plus ouvertement raciste. Le leader du groupe au Québec est Dave Tregget, anciennement chef de Soldiers of Odin, qui ne cache pas que son objectif est d’unir l’extrême droite et d’en adoucir l’image[1].
Le groupe affirme avoir 3 000 membres au Canada, mais ce chiffre ne représente en fait que les personnes qui ont adhéré à leur groupe Facebook. Dans les faits, ils ont encore de la difficulté à mobiliser plus de quelques dizaines de membres à leurs événements. Le plus important a eu lieu le 1er juillet 2017 au chemin Roxham, à Hemmingford, où ils se sont rassemblés pour intimider les migrant-e-s qui traversent la frontière. Même avec les renforts du groupe islamophobe La Meute, ils n’ont pu réunir qu’entre 60 et 70 personnes.
Les membres de SA ont aussi essayé de se joindre à une manifestation contre les réfugié-e-s organisée par des suprématistes blancs au Stade olympique de Montréal, le 6 août dernier. Quand il est devenu clair que les contre-manifestant-e-s allaient être en nombre supérieur, les organisateurs ont annulé leur manif et les membres de SA ne se sont pas présentés[2].
Ils ont aussi essayé de rejoindre à la manifestation de La Meute à Québec le 20 août dernier, mais à leur arrivée, ils ont été repoussés par La Meute en raison de frictions internes entre les deux groupes. La veille (19 août), SA avait participé à une plus petite manif à Québec, en compagnie de racistes notoires, dont La Meute s’était publiquement distancée.
Le 30 septembre prochain, SA organise une autre manifestation à la frontière, cette fois à St-Bernard-de-Lacolle. Ça sera un test important pour le groupe, car La Meute a indiqué qu’elle ne fera pas partie officiellement de l’événement (contrairement au 1er juillet).
SA insiste pour dire qu’elle n’est pas raciste, ni même opposée à l’immigration, mais uniquement contre « l’immigration illégale ». Cette posture concorde avec la stratégie de Tregget visant à adoucir l’image de l’extrême droite.
Il est important de noter que selon le Barreau du Québec, il n’y a pas d’immigration « illégale » : d’un point de vue juridique, cette catégorie n’existe tout simplement pas[3]. Les dispositions de l’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis forcent les personnes qui veulent demander un statut de réfugié au Canada à traverser de manière irrégulière à des endroits comme le chemin Roxham. L’étiquette fallacieuse « illégaux » est une manipulation du langage visant à projeter l’impression que les réfugié-e-s font quelque chose de mal ou qu’ils et elles sont des criminel-le-s.
SA propage cette confusion en pleine connaissance de cause, en accusant les réfugié-e-s ayant traversé la frontière cet été de « passer avant leur tour » et en se plaignant du nombre d’hommes qui passent la frontière, ce qui alimente la phobie raciste envers les hommes de couleur. Dave Tregget lui-même, en parlant des récent-e-s réfugié-e-s haïtien-ne-s, a dit : « je ne dirai pas que c’est une invasion, mais je ne dirai pas le contraire[4] ».
SA attire toutes sortes de personnes, dont des gens sincèrement inquiétés par les messages que propagent les médias au sujet de l’immigration, mais aussi des suprématistes blancs et des néonazis. L’un de leurs membres, Jean-François Dionne, a participé à la manifestation du 20 août à Québec en portant un drapeau nazi. Tandis que La Meute s’est dépêchée de se dissocier de cet individu, SA a refusé de l’exclure en prétextant que toute l’affaire n’était qu’une erreur de bonne foi[5]. Et ce n’est pas un incident isolé! SA se fait un point d’honneur d’accueillir quiconque adhère à des politiques anti-immigration. Récemment, le nouveau groupe anti-immigration Northern Guard a annoncé que ses membres se joindraient à SA le 30 septembre prochain[6], et c’est le groupe néonazi « ethniquement conscient » Canadian National Front qui a pris en charge l’organisation du rassemblement de Peterborough, en Ontario, dans le cadre de la journée d’actions anti-immigration appelée par SA[7].
Cela dit, SA n’est pas une organisation fasciste à proprement parler. Ils n’ont pas pour but de renverser le gouvernement ou d’instaurer une dictature. C’est plutôt une organisation populiste et nationaliste s’appuyant sur des politiques racistes opposées à l’immigration et au multiculturalisme et qui tolère la participation de membres suprémacistes blancs et néonazis.
L’époque actuelle est catastrophique à plusieurs égards. Les guerres, les famines et les cataclysmes naturels mettent en danger la vie de centaines de millions de personnes. Les pays riches comme le Canada sont en partie à blâmer pour cette accablante situation. Les gouvernements du Canada et du Québec, par exemple, ont soutenu le coup d’État contre le président démocratiquement élu d’Haïti, Jean-Bertrand Aristide, en 2004. C’est l’interventionnisme occidental dans le monde musulman qui a créé les conditions où des groupes comme Daesh (l’État islamique) ont pu prospérer et gagner du terrain. Ce sont nos émissions de carbone qui causent la famine en Afrique subsaharienne et les inondations dévastatrices en Asie du Sud.
En conséquence, le taux de migration est actuellement à son plus haut point et les migrations forcées ne feront qu’augmenter dans le futur. Actuellement, le Canada ne fait que le strict minimum pour aider les gens qui sont en quête de sécurité pour eux-mêmes et pour leurs êtres chers. En fait, il aggrave la situation en maintenant ses frontières fermées et en participant à des structures politiques comme le G7, tout en poursuivant l’exploitation brutale de la main-d’œuvre et des ressources de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et du reste des Amériques.
Sans opposition, des groupes comme Storm Alliance ont beau jeu de se présenter comme des « citoyens inquiets » adoptant une position « légitime », tandis que leur programme raciste et leurs liens avec l’extrême droite passent inaperçus. Ils jouent un rôle important en semant la confusion et en essayant de transformer une crise humanitaire en combat réactionnaire contre des personnes soi-disant « indignes » et « illégales ». Ils renforcent le raisonnement qu’emploie le gouvernement canadien pour continuer à déporter des gens dans des conditions dangereuses et entretenir une situation où des dizaines de milliers de personnes doivent vivre sans services de base, sans droits et sans sécurité durant leur séjour au Canada. Et lorsque le gouvernement, au nom des riches et des sociétés multinationales, sabre dans les programmes sociaux venant en aide aux plus démuni-e-s et à la classe ouvrière canadienne, des groupes comme Storm Alliance protègent de facto les vrais coupables dans la mesure où ils désignent nos amis et voisins d’autres pays comme boucs émissaires.
Nous devons tous et toutes prendre position contre le programme anti-immigration. Nous devons montrer que nous n’avons pas peur des racistes et exprimer avec force notre colère contre des groupes comme Storm Alliance, dont la rhétorique ne fait qu’alimenter la violence contre les réfugié-e-s. Il est important de manifester pour que les réfugié-e-s ne se sentent pas seul-e-s lorsqu’ils et elles sont confronté-e-s à l’extrême droite.
Joignez-vous à nous le 30 septembre, à Saint-Bernard-de-Lacolle, pour manifester votre opposition à Storm Alliance, à Northern Guard et aux autres racistes et xénophobes qui se mobiliseront pour intimider les réfugié-e-s. Des autobus partiront de Montréal. Pour RESERVER une place, envoyez un courriel à solidaritesansfrontieres@gmail.com (écrivez « Autobus à la frontière » dans la ligne d’objet).
[1] http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/quebec-far-right-soldiers-of-odin-1.3896175
[2] https://montreal-antifasciste.info/fr/2017/08/07/6-aout-2017-plantage-epique-des-racistes-a-montreal/
[3] http://www.barreau.qc.ca/fr/actualites-medias/lettres-medias/2017/0825
[4] https://montreal-antifasciste.info/fr/2017/08/07/6-aout-2017-plantage-epique-des-racistes-a-montreal/
[5] https://montreal-antifasciste.info/fr/2017/09/13/le-torchon-brule-entre-la-meute-et-storm-alliance/
[6] https://www.vice.com/fr_ca/article/wjjmjw/un-nouveau-groupe-ultranationaliste-montrera-ses-couleurs-le-30-septembre
[7] http://globalnews.ca/news/3729276/group-plans-anti-trudeauillegal-immigration-rally-in-peterborough/
La Meute et Storm Alliance (SA) sont deux organisations qui prétendent ne pas être racistes, mais dont la raison d’être est l’expression (et la propagation) d’une peur des immigrant-e-s et des Musulman-ne-s, c’est-à-dire d’un « Autre » fantasmé, au Québec. Les deux groupes sont antidémocratiques, hiérarchisés, et se situent à l’extrême droite de l’échiquier politique, dans ce qu’on pourrait appeler un nationalisme populiste. Les deux groupes orientent principalement leur message vers un certain segment relativement homogène de la population générale : les Québécois blancs francophones et conservateurs.
SA et La Meute sont en concurrence pour la même base. Cette concurrence est potentiellement cruciale, autant en ce qui a trait au statut et au capital social qu’à l’argent qui est en jeu, compte tenu des revenus dérivés de la vente de drapeaux, t-shirts, écussons et autres marchandises portant leur emblème respectif.
Pour des raisons découlant de la dynamique entre un groupe plus grand et un groupe plus petit, La Meute insiste auprès de ses membres sur la règle d’« adhésion exclusive » et les décourage de soutenir SA. En tant qu’entité plus modeste, SA n’a évidemment rien à perdre de l’adhésion double et met davantage de l’avant la ligne « unitaire », c’est-à-dire « nous sommes tous dans le même bateau ». En fait, contrairement à La Meute, SA n’a aucun membership officiel, mais seulement des cadres chargés d’organiser les réunions dans chacune des régions et, éventuellement, de mobiliser les gens lors des actions.
La légitimation auprès du public est actuellement une priorité pour La Meute. Il y a une alliance claire entre La Meute et Citoyens au pouvoir (anciennement le Parti des sans-parti), avec à sa tête Bernard « Rambo » Gauthier, lui-même un membre de La Meute[1]. Les membres de La Meute pourraient aussi devenir un bloc d’électeurs important pour le PQ ou la CAQ, selon la direction que prendront ces partis. En fait, en tant que groupe de pression, La Meute restera plus efficace si elle ne s’engage pas auprès d’un parti ou d’un autre et se laisse courtiser par tous.
Compte tenu de cette priorité de légitimation publique, La Meute essaie d’éliminer tout ce qui pourrait s’avérer un handicap politique dans ses propres rangs, tels que les néonazis et autres racistes impénitents. C’est la raison pour laquelle elle s’est dissociée d’un certain nombre d’actions et a « démissionné » son lieutenant anglophone, Shawn Beauvais-MacDonald, après que sa participation à la manifestation suprémaciste de Charlottesvile, en Virginie, ait été largement publicisée.
En tant que challenger, SA est obligée d’adopter une approche de La Meute. Ainsi, malgré son insistance à marteler qu’elle n’est pas raciste et qu’elle ne s’oppose pas à l’immigration pour autant qu’elle « respecte les règles », SA est beaucoup moins frileuse quant à la présence de néonazis et de racistes dans ses rangs.
Toute la relation entre les deux groupes est actuellement définie par cette concurrence asymétrique. La seule collaboration officielle entre les deux groupes a eu lieu le 1er juillet dernier, au chemin Roxham, dans la petite municipalité de Hemmingford. Une soixantaine de membres confondus des deux groupes s’étaient réunis à la frontière Canada/É.-U pour manifester contre « l’immigration illégale ». À ce moment-là, La Meute proposait encore d’assurer la sécurité de tout groupe qui en ferait la demande, partout au Québec, contre la menace antifasciste (une idée évidemment désastreuse pour un groupe qui espère mousser sa légitimité aux yeux du public, et qui a été rapidement et discrètement abandonnée). Face à un nombre équivalent de militants et militantes antiracistes mobilisé-e-s sous la bannière de Solidarité sans frontières, les membres de La Meute portant leurs propres écussons et drapeaux constituaient l’essentiel des troupes de ce qui devait être un événement de Storm Alliance. Dans la foulée, des membres de SA ont exprimé leur insatisfaction que La Meute s’attribue tout le mérite d’un événement qu’elle n’avait même pas organisé. (Malgré un nombre égal de participant-e-s des deux côtés, tout le monde a dû admettre que les antiracistes avaient gagné la bataille en arrivant assez tôt pour stratégiquement occuper la frontière et marginaliser les manifestant-e-s anti-immigration.)
À la fin juillet et au début août, la principale activité publique de La Meute consistait à assurer la sécurité d’André Pitre, un vlogueur inspiré par l’alt-right américaine, lors de sa tournée du Québec. Elle a toutefois été mentionnée dans la presse (souvent en des termes qui ne lui plaisaient pas…) lorsque la présentation de Pitre à Rimouski a été annulée et lorsqu’il s’est avéré que l’intervention de membres de La Meute dans le processus référendaire déclenché à Saint-Apollinaire avait fait pencher le vote contre l’autorisation d’un cimetière musulman dans cette localité. Storm Alliance était complètement absente de ces événements.
Au début du mois d’août, SA a soutenula propositiond’organiser une manifestation au Stade olympique de Montréal, où de nombreux réfugié-e-s étaient temporairement logé-e-s après avoir traversé la frontière. Cette manifestation était ostensiblement organisée par des racistes impénitents proches de Storm Alliance et du Front patriotique du Québec (FPQ), et malgré leurs démentis, l’intention de la démarche était clairement d’aller intimider les réfugié-e-s. Fidèle à sa volonté de faire valoir sa légitimité, et malgré l’enthousiasme initial de plusieurs de ses membres, La Meute s’est rapidement dissociée de la manifestation du 6 août, allant même jusqu’à dire (avec raison) qu’une participation à cet événement ferait passer les gens pour des racistes. Cette volte-face marquait clairement un recul sur l’engagement pris par La Meute plutôt cette année d’assurer la sécurité de tout événement d’extrême droite au Québec, quels qu’en soient les organisateurs ou quelle qu’en soit la raison. Storm Alliance se retrouvait donc isolée avec le FPQ à soutenir un événement raciste qui serait selon toute vraisemblance écrasé par la mobilisation antifasciste, puisque des centaines de personnes avaient indiqué sur Facebook qu’elles participeraient à une contre-manifestation organisée au même endroit par Solidarité sans frontières sous la bannière « Bienvenue aux réfugié-e-s! ». Le chef de Storm Alliance, Dave Tregget, a été humilié lorsque la manifestation a été annulée et qu’il a dû admettre à ses membres que SA ne pourrait pas garantir leur sécurité. Les organisateurs de la manif raciste, allié-e-s de SA, Philippe Gendron et Amber Dawson/Sue Elle/Sue Charbonneau, ont également été humilié-e-s en se voyant forcé-e-s d’annuler l’événement[2].
La Meute a été critiquée par certains et accusée de « trahison » et de « couardise ». Ceci s’est produit à une période où La Meute resserrait encore ses rangs et expulsait des membres occupant des rôles officiels parce qu’ils étaient inscrits au groupe Facebook de Storm Alliance. Voir par exemple le cas de Steven Dumont :
La Meute a annoncé la tenue de sa manifestation du 20 août « en appui à la GRC » en partie pour réaffirmer sa crédibilité en tant que plus grande et plus importante organisation de l’actuelle mouvance nationaliste populiste. Cette manifestation était prévue au lendemain d’une autre manif, également à Québec, soutenue par le Front patriotique du Québec et Storm Alliance, ce qui a donné lieu à de nouvelles plaintes déplorant les « divisions » et le « manque d’unité ». En guise de réponse, La Meute a tenu à préciser qu’elle n’avait rien à voir avec la manifestation du 19 août en raison du risque que des individus violents s’y trouvent et parce que le groupe pourrait être associé à des racistes et des extrémistes dans la mesure où il ne contrôlait pas les pancartes et les slogans. Dans ce contexte, Storm Alliance a répondu du tac au tac en disant que si ses membres étaient libres de participer au rassemblement de La Meute de 20 août, ils ne devaient pas porter l’insigne de SA ou porter des drapeaux ou des signes de l’organisation. Au final, environ 60 personnes ont participé à la manif du 19 (sans opposition). Le consensus semble être que l’événement fut un flop, et plusieurs personnes ont exprimé leur colère dans les médias sociaux.
Deux de ceux qui ont effectivement participé à cette manif ratée du 19 août sont Dave Tregget, le chef de SA, et Éric Venne (ou « Corvus »), le fondateur de La Meute qui avait officiellement quitté l’organisation en janvier dernier (mais qui en fait y était resté associé en tant que membre lambda en liens avec différents clans, tout en consolidant un statut de guru virtuel du mouvement). Les deux bonhommes ont passé la journée à marcher sous la pluie et à jaser comme de vieux compères, et le soir même, Tregget a publié un selfie avec Corvus et annoncé que son mot d’ordre précédent concernant l’emblème du groupe était révoqué : les membres de SA pourraient finalement participer en habits d’apparat, full patch, à la manifestation de La Meute du lendemain. Il semblait qu’un réchauffement se soit opéré « dans l’intérêt commun ».
Impossible de dire comment les choses se seraient déroulées sans la présence des militant-e-s antifascistes le 20 août. Celle-ci était déjà imposante au moment où Tregget et une poignée de membres de SA sont arrivés sur place avec leurs drapeaux; La Meute, elle, était coincée dans le garage sous-terrain, incapable d’en sortir, assiégée par des centaines d’antifascistes bloquant l’entrée principale du garage. Difficile de dire si La Meute a effectivement donné le mot d’ordre de refuser l’entrée du garage aux membres de SA ou si ce refus n’est que la conséquence du sentiment de panique qui secouait le service de sécurité de La Meute à ce moment-là, mais voici ce qui s’est passé. Tregget et ses petits camarades se sont fait revirer de bord sans cérémonie dans des circonstances qui, selon les plaintes exprimées plus tard, « ont mis leurs vies en danger » devant la menace posée par les antifascistes. Une nouvelle trahison de La Meute, comme l’ont relevé de nombreux commentateurs dans les médias sociaux (et pas seulement des membres de La Meute).Tregget se retrouvait dans la pitoyable position de devoir sans cesse répéter à ses fidèles que l’unité était de toute première importance, qu’ils ne devaient pas parler en mal de La Meute et que tout allait éventuellement se raccommoder entre les deux organisations… pour ensuite se faire traiter à répétition comme un petit chef de bazar menant une patente à gosses que même ses « alliés » ne font plus semblant de prendre au sérieux. Pas étonnant que lui et ses copains s’en soient allés directement noyer leur peine dans un bar et suivre l’actionen direct à la télé.
Finalement, quoi qu’il en soit des circonstances ayant mené à cet humiliant rejet le 20 août, il s’avérait quelques jours plus tard que les tensions entre les deux groupes étaient loin d’être résolues. L’amitié retrouvée avec Corvus et la disposition de Tregget à se plier en quatre pour excuser et expliquer les multiples rejets de La Meute ne suffiraient pas. Le 25 août, Éric Venne était expulsé de La Meute, un geste qu’il a qualifié de « claque au visage ». Moins de 48 heures plus tard, il était de retour dans les médias sociaux pour annoncer qu’il était devenu un membre honoraire de Storm Alliance.
Il est peu probable que la dynamique dans laquelle La Meute et Storm Alliance se sont enfermées change de sitôt, à moins que la première abandonne sa quête de légitimité ou que l’autre accepte la position dominante de La Meute. Même sans que les antifascistes n’exploitent activement ces tensions, elles nous avantagent naturellement. Prenons l’exemple de Jean-François Dionne :
Le 30 août, le porte-parole de La Meute, Sylvain Brouillette, a dû dissocier publiquement son groupe de Dionne, qui avait participé à la manif du 20 août en brandissant un drapeau marqué de la croix de fer, un emblème du régime nazi.
Même si Brouillette s’est gardé de nommer Dionne, d’autres membres de La Meute se sont empressés de le faire dans les médias sociaux, en faisant remarquer que Dionne était un membre de Storm Alliance et qu’il avait participé à la manif du 19 août ainsi qu’à l’action à la frontière le 1er juillet. Fidèle à elle-même, en tant que groupe dont le principal intérêt à ce stade-ci est d’accepter dans ses rangs des racistes, des néonazis et n’importe qui d’autre, Storm Alliance a décrit le geste de Dionne comme une simple « erreur » et expliqué que le groupe n’avait pas l’intention d’expulser cet amateur d’iconographie nazie.
Le test ultime pour Storm Alliance viendra le 30 septembre prochain. C’est le jour qu’a choisi le groupe pour coordonner une journée nationale d’action pour faire exacerber la peur et l’hostilité à l’endroit des réfugié-e-s et des immigrant-e-s. Un grand nombre de ces actions auront lieu près de passages frontaliers, à la fois pour des considérations symboliques et pour intimider les personnes qui traverseront la frontière ce jour-là. Dans ce contexte de concurrence ouverte, La Meute a tenu à préciser, dans les médias mainstream ainsi que dans les médias sociaux, qu’elle ne participera pas à la mobilisation du 30 septembre, même si elle n’empêche pas (encore) ses membres d’y participer individuellement. Ainsi, nous verrons le 30 septembre prochain si Storm Alliance peut vraiment mobiliser une foule importante sous sa propre bannière et si elle peut maintenir sa présence sans un gros méchant loup pour la protéger.
Si elle y arrive, une autre question se posera : dans quelle mesure a-t-elle compté sur l’aide de forces plus agressivement racistes, comme le Canadian Nationalist Front, la Northern Guard et d’autres groupuscules ayant annoncé vouloir se mobiliser ce jour-là?
D’abord, pour notre côté : il est naturel que de telles divisions chez nos ennemis nous fassent sourire, et dans la mesure où la pression que nous avons maintenue (le 1er juillet, les 6 et 20 août) n’est pas complètement étrangère à cette situation, il est permis de s’en réjouir. Les antifascistes devraient toutefois garder à l’esprit que les schismes et les conflits ne signalent pas nécessairement un état de confusion ou de désorganisation. Ils peuvent aussi bien être le symptôme d’un moment de clarification pour un mouvement politique. Et ça vaut autant pour nos ennemis que pour nous-mêmes.
Nous traversons actuellement une série de crises contribuant aux contradictions sous-jacentes à la croissance de l’extrême droite et du racisme. Bien que les difficultés organisationnelles de nos ennemis soient dignes de mention (et méritent qu’on les exploite!), elles ne représentent d’aucune façon une victoire pour nous.
Et pour l’autre côté : si vous êtes un membre de La Meute ou de Storm Alliance, il est fort probable que vous cultiviez une piètre opinion des « antifas » qui, selon le mythe complotiste en vogue, vivent dans le luxe et préparent en secret le génocide blanc sous l’égide complice de George Soros. Si vous n’êtes sincèrement pas racistes, toutefois, vous devez certainement vous poser un certain nombre de questions. Tôt ou tard, vous vous rendrez bien compte que ce qu’on vous a raconté à notre sujet relève du mensonge et qu’en réalité, les problèmes qui gangrènent cette société —comme le sous-financement des services aux aîné-e-s, un système de santé en déroute, des compressions de tous bords tous côtés, et nous savons tous et toutes très bien que la pourriture va beaucoup plus loin que ça— ne seront pas réglés en blâmant les immigrant-e-s, les musulman-e-s ou qui que ce soit d’autre, puisque le problème fondamental est le néolibéralisme et le système capitaliste et non pas une partie de la classe ouvrière qui ne vous ressemble pas ou ne prie pas de la même manière que vous.
Qui sait, peut-être que vous nous rejoindrez quand vous aurez compris cela. Mais en attendant, nous sommes persuadés que bon nombre d’entre vous sont irrités par ces chicanes entre « chefs » et organisations. Nous serions ravi-e-s de savoir ce que vous en pensez! Nous avons vraiment apprécié les renseignements que certain-e-s d’entre vous nous ont communiqués récemment. N’hésitez pas à nous faire savoir ce qui se passe dans vos groupes et à quel point ils sont administrés en broche à foin! Anonymat garanti! (C’est même pas une blague.)
[1] http://www.journaldequebec.com/2017/08/11/bernard-rambo-gauthier-membre-de-la-meute
[2] https://montreal-antifasciste.info/fr/2017/08/07/6-aout-2017-plantage-epique-des-racistes-a-montreal/
Nous souhaitons exprimer notre solidarité inconditionnelle avec les personnes qui ont récemment été arrêtées à Québec en vertu d’allégations liées à la mobilisation antifasciste du 20 août dernier. Nous ne connaissons pas d’autres détails que ce que nous avons lu dans les médias, mais il nous apparaît clair que ces arrestations s’inscrivent dans une volonté, par la police de Québec et le maire Labeaume, d’intimider les antifascistes et d’étouffer notre résistance contre l’extrême droite. Aux arrêtés, et à tous ceux et toutes celles qui pourraient être ciblé-e-s à l’avenir : restez fort-e-s et dites-nous ce que nous pouvons faire pour vous aider.
De manière plus générale, si vous lisez ceci : il faut garder en tête que la menace que représente l’extrême-droite est multidimensionnelle et que la réponse antifasciste doit l’être tout autant. Il est fort probable que nous soyons visé-e-s par la criminalisation et la répression. Si vous (ou une personne que vous connaissez) avez été arrêté-e ou faites face à des accusations en raison de votre opposition à l’extrême droite, nous vous encourageons à nous contacter à alerta-mtl@antifa.zone. Nous pouvons recommander des avocat-e-s et ferons tout notre possible pour vous aider.
TRÈS IMPORTANT : Ne nous envoyez pas par courriel des renseignements qui pourraient être utilisés pour vous incriminer d’une façon ou d’une autre. Nous ne sommes pas des avocat-e-s et vos échanges avec nous ne sont pas légalement à l’abri d’une surveillance policière. Contactez-nous pour solliciter notre aide, mais ne fournissez pas de détails au-delà des accusations qui pèsent contre vous (par exemple, ne dites pas « Je l’ai fait! »).
De Madoc
En prévision de la manifestation que compte y tenir Storm Alliance le 30 septembre prochain, visite de Roxham Road et du camp de migrants au Poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle avec Jaggi Singh.
Soumission anonyme à MTL Contre-info
La semaine dernière un nouveau groupe aux tendances racistes tentait de s’organiser publiquement pour la première fois. Leur nom de groupe est Wolves of Odin[1. Editor’s note: From the Wolves of Odin facebook page – “FOUNDED IN THE WINTER OF 2016, WE ARE AN ORGANIZATION DEDICATED TO THE DEFENSE OF OUR CITIZENS AND WAY OF LIFE. ORIGINALLY ESTABLISHED AS A LOCAL GROUP OF CONCERNED CITIZENS HERE IN MONTREAL, OUR MEMBERSHIP HAS GROWN INTERNATIONALLY, WITH REQUESTS FOR SATELLITE GROUPS OUTSIDE CANADA. THE W.O.O. WAS ORIGINALLY FOUNDED IN RESPONSE TO THE GROWING IMMIGRATION CRISIS THAT IS BURNING OUT OF CONTROL IN MANY PARTS OF EUROPE. WE HERE AT W.O.O. UNDERSTAND THAT IN THE BEGINNING, IT WAS SEEN AS A NECESSITY TO AID OUR FELLOW HUMAN BEINGS THAT HAVE FLED THEIR WAR TORN COUNTRIES. MANY WERE WELCOMED AND PROVIDED FOR, YET MANY HAVE FORCED THEIR WAY IN UNDER THE GUISE OF REFUGEE STATUS, AND MANY MORE HAVE OVERWELMED THE UNDERSTAFFED BORDER CROSSINGS IN MANY COUNTRIES. CRIME RATES HAVE SKYROCKETED UNDER WAVES OF FOREIGN IMMIGRATION, AND THE FACE OF EUROPE HAS BEEN TRANSFORMED FOREVER. IN MANY PLACES OF EUROPE, IT HAS BECOME EXTREMELY UNSAFE FOR THE LOCAL, ORIGINAL INHABITANTS. REPORTS OF THEFTS, ASSAULTS, VANDALISM, RAPE, AND CHILD ABUSE, HAVE BEEN ACREDITED TO IMMIGRATION, IN WHAT WERE ONCE PEACEFUL COMMUNITIES, ATTEMPTING TO DO THEIR PART TO ALEVIATE HUMAN SUFFERING. WE REMAIN STEADFAST IN OUR BELIEF THAT THERE ARE MANY LEGITIMATE REFUGEES FLEEING THE ATROCITIES THAT THEY HAVE FACED IN THEIR OWN COUNTRIES, YET WITH THESE LEGITIMATE REFUGEES, COME MANY THAT WISH TO IMPOSE THEIR LAWS AND IDEOLOGY UPON US AS CANADIANS, AND OTHER CITIZENS OF GREAT COUNTRIES FROM AROUND THE WORLD. WE HAVE OUR OWN LAWS AND SOCIETIES. WE ARE PROUD OF OUR OWN RICH AND NOBLE HISTORIES. OUR ANCESTORS FOUGHT FOR OUR WAY OF LIFE, AND MANY GAVE THEIR LIVES SO THAT WE MAY LIVE FREE, SO THAT OUR FAMILIES AND FUTURE GENERATIONS MAY LIVE FREE. BY REFUSING TO YIELD, WE ARE ANSWERING THE CALL TO HELP KEEP THE LIGHT OF THE WEST BURNING BRIGHTLY. WE ARE THE WOLVES OF ODIN, AND WE WILL HOLD THE LINE”], à ne pas confondre avec les Soldiers of Odin. Ils ont organisé un petit bbq dans un parc de l’ouest de la ville. Puis après avoir mangé et bu, ils ont décidés d’aller voir le match de boxe tant attendu.
Des anti-fascistes les ont reconnus et sont venus en grand nombre pour les confronter. C’est alors qu’ils sont venu dehors en tentant d’expliquer qu’ils n’étaient pas racistes. Après cinq secondes, une bouteille de bière était déjà cassé sur la tête de l’un d’entre eux et les autres étaient pris en charge. L’un d’eux à fini par terre en train de se faire tabasser à coup de pied. Disons qu’ils étaient tous en sang et pas mal amoché, trois d’entre eux ont été hospitalisé gravement.
Bien que ces groupes soient encore petit, nous voulons absolument les empêcher de grossir rapidement. Nous attendrons chacune de leur initiative avec une brique et un fanal.
Les fachos watchez-vous.
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Québec, 5 septembre 2017 — Tôt ce matin, un groupe de militant(e)s anti-racistes et anti-fascistes ont affiché des bannières dans le contexte d’une lutte continue et décentralisée contre les extrémistes de droite et nationalistes blancs de Québec qui avancent un discours xénophobe, raciste et anti-immigrant. Visibles des artères principales de Québec, les bannières portent un message clair: « Si tu n’est pas anti-fasciste, t’es quoi alors? »
Nous dénonçons la stigmatisation des musulman(e)s et d’autres groupes immigrants racisés et leur traitement comme boucs émissaires pour les conséquences du capitalisme néolibéral.
Nous dénonçons aussi la détention étatique d’Haïtien(ne)s et d’autres migrant(e)s pour avoir traversé des frontières arbitraires sans la permission de l’état colonial. Finalement, nous dénonçons la récente poursuite excessivement médiatisée d’un homme racisé pour ses actions politiques.
Ceci n’est pas le moment d’ouvrir un débat ou de faire des fausses équivalences : les groupes d’extrême droite jouissent présentement d’une visibilité et d’une influence croissante au Québec, où ils défendent et répandent la suprématie blanche et la continuation du colonialisme, souvent avec l’appui tacite des forces de l’ordre. Ces nationalistes blancs ont tracé les lignes de bataille en démontrant leur haine et leur mépris pour les immigrant(e)s, les personnes racisées, les peuples autochtones, les personnes d’origines et de confessions non-chrétiennes et toute autre personne qui n’est pas d’accord avec leur vision politique. Dans ce contexte on ne peut être neutre . Nous lançons un appel aux gens de partout à se joindre à nous en entreprenant eux aussi des actions anti-fascistes.
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Le week-end dernier, un groupe d’organisateurs-trices anti-racistes ont collaboré avec des artistes graffeurs pour s’efforcer de rappeler aux gens de Montréal et à travers le Québec que personne n’est illégal, qu’il n’y a pas d’immigration illégale.. L’oeuvre a été réalisée sous le viaduc Sherbrooke entre le Stade Olympique et le Parc Maisonneuve.
Montréal se situe sur Kanien’kehà:ka, territoire non-cédé ayant longtemps servi de lieu de rassemblement pour plusieurs Premières Nations. L’État canadien a été fondé sur la dépossession et le déplacement des peuples autochtones hors de leur territoires, cultures et langues, et c’est sur cela qu’il continue de s’appuyer pour exister. Les frontières sont des dispositifs illégitimes imposés par l’État pour diviser et déplacer les gens et les communautés et pour donner une apparence naturelle à ces divisions.
Le frontières font la promotion du nationalisme colonial, renforcent le pouvoir et le contrôle étatique et protègent les intérêts politiques et économiques de l’élite capitaliste. Il ne peut y avoir de canadiens légitimes entre des frontières qui ont été établies grâce au vol et au génocide.
Nulle. Justice. N’est. Possible. Sur. Des. Terres. Volées.
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Durant la mobilisation anti-fasciste contre l’extrême-droite raciste à Québec Dimanche, une caméra de Global News a été détruite par des participant.es du black bloc[1. Vous n’êtes pas familier.ères avec la tactique du black bloc? Allez voir ‘What is a black bloc?’.]. Par la suite, un anti-raciste de la foule a été entendu demandant à son ami « Je comprends pourquoi attaquer les fascistes, et même la police qui les protège, mais les journalistes? »
Nous aimerions expliquer ce qui s’est passé, et les raisons qui en rendent la continuité nécessaire durant des manifestations où les gens enfreignent la loi.
Parfois, il est nécessaire d’aller contre ce que les gens « normaux » considèrent « acceptable », de briser la loi pour agir éthiquement. Ceuzes qui se masquent pour combattre la droite ont décidé, en prenant de grands risques personnels, d’utiliser tous les moyens nécessaires pour mettre un terme à l’organisation fasciste. Plusieurs d’entre nous croyons que l’entièreté du système doit être abolit, que les lois sont oppressives, ou que ceuzes qui font les lois sont responsables d’un problème sérieux et urgent, que ça soit la destruction de notre planète, les centaines de milliers de maisons saisies, l’impunité des meurtres commis par la police, etc.
Chaque photo prise de gens qui portent des masques ou qui commettent des gestes illégaux peut devenir une preuve pour la répression. La police utilise quotidiennement les vidéos des manifs trouvés sur les médias indépendants pour accuser des gens et les mettre en cage. Pour rendre les manifs plus sûres pour ceuzes qui se mettent à risque, nous devons faire en sorte que les manifs deviennent des zones sans caméra (au moins dans les sections de la manif où il y a des manifestant.es masqué.es).
D’abord, décourageons les gens de filmer ou de prendre des photos durant une manif, et expliquons pourquoi c’est problématique. Souvent, les gens prennent des photos sans y penser, et plus tard eux-mêmes et leurs ami.es se retrouvent à avoir des problèmes. D’autres gens qui filment sont des journalistes de grands médias ou des « bons citoyens » qui iront donner leur information à la police plus tard.
Le médias appartenant au mouvement sont l’exception de ces « zones sans caméras », puisqu’ils ont construit une relation de confiance avec les participant.es du black bloc en flouant les visages des personnes masquées et en ne filmant aucune action qui puisse être criminalisée.
L’existence des grands médias, elle, vise à de propager et de légitimer la vision du monde capitaliste. Ils donnent régulièrement leurs images à la police sans même attendre un ordre de la cour. Dimanche dernier, à Québec, un journaliste de CTV s’est vu demander de ne pas filmer les gens masqués, ce a quoi il a répondu qu’il avait le droit de le faire (et effectivement, selon les lois de l’État, il a le droit). Lorsqu’il a reçu un avertissement final que s’il continuait sa caméra allait être détruite, il s’est approché de la police pour nous pointer du doigt et a plus tard arraché le masque d’un.e camarade (ce qu’il a payé de quelques douleurs au visage).
Les grands médias ont toujours fait la promotion des intérêts de la classe qui la finance. Quiconque ayant déjà été soumis à leur couverture sait à quel point elle est biaisée. La stratégie qui vise à obtenir une attention positive de la part des médias de masse manque de vision – ces institutions ne seront jamais nos alliées, aussi longtemps que nous aurons le désir de challenger réellement les structures de pouvoir. Tout message que nous essayerons de communiquer à travers les médias de masse seront toujours reformulés pour assurer le maintient du libéralisme.
Ceuzes qui décident que nous devons nous battre le font déjà contre les fascistes et la police armée qui les protège – nous n’avons pas besoin d’un autre ennemi qui nous mets en danger. Même si les médias de masse se font avertir de ne pas filmer les gens masqués, ils continuent souvent à les filmer subtilement à distance, parce qu’ils n’ont aucun respect pour nos luttes. Dimanche dernier, plusieurs anti-fascistes sont venus équipés avec des fusils à eau remplis de peinture noire pour asperger les visages des fascistes. Ça pourrait être utile dans le futur d’utiliser des tactiques similaires pour obscurcir les lentilles des caméras des grands médias, ou même des bonnes vieilles cannettes de peinture.
Les manifs ont besoin d’être participatives. Chaque personne ayant une caméra en main devient un spectateur aliéné. Les gens sortent dans la rue pour changer les monde précisément parce qu’ils sont écoeuré.es de regarder le monde à la TV et de regarder à quel point les gens puissant le changent constamment pour pire.
Les manifestations de rue doivent être des espaces de participation, de création et de destruction, non pas des endroits pour les médias et des pièges à surveillance policière.
La police de Québec a annoncé qu’elle fera des arrestations basée sur la vidéo surveillance. Même si nous ne voulons pas renforcer la paranoïa, parce qu’il s’agit peut-être d’une menace vide, on veut tout de même saisir l’opportunité pour rappeler quelques trucs importants lorsqu’on porte des masques.
Pourquoi porter un masque? Pour d’agir sans être immédiatement reconnu. Plus des gens portent des masques, plus il est difficile pour les autorités d’identifier ou d’isoler une partie de la foule. Vous pouvez porter un masque pour protéger votre identité, ou simplement pour protester contre la surveillance constante. Porter un masque lors de manifestations permet d’ouvrir un espace pour que des gens qui ne pourraient pas participer autrement à cause de leur statut légal ou d’immigration ou à cause de leur emploi puissent le faire. Il est mieux d’y aller avec des ami.es qui pourront surveiller vos arrières, être vigileant.es quant au positionnement de la police, et être attentif.ves aux environs pour trouver le meilleur moment pour se masquer et se démasquer.
Ne retirez pas votre masque avec négligence et évitez d’ouvrir partiellement votre déguisement. Assurez-vous de décider du bon moment pour devenir anonyme et quand ce sera le bon moment (et lieu) pour sortir de l’anonymat. Ne faites pas les choses à moitié. Si les flics peuvent trouver une photo de vous avec exactement les mêmes vêtements et souliers, avec un masque et sans masque, votre précieux déguisement n’aura servi à rien.
Même si nous réussissons à nous échapper, la police peut utiliser des photos et des vidéos pour nous poursuivre plus tard. Il est mieux de couvrir vos cheveux, votre visage, vos bras, vos tatous et vos mains. Assurez-vous qu’il n’y ait pas de marques qui permettent d’identifier vos vêtements, vos souliers ou votre sac à dos. C’est une bonne idée de changer plusieurs morceaux de votre couche extérieure ou même vos souliers (par exemple, apportez un chandail léger, des pantalons ou un manteau de pluie que vous pouvez jeter). N’oubliez pas de couvrir, déguiser, ou jeter tout sac à dos ou sac que vous pourriez avoir amené. Les souliers peuvent être recouverts de chaussettes noires. Les gants en tissu sont préférables aux gants en plastique parce qu’ils ne transfèrent pas les empreintes. Si nous amenons tout matériel avec nous, nous le nettoyons à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes. Et plus important encore, assurez-vous de ne as être filmé.es lorsque vous vous masquez et démasquez!
Pour lire plus à propos des enjeux de sécurité en manifestation, allez voir la page Guides Pratiques de MTL Contre-information.
Être en solidarité :
Caught in the Web of Deception: Anarchists and the Media
“Cops, Pigs, Journalists”: To Inform, To Obey
The Reasons for a Hostility – About the Mass Media
Bonsoir tout le monde – je suis de retour à Montréal après deux jours et une nuit dans la prison de la police de Québec. Merci à tout le monde pour votre solidarité et votre appui, en particulier aux gens qui sont venus à la Cour (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur) et aux personnes – Arij, Emilie, Enrico, Rich – qui ont offert du support légal de diverses manières. Merci à toutes les personnes de Québec qui se sont mobilisées pour venir à la Cour (incluant un ancien camarade pendant la mobilisation contre le Sommet des Amériques en 2001 qui a témoigné pour moi) et aux personnes de Montréal qui travaillaient dans l’ombre (incluant les gens de Montréal Antifasciste qui ont écrit ce très utile communiqué).
Bien que je me sois représenté moi-même à la Cour, j’ai été très bien appuyé d’autres manières, ce qui m’a permis de me concentrer sur la tâche la plus urgente, qui était d’être relâché avec le moins de conditions possibles. Merci également à tous ceux et toutes celles qui ont envoyé un message d’appui ; ces messages comptent beaucoup pour moi.
Cet épisode entier est ridicule, drôle et troublant à la fois, mais aussi une distraction face à la problématique réelle: la confrontation collective et l’opposition à la montée de l’extrême-droite raciste et anti-immigrant-e-s au Québec et ailleurs.
L’accusation criminelle d’avoir emprunté l’identité de l’ancien ailier-gauche des Nordiques nommé au Temple de la Renommée, Michel Goulet, est particulièrement ridicule. L’accusation n’est pas que l’on suppose que je refusais de m’identifier, mais que les policiers (et la Couronne) pensent sérieusement que je faisais à semblant d’être le grand joueur Goulet. Quand j’étais plus jeune, je faisais effectivement à semblant d’être Goulet, avec mon bâton Titan signé, mais je n’ai jamais cru que ça allait devenir un jour une accusation criminelle sérieuse.
D’autres aspects de cette cause s’ajoutent à la farce: être arrêté et menotté dans un restaurant de Montréal et conduit à Québec sur la force d’un mandat d’arrestation, emprisonné une nuit durant, paradé menotté devant les médias, l’objection de la Couronne à ma libération conditionnelle. Ça inclut la déclaration de la Couronne que je constituerais une menace pour la ville de Québec, la tentative de me garder détenu jusqu’au procès, et le fait d’insister sur des conditions de libération qui m’auraient banni de Québec et forcé à fournir des empreintes digitales.
[J’ai déjà gagné une cause où il a été établi que des empreintes digitales ne peuvent pas être requises dans le cas d’accusations sommaires, incluant toutes les causes aux Cours municipales de Montréal et de Québec, et ce précédent légal peut dorénavant être appliqué plus largement. Pour plus de détails au sujet des empreintes digitales, voir ici ou ici.]
Normalement, les policiers auraient simplement envoyé par la poste une « promesse à comparaitre » au sujet des accusations relativement mineures, et je me serais simplement présenté en Cour à la date prévue, sans en faire toute une histoire. Au lieu de cela, dans les suites du maire de Québec qui me déclare un « crétin » et affirme qu’il me déteste, et des racistes d’extrême-droite qui se mobilisent pour me faire arrêter, les policiers de Québec, un juge de la Cour municipale (qui a signé le mandat d’arrêt) et les procureurs de la Couronne furent tous complices de la manufacture d’un spectacle légal sans aucune proportion avec les charges relativement mineures et peu sérieuses auxquelles je dois faire face. (Pour le contexte, voici ma réponse de la semaine dernière au maire de Québec).
La principale preuve utilisée contre moi lors de l’audience sur la remise en liberté a été l’entrevue que j’ai donnée le 21 août à LCN, le lendemain des manifestations à Québec … Pour les flics et la Couronne, cette vidéo devait prouver que je suis une personne dangereuse.
Depuis une semaine et demi, nous avons vu le maire de Québec, les procureurs de la Couronne, certains médias de masse, ainsi que les policiers, répéter les lignes racistes et mensongères de l’extrême-droite au sujet de ma personne et de mon rôle dans les manifestations (« gang à Singh », « chef de manifestations violentes », etc.). Ils sont l’expression normalisée, en veston-cravate, des skinheads racistes, comme ce type (écoutez à partir de 1:35).
Dans l’ensemble, les actions des autorités légales de Québec, de la police et du maire sont troublantes et dangereuses, et ne font que réaffirmer l’importance de l’organisation autonome et populaire contre le racisme et le fascisme.
Somme toute, j’ai été en mesure de récupérer beaucoup de sommeil (la seule chose à faire en détention, et je suis capable de dormir n’importe où), de me rappeler du support à l’extérieur, et de m’engager à nouveau à organiser, avec tant de gens parmi vous, la lutte contre l’extrême-droite raciste et anti-immigrant-e-s, à Montréal, à Québec et partout ailleurs. Continuons de nous organiser!
Ouvrez les frontières! Réfugié-e-s bienvenu-e-s!
— Jaggi Singh
#JeSuisMichelGoulet #NousSommesMichelGoulet