Montréal Contre-information
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Intifada partout : Action directe au bureau de Mélanie Joly

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Nov 012023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Une bannière a été accrochée devant l’immeuble où se trouve le bureau de Mélanie Joly (225 Chabanel O., Montréal). De la peinture rouge a été versée, et la liste des noms des Palestinien.ne.s tué.e.s par le génocide israélien en cours à Gaza (produite par le ministère de la Santé de Palestine) a été laissée devant la porte de l’immeuble.

La déclaration suit.


Le Canada, à nouveau coupable de génocide

Certains disent que Gaza est la plus grande prison du monde. Nous sommes tout à fait d’accord avec cette description, bien qu’il s’agisse désormais d’un euphémisme, puisque Gaza est devenu un camp d’extermination. Bloquer l’eau, la nourriture, les médicaments, l’électricité, le carburant et l’internet à une population entièrement dépendante des importations et de l’aide internationale, tout en la bombardant, ne peut produire qu’un seul résultat. Vous pouvez éviter le mot autant que vous voulez, mais la réalité est la suivante : le gouvernement israélien commet un génocide, au vu et au su de tous, Mélanie Joly, Justin Trudeau et le reste des invertébrés parasites qui sont censés représenter notre volonté et nos intérêts.

Le réseau international de complicité

Au moment où cette déclaration sera publiée, la dernière phase du génocide aura tué plus de 10 000 Palestiniens. Ce chiffre inclut des familles entières, des enseignant.e.s, des médecins, des journalistes, des étudiant.e.s, des chauffeurs, des infirmières, des vendeurs de rue, des artistes, etc. L’État colonial israélien teste chaque jour le seuil mondial des crimes contre l’humanité. Le Canada n’est peut-être pas celui qui largue un millier de bombes par jour à Gaza, ou qui distribue des fusils d’assaut à des colons déterminés à annexer et à abattre des familles. Cependant, Israël ne serait pas en mesure de le faire sans le soutien indéfectible des États impérialistes du « Nord global ». Israël n’existerait même pas aujourd’hui s’il n’était pas continuellement armé, financé et légitimé par les puissances impérialistes d’Europe, certaines de leurs anciennes colonies comme le Canada et l’Australie, et l’empire hégémonique des États-Unis.

Liée militairement par l’OTAN et économiquement par des accords commerciaux et des forums tels que le G7, cette coalition impériale entretient son alliance avec l’État fasciste d’Israël afin de conserver une forteresse militaire dans cette région historiquement stratégique. Cette alliance est cruciale pour la stratégie de déstabilisation mise en avant par les États-Unis, qui cherche à empêcher les peuples et les États de la région hostiles à l’hégémonie américaine de s’unir dans une lutte anti-impérialiste. Israël est essentiel à l’empire américain, qui est essentiel à la puissance canadienne. Les médias dominants, détenus par des conglomérats capitalistes ou des États, travaillent main dans la main avec cette coalition pour légitimer le nettoyage ethnique des Palestiniens en diffusant le discours fasciste déshumanisant du gouvernement israélien.

Solidarité internationale : Agir ici et maintenant !

Nous saluons celleux qui ont défilé dans les rues, bloqué les bureaux gouvernementaux et les fabricants d’armes, et exprimé leur solidarité sur les murs et les fenêtres de cette triste, triste, triste putain de ville construite sur des terres volées. Cependant, nous sommes convaincu.e.s que nous ne sommes pas les seul.e.s à être déçu.e.s et frustré.e.s par la passivité et le retard de nos camarades d’extrême gauche à prendre des mesures transformatrices contre le génocide en cours. Nous déplorons également les déclarations publiées par des organisations de gauche telles que [caviardé] qui ont mis sur un pied d’égalité la violence des colonisé.e.s et celle des colonisateurs.

Tout en comprenant la menace de violence à laquelle les militants sont confrontés de la part des puissantes forces sionistes internationales, nous puisons notre courage auprès de nos camarades en Palestine qui sont en première ligne de cette violence génocidaire et coloniale. Ils nous appellent à la solidarité. Le moment est venu de répondre à leurs appels à l’action sans hésitation. La solidarité n’est pas un slogan ni un hashtag. La solidarité se matérialise par l’action. S’abstenir de répondre rapidement et avec force aux appels à la grève, à la protestation, au sabotage et au boycott venant de Palestine, c’est donner un laissez-passer à « nos » gouvernements dans leur soutien inconditionnel à Israël.

Paix coloniale ou lutte de libération ?

La paix n’est pas l’absence de conflit ; la paix est la présence de la justice. La justice en Palestine, tout comme au Canada, signifie la décolonisation. Ce processus matériel implique que les colonisé.e.s récupèrent leurs terres, qu’iels puissent jouir du droit au retour et qu’iels obtiennent des réparations, ce qui, malheureusement pour nos alliés libéraux autoproclamés, signifie que la violence fera inévitablement partie du processus. Certes, abattre des « non-combattants » israéliens peut être critiqué d’un point de vue humaniste et stratégique. Néanmoins, nous devons garder à l’esprit qu’Israël est un État colonial de settlers dans lequel chaque citoyen.ne doit suivre une formation et un service militaires. Les « civils » d’Israël sont littéralement né.e.s pour servir un projet de nettoyage ethnique. Une population soumise quotidiennement à l’humiliation, à la répression de l’État et des colons, à la pauvreté artificielle, à l’apartheid et à la dépossession des terres, ne peut être tenue à un niveau moral plus élevé que celui de l’État fasciste israélien. Un cessez-le-feu, bien que nécessaire dans l’immédiat, n’est pas en soi une solution à long terme pour la population de Gaza ou de la Palestine.

Nous défendons une Palestine libérée, de la rivière à la mer.

En tant que citoyens de l’État colonial colonisateur du Canada, notre tâche immédiate n’est pas de délibérer sur la légitimité de l’opération Al-Aqsa Flood, mais plutôt d’aider la lutte palestinienne pour l’autodétermination en frappant le réseau international de complicité d’Israël. Cela implique de renverser nos propres États impérialistes, d’attaquer nos gouvernements et de bloquer la production capitaliste et l’exportation de marchandises vers Israël. Les fabricants d’armes qui alimentent le génocide du peuple palestinien par Israël doivent être bloqués, détruits et couverts de honte. Vous pouvez trouver les fabricants les plus proches de chez vous sur Worldbeyondwar.org (voir leur campagne « Canada : Stop Arming Israel »).

Demander l’application du droit international ou humanitaire est une entreprise sans espoir. Tant que les États-Unis et leurs laquais comme le « Canada » resteront les puissances dominantes d’un ordre international fondé sur le capitalisme et l’impérialisme, le nettoyage ethnique des Palestinien.ne.s se poursuivra, quels que soient les millions de personnes qui le dénoncent. Il ne s’agit pas d’une opinion, mais d’une simple description de la situation actuelle. Seul un soulèvement populaire et international, utilisant des moyens militants et des méthodes conflictuelles, a le potentiel de renverser le réseau international de complicité. Telle est notre solidarité.

Solidarité pour toujours, intifada partout.

Mettez fin à l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) et ouvrez les frontières !

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Juin 162023
 

De Solidarité sans frontières

Une coalition de groupes à but non lucratif dédiés à la solidarité avec les personnes réfugiées organise présentement une marche, qui se tiendra dans les prochains jours en protestation contre l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS). Nous voulions prendre le temps de le partager avec vous, dans un esprit de solidarité critique. Nous savons que les organisateur.trices de la marche ont énormément travaillé à cette action, et trop de nos membres ont elles et eux-mêmes fait face à la violence qu’inflige l’ETPS.

Nous voulons souligner par la même occasion que l’ETPS constitue, plus largement, une manifestation particulièrement hypocrite de la violence coloniale, raciste et capitaliste des frontières; elle s’inscrit dans un système impérialiste auquel participe activement le Canada.

Nous demandons, comme les organisateur.trices de la marche, la fin de l’ETPS, et ce, dans le cadre de notre combat plus large pour l’abolition des frontières. Nous militons pour un statut pour toutes les personnes migrantes sans papiers ici au “Canada”, ainsi que pour la régularisation à l’entrée pour tous celles et ceux qui, de force ou de par leur propre choix, immigrent ici. Nous croyons que les migrant.es méritent dignité et sécurité, peu importe leur capacité à contribuer à l’économie capitaliste et peu importe les raisons pour lesquelles ils et elles quittent leur chez-soi d’origine.

Personne n’est illégal.e sur des terres volées!

Marche – June 17-18-19 de Montreal à Roxham Road
www.facebook.com/events/286104663755514/

Avis à la communauté. Les déportations augmentent. Soutenons-nous les uns les autres et restons en sécurité

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Juin 152023
 

De Solidarité sans frontières

Montréal, 11 juin 2023 – Le réseau de Solidarité Sans Frontières a constaté une augmentation du nombre de personnes convoquées aux bureaux de l’ASFC à Montréal pour entamer des procédures de déportation. De plus, ces dernières semaines, nous avons eu connaissance de deux incidents où l’ASFC (la police des frontières) s’est présentée au domicile de membres sans papiers de la communauté. Ils étaient tous deux sous le coup d’un mandat d’arrêt pour ne pas s’être présentés à leur déportation. L’ASFC a trouvé leur adresse et s’est rendue à leur domicile pour les arrêter.

Nous envoyons cet avis pour que les gens soient informés et préparés.

Pourquoi cela se passe-t-il?

Il se peut que l’ASFC rattrape finalement le retard accumulé après la pandémie. C’est peut-être la façon dont l’ASFC se prépare au programme de régularisation tant attendu. Il y a peut-être d’autres raisons. Il nous est impossible d’en être sûr·e·s.

Que pouvons-nous faire ?

Voici quelques suggestions tirées de notre expérience collective sur les moyens de nous protéger et de protéger les autres.

1) Ma demande d’asile a été refusée et j’ai reçu une lettre de l’ASFC

Si votre demande d’asile a été refusée et que vous recevez une lettre de l’ASFC vous demandant de vous présenter pour entamer une procédure d’expulsion, envisagez de prendre contact avec Solidarité Sans Frontières ou une organisation en laquelle vous avez confiance. Nous pouvons vous donner des informations de base sur ce à quoi vous pouvez vous attendre et des conseils généraux. La connaissance, c’est le pouvoir, et nous partagerons tout ce que nous pourrons.

Si d’autres membres de votre communauté sont également menacés d’expulsion, envisagez d’organiser une réunion communautaire. Vous pouvez planifier une action collective pour lutter contre les expulsions et réclamer la régularisation ensemble. Les étudiant·e·s internationaux et internationales indien·ne·s en Ontario sont un exemple inspirant de ce qui peut être fait pour lutter contre les déportations. Ils en sont actuellement à leur 15e jour de sit-in devant les bureaux de l’ASFC. Contactez-nous, Solidarité sans frontières essaiera de soutenir vos actions. Voir ci-dessous.

2) Je suis resté·e après une date d’expulsion et/ou je ne me suis pas présenté·e à une rencontre avec l’ASFC

Si vous êtes déjà resté·e au Canada après une date d’expulsion, ou si vous ne vous êtes pas rendu·e à une réunion à laquelle l’ASFC vous avait ordonné de vous rendre, un mandat d’arrêt a probablement été émis contre vous (sauf si vous aviez moins de 16 ans à l’époque).

De nombreuses personnes dans cette situation déménagent si l’ASFC a leur adresse et ensuite gardent leur nouvelle adresse confidentielle. Cependant, il arrive que l’ASFC les retrouve et se rende à leur domicile pour les arrêter. D’après notre expérience, cela se produit généralement parce que d’autres personnes connaissant leur situation les ont dénoncées à l’ASFC. Il est bon de se préparer à une visite de l’ASFC à votre domicile, même si vous pensez qu’elle ne connaît pas votre adresse.

Faits et expériences importantes

  • Un mandat d’arrêt à votre encontre ne donne pas à l’ASFC le droit légal de pénétrer ou de s’introduire dans votre domicile. Les agents de l’ASFC ne peuvent pénétrer de force dans votre domicile que s’ils disposent d’un mandat de perquisition autorisé par un tribunal ou si quelqu’un est en danger. Cela signifie que, dans la plupart des cas, ils ne sont pas légalement autorisés à entrer dans l’appartement si la personne qui répond à la porte leur dit qu’ils ne peuvent pas entrer.
  • Si vous vivez avec quelqu’un et que cette personne répond à la porte, elle a le droit de garder le silence. Elle n’est pas obligée de répondre aux questions de l’ASFC. En réalité, il peut être très difficile de garder le silence. Réfléchir à l’avance à ce que cette personne dira et s’entraîner à le faire est une très bonne idée. Il est important de noter que lorsque l’ASFC est venue arrêter une personne sans papiers dans le passé, elle disposait des informations complètes sur la personne, y compris sa photo. Les agents de l’ASFC ont montré cette photo à la personne qui répondait à la porte et lui ont demandé si la personne sans papiers était chez elle.
  • Par le passé, lorsque l’ASFC est arrivée à un domicile, elle a placé des agent·e·s à toutes les sorties, afin d’attraper les personnes qui tenteraient de s’enfuir par la porte arrière.
  • Il est arrivé que des personnes sans papiers qui sont restées discrètement à l’intérieur et n’ont pas ouvert la porte à l’arrivée de l’ASFC parviennent à rester en sécurité.

Élaborez un plan de sécurité

Élaborez un plan à l’avance. Cela peut vous aider à rester calme et à agir au meilleur de vos intérêts si l’ASFC vient frapper à votre porte. Réfléchissez à la façon dont vous et les personnes avec lesquelles vous vivez agirez si l’on frappe à votre porte. Voici quelques questions que vous pouvez vous poser: Est-il vraiment nécessaire d’ouvrir la porte si vous n’attendez pas de visiteurs ? Si vous devez ouvrir la porte, qui devrait le faire ? Que dira la personne qui ouvre la porte s’il s’agit de l’ASFC et qu’elle vous demande ? Où serez-vous lorsque l’autre personne ouvrira la porte ? Si vous vivez avec des personnes qui ne connaissent pas votre situation ou qui sont trop effrayées par l’ASFC pour vous protéger, comment devez-vous vous préparer ?

Autres précautions

L’ASFC ne semble pas mener d’enquêtes proactivement, mais de nombreuses personnes prennent des précautions de base, par exemple en n’utilisant pas leur vrai nom sur Facebook ou des photos de leur visage claires sur Facebook. Si vous recevez des messages non sollicités comme des offres d’emploi, il est préférable de ne pas y répondre ou de demander à un ami de confiance ou à une organisation de vérifier l’authenticité du message avant d’y répondre.

3) Mon visa de travail, d’études ou de voyage est expiré ou annulé et je n’ai pas quitté le pays

Si vous êtes entré·e au Canada avec un visa de travail, d’études ou de voyage valide et que vous n’avez pas quitté le pays après l’expiration ou l’annulation de votre visa, un mandat d’arrêt n’est pas automatiquement émis contre vous. Bien que l’ASFC (ou la police) puisse toujours vous arrêter si elle est informée de votre statut, normalement, elle ne vous recherchera pas activement. Vous n’êtes tout simplement pas sur leur radar.

Pourquoi l’action collective est importante

Bien qu’il soit essentiel de se préparer individuellement, il est important de se rappeler que vous n’êtes pas seul·e face à un système d’immigration et d’asile injuste, où les lois sont utilisées pour justifier le fait de forcer violemment les gens à partir. Nous devons continuer à nous organiser, à nous mobiliser et à lutter collectivement contre la détention et l’expulsion des migrants, qui brisent des vies, des familles et des communautés. Des victoires politiques sont possibles.

Solidarité Sans Frontières et ses allié·e·s font actuellement campagne pour pousser le gouvernement à accorder un statut permanent à toutes les personnes sans papiers et aux réfugié·e·s refusé·e·s au Canada, et à mettre immédiatement fin aux déportations et aux détentions. Le gouvernement est à l’écoute : le Premier ministre Justin Trudeau a chargé le ministre de l’Immigration Sean Fraser d’explorer la possibilité d’un programme de régularisation, et les sans-papiers ont rencontré directement M. Fraser pour lui dire ce qu’ils voulaient en octobre dernier. Fraser a promis que les déportations cesseraient lorsqu’un programme de régularisation serait annoncé.

Rejoignez-nous dans cette lutte, car un statut pour tous et toutes nous aidera à être plus en sécurité. Veuillez écrire, appeler ou visiter tous et toutes les ministres du Cabinet fédéral au Québec. Venez à une assemblée en ligne le 14 juin à 19h. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions, si vous avez besoin de soutien ou si vous voulez rejoindre la lutte pour un #StatutpourToutesl !

Uni·e·s, nous sommes fort·e·s.

Téléphone: 514-809-0773
Email: solidaritesansfrontieres@gmail.com
Site Internet: www.solidaritesansfrontieres.org
Facebook: https://www.facebook.com/CiteSansFrontieres
Instagram: https://www.instagram.com/ssf.sab
Twitter: https://twitter.com/SolidariteMTL

Prison pour migrant.e.s de Laval : Campagne de financement pour les livraisons aux détenu.e.s

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Juin 022023
 

De Solidarité sans frontières

Depuis l’ouverture d’une nouvelle prison pour migrants à Laval (Québec) en octobre 2022, les détenus ne cessent de nous parler de leurs terribles conditions de détention. Les visites en personne ont été suspendues, alors que les détenus n’ont pas accès à leurs médicaments, se sont plaints d’être servis avec de la nourriture avariée, et beaucoup ont continué à voir leur santé mentale se détériorer. Tout cela dans un établissement flambant neuf, que le gouvernement fédéral a présenté comme une forme de détention « plus humaine ». Aujourd’hui plus que jamais, il est clair que la détention ne peut jamais être « humaine », et que seul l’arrêt de la pratique de la détention d’immigrants dans son intégralité peut mettre fin à ces abus.

Alors que nous travaillons à notre objectif ultime d’abolir la détention des immigrants et d’obtenir un statut pour tous, nous faisons ce que nous pouvons pour soutenir les détenus au jour le jour. Bien que les visites aient été suspendues, nous sommes toujours en mesure d’apporter des livraisons à la prison. Les demandes les plus courantes concernent des brosses à dents et du dentifrice, du shampoing et du savon, des chaussettes et des sous-vêtements, du déodorant, des cigarettes, des cartes téléphoniques internationales et des vêtements, en particulier des vêtements d’hiver. Ces modestes contributions peuvent apporter un peu de dignité et améliorer les conditions de vie des détenus, mais surtout, elles envoient le message aux détenus qu’ils ne sont pas seuls, que d’autres personnes sont conscientes de ce qu’ils traversent et que des gens reconnaissent l’injustice de leurs mauvais traitements. À l’extérieur, nos livraisons nous permettent de rester en contact avec les détenus et d’ancrer notre travail politique dans la réalité, car nous luttons à leurs côtés pour leur libération.

Nous lançons un appel aux dons afin de poursuivre les livraisons. Tout montant que vous pouvez donner peut contribuer grandement à apporter un soutien à une personne enfermée dans la prison pour migrants de Laval.

Plus important encore, nous avons besoin que les gens dénoncent continuellement la pratique du Canada d’emprisonner les migrants. Plutôt que de verser des millions de dollars dans la construction de nouvelles prisons pour migrants, comme celle de Laval, le gouvernement fédéral doit se concentrer sur la vraie solution : un programme de régularisation continu et inclusif ! La lutte continue jusqu’à ce que chaque dernier détenu soit libéré ! Libérez-les toutes et tous, un statut pour toutes et tous !

https://www.gofundme.com/f/detention-delivery-fundraiser

Qu’est-ce que l’Entente sur les tiers pays sûrs?

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Mar 302023
 

De Solidarité sans frontières

Un élargissement soudain : Sans avertissement, à minuit et une minute samedi dernier, l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) a été élargie et s’applique désormais à l’ensemble des 9 000 kilomètres de la frontière entre les États-Unis et le Canada.

Expulsion sans équité procédurale : En vertu de l’ETPS, toute personne migrante interceptée en train de traverser la frontière à pied ou par voie navigable sans visa peut maintenant être expulsée sans être entendue. Les personnes qui arrivaient auparavant au Québec par le chemin Roxham sont donc maintenant expulsées.

Les demandeur.euse.s d’asile intercepté.e.s dans les 14 jours suivant leur entrée au Canada peuvent être expulsé.e.s : Tout.e demandeur.euse d’asile arrivé.e des États-Unis doit maintenant prouver avoir été au Canada pour une période de 14 jours consécutifs pour pouvoir présenter une demande. À défaut de pouvoir le faire, elles et ils seront expulsé.e.s sans être entendu.e.s, à quelques exceptions près.

Les migrant.e.s en crise du côté américain de la frontière : les personnes migrantes qui arrivent au Canada à pied sont maintenant arrêtées, et celles et ceux qui ne remplissent pas les critères justifiant une exception sont remises aux autorités frontalières américaines qui les emprisonnent ou les laissent dans la ville de Plattsburgh, dans l’état de New York. La plupart de ces personnes n’ont nulle part où aller, ayant dépensé toutes leurs économies pour se rendre à la frontière. Bien des personnes migrantes n’ont pas de vêtements d’hiver pour se protéger de températures qui descendent souvent sous zéro.

Bien que l’élargissement de l’entente soit récent, l’ETPS, elle, ne l’est pas, ayant été conclue en décembre 2004. Jusqu’au week-end dernier, elle ne s’appliquait qu’aux points d’entrée dits « officiels », c’est-à-dire que les réfugié.e.s qui traversaient la frontière à pied à n’importe quel autre endroit sur la frontière pouvaient toujours solliciter le statut de réfugié.e. Dans les dernières années, le chemin Roxham est devenu le passage le plus fréquemment emprunté.

Les États-Unis ne sont pas sécuritaires pour les réfugié.e.s : L’ETPS a été créée en partant du principe que les réfugié.e.s arrivant au Canada ou aux États-Unis doivent demander le statut de réfugié.e dans le premier « pays sûr » dans lequel elles et ils arrivent. Cependant, les États-Unis ne constituent plus un « pays sûr » pour tou.te.s les réfugié.e.s. En 2022, par exemple, le taux d’acceptation des réfugié.e.s haïtien.ne.s aux États-Unis était de 8 % ; pour les réfugié.e.s en provenance du Mexique, ce taux était de 5 %. Les réfugié.e.s sont fréquemment criminalisé.e.s; les enfants, fréquemment emprisonné.e.s;  et il faut des années pour obtenir une décision sur une demande d’asile.

Déjà, des migrant.e.s perdaient la vie : l’ETPS forçait déjà de nombreuses personnes à entreprendre des voyages dangereux pour traverser la frontière, et ce, dans les deux sens. Au cours des derniers mois, deux personnes migrantes, Fritznel Richard et Jose Leos Cervantes, sont morts en traversant vers les États-Unis à pied depuis le Canada.

Un élargissement qui entraînera encore plus de souffrances pour les migrant.e.s : L’ETPS s’appliquant désormais à la frontière dans son entièreté, les migrant.e.s devront emprunter des passages encore plus reculés et difficiles à traverser pour éviter d’être détecté.e.s. Par conséquent, beaucoup d’autres personnes mourront. De plus, la règle des 14 jours signifie que les demandeur.euse.s d’asile qui traversent à pied devront entrer dans la clandestinité pendant deux semaines, période au cours de laquelle elles et ils seront grandement à risque d’être exploité.e.s et maltraité.e.s.

Le premier ministre Trudeau a baissé les bras face au racisme : Même s’il n’a été annoncé que vendredi, l’élargissement de l’ETPS a été négocié en secret il y a plus d’un an. Il s’agissait d’une réponse aux demandes anti-réfugié.e.s croissantes émanant de politiciens racistes. Dépendant de la source d’information gouvernementale à laquelle on se fie, entre 20 000 et 40 000 réfugié.e.s, presque tou.te.s racialisé.e.s, seraient entré.e.s à pied au Canada depuis les États-Unis en 2022. Au cours de cette période, plus d’un demi-million d’Ukrainien.ne.s, presque tous blanc.he.s, ont obtenu des permis pour venir au Canada, sans que cela ne cause une réaction hostile.

Mais ce n’est pas encore fini. La Cour suprême du Canada rendra bientôt sa décision sur la légalité de l’ETPS. Même dans l’éventualité où la Cour trancherait en faveur de l’Entente, les personnes migrantes et les réfugié.e.s continueront de prendre toutes les mesures nécessaires pour se déplacer dans la sécurité et la dignité. En tant que mouvements de personnes migrantes, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les soutenir. Nous devons continuer à nous opposer à la guerre, à l’inaction climatique et à l’oppression économique dans les pays du Sud, dont le Canada profite, et qui obligent les gens à migrer.

Nous allons continuer à nous battre pour un statut pour tou.te.s : nous allons continuer à agir pour les droits et la dignité de toutes les personnes migrantes et à exiger le statut de résidence permanente pour tou.te.s, car c’est le seul moyen d’accéder aux droits et à la liberté. En ce moment, nous agissons pour :

  • La régularisation des sans-papiers, sans exception. Nous voulons un programme non plafonné qui accorde le statut de résident.e permanent.e à tou.te.s les sans-papiers, sans exception. Nous devons nous engager à faire tout ce qui est nécessaire pour nous assurer que personne n’est laissé pour compte.
  • Les travailleur.euse.s migrant.e.s, y compris les travailleur.euse.s sociaux.ales, les travailleur.euse.s agricoles et les travailleur.euse.s de la pêche, doivent obtenir le statut de résident.e permanent.e et être uni.e.s à leurs familles, et ce, sans exigences injustes en matière d’accréditations scolaires et de tests linguistiques.
  • Tous les travailleur.euse.s migrant.e.s, sans exception et y compris les travailleur.euse.s saisonnier.ère.s, doivent obtenir un statut de résident.e permanent.e et jouir des droits au travail et au logement.
  • Les personnes migrantes étudiantes travailleuses doivent avoir accès à un traitement équitable à l’école ainsi qu’au travail, et doivent pouvoir obtenir le statut de résident.e permanent.e sans subir d’exclusion.

Un élargissement soudain : Sans avertissement, à minuit et une minute samedi dernier, l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) a été élargie et s’applique désormais à l’ensemble des 9 000 kilomètres de la frontière entre les États-Unis et le Canada.

Expulsion sans équité procédurale : En vertu de l’ETPS, toute personne migrante interceptée en train de traverser la frontière à pied ou par voie navigable sans visa peut maintenant être expulsée sans être entendue. Les personnes qui arrivaient auparavant au Québec par le chemin Roxham sont donc maintenant expulsées.

Les demandeur.euse.s d’asile intercepté.e.s dans les 14 jours suivant leur entrée au Canada peuvent être expulsé.e.s : Tout.e demandeur.euse d’asile arrivé.e des États-Unis doit maintenant prouver avoir été au Canada pour une période de 14 jours consécutifs pour pouvoir présenter une demande. À défaut de pouvoir le faire, elles et ils seront expulsé.e.s sans être entendu.e.s, à quelques exceptions près.

Les migrant.e.s en crise du côté américain de la frontière : les personnes migrantes qui arrivent au Canada à pied sont maintenant arrêtées, et celles et ceux qui ne remplissent pas les critères justifiant une exception sont remises aux autorités frontalières américaines qui les emprisonnent ou les laissent dans la ville de Plattsburgh, dans l’état de New York. La plupart de ces personnes n’ont nulle part où aller, ayant dépensé toutes leurs économies pour se rendre à la frontière. Bien des personnes migrantes n’ont pas de vêtements d’hiver pour se protéger de températures qui descendent souvent sous zéro.

Bien que l’élargissement de l’entente soit récent, l’ETPS, elle, ne l’est pas, ayant été conclue en décembre 2004. Jusqu’au week-end dernier, elle ne s’appliquait qu’aux points d’entrée dits « officiels », c’est-à-dire que les réfugié.e.s qui traversaient la frontière à pied à n’importe quel autre endroit sur la frontière pouvaient toujours solliciter le statut de réfugié.e. Dans les dernières années, le chemin Roxham est devenu le passage le plus fréquemment emprunté.

Les États-Unis ne sont pas sécuritaires pour les réfugié.e.s : L’ETPS a été créée en partant du principe que les réfugié.e.s arrivant au Canada ou aux États-Unis doivent demander le statut de réfugié.e dans le premier « pays sûr » dans lequel elles et ils arrivent. Cependant, les États-Unis ne constituent plus un « pays sûr » pour tou.te.s les réfugié.e.s. En 2022, par exemple, le taux d’acceptation des réfugié.e.s haïtien.ne.s aux États-Unis était de 8 % ; pour les réfugié.e.s en provenance du Mexique, ce taux était de 5 %. Les réfugié.e.s sont fréquemment criminalisé.e.s; les enfants, fréquemment emprisonné.e.s;  et il faut des années pour obtenir une décision sur une demande d’asile.

Déjà, des migrant.e.s perdaient la vie : l’ETPS forçait déjà de nombreuses personnes à entreprendre des voyages dangereux pour traverser la frontière, et ce, dans les deux sens. Au cours des derniers mois, deux personnes migrantes, Fritznel Richard et Jose Leos Cervantes, sont morts en traversant vers les États-Unis à pied depuis le Canada.

Un élargissement qui entraînera encore plus de souffrances pour les migrant.e.s : L’ETPS s’appliquant désormais à la frontière dans son entièreté, les migrant.e.s devront emprunter des passages encore plus reculés et difficiles à traverser pour éviter d’être détecté.e.s. Par conséquent, beaucoup d’autres personnes mourront. De plus, la règle des 14 jours signifie que les demandeur.euse.s d’asile qui traversent à pied devront entrer dans la clandestinité pendant deux semaines, période au cours de laquelle elles et ils seront grandement à risque d’être exploité.e.s et maltraité.e.s.

Le premier ministre Trudeau a baissé les bras face au racisme : Même s’il n’a été annoncé que vendredi, l’élargissement de l’ETPS a été négocié en secret il y a plus d’un an. Il s’agissait d’une réponse aux demandes anti-réfugié.e.s croissantes émanant de politiciens racistes. Dépendant de la source d’information gouvernementale à laquelle on se fie, entre 20 000 et 40 000 réfugié.e.s, presque tou.te.s racialisé.e.s, seraient entré.e.s à pied au Canada depuis les États-Unis en 2022. Au cours de cette période, plus d’un demi-million d’Ukrainien.ne.s, presque tous blanc.he.s, ont obtenu des permis pour venir au Canada, sans que cela ne cause une réaction hostile.

Mais ce n’est pas encore fini. La Cour suprême du Canada rendra bientôt sa décision sur la légalité de l’ETPS. Même dans l’éventualité où la Cour trancherait en faveur de l’Entente, les personnes migrantes et les réfugié.e.s continueront de prendre toutes les mesures nécessaires pour se déplacer dans la sécurité et la dignité. En tant que mouvements de personnes migrantes, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les soutenir. Nous devons continuer à nous opposer à la guerre, à l’inaction climatique et à l’oppression économique dans les pays du Sud, dont le Canada profite, et qui obligent les gens à migrer.

Nous allons continuer à nous battre pour un statut pour tou.te.s : nous allons continuer à agir pour les droits et la dignité de toutes les personnes migrantes et à exiger le statut de résidence permanente pour tou.te.s, car c’est le seul moyen d’accéder aux droits et à la liberté. En ce moment, nous agissons pour :

  • La régularisation des sans-papiers, sans exception. Nous voulons un programme non plafonné qui accorde le statut de résident.e permanent.e à tou.te.s les sans-papiers, sans exception. Nous devons nous engager à faire tout ce qui est nécessaire pour nous assurer que personne n’est laissé pour compte.
  • Les travailleur.euse.s migrant.e.s, y compris les travailleur.euse.s sociaux.ales, les travailleur.euse.s agricoles et les travailleur.euse.s de la pêche, doivent obtenir le statut de résident.e permanent.e et être uni.e.s à leurs familles, et ce, sans exigences injustes en matière d’accréditations scolaires et de tests linguistiques.
  • Tous les travailleur.euse.s migrant.e.s, sans exception et y compris les travailleur.euse.s saisonnier.ère.s, doivent obtenir un statut de résident.e permanent.e et jouir des droits au travail et au logement.
  • Les personnes migrantes étudiantes travailleuses doivent avoir accès à un traitement équitable à l’école ainsi qu’au travail, et doivent pouvoir obtenir le statut de résident.e permanent.e sans subir d’exclusion.

Nous le répétons, les frontières tuent, la négligence de l’ASFC tue

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Jan 072023
 

De Solidarité sans frontières

Nous dénonçons la mort de migrants au centre de détention de Surrey, en Colombie-Britannique, et au chemin Roxham.

Nous sommes une fois de plus enragée-s et attristé-e-s d’apprendre la mort de deux migrants en l’espace de deux semaines.

Le 27 décembre, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a annoncé qu’un détenu avait été déclaré mort le 25 décembre au centre de détention de l’ASFC de Surrey, en Colombie-Britannique. Le 5 janvier, la Sûreté du Québec a confirmé avoir trouvé le corps sans vie d’un homme près de du chemin Roxham, un passage irrégulier entre les États-Unis et le Canada.

Nous déplorons la mort de l’homme migrant près du chemin Roxham et tenons le gouvernement canadien pour responsable et redevable de cette mort. Bien que nous ne connaissions pas la cause du décès, nous pouvons affirmer avec certitude que personne ne devrait avoir à mourir seul-e en essayant de traverser la frontière au prix d’un grand stress personnel, de dangers et de dépenses importantes. Toute personne a le droit de migrer, le droit de résister aux déplacements forcés et le droit de retourner dans son pays d’origine si elle le souhaite.

Rappelons-nous que c’est l’Entente sur les tiers pays sûrs qui oblige les gens à choisir des moyens plus risqués pour traverser la frontière. Cette entente est un accord entre le Canada et les États-Unis qui est en vigueur depuis 2004 et qui stipule que les États-Unis et le Canada désignent l’autre pays comme un pays sûr pour les réfugié-e-s et ferment la porte à la plupart des demandeur-se-s d’asile à la frontière canado-américaine. Cet accord a été largement critiqué par de nombreuses organisations et par les migrant-e-s et les réfugié-e-s elleux-mêmes, notamment parce qu’il porte atteinte au droit de toute personne fuyant les persécutions de demander l’asile. En vertu de cet accord, les migrant-e-s et les réfugié-e-s qui présentent une demande d’asile aux postes frontaliers officiels du Canada et qui ne répondent pas aux critères sont automatiquement renvoyé-e-s aux États-Unis sans procédure régulière. En conséquence, de nombreux-ses migrant-e-s et réfugié-e-s se résignent à traverser la frontière canado-américaine par des points d’entrée dits « irréguliers », dont le chemin Roxham, parfois au péril de leur vie, comme ce qui vient de se produire.

Quant au décès de la personne détenue par l’ASFC, il est mentionné dans leur communiqué que les proches du migrant décédé ont été contacté-e-s, mais on n’y trouve aucune information concernant le nom de la personne, son âge, son sexe, son pays d’origine, et encore moins la raison ou la durée de sa détention. De plus, aucune information sur les circonstances dans lesquelles la personne est décédée au centre de détention (à savoir pourquoi ils n’ont pas pu amener la personne à l’hôpital à temps pour lui sauver la vie) n’a été divulguée. Comme d’habitude, l’ASFC prétend agir ainsi « pour des raisons de confidentialité » (source : déclaration de l’ASFC).

Le décès de ce migrant dans la prison de Surrey (Colombie-Britannique) fait écho à celui d’une autre personne détenue à Laval (Québec) en janvier 2022. L’ASFC n’a pas non plus partagé de détails, notamment sur les circonstances du décès de cette personne, et a insisté sur le fait qu’aucune information ne serait divulguée car une « enquête est en cours ». Près d’un an plus tard, il n’y a toujours pas eu de mise à jour. Il devient de plus en plus clair que l’ASFC ne cherche qu’à masquer la violence de son régime de détention et à s’assurer qu’elle ne sera jamais tenue responsable des décès survenus sous sa garde, tout en tentant d’échapper à l’examen public.

La personne qui est décédée à Surrey, en Colombie-Britannique, est morte dans le centre de détention pour migrant-e-s nouvellement construit. Ironiquement, à Montréal, des groupes ont protesté contre la nouvelle prison pour migrant-e-s, ce soi-disant centre de détention, qui est présenté comme un endroit plus confortable pour les personnes détenues. Une prison reste une prison, qu’il y ait une cour à l’intérieur ou non. Ces installations sont inhumaines et le traitement des personnes qui y sont détenues reste brutal et, comme nous l’avons vu, parfois mortel. Les millions de dollars dépensés dans de nouvelles installations ne remplacent pas la liberté. Aucun emprisonnement n’apporte justice ou dignité.

Nous le répétons : les frontières tuent, la négligence de l’ASFC tue. Aucun-e migrant-e, aucun être humain, ne devrait avoir à subir un traitement aussi cruel. Nous continuerons de nous battre jusqu’à ce que chaque personne soit libre.

La façon dont l’ASFC gère la détention et les soins médicaux des personnes détenues montre clairement comment elle déshumanise les gens pendant leur détention et aussi lorsqu’elles décèdent. Il ne suffit que d’observer le nombre de décès pour comprendre l’ampleur du phénomène ; au cours des vingt dernières années, au moins 17 personnes sont mortes en détention :

Bolante Idowu Alo
Abdurahman Ibrahim Hassan
Fransisco Javier Roméro Astorga
Melkioro Gahung
Jan Szamko
Lucia Vega Jimenez
Joseph Fernandes
Kevon O’Brien Phillip
Homme non-identifié
Shawn Dwight Cole
Homme non-identifié
Joseph Dunn
Personne non-identifiée
Sheik Kudrath
Prince Maxamillion Akamai
Personne non-identifiée
Personne non-identifiée

« Aussi longtemps que l’ASFC continuera de détenir des migrant-e-s, les décès en détention se poursuivront », est-il écrit dans une déclaration conjointe publiée par des organisations pour la justice migratoire basées en Colombie-Britannique.

Nous, les groupes soussignés, sommes solidaires de la famille de la personne tuée et des groupes en soit-disant Colombie-Britannique qui sont en première ligne pour combattre cette injustice.

Rappelons-nous que la détention fait partie intégrante de la matrice répressive du système d’immigration canadien. C’est un outil que l’État canadien impérialiste utilise pour se dégager de toute responsabilité envers les personnes qui migrent pour une vie meilleure, qui cherchent à quitter des situations de pauvreté, d’exploitation et de violence, où l’État et les entreprises canadiennes sont souvent complices de la création de ces mêmes conditions.

L’objectif de l’appareil de détention de l’État est de dissuader les gens d’entrer dans la forteresse du Canada. Cela opprime les migrant-e-s et les oblige à vivre en marge, isolé-e-s et dans la clandestinité, craignant constamment d’être arrêté-e-s et emprisonné-e-s. La pratique de l’emprisonnement des migrant-e-s favorise en fait l’exploitation des personnes vulnérables qui doivent travailler et vivre dans des conditions abusives et dangereuses, sans recours ni protection.

Nous dénonçons la mort de ces deux migrants sur le chemin Roxham et dans le centre de détention de Surrey, en soit-disant Colombie-Britannique, et exigeons que cette violence et l’impunité de l’ASFC cessent. Pas une mort de plus.

Nous exigeons des frontières ouvertes, la fin de l’Entente sur les tiers pays sûrs, et la libre circulation des personnes en quête de justice et de dignité, c’est-à-dire la liberté de se déplacer, la liberté de revenir et la liberté de rester.

Arrêtons les détentions, arrêtons les déportations ! Nous exigeons un programme de régularisation complet et continu, sans exceptions ni discriminations !

Endossé par :

Butterfly (Asian and Migrant Sex Workers Support Network)
Carranza LLP
Migrant Workers Alliance for Change
Migrante Canada
Migrante BC
No One Is Illegal Toronto
Parkdale Community Legal Services
RAMA Okanagan
RAMA Isla
Sanctuary Health
Sanctuary Students Solidarity & Support Collective
Solidarity Across Borders
Vancouver Committee for Domestic Workers and Caregivers Rights
Workers’ Action Centre

Une occasion unique dans une vie

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Août 152022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

En 1973, Pierre Elliott Trudeau a promulgué un programme de régularisation qui a permis à 39 000 sans-papiers vivant au soi-disant canada d’être finalement reconnus comme citoyen-ne-s. Bien qu’il y ait eu d’autres programmes de régularisation au fil des ans, celui-ci a été, de loin, le plus important mis en œuvre [1].

Vous avez peut-être remarqué que ce grand programme de régularisation a eu lieu il y a presque 50 ans, par le père de l’actuel premier ministre, Justin Trudeau. Et si l’on peut compter sur Trudeau, c’est pour faire un grand geste commémoratif pour l’occasion.

Car nous sommes vraiment dans une situation de tempête parfaite pour la régularisation des sans-papiers. Premièrement, nous sommes confrontés à une grave pénurie de main-d’œuvre. De nombreux emplois essentiels ne trouvent pas preneur en raison des conditions de travail difficiles et des mauvais salaires. Les sans-papiers travaillent actuellement, bien sûr, puisque la plupart des gens ne peuvent survivre au Canada sans emploi. Mais sans un numéro d’assurance sociale valide, de nombreux emplois restent inaccessibles, surtout dans les postes gouvernementaux.

Deuxièmement, il y a déjà beaucoup de sans-papiers dans les emplois essentiels de la santé et de la production alimentaire, parce que ce sont les emplois les plus merdiques que l’on puisse faire. Et nous avons besoin d’eux pour continuer à fonctionner en tant que société, bien plus que nous avons besoin de banquiers véreux, de comptables de paradis fiscaux et d’avocats d’affaires inutiles, de toute manière. Mais il est de plus en plus honteux de voir comment le gouvernement finit par payer des sans-papiers pour ces emplois. C’est même carrément embarrassant, vu la façon dont ils sont traités.

Et troisièmement, le gouvernement minoritaire de Trudeau a un besoin urgent de voler des voix à la gauche. Par conséquent, le gouvernement libéral a présenté la motion M-44 en mai 2021 pour faire avancer les choses [2]. Mais si cela peut ressembler à un vaste programme de régularisation, il ne faut pas se leurrer : ils veulent voler des voix à la gauche, tout en ne s’aliénant pas leur droite raciste. En l’état actuel des choses, il pourrait s’agir uniquement d’un programme de régularisation libéral : par et pour l’industrie, les banquiers, la bourse. Et pas pour, vous savez, les personnes à qui l’on refuse actuellement l’accès à la citoyenneté.

La réalité de la vie des sans-papiers

Ok, alors pourquoi nous en soucierions-nous ? Nous voulons détruire le soi-disant État canadien de toute façon, pourquoi voudrions-nous voir plus de gens acceptés par lui ? Pourquoi la citoyenneté dans un état colonial est-elle importante ?

Eh bien, pour commencer, nous n’avons pas au soi-disant Canada la même infrastructure de soutien aux sans-papiers qu’au sud de la frontière. Il n’y a pas beaucoup d’organisations à but non lucratif pour les supporter ici, et celles qui sont présentes sont souvent submergées de personnes qui s’accrochent encore aux filières officielles de la citoyenneté. Sur le plan juridique, nos gouvernements provinciaux racistes n’ont pas permis le genre d’échappatoires que l’on peut voir en Californie. Et les municipalités ont très peu de pouvoir, surtout quand on se rappelle que la police est contrôlée aux niveaux provincial et fédéral. De toute façon, l’approche de Projet Montréal de « financer les cochons, peu importe ce qu’ils demandent » n’augure rien de bon.

Les soins de santé pour les sans-papiers sont une blague macabre. Si vous n’avez pas votre « carte soleil », vous êtes à peu près condamné. Soit vous devez payer le prix fort pour voir un médecin et obtenir une ordonnance, et vous devez encore payer le prix complet pour les médicaments. Et ça c’est si le docteur ne vous dénonce pas aux porcs. Les médecins prennent ce serment d’hypocrite à coeur…

Les anarchistes de Tio’tia:ke (Montréal) se souviendront d’une camarade sans-papiers qui est progressivement devenue aveugle, car elle ne pouvait pas se payer les rendez-vous chez le médecin et les médicaments qui étaient disponibles pour nous tou-te-s. Et un autre camarade, dont la jambe a failli éclater à cause de problèmes de circulation sanguine, et qui n’avait pas non plus les moyens de se faire soigner. Vivre sans papiers a un coût, un coût qui se mesure en vies humaines.

L’école n’est pas mieux non plus. Les sans-papiers ont récemment obtenu le droit pour leurs enfants d’aller aux écoles primaires et secondaires, mais cela reste très limité [3]. Elles et ils risquent toujours d’être dénoncé-e-s. Certaines écoles enfreignent les directives du gouvernement et refusent tout de même les enfants sans-papiers. Car pourquoi un gouvernement raciste sanctionnerait-il un administrateur d’école raciste ? Pour celles et ceux qui surmontent ces obstacles et parviennent à terminer leurs études secondaires malgré tout, peu de perspectives les attendent. Et quelles opportunités s’offrent aujourd’hui à quelqu’un qui n’a qu’un diplôme d’études secondaires ?

Parce que le travail est encore pire. Les sans-papiers ne peuvent pas se plaindre à la CNESST, et ne sont donc pas protégé-e-s par les directives en matière de santé et de sécurité, ni par les lois sur le salaire minimum. Des articles récents ont montré comment les travailleuses et travailleurs temporaires officiel-le-s sont maltraité-e-s dans les champs et les fermes, que pensez-vous qu’il arrive aux sans-papiers ?

Et cela ne couvre pas le pire du pire, l’ostie de police. Les sans-papiers sont constamment à un arrêt de la police d’être expulsé-e-s. Et devinez ce qui se passe lorsqu’ils ont réellement besoin d’être protégé-e-s d’un violeur ou d’un conjoint violent ? Le SPVM est bien connu comme une « machine à expulser qui traque les immigrants sans statut », pour citer un article du McGill Daily [4]. Et ils se branlent probablement en le faisant aussi.

Alors ouais, on emmerde l’État, on le détruit, on le brûle jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Mais quand même, ce morceau de papier de citoyenneté de merde représente un monde de différence, la vie ou la mort, pour beaucoup de gens. Et avec 500 000 personnes migrantes sans-papiers ici, c’est beaucoup de douleur et de souffrance qui pourraient être soulagées.

Les fascistes et les libéraux n’ont aucun problème à dormir sur le sang et les os des sans-papiers. Le pouvons-nous ?

Quels sont les obstacles à prévoir ?

Si vous suivez la politique fédérale, il est évident que Trudeau est assez fort en actions symboliques, et plutôt léger en substance. Le gouvernement Trudeau fait beaucoup de gestes grandioses, mais il est souvent terne lorsqu’il s’agit de passer aux actions concrètes. Après tout, leur objectif ici n’est pas de réellement régulariser les migrants, mais juste de voler quelques voix à la gauche. Et peut-être fournir une main-d’œuvre bon marché à leurs financiers.

Il y a donc une réelle chance que la régularisation proposée ne soit que de la poudre aux yeux. Qu’elle ne régularise que des personnes qui seraient de toute façon régularisées éventuellement. Nous devons donc faire pression sur le gouvernement pour que cette proposition de régularisation soit aussi large et inclusive que possible. Le « Migrants Rights Network », basé au canada, a compilé une liste de demandes, dont les principales sont [5] :

  • L’objectif du programme doit être la régularisation de toutes les personnes sans-papiers résidentes au Canada.
  • Le programme doit être permanent et disponible en permanence, car les facteurs qui conduisent les gens à devenir sans papiers ne sont pas toujours les mêmes. Les facteurs qui conduisent les gens à devenir des sans-papiers continueront dans un avenir prévisible.
  • Les demandes doivent être simples, de manière à ce que les personnes sans papiers puissent faire leur demande elles-mêmes, en ligne via des appareils mobiles ou sur le Web. Il devrait y avoir une large sélection de documents acceptables pour établir l’identité et la résidence au Canada.
  • Les personnes ne devraient pas être exclues en raison de leur manquement passé à la loi sur l’immigration.
  • Il doit y avoir une interdiction des détentions et des déportations tout au long du programme de régularisation. Ssans cela, le programme de régularisation échouera car les personnes sans papiers ne feront pas de demande.
  • Personne ne doit être expulsé si sa demande est rejetée.

///

L’autre obstacle majeur est, de toute évidence, le gouvernement provincial raciste et suprématiste blanc de la CAQ. La CAQ n’a pas caché qu’elle voulait un contrôle total de l’immigration au Québec. Ils ont déjà pris des mesures juridiquement douteuses contre les immigrants, que ce soit par :

  • Le projet de loi 9, qui a jeté à la poubelle 18 000 dossiers d’immigration,
  • le projet de loi 21, qui empêche de nombreuses personnes non-chrétiennes d’accéder aux postes d’enseignant-e-s,
  • le projet de loi 96, qui oblige les immigrants à apprendre le français en six mois.

La CAQ essaierait presque certainement de bloquer tout effort de régularisation, à moins que les sans-papiers soient à la fois français et blancs.

///

Et enfin, l’autre obstacle serait probablement les osties de fascistes. La propagande de l’extrême droite contre les travailleurs migrants est très répandue, les plus populaires étant que plus de travailleurs étrangers signifie des salaires plus bas et moins de logement.

Tout d’abord, soyons honnêtes à propos des salaires. La pandémie a convaincu un grand nombre de baby-boomers de prendre leur retraite un peu plus tôt que prévu, laissant un grand nombre d’emplois disponibles. La simple économie de libre marché théoriserait qu’une pénurie de travailleurs signifierait donc des augmentations de salaire. Évidemment, cela n’a pas été le cas jusqu’à présent, et rien ne montre que cela s’améliorera à l’avenir. Ou même qu’on ait un jour des augmentations égales à l’inflation.

De toute évidence, nos maîtres capitalistes n’augmenteront pas les salaires, quoi qu’il arrive. Ils préfèrent laisser le travail inachevé, et empiler le travail sur les travailleuses et travailleurs restant-e-s, plutôt que de nous payer une cenne de plus. Les seuls gains significatifs obtenus ces derniers mois l’ont été dans des emplois syndiqués, et seulement après des luttes difficiles, et souvent de longues grèves. Comme le dit le slogan des IWW : si nous voulons de meilleures conditions de travail, nous devons nous organiser. Le « marché libre » a toujours été défavorable aux travailleurs : quelques migrants de plus, qui sont déjà ici et travaillent déjà de toute façon, ne changeront pas grand-chose.

Deuxièmement, le logement. Comme les comités logement de Tio’tia:ke et d’ailleurs ne cessent de le marteler : nous n’avons pas une pénurie de logements, nous avons une pénurie de logements abordables. Il y a des tas d’appartements qui restent vides à des fins de spéculation. La financiarisation du marché du logement signifie que nous n’avons plus affaire à notre propriétaire habituel véreux, mais à un propriétaire véreux courtier en bourse. Nos anciens propriétaires pouvaient faire pression sur nous autant qu’ils le voulaient, mais à la fin du mois, ils avaient besoin d’au moins un peu d’argent pour payer leur hypothèque. Des accords pouvaient être conclus, et des grèves de loyer limitées pouvaient fonctionner. Nos nouveaux propriétaires ont 50 000 appartements et n’en ont rien à foutre si quelques-un-e-s d’entre nous ne les paient pas pendant quelques mois, pendant qu’ils remplissent la paperasse pour nous jeter à la rue à 2 heures du matin par -40. Encore une fois, plus de migrants qui vivent déjà ici ne changera rien non plus.

En d’autres termes, ne frappez pas les camarades qui n’ont pas plus de chance que vous. Frappez les patrons et les propriétaires : ce sont eux qui rendent nos vies misérables. Et peut-être frapper votre fasciste local pendant que vous y êtes.

Que devons-nous faire ?

Le gouvernement Trudeau devrait publier une première ébauche de sa loi de régularisation vers la fin septembre 2022. Cela devrait nous donner une idée de la direction que Trudeau veut prendre avec ce programme, et les réactions ultérieures de la CAQ et de l’extrême-droite devraient nous donner une idée du genre d’obstacles auxquels nous ferons face.

Il était plus facile de faire pression sur le gouvernement en 1973 parce que les sans-papiers comprenaient une grande partie de personnes blanches, principalement des résistants américains fuyant le service militaire au vietnam. Nous n’avons pas ce luxe aujourd’hui. Tout gain que nous ferons devra être réalisé en dépit des suprémacistes blancs qui se disputent actuellement le pouvoir.

Mais heureusement, d’autres ont ouvert la voie avant nous. Les 39 000 personnes régularisées en 1973 peuvent sembler nombreuses, mais elles ne représentaient que 0,1 % de la population du canada à l’époque. Ces 39 000 personnes sont très peu nombreuses par rapport aux récents programmes de régularisation d’autres pays. En 1981, la france a régularisé 132 000 migrants, soit 0,2 % de sa population à l’époque, deux fois plus que le canada. En 2005, l’espagne a régularisé 570 000 personnes, soit 1,3 % de sa population à l’époque. Il est donc possible de faire beaucoup mieux qu’en 1973, et la mobilisation derrière les campagnes de régularisation en france et en espagne peut nous fournir beaucoup de bons arguments.

Après tout, ces sans-papiers sont déjà là. Ils travaillent avec nous, mangent avec nous, vivent avec nous. Il est temps qu’ils bénéficient des mêmes droits que nous tous.

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Le réseau canadien Migrant Rights Network appelle à des journées d’action les 16 août et 18 septembre : https://migrantrights.ca/

Solidarity across borders (SAB) organise des événements à Tio’tia:ke et pourrait planifier quelque chose pour cet automne : https://www.solidarityacrossborders.org/en

L’émission de radio française « Les Apatrides anonymes » présente les dernières nouvelles sur les problèmes des migrants au Canada et ailleurs dans le monde : http://www.apanad.koumbit.org/emissions-de-radio-2022/

Amour et rage !

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[1] Voir : https://www.kairoscanada.org/wp-content/uploads/2020/08/The-Regularization-of-NonStatus-Immigrants-in-Canada-1960-2004.pdf pour les différentes émissions.

[2] Voir : https://www.noscommunes.ca/members/fr/89339/motions/11528727 Cette lettre a été suivie d’une lettre de mandat au ministre de l’immigration : https://pm.gc.ca/fr/lettres-de-mandat/2021/12/16/lettre-de-mandat-du-ministre-de-limmigration-des-refugies-et-de-la Elle mentionne laconiquement seulement « Prendre appui sur les programmes pilotes existants pour poursuivre l’exploration de moyens de régulariser le statut des travailleurs sans papiers qui contribuent aux communautés canadiennes ».

[3] Voir : http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-144-41-1.html

[4] Voir : https://www.mcgilldaily.com/2020/10/opinion-spvm-a-deportation-machine-that-hunts-down-non-status-immigrants/ (en anglais seulement)

[5] Vous pouvez trouver le document complet ici : https://migrantrights.ca/wp-content/uploads/2022/07/La-re%CC%81gularisation-au-Canada.pdf

Mois d’action anti-détention

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Juil 192022
 

De Solidarité sans frontières

Mois d’action contre les prisons de migrant.e.s.
1-31 août 2022.

Après des années d’oppositions, la construction de la nouvelle prison de migrant.e.s à Laval est presque terminée. Si elle ouvre, elle va justifier et étendre la capacité et le pouvoir du gouvernement à détenir, surveiller et déporter des migrant.e.s, adultes et enfants tout en les forçant à rester dans des conditions de vie et de travail exploitantes.

Tout au long du mois d’août, Solidarité Sans Frontières a donc décidé d’organiser un mois d’action en opposition à la nouvelle prison de migrant.e.s mais aussi contre toutes formes de détention et d’enfermement forcé. Joignez-nous pour une série d’ateliers, de projections documentaires, et de manifestations pour affirmer: la seule alternative à la détention est un statut pour toutes et tous!

Contre la prison de migrant.e.s, contre toutes les prisons!
Libérez-les! Un statut pour toutes et tous!

Le Verger au complet : la prison pour migrant.e.s

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Mai 122022
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

Le Verger au complet sors aujourd’hui le quatrième épisode de sa deuxième saison. Dans cet épisode, nous discutons avec une militante impliquée dans le Comité anti-détention de Solidarité sans frontière, un collectif basé à Tio’tia:ke/Montréal actif depuis 2003 dans le soutien des personnes migrantes et contre les injustices liés au système d’immigration. Le comité s’oppose particulièrement à la détention des personnes migrantes et supporte les personnes incarcérées et leurs luttes.

Musique

  • Guim Moro – « Laisse tomber », tiré de l’album « Anthropocide », 2021. https://guimmoro.bandcamp.com Utilisé avec la permission du groupe.
  • Dope.GNG – « Brûler des condos », 2022. https://dopegng.bandcamp.com/ Utilisé avec la permission du groupe.

Ressources supplémentaires :

https://www.solidarityacrossborders.org/fr/

Les anarchistes russes sur l’invasion de l’Ukraine

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Fév 282022
 

De CrimethInc.

Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie se poursuit,les anarchistes continuent de se mobiliser sur tout le territoire russe, aux côtés de milliers d’autres personnes, contre la guerre. Nous publions ici les communiqués de deux organisations anarchistes russes de longue date, qui proposent une analyse de la situation en Russie et de la façon dont l’invasion de l’Ukraine pourrait la modifier.

Plusieurs manifestations sont prévues en Russie pour demain (dimanche 27 février). Nous attendons toujours des nouvelles de nos contacts en Ukraine, que nous publierons dès leur arrivée.

Au cours de l’invasion la Russie est devenue un champ de bataille dans la guerre de l’information. Le gouvernement russe a tenté de bloquer l’accès à Twitter pour que les Russes ne puissent pas voir ce qui se passe en Ukraine, ou dans le reste de la Russie. De l’autre côté des barricades, le site internet du Kremlin a été piraté. Que les Russes soutiennent cette invasion qui leur coûte beaucoup, ou qu’iels s’opposent à Poutine malgré les risques, sera sans doute déterminant pour les événements en Ukraine à long terme.

« La paix est le privilège réservé à ceux qui ont les moyens de ne pas se battre dans les guerres qu’ils créent – aux yeux des fous nous ne sommes que des chiffres sur un graphique, des obstacles sur leur chemin vers la domination du monde. »

-Tragedy, “Eyes of Madness

Des actions de solidarité se poursuivent aujourd’hui en Allemagne, en Suisse et ailleurs dans le monde.

La position du Militant Anarchiste sur l’attaque de la Russie contre l’Ukraine

Le communiqué suivant a été publié hier sur le canal Telegram du *Militant Anarchiste [Боец Анархист], un collectif anarchiste russe dont nous avions précédemment traduit le nom par « Anarchist Fighter ».*

Notre position sur les événements qui se déroulent en Ukraine est clairement indiquée dans nos posts précédents. Cependant, nous il nous apparaît nécessaire de l’exprimer explicitement, pour ne pas laisser de place au non-dit.

Nous, le collectif Militant Anarchiste, ne sommes en aucun cas des soutiens de l’État ukrainien. Nous l’avons critiqué à de nombreuses reprises et avons par le passé soutenu celles et ceux qui s’y sont opposé·es. Nous avons également été la cause d’une opération de police contre l’opérateur téléphonique VirtualSim, menée par les services de sécurité ukrainiens dans l’espoir de nous combattre.1

Et nous reviendrons sans aucun doute à cette politique dans le futur, quand la menace de la conquête russe se sera éloignée. Tous les États sont des camps de concentrations.

Cependant ce qui est en train de se passer en Ukraine dépasse largement cette formule, et le principe selon lequel tout·e anarchiste devrait lutter pour la défaite de son pays.

Car il ne s’agit pas simplement d’une guerre entre puissances relativement égales, portant sur la redistribution des zones d’influence du capital, et dans laquelle nous pourrions appliquer l’axiome d’Eskobar.2

Ce qui se passe actuellement en Ukraine est un acte d’agression impérialiste : une agression qui, si elle réussit, mènera au déclin de la liberté partout – que ça soit en Ukraine, en Russie et peut-être même dans d’autres pays. Elle rend aussi plus importante la probabilité que la guerre se poursuive et que l’on assiste à une escalade vers une guerre mondiale.

De notre point de vue, cette analyse est évidente en ce qui concerne l’Ukraine. Mais en Russie, une petite guerre victorieuse (ainsi que des sanctions extérieures) fournira au régime ce dont il manque actuellement. Elle lui donnera carte blanche du fait de la poussée patriotique qu’elle ne manquera pas de déclencher chez une partie de la population. Et l’État russe pourra également faire reposer tous les problèmes économiques sur le compte des sanctions et de la guerre.

Dans la situation actuelle, la défaite de la Russie augmenterait la probabilité que les gens se soulèvent, comme cela s’est produit en 1905 [quand la défaite militaire de la Russie face au Japon a conduit à un soulèvement en Russie], ou en 1917 [quand les difficultés de la Russie lors de la Première Guerre mondiale ont conduit à la révolution], et ouvrent les yeux sur ce qui est en train de se passer dans le pays.

Quant à l’Ukraine, sa victoire paverait la voie à un renforcement de la démocratie directe, car si elle advient, ça ne peut-être que grâce à l’auto-organisation populaire, l’entraide et la résistance collective. Ce sont les réponses à apporter aux défis que la guerre impose à la société.

En outre, les structures crées pour mettre en place ces formes d’auto-organisations ne disparaîtront pas une fois la guerre terminée.

Bien sûr, la victoire ne réglera pas les problèmes de la société ukrainienne, ils devront être résolus en profitant des opportunités qui s’ouvriront dans l’instabilité que connaîtra nécessairement le régime après de tels bouleversements. Cependant, la défaite ne résoudra pas les problèmes non plus, mais au contraire les exacerbera encore plus.

Bien que toutes ces raisons – que nous appellerons géopolitiques – soient importantes dans notre décision de soutenir l’Ukraine dans ce conflit, ce ne sont pas les raisons principales. Les plus importantes sont des raisons morales internes : la simple vérité est que la Russie est l’agresseur et qu’elle mène une politique ouvertement fasciste. Elle appelle la guerre la paix. La Russie ment et tue.

À cause de ses actions agressives, des gens souffrent et meurent dans les deux camps. Et oui, même les soldat·es sont broyé·es par cette machine de guerre (par compte nous ne comptons pas les ordures pour qui « la guerre est naturelle », qu’il est pour nous difficile de continuer à qualifier de « personnes »). Et tout cela continuera jusqu’à ce qu’on y mette fin.

C’est pourquoi nous demandons instamment à toutes celles et ceux qui lisent ces lignes et ne sont pas insensibles, à faire preuve de solidarité avec le peuple ukrainien (et pas avec l’État !!!) et de soutenir leur lutte pour la liberté contre la tyrannie de Poutine.

Il nous faut vivre une époque historique. Faisons en sorte que cette page d’histoire ne soit pas honteuse, mais que nous puissions en être fièr·es.

Liberté pour les peuples du monde ! La paix au peuple d’Ukraine ! Non à l’agression de Poutine ! Non à la guerre !

Des manifestant·es anti-guerre défilent avec une bannière à Moscou. Les anarchistes ont défilé à plusieurs reprises avec cette bannière dans la nuit du 24 février. Selon les informations recueillies, même après que la police ait dispersé la manifestation principale et procédé à de nombreuses arrestations, les anarchistes se sont regroupé·es et ont recommencé à défiler jusqu’à ce que la police les charge et les arrête. Le courage dont ont fait preuve les manifestant·es en Russie est une leçon d’humilité.

But what is happening now in Ukraine goes beyond this simple formula, and the principle that every anarchist should fight for the defeat of their country in war.


Le crépuscule avant l’aube

Le texte suivant a été publié aujourd’hui sous la forme d’un podcast en russe sur le site web d’Action Autonome.

Guerre

Jeudi matin, Poutine a lancé la plus grande guerre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Il se cache derrière les prétendus intérêts de la partie séparatiste du Donbass, même si la RPD et la RPL étaient déjà absolument satisfaites de leur reconnaissance en tant qu’États indépendants, de l’entrée officielle de l’armée russe sur le territoire et de la promesse d’un financement à hauteur d’1,5 milliard de roubles. Rappelons également que depuis de nombreux mois, le coût des loyers et le prix des denrées alimentaires augmentent de jour en jour en Russie.

Le Kremlin a formulé des demandes absurdes aux autorités de Kiev, à commencer par la « dénazification ». Il est vrai que, grâce à sa participation active aux manifestations de Maïdan en 2014, l’extrême-droite ukrainienne s’est assurée une position disproportionnée dans les institutions politiques et les forces de l’ordre. Mais dans toutes les élections en Ukraine depuis 2014, ils n’ont pas obtenu plus de quelques pourcentages des voix. Le président de l’Ukraine est juif. Le problème de l’extrême-droite en Ukraine doit être résolu, mais pas par des chars russes. Les autres accusations du Kremlin à l’encontre de l’Ukraine – corruption, fraude électorale et justice aux ordres – seraient bien plus appropriées pour parler du régime de Poutine lui-même. Aujourd’hui, les soldat·es russes sont, au sens premier du terme, des occupant·es d’un pays étranger, même si cela contredit les attentes de toutes celles et ceux qui ont grandi avec les récits de la Grande Guerre patriotique.

La Russie s’est retrouvée isolée au niveau international. [Le président turc Recep Tayyip] Erdoğan, [le secrétaire général du Parti Communiste chinois] Xi Jinping, et même les talibans demandent à Poutine de cesser les hostilités. L’Europe et les États-Unis imposent chaque jour de nouvelles sanctions à la Russie.

Au moment où nous préparons ce texte, le troisième jour de la guerre approche. L’armée russe est nettement supérieure à l’armée ukrainienne, mais la guerre ne semble pas se dérouler exactement selon le plan de Poutine. Ce dernier comptait apparemment sur une victoire en un ou deux jours, avec très peu de résistance, voire aucune, mais de sérieux combats ont eu lieu sur tout le territoire ukrainien.

Les Russes et le monde entier regardent en ce moment-même des vidéos montrant des bombes frappant des immeubles résidentiels, un véhicule blindé écrasant une personne âgée, des cadavres et des fusillades.

Roskomnadzor [le service fédéral du gouvernement russe chargé de la supervision des communications, des technologies de l’information et des médias] tente encore de menacer tout Internet, en exigeant : « N’appelez pas cela une guerre, mais une opération spéciale. » Mais peu de gens le prennent encore au sérieux désormais. Tant qu’Internet n’est pas entièrement coupé en Russie, il y aura suffisamment de sources d’information. Au cas où, nous vous recommandons une fois de plus de configurer à l’avance Tor avec passerelles, un VPN, et Psiphon.

Les effets des sanctions et de la guerre commencent tout juste à se faire sentir en Russie. À Moscou, la plupart des distributeurs de billets étaient à court de billets vendredi. Pourquoi ? Parce que la veille, les gens ont retiré 111 milliards de roubles des banques : en fait, toutes leurs économies. Le marché de l’immobilier s’est effondré alors que la construction de bâtiments résidentiels est la branche la plus importante de l’économie russe. L’industrie automobile étrangère cesse progressivement d’expédier des voitures en Russie. Les taux de change du dollar et de l’euro sont artificiellement maintenus par la Banque Centrale. Les actions de toutes les entreprises russes ont sévèrement chuté. Tout le monde comprend que la situation ne peut que s’empirer.

La police anti-émeute russe arrête une manifestante. On peut lire sur son masque « Non à la guerre ».
Seul Poutine a besoin de ça

La réaction russe à la guerre en Ukraine est complètement différente de ce qui s’était passé en 2014 [quand la Russie s’était emparée de la Crimée après la révolution ukrainienne]. De nombreuses personnes, y compris des personnalités qui travaillaient pour le gouvernement, demandent la fin immédiate de la guerre. Le renvoi d’Ivan Urgant, la principale vedette de la télévision russe, est en ce sens remarquable.

La grande majorité de celles et ceux qui soutiennent encore Poutine est également contre la guerre. Le supporter moyen de Poutine croit maintenant que tout a été calculé, que la guerre ne va pas s’éterniser et que l’économie russe va survivre. Car oui, il n’est pas simple de reconnaître que son pays est dirigé par un dérangé, par un Don Quichotte qui contrôle une armée d’un million de soldat·es, l’une des plus puissantes du monde, un Don Quichotte qui dispose de l’arme nucléaire, capable de détruire l’humanité toute entière. Il est difficile de concevoir qu’un dirigeant, après avoir consulté des politologues et des philosophes de seconde zone, puisse bombarder un pays voisin et fraternel et détruire sa propre économie.

En se délectant d’un pouvoir illimité, Poutine s’est progressivement éloigné de la réalité. On pense aux quarantaines de deux semaines imposées aux simples mortels qui doivent rencontrer le président russe pour une raison ou un autre, ou aux tables gigantesques ou Poutine reçoit à la fois ses ministres et les autres chefs d’État.

Poutine a toujours été un politicien qui cherchait à équilibrer les intérêts des forces de sécurité et des oligarques. Aujourd’hui, le président est sorti de son rôle, et a entrepris un grand voyage dans la mer infinie de la sénilité. Nous sommes prêt·es à parier une bouteille du meilleur whisky que dans un futur proche, monsieur le Président pourrait subir un coup d’État venant de son cercle le plus proche.

La Russie pourrait bien se retrouver en 2023 avec un autre système de pouvoir et autre visage au Kremlin. Lesquels exactement, nous le savons pas. Mais pour l’heure, nous traversons le crépuscule avant l’aube.

Pendant ce temps, des manifestations contre la guerre ont lieu en Russie. Des anarchistes y participent à Moscou, Saint-Pétersbourg, Kazan, Perm, Irkoutsk, Yekaterinburg et dans d’autres villes. En Russie, il est extrêmement difficile d’organiser des manifestations dans les rues ; cela entraîne des poursuites administratives et pénales, ainsi que de la bonne vieille violence policière. Mais les gens sortent tout de même. Des milliers de personnes ont déjà été arrêtées, mais les manifestations continuent. La Russie est contre cette guerre et contre Poutine ! Sortez – quand et où vous le souhaitez ! Faites équipe avec des ami·es et des personnes partageant les mêmes idées. Les réseaux sociaux suggèrent une action de protestation générale ce dimanche à 16 heures. Ce moment n’est pas pire qu’un autre. Vous pouvez télécharger des tracts anti-guerre à distribuer et à afficher sur notre site web et sur les réseaux sociaux !

Des tracts russes s’opposant à l’invasion, sur lesquels on peut lire « Vous payez pour la guerre de Poutine – impôts, frontières fermées, pauvreté, blocage des services, vide informationnel – non à la guerre ! » et « Non à l’invasion militaire de l’Ukraine : paix au peuple, guerre aux dirigeants. »

Pendant ce temps, les anarchistes ukrainiens participent à la défense territoriale de leurs villes. C’est bien plus difficile pour eux que pour les gens en Russie, mais il s’agit d’une seule et même défense. C’est la défense de la liberté contre la dictature, de la volonté contre la servitude, des gens ordinaires contre les présidents dérangés.

À vos moutons

Si, comme par miracle, Poutine revenait à la raison et que la guerre prenait fin, serions-nous prêt·es à « retourner à nos moutons » ? Il est probable que nous serions expulsé·es du Conseil de l’Europe. Les Russes perdraient ainsi la possibilité de s’adresser à la Cour Européenne des droits de l’homme, et bientôt le Kremlin rétablirait la peine de mort.

Pour l’heure, revenons à l’actualité, qui reste conforme à l’esprit de ces dernières années. En ce moment-même, la Douma [organe législatif de l’assemblée au pouvoir en Russie] adopte une loi selon laquelle un conscrit militaire doit se présenter lui-même au bureau d’enrôlement plutôt que d’attendre une convocation. Poutine a également récemment augmenté les salaires de la police. Et le bureau du procureur, dans un appel, a demandé de porter de cinq à neuf ans la peine d’un anarchiste de Kansk, Nikita Uvarov, condamné dans la célèbre « affaire de terrorisme Minecraft ».

Vous savez vous-même quoi faire de tout cela.

Liberté pour les peuples! Mort aux empires !


La police escorte une personne arrêtée tenant une pancarte « Je suis contre la guerre ».
  1. Plus d’informations sur cette affaire ici
  2. Eskobar était le chanteur d’un groupe de rock ukrainien appelé Bredor. Il y a longtemps, dans une interview, il a prononcé une phrase célèbre, qui est devenue un mème : “Шо то хуйня, шо это хуйня” – une façon succincte d’exprimer quelque chose comme « une situation où vous avez le choix entre deux mauvaises options, sans aucune alternative »