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Mar 082023
 

Du Centre de documentation sur la contre-surveillance

Un bref aperçu des méthodes modernes de la criminalistique linguistique pour déterminer les auteur·ice·s d’un texte, traduit de l’allemand de Zündlumpen n°76 (2020)

PDF en format zine

L’article suivant tente de donner un aperçu d’un point de vue non technique. Il existe quelques publications académiques sur ce sujet qui pourraient être examinées pour une meilleure analyse. Cependant, mon objectif principal ici est de soulever la question, et non de fournir un point de vue solide et concluant. Si vous en savez plus, publiez !

La plupart des gens qui commettent occasionnellement des délits et ont des démêlés avec la justice s’intéressent sans doute à la possibilité d’éviter de laisser des traces qui pourraient leur coûter cher à l’avenir, peut-être même après des années ou des décennies. Ne pas laisser d’empreintes digitales, de traces ADN, d’empreintes de chaussures ou de traces de fibres textiles ou au moins se débarrasser des vêtements après coup, éviter les caméras de surveillance, faire attention aux traces d’outils, éviter les enregistrements de toute sorte, détecter la surveillance, etc. – tout ça devrait être une préoccupation pour toute personne qui commet des délits de temps en temps et qui ne veut pas être identifiée. Mais qu’en est-il de ces traces qui n’apparaissent souvent qu’après la commission d’un délit, dans le désir d’expliquer son acte de manière anonyme ou même en utilisant un pseudonyme récurrent ? Lors de la rédaction et de la publication d’un communiqué ?

J’ai l’impression que souvent, aucune attention particulière n’est accordée à ces traces malgré un développement technologique rapide des capacités d’analyse. Ça peut être délibéré, être une négligence, ou être un compromis entre des besoins divergents. Sans vouloir faire ici une suggestion générale sur la manière de traiter ces traces – après tout, chacun·e fera ce qu’iel lui semble le mieux – je voudrais présenter les méthodes avec lesquelles les autorités enquêtrices en Allemagne et ailleurs travaillent actuellement (probablement), ce qui semble possible en théorie et ce qui pourrait devenir possible à l’avenir.

Je devrais peut-être préciser à l’avance que tout ou du moins la plupart de ce que je présente ici est scientifiquement et juridiquement controversé. Et je m’intéresse moins à la validité juridique des analyses linguistiques – ou à leur validité scientifique – qu’au fait de savoir s’il semble plausible que ces recherches puissent contribuer à une opération de surveillance, car même si une piste n’est pas utile en soi devant un tribunal, elle peut toujours mener à d’autres pistes utiles.

Identification d’auteur·ice·s au BKA [Office fédéral de la police criminelle d’Allemagne].

Selon ses propres dires, l’Office fédéral de la police criminelle (BKA) dispose d’un département consacré à l’identification des auteur·ice·s de textes. L’accent est mis sur les textes liés à des actes criminels, comme les communiqués de revendication, mais aussi sur les « prises de position » des « milieux extrémistes de gauche », entre autres. Tous les textes collectés sont traités par des analyses linguistiques dans un « recueil de communiqués » et peuvent être comparés et parcourus avec le système d’information criminelle sur les textes (KISTE). Selon le BKA, les textes sont classés en fonction des caractéristiques biographiques suivantes de leurs auteur·ice·s (présumé·e·s) : origine, âge, formation et profession.

Tous les nouveaux textes sont également comparés aux textes précédemment enregistrés pour déterminer si plusieurs textes peuvent avoir été écrits par la même personne.

Dans le cadre d’enquêtes spécifiques, les textes enregistrés peuvent aussi être comparés à des textes dont l’auteur·ice est connu·e, afin de déterminer s’ils ont été écrits par la même personne ou si ça peut être exclu.

Il s’agit des informations officielles du BKA concernant ce département. Qu’est-ce que ça veut dire en pratique ?

Je pense qu’on peut supposer qu’au moins tous les communiqués de revendication sont enregistrés dans cette base de données et analysés pour voir s’il existe d’autres communiqués de revendication par le(s) même(s) auteur·ice(·s). Le fait qu’ils enregistrent également les « prises de position » permet de tirer d’autres conclusions : ça semble au moins possible qu’en plus des textes ayant une pertinence pénale, ils stockent aussi d’autres textes qui sont censés provenir d’un milieu particulier. Par exemple, des textes provenant de journaux, des déclarations de groupes/organisations politiques, des appels, des articles de blog, etc. Dans le pire des cas, je suppose que tous les textes publiés sur des sites Internet d' »extrémistes de gauche » (après tout, il est assez facile de les dénicher), ainsi que les textes de publications papier qui semblent intéressants pour les autorités enquêtrices, seraient ajoutés à cette base de données.

Ça veut dire que pour chaque communiqué de revendication, le BKA disposerait d’un ensemble de textes dont il présume qu’ils ont le même auteur·ice. Il peut s’agir d’autres revendications ou d’autres textes qui ont été ajoutés à la base de données. Outre le cas des délits commis en série, ça peut donner d’autres indices sur les coupables, comme des pseudonymes, des noms de groupe – ou, dans le pire des cas, des noms – sous lesquels l’auteur·ice d’une revendication peut avoir écrit d’autres textes, mais aussi, selon le texte, toutes sortes d’autres informations, dont souvent des indices sur le lieu de résidence et d’activité d’une personne, ses thèmes de prédilection, ses caractéristiques biographiques, son parcours éducatif, etc. Toutes ces informations peuvent au moins servir à réduire le cercle des suspects.

Ce qui n’est pas clair dans tout ça, ce sont les autres échantillons de comparaison que le BKA pourrait obtenir. Pour la plupart des gens, il existe certainement toute une série de textes auxquels les autorités enquêtrices ont (pourraient) avoir accès et qui pourraient être ajoutés à la base de données en cas de suspicion ou même à titre de précaution – si une personne est fichée avec une mention telle que « extrémiste de gauche violent », etc. Il peut s’agir de n’importe quel document portant votre nom, qu’il s’agisse d’une lettre adressée à une autorité ou d’une lettre à l’éditeur d’un journal. Je ne citerai ici intentionnellement que les sources les plus évidentes, histoire de ne pas donner par inadvertance une inspiration décisive aux autorités enquêtrices, mais je suis sûr que vous pouvez déterminer vous-même lesquels de vos textes pourraient être accessibles. Si les enquêteurs du BKA parviennent à réduire le cercle des suspects à une caractéristique spécifique, ça permet la comparaison avec des masses d’échantillons de textes disponibles (par exemple, si on suppose qu’un·e scientifique d’une certaine discipline est responsable d’une lettre, toutes les publications de cette discipline pourraient être utilisées comme échantillons de comparaison). Ça serait, par exemple, une explication (partielle) possible de ce qui a pu se passer avec Andrej Holm dans l’affaire contre le militante gruppe (mg), du moins si on suppose que le BKA n’a pas simplement tapé « gentrification » sur Google, donc je pense qu’il est tout à fait possible que de telles analyses soient effectuées.

Méthodes pour détecter des auteur·ice·s et établir des profils

Ceci dit, tout ça ne prend en compte que ce que le BKA prétend être capable de faire et pousse ces considérations jusqu’à certaines conclusions logiques. Mais comment fonctionne réellement la reconnaissance des auteur·ice·s ou l’établissement de profils ?

Qui n’a jamais eu peur que le prof d’allemand ne vous dénonce après qu’un poème moqueur sur un enseignant soit apparu dans les toilettes et que toute l’école se moque du fait que vous seul·e auriez pu écrire « aspirateur » [Leerer] au lieu de « professeur » [Lehrer]. Heureusement, toute la fac d’allemand a joué le jeu, adoptant le récit d’une faute d’orthographe et fermant les yeux sur le jeu de mots. La criminalistique linguistique semble exiger un peu de pratique, ou au moins une motivation criminologique, qui sait ? Quoi qu’il en soit, l’analyse d’erreurs, dont la plupart ont probablement entendu parler, était l’un des principaux outils d’analyse du BKA vers 2002, avec l’analyse de style, selon un article promotionnel de Christa Baldauf, flic spécialiste du langage. Les fautes d’orthographe, les erreurs grammaticales, la ponctuation, mais aussi les fautes de frappe, l’orthographe nouvelle ou ancienne, les indications sur les particularités du clavier, etc., tout ça sert aux flics du langage à collecter des indices sur l’auteur·ice. Par exemple, si j’écris « muß » au lieu de « muss », ça peut être un indice que j’ai manqué certaines des réformes orthographiques les plus récentes quand j’étais à l’école. Si, en revanche, j’écris constamment des termes qui, selon les règles d’orthographe, utilisent « ß » et non « ss », ça pourrait signifier qu’il n’y a pas de « ß » sur mon clavier. Par exemple, si je parle de « dem Butter » [au lieu de « die Butter »], ça pourrait être une référence au fait que j’ai grandi en Bavière, etc. Mais peut-être aussi que je simule toutes ces choses dans le seul but d’induire en erreur les flics du langage. La plausibilité de mon profil d’erreur fait également partie d’une telle analyse. De même, l’analyse stylistique examine les particularités de mon style d’écriture. Quel type de termes j’utilise, ma structure de phrase présente-t-elle des schémas spécifiques, y a-t-il des termes particuliers qui se répètent d’un texte à l’autre, etc. Je pense que toute personne qui examine de plus près ses textes reconnaîtra certaines caractéristiques stylistiques qui lui sont propres.

De telles analyses qualitatives servent avant tout à établir le profil des auteur·ice·s. Il est certes possible de faire correspondre différents textes de cette manière, mais la véritable valeur de ces analyses réside dans la possibilité de déterminer des éléments tels que l’âge, le « niveau d’éducation », l' »appartenance à un milieu », les origines régionales, et parfois même des indications sur la profession/formation, etc. On entend aussi parler de tentatives pour déterminer des éléments comme le genre, mais ça semble généralement moins évident.

En revanche, il existe également des analyses plus quantitatives et statistiques qui examinent tout ce qui peut être mesuré de cette manière, de la fréquence des mots aux termes particuliers utilisés en passant par la structure syntaxique des phrases. Ces méthodes, connues sous le nom de stylométrie, sont parfois très controversées car il n’est pas possible de dire exactement ce qu’elles sont censées mesurer, mais elles donnent parfois des résultats étonnants, notamment en combinaison avec des techniques d’apprentissage automatique (machine learning). Je pense que ces approches sont donc surtout susceptibles d’être utilisées pour regrouper différents textes en fonction de leurs similitudes.

L’avantage évident de ces analyses quantitatives est qu’elles peuvent être réalisées en masse. Tous les textes disponibles ou numérisables peuvent être analysés de cette manière, des messages sur les réseaux sociaux aux livres. Bien que le succès de ces méthodes soit actuellement encore relativement modeste, et qu’il s’est souvent avéré que des textes supposés similaires le sont davantage par leur genre que par leur auteur·ice, si on part du principe que les styles d’écriture individuels pourraient correspondre à des modèles quantitatifs, ça signifie qu’une fois ces modèles connus, une attribution massive de textes à certain·e·s auteur·ice·s sera possible.

Et maintenant ?

Il y avait et il y a, bien sûr, diverses approches pour gérer cette situation, aucune n’étant meilleure ou pire qu’une autre. Celleux qui n’écrivent pas de communiqués évitent largement ce problème, mais sont tout de même concerné·e·s s’iels participent à des publications ou écrivent d’autres textes. Cellui qui camoufle des textes avant leur publication, par exemple en faisant réécrire et reformuler successivement des passages par plusieurs personnes, etc., court quand même le risque de développer des caractéristiques linguistiques et stylistiques exploitables ou de ne pas réussir à dissimuler des caractéristiques. Cellui qui pense pouvoir ignorer tout ça parce qu’il n’existe aucun échantillon de texte qui peut lui être attribué ou parce qu’iel est convaincu que la valeur juridique de la reconnaissance d’auteur·ice est trop fragile, risque qu’à l’avenir des échantillons de texte deviennent d’une manière ou d’une autre disponibles (par exemple parce qu’iel est reconnu·e coupable d’avoir écrit un texte) ou que la valeur juridique de la procédure évolue. Celleux qui pensent que la technologie n’est pas (encore) assez bonne peuvent être surpris·es par les développements futurs. Celleux qui utilisent des solutions techniques pour masquer leur qualité d’auteur·ice courent le risque de laisser de nouvelles caractéristiques et traces, et aussi de produire des communiqués mal écrits que personne ne veut lire de toute façon. Celleux qui n’écrivent jamais aucun texte, eh bien, n’écrivent jamais aucun texte.

Donc faites ce qui vous parle le plus, mais faites-le dès maintenant – si ce n’est déjà le cas – en gardant à l’esprit ces traces et cette sensation de malaise dans l’estomac qui, dit-on, a sauvé plus d’une personne d’une erreur d’inattention au moment crucial.

Résidences pour aîné-e-s (RPA) : La vie des personnes âgées compte

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Mar 042023
 

Du Collectif Emma Goldman

Il y a 9 ans, le 23 janvier 2014, un incendie épouvantable brisait la quiétude nocturne du village de l’Isle-Verte dans le Bas-du-fleuve. La résidence privée de personnages âgées (RPA) du Havre allait montrer quelques unes des défaillances d’un modèle capitaliste de traitement envers les personnes âgées dans notre société. 32 personnes âgées ont péri dans le brasier. Le profit passant avant la vie ; l’enquête du coroner montra qu’il n’y avait aucun système de gicleurs dans des sections habitées par des patients et patientes non autonomes et qu’il y avait un manque de formation et de préparation pour intervenir dans une telle situation, en plus d’un manque d’effectif chez les pompiers volontaires du village.

9 ans après, non seulement faut-il avouer que le drame s’est avéré inefficace pour changer les mentalités dans le marché des résidences pour aîné-e-s, mais des dizaines de propriétaires de RPA menacent actuellement de fermer leur établissement si Québec maintient son échéancier d’obligation pour les gicleurs d’ici décembre 2024 (une échéance, il faut rappeler, que le gouvernement a déjà repoussé face aux pressions). À Québec, plus d’une centaine de résidents et résidentes de la RPA Villa Sainte-Foy viennent d’apprendre par courrier que le bâtiment qu’ils et elles habitent vient d’être vendu et sera converti en logements locatifs. Le propriétaire a décidé de vendre, simplement car il trouvait les coûts pour se conformer aux nouvelles normes trop importants. Ce que le marché permet est absolument horrible pour la centaine de personnes qui comptait sur ce toit.

Les propriétaires de RPA font actuellement un bras de fer avec le gouvernement pour obtenir plus de soutien. Ils ne sont pourtant pas à plaindre avec des loyers mensuels moyens atteignant plusieurs milliers de $ et des coûts qui augmentent à la carte de façon drastique. Ce sont les personnes âgées qui sont prises au piège, trop souvent sans protection et en situation de dépendance, dans la macabre soif de profit de ces propriétaires. Malgré cela, Québec aide déjà considérablement, voire beaucoup trop, les RPA privés. Comme le révélait l’émission Enquête à l’automne 2020, les RPA sont considérés depuis déjà plusieurs années comme un bon placement par les investisseurs, l’« or gris ». Ce qui les intéresse n’est pas de veiller à offrir des conditions dignes à leurs résidents et résidentes, mais d’obtenir le plus de retour possible sur leurs investissements : des profits autrement dit. Ils profitent pour être clair d’un système âgéiste, soit un rapport social de domination qui assigne socialement une position de pouvoir aux individus, différenciée en fonction de leur groupe d’âge. Ils ne rechignent certainement pas devant l’appauvrissement des personnes âgées, le refus de mettre en place les mesures de sécurité les plus élémentaires pour les personnes non autonomes, les coupures dans les services et ils inculquent leur vision marchande de la personne au personnel qui voit le ratio soignant-patient sans cesse augmenter.

Les maigres campagnes visant la défense des droits des personnes âgées et la dénonciation des abus pourront faire bien peu dans ce contexte. Il faudra certainement continuer de dénoncer les cas d’abus envers et contre les institutions qui cherchent à les faire taire, mais il faudra également mettre le doigt sur les racines du problème : les mécanismes de la domination âgéiste profondément ancrés dans notre système politico-économique et ses institutions.

Au-delà des prises de conscience, il sera nécessaire de construire des convergences avec toutes les personnes âgées qui en ont ras-le-bol et soutenir le développement d’initiatives et l’auto-organisation dans leurs milieux et combattre le système.

Pour compléter l’analyse au sujet de l’âgéisme envers les personnes âgées, les deux articles suivants sont à consulter:
L’âgéisme : un autre système d’oppression à combattre ici et maintenant !
Âgéisme : Que veulent les personnes âgées ?

Un anarchiste du Pekuakami

Ce que nous savons jusqu’à présent sur le projet de nouvelle prison pour femmes à Montréal

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Mar 032023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le Québec a récemment annoncé la construction d’une nouvelle prison provinciale pour femmes à Montréal, dont les travaux devraient commencer cet automne (2023). La nouvelle prison est destinée à remplacer la Maison Tanguay, qui a été fermée en 2016. Depuis, les femmes sont emprisonnées à Leclerc, qui était initialement un établissement mixte, à Laval. Le plan du gouvernement provincial est de démolir Tanguay en 2024, et de construire la nouvelle prison entre l’ancien site de Tanguay et la prison de Bordeaux, toujours en activité, à Ahuntsic-Cartierville. L’ensemble du projet est facturé 400 millions de dollars.

Nous souhaitons partager quelques recherches sommaires sur les plans de construction, dans l’espoir qu’elles seront utiles à tou.tes celleux qui envisagent de s’organiser contre la construction de cette prison dans les mois et années à venir.

Dans l’état actuel des choses, la construction commencera à l’automne 2023, et la nouvelle prison ouvrira à l’été 2029.

La prison aura 237 lits.

L’emplacement approximatif de la prison est indiqué sur la carte ci-dessous :

Les quatre contrats suivants ont déjà été attribués par la Société québécoise des infrastructures pour les travaux du projet. Pour chaque contrat, nous avons inclus un lien vers les détails du contrat. Cependant, le téléchargement des documents associés nécessite un compte.

1. Services professionnels en génie mécanique et génie électrique

Ce contrat a été attribué à Groupe TT / BPA / ÉDFM, pour un total de 7 285 762$. Leur mandat a débuté le 15 janvier et se terminera probablement en avril 2029.

Groupe TT – https://facebook.com/people/Groupe-TT-construction/100065212462242
BPA (bouthillette parizeau) – bpa.ca
ÉDFM – https://b2bhint.com/en/company/ca-qc/gestion-edfm-inc–1170270806

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=0eae49b7-e977-4ed8-aa8c-30cf4954af56

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=4a1afcfc-33f5-44a6-96f4-a2aa678f5a55

2. Services professionnels en génie civil et génie structure

Ce contrat a été attribué à Consortium SDK/CIMA+ pour un total de 2 943 780$. Leur mandat a débuté le 15 janvier, et se terminera probablement en avril 2029.

SDK – sdklbb.com
CIMA+ – cima.ca

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=8bcbe444-afc0-4ad6-839e-150ce5edf66c

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=6839222e-60e3-4da0-93d8-5c19161790fc

3. Services professionnels en architecture

Ce contrat a été attribué à Parizeau Pawulski + Pelletier de Fontenay + NEUF architectes en consortium pour un montant total de 13 393 780$. Leur mandat a débuté le 15 janvier dernier et se terminera vraisemblablement en avril 2029.

Parizeau Pawulski Architects – https://www.facebook.com/people/Parizeau-Pawulski-Architectes/100083382480717/
Pelletier de fontenay – https://www.pelletierdefontenay.com/

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=d437cf87-4db6-4e43-a79a-b2fbe06de735

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=1b5d0bc4-110f-4a73-aa4b-2cf093a7da0c

4. Facilitateur en processus de conception intégrée

Ce contrat a été attribué à Vertima Inc. pour un total de 33 750$.

Vertima Inc – vertima.ca

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=3058152f-b650-46ca-a6ba-1b58da1f5c9d

Chasse au trésor pour Coastal Gaslink

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Fév 272023
 

Soumission anonyme à BC Counter-Info

Au cours des derniers mois, plusieurs sections du pipeline Coastal Gaslink ont été vandalisées. Financièrement, les conséquences de chaque acte étaient mineures : quelques trous dans le gazoduc ici, quelques soudures corrodées là, du béton endommagé ici. Notre objectif était de contribuer aux petits retards d’un projet dont le budget était déjà largement dépassé.

  1. Nous avons percé des trous de moins d’un centimètre de large dans une section de tuyau qui n’avait pas encore été abaissée dans la tranchée. Nous avons recouvert les trous d’un film en fibre de verre, qui empêche temporairement les fuites des tuyaux, mais ce bandage ne durera que quelques mois. Nous savons que les sections soudées des tuyaux enterrés sont évaluées avant d’être abaissés dans la tranchée. Une fois la tranchée remblayée, ils sont testés sous pression. Les trous ont été scellés dans l’espoir qu’ils passent le premier test de pression, mais ils devront être excavés et réparés avant que la canalisation ne soit achevée. Cela s’est produit durant  la dernière semaine d’octobre sur la section 8 du pipeline, entre les kilomètres 610 et 613.
  2. Entre les kilomètres 585 et 588 du pipeline, nous avons trouvé une section du tuyau qui avait été creusée. Nous avons donc endommagé le revêtement au niveau des joints en l’écaillant et en le ponçant à des endroits moins visibles. Ce revêtement est nécessaire pour protéger la canalisation contre la corrosion et la rouille. Nous avons effectué cette opération au début du mois de novembre. Cette approche nous a plu car les dommages ne sont pas visibles, mais ils peuvent tout de même avoir un impact structurel important à long terme si la corrosion et la rouille apparaissent, et il faudra donc les réparer.
  3. Nous avons percé de très petits trous et les avons remplis cette fois avec un mastic époxy, quelque part entre les kilomètres 605 et 608 du tracé du pipeline (c’est dans la section 8.) Nous avons fait cela dans la deuxième semaine de novembre. Nous n’étions pas certain.es que le mastic résisterait au test de pression, mais nous avons décidé que cela valait la peine d’essayer puisque ce mastic est plus facile à trouver et à utiliser que le revêtement en fibre de verre.
  4. Fin novembre, nous avons percé et rempli des trous dans le pipeline avant qu’il ne soit descendu dans la section 6 entre les kilomètres 486 et 489.
  5. Début décembre, nous avons ébréché et cassé les soudures d’une section de conduit qui n’avait pas encore été descendue dans la tranchée entre les kilomètres 606 et 609.
  6. Nous avons endommagé le revêtement protecteur d’une section de tuyau en le meulant et nous avons ébréché des joints de soudure sur plusieurs sections de conduit avant qu’ils ne soient enterrés entre les kilomètres 377 et 380 de la section 5 du pipeline. Ces travaux ont été effectués au début du mois de janvier.
  7. Près du kilomètre 27 du chemin forestier de North Hirsch, nous avons endommagé les soudures et le revêtement d’une section de conduit à la mi-janvier.
  8. Nous avons versé de l’acide chlorhydrique sur les tuyaux en béton que nous savions être destinés au tunnel sous la Wedzin Kwa et avons utilisé une foreuse à béton à l’intérieur du tuyau pour les affaiblir encore plus. Les tuyaux en béton sont conçus pour protéger le tuyau lui-même de la pression du sol environnant. Étant donné la sécurité et la surveillance accrues du stockage des tuyaux en béton, nous ne pouvons pas dire quand cela s’est produit.
  9. Début décembre, nous avons meulé et écaillé le revêtement des joints soudés des sections de tuyaux entre les kilomètres 598 et 601.
  10. À la mi-février, nous avons gratté et écaillé de grandes parties du revêtement du conduit entre les kilomètres 626 et 629. 

Ou est-ce ce qui s’est vraiment passé ? Seules certaines de ces activités ont réellement eu lieu. Nous avons attendu avant de partager ces informations pour les partager toutes en même temps, en les accompagnant de quelques faux rapports supplémentaires. La seule façon de localiser les endroits où les réparations sont réellement nécessaires est de creuser et de réexaminer toutes les canalisations susmentionnées. Du béton fissuré ou des tuyaux rouillés et troués avec des bandages peuvent entraîner de petites fuites et des déversements à grande échelle, c’est pourquoi chaque action, qu’elle soit authentique ou falsifiée, est portée à l’attention du public bien avant que le pipeline ne soit opérationnel.

Bien que nous préférerions n’écrire que des rapports totalement honnêtes, nous pensons également que nous devons faire preuve d’ingéniosité et utiliser tous les moyens à notre disposition pour retarder la construction du mieux que nous pouvons. Nous présentons nos excuses aux personnes impliquées dans la lutte pour ne pas être en mesure de vous donner une image précise de ce que nous avons réellement accompli. CGL, nous vous souhaitons bonne chance dans votre chasse au trésor.

Manifestation du Syndicat des locataires dans les bureaux de Transport Québec

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Fév 242023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Lundi 20 février, des membres du Syndicat autonome des locataires de Montréal (SLAM-MATU) ont pris d’assaut les bureaux de Transport Québec. Tout projet d’éviction future du campement Ville-Marie doit être annulé, et les membres du campement doivent recevoir des logements qui correspondent à leurs besoins. Nous avons marché sur les bureaux de TQ, tout comme nous marchons sur les bureaux des propriétaires, parce que l’action directe donne des résultats.

Nous appelons les membres du public, les sympathisants et les camarades non logés à descendre dans la rue lundi prochain, le 27 février, à 17h30, au métro Atwater (Cabot Square) pour aider à mettre fin à ces évictions.

Ces évictions ne sont pas des solutions à l’itinérance et n’améliorent pas la vie des personnes sans abri. L’itinérance est causée par notre système d’hébergement défaillant, les loyers prédateurs et les évictions des proprios, et la politique d’austérité moderne des gouvernements capitalistes qui sous-financent et gèrent mal les services de santé mentale, sociaux et de logement. La crise du logement nous affecte tous ! Défendez vos voisins !

La musique est encore une fois celle d’Action Sédition. Allez les voir.

Message aux personnes qui affichent dans les rues de Montréal

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Fév 232023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Bonjour à vous,

Ce message s’adresse aux personnes qui font de l’affichage dans les rues de montréal. N’hésitez pas à faire passer le message, je crois qu’il est important que tout le monde soit au courant.

Récemment, la ville de montréal a envoyé une mise-en-demeure à la bibliothèque anarchiste DIRA, en lien avec des affiches qui ont été posées à proximité de la bibliothèque. La ville demandait à la bibliothèque DIRA d’enlever ce « matériel promotionnel », sous menace de poursuites judiciaires et aussi qu’une facture pour le nettoyage des affiches leur serait envoyée. Ces affiches n’ont aucun lien avec la DIRA, et n’ont pas été posées par la DIRA elle-même, donc la DIRA ne va pas les enlever. Par contre, ceci est peut-être un indicateur que la ville de montréal est en train de changer ses politiques en matière d’affichage.

L’affichage est permis depuis le jugement Singh de 2010, qui suit une arrestation pour affichage ayant eu lieu en 2000. Vous pouvez voir plus de détails ici et le texte du jugement Singh ici (en particulier les paragraphes 41 à 45). En gros, ce jugement permettait l’affichage urbain parce que la ville n’offrait pas suffisamment de babillards pour l’affichage, que ceux-ci n’étaient pas dans tous les quartiers et ne couvraient pas les artères importantes. Notez que ce jugement n’autorise pas l’affichage urbain : il autorise l’affichage tant que la ville n’offre pas suffisamment d’endroits pour le faire.

Il est possible que la ville considère maintenant qu’il y a suffisamment d’endroits pour afficher, et qu’elle essaie maintenant de sévir contre les personnes et les organisations qui affichent dans les rues de montréal en-dehors des babillards. Il est possible que nous faisions face à une nouvelle forme de répression de la ville de montréal. Nous n’allons quand même pas arrêter d’afficher, mais je vous recommanderais :

  • Si vous faites de l’affichage urbain, assurez-vous d’avoir au moins une personne pour faire de la « copwatch », c’est-à-dire une personne qui regarde s’il n’y a pas des flics ou des employéEs de la ville aux alentours,
  • Si vous vous faites arrêter ou vous connaissez quelqu’unE qui s’est fait arrêter, contactez la LDL (Ligue des droits et libertés) pour leur faire le message : https://liguedesdroits.ca/a-propos/contact/
  • Si vous connaissez une organisation qui aurait reçu une mise-en-demeure de la ville à cause de ses affiches, contactez la LDL pour leur faire le message : https://liguedesdroits.ca/a-propos/contact/

Ce nouvel épisode de répression souligne l’importance du définancement de la police : quand la police ne sait plus quoi faire de son argent, elle s’en sert pour écraser les personnes plus vulnérables et celleux qui s’opposent à son ordre établi. Tout logement social qui n’est pas construit parce que la ville désire garder ses poteaux noirs, plates et déprimants devrait être perçu comme ce qu’il est : un foutu scandale.

Amour et rage,

UnE camarade


N’hésitez pas à consulter notre section affiches et à nous soumettre vos créations en format pdf.

Le Syndicat industriel des travailleurs et travailleuses au Québec : postmortem pour le 10e anniversaire

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Fév 052023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le mois de février marque le dixième anniversaire de la présence des Industrial Workers of the World (IWW) au Québec. Alors qu’il n’était qu’une étincelle dans les yeux d’un groupe tenace de vétérans de la grève étudiante cherchant à élargir leur combat, le syndicat fête aujourd’hui son dixième anniversaire sans qu’aucun lieu de travail de la province ne soit organisé sous sa bannière.

Quelle était cette initiative et pourquoi a-t-elle rencontré des difficultés ?

L’idée étatsunienne : un syndicalisme de solidarité

Alors que les effectifs syndicaux américains continuaient à décliner dans les années 90, un groupe de penseurs s’est fait le champion d’une stratégie, connue sous le nom de syndicalisme de solidarité, selon laquelle le mal et le remède aux problèmes du travail provenaient de la même source : le droit du travail.[1]

Le droit du travail – plus précisément la loi américaine sur les relations de travail (NLRA) – était censé affaiblir les syndicats en les obligeant à suivre un processus d’accréditation formel pour représenter les travailleur.ses d’une entreprise donnée[2]. L’accréditation permettait d’augmenter le nombre d’adhérents et de bénéficier d’un levier juridique au détriment des actions auxquelles un syndicat devait renoncer, comme la grève de sympathie, pour conserver son accréditation.

L’article 7 de la NLRA offre une solution de rechange, permettant aux travailleur.ses de contourner le long processus d’accréditation du syndicat par le biais d’une élection et de négociation d’une convention collective, qui peut prendre des années à se concrétiser. La section 7 permet à deux travailleur.ses ou plus d’agir ensemble pour améliorer leurs conditions de travail – sans accréditation syndicale et sans convention collective.

Si le fait de sauter à travers les cerceaux pour obtenir la « permission de négocier » produit des syndicats impuissants, alors contourner ce point de passage en s’engageant directement dans l’activité concertée protégée par l’article 7 serait la solution. À titre d’exemple, les travailleur.ses de Starbucks se sont récemment engagés dans une grève qui ne mériterait aucune protection juridique au Canada.

Le IWW arrive au Québec

En 2013, l’IWW a affrété sa première section locale au Québec.

Malgré le statut actuel de la province comme étant la juridiction la plus radicale et la plus favorable aux travailleur.ses au Canada, le code du travail du Québec a immédiatement présenté un problème pour l’expérience du syndicalisme de solidarité. Le régime des relations de travail du Québec n’a pas d’équivalent à la section 7 de la NLRA. Il n’existe aucune protection légale pour les travailleur.ses qui s’engagent dans une activité concertée. S’ils faisaient grève – définie dans le code du travail comme pratiquement tout type d’activité concertée ayant un impact sur la production – l’employeur avait légalement le droit de les licencier.

Toutefois, dans les sections 12 à 15, le code du travail provincial contient des dispositions visant à protéger les travailleur.ses tout au long du processus de formation d’un syndicat et pendant la participation aux activités syndicales. Invoquant le libellé général des sections 12 à 15 dans les plaintes déposées auprès de la Commission du travail, l’IWW a tenté de forcer l’interprétation de ces sections comme une sorte de clone déformé de la section 7 de la NLRA.

Voici comment se déroulerait la séquence des événements :

(1) Les travailleur.ses participent à une certaine activité concertée → (2) L’employeur prend une mesure anti-ouvrière → (3) Déposer une plainte pour violation des articles 12-15 → (4) Utiliser l’aide de l’agent du conseil pour négocier des règlements financiers importants causant → (5) Un effet de découragement sur l’employeur cible, et un effet de signal sur les autres employeurs.

La stratégie du syndicat serait-elle admissible aux protections offertes par la Commission des relations du travail du Québec ? Plus concrètement, les employeurs seraient-ils prêts à entrer dans la salle d’audience pour le savoir ? Alors que certains employeurs ont refusé de provoquer l’attention de la Commission du travail sur des actions syndicales qui pourraient être réinterprétées comme étant protégées par la loi, d’autres ont découvert que la Commission accordait des règlements financiers extrajudiciaires importants aux travailleur.ses engagés dans une activité concertée.

Si les plaintes de la Commission du travail ont fourni aux IWW une base juridique défendable pour s’engager dans une activité concertée, le syndicat a pu récolter les fruits de son style d’organisation sous la forme d’un soutien plus large de la part des membres des entreprises cibles, ainsi que d’un activisme plus intense sur le lieu de travail. L’activité concertée lors de la phase de formation du syndicat a permis d’obtenir ces avantages en créant des occasions plus fréquentes et plus intenses sur le plan émotionnel pour les membres afin d’accroître leur sentiment d’identification à l’organisation.

Aucun plan ne survit au contact avec l’ennemi

Si le syndicalisme de solidarité a connu sa part de succès des deux côtés du 49e parallèle, la stratégie a finalement échoué de manière similaire aux États-Unis et au Québec.

Aux Etats-Unis, bien que la section 7 ait permis aux syndicats de développer leur force et leur soutien au cours de la phase initiale de formation dans l’atelier, elle n’est pas allée assez loin pour créer les conditions nécessaires à l’enracinement du syndicat sur le lieu de travail. La section 7 n’a pas non plus créé les conditions nécessaires pour que l’IWW obtienne des concessions de l’ampleur de celles des autres syndicats en termes de salaires, d’horaires, de protection de l’emploi et d’influence sur la gestion de l’entreprise.

Des deux côtés de la frontière, les interventions des conseils du travail pour défendre l’activité concertée étaient trop inefficaces. Les travailleur.ses n’ont pas été en mesure de passer de luttes intenses avec les employeurs pour des problèmes initiaux et limités à la création d’un syndicat durable capable d’influencer la politique de l’entreprise. Malheureusement, la rapidité avec laquelle les employeurs peuvent mener une campagne de terreur – en étouffant les initiatives par des licenciements et des fermetures d’installations, comme au Zeppelin bar and grill et à Red Bee Media – a toujours dépassé les interventions des conseils du travail. Dans la pratique, les employeurs ont également démontré leur capacité à endurer les tactiques de guerre économique mesquine de l’IWW, ainsi que les pénalités financières qui étaient réalisables en vertu des normes de protection des activités concertées. Plus important encore, les employeurs ont su résister à la détermination de leurs employés à travailler dans une zone de guerre perpétuelle.

Au Québec, les travailleur.ses n’étaient pas non plus en mesure d’effectuer le changement juridique découlant de l’accréditation officielle qui marque un passage important d’un ensemble de lois moins avantageuses régissant les contrats de travail individuels, à l’ensemble de lois plus avantageuses régissant la négociation collective et les conventions collectives. Le modèle de syndicalisme de solidarité au Québec a nécessité une abdication et un abandon importants des droits et protections juridiques.

Par conséquent, l’organisation des IWW au Québec s’est heurtée à un mur. De nombreux travailleur.ses qui étaient capables et désireux de faire un mouvement latéral vers la CSN, la deuxième plus grande fédération syndicale du Québec, l’ont fait. D’autres sont partis sans représentation syndicale sur leur lieu de travail.

Un échantillon des efforts d’organisation et de leurs résultats :

EntrepriseRésultat initlalRésultat à long terme
Frites Alors! rue RachelAccord volontaire (pas de statut dans le droit du travail québécois)Le syndicat est mort à cause du roulement du personnel ; on ne sait pas si les travailleurs de ce site bénéficient toujours de cet accord.
Aux Vivres Boul. Saint LaurentAbsorbée par la CSNLe syndicat existe légalement, mais elle a disparu par manque de soutien de la part de la centrale.
Union for employees of student unions and student union owned enterprises (STTMAE)Ententes volontaires avec les syndicats étudiants des cégeps (aucun statut en vertu du droit du travail du Québec)Les membres représentés par les syndicats sont passés à la CSN
Secteur communautaire (STTIC)Absorbé par le CSN Double campagne IWW-CSN qui a conduit à des améliorations significatives de la convention collective pour certains membres.Le syndicat est maintenu, mais il est désormais exclusivement représenté par la CSN ; les IWW sont évincés ou quittent l’exécutif.
Humble Lion CafeAccord volontaire (pas de statut dans le droit du travail québécois)Le syndicat est mort à cause du roulement du personnel ; on ne sait pas si les travailleurs de l’entreprise bénéficient toujours de l’accord.
Red Bee MediaFermeture d’entreprise, licenciements massifs, règlements financiers par médiation de la Commission des relations de travailLes travailleurs ont perdu leur emploi ; l’entreprise a fermé
QA CourierLicenciement de masseLes coursiers à vélo ont fait un premier effort en se tournant vers le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, qui a progressé en Ontario (voir Gig Workers United), mais pas au Québec.
KeywordsLicenciements multiples, règlements financiers par médiation de la commission du travailL’effort de syndicalisation des jeux vidéo se poursuit sous les auspices de Game Workers United & Communications Workers of America

Preuve de concept

L’expérience du syndicat de solidarité de l’IWW a permis au mouvement syndical de tirer des leçons importantes. L’application délibérée, planifiée et persistante de l’activité concertée dans la création d’un syndicat se traduit par des degrés de participation et de soutien plus élevés et plus durables parmi les membres. Plus important encore, elle donne lieu à des actions syndicales de plus haut calibre qui sont efficaces pour prendre les employeurs et les commissions du travail au dépourvu.

Malheureusement, il s’agit généralement de gains à court terme, mesurés en mois et non en années, qui, le plus souvent, finissent par amener les travailleur.ses à demander des conventions collectives dans la plupart des campagnes réussies, en raison des outils juridiques supplémentaires qu’ils rendent disponibles et de l’épuisement des travailleur.ses qui s’organisent.

Aujourd’hui, à la lumière des obstacles décrits ci-dessus, les lieux de travail organisés publiquement par l’IWW aux États-Unis combinent les tactiques du syndicalisme de solidarité avec les conventions collectives et la négociation, réduisant ainsi l’écart de leur approche antérieure. Pendant ce temps, d’autres campagnes d’organisation clandestine sur le lieu de travail se poursuivent dans ce que l’on peut appeler à juste titre un syndicalisme artisanal, à petite échelle – impossible à étendre en dehors d’un ou deux lieux de travail, et transitoire.

L’organisation de l’IWW au Québec a suivi une trajectoire similaire. Elle a établi d’importants précédents pratiques en matière d’activité syndicale en démontrant la volonté de la commission provinciale du travail d’agir pour défendre l’activité concertée. Cependant, elle n’a pas réussi à atteindre son objectif, qui était de créer des syndicats durables capables d’obtenir des concessions importantes sans tenir compte des unités de négociation et du type de traités de paix avec les employeurs, limités dans le temps, qui ont caractérisé les mouvements syndicaux américano-canadiens depuis le début du XXe siècle.

Contrairement à certains de leurs homologues américains, les dirigeants de l’IWW, dont l’empreinte au Québec se réduit rapidement, n’ont pas manifesté d’intérêt pour une approche hybride du syndicalisme qui inclurait des tactiques allant au-delà du menu d’activités concertées protégées de la Commission du travail, ce qui rend l’avenir de l’organisation incertain. La présence du syndicat au Québec, qui comprenait autrefois des enclaves à Drummondville, Sherbrooke, Québec et Montréal, ne compte plus que quelques dizaines de membres actifs à Montréal.


[1] le terme « syndicalisme de solidarité » a connu plusieurs changements de signification. Dans les termes les plus larges, il désigne un ensemble de tactiques pouvant être utilisées par n’importe quel syndicat, tandis que dans d’autres, il fait référence au syndicalisme minoritaire. Dans ce contexte, il fait strictement référence à une tendance dominante de la pensée syndicale qui le définit comme une stratégie basée sur l’article 7 de la NRLA tel que décrit ci-dessus.

[2] Cela est vrai même dans les cas où les travailleurs d’une entreprise donnée forment un syndicat pour obtenir un certificat de représentation.

Appel à votre contribution au journal « État Policier » dans le cadre de la 27e Journée Internationale Contre la Brutalité Policière

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Jan 272023
 

Du COBP

Appel à votre contribution au journal « État Policier » dans le cadre de la 27e Journée Internationale Contre la Brutalité Policière (JICBP) – 2023

En 1851, Victor Hugo introduisait ce qui allait devenir le slogan bien connu : « Police partout, justice nulle part ! ». Force est de constater qu’il avait bien raison, et que son mot d’esprit est toujours d’actualité. La fonction de la police n’est en effet pas et n’a jamais été de protéger et servir; pas plus que celle de la prison d’aider les contrevenant.e.s à réparer le tort (quand tort il y a !) et à réintégrer le monde civil. L’appareil policier et l’appareil carcéral font partie de la machine répressive de l’État, qui a pour fonction première de maintenir l’ordre établi pour permettre au capital de profiter, et seulement accessoirement d’empêcher violences et abus. Pas étonnant qu’elle y réussisse si mal.

Comme chaque année depuis plus d’un quart de siècle, le journal l’« État Policier » sert de lieu de dénonciation de la violence d’État nécessaire au maintien de l’ordre social. Nous faisons donc appel à vous pour l’écriture de textes, de dessins, de BD, de photos, de poèmes ou toutes autres idées pour le journal de cette 27e édition de la JICBP.

Le thème de cette année sera : « La police tue, en prison comme dans la rue. »
Vous pouvez aussi nous envoyer vos textes déjà publiés en lien avec la thématique, ou des liens vers des textes existants.

Les textes pour le journal devront contenir un maximum de 2 pages et peuvent être écrits en français, en anglais ou en espagnol. Les auteurs·e·s qui tiennent à ce que leurs textes soient traduits doivent nous le mentionner dans un délai raisonnable afin qu’on puisse trouver des traducteur/ice·s. Nous vous invitons aussi à joindre des images pour accompagner votre texte, si vous le désirez. Les images ne seront pas comptabilisées dans les deux pages.

La date de tombée finale pour le contenu du journal papier est le 8 février 2023.

Veuillez soumettre vos textes et autres contributions à l’adresse suivante :
cobp@riseup.net

Solidairement
COBP

Parution de la 6e édition du guide d’autodéfense numérique

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Jan 162023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cinq ans après la précédente, nous avons le plaisir de vous annoncer la sortie de la 6e édition du guide d’autodéfense numérique, entièrement mise à jour, afin de fournir conseils et recettes adaptées pour s’orienter dans les méandres parfois hostiles de la jungle numérique.

Ce guide d’autodéfense numérique vise à présenter l’« absence d’intimité » du monde numérique et propose des méthodes pour ajuster nos pratiques quotidiennes en conséquence. On y trouve des éléments de compréhension de l’outil informatique et de ses failles, des pistes de réflexion permettant d’élaborer et de mettre en place des « politiques de sécurité » et des outils permettant à quiconque d’apprendre et de répandre des pratiques de protection adaptées à chaque situation.

Cette réédition augmentée contient toujours deux tomes (regroupés en un seul ouvrage), et documente en particulier les dernières versions de Debian et de Tails. Elle inclut aussi de nombreuses actualisations sur les pratiques de surveillance numérique, sur les lois que nous subissons et sur les outils que nous utilisons, ainsi qu’un nouveau chapitre sur la réduction des risques appliquée au numérique.

La nouvelle édition du guide d’autodéfense numérique est d’ores et déjà accessible en version numérique à l’adresse https://guide.boum.org/, et sa version papier, publiée par les éditions Tahin Party, sera disponible en librairie à partir du 27 janvier 2023.

Afin de diminuer les traces que nous laissons et les risques que nous prenons dans nos usages des ordinateurs, des logiciels et d’Internet, apprenons, appliquons et diffusons des pratiques d’autodéfense numérique !

L’équipe du guide d’autodéfense numérique.

Nous le répétons, les frontières tuent, la négligence de l’ASFC tue

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Jan 072023
 

De Solidarité sans frontières

Nous dénonçons la mort de migrants au centre de détention de Surrey, en Colombie-Britannique, et au chemin Roxham.

Nous sommes une fois de plus enragée-s et attristé-e-s d’apprendre la mort de deux migrants en l’espace de deux semaines.

Le 27 décembre, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a annoncé qu’un détenu avait été déclaré mort le 25 décembre au centre de détention de l’ASFC de Surrey, en Colombie-Britannique. Le 5 janvier, la Sûreté du Québec a confirmé avoir trouvé le corps sans vie d’un homme près de du chemin Roxham, un passage irrégulier entre les États-Unis et le Canada.

Nous déplorons la mort de l’homme migrant près du chemin Roxham et tenons le gouvernement canadien pour responsable et redevable de cette mort. Bien que nous ne connaissions pas la cause du décès, nous pouvons affirmer avec certitude que personne ne devrait avoir à mourir seul-e en essayant de traverser la frontière au prix d’un grand stress personnel, de dangers et de dépenses importantes. Toute personne a le droit de migrer, le droit de résister aux déplacements forcés et le droit de retourner dans son pays d’origine si elle le souhaite.

Rappelons-nous que c’est l’Entente sur les tiers pays sûrs qui oblige les gens à choisir des moyens plus risqués pour traverser la frontière. Cette entente est un accord entre le Canada et les États-Unis qui est en vigueur depuis 2004 et qui stipule que les États-Unis et le Canada désignent l’autre pays comme un pays sûr pour les réfugié-e-s et ferment la porte à la plupart des demandeur-se-s d’asile à la frontière canado-américaine. Cet accord a été largement critiqué par de nombreuses organisations et par les migrant-e-s et les réfugié-e-s elleux-mêmes, notamment parce qu’il porte atteinte au droit de toute personne fuyant les persécutions de demander l’asile. En vertu de cet accord, les migrant-e-s et les réfugié-e-s qui présentent une demande d’asile aux postes frontaliers officiels du Canada et qui ne répondent pas aux critères sont automatiquement renvoyé-e-s aux États-Unis sans procédure régulière. En conséquence, de nombreux-ses migrant-e-s et réfugié-e-s se résignent à traverser la frontière canado-américaine par des points d’entrée dits « irréguliers », dont le chemin Roxham, parfois au péril de leur vie, comme ce qui vient de se produire.

Quant au décès de la personne détenue par l’ASFC, il est mentionné dans leur communiqué que les proches du migrant décédé ont été contacté-e-s, mais on n’y trouve aucune information concernant le nom de la personne, son âge, son sexe, son pays d’origine, et encore moins la raison ou la durée de sa détention. De plus, aucune information sur les circonstances dans lesquelles la personne est décédée au centre de détention (à savoir pourquoi ils n’ont pas pu amener la personne à l’hôpital à temps pour lui sauver la vie) n’a été divulguée. Comme d’habitude, l’ASFC prétend agir ainsi « pour des raisons de confidentialité » (source : déclaration de l’ASFC).

Le décès de ce migrant dans la prison de Surrey (Colombie-Britannique) fait écho à celui d’une autre personne détenue à Laval (Québec) en janvier 2022. L’ASFC n’a pas non plus partagé de détails, notamment sur les circonstances du décès de cette personne, et a insisté sur le fait qu’aucune information ne serait divulguée car une « enquête est en cours ». Près d’un an plus tard, il n’y a toujours pas eu de mise à jour. Il devient de plus en plus clair que l’ASFC ne cherche qu’à masquer la violence de son régime de détention et à s’assurer qu’elle ne sera jamais tenue responsable des décès survenus sous sa garde, tout en tentant d’échapper à l’examen public.

La personne qui est décédée à Surrey, en Colombie-Britannique, est morte dans le centre de détention pour migrant-e-s nouvellement construit. Ironiquement, à Montréal, des groupes ont protesté contre la nouvelle prison pour migrant-e-s, ce soi-disant centre de détention, qui est présenté comme un endroit plus confortable pour les personnes détenues. Une prison reste une prison, qu’il y ait une cour à l’intérieur ou non. Ces installations sont inhumaines et le traitement des personnes qui y sont détenues reste brutal et, comme nous l’avons vu, parfois mortel. Les millions de dollars dépensés dans de nouvelles installations ne remplacent pas la liberté. Aucun emprisonnement n’apporte justice ou dignité.

Nous le répétons : les frontières tuent, la négligence de l’ASFC tue. Aucun-e migrant-e, aucun être humain, ne devrait avoir à subir un traitement aussi cruel. Nous continuerons de nous battre jusqu’à ce que chaque personne soit libre.

La façon dont l’ASFC gère la détention et les soins médicaux des personnes détenues montre clairement comment elle déshumanise les gens pendant leur détention et aussi lorsqu’elles décèdent. Il ne suffit que d’observer le nombre de décès pour comprendre l’ampleur du phénomène ; au cours des vingt dernières années, au moins 17 personnes sont mortes en détention :

Bolante Idowu Alo
Abdurahman Ibrahim Hassan
Fransisco Javier Roméro Astorga
Melkioro Gahung
Jan Szamko
Lucia Vega Jimenez
Joseph Fernandes
Kevon O’Brien Phillip
Homme non-identifié
Shawn Dwight Cole
Homme non-identifié
Joseph Dunn
Personne non-identifiée
Sheik Kudrath
Prince Maxamillion Akamai
Personne non-identifiée
Personne non-identifiée

« Aussi longtemps que l’ASFC continuera de détenir des migrant-e-s, les décès en détention se poursuivront », est-il écrit dans une déclaration conjointe publiée par des organisations pour la justice migratoire basées en Colombie-Britannique.

Nous, les groupes soussignés, sommes solidaires de la famille de la personne tuée et des groupes en soit-disant Colombie-Britannique qui sont en première ligne pour combattre cette injustice.

Rappelons-nous que la détention fait partie intégrante de la matrice répressive du système d’immigration canadien. C’est un outil que l’État canadien impérialiste utilise pour se dégager de toute responsabilité envers les personnes qui migrent pour une vie meilleure, qui cherchent à quitter des situations de pauvreté, d’exploitation et de violence, où l’État et les entreprises canadiennes sont souvent complices de la création de ces mêmes conditions.

L’objectif de l’appareil de détention de l’État est de dissuader les gens d’entrer dans la forteresse du Canada. Cela opprime les migrant-e-s et les oblige à vivre en marge, isolé-e-s et dans la clandestinité, craignant constamment d’être arrêté-e-s et emprisonné-e-s. La pratique de l’emprisonnement des migrant-e-s favorise en fait l’exploitation des personnes vulnérables qui doivent travailler et vivre dans des conditions abusives et dangereuses, sans recours ni protection.

Nous dénonçons la mort de ces deux migrants sur le chemin Roxham et dans le centre de détention de Surrey, en soit-disant Colombie-Britannique, et exigeons que cette violence et l’impunité de l’ASFC cessent. Pas une mort de plus.

Nous exigeons des frontières ouvertes, la fin de l’Entente sur les tiers pays sûrs, et la libre circulation des personnes en quête de justice et de dignité, c’est-à-dire la liberté de se déplacer, la liberté de revenir et la liberté de rester.

Arrêtons les détentions, arrêtons les déportations ! Nous exigeons un programme de régularisation complet et continu, sans exceptions ni discriminations !

Endossé par :

Butterfly (Asian and Migrant Sex Workers Support Network)
Carranza LLP
Migrant Workers Alliance for Change
Migrante Canada
Migrante BC
No One Is Illegal Toronto
Parkdale Community Legal Services
RAMA Okanagan
RAMA Isla
Sanctuary Health
Sanctuary Students Solidarity & Support Collective
Solidarity Across Borders
Vancouver Committee for Domestic Workers and Caregivers Rights
Workers’ Action Centre