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Ipperwash – été / automne 1995

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Sep 132019
 

De Archives Révolutionnaires

Le 4 septembre 1995, un groupe d’une trentaine d’hommes, de femmes et d’adolescent.es autochtones Chippewas de la réserve de Stoney Point, en Ontario, pénètre dans le parc provincial d’Ipperwash. L’occupation pacifique, qui dure quelque jours, fait suite aux nombreuses tentatives par les habitant.es de Stoney Point de faire entendre leurs revendications territoriales auprès des gouvernements canadien et ontarien. Mais, sous la pression du gouvernement provincial conservateur de Mike Harris, les occupant.es d’Ipperwash sont bientôt la cible d’une intervention policière musclée visant à les déloger. Au cours de  l’opération, la police blessera de nombreux occupants et assassinera Dudley George, un militant de 38 ans.

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Les réserves de Kettle Point (Wiiwkwedong) et de Stoney Point (Aazhoodena) sont situées dans le sud de l’Ontario, le long des rives du lac Huron. Les revendications territoriales en jeu dans la crise d’Ipperwash sont le fruit d’une longue série de dépossessions territoriales subies par les Chippewas de la région. Si la Proclamation Royale de 1763 attribue une grande partie de l’intérieur de l’Amérique du Nord aux Autochtones uniquement, elle décrète aussi que ces territoires doivent être volontairement cédés aux colons avant que ceux-ci puissent s’y établir. Lorsque les colons respectaient cette clause, ils achetaient des parcelles du territoire, au terme de négociations parfois frauduleuses et moyennant des compensations souvent infimes en regard des territoires perdus. Mais ce n’était pas toujours le cas, les colons s’appropriant parfois sans plus de manières des zones qui ne leur appartenaient pas, même en vertu de la loi coloniale…

C’est ainsi qu’en 1827, pour la modique somme de 10$ par personne par année (supposément à perpétuité), les Chippewas cèdent plus de deux millions d’acres de leur territoire au Haut-Canada, ce qui ne leur laisse que quelques zones sur lesquelles vivre : Sarnia, le canton de Moore, Kettle Point et Stoney Point. Au cours du XIXe siècle, Kettle Point et Stoney Point obtiennent le statut de réserve. Déjà à cette époque, celles-ci sont convoitées par des colons blancs, notamment des promoteurs immobiliers, qui envient la richesse et la beauté du territoire. La zone est aussi la cible de pillages de bois d’œuvre par des entrepreneurs qui estiment ne pas avoir de comptes à rendre aux personnes autochtones pour le bois volé.

En 1928, en raison de fortes pressions exercées par le ministère des Affaires indiennes, la réserve de Stoney Point cède 377 acres à des promoteurs immobiliers, y compris tout le rivage du lac Huron. Cette cession (dont la légitimité sera remise en cause en 1992, puis en 1993 à l’initiative des membres des premières nations de Kettle et Stoney Point) ampute une importante partie du territoire de Stoney Point. Puis, en 1932, le gouvernement de l’Ontario achète une partie des terres (140 acres) cédées en 1928 pour y fonder le parc provincial d’Ipperwash. La région devient alors un lieu touristique prisé et de nombreux bourgeois blancs y installent leur maison d’été. Le parc, quant à lui, est fréquenté par une masse de vacancier.ères et de campeur.euses qui profitent de ses plages magnifiques et de ses riches forêts.

En 1936, le conseil de bande de Stoney Point demande à ce qu’un cimetière, qui se trouve alors à l’intérieur des limites du parc, fasse l’objet d’une protection spéciale pour éviter sa dégradation. Le gouvernement canadien s’engage alors à clôturer le site… mais ne prendra jamais de mesures concrètes en ce sens. Malgré ce qu’en diront plus tard les politiciens, la présence d’un cimetière est indiscutable : par deux fois, en 1937 et en 1950, des ossements humains sont découverts dans le parc, dont certains sont transférés à la University of Western Ontario pour y être étudiés par les archéologues Wilfrid et Elsie Jury. La présence d’un cimetière dans le parc provincial d’Ipperwash est un fait à noter, puisque la rétrocession de ce territoire sacré à ces détenteur.trices originel.les est une des revendications principales portées par la communauté de Stoney Point et les occupant.es du parc d’Ipperwash en 1995.

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Une affiche près de l’entrée de l’ancien camp militaire d’Ipperwash. Malgré sa fermeture, le site reste un endroit très dangereux, pouvant encore contenir de l’équipement militaire abandonné, notamment des explosifs.

En 1942, en plein cœur de la Deuxième guerre mondiale, le ministère de la Défense nationale confisque ce qui reste de la réserve de Stoney Point afin d’y construire un camp d’entraînement militaire (le camp militaire d’Ipperwash). En invoquant la loi martiale, le gouvernement outrepasse le refus de la communauté de Stoney Point, arguant que les terres seraient de toute façon restituées une fois la guerre terminée.  Les habitant.es de Stoney Point sont alors exproprié.es, leurs maisons sont détruites ou déplacées dans la réserve de Kettle Point et les deux bandes sont fusionnées de force. À l’étroit au sein d’une autre communauté qui n’a pas les ressources pour les accueillir, les réfugié.es de Stoney Point s’apprêtent à subir de longues années de pauvreté et de discrimination : en effet, le gouvernement ne tiendra jamais sa promesse de rétrocession des terres confisquées. En 1995, la base militaire est toujours en activité. Depuis près de 50 ans, des demandes ont été faites pour que les terres de Stoney Point soient restituées, sans aucun résultat.

En 1993, les familles originaires de Stoney Point commencent à revenir s’installer sur le territoire de la base militaire, ou ils érigent un camp, après des années d’appels vains et de promesses non-tenues de la part des gouvernements provincial et fédéral. En mai 1993, des membres de la Première Nation de Stoney Point occupent pacifiquement une partie du camp d’Ipperwash pour faire valoir leurs revendications territoriales et forcer le gouvernement fédéral à négocier. Puis un groupe décide de charger un prix d’entrée pour les touristes voulant se rendre à la plage du parc d’Ipperwash, ce qui leur vaut une arrestation et quelques jours en garde a vue. En 1994, lueur d’espoir : le gouvernement fédéral annonce qu’il compte fermer le camp militaire et restituer les terres… mais il se révèle que c’est un mensonge une fois de plus. Excédés, des membres de la communauté de Stoney Point occupent les bâtiments administratifs du camp à la fin du mois de juillet 1995, forçant cette fois-ci les militaires à se retirer complètement.

The blockade to the entrance to Ipperwash Beach in 1995, near where a Dudley George was shot by police.(source redpowermedia)
Un blocage à l’entrée de la plage d’Ipperwash en 1995 (source : redpowermedia).

L’occupation du parc provincial d’Ipperwash, le 4 septembre 1995, constitue une énième tentative par la communauté de Stoney Point de faire valoir des revendications territoriales vieilles d’un demi-siècle. Cette action, prévue et annoncée depuis quelques mois, s’inscrit dans la vague de réoccupation du territoire originel de Stoney Point et vise aussi à protester contre la destruction du cimetière qui se trouve dans le parc provincial d’Ipperwash. Il.les sont une trentaine, cette soirée là, à entrer dans le parc alors que celui-ci ferme pour la saison. Les occupant.es ont apporté de la nourriture et de quoi faire des feux. Malgré son caractère pacifique et la légitimité de la revendication territoriale qu’elle souhaite mettre de l’avant, l’occupation est considérée comme illégale par la police provinciale de l’Ontario (OPP), qui déploie rapidement ses agents (en uniforme comme en civil) pour patrouiller la zone.

L’objectif officiel des forces de police est d’obtenir une injonction de la cour pour faire cesser l’occupation (sans une injonction, il est difficile de prouver que l’action est illégale au niveau juridique, même si elle est de facto traitée comme telle). Parce que l’occupation concerne une revendication territoriale, l’OPP a aussi prévu 13 négociateurs dans le cadre du Projet Maple, un plan sensé assurer la résolution pacifique du conflit via la négociation et des procédures juridiques. Malgré ces prétentions pacifiques, de nombreux équipements militaires et de surveillance sont amenés sur place : hélicoptères, bateaux, fourgons, fusils de longue portée… La police a aussi mobilisé son escouade anti-émeute, qui encercle rapidement les militant.es non-armé.es. La trentaine de personnes qui se trouve dans le parc, à laquelle même les médias ne portent pas attention, se retrouve bientôt au centre d’une surveillance digne d’un scénario de prise d’otage. La soirée même, des policiers tentent de pénétrer dans le parc, mais sont repoussés.

Si l’occupation génère du support dans la communauté, elle rencontre aussi l’opposition du chef de Kettle Point et Stoney Point, Tom Bressette, qui prend initialement position contre les occupant.es, qu’il qualifie de fauteur.euses de trouble.  Mais il n’est pas le seul que cette occupation dérange. Le gouvernement provincial conservateur, qui vient tout juste de remporter ses élections, convoque une réunion d’urgence : il réclame une intervention immédiate. Moins de deux jours après le début de l’occupation, le 6 septembre 1995, alors que le premier ministre ontarien Mike Harris célèbre  sa victoire électorale au York Club de Toronto lors d’un souper gargantuesque réunissant la crème du patronat des journaux canadiens, l’escouade anti-émeute de l’Ontario Provincial Police s’apprête à marcher sur le parc d’Ipperwash.

Cette soirée là, c’est le racisme des policiers, leur violence et l’intransigeance du gouvernement colonial qui auront raison de Dudley George. Alors que plusieurs occupant.es quittent le parc et que ceux qui restent allument des feux pour la nuit, des rumeurs de présence d’armes à feux sur les lieux commencent à courir parmi les policiers. Celles-ci sont absolument infondées. La surveillance para-militaire opérée depuis des jours par la police l’a bien montré. Malgré tout, des bâtons sont confondus avec des carabines et des cigarettes sont vues dans le noir comme des pointeurs de fusils ; des feux d’artifices, comme des coups de feu d’armes automatiques. Et malgré ces rumeurs, qui devraient logiquement pousser les « forces de l’ordre » à faire preuve de prudence, la charge est lancée. Les policiers en anti-émeute entrent dans la zone occupée en tapant sur leur bouclier, une tactique sensée effrayer les occupant.es pour les disperser.

Dans le but d’éviter une escalade de la situation, Cecil Bernard ‘Slippery’ George, membre du conseil de bande, tente alors de s’interposer entre les policiers et les occupant.es en répétant que personne n’est armé. Il est sévèrement battu par une dizaine d’agents. Plusieurs personnes tentent de lui porter secours, mais sans succès. Pour sauver Slippery George, maintenant inconscient, Nicolas Cottrelle, 16 ans, décide de foncer vers les policiers à l’aide d’un autobus scolaire qui se trouvait là. Si la stratégie fonctionne et que les policiers se dispersent, elle ne les empêche pourtant pas de tirer sur l’autobus et son conducteur, de blesser Nicolas Cottrelle et de tuer un chien qui se trouvait dans l’autobus avec lui. Alors qu’il se trouve au milieu de la mêlée, désarmé et à découvert, Dudley George est quant à lui blessé gravement. Il succombera aux balles de l’agent assassin Kenneth Deane, un des tireurs d’élites déployés sur place par la police provinciale de l’Ontario.

– Vous savez, si vous aviez coopéré, vous auriez pu être libérés plus tôt.
– Coopéré en quoi ? Je n’ai rien fait. Tout ce que j’ai fait c’est amener mon frère à l’hôpital parce que vous l’avez tué.

Réponse de Pierre George à un détective au lendemain de sa libération et de l’assassinat de son frère Dudley George par la police provinciale de l’Ontario.

À deux doigts de la mort, Cecil Bernard ‘Slippery’ George est amené en ambulance à l’hôpital. Deux blessés graves le suivent : Nicolas Cottrelle et Dudley George (qui est alors inconscient en raison de la gravité de ses blessures) sont conduits à l’urgence par leurs proches. Les policiers, quant à eux, reviennent de cette intervention en dénombrant un seul blessé, un agent qui s’est foulé la cheville.

À leur arrivée à l’hôpital, Pierre et Carolyn, le frère et la sœur de Dudley Geroge, sont immédiatement interpellé.es et arrêté.es par la police. Accusé.es de tentative de meurtre, il.les n’auront même pas l’occasion de faire leurs adieux à leur frère : cette nuit là, celle où les médecins constatent la mort de Dudley Geroge, Pierre et Carolyn la passent injustement en prison. Il.les sont libéré.es le lendemain. Pour avoir tenté de sauver Slippery George, Nicolas Cottrelle sera aussi accusé de tentative de meurtre. Le lendemain du meurtre de Dudley George, dans un geste de solidarité, des habitant.es de Kettle Point érigent un barrage sur l’autoroute 21 près de l’occupation. Il.les sont les premier.es à faire face aux médias, qui se mettent soudainement à porter attention aux événements d’Ipperwash.

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La barricade érigée au milieu de l’autoroute 21, près du parc provincial d’Ipperwash, après le meurtre de Dudley George par la police provinciale de l’Ontario.

L’extrême violence de la police dans la nuit du 6 septembre 1995 n’est pas sans lien avec le contexte de graves tensions nationales qui émerge d’une autre confrontation qui a lieu presque au même moment en Colombie-Britannique à Gustafsen Lake. Pendant 31 jours, du 18 août au 17 septembre 1995, les Secwepemc, qui affirment seulement leur droit d’usage d’un site sacré leur appartenant traditionnellement et non-cédé, doivent affronter un siège de la GRC qui ne recule devant rien pour les déloger. La réponse du gouvernement de l’Ontario n’est pas non plus sans lien avec la panique qu’avait déclenché, cinq ans auparavant, la crise d’Oka. L’intransigeance de la police et du gouvernement à Ipperwash est directement liée à ce contexte de répression nationale des demandes légitimes des nations autochtones par les gouvernements coloniaux qui voient les limites de leur capacité à tromper ceux et celles qu’ils dépossèdent depuis des centaines d’années. Confrontés sur plusieurs fronts aux exigences légitimes des peuples autochtones, les gouvernements fédéral et provinciaux réagissent partout de la même manière : par la répression militaire d’état.

L’occupation du camp d’Ipperwash visait à obtenir justice. Elle visait à retrouver une souveraineté sur des territoires qui avaient été dépecés, confisqués et vendus en fonction des intérêts des colons, sans égard pour ceux et celles qui y habitaient. Elle visait aussi à faire cesser la destruction d’un lieu sacré, le cimetière, piétiné pendant des années par des vacancier.ères blanch.es parce qu’il se trouvait dans les limites d’un parc national érigé sur un territoire colonisé. La crise d’Ipperwash aura fait un mort, meurtre que la police aura l’audace de présenter comme un acte d’auto-défense. Afin d’obtenir justice pour le meurtre de leur proche, la famille de Dudley George entame, dans les mois qui suivent l’occupation, des poursuites contre le premier ministre Mike Harris et la police provinciale de l’Ontario. C’est la première fois qu’un premier ministre en fonction est cité à comparaître. Une longue bataille juridique s’amorce.

« The prisons are full of Indian people who stole a carton of cigarettes, but if you kill a Native, you’re free. »

Sheila Hippern, Stoney Point (One Dead Indian, page 216)

Si le gouvernement ontarien est traîné en justice, c’est aussi le cas pour plusieurs personnes ayant participé à l’occupation du parc provincial. Ces accusations portées contre les occupant.es du parc d’Ipperwash sont en majorité sans fondement et la plupart des accusé.es sont aquitté.es. Sous enquête, les policiers entretiennent un silence coupable quant à leur rôle dans le tabassage subi par Cecil Bernard George. Aucun enregistrement de la soirée, audio, vidéo ou en photo n’a pu être retrouvé ; un bris d’équipement aurait empêché la police d’enregistrer, selon la procédure, ses agissements. Sur les 250 témoins interrogés, aucun ne fournit d’information probante, ce qui force finalement la fermeture du dossier. Pour avoir consciemment tiré sur un homme désarmé et pour avoir menti à plusieurs reprises devant la justice sur ses agissements ce soir là, Kenneth Deane, l’assassin de Dudley George, est finalement condamné pour négligence criminelle causant la mort. Il purgera sa peine en faisant des travaux communautaires.

La mort de Dudley George aura aussi comme conséquence de lancer une enquête gouvernementale qui mènera à des recommandations pour qu’un tel événement ne se reproduise plus. Malgré le caractère intrinsèquement colonialiste du Canada, les terres  de Stoney Point seront graduellement rétrocédées à la communauté Chippewa. La lutte exemplaire des Chippewas à l’automne 1995 et leur détermination devant les tribunaux aura réussi, pour une fois, à faire plier le gouvernement. En 2007, le parc provincial d’Ipperwash est remis aux membres de la communauté de Stoney Point. En 2015, les terres confisquées par le ministère de la Défense en 1942 sont rétrocédées par le gouvernement ontarien à la communauté. Cela aura pris presque un siècle, un mort et des années de procédures judiciaires épuisantes pour que les gens de Stoney Point retrouvent un territoire qui n’aurait jamais dû leur être soustrait. Cette victoire a été acquise au prix du sang.

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La crise d’Ipperwash nous rappelle que l’état canadien est fondé sur le vol et le génocide des peuples autochtones. Sa condition d’existence, le colonialisme de peuplement, implique parallèlement l’annihilation de sociétés pré-coloniales. Pour cela, tous les moyens sont bons, de l’élimination physique à l’acculturation, en passant par la répression politique et juridique. Les agissements de la police ou de l’armée dans le cadre des différentes crises autour des revendications territoriales autochtones sont à comprendre dans ce contexte. En effet, même si la police ne subit pas toujours directement de pressions politiques (comme ce fut par ailleurs le cas lors de la crise d’Ipperwash), elle soutient néanmoins les valeurs fondamentales de l’état qu’elle défend et ses lois. Si ces lois et juridictions sont injustes pour une partie de la population, la police reproduira ces injustices, sous le couvert de la loi et l’ordre. Ici, la loi et l’ordre, c’est le colonialisme. Les boucliers se lèvent chaque fois que cela est remis en question. Et l’assentiment presque généralisé que reçoit cette répression de la part des descendant.es de colons contribue à perpétuer cette situation inique.

Enfin, la nouvelle stratégie de pacification des relations entre Autochtones et gouvernements ne doit pas faire illusion. À ce jour, on exige toujours des peuples autochtones qu’ils renoncent à leurs droits ancestraux pour pouvoir obtenir une compensation financière et territoriale. Le gouvernement continue de retirer les enfants des communautés sous prétexte de les protéger. On voit toujours le rouleau compresseur de l’acculturation à l’oeuvre, et ce n’est pas la présence de quelques personnes autochtones en public qui change ce paradigme. Enfin, les personnes autochtones continuent d’être incarcérées et de subir les violences policières de plein fouet. La pacification semble fonctionner à sens unique. Et comme nous l’a démontré l’exemple d’Ipperwash, seule la lutte des peuples autochtones pourra leur donner gain de cause quant à leurs revendications légitimes.

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Sur la crise d’Ipperwash, on consultera avec profit le livre One Dead Indian de Peter Edwards (2001), qui offre un récit honnête de la violence d’état durant cette crise. Les documents de l’enquête sur Ipperwash sont disponibles en ligne, dont celui élaboré par la première nation de Stoney Point sur l’histoire d’Aazhoodena. On pourra aussi regarder le documentaire de SubMedia : Ipperwash Crisis in 5 minutes, qui rend compte de la crise de manière frappante.  Pour avoir une vue d’ensemble des luttes autochtones au Canada des années 1970 à aujourd’hui, on consultera le livre du grand militant secwepemc Arthur Manuel, Décoloniser le Canada (2018). Enfin, sur les procédures actuelles mais toujours trompeuses du gouvernement du Canada, on consultera le livre de Glen Sean Coulthard, Peau rouge, masques blancs (2018). L’auteur y explique comment l’actuelle stratégie de pacification des rapports entre gouvernements et Autochtones reste au désavantage de ces derniers.

Ce 3 octobre, Joignez-vous à nous pour une journée d’action contre la détention de migrant.e.s par le Canada

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Sep 102019
 

De Solidarité sans frontières

Quoi : Journée d’action dans plusieurs villes contre la détention des migrant·e·s
Quand : Le 3 octobre 2019
Où : Canada et international

Au cours des deux dernières années, une lutte active contre la construction d’une nouvelle prison pour migrant·e·s prévue à Laval, Québec, a été menée par différents groupes. Cette vaste mobilisation a su inclure une variété de tactiques, chacun se battant à sa façon pour mettre fin au régime de frontières et de prisons du Canada.

Solidarité sans frontières a participé à cette lutte en organisant des manifestations, des ateliers, des conférences de presse, une déclaration contre la prison (actuellement signée par plus de 80 groupes) et des occupations temporaires du chantier lui-même. Or, malgré l’opposition soutenue et généralisée à ce projet, les travaux de construction de la nouvelle prison pour migrant·e·s de Laval ont récemment commencés.

Nous sommes maintenant devant l’urgence d’agir rapidement pour faire pression sur les entreprises qui ont reçu des contrats pour la construction de cette nouvelle prison. Nous avons commencé une série d’actions hebdomadaires axées sur ces profiteurs, et nous appelons à une Journée d’action, le 3 octobre, organisée par des groupes alliés dans différentes villes à travers le pays et à l’étranger.

La nouvelle prison de Laval n’est qu’un élément du système de détention des personnes migrantes au Canada que la Journée d’action vise à contester. Qu’il s’agisse des prisons fédérales pour migrant·e·s, des prisons provinciales qui détiennent des migrant·e·s pour le compte de l’ASFC, des entreprises qui profitent de la détention des migrant·e·s, des bureaux de l’ASFC ou des ONG qui mettent en œuvre les nouveaux systèmes de surveillance et de contrôle « alternatifs » de l’ASFC, l’infrastructure canadienne de détention des personnes migrant·e·s s’étend partout. Nous demandons que des mesures soient prises le 3 octobre pour remettre en question ce système et aider à rendre son infrastructure plus visible.

Pouvez-vous aider à organiser une action dans votre ville ? Veuillez écrire à : solidaritesansfrontieres@gmail.com

Pas de prison ! Pas de frontières !

Pour en savoir plus sur la détention des personnes migrantes au Canada et la nouvelle prison pour migrant·e·s

Pour signer notre déclaration contre la prison

Qu’est-ce que la violence ?

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Sep 022019
 

De subMedia

Nos sociétés sont largement dépendantes de la violence pour leur fonctionnement. Bien que les états tentent de maintenir un monopole sur la violence et cherchent constamment de nouvelles formes de légitimer leur emploi de la violence, les peuples qui luttent contre la domination peuvent aussi employer la violence pour s’opposer aux systèmes hiérarchiques qui les oppriment. Alors que le débat autour de la violence et autres tactiques semble se rallumer chaque fois que quelqu’un décide de se défendre, la nécessité des attaques physique contre le pouvoir ne peut pas être ignoré. Alors, qu’est-ce que la violence exactement, et comment fonctionne-t-elle dans le monde ?

« You’re not tough now » : deux policiers en civil se font défoncer (vidéo)

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Août 302019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La vidéo des événements étant malheureusement déjà en possession des flics, nous avons décidé d’en faire un petit remix.

24 août 2019. Centre-ville de Montréal. Une foule reconnait deux flics du SPVM en civil, à l’extérieur d’un bar. Basés au poste 21, situé à proximité, ils passent leur quarts de travail à harceler et à brutaliser les gens pauvres et marginalisé.es du coin. En civil, ils n’ont pas de fusil, pas de taser, pas de radio pour appeler des renforts. Voyons ce qui arrive quand ils ne peuvent se cacher derrière une insigne.

« Ce n’est pas juste une attaque contre ces policiers — c’est contre tout le système judiciaire. »

— Porte-parole du SPVM

ACAB.

Restez à l’affut.

Tisseur se tourne vers les tribunaux pour museler l’opposition à la nouvelle prison pour migrant.e.s

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Août 282019
 

De Solidarité sans frontières

ECl_F1KWwAAOyIwMontréal, le 27 août 2019 — La Cour Supérieure du Québec a accordé à Construction Tisseur Inc., la compagnie qui gère la construction de la nouvelle prison pour migrant.e.s à Laval, une injonction juridique contre le réseau de justice migrante Solidarité Sans Frontières. L’injonction temporaire a été demandée suite à un piquetage d’information festif qui a eu lieu devant le siège social de Tisseur à Val-David jeudi après-midi, en présence de musicien.ne.s Klezmer.

« Cela crée un dangereux précédent. C’est une préoccupation importante pour la population québécoise quand une compagnie utilise les tribunaux pour faire taire les critiques. Nous nous rappelons du harcèlement juridique d’Éco-société par Barrick Gold concernant la publication de Noir Canada. Et ces deux cas sont liés: les compagnies minières canadiennes comme Barrick Gold contribuent au déplacement de gens qui aboutissent dans des centres de détention pour immigrant.e.s. Nous ne nous laisserons pas museler, l’enjeu est bien trop important », dit Jane Doe de Solidarité Sans Frontières.

Solidarité Sans Frontières a été avisé à 18h26 jeudi le 22 août qu’une audience de la Cour aurait lieu le lendemain matin. Les représentants légaux de Solidarité Sans Frontières ont demandé un report pour leur permettre de préparer une défense, mais le report a été refusé. L’injonction temporaire, qui interdit à Solidarité Sans Frontières, à Jane Doe et à John Doe l’accès aux terrains de Tisseur, situés au 1670 route 117 à Val David, demeure en vigueur jusqu’au 1er septembre. L’injonction pourrait être renouvelé cette semaine.

« Nous avons organisé le piquetage la semaine dernière pour rejoindre les travailleurs et travailleuses impliqués dans ce projet. Nous croyons que les centres de détention pour les migrant.e.s et les réfugié.e.s, tout comme le système d’immigration dont ils font partie, nuit aux droits du travail. Nous voulions ouvrir un dialogue avec les employé.e.s de Tisseur à ce sujet, durant leur heure de dîner », a expliqué John Doe, de Solidarité Sans Frontières.

« Tisseur s’est plaint que nous ayons installé des affiches sur leurs murs. Nous avons installé avec du ruban adhésif des silhouettes qui représentent des ami.e.s qui ont été détenus ou déportés. L’une d’elles est Lucy Granados, une mère célibataire et travailleuse originaire du Guatemala qui était venue au Canada après que l’usine américaine pour laquelle elle travaillait ait été déplacée en Asie, ou la main-d’oeuvre est meilleur marché. Une autre représentait « Daniel », un garçon de 17 ans qui a été détenu dans son école secondaire de Montréal et déporté seul vers le Mexique », a dit Doe.

« Nous ne croyons pas que Yannick Tisseur ait peur de nos affiches temporaires ou de nos rubans adhésifs, mais il souhaite clairement éviter que ces histoires ne se rendent à ses employé.e.s. Une des affiches demandait  « Tiseur, mettriez-vous vos enfants dans une prison? » Il ne veut pas que ses travailleurs et travailleuses sachent que la prison sera utilisée pour détenir des enfants. »

La construction de la nouvelle prison, située à côté de l’actuel Centre de détention en Immigration de Laval, a débuté le 5 août 2019. La fin des travaux est prévue pour 2021, et sa construction fait partie d’un investissement de 138 millions de dollars pour augmenter la capacité du Canada à détenir indéfiniment et à déporter des migrant.e.s, incluant des enfants. Des personnes qui ont déjà été détenues rapportent des problèmes de santé mentale importants, tels que des cauchemars, de la dépression, des idées suicidaires, de la difficulté à dormir, de l’anxiété, et d’autres symptômes liés au choc post-traumatique.

Quelques dizaines de « patriotes » québécois s’associent à des néonazis et ultranationalistes Canadiens pour manifester contre les immigrant-e-s à Lacolle

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Août 282019
 

De Montréal Antifasciste

Le 24 août 2019 a eu lieu au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle une petite manifestation anti-immigration coordonnée par le Groupe de sécurité patriotique (GSP) et soutenue par un assortiment d’énergumènes sortis tout droit de la fachosphère, dont un néonazi bien connu ayant fait le voyage depuis l’Ontario avec d’autres ultranationalistes canadiens pour s’acoquiner avec nos « patriotes » locaux!

Ces manifestant-e-s, qui adhèrent à une version alternative de la réalité ancrée dans diverses théories complotistes (dont le prétendu « grand remplacement » de la population québécois/canadienne/occidentale/blanche au moyen d’une « immigration de masse » qui serait orchestrée par « l’élite globaliste » et l’ONU; il s’agit précisément de la théorie raciste qui a inspiré les tueurs de Christchurch et d’El Paso…), s’étaient donné rendez-vous à Saint-Bernard-de-Lacolle pour dénoncer l’accueil au Canada d’immigrant-e-s et de réfugié-e-s « illégaux »[i].

Une mobilisation ratée

Le rassemblement du 24 août a d’abord été appelé par Lucie Poulin, une organisatrice clé du Parti patriote, lequel tente actuellement de recueillir suffisamment de signatures pour présenter des candidatures aux élections fédérales de 2019. Le Parti patriote est un groupe nationaliste québécois d’extrême droite qui était présent aux mobilisations de la Vague bleue, mais qui s’est depuis quelque peu brouillé avec ses organisateurs suite à une montée de lait publique de Poulin. Sans grande surprise, ses sujets de prédilections sont l’opposition à « l’immigration de masse » et au « racisme anti-québécois ».

La mobilisation d’extrême droite du 24 août est restée très tiède, malgré l’annonce par Robert Proulx, le leader du Groupe Sécurité Patriotique (GSP), que son groupuscule endossait l’initiative et serait sur place pour en assurer la sécurité.

C’est d’ailleurs un Robert Proulx déconfit et au bord de la dépression qui a publié au lendemain de la manifestation une vidéo dressant un bilan négatif et déçu de la mobilisation… sans toutefois dire un mot sur la présence d’un gros néonazi à ses côtés toute la journée!

Le petit chef du Groupe de Séurité Patriotique (GSP), Robert Proulx, comme cul et chemise avec Kevin Goudreau, le militant néonazi du Canadian Nationalist Front.

 

De nouvelles accointances douteuses…

Parmi la quarantaine de personnes ayant répondu à l’appel se trouvait un petit contingent de « gilets jaunes » canadiens de la région de Toronto/Hamilton et le militant néonazi Kevin Goudreau, de Peterborough… qui a même été invité à prendre le micro à plusieurs reprises!

Goudreau, le tristement célèbre leader du  Canadian Nationalist Front, a un long historique de militantisme ultranationaliste et a récemment fait les manchettes pour avoir appelé ses sympathisants à tuer des membres du Anti-Hate Network, des journalistes et des antifascistes. À un moment donné, le nazi a même entraîné la foule à scander le slogan : « 100 personnes, un cœur! ».

“I’m proud of my heritage; we’ve been here for 400 fucking years. And we don’t need, these fucking… god-dam fucking ragheads (sic) coming here and telling us how to live our life. Our heritage, our homeland. (…) We’re not immigrants. We did not immigrate here. We built this country, from garbage, from nothing.”

(Traduction: Je suis fier de mon patrimoine; ça fait 400 ans que nous sommes ici. On n’a pas besoin de ces ostie d’enturbannés pour venir nous dire quoi faire de nos vies. Notre patrimoine, notre pays. (…) Nous ne sommes pas des immigrants, nous n’avons pas immigré ici. Nous avons bâti ce pays à partir de vidanges, à partir de rien.)

Juste avant, Johane Voyer, présentée comme la responsable des relations avec les médias pour GSP, avait prononcé un long discours aussi délirant que décousu :

« (…) Nous sommes Storm Alliance, Les Gardiens du Québec, La Meute… Nous sommes Atalante, nommez-les… MÊME, nous sommes les antifas! (…) »

« Nos élites politiques veulent faire du Canada et du Québec un pays surpeuplé d’immigrants. (…) Trudeau entre autres, entre 2019 et 2020, s’il est réélu, il veut en faire entrer un million. (…) Le Canada a le plus haut taux d’immigration dans le monde. On nous le rentre de force. L’immigration de masse, les réfugiés, qui traversent au nom du tiers pays, des supposément demandeurs d’asile légal ou illégal (sic). Depuis 15 ans minimum, le pays accepte deux fois plus d’immigrants que les États-Unis et quatre fois plus que la France. Ce qui veut dire deux à deux fois et demie par habitant (sic). Si cela ne signifie pas une assimilation du peuple, dites-moi ce que cela veut dire. »

« Il n’y a plus un seul francophone au Manitoba. »

Le vociférant Michel Malik Éthier, dont il a plusieurs fois été question sur ce site, a quant à lui pointé du doigt l’ONU comme principal ennemi du peuple québécois :

« C’est l’ONU qui pousse Trudeau à ça. Trudeau il se sert d’une arme qu’on appelle « multiculturalisme » pour en venir aux fins de son mondialisme (sic). Le remède, l’antidote à ça, c’est ce que je vois devant moi, là, c’est le patriotisme. C’est pour ça qu’ils s’attardent à détruire le nationalisme en soi. Que ça soit le nationalisme québécois ou le nationalisme canadien, ce nationalisme-là est un poison pour Trudeau. (…) Trudeau, en laissant la porte ouverte à n’importe quel migrant, il nous met en danger. »

Éthier, suivant l’exemple de Voyer et d’autres intervenant-e-s, a ensuite inexplicablement décidé de s’adresser en anglais aux quelques douzaines de manifestant-e-s rassemblé-e-s. On pourrait d’ailleurs s’étonner de voir autant de patriotes québécois manifester sous un gigantesque unifolié et prendre la parole en anglais pour tendre la main à des ultranationalistes Canadiens, mais pour ces soi-disant patriotes, la défense du « peuple » et du territoire national contre la menace imaginaire de « l’immigration de masse » semble désormais passer avant l’aspiration à l’indépendance nationale du Québec!

Robert Proulx, alias Bob le Warrior, le leader de GSP, a à son tour pris le micro pour défendre la pratique consistant à s’accoutrer en soldats de surplus pour « défendre » les rassemblements identitaires. Fidèle à son habitude de menteur compulsif, il a commencé en disant que GSP « sécurise les manifs » depuis cinq ans, alors que le groupe n’existe que depuis un an tout au plus et que Proulx lui-même n’a commencé à apparaître dans les manifs de La Meute qu’en 2017. Robert, tu peux bien continuer à bourrer tes suiveux avec tes menteries grosse comme un truck. Un plein de marde, ça reste un plein de marde…

« Ce qui est blessant, c’est d’entendre des commentaires sur Facebook qu’on a l’air des ti-clounes habillés en militaires. »

Donald Proulx, du Parti patriote, a enchaîné avec une série de statistiques douteuses sur « l’assimilation des francophones » :

« [La nation francophone à travers le Canada] En 1766, on était à 99 %, on peut dire que ça allait très bien à ce moment-là. (…) Aujourd’hui, on parle qu’on est en bas de 20 %. Avec l’immigration massive et illégale, ça va continuer à descendre encore beaucoup plus vite. (…) Les partis nationalistes sont en train d’exploser en Europe présentement. Ça nous prend ce genre de politique-là ici, et ça aurait dû commencer depuis au moins 15 ans. Le Parti patriote va être là, pas juste au fédéral, on va être là aussi au provincial, pis on va même viser le municipal, on va être partout. »

Une opposition discrète

Une discrète mobilisation antifasciste est restée en position de retrait toute la journée, observant les xénophobes à distance. Jugeant qu’il valait mieux dans les circonstances laisser aux racistes toute la corde dont ils avaient besoin pour se pendre entre compatriotes, il a été décidé au final de ne pas se prêter au classique face-à-face avec eux. D’autant plus que les forces policières déployées sur le terrain semblaient déterminées à soutenir logistiquement la manifestation anti-immigration et à harceler les antiracistes.

Lucie Poulin et Robert Proulx se sont tous deux félicités dans leur bilan de l’événement du fait que la police les a étroitement escortés toute la journée. Des policiers ont même été vus blaguant et socialisant avec les xénophobes.

Complicités manifestes à Lacolle

Si la plupart des manifestant-e-s ont fait plusieurs heures de route pour se rendre au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, pour certains le voyage était beaucoup moins long.

André Lafrance, un conseiller municipal de Saint-Bernard-de-Lacolle, était présent au rassemblement. Loin de se désolidariser des racistes, il s’est mêlé à la petite foule et a publié un album photo de la journée accompagné d’un commentaire dithyrambique.

Il semble aussi que le point de rencontre des racistes, le IGA Dauphinais, n’ait pas été choisi par hasard. Après avoir été clairement accommodé-e-s dans le stationnement et les alentours du centre d’achats, les manifestant-e-s ont été chaudement accueillis au restaurant au retour de leur manifestation. Nous commençons à observer là un pattern, et nous pencherons certainement avec une plus grande attention sur cette préoccupante complicité locale lors des prochaines mobilisations dans le secteur frontalier.

Pas un pour rattraper l’autre…

Après le fiasco de la Vague bleue à Trois-Rivières, le petit milieu national-populiste qui se regroupe autour de GSP vient de nous donner la preuve que ses membres ne sont guère mieux que leurs rivaux des Gardiens du Québec, allant même jusqu’à donner une belle tribune à un néonazi pourtant très connu!

Pour la petite histoire, avant le rassemblement du 24, Lucie Poulin avait brassé de la marde dans le milieu en s’attaquant à John Hex, le principal organisateur de la Vague bleue, ainsi qu’à Storm Alliance pour n’avoir pas immédiatement endossé son initiative. Sa critique a été reprise par Robert Proulx et Sylvain Lacroix de GSP, qui étaient encore effarouchés de s’être fait dire par les organisateurs de la Vague bleue de ne pas venir à la deuxième édition de la VB à Trois-Rivières en tenues paramilitaires (d’où le commentaire de Proulx ci-dessus); en réponse Éric Trudel, le chef de Storm Alliance, s’en est mêlé en disant que « les Storms » ne retourneraient plus à la frontière, tout en soulignant que les individus derrière la manif du 24 sont les mêmes qui sèment toujours la marde partout.

Pour ce qu’y en est de La Meute, cette organisation en crise permanente et saturée d’hypocrites, Wolfric Oullet (le bras droit du grand chef Sylvain Brouillette) a pris la peine de critiquer les anciens membres et « dissidents » qui s’étaient joints à la manif : « Asti de gang d’imbéciles vous este pas digne de porter et de véhiculer notre Nom et Nos couleurs apres les avoir brûlé et avec ce que vous en faite maintenant shame on you all bande de cave ».

Ce à quoi nous assistons actuellement au Québec est une remontée à la surface de tous les pires éléments du fin fond fangeux de l’extrême droite, dans un contexte où les deux principales organisations actives depuis quelques années, La Meute et Storm Alliance, sont en retrait. Toutes sortes d’individus un peu moins habiles et plus francs dans leur racisme profitent de ce repli pour se mettre de l’avant.

Une situation à surveiller.

 


[i]           Le poste frontalier de Lacolle est devenu un endroit prisé pour l’extrême droite dans son opposition à l’immigration. Un grand nombre de migrant-e-s traversent la frontière au Chemin Roxham, tout près du poste frontalier, pour fuir une situation de plus en plus répressive aux États-Unis. Comme le régime Trump a refusé de renouveler divers accords permettant aux gens de rester légalement dans ce pays, les gens viennent au Canada dans l’espoir d’y trouver refuge. Cependant, en raison de l’hypocrite et meurtrier « Accord sur les tiers pays sûrs », ces personnes sont refusées si elles se présentent à un poste frontalier régulier. C’est pourquoi iels sont obligé-e-s de traverser à un passage irrégulier. Roxham Road est ainsi devenu l’un des plus importants (et le plus célèbre) de ces points de passage.

Plutôt que de reconnaître la situation à la frontière pour ce qu’elle est — la pointe de l’iceberg d’une crise humanitaire mondiale alimentée par les guerres impérialistes, la destruction écologique et le racisme —, les organisations d’extrême droite s’accrochent à la question de ce qu’elle appelle « l’immigration illégale » pour attirer l’attention des médias et attiser les sentiments et comportements racistes. Il est important de noter que selon l’Association du Barreau du Québec, il n’existe pas d’« immigration illégale »; ce n’est pas une catégorie juridique. L’emploi du terme « immigrant-e-s illégaux » est une déviation discursive pour laisser entendre que les réfugié-e-s font quelque chose de mal ou sont des criminels.

 

Good Night Atalante

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Août 192019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit de lundi 12 aout 2019, trois membres d’Atalante Québec ont été attaqué.e.s.

Atalante est un groupuscule fasciste dont les membres ont pris part à de nombreuses agressions dans les dernières années (à commencer par l’attaque au couteau de la Coop L’Agité à Québec). Ce groupe s’inspire de CasaPound en italie et de Bastion social en france afin de tenter de faire revivre l’idéologie fasciste. Ses membres sont antisémites, homophobes, transphobes et colonialistes. Ils ne passeront pas.

Roxanne Baron et Jonathan Payeur ont eu leur jeep détruit (fenêtres brisées et du jus de moufette déversé à l’intérieur).

Jean Mecteau a eu son domicile et son tattoo shop vandalisé (grafitti NAZI SCUM et 161 (Action Antifasciste) et de la peinture noire sur sa porte et ses fenêtres).

Pourquoi eux ?

N’importe lequel des membres ou des sympathisants d’Atalante auraient pu etre visés. Cette fois ci, c’est tombé sur ces trois ordures là.

Roxanne Baron et Jonathan Payeur sont des membres des Québec Stomper, le gang de rue associé à Atalante. Jo est également un ancien skinhead antiraciste qui est passé du mauvais coté. Aujourdhui il se considere comme le sergent d’arme d’Atalante, c’est lui qui a accompagné Baptiste Gilistro et Louis Fernandez, deux jeunes recrues, lors de l’attaque du bar le Lvlop en décembre 2018.

Jean Mecteau est bassiste dans le band Légitime Violence, le groupe phare des fascistes de la province. Il est aussi propriétaire du salon de tatoo Jhan Art et il est fréquent qu’il réalise des tatoos aux références nazis ou fascistes pour ses ami.e.s.

Cette action est en solidarité avec toutes les victimes de l’extrême droite, à Québec, Hamilton, Montréal, Lyon et partout ailleurs.

22 août – Manif contre la nouvelle prison pour les migrant.e.s

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Août 132019
 

De Solidarité sans frontières

Rejoignez-nous pour la première d’une série d’actions publiques en opposition à la nouvelle prison pour migrant.e.s à Laval ! Ces actions se dérouleront tous les jeudis à midi à divers endroits et se termineront le 3 octobre avec une journée d’action dans plusieurs villes.

La nouvelle prison pour migrant.e.s à Laval fait partie d’un investissement de 138 millions de dollars dans le système de détention des migrant.e.s en vertu du Cadre national en matière de détention liée à l’immigration (CNDI), une nouvelle politique annoncée en 2016. Dans le cadre du CNDI, le Canada finance la construction de deux nouvelles prisons pour migrant.e.s ainsi que des nouvelles technologies carcérales pour surveiller et contrôler les migrant.e.s en dehors de ces établissements.

Le 22 août, nous nous rassemblerons devant le siège social de Tisseur Inc à Val-David pour une manifestation publique. Tisseur a récemment remporté un contrat de 50 millions de dollars pour superviser la construction de la nouvelle prison de Laval. Les travaux initiaux ont déjà commencé.

Des entreprises comme Tisseur aimeraient construire l’infrastructure d’un avenir anti-migrant, mais nous avons une toute autre vision. Notre vision n’inclut ni détention, ni frontières ni prisons! Et nous demandons de l’aide pour le réaliser.

Pour nous rejoindre le 22 août : nous irons ensemble à partir de Montréal. Vous pouvez envoyer un courriel à solidaritesansfrontieres@gmail.com pour réserver votre place et connaître le lieu de rendez-vous. Nous nous réunirons à 10h pour arriver à midi et revenir à Montréal au plus tard à 16h. Si vous avez une voiture que vous pouvez apporter ou prêter, veuillez nous l’indiquer ainsi que le nombre de places que vous pouvez offrir.

Ni frontières, ni prisons, un statut pour tou.te.s!

Mise en contexte

Déclaration à endosser

Retour sur la vague bleue – Critique de la raison masquée

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Août 082019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le samedi 27 juillet se tenait à Trois-Rivières la 2e manifestation de la « vague bleue », une tentative de mouvement citoyen, en réalité pilotée par des groupes d’extrême droite en appui au projet raciste de loi 21 de la CAQ. La journée s’est somme toute bien déroulée : on était beaucoup plus à la contre-manif appelée par le groupe Trois-Rivière TRès inclusif (environ 3 fois plus), on a pu bloquer leur manif, les faire niaiser dans un stationnement pendant des heures (encore) pis en plus, des ami.es leur ont calissé des œufs pourris dessus, ont volé et détruit la caméra d’un média d’extrême droite (Radio-Québec), pis ont tabassé un de leurs goons qui tentait de s’en prendre à nos ami.es. Des gens sont aussi venus la veille tagger des insultes à leur point de départ. Ceci étant, on voudrait revenir sur un aspect de la manif qui nous a semblé poser problème : la séparation qu’on a nous-même créée entre le « black bloc » et le reste du monde qui était venu manifester.

Pour préciser un peu ce qui s’est passé, avant même que la manif commence, on s’est regroupées, toutes les personnes masquées, dans la rue. On était ben crinqué.es et excité.es d’être là. Mais avant même qu’on puisse commencer le trajet, avant même que la police fasse le moindre move, on avait déjà créé une scission au sein du groupe rassemblé. Y’avait le monde qui était masqué, en noir, dans la rue. Ceux et celles que les fachos pis les médias appellent les « antifa », les « casseurs ». Pis y’avait encore dans le parc, en train de nous checker, les gens qui probablement partageaient nos idées pis nos convictions, mais étaient pas masqués.

Il nous semble que ce geste de séparation, impose une délégation de la violence dans les mains du « black bloc » et nous prive collectivement d’une possibilité d’intensification du niveau de conflictualité général.

Explications : si celles et ceux qui sont allé.es à Trois-Rivières pour faire obstacle à la vague bleu mais qui n’adoptaient pas spontanément l’esthétique antifa sont resté.es stoïques face à nos tentatives de déplacement et de percée à travers la ville, c’est parce que se jouait devant eux une scène leur étant à la fois familière et étrangère. Familière puisque Trois-Rivière devenait, l’instant de quelques heures, le théâtre d’un spectacle déjà joué 1000 fois à la télé, où des antifas violents affrontent des nationalistes dégénérés, sans qu’aucun brin de vérité ne puisse percer l’écran. Étrangère parce qu’ils et elles se trouvaient alors dépossédées de la possibilité d’entrer en confrontation réelle, d’assumer ce qui était nécessaire pour arriver à bloquer la « vague bleue ».

Nous écrivons ce texte pour tenter d’élaborer une réflexion sur ce qui fait en sorte qu’une (contre-)manif est explosive ou ennuyeuse et pour essayer de ne plus se sentir impuissant.es lorsque nous nous retrouverons parmi une foule aussi hétérogène que celle du 27 juillet. Nous voulons revoir des vrais débordements, et nous savons que la manière dont nous agissons dans ces contextes peut favoriser ou nuire au surgissement d’intensités dans la foule. Nous aimerions que cette discussion, dans laquelle nous sommes largement redevables d’une internationale de fouteuses de trouble, de transformateurs de manifs en émeutes, dépasse ici aussi les positions de principe ridicules (pour ou contre le black bloc, pour ou contre les masques) et se déploie sur un plan tactique (comment agir efficacement, en telles ou telles circonstances, pour arriver aux buts fixés – bloquer la « vague bleue »).

Pour nous, la possibilité d’un débordement se situe bien sûr dans le débordement du dispositif policier, dans la destitution des forces de l’ordre par une foule en colère et dans la neutralisation de leurs uniformes, de leurs armes, de leur virilité par la puissance collective. Mais ce que nous désirons surtout provoquer, c’est un débordement des identités politiques. Que nous soyons toutes et tous débordé.es par la situation. Un débordement de la foule par elle-même. En quelque sorte que les gens soit mis face à l’exigence de la situation. Dans le cas de la Vague Bleue, que toutes les personnes qui étaient venues pour bloquer les fachos, soient mises face aux gestes qu’il faut poser pour le faire : il est question de tactiques de rue et de groupes, d’usages des objets, de jeu sur les ambiances, de faire émerger une disposition existentielle à l’affrontement.

C’est ce qu’on a été incapables de faire advenir ce jour là. On a bien sûr renforcé nos bandes, aiguisé notre complicité, ridiculisé des bouffons racistes, mais on a été loin d’amener des gens dans notre délire révolutionnaire. Il s’est joué cette journée là ce qui s’est déjà passé des tonnes de fois à Montréal et à Québec dans les dernières années. Chaque fois que la police suit le contingent « radical » parce qu’il s’est lui-même dissocié de la foule, on a déjà perdu. On se neutralise nous-même dans l’allure, l’identité qu’on se donne. Cette dynamique nous éloigne toujours doublement de l’insurrection. D’une part parce qu’il est alors impossible d’enjoindre la foule dans un débordement massif. D’autre part parce qu’on se condamne à un affrontement direct avec l’État, terrain sur lequel on est sûr.es de perdre.

À partir de ces constatations, il nous semble qu’on pourrait faire un parallèle avec l’évolution de l’idée de personne. Dans la Rome antique, le masque porté par l’acteur sur scène est nommé persona et est synonyme de visage. En dehors du théâtre, le terme persona désigne le rôle d’un individu dans la société, sa situation juridique. Mais cette catégorisation ne désigne pas l’essence de l’individu, simplement un rôle qu’il prend, une posture qu’il adopte, relativement à la configuration sociale, aux jeux relationnels. C’est avec la science coloniale/moderne que la persona devient l’identité individuelle, que le masque se fond sur le visage et que chaque forme-de-vie devient alors essentiellement séparée, individualisée et objectifiée. La criminologie et les autres sciences des pathologies et des races, grâce aux dispositifs biométriques et policiers, créent les figures du criminel, de l’homosexuelle, du déviant. Ironiquement, la répétition en toutes les circonstances de ce que certain.es militant.es s’époumonent à appeler « tactique » montre plutôt que la pensée tactique nous fait souvent défaut et que ces logiques relèvent réellement de l’identification avec le personnage.

À Trois-Rivières, nous avons senti que nos masques s’étaient fondus sur nos visages. Que notre inclinaison éthique à la guerre pour affirmer ce à quoi nous tenons n’était alors résumable qu’aux prédicats, aux identités que la police sous ses différentes formes nous attribue et que nous adoptons à notre tour. Nous avions l’impression de livrer à la société spectaculaire marchande le divertissement qu’elle réclamait. Celui nécessaire à sa démocratie, à son bon fonctionnement économique. C’est parce que les masques se sont fondus sur nos visages, que nos existences se sont repliées sur nos catégories, qu’il est, pour l’instant, plus facile d’aller au contact avec les fachos que d’entrer en contact avec celles et ceux qui manifestent avec nous. Qu’il est plus attendu de voir trois « black bloc » discuter ensemble et agir de leur côté que de voir une masse déchainée aux allures lambda poursuivre des militants d’extrême droite.

Le défi devant nous est évidemment plus complexe que notre bonne volonté le voudrait. Il nous faut arriver à se dissimuler de l’œil fasciste – policier ou nazi – sans pour autant rentrer dans une logique d’incommunicabilité avec des potentiel.les complices. Être capables de faire monter la tension sans avoir à se battre avec des paciflics. Cela repose à la fois sur des aspects tactiques et des manières d’être. Apprendre à mieux connaître le terrain, se cacher le visage sans être en black block, être habillé de couleur et pouvoir se changer quand ça chauffe, dialoguer ouvertement avec ceux et celles qui marchent à nos côtés, distribuer à tout le monde des masques festifs ou des costumes et ainsi rendre la foule ingouvernable avant même le premier feu d’artifice. Le black block est une tactique bien évidemment toujours pertinente – nous l’utilisons et nous allons continuer à le faire – mais elle n’est pas la seule clé de notre victoire. Elle est une arme à double tranchant qui peut se retourner contre nous.

Lorsque nous voulons créer du désordre et que nous nous identifions comme tel, la police a la main haute. Au contraire, lorsque l’origine du désordre est imperceptible, la police est mise hors d’état de nuire. Les manuels de stratégie contre-insurrectionnelles posent l’identification des sources de la contestation comme la première étape pour sa neutralisation. Doit suivre la séparation entre cette source identifiable et « la masse » susceptible d’y être entraînée. On peut trouver de la force en embrassant l’esthétique antifa – ou militante, anarchiste, communiste, etc. – mais c’est toujours au prix de cette auto-identification et de cette séparation. Nous devons apprendre à nous rendre imperceptibles. Contre les scénarios attendus, arriver à frapper n’importe où, n’importe quand. Apprendre à se laisser déborder, à être destitué de notre posture de militant.es professionnel.les par le dépassement même auquel nous avons contribué. Parce qu’il est évident que pour l’instant nous restons beaucoup moins redoutables que ce que le spectacle aimerait même nous voir.

Alerta! Le cri de la wawa – 2003/2006

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Août 022019
 

De Archives Révolutionnaires

« Le nom scientifique de la Wawa est le Capybar et il est le plus grand rongeur au monde. Les communautés afro-colombiennes du Choco en Colombie appellent ‘Wawa’ un animal de la forêt tropicale qu’elles chassent à l’aide de chiens pour se nourrir. Au Chili, on appelle les bébés des ‘Wawa’. À Cuba, la ‘Wawa’ est un autobus populaire où les gens s’entassent tous les jours pour se déplacer. On dit à Cuba que le meilleur journal populaire est la ‘Wawa’ parce que c’est là qu’on apprend les nouvelles du peuple… ‘Le cri de la Wawa’ c’est le mélange de toutes ces voix qui s’expriment… le bébé qui essaie de se faire comprendre, l’animal qui crie dans la forêt, le peuple qui veut se faire entendre et qui crie justice… »

C’est ainsi que les auteur.es du journal militant Alerta ! Le cri de la Wawa présentent l’origine du nom de leur publication. Le journal, dont la parution s’échelonne de 2003 à 2006, est publié à l’initiative du « Komiteal » (Comité CLAC – Amérique Latine). Son objectif : tisser un réseau de solidarité transnational en articulant les luttes d’ici et d’ailleurs, servir de journal alternatif aux grands médias et faire entendre les voix de ceux et celles qui luttent, notamment contre le capitalisme, le colonialisme et l’impérialisme. C’est entre autres dans ce but que le journal est publié en trois langues (français, anglais et espagnol) qui s’enchevêtrent au gré des numéros..

Basé sur des principes pluriels, donnant la parole à ceux et celles qui luttent dans les Amériques, le Komiteal s’inscrit dans la continuité des anarchistes inspirés par l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) et la révolte menée par celle-ci au Chiapas. Le journal, lancé à la suite des mobilisations de 2001 contre le Sommet des Amériques à Québec, reprend les thèmes, les objectifs et les idées popularisées par les contre-sommets de Vancouver (1997), Genève (1998) ou Seattle (1999). Le manifeste du Cri de la Wawa, paru dans le premier numéro, pose immédiatement les bases politiques sur lesquelles se fondent le comité : contre l’impérialisme et le paternalisme Nord-Sud, il se place d’entrée de jeu contre les multinationales qui exploitent les territoires et les vies ; et pour la démocratie directe et l’organisation horizontale. Le comité soutient toute « initiative locale de réappropriation et d’autogestion collective des usines, des terres et des richesses naturelles », s’oppose au colonialisme, à l’interventionnisme du FMI et soutient l’abolition des plans et accords néocolonialistes comme le Plan Puebla Panama, le Plan Colombie, l’Initiative Régionale Andine, la ZLÉA ou encore l’ALÉNA. Les militant.es réclament aussi le retrait immédiat des bases américaines et étrangères en Amérique Latine et aux Caraïbes. À la jonction entre les luttes décoloniales, la mouvance altermondialiste et le mouvement anarchiste, le comité se place en opposition à toute forme d’autoritarisme de la part des États ou des institutions. À travers les sept numéros du journal se révèlent les problématiques politiques et les initiatives qui marquent la grande période de lutte contre le capitalisme et la mondialisation du début du XXIe siècle. Mais, pour comprendre la teneur de ce manifeste, il est nécessaire de faire un peu de généalogie…

Alerta - No.5, été 2005, p.1 (2)
Alerta ! Le Cri de la Wawa, no. 5, été 2005

Le 1er janvier 1994, un mouvement insurrectionnel indigène et paysan qui réclame le droit à la terre et le respect des communautés autochtones au Mexique déclare la guerre à l’État mexicain. Il s’agit de la première grande apparition publique, largement médiatisée, de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN). Les zapatistes, dont l’appellation provient du nom du leader paysan et héro de la Révolution mexicaine Emiliano Zapata (1879-1919), est issue de l’organisation clandestine, dans la forêt Lacandone, des paysan.es et des indigènes du Chiapas, une des zones les plus défavorisées du Mexique. Se posant comme les héritèr.es de 500 ans de luttes contre l’impérialisme et le colonialisme, les militant.es de l’EZLN réclament l’autonomie du territoire, la redistribution des terres et le respect des droits, de la culture et de l’autonomie des populations indigènes de la région. En effet, de la colonisation aux agressives politiques néolibérales du gouvernement de Salinas de Gortari dans les années 1990, les populations autochtones et les communautés paysannes du Mexique n’ont cessé de subir les contrecoups du développement capitaliste. Dans la région du Chiapas, pourtant riche en ressources naturelles, une grande partie de la population n’a alors ni accès à la propriété de la terre, ni aux soins médicaux, ni au travail, ni à l’éducation. La région, perçue par le gouvernement mexicain comme une poudrière, est la cible de la répression féroce d’un gouvernement qui entend bien en contrôler les ressources et la population. C’est contre cette guerre génocidaire larvée que mène l’État mexicain contre les Chiapanèques que se pose l’EZLN qui réclame travail, terre, toit, alimentation, santé, éducation, indépendance, liberté, démocratie, justice et paix. Depuis plusieurs années déjà, les zapatistes opposent au néolibéralisme et à la colonisation un autre mode de vie, autonome et communautaire. Dans les zones contrôlées par l’EZLN, on met sur pied des « caracoles », des municipalités autogérées, avec leurs propres systèmes de santé, d’éducation et de vie collective.

« De quoi compte-t-on nous pardonner ? De ne pas mourir de faim ? De ne pas nous taire dans notre misère ? De ne pas avoir humblement supporté le poids historique écrasant du mépris et de l’abandon ? D’avoir pris les armes après avoir constaté que toutes les autres voies étaient closes ? […] D’avoir montré au reste du pays et au monde entier que la dignité humaine existe encore et qu’on la trouve chez les habitants les plus démunis ? […]  D’être en majorité indigènes ? D’appeler le peuple mexicain tout entier à lutter de toutes les façons possibles pour ce qui lui appartient ? De lutter pour la liberté, la démocratie et la justice ? De ne pas suivre la voie des chefs des guérillas précédentes ? De ne pas nous rendre ? De ne pas nous trahir ? »

Sous-commandant Marcos, porte-parole de l’EZLN

Ce n’est pas un hasard si la la date du soulèvement zapatiste coïncide avec l’entrée en vigueur de l’ALÉNA (Accord de libre-échange nord-américain). Cet accord, conclu entre le Canada, les États-Unis et le Mexique est alors le plus grand accord commercial de libre-échange au monde. Il élimine de très nombreuses barrières aux échanges commerciaux et aux investissements entre les trois pays, augmente les possibilités d’investissements transnationaux, favorise la circulation des capitaux et des biens et encourage la sous-traitance. De plus, une clause permet aux entreprises de poursuivre les gouvernements dont les réglementations (environnementales, sociales, syndicales…) menacent de nuire aux investisseurs. Mais le plus grave impact de l’accord de libre-échange pour les zapatistes est le fait qu’il annule l’article de la constitution mexicaine qui donne droit aux Autochtones à leurs terres communales, un droit pourtant acquis depuis 1917. En effet, l’abrogation de l’article 27 constituait un prélude à la signature du traité par le Mexique. En modifiant le statut de l’ejido – propriété collective de la terre par les communautés paysannes et indigènes – le gouvernement mexicain ouvre alors la voie à la commercialisation de la propriété collective et à l’arrêt de la distribution de la terre aux paysans.

Autrement dit, l’ALÉNA, en imposant la libre circulation de la propriété privée, vient abolir une pierre d’assise du mode de vie agraire des communautés du Chiapas, bafoue leurs droits et contribue à l’appauvrissement d’une population déjà durement touchée par la destruction capitaliste. C’est contre cet hydre du libéralisme que se lèveront les combattant.es de l’EZLN :  le 1er janvier 1994, ill.es descendent des montagnes et prennent par les armes plusieurs localités, dont la ville de San Cristóbal de Las Casas et émettent un manifeste, la Déclaration de la Forêt Lacandone. Après un affrontement de douze jours, l’État mexicain entame des négociations qui aboutiront, en 1996, aux accords de San Andrès, accords accordant une large autonomie aux provinces zapatistes du Sud du Mexique. L’impact de cette apparente victoire, largement médiatisée, ouvre alors la voie à un large mouvement de contestation du capitalisme mondialisé. Dès lors, partout où la bourgeoisie tente d’imposer ses mesures néolibérales, elle rencontre de la résistance. Cette révolte mondiale s’incarnera de manière flamboyante dans les nombreux contre-sommets et manifestations contre les accords de libre-échange qui sont alors en voie de transformer durablement le paysage industriel et social de plusieurs pays.

Émergeant de la solidarité avec les communautés en lutte au Chiapas, l’Action Mondiale des Peuples (AMP) est fondée en 1998. Il s’agit d’une coordination mondiale de mouvements sociaux radicaux en lutte contre la restructuration néolibérale et le capitalisme. L’AMP se veut un espace de communication pour tous les groupes qui combattent le capitalisme global dans une perspective anti-autoritaire. La coordination, qui appelle ouvertement à la désobéissance civile et à l’action directe, organise plusieurs Journées d’Actions Globales, qui participeront des formidables mobilisations contre le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce à Genève (1998) ainsi qu’à celles de Seattle (1999),  Prague (2000), Gênes (2000) et Québec (2001).

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Un article d’Alerta ! Le cri de la Wawa sur l’Action Mondiale des Peuples (no. 5, été 2005)

L’AMP, en Amérique Latine, appuie les mobilisations pour le droit à la terre et la défense de l’identité propre des populations autochtones en luttant logiquement contre l’extractivisme et la destruction des espaces et des formes de vies ancestrales. En milieu urbain, des collectifs voient le jour avec comme but d’appuyer le processus d’autodétermination des communautés zapatistes. Partout on s’organise : qu’il s’agisse des expropriations populaires menées par les sans-terres au Brésil, de la lutte contre la guerre à la feuille de coca des Autochtones boliviens, de la résistance civile des communautés noires et métisses de Colombie ou encore de l’organisation des sans-emplois en Argentine, la résistance s’amplifie. La  diffusion de ces luttes par le biais de caravanes militantes (dont l’une fait escale à Montréal le 25 octobre 2003) et des médias engagés pousse un grand nombre de militant.es des pays impérialistes du Nord à agir en solidarité avec ceux et celles qui luttent plus au Sud. Mais la vague néolibérale n’est pas terminée et ce sera contre un énième projet d’accord de libre-échange, la ZLÉA, que devront se mobiliser les miliant.es contre la mondialisation.

CLAC-Montréal. Sommet des Amériques
Quatrième de couverture du journal Résiste ! publié à l’initiative de la Convergence des Luttes Anticapitalistes (CLAC) en mars 2001, qui se voulait un outil de mobilisation contre le Sommet des Amériques.

C’est dans ce contexte que sera formée, en 2001 au Québec, la Convergence des Luttes Anticapitalistes (CLAC) pour s’opposer au Sommet des Amériques. Ce sommet compte rassembler 34 chefs d’État dans la ville de Québec pour discuter de la future ZLÉA (Zone de Libre-Échange des Amériques). Successeur de l’ALÉNA, la ZLÉA prévoit créer une zone de libre-échange à l’échelle du continent américain, qui regrouperait tous les pays des Amériques à l’exception de Cuba.  À l’image de l’ALÉNA, la ZLÉA compte imposer un sévère programme de déréglementation et de privatisation englobant l’agriculture, l’industrie, les services privés et publics, les investissements et les ressources primaires. Tout comme l’ALÉNA, la ZLÉA permet aux investisseurs de poursuivre les États dont les réglementations sociales et environnementales peuvent nuire à leurs profits. Ces politiques ont non seulement comme objectif de favoriser l’exploitation des territoires, mais aussi de faciliter la circulation des marchandises, de la main-d’oeuvre et des capitaux. Parallèlement (et sans surprise) elles participent aussi de la destruction des territoires et modes de vies de plusieurs peuples autochtones et communautés paysannes sur les territoires de l’Amérique.

IMG-7587C’est d’ailleurs sur le contenu et les impacts de cette  nouvelle Zone de Libre-Échange des Amériques que porte un des premiers articles du numéro d’automne 2003 d’Alerta !, intitulé « Les Amériques à vendre ». Deux ans auparavant, au printemps 2001, plus de 2000 personnes venues de 35 pays des Amériques s’étaient rassemblées dans le cadre du Sommet des Peuples pour répliquer aux négociations tenues dans le cadre du Sommet des Amériques, bientôt rejointes par des dizaines de milliers de contestataires. L’énorme mobilisation, qui réussit à rassembler plus de 60 000 personnes, avait donné lieu à des combats intenses et à une réponse féroce des forces gouvernementales qui firent plus de 400 arrêté.es. Si la question de la ZLÉA est encore à l’ordre du jour en 2003, malgré les importantes manifestations de 2001, c’est que ces accords ne sont pas encore tombés. Ils ne feront pourtant pas long feu : avant même d’être mis en application, ils tombent en 2005, sous l’effet combiné des mobilisations contre le projet et des hésitations des gouvernements d’Amérique du Sud.

Malgré tout, le combat n’est pas terminé. En effet, la nouvelle offensive néolibérale des années 2000 s’inscrit dans le renouveau d’un impérialisme et d’un néocolonialisme en Amérique du Sud dont les États-Unis sont le fer de lance. Les accords de libre-échange n’en sont qu’une des pièces les plus visibles : ces arrangements économiques largement défavorables aux pays dominés qui voient leurs ressources pillées s’accompagnent souvent de projets de modernisation et de mesures de contrôle des territoires et des populations. Ainsi, les luttes contre la mondialisation néolibérale rejoignent-elles les luttes contre l’impérialisme et le néocolonialisme.

Plan Colombie - Wolf in sheeps clothing
Le Plan Colombie est signé en 2000 par les États-Unis et la Colombie. Sous couvert de la lutte contre le narcotrafic, les fonds servent plutôt à endiguer l’avancée des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie), un groupe de guérilla communiste dont l’armée colombienne peine à freiner l’expansion.

C’est ce que souligne le Komiteal dans son journal en abordant, dans un article intitulé « Le requin et les sardines » (no. 2, été 2004), l’impérialisme des États-Unis en Amérique Latine. En effet, mettant en œuvre la doctrine Monroe, puis invoquant l’endiguement communiste et justifiant subséquemment leurs actions par  la guerre aux narcotrafiquants, les États-Unis se sont toujours immiscés dans les affaires internes des pays d’Amérique Latine dans le but de préserver leur influence et les conditions favorables à la fructification de leurs investissements.  Ces interventions passent non seulement par un financement massif (de l’armée ou de groupes favorables à certaines politiques) et par une présence militaire dans certaines régions, mais aussi par le développement d’un vaste réseau d’infrastructures, comme celui proposé dans le Plan Puebla Panama en 2001.  Prélude à la ZLÉA, ce plan de développement prévoit la construction d’autoroutes, de voies ferrées, d’oléoducs, de gazoducs et de ports dans neuf états mexicains et sept pays de l’Amérique Latine (Belize, Guatemala, El Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica et Panamá). De plus, il prévoit la construction de 25 barrages hydroélectriques et l’implantation de maquiladoras, immenses usines de fabrication de produits destinés à l’exportation. Ces plans, supposés « combattre la pauvreté », s’inscrivent en fait dans le cadre des traités de libre-échange et répondent surtout aux besoins des investisseurs d’Amérique du Nord, minières, pétrolières et industries agroalimentaires, qui souhaitent rendre plus facile l’exploitation des ressources naturelles et des travailleur.euses de l’Amérique Latine.

Ces projets de développement, sans grande surprise, ne tiennent compte ni des impacts écologiques, ni des impacts sur les économies rurales que leur réalisation pourrait amener, un fait largement souligné par les nombreux groupes s’opposant au projet, dont le premier forum se tient à Tapachula, au Chiapas. C’est dans la lutte et la solidarité transnationale contre ces projets de mort que s’inscrit Alerta !. Devant des combats semblables naît la nécessité de tisser des liens : l’équipe du journal, en collaboration avec l’Indigenous People Solidarity Movement (IPSM), le groupe Mexico-Montréal et le STAC (Students Taking Action in Chiapas) réunit en 2004 les ressources nécessaires pour envoyer une délégation de jeunes Autochtones du soi-disant Canada rencontrer les militant.es auto-organisé.es zapatistes.

ALERTA - Communautés autochtones et guerre au terrorisme - Article 2(1)

Si Alerta ! met beaucoup d’efforts à faire circuler les informations sur les luttes en Amérique Latine, il tente aussi de mettre ces luttes en lien avec différentes problématiques d’ici. Le troisième numéro (hiver 2004) porte principalement sur les politiques du gouvernement libéral de l’époque et leur influence sur la condition des travailleur.euses d’ici, notamment leur tentative forte d’ouvrir la porte à la sous-traitance. À travers le numéro, on plonge dans le cœur du processus de restructuration néolibérale au Québec : réorganisation de la production pour faire baisser les salaires et augmenter les profits, sous-traitance et division des entreprises en plus petites unités où le travail est repris à un coût inférieur localement ou à l’international. Ici, ailleurs : ces processus du magma néolibéral se répercutent mondialement. Dans les états impérialistes du Nord, ils se traduisent par des délocalisations ; au Sud, par une exploitation renouvelée de la main-d’œuvre à bon marché. Ici, par la fragilisation des acquis sociaux. Là-bas, par des restructurations économiques pour satisfaire à la soif néocoloniale et par la destruction des formes de vies non-capitalistes. Alerta ! démontre aussi avec brio, dans son dernier numéro (été 2006), comment la crise écologique actuelle est intimement liée à ces processus mondiaux de spoliation et d’exploitation. La destruction des milieux de vie, loin de ne concerner qu’une nature extérieure et abstraite, est la conséquence directe des rapports sociaux d’exploitation induits par l’appétit vorace d’une classe capitaliste qui perpétue, à son profit, des structures colonialistes ; elle est donc une crise totale, autant sociale que naturelle.

Pour des raisons qui ne sont pas rendues publiques, mais entre autre par manque de fonds et de bénévoles régulier.es, Alerta ! Le cri de la Wawa cesse d’être publié à partir de 2006. Notons que l’arrêt de la publication du journal coïncide avec un certain essoufflement des luttes altermondialistes (réformistes comme révolutionnaires), un ressac dont nous ne sommes pas encore revenus, mais que la résurgence autochtone est en train de changer. Malgré sa courte existence, Alerta ! Le cri de la Wawa constitue probablement un des projets les plus intéressants à avoir été menés par des militant.es anarchistes en territoires non-cédés.

D’une part, le projet se distingue par un anarchisme renouvelé, riche des perspectives non-européennes et des luttes autonomes, en particulier celles des Autochtones d’Amérique du Sud. Ces dérogations aux canons révolutionnaires blancs désenclave la lutte d’un classicisme qui mine depuis trop longtemps l’imagination des révolutionnaires. Ces perspectives prennent toute leur importance dans le contexte canadien, où la situation coloniale et la position de puissance impérialiste extractiviste du pays nous force à imaginer une position révolutionnaire décoloniale et destituante ; destituante de l’État-nation, de ses intérêts impérialistes, de son économie extractiviste et des dominant.es qui profitent de ces structures. D’autre part, le journal remplit bien son mandat de média alternatif. L’intérêt qu’il porte aux problématiques sociales et politiques qui se déploient ici et ailleurs ainsi que le soin qu’il prend à nous fournir les outils pour comprendre ces situations contribue à un enrichissement de nos connaissances sur les différentes formes de vies-en-luttes. Il permet aussi un désenclavement des débats idéologiques stériles : l’existence d’un tel journal montre bien que les théories révolutionnaires doivent toujours se réfléchir et s’appliquer à partir des réalités politiques concrètes pour répondre adéquatement aux problématiques qui se déploient sur un territoire donné.

Le travail d’Alerta ! peut par ailleurs nous servir de référent pour nos pratiques actuelles. En effet, les deux fondements de l’exploitation mondiale capitaliste reposent encore sur le (néo)colonialisme et le (néo)libéralisme. Alors que nous sommes dans une séquence de renouvellement de ces deux paradigmes (fausse réconciliation avec les peuples autochtones et nouveaux traités coloniaux, nouveaux traités de libre-échange comme l’Accord Économique et Commercial Global, attaques contre les personnes autochtones et noires aux États-Unis comme au Brésil), il faut plus que jamais s’armer intellectuellement et pratiquement pour détruire le monde colonial. En ce sens nous devons revisiter Alerta ! Le cri de la Wawa et repartir du plateau que ses militant.es ont établi pour porter notre lutte plus loin, et pour porter la décolonisation de ce monde à son aboutissement.

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Pour plus d’informations sur les luttes actuelles en Amérique Latine on consultera avec profit la revue militante Caminando, dont le dernier numéro porte sur les résistances des femmes à l’extractivisme, disponible à la librairie féministe L’Euguélionne. On écoutera aussi avec plaisir les baladodiffusions produites par le Comité pour les Droits Humains en Amérique Latine (CDHAL) dans le cadre de la série « Luttes pour le territoire : Voix de femmes en résistance ». Sur l’extractivisme canadien, on lira avec attention l’ouvrage Noir Canada d’Alain Deneault (ouvrage pilonné suite à un jugement inique, mais disponible sur Internet…) qui aborde les crimes de l’industrie minière canadienne. Sur les perspectives anarcho-indigénistes inspirées par les actions de l’EZLN, on consultera L’anarcho-indigénisme, un recueil d’interviews sur les perspectives décoloniales et indigénistes. Enfin, tous les numéros d’Alerta ! Le cri de la Wawa sont disponibles à la bibliothèque DIRA, dans leur section d’archives.