Montréal Contre-information
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Les Gunnies et l’Extrême Droite

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Déc 022017
 

De Montréal-Antifasciste

Le texte suivant est le message intégral d’un tract que des antifascistes avaient compté distribuer lors d’une contre-manifestation ciblant un groupe de personnes qui avaient planifié un rassemblement pro-armes à la Place du 6 décembre ce samedi 2 décembre. Ce rassemblement a maintenant été déplacé hors de Montréal, et la contre-manifestation prévue est donc annulée. Nous trouvons encore pertinent de distribuer ce texte, qui explique les liens du rassemblement – et des “gunnies” – avec l’extrême droite Québécoise. Un texte plus approfondi à ce sujet suivra.

Aujourd’hui, des gens s’identifiant comme les “gunnies” avaient planifié un rassemblement au site mémorial pour les victimes de la tuerie au collège Polytechnique en 1989, durant laquelle 14 femmes ont été assassinées par Marc Lépine, un tireur antiféministe.

Nous sommes ici pour partager notre solidarité et notre colère par rapport à cette provocation misogyne.

Dans la dernière année, nous avons été témoin.es d’une montée dégoutante de crimes haineux et de mobilisations d’extrême droite à travers le Québec. Ceci fut déclenché notamment par la tuerie du 29 janvier au Centre culturel Islamique de Ste-Foy. La vague d’activité actuelle de l’extrême droite a beau mettre le focus sur les Musulmans, elle demeure hostile à tout ce qui peut servir de menace à la société Québécoise “traditionnelle” de leur imaginaire – une société composée de Catholiques blanc.hes, francophones, et hétérosexuel.les, les hommes “protégeant” les femmes et déterminant les règles du jeu.

Le rassemblement des soi-disant “gunnies” fut organisé par le collectif Tous contre un registre québécois des armes à feu, et spécifiquement par des officiaux du Parti conservateur, Guy Morin et Jessie McNicoll. Il n’est pas du tout surprenant que McNicoll et Morin, ensemble avec plusieurs personnes ayant indiqué leur intérêt à assister à l’événement, appuient également plusieurs groupes d’extrême droite, comme Storm Alliance, La Meute, et les Three Percenters.

Les Three Percenters forment un groupe auquel plusieurs personnes comptant participer à ce rassemblement, incluant Guy Morin, sont associées. La milice du III%, comme on les appelle souvent, sont un groupe paramilitaire, fondé en 2008 aux États-Unis, qui promet une résistance armée contre tout effort pour enfreindre à la possession d’armes à feu. Or, leur agenda politique concerne beaucoup plus qu’une position pro-armes. Aux États-Unis, les Three Percenters ont été impliqués activement dans des patrouilles illégitimes le long de la frontière avec le Mexique, bloquant des autobus remplis d’immigrant.es déjà détenu.es et organisant des rassemblements anti-refugié.es. Des membres de la milice du III% ont manifesté devant des mosquées, et ont été impliqués dans plusieurs actes violents, incluant un incident, en novembre 2015, lorsqu’un sympathisant du groupe a tiré sur cinq personnes à un rassemblement Black Lives Matter à Minneapolis. Au Canada, des membres de la milice du III% ont entrepris une surveillance de mosquées et tentent d’intimider les contre-manifestants à leurs rassemblements anti-musulmans et anti-immigrants.

Il existe un chevauchement clair entre le collectif Tous contre un registre québécois des armes à feu, les Three Percenter, et autres groupes d’extrême droite, incluant Storm Alliance et La Meute. Plusieurs membres de la milice du III% armés de matraques et affichant les symboles du groupe ont été identifiés comme membres du détail de sécurité pour la récente manifestation raciste organisée par ces deux groupes le 25 novembre à Québec. De plus, avant la descente de l’événement Facebook pour le rassemblement “gunny” du 2 décembre, plusieurs membres de Storm Alliance et de La Meute avaient indiqué leur intérêt à y participer. En même temps, un des « gunnies », Martin Leger, qui a fait une vidéo insultante accusant les victimes du massacre de Lépine d’être des « polypleurniches », est un ancien membre de la scène néo-nazie des Québec Stompers dont le groupe Atalante est issu (qui étaient également présents le 25 novembre).

Le fait de planifier un rassemblement “gunny” au site mémorial des victimes de Polytechnique s’agit d’une provocation antiféministe évidente. Alors que des groupes comme Storm Alliance et La Meute prétendent favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes, ils dénigrent systématiquement le féminisme pour avoir “ruiné” des femmes au Québec, ou comme étant partie d’une conspiration de gauche visant à affaiblir la nation québécoise. Ces groupes racistes s’intéressent majoritairement à positionner les hommes blancs Québécois comme protecteurs des femmes blanches contre la “menace” qu’ils croient posée par “d’autres” hommes. Et pourtant, depuis le 6 décembre 1989, plus de 1500 femmes et filles ont été assassinées au Québec, généralement par des hommes blancs, et plus souvent que rarement par des hommes dans leur propre entourage. Le racisme et la misogynie démontrés par Storm Alliance, La Meute, et les Three Percenters ne saura protéger personne – au contraire, ils mèneront tout simplement à une violence accrue envers les femmes, incluant spécialement les femmes issues de communautés ciblées par ces groupes.

Nous sommes déterminé-e-s à résister par tous les moyens nécessaires à la montée de l’extrême droite et à son programme identitaire raciste, sexiste, homophobe et transphobe.

Montréal Antifasciste: Uni.es contre le racisme, le patriarcat et le colonialisme

Martin Leger, de bonehead à armurier…

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Déc 012017
 

De Dure Réalité

Avez-vous ce fameux vidéo, mis en ligne par le propriétaire d’Armurerie Leger, Martin Leger, dans le cadre de la mobilisation pour une manifestation pro-armes qui devait se tenir devant le mémorial aux victimes de la tuerie de Polytechnique à Montréal? On a appris, depuis, que le rassemblement était annulé et remplacé par un rendez-vous dans une cabane à sucre de Neuville, mais la vidéo est restée assez longtemps en ligne pour que Le Journal de Montréal ait le temps de la sauvegarder. Cette technique de provocation, digne de Donald Trump, a atteint son objectif de faire parler de la cause des opposants au registre des armes à feu, mais pourrait bien s’être retournée contre eux également.

Qui est donc Martin Leger?

Ce qui est le plus intéressant dans cette vidéo de Martin Leger, ce n’est pas tant la mysoginie dont il fait preuve en méprisant d’une telle façon le meurtre de 14 femmes simplement parce qu’elles étaient des femmes, ou encore son utilisation répétée du terme graine pour décrire un peu tout le monde. Non, c’est plutôt Martin Leger lui-même. Parce qu’avant d’être un espèce de douchebag pro-armes, propriétaire d’une armurerie, Leger était mieux connu sous le pseudonyme de Cad Stomper. En effet, Leger était membre de la bande de boneheads appelée Québec Stompers, qui sont mieux connus aujourd’hui pour être à l’origine du groupuscule néo-fasciste Atalante Québec.

Bien que Martin Leger soit resté dans la bande pendant plusieurs années, il semble s’en être dissocié à l’aube de l’ouverture de son magasin d’armes. Était-ce parce que ses amis avaient trop une mauvaise réputation pour un homme d’affaire digne? Était-ce parce qu’il ne voulait pas être lié au trafic d’armes et de stupéfiants mené par des membres de la bande et pour lequel Raphaël Lévesque, le chanteur du groupe Légitime Violence, a été en prison? Était-ce parce qu’il ne voulait pas être lié aux attaques violentes de la bande comme celle de l’AgitéE lors de la veillée du jour de l’an 2007 et pour laquelle Yan Barras, un autre membre des Québec Stompers, a été envoyé en prison pour avoir poignardé six personnes? L’histoire ne le dit pas, par contre, Légitime Violence, groupe de musique lié à la bande, a tout de même pris le temps d’écrire une chanson pour Cad Stomper, leur ancien camarade, qu’ils ont intitulé Sale traître.

Tout ça pose quand même plusieurs questions… Quel rôle a pu jouer l’armurier d’aujourd’hui dans les activités illicites de la bande de skinheads fascistes? A-t-il participé au trafic d’armes et de drogue? Était-il présent lors des attaques menées par ses ex-frères? Comment, malgré ce passé sulfureux, a-t-il pu en venir à être titulaire ne serait-ce que d’un permis de possession d’armes? Comment a-t-il pu ouvrir une armurerie? Rassurant pour la sécurité publique, n’est-ce pas? Bien qu’il semble avoir trahi ses anciens comparses, Martin Leger n’a pas l’air d’avoir renié leurs idées d’extrême droite pour autant si on se fie à la vidéo…

En conclusion, il est important de souligner que l’équipe de Dure Réalité n’est pas contre la possession d’armes. Nous ne désirons pas non plus que l’État, sa police et ses militaires soient les seuls à être armés, c’est certain. Par contre, nous nous rangeons à 100% dans le camp féministe et nous ne supportons pas que des tarés libertariens viennent glorifier une tuerie misogyne pour faire valoir leur point. Il demeure primordial pour nous de souligner le caractère antiféministe de l’attentat fomenté par Marc Lépine. Nous en profitons pour vous inviter à participer à l’épluchette de jambon qui aura lieu devant le commerce de Martin Leger le 2 décembre prochain.

On vous laisse avec une chanson d’un groupe mythique de la scène Punk québécoise qui fêtera prochainement le 25e anniversaire de la sortie de l’album Advienne que pourri!. Voici Les Pines du groupe Les Bons à Rien :

Visite nocturne chez Jean-Yves Lavoie, président de Junex

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Nov 272017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit du 16 novembre, nous sommes allé.es visiter la banlieue de Québec, plus exactement le 1205 rue Impériale, afin de laisser un message à l’intention de M. Jean-Yves Lavoie. Pour ceux et celles qui ne seraient pas familier.es avec lui, M. Lavoie est le président de Junex, une compagnie qui génère son profit (ou, à tout le moins, qui essaie) en exploitant le territoire du soit-disant “Québec”, entre autres à travers des projets de fracturation en “Gaspésie”.

Nous avons décidé de joindre nos efforts à la puissante lutte en cours, laquelle se mène sur plusieurs fronts, souhaitant rendre le rêve de M. Lavoie impossible. En d’autres mots, plutôt que de laisser l’industrie extractiviste coloniale et des compagnies comme Junex continuer à menacer la terre et l’eau de la Gaspésie ou de n’importe quelle région de l’Île de la Tortue, nous avons choisi d’entendre l’appel des Mi’kmaq et des autres protecteur.rices de l’eau et de la terre. Nous ferons ce qui est nécessaire afin d’empêcher les compagnies comme Junex de mener à terme leurs plans destructeurs.

C’est dans cet esprit, et avec notre propre objectif de démantèlement de l’industrie pétrolière et gazière au “Québec”, que nous avons brisé les fenêtre de ses voitures, sans oublier d’en percer les pneus. Nous avons aussi recouvert sa maison de peinture.

Nous lui avons également laisser un message vocal, que vous pouvez écouter ici. Son rêve de devenir riche en détruisant le territoire ne réalisera pas. Les efforts collectifs de protection de la terre – les blocages, camps de support, manifestations, campagnes d’éducation – ainsi que toutes les initiatives autonomes menées par une multitude de groupes autochtones et allochtones seront bien plus puissantes que le travail que M. Lavoie et Junex peuvent accomplir en une vie.

Québécois contre le Québec!

Décolonisons l’Île de la Tortue !

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Nov 272017
 

Soumission anonyme à MTL Countre-info

OLYMPIA-UNIST’OT’EN-GASPÉSIE-SECWEPEMCUL’ECW
DÉCOLONISONS L’ÎLE DE LA TORTUE

Depuis dix jours, un campement bloque le chemin de fer qui mène hors du port d’Olympia, empêchant des agents de soutènement utilisés dans le processus de fracturation hydraulique d’être envoyés au Dakota du Nord et au Wyoming. En plus de faire obstacle au capitalisme et à la destruction environnementale, le blocage a créé une ouverture qui nous permet d’interagir les un.es avec les autres de façon nouvelle et libérée. Nous nous sommes fait de nombreux.ses nouveaux.elles ami.es, avons approfondi des relations existantes et expérimenté la joie de partager nos vies sans nous soucier du profit.

Nous voulons transmettre nos salutations et exprimer notre solidarité avec la résistance autochtone à l’expansion capitaliste, à travers l’Île de la Tortue. Des terres des tribus Nisqually et Squaxin aux rives de la Wedzin Kwah en territoire Unist’ot’en, en passant par les murs des Tiny House Warriors du territoire Secwepemc et par les luttes Mi’kmaq sur la péninsule de Gaspésie, nous souhaitons reconnaître et honorer ceux et celles à qui sont les territoires où nous luttons présentement, ainsi que ceux et celles qui se battent à nos côtés contre la méga-machine industrielle, ici comme ailleurs. Notre bataille contre les agents de soutènement en est aussi une contre les oléoducs de LNG, Keystone Oil et plusieurs autres. Plus largement, la lutte contre l’industrie extractiviste est une lutte contre la colonisation.

Une requête faite selon la loi d’accès à l’information a révélé que le blocage de chemin de fer de l’année dernière, qui a duré une semaine, a fait perdre deux opérations de fracturation au géant du pétrole Halliburton et qu’en retour, Halliburton a rompu ses liens avec le port d’Olympia. Bien que nous ne souhaitions pas voir le port d’Olympia opérer une transition vers une sorte de capitalisme éco-blanchi et « progressiste » – polissant à peine la gigantesque merde de la colonisation – nous célébrons l’ampleur du chaos ainsi que les impacts sur Halliburton. Parfois, il semble qu’aucune attaque sur le capitalisme ou l’État ne puisse jamais être assez forte pour causer de réels dommages, mais des moments comme celui-ci nous rappellent que la machine de mort est plus vulnérable qu’on ne pourrait le penser.

Salutations chaleureuses à tous ceux et celles qui cherchent les failles dans l’armure du léviathan,
Pour la liberté totale,
quelques invité.es sur la pointe sud de la mer des Salish

 

Maxime Fiset et son centre de « prévention de la radicalisation » ne nous représentent pas!

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Nov 272017
 

De Montreal-Antifasciste

En tant que militantes et militants antifascistes et antiracistes actifs, dans certains cas, depuis des dizaines d’années dans les luttes contre l’extrême droite à Montréal, à Québec et ailleurs au Québec et au Canada, nous tenons à nous dissocier de la façon la plus claire possible des positions et propos tenus dans les médias ces derniers temps par Maxime Fiset, porte-parole du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV), notamment dans l’article paru aujourd’hui dans La Presse sous le titre Les assauts de l’extrême gauche se multiplient au Québec.

Nous connaissons bien le goût des médias grand public pour les récits simplistes ainsi que leur affection particulière pour les spécialistes patentés (toujours les mêmes) appelés en renfort pour cautionner ces récits biaisés. Mais la cause que nous défendons est trop importante pour que nous laissions aux médias et à leurs soi-disant experts le loisir d’en fausser le sens au nom d’une doctrine simpliste et contre-productive qui n’est pas et n’a jamais été la nôtre.

Il convient d’abord de rappeler que monsieur Fiset était lui-même toujours actif dans les réseaux fascistes, notamment comme membre fondateur de la Fédération des Québécois de souche et comme modérateur local du forum suprémaciste Stormfront, quand certains et certaines d’entre nous se battaient littéralement contre ses petits amis néonazis dans les rues de la métropole ou subissaient des attaques au couteau dans la capitale.

Bien que nous n’ayons a priori aucune raison de douter de l’authenticité de son retournement idéologique, vous comprendrez le malaise que certain-e-s d’entre nous éprouvent de le voir aujourd’hui sur toutes les tribunes s’exprimer en leur nom.

Si monsieur Fiset était autrefois décidément néonazi, le discours qu’il porte aujourd’hui est davantage « extrême centriste » que de gauche. Il s’imagine au-dessus de la mêlée et suppose une symétrie entre l’extrême droite et l’extrême gauche et, ainsi, relativise la violence et le danger que représente réellement la première par rapport à la seconde. Par définition, ce discours ne correspond aucunement aux positions politiques d’un très large pan de l’opposition antiraciste et antifasciste, laquelle est historiquement et jusqu’à ce jour communiste, anarchiste et explicitement radicale.

La gauche dans la ligne de mire des antiracistes d’État

Cette contradiction ne devrait surprendre personne, car Fiset n’a jamais caché le fait qu’il agit en tant que représentant d’un organisme parapolicier, le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV). Cet organisme a été mis sur pied par le gouvernement en 2015 dans le but de contrer la « radicalisation » de quelques jeunes musulman-e-s dans certains cégeps montréalais.

Fiset a déjà expliqué que le CPRMV comporte quatre axes de recherche : la droite, la gauche, les religieux/euses, ainsi que des individus qui se radicalisent autour de leur propre vendetta. Il n’y a donc aucune place à l’ambiguïté : la gauche (et à plus forte raison l’extrême gauche) ne fait pas partie des alliés du CPRMV, mais de ses cibles.

Le CPRMV définit la « radicalisation » seulement par rapport aux gestes violents qui menacent la « vie en commun » dans la société.  Une formule dont l’interprétation dépend nécessairement des critères idéologiques de celui ou celle qui l’applique. Cette perspective omet totalement la violence et la militarisation des États, comme si ces derniers étaient idéologiquement neutres ou nécessairement au centre de l’échiquier politique. De plus, le CPRMV inclut dans son domaine de recherche des groupes qui ne rentrent pas dans cette catégorie déjà assez floue, mais qui pourraient toutefois servir d’« incubateur » à des individus ou des tendances qui pourraient se radicaliser à l’avenir. Il s’agit donc d’un domaine de recherche extrêmement vaste.

Les entités comme le CPRMV sont des éléments caractéristiques du paysage lorsqu’on s’engage dans la lutte antifasciste. L’antifascisme n’est pas une bataille simple entre deux adversaires, soit nous contre les nazillons. C’est une lutte à trois, dans laquelle il nous faut nous battre non seulement contre l’extrême droite mais aussi contre des organismes étatiques et paraétatiques qui sont tout aussi hostiles (sinon plus) à la gauche radicale qu’à la droite radicale. Le plus souvent, ces entités étatiques et paraétatiques bénéficient de relations privilégiées avec les médias et d’autres organes de l’État, ainsi que d’un financement généreux qui leur permet de prendre énormément de place dans le débat public sur l’extrême droite.

En tant qu’antifascistes radicaux ayant des racines historiques dans la gauche révolutionnaire, les activités de ces antifascistes d’État nous confrontent à des défis et des risques. Compte tenu des ressources dont ils disposent, ces groupes produisent souvent des renseignements au sujet de l’extrême droite qui nous sont utiles. Des groupes comme l’Anti-Defamation League et le Southern Poverty Law Center aux États-Unis, par exemple, sont encore parmi les principales sources d’information sur les individus et les organisations d’extrême droite. Même lorsque des personnes plus proches de nous produisent des reportages sur nos adversaires d’extrême droite, elles s’appuient souvent (mais pas toujours) sur des dossiers produits par ces entités paraétatiques. Mais par contre, nous voulons éviter de renforcer le profil de tels groupes, car il est fort probable qu’un jour ou l’autre ils utiliseront leur position non seulement pour saper nos efforts, mais aussi pour faciliter la répression visant les antifascistes radicaux et leurs allié-e-s.

La forme que ce travail répressif prend peut varier, et tous les sales coups ne sont pas égaux, bien sûr. Faire des amalgames entre l’extrême gauche et l’extrême droite, mettre sur un pied d’égalité la violence oppressive et la violence CONTRE l’oppression, demander d’élargir les pouvoirs répressifs de l’État – tout cela fait partie de la fonction normale des antifascistes d’État, même des groupes qui peuvent par ailleurs se trouver de notre bord dans certaines campagnes. Et même aussi des personnes bien intentionnées qui peuvent par ailleurs faire du bon travail dans certains cas.

Mais ces groupes peuvent aussi prendre parti plus activement contre nous. L’exemple le plus connu concerne l’Anti-Defamation League (ADL) qui, dans les années 1980, est allée jusqu’à monter une véritable opération d’espionnage, en collusion avec le régime d’apartheid d’Afrique du Sud, pour recueillir des renseignements sur des dizaines d’organisations d’extrême gauche et anti-impérialistes. Dans certains cas, les espions de l’ADL sont même allés jusqu’à encourager et à créer des liens entre des néonazis et des organisations propalestiniennes pour pouvoir ensuite dénoncer à grands cris « l’antisémitisme » de ces dernières. Le scandale a éclaté lorsque le voile a été levé sur cette opération en 1993, et après plusieurs années en cour, l’ADL a été obligée de payer des centaines de milliers de dollars à des personnes qu’elle avait ciblées. Impossible de dire si l’ADL s’est à nouveau abaissée à ce genre d’opération clandestine depuis cet épisode peu glorieux.

Plus près de nous, une soi-disant « Ligue antifasciste mondiale » (LAM) était active à Montréal dans les années 1990. Issue de la lutte de rue contre des boneheads néonazis, et suite à des pressions policières, la « ligue » s’est principalement impliquée dans la collecte (et le partage avec la police) de renseignements et spécialisée dans les déclarations aux médias. L’une de ses principales priorités était de critiquer les autres forces antifascistes, notamment le Centre canadien sur le racisme et les préjugés. En 1993, tandis qu’étaient organisées les plus grandes manifestations antifascistes à Montréal depuis des années contre la venue du Heritage Front néonazi de Toronto et de représentants du Front National français, la LAM a surtout agi pour saboter les mobilisations militantes! Finalement, elle est allée jusqu’à dénoncer publiquement des anarchistes de la revue Démanarchie à la police et dans les médias suite aux émeutes de la Saint-Jean à Québec en 1996. Il a été révélé par la suite que la LAM avait partagé pendant des années des renseignements sur la gauche avec la police.

On note avec amusement que la LAM avait toujours travaillé en étroite collaboration avec Yves Claudé, alias Yves Alix, un « chercheur » qui s’est lui-même promené de la gauche à l’extrême droite au fil des ans. On ne sait toujours pas pour qui Claudé travaille réellement, puisqu’il « fait de la recherche » et prend des photos d’amis et d’ennemis où qu’il aille. Son récent « exposé » sur les antiracistes dans les pages de l’Aut’journal n’est vraiment rien de plus qu’une mise à jour surréaliste du genre de désinformation qu’il produisait déjà il y a vingt ans.

Si les dérives de la LAM et de l’ADL montrent jusqu’où peut aller l’antifascisme d’État, il est clair  que des opérations aussi grossières nuisent à sa fonction primaire, qui est justement de prévenir la radicalisation et de gérer la crise idéologique dans laquelle le capitalisme se trouve. La modalité préférée des organismes de l’antifascisme d’État est de jouer au nice cop, de se faire inviter dans nos espaces, d’avoir une place dans nos réseaux, de s’exprimer en tant qu’« allié critique », tout ça pour mieux nous comprendre et, éventuellement, nous cibler et nous déstabiliser plus efficacement le moment venu. C’est dans cette optique qu’il faut comprendre les agissements et les propos de M. Fiset et du CPRMV.

Maxime Fiset et le CPMVR nuisent activement à la lutte antifasciste

Jusqu’à tout récemment, l’omniprésence de M. Fiset n’était pour nous qu’un irritant de plus dans le paysage sociopolitique et médiatique. Or, dans une récente entrevue accordée au journal communautaire Droit de parole, il a dépassé les limites de la décence élémentaire en nommant expressément un groupe actif du milieu antifasciste de Montréal dans des termes hostiles et condescendants qui, en plus de semer la discorde, donne du grain à moudre à la police et au militant-e-s d’extrême droite et expose d’autant plus nos camarades à la répression et aux représailles.

Avant cela, M. Fiset s’était épanché sur toutes les tribunes, le 20 août dernier, pour déclarer La Meute victorieuse d’un face à face tendu à Québec où cette dernière était restée confinée dans un stationnement sous-terrain pendant cinq heures, assiégée par des centaines d’antiracistes et d’antifascistes. Par quelle contorsion logique en arrive-t-il à considérer que La Meute est sortie victorieuse de cette humiliante situation? En concluant qu’un groupe d’antifascistes qui avaient renversé des poubelles, lancé des chaises de parterre et d’autres projectiles dans la direction de la police et agressé physiquement une poignée d’individus identifiés au mouvement ultranationaliste ont de facto « perdu la bataille des relations publiques », délégitimé l’ensemble de la mobilisation antiraciste et par voie de conséquence, légitimé le discours raciste de La Meute! (Il a d’ailleurs récidivé tout récemment en disant à Al Jazeera que l’extrême-droite jouissait actuellement au Québec d’une « légitimité accrue », confirmant du coup sa propre prophétie, et encore dans l’article de La Presse du 23 novembre intitulé Les assauts de l’extrême gauche se multiplient au Québec -véritable opération de diabolisation de l’extrême gauche curieusement lancée par l’establishment libéral à 48 h d’une manifestation d’extrême droite à Québec- où Fiset compare carrément le site de propagande anarchiste Mtl Counter-Info à un « blogue djihadiste ».) Tout ce raisonnement est évidemment fallacieux et indique un différend majeur entre la posture politique de M. Fiset et celle de la majorité du mouvement antifasciste militant.

Nommément, M. Fiset s’attache dogmatiquement à ce qu’on appelle la « non-violence », tandis que le mouvement antifasciste international, de ses débuts dans les années 1920 jusqu’à aujourd’hui, adhère à une diversité de tactiques incluant (mais sans s’y limiter) le recours à la violence contre les courants organisés d’extrême droite, fascistes et ultranationalistes. L’objectif de ces mouvements étant de bloquer la dérive fasciste par tous les moyens nécessaires. (À ce titre, nous ne saurions que recommander à M. Fiset la lecture de Antifa : The Anti-Fascist Handbook, qui participerait sans doute à combler certaines lacunes importantes dans son analyse.)

Comme l’écrit Peter Gelderloos dans son livre incontournable Comment la non-violence protège l’État :

« Nous pensons que les tactiques devraient être choisies en fonction de chaque situation particulière, et non pas déduites à partir d’un code moral préconçu. Nous tendons également à penser que les moyens se reflètent dans les fins, et nous ne voudrions pas agir d’une façon qui conduirait invariablement à la dictature ou à quelqu’autre forme de société qui ne respecte pas la vie et la liberté. Ainsi, nous serons plus judicieusement décrits comme défenseurs d’un activisme révolutionnaire ou militant, que comme défenseurs de la violence. »

En tant qu’antifascistes et antiracistes, nous ne sommes ni pour, ni contre la violence intrinsèquement. Par contre, nous soutenons l’action directe et des stratégies d’actions diversifiées. Nous sommes politiquement « radicaux » (au sens premier du terme, c’est-à-dire que nous désirons nous attaquer à la racine –radix– des problèmes), nous ne nous en cachons pas, et croyons que la violence est parfois nécessaire contre l’extrême droite et la dérive fasciste. Mais n’admettant pas l’autorité de l’État, nous sommes aussi contre la répression policière d’un État qui met par ailleurs en place des conditions socio-économiques favorables à l’émergence de l’extrême-droite et qui protège ensuite le« droit » de celle-ci de parader dans les rues et de diffuser ses idées toxiques.

Cette position « radicale », à la fois contre l’extrême droite et contre l’État, nous inscrit d’emblée en faux contre M. Fiset, son centre, et la vision libérale moralisante qu’ils défendent. Ainsi, nous n’avons jamais entendu M. Fiset s’exprimer sur les violences et dérives policières à Québec ou à Montréal. Nous ne l’avons jamais entendu dénoncer les excès de violence physique, économique et symbolique de l’État et de son bras armé qui cultivent le terreau où germe l’extrême droite.

Le pacifisme moralisateur de personnages comme M. Fiset s’inscrit dans une forme d’hégémonie idéologique servant l’État et sa répression plutôt que de soutenir les mouvements sociaux. Nous croyons au contraire que la montée de l’extrême droite et la répression policière contre toute forme de contestation nécessitent une résistance tout aussi forte.

Plusieurs tactiques doivent travailler de concert, dans des stratégies communes, au moment opportun. Il y aura certes des débordements qui peuvent être critiqués, ce que nous ne nous sommes pas privés de faire (y compris à Québec le 20 août 2017). Toutefois, ce n’est pas la violence en tant que telle qui doit alors être critiquée, mais son utilisation peu productive ou peu stratégique dans des circonstances données, le cas échéant.

Pour conclure, nous n’acceptons pas que monsieur Fiset s’exprime en notre nom dans les médias, ni d’ailleurs au nom de l’ensemble des antiracistes ou de la cause antiraciste. En tant que spécialiste patenté de l’extrême droite, Maxime Fiset fait pour nous figure d’imposteur. Il ne représente que lui-même et son centre, lequel n’est en fin de compte qu’un porte-voix au service de l’État libéral que nous combattons en même temps que la peste brune et l’extrême-droite.

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Appel à une semaine d’action des Comités de défense et de décolonisation des territoires

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Nov 192017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Bloquer l’économie extractiviste

Soutenir le Camp de la rivière

Des 24 au 26 novembre prochains, le parti libéral se réunira dans la ville de Québec. Ces farouches partisans de l’économie extractiviste viennent de faire adopter une nouvelle réglementation sur l’exploitation des hydrocarbures qui menace plus que jamais l’eau, la terre et tout ce qui y vit. Leur détermination à favoriser les pétrolières et les minières malgré les désaccords de plus en plus bruyants, démontre que seul un rapport de force conséquent peut interrompre leurs activités. C’est en ce sens que les Comités de défense et de décolonisation des territoires appelons à une semaine d’actions du 24 novembre au 2 décembre pour se rencontrer de nouveau dans la lutte, maintenir la pression et s’attaquer à l’infrastructure de l’économie de la mort.

Depuis que le camp de la Rivière s’est érigé en Gaspésie, au pied de la route menant aux puits de la pétrolière Junex, la ligne est claire : d’un côté, ceux et celles désirant protéger les territoires et de l’autre, ceux voulant les soumettre à une logique d’exploitation. Malgré les menaces d’injonction, un renouveau dans le mouvement de résistance a été généré par les discussions, les rencontres et l’appel à la formation de comité de soutien. La proposition de lier lutte écologiste et décoloniale fait son chemin et engendre de nouvelles possibilités. Tout autant qu’elle adresse des questions brûlantes. Ce qui se passe en Gaspésie, inspire les résistances sur tous les territoires, en plus de nous enseigner le mépris envers les institutions coloniales.

C’est qu’il faut se souvenir qu’une entente temporaire pour l’arrêt des travaux avait été conclue en août dernier sous la pression du conseil traditionnel Mi’kmaq entre les conseils de bande de la région et les pétrolières. Pourtant, Petrolia a reçu l’aval de ces mêmes conseils pour débuter des tests sismiques à proximité d’aires protégés. L’ensemble des institutions coloniales s’allie pour poursuivre leurs œuvres destructrices.

Ainsi, l’annonce de la fin du projet Énergie Est ne fut qu’un court répit pour ceux et celles désirant protéger les territoires. Plus que jamais nous devons miser sur nos propres forces, forger nos liens de solidarité et passer à l’action. C’est pourquoi nous appelons à sortir de nouveau avant que la neige ne vienne voiler les ravages des pétrolières. Sortir, et par tous les moyens nécessaire, ré-habiter les mondes.

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Le retour du RASH

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Nov 162017
 

De Liaisons

Le RASH fait son retour à Québec après près d’une décénie d’abscence. Nous souhaitons souligner l’initiative de ceux et celles qui ont fait en sorte que ce retour soit possible en partageant leurs réflexions sur ce que devrait être l’antifascisme aujourd’hui à Québec.

Au RASH Québec nous pensons que l’antifascisme tel qu’on le connait dans notre ville doit être revu. Actuellement, il n’est pas apte à combattre la montée de l’extrême-droite que l’on peut voir partout, avec des groupes comme la Meute, Storm Alliance et, plus proche de nous, Atalante Québec. L’antifascisme se doit d’être révolutionnaire et ne doit pas seulement se résumer à combattre l’extrême-droite en lui-même. L’extrême-droite prend plusieurs formes et nous devons toutes les combattre.

L’antifascisme doit s’inscrire dans une lutte des classes anticapitaliste; à chaque fois ou presque dans l’histoire où nous avons pu voir la montée de l’extrême-droite, une classe dirigeante, les capitalistes, s’est enrichie tandis que la classe ouvrière a saigné encore plus. À ces moments critiques, la gauche antifasciste a toujours combattu les organisations au pouvoir par le biais d’actions directes, de manifestations, etc., mais n’a toujours presque rien fait pour venir en aide directement à la classe ouvrière, laissant le chemin libre aux groupes d’extrême-droite et créant un terreau fertile à leurs idées.

Nous devons oublier les idées préconçues que nous avons de la classe ouvrière et arrêter d’avoir des préjugés comme ceux qui voudraient qu’ils et elles écoutent tous et toutes Radio x. Quand bien même ils/elles les écouteraient, cela ne fait pas de facto d’elles et eux des êtres sans intelligence et cela ne nous empechera pas d’aller à leur rencontre. En ces temps troubles, nous devons et devrons être présent.e.s pour ces gens et les éduquer ( et qui sait aussi apprendre d’elles et eux, sur les raisons de leurs/nos malheurs, et les aider du mieux que nous pouvons à trouver des solutions), sinon d’autres le feront à notre place. D’ailleurs, nous devons nous aussi les laisser nous éduquer et arrêter de prétendre que nous sommes les seul.e.s à posséder le savoir vrai.

L’antifascisme doit aussi combattre une autre chose… nos propres camarades. D’abord, en commençant par les agresseurs sexuels pour rendre nos espaces descends pour toutes et tous. Aussi, nous devons nous lever, confronter et éduquer nos camarades qui font des jokes de goulags, qui vénèrent presque Staline ou Mao, etc., de tels discours n’ont pas leur place dans les milieux antifascistes et vont à l’encontre de l’idée d’un antifascisme révolutionnaire. La classe ouvrière n’a que faire de ces discours déconnectés de la réalité et qui nous empêchent d’aller chercher plus d’allié.es dans celle-ci et dans les différentes communautés.

Finalement, il nous faut investir les communautés que nous disons défendre, aller à leur rencontre, discuter avec eux, les inviter pour une bière ou une quelconque activité, les inviter dans la lutte et ne pas parler à leur place.

Agitez – Éduquez – Organisez-vous

161% redskin

RASH Québec

Comité de défense et de décolonisation des territoires

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Nov 162017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

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Une brèche a été ouverte par une bande d’anonymes maintenant notoire. Leur mouvement autonome de réoccupation du territoire a révélé l’intimité des perspectives écologistes et décoloniales. En bloquant le projet pétrolier de Junex et en affirmant la légitimité des souverainetés traditionnelles Mi’kmaqs sur le territoire, leur action a donné lieu à des nouvelles possibilités de luttes victorieuses. Après le démantèlement des premières barricades, cet appel à l’organisation s’inscrit dans la continuité de leur audace.

À partir du démantèlement, le Camp de la rivière devint un ancrage central de la lutte contre les hydrocarbures et la fracturation en Gaspésie. En plus d’être le lieu d’une quotidienneté emplie de sens, le camp multiplia les efforts visant à bâtir une force qui saurait s’opposer à l’économie de la mort, au travail concerté d’un État extractiviste et des entreprises pétrolières qu’il finance. En ralliant des habitant.es de partout, de la Gaspésie, du reste du Québec et des Maritimes, il a prouvé que ses potentiels de rencontres et d’alliances sont d’une grande puissance.

Dans leur déclaration au banquet Junexit, deux chef.fes traditionnel.les Mi’kmaqs écrivent qu’« après le démantèlement de la barricade, la lutte ne fait que commencer, et des coalitions se forment entre les Chefs des Districts Mi’kmaqs, ainsi que les protecteurs de l’eau et de la terre allochtones. Nous appelons tous les groupes et individus qui se sentent concernés par la protection de l’eau et de la terre sur le territoire de Gespegawagi à faire entendre leur appui, à agir et à rejoindre la lutte sur place. »

L’appel à la semaine d’actions a été un succès dans plusieurs régions, multipliant déploiements de bannières et organisant occupations, manifestations et blocage de trains. La cause, reprise par des écologistes autant que par des militant.es décoloniaux s’est posée comme symbole de la défense du territoire, de la nécessité de protéger les régions et les milieux de vie auxquels nous appartenons. « Tout à perdre, rien à gagner » : plus qu’une opposition aux projets extractivistes, nous voulons exprimer notre attachement au territoire et la menace qu’est le pétrole pour ce à quoi nous tenons.

Pour penser la suite de la lutte et son extension, pour voir comment nous pouvons contribuer à multiplier les conflits, nous proposons aux ami.es, aux camarades, aux allié.es, aux complices, de se regrouper localement dans des formes favorisant à la fois l’autonomie et l’élargissement de la lutte. Nous proposons une forme, celle des comités ouverts pouvant accueillir des individus, des membres d’autres groupes et se multiplier selon les nécessités. C’est à travers ceux-ci que nous pourrons adresser les questions brûlantes que la lutte soulève. Il nous faudra penser ensemble pour agir ensemble, mais c’est aussi dans la pratique que ces questions pourront trouver leurs réponses.

Vaincre la catastrophe

Écologie et Décolonisation

Pas une journée ne passe sans qu’un épiphénomène du réchauffement climatique ne vienne ravager une partie du globe ou qu’on nous rappelle comment la diversité animale chute drastiquement chaque année. Sous l’effet de l’extraction massive des énergies fossiles, la catastrophe fait irruption dans notre quotidien et nous peint un futur sombre. Le déraillement d’un train chargé de pétrole fait exploser un village entier. Le changement soudain du climat paralyse toute une région. Ce qu’on nomme catastrophe n’est que le fonctionnement normal d’une économie fondée sur l’accélération et la croissance.

Les énergies fossiles, censées nous libérer de la dépendance au soleil, nous ont rendu.es dépendant.es aux institutions et infrastructures qui les produisent. Au delà de l’alternative infernale, entre ceux désirant retenir ou accélérer la fin du monde, un parti de la vie se dessine en prenant sur lui de combattre les projets de l’économie de la mort et de réhabiter le monde.

Dépossédé.es, l’on voudrait nous voir vivre déconnecté.es des autres, chaque individu dans sa petite case personnelle, aveugle à la violence qu’exige cet ordre pour se maintenir en place.Défendre les territoires, c’est briser cette bulle. C’est réapprendre à vivre avec ce qui nous entoure et composer avec ce qui nous constitue. Briser le temps normal de l’économie, se retrouver.

Le blocage des projets de Junex en Gaspésie et le Camp ayant suivi sont de ces espaces qui nous permettent de nous rassembler et de nous organiser contre ce qui ravage le monde. Ils se lient aux territoires et y tissent de nouveaux sentiers.

Là est le premier point de contact possible. Les mouvements écologistes, en proposant quelque chose de nouveau pour les allochtones, ont rejoint des idées très anciennes pour les Autochtones. C’est en refusant de penser la terre comme une simple marchandise, de vouloir son exploitation pour le profit et en reconnaissant que c’est elle qui nous nourrit, que des possibles se sont ouverts. En défendant la terre contre le intérêts propres d’un État ou bien d’une entreprise, des ponts ont commencé à s’établir entre des mondes qui semblaient jusque-là irréconciliables.

Mais si le désastre qu’est l’économie du pétrole nous apparaît comme évident, le rapport à celui-ci se conçoit différemment du point de vue des peuples autochtones. Pour eux, cette catastrophe est une réalité se réactualisant depuis 500 ans. La destruction de l’environnement va de pair avec la dépossession qui la précède. Leur perspective nous éclaire sur le caractère colonial de l’histoire moderne. Elle nous permet de comprendre que le développement de l’économie n’a été possible que par la dépossession et l’exploitation. Que ce système fonctionne encore aujourd’hui sous cette même logique et que Junex en est l’ultime représentant.

Poser la question de la défense des territoires en «Amérique» implique donc inévitablement de penser le processus par lequel l’économie extractiviste et ses institutions ont pu y croître. Ce processus, c’est la colonisation, c’est-à-dire le pillage, le saccage et l’occupation des terres autochtones.

Du point de vue autochtone, défendre les territoires est donc inséparable de la lutte de décolonisation. Dans ce processus, les souverainetés ancestrales bafouées par 500 ans de conquêtes doivent être revalorisées et mises de l’avant. Pour les écologistes, cela implique d’assumer la production de mondes allochtones capables d’habiter sans déposséder. À travers une lutte commune contre ce qui nous menace et pour la survie des traditions nouvelles et anciennes, des mondes jusqu’ici incompatibles peuvent se rencontrer. Cette rencontre devra penser l’ordre colonial pour sa destruction. Par là, nous pouvons nous adresser des problèmes communs.

La construction des « Amériques » n’aura été qu’un long processus violent pour s’accaparer territoires et ressources. Les fourrures hier et le pétrole aujourd’hui. Le point de vue décolonial offre à penser cette tragédie. Pour interrompre l’Histoire, il faut bloquer ce qui la construit, c’est-à-dire l’infrastructure de l’économie extractiviste.

La force mobilisatrice qui pourrait émerger d’alliances concrètes entre perspectives écologiste et décoloniale, entre allochtones et Autochtones serait annonciatrice de luttes victorieuses. Cette possibilité de gagner contre ce monde et d’en ouvrir d’autres est entre nos mains. À nous de la saisir !

Comment faire?

« Avancer en questionnant »

La forme proposée, celle des comités, vise à favoriser l’autonomie et l’initiative locale. S’il est nécessaire de soutenir le Camp de la Rivière, nous croyons en l’importance de reterritorialiser les luttes. L’idée de croiser défense et décolonisation est de nous donner un sens commun sans fonctionner de manière programmatique. Chaque lieu, chaque réalité amène des situations différentes sans solution universelle. C’est pourquoi nous proposons le sentier de l’humilité : «avancer en questionnant». Il est nécéssaire de partir des conditions vécues et de construire à partir de là, d’agir directement tout en s’organisant sur le long terme. Pour ce faire, nous suggérons des pistes pour les mois à venir.

I – Enquêter sur les territoires

Il est tout d’abord nécessaire de faire enquête. Pratiquer l’enquête, c’est apprendre à désigner l’ennemi en le faisant apparaître concrètement, dans ses plans et ses politiques. Tout autant, c’est suivre à la trace ce qui déborde de cette logique et tente d’y mettre fin. Cette étape déjà en cours, consiste donc à repérer, à identifier, à comprendre, partout sur le territoire, les projets de l’économie extractiviste et leurs articulations avec le programme colonial. On retrouve cette articulation dans l’aménagement même du territoire et dans l’omniprésence des infrastructures d’extraction. L’espace y est fracturé d’inégalités et réunifié par tout un réseau de communication et de circulation. Il faut en saisir le fonctionnement, les méthodes et plus particulièrement, comprendre comment cette politique extractiviste mène au sous-développement et à la perte de souveraineté pour les habitant.es des régions périphériques. Dans un même geste, il nous faut se lier aux résistances et comprendre l’ennemi à partir de comment elles le désignent. Il s’agit de se lier aux personnes qui habitent le territoire et qui luttent pour le défendre. Cela implique d’apprendre à tenir à ce qu’elles aiment et à mépriser ce qui le menace, de partager la vie.

II- Construire l’autonomie

Les réseaux extractivistes de dépendance font circuler les ressources des périphéries vers le centre. Pour briser cette logique, nos réseaux doivent nous permettre de circuler et de se rejoindre dans l’action pour répondre aux appels lancés. Construire l’autonomie c’est d’abord viser à réunir les forces pour combattre ce qui saccage les territoires. Il s’agit d’insuffler une force nouvelle aux mouvements contestaires et de les réinventer à travers les traditions anciennes et nouvelles : ces formes de vie qui nous permettent de vivre à même le territoire nous apprennent nécessairement à lutter contre ce qui le menace. L’effort est donc multiple : bâtir un mouvement combatif dans l’écologisme, appuyer les formes traditionnelles de souveraineté autochtone et reprendre le pouvoir sur nos vies. Pour cela, il faut déjà rendre notre monde habitable, c’est-à-dire se re-donner les moyens matériels, les connaissances, l’imaginaire et le sens existentiel pour tenir dans la désertion et la confrontation.

III- Bloquer les flux

À celles et ceux qui vivent en ville et pour qui le monde semble impossible à ressaisir, le rôle revient de faire apparaître la confrontation en s’attaquant aux symboles, aux infrastructures, aux ennemis qui menacent les formes de vie auxquelles nous tenons. Il faut compromettre, en métropole comme ailleurs, la modernisation et le développement de l’économie capitaliste extractiviste jusqu’à les rendre intenables. La continuation de cette économie dépend de sa capacité (1) à extraire des ressources et (2) à les faire circuler. Nos considérations tactiques doivent découler de cette simple constatation. Notre mode d’organisation doit nous permettre de soutenir efficacement les luttes qui ont cours sur les territoires par-delà les frontières coloniales, d’aider à leur extension et d’acheminer des ressources qui permettent leur durée.

Nous proposons ces étapes en vue de voir se multiplier les blocages et actions sur le territoire au cours des prochains mois. Le succès des actions entreprises dépendra de notre capacité à bâtir des relations solides sur le long terme, des liens de confiance qui permettent la complicité, et des réciprocités qui nous lient. Le mouvement que nous nous proposons de développer implique une déconstruction profonde des rapports de pouvoirs présents entre nous, insufflés dans nos esprits par l’idéologie coloniale. Penser la décolonisation implique de se projeter dans une temporalité plus large qu’une campagne ou qu’un seul campement. Au final, nous désirons rendre inséparables le moment de la vie et celui de la lutte.

Approfondir les idées, développer la lutte

La formation d’un comité vise à réunir ceux et celles désirant articuler écologie et décolonisation dans la lutte pour la défense des territoires. Les comités permettent une plus large participation et une coordination des efforts. Ils peuvent à la fois soutenir le Camp de la Rivière et s’organiser sur leur propre territoire.

Pour construire les comités et se préparer à la reprise des hostilités avec les pétrolières, nous proposons quelques pistes d’activités et d’actions pour les prochains mois. Nous prévoyons organiser une fin de semaine de formation et une rencontre entre les comités dans les prochains mois. D’ici là, il s’agit de maintenir la tension, d’enquêter sur les projets en cours et de bâtir des liens solides.

Propositions concrètes

Organiser le soutien au Camp de la Rivière : Assurer une présence physique, fournir du matériel et de l’argent. Des personnes vivant au camp ont décidé d’y passer l’hiver. Il faut donc rester à l’affut des besoins qui seront exprimés dans les prochaines semaines relativement à ce défi.

Enquêter et construire la solidarité : Aller à la rencontre des personnes en lutte.Il est fondamental d’apprendre à connaître les luttes de défense des territoires et de se lier avec ceux et celles qui les mènent.

Organiser des actions autonomes : Les cibles et formes d’actions sont multiples, les adresses faciles à trouver du moment que les ennemis sont identifiés. L’organisation d’action est à la fois un moyen de se lier entre nous en incluant de nouvelles personnes et de faire monter le ton face aux projets de l’économie extractiviste.

Organiser des discussion autour de livres : Penser l’envers obscur de la modernité, Pour une histoire amérindienne de l’Amérique, Carbon democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole, Red Skins White Masks, Colonialité du Pouvoir et démocratie en Amerique Latine, 1492, l’occultation de l’autre,Wasáse indigenous pathways of action and freedom, Decolonization is not a metaphor

Mettre en place des activités de financement : Il faut financer la suite du campement, les luttes en cours et la défense des arrêté.es du blocage et de la semaine d’actions.

Organiser des projections : Kanehsatake, 270 ans de résistances, Les évènements de Restigouche, La Couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre?, Pour la survie de nos enfants, Our nationhood-Kouchibouguac (Liste de films proposés disponible sur le site de l’ONF)

Produire du matériel d’agitation et d’information : Il est nécessaire de faire connaître les activités des comités à travers des affiches, des tracts et autres outils de diffusion.Ainsi que de sensibiliser la population aux questions écologiques et décoloniales.

Organiser des formations à l’action : Lorsque le temps vient de mettre en place des actions ou d’intervenir dans celles déjà en cours, il est fondamental de savoir le faire en minimisant le danger que nous courrons et maximiser celui que nous représentons : ABC d’une occupation, préparation d’équipes médicales, entraînement aux tactiques de rue et de survie en forêt, apprentissage du fonctionnement des technologies ennemies et de celles qui peuvent nous être utiles.

Participer à l’organisation de la tournée de conférences : Au courant du mois de novembre, il serait intéressant de circuler dans les régions qui ont signifié un appui au Camp de la Rivière. Nous proposons de mettre en place une tournée de conférence.

Adopter des positions d’appui en Assemblée générale

Pour organiser des discussions sur les événements du Camp de la Rivière avec des personnes ayant participé à la lutte : campdelariviere@gmail.com
Pour contribuer aux prochaines publications du journal et bâtir le réseau des comités : cddt@riseup.net

12 novembre, contre la haine ou juste le racisme?

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Nov 152017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 12 novembre 2017, une manif de près de 5000 personnes a marché à travers Montréal sous la bannière « grande manifestation contre la haine et le racisme ». Dans un contexte où l’extrême-droite a été capable d’accoter ou même de mobiliser plus que les anti-racistes à plusieurs reprises dans les derniers mois, cette manifestation aura été une bonne démonstration de force en plus d’être une étape importante au niveau tactique de la part des organisateurs. Clairement, la manifestation a été organisée selon un modèle de coalition de gauche, ce qui a résulté en l’utilisation de discours populistes questionnables dans leur appel à la mobilisation. Alors, certain.es d’entre nous nous sommes inquiété.es d’une dérive potentielle qui mènerait à décontextualiser et une déligitimiser le concept de « haine », ce qui aurait vraisemblablement pu se retourner contre les anarchistes et d’autres radicaux à l’avenir.

Certain.es d’entre nous avons participé à la manif par solidarité, tout en restant critiques. Ci-dessous, vous retrouverez le texte que nous avons distribué aux participant.es à la manifestation et aux passants.

(certain.es reconnaîtrons ici une section du texte Contre la Logique de Soumission par Wolfi Lanstreicher)

La haine

Beaucoup sont furieux.ses face aux dérives fascistes et autoritaires du contexte politique actuel. Il y a toutefois un souci pratique lié à la tension constante pour rester consistant.es avec ses valeurs et son éthique personnelles et ce, particulièrement dans des temps d’anxiété de masse. En ayant cela en tête, en tant qu’anarchistes, nous pouvons offrir une perspective critique sur le discours «contre la haine».

Puisque nous avons pris la décision de refuser de vivre tel que l’entend la société, de nous soumettre à l’existence qu’elle nous impose, nous sommes rentrés en conflit permanent avec l’ordre social. Ce conflit sera visible dans plein de situations différentes, réveillant les passions intenses de ceux qui ont une forte volonté. Exactement comme avec nos amours et nos amitiés que nous exigeons pleines et intenses, nous voulons entrer tout entier.e dans nos conflits également, et en particulier dans le conflit qui nous oppose à cette société pour sa destruction. Nous luttons donc avec toute la force nécessaire pour atteindre ce but. C’est sous cet angle que nous, les anarchistes, pourront le mieux comprendre la place de la haine.

L’ordre social actuel cherche à tout rationaliser. Pour lui, la passion est dangereuse et destructrice puisqu’une telle intensité de sentiment est, après tout, en opposition à la froide logique du pouvoir et du profit. Il n’y a pas de place dans cette société pour une raison passionnée ou la concentration raisonnable de la passion. Lorsque la valeur sociale la plus importante est le bon fonctionnement de la machine, alors la passion et la vie quotidienne ainsi que la raison humaine portent atteinte à la société. Il faut une rationalité froide construite sur une vision mécanique de la réalité pour soutenir ce genre de valeur.

C’est ainsi que les campagnes contre la « haine » conduites non seulement par tous les progressistes et réformistes, mais aussi par les institutions du pouvoir à la base des inégalités sociales (sans nous référer à «l’égalité des droits» qui n’est qu’une abstraction légale, mais plutôt aux différences concrètes concernant l’accès aux choses nécessaires pour qu’une personne puisse déterminer elle-même ses conditions de vie.) qui introduisent la bigoterie dans le tissu de cette société, font sens à plusieurs niveaux. En se concentrant sur les tentatives pour combattre la bigoterie dans les passions des individus, les structures de domination rendent aveugles plein de gens de bonne volonté à la bigoterie qui a été insérée dans les institutions de cette société, cette bigoterie qui est un aspect nécessaire à sa méthode d’exploitation. Ainsi, la méthode pour combattre la bigoterie suit un chemin double : essayer de changer les coeurs des individus racistes, sexistes et homophobes et promouvoir des lois contre les passions indésirables. En conséquence, la nécessité d’une révolution qui détruit l’ordre social construit sur la bigoterie institutionnelle et l’inégalité structurelle est oubliée, et l’Etat ainsi que les différentes institutions à travers lesquelles il exerce son pouvoir sont renforcées, leur permettant de supprimer « haine ». De plus, la bigoterie rationalisée est utile au bon fonctionnement de la machine sociale. Une passion individuelle trop intense, même lorsqu’elle est canalisée par la bigoterie, représente une menace au bon fonctionnement de l’ordre social. Cette passion est imprévisible et c’est un maillon faible dans la chaîne du contrôle. Elle doit donc être supprimée et ne doit s’exprimer qu’à l’intérieur des cadres qui ont été minutieusement mis en place par les dirigeants de cette société. Mais un aspect de l’accent qui est mis sur « haine » (une passion individuelle) plutôt que sur les inégalités institutionnelles qui servent si bien l’Etat est que cela permet à ceux au pouvoir (et les médias à leurs bottes) d’arriver au même niveau de haine irrationnelle et bigote que les suprémacistes blancs et que les tabasseurs d’homos avec la haine raisonnable que ressentent les exploités qui se sont révoltés vis-à-vis des maîtres de cette société et de leurs laquais. C’est ainsi que la suppression de la haine se fait dans l’intérêt du contrôle social, soutient les institutions du pouvoir et, in fine, soutient l’inégalité institutionnelle nécessaire au fonctionnement du pouvoir.

Ceux parmi nous qui souhaitent la destruction du pouvoir, la fin de l’exploitation et de la domination, ne peuvent pas succomber aux logiques rationalisantes des progressistes, qui ne sont là que pour servir les intérêts des dirigeants du présent. Etant donné que nous avons choisi de refuser l’exploitation et la domination, de nous saisir de nos vies dans la lutte contre la réalité misérable qui nous a été imposée, nous nous confrontons inévitablement à toutes sortes d’individus, d’institutions et de structures qui sont sur notre route et s’opposent activement à nous (l’Etat, le capital, les dirigeants de cet ordre et leurs loyaux chiens de garde, les différents systèmes et institutions de contrôle et d’exploitation). Tous ceux là sont nos ennemis et il est raisonnable de les haïr. Il s’agit de la haine de l’esclave pour son maître, ou plus précisément, de la haine de l’esclave qui s’est échappé.e pour les lois, la police, les « bons citoyens », les palais de justice et les institutions qui cherchent à le/la rattraper pour le/la rendre à son maître. Et comme pour les passions de nos amours et amitiés, nous devons également cultiver cette haine passionnée et nous l’approprier, son énergie dirigée toute entière vers le développement de nos projets de révolte et de destruction.

Puisque nous désirons être les créateurs de nos vies et de nos relations, que nous désirons vivre dans un monde où tout ce qui emprisonne nos désirs et étouffe nos rêves aurait disparu, une tâche immense nous attend : la destruction de l’ordre social actuel. La haine de l’ennemi (de la caste de dirigeant et de tous ceux qui la soutiennent) est une passion orageuse qui peut fournir l’énergie nécessaire à cette tâche que nous ferions bien d’embrasser. Les anarchistes insurrectionalistes voient la vie d’une certaine manière et envisagent un projet révolutionnaire de façon à concentrer cette énergie pour pouvoir viser avec intelligence et force. La logique de soumission requiert la suppression de toute les passions, et qu’elles soient transformées en consumérisme sentimental ou en idéologies rationalisées de bigoterie. L’intelligence de la révolte embrasse toutes les passions, voyant en elles non seulement de puissantes armes pour la bataille contre cet ordre, mais également les bases de l’émerveillement et de la joie d’une vie vécue pleinement.

Que vous vous identifiez à l’anarchisme ou pas, vous accrocher à cet impitoyable système politique à un moment où, aux yeux de la plupart des gens, sa légitimité décline sévèrement, c’est placer entièrement la balle dans le camp de réactionnaires comme Trump, La Meute et Storm Alliance, ou alternativement, de progressistes comme Trudeau, Zuckerberg et le NPD. Les nationalistes-blancs, aux politiques ouvertes et directes, et les progressistes libéraux ne sont que les deux côtés d’une même médaille, basée sur le progrès de la même civilisation occidentale. Ils tiennent le même discours autour de la loi, de l’ordre, de la civilité et des droits.

Alors que la droite prends les erreurs du mouvement anti-globalisation et les transforme en « rébellion » raciste contre le néolibéralisme, vers le nationalisme économique, il est de notre devoir de commencer à articuler notre propre rébellion contre cette société. Une rébellion qui se conçoive comme la lutte de la vie contre la mort, qui reconnaisse une rupture complète avec l’ordre présent comme seule solution réaliste à nos problèmes. Nous devons non seulement nous organiser pour nous défendre contre les racistes et répondre aux attaques des puissants contre les pauvres et les marginalisés, mais nous devons aussi nous organiser pour créer nos propres pouvoirs et ressources pour nous-mêmes, construire des relations qui ébrèchent la suprématie blanche et le patriarcat, et lancer des attaques contre les institutions de la société canadienne coloniale et suprémaciste blanche.

Pour une haine saine de la suprématie, du capitalisme, de l’autorité et de toutes les hiérarchies sociales!

Des anarchistes

 

Monument raciste et colonial à John A. Macdonald défiguré

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Nov 122017
 

Du Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM)

(Le Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM) a reçu le lien suivant, par une source anonyme, ce matin: https://vimeo.com/242431388 … Le lien a inclu le texte ci-dessous. Nous partageons cet info avec le publique, mais nous ne sommes pas responsable pour l’action.)

MONTRÉAL, Le 12 Novembre 2017 — À la veille d’une manifestation importante contre la haine et le racisme à Montréal, un groupe local et anonyme de militant.e.s anticoloniaux, antiracistes, et anticapitalistes ont réussi à vandaliser le monument historique au premier des premiers ministres du Canada, John A. Macdonald, situé au centre ville sur la Place du Canada.

Selon Art Public Montréal: « Parmi les monuments érigés à la mémoire de Macdonald, celui de Montréal est le plus imposant et le plus élaboré. » Le monument, construit en 1895, est maintenant recouvert de peinture rouge.

– Une vidéo de l’action est disponible ici (postée anonymement sur Vimeo):

– Des photos du monument recouvert de peinture sont disponibles ici:
http://i64.tinypic.com/63ubfa.jpg
http://i68.tinypic.com/2jdffac.jpg

– Une photo du monument original est disponible ici:
https://tinyurl.com/yctxbyuk

Les individus responsables de cette action ne sont pas affiliés avec la manifestation antiraciste d’aujourd’hui (www.manif12novembre.com) mais ont décidé de cibler la statue de John A. Macdonald comme clair symbole du colonialisme, du racisme, et de la suprématie blanche.

L’action d’aujourd’hui est inspirée en partie des mouvements aux États-Unis qui visent à faire enlever les symboles publics de la suprématie blanche, tels que les statues de la confédération. Elle est aussi motivée par les revendications décoloniales, telles que le mouvement « Rhodes doit tomber » en Afrique du Sud. De plus, nous sommes directement inspiré.e.s par les revendications de militant.e.s anticolonialistes — à la fois autochtones et non-autochtones — contre John. A. Macdonald, en particulier à Kingston en Ontario, la ville natale de Macdonald. Nous notons également les efforts ailleurs dans l’état Canadien pour changer le nom des écoles nommées d’après Macdonald, incluant une résolution de la Fédération des enseignants d’école primaire d’Ontario qui dénoncent Macdonald comme « Architecte du génocide des peuples autochtones ». Le détournement du Monument Macdonald est aussi approprié dans le contexte du révisionisme de l’histoire Canadienne cette année durant les célébrations de « Canada 150 », et de plusieurs appels à l’action, tels que les graffitis « 375 + 150 = Bullshit » de cet été à Montréal.

Au milieu de toute cette activité anticoloniale et antiraciste ciblant les statues et autres symboles, nous avons décidé d’offrir une petite contribution de la part Montréal.

John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a contribué directement au génocide des peuples autochtones par la création du système brutal des écoles résidentielles, ainsi que par d’autres mesures visant à détruire les cultures et traditions indigènes. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non-blancs au Canada, appuyant ouvertement la préservation d’un Canada soit-disant « Aryen ». Il a passé des lois dans le but d’exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel. La statue de Macdonald a sa place dans un musée, et non pas comme monument occupant l’espace public à Montréal.

Les vidéos, photos, et textes de cette action ont été partagés anonymement avec des antiracistes de la région de Montréal, afin de les distribuer le plus largement possible, et d’inspirer plus d’actions anticoloniales dans les rues locales.

Nous exprimons également notre support et notre solidarité la plus sincère envers les manifestants qui prennent les rues aujourd’hui en opposition à la haine et au racisme, ansi qu’envers la mobilisation antifasciste pour contronter les groupes racistes, Islamophobes, et antiimmigrants La Meute et Storm Alliance à la ville de Québec le 25 Septembre.

Ni patrie, ni état, ni Québec, ni Canada!
— Une poignée d’antiracistes anticoloniaux.