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Concrétisons nos idéaux

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Juin 292017
 

De La Fronde: Journal anarchiste montréalais
La fronde est disponible à L’Insoumise et La Déferle

Le territoire (lequel, du soi-disant «Canada») a connu divers actes d’insoumission face à la domination de l’État et du Capital dans les dernières années. Notamment, on a qu’à penser aux sabotages de projets pétroliers un peu partout, tels qu’à l’île d’Anticosti et les sabotages de nouvelles lignes de haute-tension. En passant aussi par les différentes résistances des Mi’kmaq contre la fracturation hydraulique ou de plusieurs nations autochtones contre les traités modernes destinés à compléter l’assimilation et le projet de génocide culturel. Et à la grève étudiante de 2015, les nombreuses attaques contre la gentrification dans les quartiers populaires ou les révoltes ayant éclaté suite à la mort de Bony Jean-Pierre dans Montréal-Nord. Considérant le contexte dans lequel on vit, c’est-à-dire la réalité montréalaise ainsi que les quelques projets de vie collective émergeant à la campagne, de la Gaspésie à Lanaudière, nous avons pour objectif de détruire l’État et la domination sous toutes ses formes. Nous avons l’intention de nous attaquer aux fondements idéologiques et culturels qui sont à la base de la reproduction du monde autoritaire, afin que celui que nous souhaitons construire prenne racine ici et maintenant. Néanmoins, une perspective multidimensionnelle à moyen-long terme a le potentiel de créer le contexte d’une lutte pouvant matérialiser ces idéaux. C’est là où nous nous trouvons. Nous voyons les limites que contiennent autant les actions sporadiques que des manifestations rituelles telles le 15 mars ou le premier mai. Seront donc exposées ici certaines réflexions dans une perspective de contribution à la guerre sociale en cours. Plusieurs actes de rupture ont lieu face à l’ordre que tente d’imposer l’État et ces chiens de garde en uniforme. La rage contre ce monde n’est pas seulement portée par les anarchistes et nous avons l’intention de tisser des relations de solidarité, de réciprocité et d’amitié avec quiconque a un cœur insoumis, peu importe sa réalité, sa couleur, son quartier ou son milieu.

Le territoire du soi-disant Canada est vaste et peu peuplé, par contre, son rôle dans le capitalisme mondialisé est primordial, puisque tout est mis en place pour favoriser l’extraction de ses ressources naturelles ; bois, pétrole, minerai, gaz naturel. L’exploitation se fait majoritairement dans les régions éloignées des grandes villes, vers le nord ou il y a peu d’opposition. Quant à elles, les métropoles situées au sud longeant la frontière américaine servent de point de transit pour les produits extraits. Il est impératif pour l’État-Capital de pacifier les régions urbaines afin que les marchandises puissent y circuler sans entraves. Nous avons la certitude que cette économie destructrice est néanmoins fragile et qu’il est facile de l’entraver. Les derniers territoires encore non-exploités se font décimer peu à peu par l’industrie. De nombreux moyens de résistance sont possibles pour déstabiliser ce système destructeur dans ses projets expansionnistes.

Afin de tracer cette perspective, il nous faut faire un léger retour en arrière. Les événements de printemps 2015 furent assez déterminants pour certains anarchistes à Montréal. Pour une fois, la grève ne s’appuyait plus seulement sur des enjeux corporatistes axés sur la condition étudiante, mais s’opposait à l’austérité en générale. Elle ne fût pas organisée par les syndicats étudiants réformistes, mais par des groupes affinitaires autonomes appelant à des assemblées générales de grève dans lesquelles des anarchistes ont pu intervenir. Par l’absence intentionnelle d’interlocuteur officiel avec l’État, de grand leader étudiant lançant des appels au calme et par l’insouciance de garder une belle image devant les médias, la situation a permis l’ouverture de nouvelles possibilités. Somme toute, c’est dans la rue que la contribution anarchiste fut la plus effective. Les réflexes acquis durant 2012 n’avaient heureusement pas été perdus et une nouvelle génération a pu se radicaliser à travers ce mouvement. Les masques sont réapparus sur les visages. Les affrontements avec la police et la destruction de symboles du capital reprirent leur souffle après l’accalmie de la période post-2012 qui avait été marquée par une répression acharnée des manifestations. Chaque rassemblement était encerclé par un cordon policier ne permettant aucun déplacement sous peine de réprimande. Cela eut pour résultat de calmer la rue et d’alimenter la peur des flics. Bien que la grève ne soit pas éternelle, les liens entre les compagnons et la mémoire des expériences restent, ce qui contribue entre autres à consolider les idées et pratiques de lutte anarchistes dans la durée.

Dans les moments où il est relativement plus difficile de nous rassembler, où le contexte semble absent, il y a toujours des situations et des points conflictuels sur lesquels nous pouvons intervenir afin de continuer à créer une tension avec l’Existant. La révolte ne doit pas être limitée uniquement aux journées spécifiques ou aux contextes de mobilisation sociale large. Bien que l’on doit donner une certaine importance à ces journées symboliques ou aux mouvements de masse, c’est dans notre quotidienneté que nous devons continuer d’agir. La société nous a enseigné que seules, nos idées n’ont aucune valeur. Elle nous a appris que l’opinion de la majorité nous est indispensable. Nous avons choisi de faire rupture avec elle et d’agir selon nos désirs et volontés. Les systèmes de domination et d’exploitation continuent d’enterrer la révolte sous plusieurs couches d’illusions et nous refusons d’attendre que les bonnes conditions soient réunies pour lutter. L’anarchie est avant tout une forme de vie. Il n’est pas toujours possible de prévoir les effets d’une action. Parfois, elle sera l’étincelle qui mettra le feu aux poudres de cette société pourrie.

Par la volonté de quitter le carcan étudiant réformiste afin d’expérimenter de nouveaux lieux conflictuels, plusieurs compagnons ont choisi.es de partager leurs différentes perspectives et de coordonner leurs efforts afin de créer un contexte de lutte prenant racine dans notre quotidien, dans nos quartiers en plein processus d’embourgeoisement. Au-delà du fait que plusieurs d’entre nous sont précaires et habitent ces quartiers populaires en périphéries du centre-ville, nous y avons vu un potentiel intéressant d’intervention. Les nouvelles populations bien nanties viennent s’établir alors que les personnes plus défavorisées sont poussées à quitter leurs logements en raison de la hausse des loyers. Ces problématiques affectent la vie de beaucoup de gens. La lutte contre l’embourgeoisement nous offre de multiples angles d’approches, en plus de la possibilité de partager nos idées et projets avec nos voisins qui habitent à proximité. Plutôt que de revendiquer des logements sociaux en optant pour une posture citoyenne, nous avons l’envie d’aller de l’avant avec un projet offensif ayant le potentiel de se généraliser. Nous envisageons une rupture totale avec le capital, ce qui implique d’assumer un conflit permanent sans concession pour libérer ces espaces. Nos ennemis sont autant les promoteurs de condos, nos propriétaires de logement, les propriétaires des commerces yuppies, les flics, les banques ou les élu.es qui prennent des décisions. Soit, notre ambition n’est pas tant l’obtention de plus de logements abordables. Nous proposons de nous organiser pour occuper tous ces bâtiments vides en attente de spéculation foncière, de se rencontrer dans des assemblées autonomes de quartiers, d’aller remplir nos sacs dans les commerces bobos, de détruire les caméras de sécurité qui apparaissent dans tous les recoins, de construire une culture et des pratiques de lutte nous permettant réellement de libérer notre temps et nos espaces de vie du travail, de la nécessité de payer tout, tout le temps, du contrôle de la police et de l’État.

On veut nous faire croire que seul.es nous ne sommes rien et que chaque action que l’on pourrait porter est vaine. La société libérale cherche à nous rendre dociles en nous apprenant dès le plus jeune âge que les changements adviennent grâce aux partis politiques ou aux ONG. Dans cette logique, sans organisations nous ne sommes rien. La politique n’est pas là pour changer les choses, mais pour maintenir le statu quo. Regardez qui s’assoient au parlement. Ce ne sont pas des gens issus des classes populaires. Même si c’était le cas, cela ne changerait pas le fait que plusieurs personnes ont faim tous les jours, que d’autres se fassent déporter parce qu’ils sont sans-papiers ou que certains, dans plusieurs réserves autochtones, vivent encore en 2017, sans eau potable ni électricité.

D’autre part, nous sommes concerné.es par la montée de l’extrême-droite, prenant de l’importance en occident depuis les dernières années et spécialement depuis l’élection de Trump. Le soi-disant Québec ne fait pas exception. Bien que ces groupes aient toujours été dans le paysage, ils ont récemment recommencé à se mobiliser et à prendre la rue, même à Montréal. Leur stratégie semble être de récupérer la colère contre le gouvernement libéral, exploiter la précarité et le sentiment identitaire nationaliste pour faire appel à des manifestations. Ils optent pour un discours modéré dans l’apparence, mais qui s’oppose farouchement aux politiques d’accueil des personnes immigrantes, au multiculturalisme et au droit des gais et lesbiennes (ou LGBTQ). Les organisateurs de ces rassemblements mettent en place un service d’ordre composé de grands baraqués munis de casque, de bâtons et de brassards. Ils arrivent étonnamment à mobiliser quelques centaines de personnes pour prendre la rue et scander des discours xénophobes. En tant qu’anarchistes nous croyons qu’il est nécessaire de nous organiser contre ces différents groupes et contrer leurs discours. L’éducation populaire est autant nécessaire que l’attaque physique de certains fachos radicaux prônant la suprématie blanche et le meurtre raciste. Le fascisme est un symptôme de la précarité, des frontières et d’un système autoritaire dont nous combattons tous les aspects. C’est parfois une question de culture et de langage. La haine que les fachos dirigent contre les personnes de couleur vient souvent d’un sentiment d’injustice ou d’oppression. C’est comme s’ils se trompent d’ennemis. Nous avons une responsabilité d’expliquer que c’est le système de domination qui crée la hiérarchie et les injustices. C’est aussi la culture dominante qui construit des normes et les systèmes de valeurs. Bien que les groupes d’extrême-droite soient encore loin de prendre le pouvoir, c’est la menace du contrôle de la rue qui nous inquiète. En effet, chaque fois qu’ils réussissent à marcher en grand nombre dans les rues, cela renforce leur sentiment de force et d’unité. On ne sera pas surpris.es de voir une radicalisation du discours d’extrême-droite dans un futur proche, car plus il y a de gens qui les suivent, plus ils se permettront de montrer leur vrai visage. Nous voulons éviter que leur mouvement prenne de l’ampleur et cela se fera dans la rue.

Ainsi, nous avons pour objectif de faire des liens pour que différents angles de luttes s’entrecroisent et de propager des formes d’attaques des plus variées pour maintenir constamment une tension afin de favoriser les moments de ruptures. Pour nous, l’anarchie n’est pas une plateforme d’idées, ni une construction historique, mais une manière d’être dans le monde, de vivre en lutte, de s’attaquer à la domestication de la pensée et des gestes.

Qu’est-ce que c’est qu’un Justin Trudeau? Sur le nationalisme canadien et la paix sociale

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Juin 292017
 

De NonAuCanada.info

Comme la plupart de gens, la politique canadienne ne m’intéresse pas vraiment. Ceci est vrai même pour celleux d’entre nous qui habitent le territoire contrôlé par l’Etat canadien. Surtout de ces jours, avec un clown maléfique à la tête du gouvernement américain, les yeux des gens au Canada sont plus ou moins rivés sur l’autre côté de la frontière. Aux rares moments où on pense un peu au Canada, c’est souvent juste pour faire les louanges d’un icône politique qui suscite la jalousie des progressistes du monde entier – Justin Trudeau.

On prend de petites pauses dans notre fixation sur la comédie Trump pour se sentir vaguement soulagés-es de voir un beau jeune homme marchant dans le défilé de la fierté gay ou de le voir faire des amis avec des réfugiés ou que la moitié de son cabinet sont des femmes.


Mais qu’est-ce que c’est, un Justin Trudeau? Quel est son rôle dans le projet capitaliste et colonial canadien? Quel est son rapport aux dix ans de gouvernement conservateur qui l’ont précédé? Et qu’est-ce que ça veut dire de s’opposer à un état mené par une telle personnalité politique?

Comme je viens de dire, je ne fais pas attention au Canada. Mais de la manière dont je vois les choses, la politique canadienne est définie par trois éléments: la comparaison favorable aux États-Unis, l’extraction de ressources (c’est-à-dire l’expansion coloniale) et les relations fédérales-provinciales. Commençons par jeter un coup d’oeil sur les derniers gouvernements à travers ce prisme.

Les prédécesseurs de Trudeau

Pour un petit survol des deux ou trois derniers gouvernements canadiens, pendant douze ans le parti Libéral de Chrétien/Martin a été construit autour d’accords de libre-échange néolibéraux. Ces accords ont permit une accélération de l’extraction des ressources au Canada pour un marché global et ont déchainé les sociétés extractives canadiennes sur tous les coins du monde. Chrétien et Martin ont équilibré le buget avec moins de compression de programmes que chez le gouvernement Clinton pendant la même période et ont évité la guerre en Iraq: ce qui voulait dire, pour nous autres avec les yeux fixés en permanence sur le spectacle américain, que Chrétien n’était pas si mauvais que ça (alors même que les gens combattaient le Zone de libre-échange des amériques dans les rues de Québec en 2001).

Ces mêmes industries extractives libérées par les Libéraux ont apporté les Conservateurs de Harper au pouvoir, surtout l’industrie pétrolière des sables bitumineuses en Alberta, suite à la fusion des deux partis de droite et la victoire dans leur sein des éléments les plus conservateurs. Il a redéfini le rapport entre les provinces et le gouvernement fédéral en réduisant des programmes fédéraux que les provinces ont souvent dû financer. La plupart du règne de Harper a eu lieu pendant les années Obama, ce qui voulait dire qu’il lui manquait la cruciale comparaison favorable avec les ÉU (quoique le Canada ait largement évité la crise économique de 2008, situation pour laquelle le gouvernement Harper s’est attribué le mérite).

Pendant les dix années où régnait Harper, une résistance de plus en plus puissante et bien organisée est sortie contre lui, poussée en avant par les nations autochtones à travers le pays qui ont organisé à une échelle impressionnante. Cette résistance était aussi caractérisée par la multiplication de liens entre les résistants-es autochtones, qui ont développé leurs habilités au cours de plusieurs réclamations de terres et la poursuite d’une autonomie territoriale au fil des décennies précédantes, et des colons anarchistes et d’autres de la gauche anticapitaliste (a preciser).

Notamment, cette résistance a pu empecher que l’huile des sables bitumineuses puissent atteindre un port par oléoduc, ce qui constituait une victoire majeure pour la résistance et un coup grave à la crédibilité du gouvernement Harper. L’identité nationale canadienne comme cela a existé depuis les années soixante-dix s’oppose à la base à la politique antagoniste menée par Harper et ses positions sur les questions sociales ainsi que son militarisme, son nationalisme et sa xénophobie. Des gens étaient prêts à regarder ailleurs pendant un temps au nom de la nécessité économique, mais cela a galvanisé de plus en plus de résistance lorsque Harper cherchait à mettre en oeuvre une politique de conservatisme sociale vers la fin de son mandat. Plusieurs gouvernements provinciaux ont aussi basculé à gauche pendant ces années, notamment la Colombie-Britannique, l’Alberta et (un peu) l’Ontario, en partie en réponse aux coûts associés aux programmes que Harper leur a abandonné, mais également pour récupérer la colère populaire.

Paix sociale, pour l’économie

Un regard sur ces deux gouvernements récents nous permet de mieux comprendre la mission de Trudeau. Le gouvernement Harper n’a pas pu aller aussi loin qu’il aurait voulu avec l’expansion des projets d’extraction de ressources car il n’a pas pu assurer les deux autres jambes du tabouret de la politique canadienne: la pression sur les provinces suite au replie du gouvernement fédéral et l’image de régression sociale par rapport aux É-U ont provoqué trop d’opposition. À la base, le mandat de Trudeau est de produire une paix sociale suffisante pour permettre une expansion infrastructurelle. C’est surtout important pour lui de construire cette paix avec les nations autochtones, où l’opposition tend à être plus engagé, expérimenté et capable d’agir dans des zones critiques loin des villes (car le Canada est hyper grand et moi et la plupart des autres anarchistes habitent une poignée de grandes zones urbanisées tout près de la frontière, loin des industries extractives tout-importantes).

Malgré son geste symbolique de s’excuser pour les écoles résidentielles[1. Les écoles résidentielles étaient établies un peu partout sur le territoire canadien à partir de la fin des années 1800 et le dernier n’a fermé ses portes qu’en 1996. Ces programmes ont vu des enfants de communautés autochtones (qui avaient d’habitude déjà été déposédées de leurs territoires traditionelles et envoyées sur des réserves) enlevés de leurs familles sans leur consentiment et déplacées près des zones urbaines où ils étaient interdits de parler leur langue ou d’engager dans des pratiques culturelles. L’essentiel de leur éducation s’agissaient de produire des travailleurs-euses manuels-lles obédients-es. Le nombre de morts provoquées par par les écoles résidentielles n’est pas connu à cause de la pratique d’enterrrement dans des fossées communes anonymes, mais au plus bas il est évalué à environ 10 000 morts et plusieurs écoles ont maintenu un taux de mortalité de 50% pendant des décénnies. Que les écoles s’engageaient activement à éliminer les cultures autochtones leur ont valu l’étiquette de pratique de génocide culturelle.] et le lancement d’une enquête, Harper a vu paraitre le spectre d’une insurrection autochtone pendant ses années au gouvernement. Cela est peut-être le risque le plus important auquel l’État canadien doit faire face et ça fait que les investissements infrastructurels paraissent moins sûrs, car l’Etat n’est pas en position de faire avancer les projets. Le rôle de Trudeau est avant tout la contre-insurrection – diviser, pacifier et fragiliser la solidarité afin d’isoler les éléments de la résistance qui refuseront tout compromis mais qui pourraient être vaincus.

Difficile d’exagérer le niveau de bonne volonté dont a jouit Trudeau cette dernière année pendant qu’il mettait en oeuvre son programme. Plus haut, j’ai dit que la définition de l’identité canadienne date des années 1970 – en effet, cela est largement dû au père de Justin, Pierre Elliot Trudeau, un des premiers ministres canadiens les plus influents. Justin Trudeau cherche à récréer cette identité culturelle canadienne positive pour, d’un côté, pacifier la résistance aux projets importants et de l’autre d’implanter une certaine forme de politique libérale (Libéral) parmi les habitants du territoire canadien, surtout parmi celleux qui sont arrivés-es plus récemment.

L’invention de l’identité canadienne

Tout nationalisme a pour base des mensonges et des récits imaginaires, mais au Canada, ceci est bien plus évident qu’ailleurs. On peut dire que l’identité canadienne était créée à partir de rien dans les années soixante et soixante-dix. Le Canada n’avait pas de drapeau avant 1965, on chantait « Que Dieu garde la reine / God Save the Queen » au lieu de « Oh Canada » jusqu’en 1980, il n’y avait pas de littérature ou musique canadienne à proprement parler (il existait de formes musicales régionales, mais l’identité littéraire et culturelle était surtout celle du Commonwealth Britannique). Le Canada s’est battu en rang avec l’Angleterre pendant les guerres mondiales mais n’avait pas de politique étrangère indépendante. Et il n’existe pas de cuisine canadienne à part quelques trucs volés des nations autochtones (le sirop d’érable) et quelques plats de pauvreté venus de Québec (la poutine).

Le Canada n’est qu’un vide, un effacement. Tout ce que signifiait le mot « Canada » jusqu’aux années soixante était la lente et méthodique génocide contre les peuples et cultures autochtones et l’exportation de ressources. Le projet de Canada se résumait à ça – et il s’y résume toujours, bien que Pierre Trudeau et son prédécesseur immédiat Lester B Pearson, également du Parti libéral, ont tenté de l’embellir.

Premier ministre de 1968 à 1979, Trudeau le premier a injecté beaucoup d’argent dans les arts et la culture pour produire une génération d’écrivains, de musiciens et d’artistes qui, diffusés par des médias d’Etat élargis, ont créé une idée de ce que ça veut dire d’être canadien. En ceci, il a pu s’appuyer sur des institutions telles que l’Office national de film du Canada (qui a vu largement croître ses opérations à la fin des années 60 pour que la culture officielle parvienne aux périphéries canadiennes) et le Conseil des arts du Canada (qui a géré une augmentation importante de financement destinée aux artistes pour la production de contenu à thème canadien au long des années Trudeau). La production de cette nouvelle identité canadienne était toujours aussi liée aux réssources naturelles (pensons à Gordon Lightfoot et ses chansons nostalgiques sur les paysages sauvages et vides ouverts par la voie ferrée), mais souvent présentée comme une appréciation d’une beauté naturelle vierge (la canonisation du Groupe des sept et d’Emily Carr).

À l’époque, ces investissements culturels avaient comme but de réduire le malaise régional contre une élite anglophone en Ontario qui paraissait souvent déphasée par rapport au reste du pays. La Loi sur les langues officielles de 1969 était la pierre angulaire législative d’une identité nationale fondée sur deux peuples, les français et les anglais, qui cherchait à mieux intégrer les francophones, surtout les québecois, dans l’identité canadienne tandis que la Révolution tranquille atteignait son sommet. C’était ça la carotte, mais Trudeau a également montré qu’il était prêt à se servir du bâton, car l’invocation de la Loi sur les mesures de guerre en 1970 qui ciblaient les nationalistes québecois et les communistes était l’arrestation de masse la plus conséquente de l’histoire canadienne jusqu’au sommet du G20 en 2010. Simultanément, Trudeau le premier voulait encadrer l’identité nationale qu’il s’affairait à produire comme étant en quelque sort « progressiste », ce qu’il a pu faire en s’opposant à la Guerre de Vietnam et en accueillant des milliers d’objecteurs de conscience américains, geste qui se reposait sur le changement d’image éffectué par Pearson (où l’armée canadienne est devenue une force de maintien de la paix) et en faisant évoluer les idées sur la race et l’immigration.

Elles étaient également les années de l’assurance santé universel (programme introduit par Pearson et mis en oeuvre par Trudeau) et l’élargissement massif des programmes de l’assurance emploi et soutien de revenu, tous les trois administrés par les provinces avec des sous du gouvernement fédéral. Les politiques redistributives de ce genre font donc partie intégrante de cette version de l’identité canadienne, ce qui voulait dire que les menaces de Harper contre l’assurance santé universal (en ouvrant la porte aux assureurs privés) et les importantes réductions budgétaires et le sous-financement de la sécurité sociale par les gouvernements Chrétien/Martin et Harper présentent à Justin la possibilité de se faire leur défenseur.

Au Québec, cette époque n’était pas entièrement la même et elle mérite sa propre analyse, ce que je n’essayerai pas ici. La renaissance culturelle francophone de cette époque mettait en avant une identité québecoise distincte, mais elle jouait sur beaucoup des mêmes thématiques et valeurs qu’au Canada anglophone et son rôle, de produire un sentiment d’unité autour des projets d’expansion coloniale, était quasiment le même.

Et l'(im)migration?

En 1971, Pierre Trudeau a également déclaré que le Canada adoptera une politique multiculturelle, ce qui rendait officielle qu’une partie de l’identité canadienne consistait d’accueillir d’autres pratiques cultures sur le territoire sans exiger leur assimilation aux normes dominantes (bien que la Loi sur le multiculturalisme ne soit signé qu’en 1988, grand nombre de ses éléments clés datent de l’époque Trudeau). Le bilinguilisme et la tolérance, les deux codifiés en loi, restent de bases importantes de l’image que souhaite projeter le Canada. Pendant cette période, le Canada a enlevé son interdiction de l’immigration non-européenne (la fin des années soixantes) et a partir de 1971 la majorité des immigrants qui s’installaient au Canada étaient d’origine non-européenne. Cependant, ils n’ont fait que remplacer une politique d’immigration ouvertement raciste par une axée plutôt sur la classe – la grille des points[2. La grille des points est utilisé par l’État pour choisir qui pourrait immigrer au Canada. Elle octroie des points à aux individus largement sur la base de traits fortement liés à sa position de classe, dont la richesse, l’immobilier, le niveau d’études, que leurs abilités soient jugés utiles et qu’ils-elles aient un emploi, et leur capacités linquistiques en anglais ou en français.].

La géographie du Canada lui permet un contrôle unique sur ses frontières et lui permet de sélectionner ses migrants. Le Canada, davantage peut-être que n’importe quel autre pays du monde, courtise les classes supérieures mondiales en les incitant à immigrer (un exemple connu serait les billions de dollars apportés par les immigrants venus de Hong Kong avant la réunification de l’île à la Chine). Des personnes considérées comme moins désirables seraient peut-être admises, mais se voient souvent assigner à une précarité à long terme par moyen de programmes tels que le statut de travailleur-euse étranger-ère temporaire et le système de visa, ainsi que par des purges fréquentes (comme celle qui ciblait la communauté Rom vers 2012). En 1978, le gouvernement Trudeau a formellement inscrit l’accueil des réfugiés dans la politique d’immigration canadienne et l’image du Canada comme réfuge sûr est également un élément important de l’identité canadienne positive de cette époque. Mais cette réputation de sanctuaire est très exagérée – plus de la moitié des migrants admis au Canada le sont pour des raisons économiques et puis encore un quart pour réunification familiale. Il n’y a qu’un part infime de l’immigration au Canada réservé pour les réfugiés, qui sont presque tous sélectionnés soigneusement à l’extérieur du pays.

Cette sélectivité et la politique de multiculturalisme sont souvent crédités pour le rapport moins conflictuel du Canada avec l’immigration, par rapport à des pays comme la France ou les États-Unis. Mais dans un contexte comme celui de Toronto, où plus de la moitié des résidents sont nés à l’extérieur du pays, l’Etat a un intérêt évident à assurer l’intégration dans l’identité canadienne dominante des nouveaux-lles arrivés-es et des communautés qu’ils-elles forment. Ces dix dernières années, les nouveaux-lles immigrants-es, qui viennent souvent d’acheter une maison dans des zones urbaines en pleine expansion, ont souvent voté contre les impôts et pour des politiciens conservateurs, ce qui a contribué à des phénomènes tels que Rob Ford[3. Au cas où vous êtes arrivés-es à l’oublier, Rob Ford est surtout connu pour la révélation qu’il fumait du crack pendant qu’il était maire de Toronto entre 2010 et 2014 et pour avoir agit en permanence comme un espèce de connard sexiste et raciste. Qu’il soit mort en 2016 n’empêche pas qu’il soit toujour objet de ridicule.] ou la victoire du Parti conservateur dans la région torontonienne en 2011. Harper acceptait leur soutien tout en stigmatisant les migrant-es pour gagner également le soutien des réactionnaires.

Justin Trudeau a intérêt de remettre en avant cette vision positive et multiculturelle du Canada pour raisons de politique partisane, mais aussi pour atténuer la possibilité de tensions régionales (entre la région torontonienne et le reste du sud d’Ontario; l’équilibre de pouvoir entre le français et l’anglais, et ainsi de suite) et pour éviter un mouvement anti-immigration qui pourrait menacer l’accès aux travailleurs qualifiés et de nouveaux capitaux venus de l’étranger. Pour tout le discours de Pierre Trudeau que « l’uniformité n’est ni possible ni souhaitable », l’identité canadienne multiculturelle est surtout une manière pour permettre à chacun de participer à sa façon à la destruction acharnée menée par le projet capitaliste et colonial connu sous le nom de Canada. Comme le Canada ne représente rien d’autre que le pillage, nulle pratique culturelle à part la révolte anti-autoritaire peut le menacer, alors tous les gouvernements depuis les années 70 ont continué la pratique de Pierre Trudeau de financer et soutenir des événements « culturels » au nom de l’identité canadienne.

Une vague de nostalgie

Une grande partie du charme de Trudeau est grâce à une nostalgie pour le Canada qu’il nous vend: un retour aux opérations de maintien de paix (au lieu des postures belliqueuses des années Harper); un multiculturalisme fier (après les conneries des conservateurs sur « les pratiques culturelles barbares »); socialement progressiste (surtout en comparaison à Trump); et le tout fêté par une industrie culturelle made-in-Canada capable de résister à la machine culturelle américaine. C’est ça l’image du Canada dont une partie majeure de ceux qui ont évolué dans les années 70 ont envie d’être fière.

C’est logique que les gens aiment l’assurance santé, veulent accueillir des immigrants et sont soulagés par des prises de positions progressistes sur des questions sociales. Les désirs qui font qu’on puisse soutenir ces politiques ne sont pas en soi le problème. Le problème c’est que tout ça fait partie intégrante d’un projet nationaliste qui veut nous faire voir l’état et l’économie canadiens comme en quelque sort bienveillants pour qu’on baisse notre garde contre leurs attaques.

Grace à la promotion d’une forme de nationalisme canadien développé par son père, Justin Trudeau espère colmater la nature coloniale du projet canadien et la violence économique quotidienne du capitalisme. Pas moins que Donald Trump (ou que n`importe quel autre chef d’État), Trudeau évoque un passé à moitié inventé, une époque où il y aurait eu moins de conflit social et ou le nationalisme pouvait nous donner bonne conscience. Cette forme de nationalisme est ce qui permet à Trudeau de réunir les trois éléments de la politique canadienne: une réduction de la colère populaire permet a l’extraction de ressources d’avancer; ses positions progressistes sur les questions sociales font qu’on a l’air enviable par rapport aux ÉU; et le réinvestissement dans les programmes sociaux et dans les infrastructures par un gouvernement fédéral moins opposé à l’endettement allègent la charge sur les provinces, ce qui cree moins de conflit et rend plus facile l’implémentation de l’agenda du gouvernement fédéral.

Je ne suis même pas au Canada, mais ça me fout la nausée comment Trudeau est arrivé à faire que c’est de nouveau OK d’être un Canadien fier. Je n’ai pas envie de me sentir bien par rapport au Canada. Je n’ai pas envie d’être un pion dans leur gentil projet colonial ni d’être un exclu, chassé des villes embourgeoisées et des rangs des travailleurs-euses productifs-ves – je veux rendre visible l’immense violence de l’Etat canadien et de son économie. Je ne veux pas remplir le vide nommé Canada par de petits mythes minables sur comment l’assurance santé et le multiculturalisme font qu’on n’a pas raison de se plaindre – je veux porter un regard honnête sur la situation et choisir mon camp dans le conflit. Je n’ai pas envie de la paix sociale offerte par Justin Trudeau, car la paix sociale signifie le statu quo – je veux me battre pour mon autonomie et l’autonomie des autres, avec des terres et de l’eau sains.

Au lieu de se dessiner une feuille d’érable sur la joue pour le 150e anniversaire du Canada, prenons le moment pour regarder la bête d’en face. La fierté que nous offre le nationalisme est fausse et nous empêche de trouver la vraie force qu’on peut construire ensemble lorsqu’on identifie clairement nos ennemis et qu on se prépare a passer à l’offensif.

Ouvrez les frontières! Tract distribué à l’occasion du spectacle d’IAM à Montréal

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Juin 232017
 

OUVREZ LES FRONTIÈRES!
BIENVENUE AUX RÉFUGIÉ.E.S! RACISTES, DEHORS!

(Dimanche, 18 juin 2017)

Aujourd’hui, les Francofolies mettent de l’avant des concerts de groupes, comme IAM et Tiken Jah Fakoly, dont les origines, les textes et les prises de position mettent l’accent sur des thématiques antiracistes et pro-immigration.

Nous tenons à souligner l’importance de ces thématiques et encourageons les personnes présentes aux Francofolies aujourd’hui à exprimer leur solidarité avec les luttes contre le racisme et le fascisme partout dans le monde ainsi que chez nous, au Québec.

Bien que nous tenions à participer à la fête, nous devons également rappeler que les événements des Francofolies sont malheureusement co-sponsorisés par Hydro-Québec et les célébrations du 375e anniversaire de la Ville de Montréal. Nous dénonçons le colonialisme inhérent à la logique de ces deux commanditaires, dont les pratiques incarnent la dépossession des terres autochtones et le déni du génocide ayant touché ces populations. Nous préférerons de loin réitérer notre engagement à appuyer les luttes autochtones contre la dépossession et l’exploitation des ressources naturelles.

Le concert d’aujourd’hui est également l’occasion de rappeler que Montréal n’est pas une ville sanctuaire. Contrairement à ce qu’affirme le maire de Montréal, la Ville et la police municipale continuent de collaborer avec les agences frontalières et d’immigration et, ainsi, de menacer la sécurité des personnes sans statuts à Montréal. Faisons de Montréal une véritable ville sanctuaire! Soyons réellement solidaires des personnes sans statut et assurons-nous qu’elles ne sont pas menacées et qu’elles ont accès à tous les services de santé, d’éducation et autres que requiert une vie dans la dignité.

Durant le concert d’IAM, nous, antiracistes et antifascistes de Montréal, nous rassemblerons pour scander des slogans comme « Ouvrez les frontières! », « Bienvenus aux réfugié.e.s! », « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés! », etc.
Venez les scander avec nous! Il vous suffit de chercher les drapeaux rouge et noir antifascistes pour nous repérer. Le concert d’IAM commence à 20h30, mais nous serons là plus tôt.

Comme IAM et Tiken Jah Fakoly le démontrent, la musique et la politique vont souvent très bien ensemble. Faisons de même en combinant notre amour de la musique avec notre solidarité avec les luttes actuelles contre l’oppression.

– Un message d’antiracistes et d’antifascistes de Montréal

Contactez-nous à : alerta-mtl@antifa.zone

Pour plus d’informations, consultez les sites suivant :

www.montreal-antifasciste.info

www.solidaritesansfrontieres.org

Qu’ils mangent de la peinture! : action de dégentrification contre “3734”

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Juin 202017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il y a un peu plus d’un an, une foule de gens masqués a exproprié la marchandise de l’épicerie yuppie attachée au restaurant “3734” sur la rue Notre-Dame et a redistribué la nourriture aux gens du quartier. Voilà une des actions contre la gentrification parmi les dizaines s’étant produites dans les dernières années. L’épicerie a fermé ses portes il y a quelques mois, mais nous avons remarqué que le restaurant 3734 servait encore des lunchs aux gens d’affaires et des soupers onéreux aux yuppies du coin. Alors mercredi dernier, nous leur avons rendu visite, avons brisé une fenêtre et couvert l’intérieur du restaurant de peinture à l’aide d’un extincteur.

« Mais qu’est-ce que le vandalisme accomplit contre des commerces? » Lorsque ces commerces participant à la gentrification ont été pris pour cible, les médias de masse ont affirmé que les vandales étaient à côté de la plaque parce que ces commerces ne jouent qu’un petit rôle dans le processus plus large de la gentrification. Ceuzes d’entre nous opposé.es à la gentrification pouvons tirer la conclusion opposée: ça ne veut pas dire que les cibles sont sans intérêt, mais que nous devons simplement les accompagner de cibles plus diversifiées et que les actions doivent se généraliser! Nous sommes prêt.es à parier que des actes répétés de vandalisme et l’augmentation des primes d’assurance peut faire une différence pour les petits commerces branchés qui ont de la difficulté à garder la tête hors de l’eau, et pour dissuader des investissements futurs qui solidifient la gentrification. Avez-vous entendu? Après des attaques dégentrificatrices, des commerces de St-Henri continuent à fermer : Campanelli, le bar à jus de Shapiro, et l’épicerie du 3734. En voilà trois qui ferment dans la dernière année et demi.

La gentrification est une opération de déplacement, aux côtés de processus sur un temps plus long comme le colonialisme et l’incarcération de masse, que ceux au pouvoir utilisent contre quiconque fait obstacle au développement, au contrôle, et au “progrès”. Nous sabotons les commerces gentrificateurs de nos quartier(s) pour les mêmes raisons qui en poussent d’autres à attaquer la police, à faire du sabotage contre les projets de développements industriels, à rendre les frontières incontrôlables, et à insulter les fascistes.

On nous dit que si on veut changer les choses, on a juste à aller voter, à écrire aux représentants élus, ou à manifester paisiblement, mais tout le monde sait qu’il ne faut pas croire à ce mensonge usé. Nous désirons changer infiniment plus qu’il ne sera jamais possible en performant le rôle du bon citoyen ou en obtenant une bonne couverture médiatique pour une liste de demandes adressée à ceux au pouvoir. Les canaux “légitimes” offerts par cette société peuvent amener des réformes par rapport à certains détails spécifiques reliés aux systèmes d’oppressions, mais elles ne font rien pour démanteler les systèmes d’oppression eux-mêmes, et ces canaux sont souvent conçus pour que nous soyions plus dépendant face à eux. Voilà pourquoi nous refusons le dialogue avec les commerces gentrificateurs, et que nous allons plutôt briser leurs fenêtres et leur marchandise. Des actions qui ont un impact direct sur notre environnement, sans la médiation des politiciens et de leur monde. Dans une société où la valeur de la propriété est plus grande que celle de la vie, nous devons détruire la propriété pour pouvoir vivre.

Tanné.es des réunions inutiles ou de rester assis.es à la maison devant votre mur Facebook? Essayez une balade nocturne avec un.e ami.e, un masque et une massue. C’est possible d’attaquer, peu importe qui vous êtes, et si vous faites attention vous pourriez faire beaucoup sans vous faire prendre – pour lire des conseils, allez regardez cette recette pour des actions nocturnes. Rendons St-Henri hostile aux commerces yuppies, aux développeurs, à la police, et aux riches qu’elle sert!


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ALERTA /// L’extrême droite nationaliste se réunit en banlieue de Montréal le 17 juin prochain

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Juin 132017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Mise à jour : le colloque du MRQ a été déplacé au Centre équestre l’Intégrité, situé au 3987 chemin Sainte-Angélique, à Saint-Lazare.
Vous pouvez communiquer directement avec la propriétaire, Sophie Robichaud, au 450-510-5354 ou 514-992-2141

Le 17 juin prochain, de nombreux regroupements et individus d’extrême droite devaient se réunir au Collège Maisonneuve à l’occasion d’un colloque organisé par le Mouvement républicain du Québec (MRQ), en collaboration avec La Meute. Suite aux révélations dans les médias et à l’annonce que le Mouvement étudiant révolutionnaire organisait une manifestation pour « bloquer l’extrême droite », le collège a annulé son contrat avec les Éditions Dédicaces (maison d’édition du Guy Boulianne, petit chef du MRQ).

Le colloque doit maintenant avoir lieu près de Vaudreuil-Dorion, toujours avec les mêmes conférenciers et toujours en étroite collaboration avec La Meute.

Les conférenciers

Ce prétendu « Rassemblement pour le bien commun et l’intérêt supérieur du Québec » réunira une série de conférenciers (uniquement des hommes blancs, faut-il le souligner?) issus de l’aile droite du mouvement nationaliste québécois, dont Alexandre Cormier-Denis, ce candidat du Parti indépendantiste qui, après avoir attiré l’attention des médias avec une affiche électorale raciste, n’a réussi qu’à recueillir 81 misérables votes aux dernières élections dans Gouin[1. http://acd2017.quebec/biographie ; http://infoman.radio-canada.ca/article/2017/05/19/avoir-du-front/]. Bien que la plupart des articles récents écrits sur Cormier-Denis découlent de cette grossière intox médiatique, il est mieux connu pour avoir fondé Horizon Québec Actuel, un groupuscule affilié au Front national de Marine Le Pen, en France[2. http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/gravel-le-matin/segments/reportage/22284/horizon-quebec-actuel-parti-front-national ; http://acd2017.quebec/biographie]. Même s’il ne dément pas ses liens avec le Front national et est soutenu par des groupes ouvertement racistes comme la Fédération des Québécois de souche[3. http://quebecoisdesouche.info/entretien-avec-alexandre-cormier-denis-dhorizon-quebec-actuel/ ; “Un patriote dans Gouin?”, Le Harfang Juin/Juillet 2017 http://quebecoisdesouche.info/wp-content/uploads/2017/05/floute_juin_juil_2017-1.pdf], Cormier-Denis reste membre en règle du Parti québécois et collabore à des plateformes nationalistes « politiquement incorrectes », comme les sites Vigile.net et Radio Infocite[4.http://acd2017.quebec/biographie].

Le panel comprend aussi le vlogueur André Pitre (Stu Pitt). Sur Gauchedroitistan et sur sa propre chaîne YouTube, Pitre se vautre depuis des années dans les théories du complot les plus vaseuses, en insistant sur l’influence nocive des Social Justice Warriors, des « mondialistes » et des féministes. En 2017, comblé de joie suite à l’élection de Donald Trump, Pitre s’est servi de sa notoriété naissante sur Internet pour mettre de l’avant des groupes antimusulmans comme La Meute et des populistes de droite comme le MRQ.

Gilles Noël, du Parti d’unité nationale, sera également présent au colloque du 17 juin. Sa participation réfute carrément la prétention des islamophobes à une société laïque, puisque Noël milite depuis longtemps pour l’extrême droite catholique québécoise. En 2002, il était parmi les fondateurs du Parti démocratie chrétienne du Québec, une suite du Centre d’Information National Robert Rumilly (connu dans les années 1980 et 1990 pour ses liens avec des groupes ouvertement fascistes et anti-immigration, comme Cercle Jeune Nation)[5. http://www.wikiactu.com/?page_id=17271; http://quebecoisdesouche.info/achille-larouche-fils-spirituel-de-labbe-groulx/;]. En 2012, le PDCQ a changé son nom pour le Parti d’unité nationale, signalant du coup la transition d’un programme théocratique vers un nationalisme conservateur. Le nouveau PUN reste fermement opposé à l’avortement et à l’érosion du modèle familial traditionnel, mais s’est positionné plus agressivement contre les « accommodements déraisonnables » pour les minorités non chrétiennes, en insistant sur l’identité française et chrétienne de la nation québécoise[6. Adhère à la Charte des droits de la famille adoptée par le Vatican en 1983. Celle-ci prône que « la famille est fondée sur le mariage, cette union intime et complémentaire d’un homme et d’une femme », que « la situation des couples non mariés ne doit pas être placée sur le même plan que le mariage dûment contracté »; et que « Dans les relations internationales, l’aide économique accordée pour le développement des peuples ne doit pas être conditionnée par l’acceptation de programmes de contraception, de stérilisation ou d’avortement », car « L’avortement est une violation directe du droit fondamental à la vie de tout être humain. »« Le divorce porte atteinte à l’institution même du mariage et de la famille. »

En ses propres termes : « La société distincte du Québec est née de notre héritage culturel, de notre patrimoine historique, de nos traditions, de nos fêtes chrétiennes et des institutions fondées par nos ancêtres jusqu’aux années 60 (écoles catholiques et collèges classiques, hôpitaux, universités, hospices, séminaires, etc.). Au Parti unité nationale, c’est tolérance zéro à l’égard du racisme pratiqué par certaines personnes qui viennent dans notre pays avec l’intention de bousculer et de piétiner les droits de la majorité. »
(http://www.partiun.ca/accueil/qui-sommes-nous.html)

Et : « Cette nation parle français avec son accent canayen (sic) dans ce grand territoire de l’Amérique du Nord anglophone. Cette nation tient à protéger sa langue et sa culture canayenne (sic). Ici, ce n’est pas l’espagnol, le libanais, l’arabe, le chinois, le japonais, le russe ou autre langage. Cette Constitution a été construite pour défendre les droits de la majorité et lancer un message clair à ceux et celles qui veulent faire partie de notre société, APPRENEZ NOTRE LANGUE !! … Nous acceptons vos croyances sans vous poser de questions. Tout ce que nous vous demandons, c’est de respecter les nôtres, de vivre pacifiquement et enharmonie avec nous. Ceci est NOTRE PAYS, NOTRE TERRE, et NOTRE STYLE DE VIE et nous vous donnons l’occasion d’en profiter. Mais à partir du moment où vous vous mettez à vous plaindre, à gémir et à ronchonner à propos de notre drapeau, notre engagement, nos croyances chrétiennes ou notre style de vie, nous vous encourageons fortement à profiter d’une autre grande liberté québécoise : « LE DROIT DE PARTIR « . »].

Richard Le Hir, Daniel St-Hilaire et Jean-Jacques Nantel, qui sont tous impliqués depuis longtemps dans le mouvement nationaliste plus traditionnel (PQ, Bloc, Cap sur l’Indépendance, Vigile.net) seront aussi du lot des conférenciers. Ces intervenants « respectables » seront flanqués d’énergumènes un peu moins connus, comme Hans Mercier (dont le Parti 51 propose de séparer le Québec du Canada pour se joindre aux États-Unis comme 51e état!), Jean-Louis Pérez-Martel (un autre complotiste antimondialiste et antimusulmans associé à Vigile.net), et Jérôme Blanchet-Gravel (un doctorant de l’Université d’Ottawa, auteur d’un essai réactionnaire dénonçant les rapports fabulés entre « l’Islam, la gauche et le multiculturalisme »).

La tenue de cette conférence signale une tentative de consolider un courant politique d’extrême droite au Québec en groupant sous un même pavillon de jeunes militants ambitieux, des figures politiques plus établies et des représentants de groupes marginaux minoritaires. C’est d’ailleurs l’objectif déclaré du MRQ, un groupe fondé tout récemment par Guy Boulianne dans l’espoir d’organiser l’aile droite du projet nationaliste. Sous le couvert de la « liberté d’expression », Boulianne n’est en fait qu’un nationaliste xénophobe qui s’occupe à répandre des théories complotistes d’extrême droite. (Pourtant, ce grand défenseur de la liberté d’expression a récemment réclamé l’emprisonnement de la comique américaine Kathy Griffin -sur le show d’André Pitre, qui plus est- après que celle-ci eut simulé la décapitation de Donald Trump[7. https://www.youtube.com/watch?v=SHKwY-QMnEo].

La Meute

Guy Boulianne sert des mains à l’occasion d’un BBQ de La Meute, le 27 mai 2017. En arrière plan, André Pitre.

Derrière les discours d’illuminés prononcés dans un champ vide, le colloque du 17 comporte une autre dimension plus sinistre, qui révèle peut-être le véritable objectif de cette initiative.

Fondée en 2015 par deux vétérans de l’armée, Éric Venne (alias Éric Corvus, qui a quitté le groupe en janvier 2017) et Patrick Beaudry, La Meute est la plus grande organisation d’extrême droite au Québec. Les premiers événements du groupe ont eu lieu à Québec et dans la région du Saguenay. En août 2016, leurs dépliants ont commencé à circuler dans des lieux publics et, quelques semaines plus tard, Venne et d’autres membres ont perturbé un événement d’information organisé par un groupe de volontaires qui prévoyaient accueillir une famille de réfugié-e-s syrien-ne-s[8. https://mtlcontreinfo.org/en/frontlines-in-the-fight-against-islamophobia/].

Bien que La Meute ait condamné l’attentat terroriste contre le Centre culturel islamique de Québec commis par l’extrémiste de droite Alexandre Bissonnette, le 29 janvier 2017, elle a aussi profité de cet événement pour « sortir de l’ombre » et s’affirmer plus agressivement dans l’espace public. Elle a ainsi participé, avec d’autres groupes d’extrême droite, à plusieurs manifestations islamophobes à travers le Québec le 4 mars dernier et à d’autres occasions (les manifestations du 4 mars étaient organisées par le one-man show de Georges Hallak, la « Canadian Coalition of Concerned Citizens », et appuyées par le MRQ de Guy Boulianne)[9. https://mouvement-quebec.com/agenda/manifestation-2017-03-04/].

Bien qu’elle insiste sur le fait qu’elle n’est ni raciste (car « l’islam n’est pas une race ») ni d’extrême droite (car on ne peut parler « d’extrémisme » tant qu’il n’y a pas de « sang dans les rues »), La Meute fait la promotion d’une vision complotiste d’élites globales qui seraient en train de conspirer avec des « islamistes extrémistes » pour imposer la charia aux populations occidentales. En plus du MRQ, elle collaborait jusqu’à récemment avec les Soldats d’Odin, un groupe antimusulmans originellement créé par des néonazis en Finlande[10. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1006108/extreme-droite-une-patrouille-avec-le-groupe-des-soldats-dodin]. Ainsi, selon le cofondateur de La Meute, Patrick Beaudry : « Nous sommes ici au Québec le foyer, le nombril, de la civilisation européenne dans toutes les Amériques »[11. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1004095/43-000-membres-pour-le-groupe-dextreme-droite-la-meute]. Et selon son responsable médias, Sylvain Brouillette (aka Sylvain Maikan) : « Marine Le Pen est beaucoup plus proche de nous que Donald Trump ».[12. http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/quebec-far-right-la-meute-1.3876225]

Le 15 mai 2017, à l’émission YouTube d’André Pitre, La Meute a annoncé qu’elle était désormais disponible partout au Québec pour s’opposer aux menaces qui pèseraient sur la liberté d’expression. Pitre et La Meute ont clairement laissé entendre qu’ils faisaient par-là référence à toute intervention d’antifascistes, d’antiracistes ou de féministes visant à perturber des événements racistes, sexistes, homophobes ou transphobes. L’émission de Pitre a également montré que cette annonce découlait de l’invitation de Pitre lui-même à ce que La Meute joue un tel rôle (la déclaration a été filmée dans son salon)[13. https://www.youtube.com/watch?v=2Zpv3F5UlMQ].

C’est dans un tel contexte que le MRQ a publiquement annoncé qu’il s’était arrangé pour que La Meute assure la sécurité lors de l’événement du 17 juin 2017[14. Par exemple : ]. Le MRQ fait la promotion de La Meute sur son site web, où il reprend d’ailleurs sa déclaration[15. https://mouvement-quebec.com/meute/]. Le 5 juin, près de la moitié des billets vendus sur la page EventBrite de l’événement du 17 avaient été achetés par des individus se revendiquant publiquement de La Meute. Parallèlement, Pitre et Bouliane récoltaient des fonds afin de couvrir les frais de La meute lors de l’événement.

Pendant ce temps, sur Facebook, en réaction à l’appel du Mouvement étudiant révolutionnaire (MER) à perturber la conférence du 17 juin, des membres de La Meute menaçaient d’avoir recours à la violence[16. Par exemple, en menaçant de battre des antifas « faggits » (sic) : ] [17. Et ensuite, ces crétins expliquent qu’ils sont membres de La Meute : ], tandis que leur organisation déclarait publiquement qu’elle collaborerait avec la police afin de contenir et neutraliser la mobilisation antifasciste. Quant à Pitre, il a cru bon aller baver que « c’est game over pour les antifas », lesquels ont selon lui tous été « élevés en milieu monoparental/drogue/alcool »[18. Cette déclaration a fait des vagues dans leurs réseaux sociaux, et pas seulement en raison des fautes de français… De nombreuses femmes qui avaient l’intention de participer à l’événement du 17 n’ont pas du tout apprécié le fait que Pitre stigmatise de cette manière les mères monoparentales. Pitre a ensuite formulé des excuses bidons, où il ne parvient pas à cacher son antiféminisme grossier : « Hier j’ai blessé des gens en utilisant le mot « monoparental » de façon trop péjorative. Je suis conscient qu’il y a beaucoup de nouveaux sur mon Facebook et ils ne sont pas habitués à la façon dont je m’exprime. Alors à eux, je tiens à m’excuser et je promets de faire très attention à l’avenir aux mots que j’utilise pour être sûr de ne pas blesser personne. C’était absolument pas mon intention de vous comparer aux crisses de folles qui ont des relations sexuelles avant le mariage. (sssshht, c’est un test de QI déguisé) »].

Enfin, l’événement du 17 juin représente aussi une tentative d’établir un nouveau rapport de force entre l’extrême droite et la gauche antifasciste. La décision initiale, de tenir la conférence au Collège Maisonneuve, à Hochelaga, l’une des bases de la gauche montréalaise, apparaît ainsi comme une véritable provocation. Avec l’aide du MRQ, La Meute cherchait une occasion pour fixer les règles du jeu et s’assurer que le travail d’organisation et de propagande islamophobe, raciste, sexiste ou transphobe pourrait se faire à l’avenir sans rencontrer de résistance.

Présentement déplacé dans la banlieue de Vaudreuil, ce colloque reste un moment de consolidation d’une extrême droite dans le mouvement nationaliste, qui se projette dans un rôle offensif contre les musulmans, la gauche, les féministes ainsi que les « mondialistes » et le « cosmopolitisme ».

L’événement du 17 juin n’a rien à voir avec le « bien commun et l’intérêt supérieur du Québec », de même que la participation de La Meute a cet événement n’a rien à voir avec la défense de la « liberté d’expression ». Un colloque auquel tous les participants sont des hommes blancs, dont les opinions vont du nationalisme ethnique à l’ultra-conservatisme catholique, et qui s’organise en collaboration avec La Meute et d’autres groupes d’extrême droite cherchant à en découdre, représente une menace réelle.

Nous appelons tous et toutes à dénoncer ce cirque raciste et sexiste, et à se préparer sérieusement à la lutte contre la montée de courants antimusulmans, complotistes et xénophobes!

150 ans de colonialisme. Pas de quoi fêter !

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Juin 042017
 

Manifestation anticoloniale et anti-impérialiste à Montréal le 1er juillet

De CLAC

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Comme vous le savez, cette année c’est le 150e anniversaire du Canada. Le gouvernement prévoit dépenser 500 millions de dollars en 2017 pour organiser des cérémonies, des parades et des fêtes pour célébrer fièrement le colonialisme, l’impérialisme et le racisme qui marquent l’histoire de ce pays. Nous ne devons jamais oublier que le territoire que l’on appelle Canada a été volé par les colons européens aux autochtones qui vivaient ici depuis des millénaires, dans un désir avide de richesses naturelles pour enrichir les couronnes de France et d’Angleterre. Pourquoi devrions-nous fêter cela ?

Le colonialisme canadien n’est pas une chose du passé, l’oppression et le racisme envers les peuples autochtones existent toujours. Il suffit que l’on pense aux incarcérations massives, aux abus qu’ils et elles subissent de la part des policiers ou aux interventions militaires (Restigouche, 1981, Oka, 1990, Gustafsen Lake 1995, Elsipogtog 2013) pour les « discipliner » lorsqu’ils et elles revendiquent les droits que le Canada leur a garantis dans ses propres traités (qui ont été signés après l’invasion du territoire et la déstabilisation des écosystèmes desquels dépendaient leurs communautés). Encore une fois, comment pouvons-nous vouloir célébrer ?

Même si la grande majorité de la population canadienne est issue de l’immigration, avec la colonisation débutée au 16e siècle, notre gouvernement garde toujours une vision raciste face aux nouveaux et nouvelles immigrantEs. Les nouveaux et nouvelles arrivantEs sont marginaliséEs, privéEs des services essentiels de base pour vivre dans la dignité et trop souvent traitéEs comme des criminelLEs ou même des terroristes. Doit-on être fièrEs de l’accueil que nous réservons aux gens qui doivent immigrer ici parce que la vie dans leur pays est devenue insoutenable, souvent à cause des politiques impérialistes du Canada et des autres pays riches qui n’ont jamais assez de pouvoir et d’argent ?

C’est pourquoi nous dérangerons le plus possible la fête du Canada le 1er juillet, parce qu’il n’y a aucune fierté à habiter un pays construit sur des terres volées et qui accumule depuis tout ce temps des richesses grâce à l’exploitation sauvage des ressources d’ici et de partout dans le monde, ni d’un pays raciste qui marginalise les autochtones et les immigrantEs.

Appel à l’action :

Vous pouvez venir à notre manifestation et vous pouvez en plus faire d’autres actions. Partout autour de nous il y a des symboles du colonialisme canadien : les bâtiments de l’armée canadienne, les canons et autres symboles et des musées militaires, les bureaux du gouvernement, les magasins de la Compagnie de la Baie d’Hudson, les prisons, les tribunaux, les parlements, les hôtels de villes, les bureaux du SCRS et de la GRC, etc. Faisons preuve de créativité !

Activité amusante à faire avec vos amiEs pour le 1er juillet : arrachez tous les drapeaux du Canada et du Québec. Il y a plein de choses que vous pouvez faire avec après, comme un feu de camp. Défi supplémentaire : remplacez les drapeaux arrachés par des drapeaux noirs. Des heures de plaisir !

La CLAC – Convergence des luttes anticapitalistes
info@clac-montreal.net – clac-montreal.net

Aussi organisé dans le cadre de l’appel pour une journée nationale d’action le 1er juillet 2017 de IDLE NO MORE & DEFENDERS OF THE LAND.

MTL Contre-info numéro 2

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Mai 262017
 

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Sommaire:
La police protège les fascistes
Aux premières lignes de la bataille contre l’islamophobie
Le 15 mars à Montréal : c’est pas la neige qui va nous empêcher, d’attaquer les policiers
Vandalisme contre la gentrification à St-Henri
Mutinerie au centre jeunesse de Val-Du-Lac
La plus faible des têtes de l’Hydre : Enbridge, Ligne 3
L’antifascisme l’emporte à Montréal : manger une volée avec votre Joyeux Festin?
4:20 – Autant contre la légalisation que la criminalisation
Une manifestation d’extrême-droite protégée par la police contre les antifascistes
L’invasion de commerces : une tactique pour combattre la gentrification?
1 er Mai à Montréal : quelques réflexions critiques
Coucou les bobos
Toi aussi tu restes à “Montréal” cet été?
Recettes pour des actions directes nocturnes
Conseils pour les manifestations
11 juin : La communication est une arme
Comment soumettre des communiqués de manière sécuritaire

Vous pouvez obtenir des copies à La Déferle et à l’Insoumise. Si vous désirez faire plus de copies pour les distribuer, contactez-nous! Si vous vivez à l’extérieur de Montréal et n’avez pas accès à des moyens d’impression gratuits (et si vous ne pouvez payer la livraison postale, contactez-nous quand même, on pourra s’arranger ensemble).

L’invasion de commerces : une tactique pour combattre la gentrification?

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Mai 262017
 

Pour l’article complet (en anglais) voir ici

Cet hiver, j’ai visité la ville de New York, où j’ai participé à une manifestation vraiment inspirante de Black Lives Matter appelée la People’s Monday March. Illes utilisaient une tactique que j’appellerai l’Invasion de Commerces, qui permet à un petit groupe de gens de faire entendre un message politique de manière à ce qu’il ne puisse être ignoré.

La première moitié de l’article qui suit est tiré d’un compte-rendu que j’ai écris le jour après l’action. La seconde moitié est constituée de réflexions sur la manière dont cette tactique pourrait s’appliquer à Montréal par des anarchistes pour lutter contre la gentrification.

Je suis certain.e que nous pourrions adapter cette tactique, la mettre en pratique différemment que ce je propose ici, alors j’espère que cet article permettra de nourrir un brainstorming.

COMPTE-RENDU DE LA PEOPLE’S MONDAY MARCH – 9 FÉVRIER 2017

J’ai tendance à juger du succès d’une manifestation en fonction du sentiment qu’elle procure aux gens qui y participent. Est-ce qu’on en sort avec l’impression qu’on a fait tout cela symboliquement, pour la forme, ou est-ce qu’on a plutôt l’impression d’en sortir crinqués, prêt.es à se battre contre le pouvoir. Cette manif à NYC appartenait certainement à la seconde catégorie.

La People’s Monday March a lieu depuis plus de deux ans. Elle est organisée par le groupe NYC Shut It Down, un groupe multiracial dirigé par des personnes de couleurs. Depuis deux ans se tient cette marche issue d’un désir de maintenir l’énergie du mouvement de 2014 dont l’agitation a commencé à la suite du meurtre d’Eric Garner par la police. Chaque marche se tient à la mémoire d’une différente victime de meurtre policier. La première a eu lieu le 9 février 2015, et on m’a affirmé que, depuis lors, il y a eu une marche chaque lundi, sans faute, peu importe la température. Au début, chaque People’s Monday March débutait à la station Grand Central, mais au fil du temps elle a été organisée dans différentes parties de la ville. Parfois illes iront à Brooklyn, Harlem, Queens, etc. et alors une manifestation à l’ambiance militante aura lieu dans un quartier où elles se tiennent rarement. Une des réflexions derrière cette pratique est d’amener des gens du quartier à prendre la rue, ce qui semble avoir eu du succès.

J’ai participé à la People’s Monday March le 13 mars. À 7hpm, un groupe d’une trentaine de personnes s’est rassemblé dans le parc Washington Square en plein coeur de Manhattan. La marche n’avait pas de permis et l’itinéraire n’avait pas été annoncé à l’avance, ce qui n’a pas empêché le groupe de prendre immédiatement la rue. À travers la marche, NYC Shut It Down fait preuve de courage et a eu confiance en son propre pouvoir non seulement en désobéissant aux ordres policiers, mais aussi en contrariant la police en l’insultant de très près. Gardez en tête qu’il n’y avait pas une grande foule où se réfugier si un flic se pompait et décidait d’attaquer. Ces gens ont des gonades.

[…] Le groupe a d’abord envahi un bar, puis un restaurant fancy, puis une épicerie biologique Whole Foods où il y avait une longue file aux caisses.

Le but d’aller dans ces endroits est de forcer une audience captive à écouter un message politique. Pour ce faire, illes ont utilisé la tactiques du Mic-Check d’Occupy. Un.e porte-parole parle le plus fort possible puis tout le monde répète ses propos aussi fort que possible.

[…]
Que peut-on apprendre de cela? Soyez audacieux.euses. Soyez provocant.es. Ayez un message spécifique. Parlez fort. Dites ce que vous pensez. Et rendez tout ça social – après les People’s Monday, les camarades se rassemblaient pour socialiser dans un resto de quartier.

[…]

Il y a un élément rituel aux People’s March… ce qui est une bonne chose. Par exemple, chaque marche se termine avec la prière d’Assata. Les participant.es se donnent la main et chantent ensemble : « Notre devoir est de nous battre pour la liberté. C’est notre devoir de gagner. Nous devons nous aimer et nous protéger les un.es les autres. Nous n’avons rien à perdre que nos chaînes. »

Je pense qu’un rituel hebdomadaire pourrait contribuer à construire un mouvement. Des événements publics offrent l’opportunité aux gens de se rencontrer, et nous connaissons la lenteur avec laquelle les activistes accordent leur confiance. Les gens ont besoin de se familiariser aux autres avant de travailler ensemble. Un plus petit groupe permet plus facilement aux gens d’apprendre à se connaître.

[…]

UNE TACTIQUE POUR LUTTER CONTRE LA GENTRIFICATION?

Au début de cet article, j’ai dit que je pensais que cette tactique pourrait être intéressante dans la lutte contre la gentrification à Montréal. Ce que je veux dire, c’est que des anarchistes pourrait prendre l’habitude d’envahir des commerces gentrificateurs dans différents quartiers, comme St-Henri ou Hochelaga. Peut-être que ça pourrait se faire d’abord sur une base hebdomadaire, pour populariser la tactique. Si l’idée est bien reçue, peut-être que ça pourrait se faire à des moments plus impromptus. Par exemple, si une gang d’anarchistes sont au même endroit au même moment, pour un concert, un événement, une manif, etc. une invasion pourrait se produire quasi-spontanément. […]
[…]
Bien sûr, pour avoir du succès, un mouvement doit se doter d’objectifs atteignables. « Lutter contre la gentrification » n’est pas une stratégie. Un mouvement a besoin d’objectifs atteignables – d’objectifs mesurables. Faire fermer un commerce particulier est certainement possible – et honte à vous si vous doutez de moi! Comment allons-nous détruire l’État si nous n’arrivons pas à faire fermer une boutique de bobos?

Pour rendre la victoire imaginable, il n’y a pas de meilleure propagande que la victoire. La petite victoire que représenterait la fermeture d’un bar de hipster, un spa pour chiens, ou une boutique de luxe, donnerait aux participantes de la lutte anti-gentrification un avant-goût de leur propre puissance.

1er Mai à Montréal: quelques réflexions critiques

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Mai 252017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Malgré un nombre appréciable de participant-es en cette journée pluvieuse, le 1er Mai de Montréal a laissé à plusieurs d’entre-nous le sentiment que la police a réussi à garder la célébration docile et ordonnée. La manifestation anticapitaliste avait deux points de départ : un contingent au centre-ville organisé par la CLAC (Convergence des Luttes Anti-Capitalistes), et un contingent antifaciste et contre les frontières qui devait se joindre à celui du centre à partir de l’est. Cela visait entre autres à éviter de s’organiser avec le PCR, des communistes autoritaires avec lesquels la CLAC persiste à s’organiser.

Dans le contingent du centre-ville, il y a eu des affrontements entre le PCR et la police après qu’une banque ait été vandalisée avec des bombes de peinture, menant à l’arrestation d’un de leurs militants. Le contingent de l’est comptait au moins une centaine d’anarchistes portant des masques, certains portant des drapeaux noirs. Les gens semblaient attendre de rejoindre la manif du centre-ville avant de se mettre à faire péter des trucs, mais malheureusement, avant que ça puisse arriver la police a flanqué la manif des deux côtés. Une fois que les manifs se sont rencontrées au centre-ville, la police s’est déployé à un degré jamais vu auparavant à Montréal. Près d’une centaine de flics ont marché de chaque côté de la foule, afin que tout au long de sa marche il y ait toujours au moins un trottoir dominé par les flics.

Jusqu’à la dispersion de la manif quelques heures plus tard, un sentiment de vulnérabilité à ces tactiques policières a prévalu. Sans même que les flics n’aient à activement réprimer la manif, la destruction de propriété et des attaques contre la police ont pu être dissuadées. À tout moment la police était prête à intervenir des deux côtés, et la manif n’avait ni de bannières de côté ni une densité suffisante pour être capable de se défendre contre les attaques de la police qui auraient nécessairement suivi toute action illégale. Au-delà de quelques vitres de voitures de luxe brisées, la tension ne s’est jamais matérialisée en une action collective.

La police se prépare toute l’année (et avec de gros budgets) pour les rituels annuels de révolte que les anarchistes de Montréal ont cultivé, dont le 1er Mai et le 15 mars. La défaite du 1er mai de cette année a réaffirmé que nous aurions intérêt à expérimenter avec les manifs (du moins celles répandues par bouche-à-oreilles ou par les médias sociaux) qui ne donnent pas autant de temps à la police à se préparer. Cependant, on ne veut pas abandonner ces rituels annuels. Tout comme le 6 décembre à Athènes, le 1er Mai de plusieurs villes et le Jour de la jeunesse combattante au Chili, les rituels annuels d’émeutes anarchistes peuvent encore nous servir. Beaucoup de gens ne seront dans la rue avec nous qu’au 1er mai lorsqu’il n’y a pas de mouvement social. D’interagir avec eux-elles et de se préparer pour des moments de rupture sociale généralisée quand nous auront parfois à confronter une force policière hautement préparée et mobilisée, rend ces traditions valables.

Il est impressionnant de voir le nombre d’anarchistes venu en ce 1er Mai pluvieux, apparemment en groupes affinitaires. Nous avons ici deux propositions pour adapter ce potentiel significatif aux récents développements dans les tactiques de flicage:

1. On devrait commencer à agir comme un bloc, et pas seulement porter du noir

En tant qu’anarchistes portant le masque noir, nous avons besoin d’améliorer notre capacité à demeurer ensemble en tant que bloc. Nous avons comme défaut de nous éparpiller à travers la foule en groupes affinitaires, ou même seul-es. Ce phénomène est probablement dû aux barrières sociales qu’il y a entre des gens qui ne se connaissent pas, et qu’on a besoin de commencer à dépasser pour former des black blocs efficaces plutôt que des poches de gens éparpillé-es à travers la manifestation.

On a besoin de nos propres bannières de flanc afin d’aider à délimiter et défendre ce bloc. Sans des bannières de flanc, nous n’avons rien pour prévenir la facilité avec laquelle la police coupe à travers la foule pour faire des arrestations ciblées. Les bannières de flanc aident aussi à obscurcir la vue des flics de ceuzes qui les portent. Elles sont des barricades mobiles, et nous avons besoin de commencer à prioriser ce déploiement.

Au 1er Mai de Berlin cette année, des bannières de flanc ont été utilisées en succession pour défendre la manif contre l’encadrement policier.

Pour ce qui est du positionnement du bloc, nous croyons que le plus sensé serait de prendre exemple sur le «Cortège de tête» de nos camarades de France, qui ont systématiquement positionné la section combative à l’avant de la manif durant les révoltes contre la Loi Travail. Si vous comptez participer au bloc, vous savez que vous pourrez toujours le trouver à l’avant. Quoique par le passé, se tenir à l’arrière a aidé les plus petits groupes à être moins remarqués par la police et à agir plus facilement, maintenant que la police peut encadrer l’intégralité d’une manif, ces petits groupes se retrouvent plutôt isolés.

2. A qui le trottoir?

Refusons de nous laisser encercler d’avance par la police qui nous encadre sur les trottoirs. On peut accomplir cela en bâtissant la culture de prendre les trottoirs avec cohésion chaque fois que nous prenons la rue, avant que la police ne puisse les remplir. Les tentatives passées de visant à le faire sont toujours demeurées petites et la police est toujours parvenue à trancher au travers. C’est là où des bannières renforcées et des porte-bannières combatif.ves pourraient s’avérer utiles. Si la police tente de nous dérober les trottoirs, une équipe ancrée par des bannières pourrait bloquer leur passage et les rendre vulnérables aux projectiles lancés par ceuzes qui se tiennent derrière les trottoir et les bannières de rue.

Bien que beaucoup d’entre nous participions à ces moments sans avoir de relations d’organisation en dehors d’eux, nos rituels pourraient voir leur force rajeunie, si nous faisons des efforts pour nous préparer au sein de groupes affinitaires pour permettre la coordination avec d’autres.

On se voit sur les barricades (mobiles)!