Montréal Contre-information
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Appel international pour des journées d’action du 30/12 au 01/01 : En mémoire de Kyriakos X. et en solidarité avec les accusé-es de l’affaire Ampelokipoi

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Déc 192024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 31 octobre, lors d’une explosion dans un appartement à Athènes, le camarade anarchiste Kyriakos Xymitiris est tombé dans la bataille pour la libération sociale et de classe. La camarade anarchiste Marianna a subi de graves blessures. Après avoir été soignée à l’hôpital Evangelismos sous la surveillance constante de la police, elle a été transférée le vendredi 15/11 à la prison de Korydallos. Suite aux événements du 31 octobre, les camarades Dimitra Z, Dimitris, Nikos R. et A.K ont également été incarcéré-es dans la prison de détention provisoire de Korydallos. Les cinq camarades ont été inculpé-es en vertu de la loi antiterroriste 187A : formation et appartenance à une organisation terroriste, possession et fabrication d’explosifs, ainsi que détérioration de biens privés.

Les pressions exercées par l’unité antiterroriste grecque, en collaboration avec le juge chargé de l’affaire, ont conduit à la sortie prématurée de la camarade Marianna de l’hôpital, la direction de l’hôpital Evangelismos n’assumant pas la responsabilité de sa patiente. Comme toutes les prisons du monde, Korydallos est un lieu où règnent les mauvais traitements et les conditions difficiles. La section dite « pour femmes » de la prison est encore plus négligée que la section dite « pour hommes », ce qui en fait une image représentative de la société patriarcale dans laquelle nous vivons. Cette torture infligée à la camarade s’enracine dans les pratiques les plus classiques du patriarcat occidental, esclavagiste et colonial. Le dépouillement de la subjectivité et la manipulation des corps comme des objets, par la force, est une pratique historique du patriarcat blanc. Celui-ci tente, par le biais des États européens, de créer un mythe de l’ennemi extérieur – un ennemi racisé, avec un alphabet différent. Cependant, il est clair que le patriarcat est un ennemi actuel venant du monde occidental, comme en témoignent les mauvais traitements auxquels sont soumises la camarade et de nombreuses autres personnes emprisonnées.

De même, l’exploitation des corps et des données personnelles des camarades accusé-es a commencé par diverses méthodes réalisées par l’appareil d’État, tout cela au profit du pouvoir en place. Sous la direction de l’unité anti-terroriste, les fonctionnaires corrompus de « New Democracy » et, une fois de plus, le ministre de la Protection des citoyens, M. Chrysochoidis. Leur diffamation systématique des camarades dans les médias, en particulier par le biais des habituels médias-snitches et des gros titres, est un autre exemple du rôle répugnant joué par ces canaux de communication dans la diffusion de la propagande étatique et capitaliste. La publication de photos et de vidéos de la scène de l’incident est un acte de profanation, déshonorant la mémoire du camarade Kyriakos et montrant la brutalité à laquelle la famille et les proches sont soumis-es. En outre, les médias grecs ont profité sans honte de cette situation en publiant des photos personnelles des camarades accusé-es, qu’ils ont obtenues avec l’aide de l’unité antiterroriste, qui leur a fourni les données personnelles des camarades.

Ces dernières années, nous avons assisté à des enquêtes qui visaient à recueillir autant d’informations que possible sur les mouvements internationaux, en compilant et échangeant les coordonnées et les schémas de comportement de personnes engagées dans plus d’un pays. Depuis de nombreuses années, nous voyons des policiers allemands jouer un rôle de premier plan sur le territoire grec. Ils tentent de répandre la peur et d’empêcher les camarades de se rencontrer et de créer des liens et des réseaux internationaux. Ils observent les camarades, mettent des voitures sur écoute, effectuent des perquisitions, forment les policiers grecs et, bien sûr, partagent des informations avec leurs homologues grecs. Il n’est pas surprenant, mais cela vaut la peine d’être mentionné, que l’identité de Kyriakos ait été révélée après que les flics allemands ont fourni les empreintes digitales tirées de leur base de données et l’aient étiqueté comme « terroriste d’extrême gauche ». Il est presque certain qu’ils ont fourni bien plus que cela, si ce n’est tous les détails personnels qu’ils avaient collectés au cours des dernières années. La collaboration entre l’État allemand et l’État grec est un exemple facile, mais il est loin d’être le seul. Avec des organisations comme Europol qui veulent coordonner les enquêtes en Europe, nous voyons la machine de répression étendre son réseau dans le monde entier, ainsi qu’à l’extérieur de la forteresse-Europe. En fin de compte, aucun État ne peut nous apporter la libération et, en particulier dans les affaires concernant les organisations dites terroristes, les liens et la collaboration entre les différents États sont révélés une fois de plus.

La mémoire et l’histoire du camarade, malgré toutes les tentatives de l’État et de son appareil, seront pour nous tous-tes un héritage de nos luttes, un chapitre important de notre histoire. Une histoire gravée par tous-tes celleux qui se sont battu-es pour une vie meilleure, pour un autre monde. Et c’est cette histoire que nous continuerons à défendre contre celleux qui cherchent à la diffamer. Et c’est notre solidarité active et notre détermination qui poursuivront les luttes que nous avons nouées ou partagées avec notre camarade Kyriakos. Il a peut-être fait un pas en direction de « l’Histoire », avecc toutes ces âmes qui ont choisi d’affronter ce monde terrible. Collectivement, nous trouvons indispensable de garder sa mémoire vivante et d’accompagner notre camarade dans son voyage vers l’Histoire et d’écrire un chapitre international combatif qu’il a déjà commencé bien avant. Défendons la mémoire révolutionnaire et faisons de notre chagrin un catalyseur de la libération sociale et de classe pour tous-tes.

Une fois de plus, nous voyons et ressentons l’importance de la solidarité internationale dans nos luttes. Inspiré-es par l’appel à l’action international du 16/11, en tant qu’assemblée berlinoise à la mémoire de Kyriakos X. et en solidarité avec les camarades poursuivi-es, nous appelons à des journées d’action internationales les 30/12, 31/12 et 01/01. Contre les tactiques de l’unité anti-terroriste, l’exploitation des médias et la diffamation de la mémoire de notre camarade. Notre solidarité active doit constituer une barrière protectrice pour nos camarades emprisonné-es et contre toute nouvelle persécution. La répression ne nous intimide pas et nous nous tenons à leurs côtés sans hésitation. Quand nos luttes internationales sont attaquées, nous devons nous engager encore plus à leurs côtés. Les appels internationaux tels que celui-ci peuvent servir de date-clé, concentrant la pression que nous exerçons tous sur un certain laps de temps et construisant ainsi une solidarité internationale cohérente pour les accusé-es, ainsi que des actions internationales de commémoration pour le camarade Kyriakos.

Nous avons choisi les jours autour du 31 décembre pour les dédier à Kyriakos, car ce jour-là, cela fera deux mois que notre camarade est décédé. Deux mois de chagrin et de lutte, de rage, mais aussi de liens et de solidarité. La veille du Nouvel An est une date bien connue dans le monde entier, où l’on tente chaque année de rompre l’isolement et la misère à l’intérieur des prisons, qui deviennent si évidents ce jour-là. Devant les prisons du monde entier, les gens se rassemblent à l’extérieur pour envoyer un message aux détenu-es. Nous voulons nous associer à cette journée, en nous rappelant que Kyriakos était convaincu qu’il fallait détruire le système carcéral et en pensant aux cinq camarades qui sont accusé-es dans l’affaire construite autour de cela, actuellement détenu-es dans la prison de Korydallos. En cherchant des occasions de secouer l’existant et d’attaquer le monopole de la violence par l’État, nous pouvons faire le lien avec ce jour. Dans la ville de Berlin, il existe une tradition bien ancrée depuis plusieurs années qui consiste à commencer la nouvelle année par de nouvelles confrontations dans les rues contre les flics. Le soir du 31 janvier est l’un des rares soirs où l’État a du mal à maintenir l’équilibre entre un grand nombre d’individus et les autorités qui se préparent à des confrontations. C’est donc un soir où des affrontements éclatent souvent, partagés par la classe ouvrière, les migrant-es, les anarchistes, les marginales-aux et tous-tes celleux qui choisissent de se confronter aux autorités.

Bien que nous appelions pour la durée du 30/12 au 01/01, la construction d’une solidarité cohérente ne signifie pas que nous devons limiter nos actions à des jours spécifiques. C’est pourquoi nous voulons encourager tout le monde à se joindre à cet appel, que ce soit dans les jours autour du Nouvel An, avant ou après.

Nous appelons tout le monde, au cours de ces journées, à évoquer la mémoire du camarade Kyriakos et à faire preuve de solidarité avec les cinq camarades accusé-es. Cela signifie qu’il faut non seulement s’intéresser à la situation dans laquelle iels se trouvent actuellement, mais aussi poursuivre les luttes auxquelles iels se rattachent et les luttes que nous pouvons rattacher à elleux. Chaque action contre l’oppression et l’autorité peut être dédiée à Kyriakos. Parce que le cœur de Kyriakos Xymitiris et de tous-tes les camarades disparu-es bat à jamais dans les rues, dans les confrontations, dans les moments de révolte, dans le cœur de tous-tes celleux qui luttent contre l’oppression et l’exploitation. Celleux qui ont perdu la vie dans la lutte pour la liberté vivent à jamais dans le cœur de la révolte sociale et de classe. Le feu reviendra réchauffer les cœurs de celleux qui ne sont plus là et de celleux qui ne peuvent pas lutter avec nous.

Utilisons la force que Kyriakos nous a laissée et la force que Marianna, Dimitra, Dimitris, Nikos et A.K. nous envoient de l’intérieur des geôles de la démocratie.

KYRIAKOS XYMITIRIS TOUJOURS PRÉSENT – LES CŒURS RÉVOLUTIONNAIRES BRÛLENT À JAMAIS

PAS TOUCHE AUX CAMARADES EMPRISONNÉ-ES – LIBERTÉ POUR TOUS-TES

Berlin assembly in memory of Kyriakos X. and in solidarity with the persecuted comrades in the Ampelokipoi-case

À Montréal, la police bloque les antifascistes… pour permettre aux adeptes de black metal de célébrer les exploits militaires des nazis

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Déc 032024
 

De Montréal Antifasciste

Montréal, le 30 novembre 2024 — Hier soir avait lieu le deuxième des trois soirées du festival black metal de la Messe des Morts, au théâtre Paradoxe, dans le quartier Ville-Émard de Montréal. À cette occasion, une manifestation antifasciste a été organisée pour dénoncer la complaisance chronique du festival et de nombreux adeptes du genre à l’égard du courant NSBM (national socialist black metal), ou néonazi, qui traverse ce milieu, et plus particulièrement la présence dans la programmation 2024 du festival d’au moins quatre groupes liés à ce courant par leurs thématiques, leurs affiliations ou leurs collaborations.

Suite à la campagne de pression exercée sur le promoteur, Sepulchral Productions, et le locateur de la salle, le groupe Paradoxe, trois des groupes problématiques au programme, Horna, Sargeist et Chamber of Unlight — soit ceux dont les liens avec le NSBM sont les plus clairs — ont été refusés de territoire au Canada en raison d’un signalement de menace à la sécurité nationale, si l’on doit en croire le communiqué du promoteur. Deux autres groupes, Conifère et Phobocosm, s’étaient désistés de la programmation dans les jours précédant le festival, pour des raisons « évidentes » et « personnelles », respectivement.

Toutefois, le groupe suédois Marduk, dont nous avons relevé les obsessions thématiques pour les exploits militaires des SS et de la Wehrmacht durant la Deuxième Guerre mondiale, a non seulement pu jouer ses concerts prévus, mais a en plus remplacé au pied levé les groupes absents, montant sur scène les trois soirs du festival.

À l’extérieur du théâtre, au point culminant d’une campagne soutenue de dénonciation et de mobilisation initiée plusieurs semaines auparavant, environ 200 personnes ont répondu à l’appel et se sont jointes à la manifestation organisée par le collectif Montréal Antifasciste. Une foule diversifiée et combative était au rendez-vous, comptant des résident·es du quartier, des organismes communautaires du Sud-Ouest et plusieurs contingents autonomes formés, notamment, derrière les bannières du SITT-IWW et de la section locale de Voix juives indépendantes.

Une masse de porcs pour la messe des morts…

Malheureusement, la manifestation a été dès le départ paralysée et encadrée par un dispositif policier absolument démesuré : plusieurs centaines d’agents à pied, à vélo, en voiture et à cheval, répartis sur deux pâtés de maisons, formant un périmètre étanche tout autour du théâtre. Malgré qu’une cinquantaine de camarades soit parvenue à déjouer temporairement ce dispositif, celui-ci s’est avéré beaucoup trop imposant pour que nous puissions le défier efficacement ou durablement. La manifestation a donc été gelée sur place sur le boulevard Monk, à moins de 100 mètres du théâtre, vers 17 h 45. Les policiers ont ensuite érigé un point de contrôle plus au sud et opéré un tri au faciès pour diriger les festivaliers sur une rue parallèle de manière à contourner le périmètre d’insécurité et rejoindre l’entrée du théâtre. On peut dire que les policiers, ce soir-là, ont littéralement fait le jeu des fascistes. Fait à noter, de nombreux membres du SPVM placés en première ligne portaient l’écusson « Thin Blue Line », un signe de reconnaissance d’extrême droite dont l’utilisation est découragée, mais pas encore interdite par le service.

Autre fait cocasse, la mascotte stéroïdée du milieu néonazi local s’est présentée vers 18 h, juste pour « voir notre petit rassemblement ». Après cinq minutes d’un face à face tendu, il est reparti la queue entre les jambes. Dans les circonstances, une altercation physique aurait inévitablement déclenché une brutale intervention policière, laquelle aurait entraîné une fin désastreuse de la manifestation. Nous félicitons nos camarades d’avoir su garder leur sang-froid devant cette flagrante provocation.

(À ce propos, un message aux politiciens [et aux médias] qui hallucinent de l’antisémitisme dans chaque manifestation de solidarité avec la Palestine : les vrais antisémites, les foutus néonazis, sont là tout juste sous vos yeux, mais ceux-là, vous préférez envoyer vos chiens enragés pour les protéger.)

Après une heure sur place à scander des slogans antifascistes (« Siamo tutti antifascisti! », « Ville-Émard en a marre, des fachos et des bâtards! »), constatant que nous ne pourrions rien accomplir de plus en restant dans cette souricière étanche, le groupe est parti en manifestation vers le sud sur le boulevard Monk. Le SPVM a alors étroitement flanqué le cortège d’un peloton d’antiémeutes de chaque côté. À une centaine de mètres de l’édicule du métro Monk, un commandant de peloton, irrité par les remontrances légitimes d’un camarade, a inexplicablement décidé de mener ses hommes dans une violente charge contre la tête du cortège, à coups de bâtons et de boucliers, en plus de décharger libéralement une bonbonne de poivre. Histoire de bien faire comprendre qui est le boss, vous voyez! La manifestation s’est ensuite dispersée dans le métro, sous l’œil belliqueux des antiémeutes.

Le collectif Montréal Antifasciste tient à remercier chaleureusement toutes les personnes et les organisations qui ont participé à la campagne de dénonciation et de mobilisation.

Un bilan de campagne positif

Comme nous l’avions expliqué dans notre article publié le 27 octobre dernier, la communauté antifasciste de Montréal n’avait pas cru bon de monter une campagne de dénonciation contre la Messe des Morts dans les dernières années, comme elle l’avait fait en 2016, car la programmation ne présentait aucun groupe particulièrement problématique. Celle de 2024, au contraire, se présentait comme une provocation.

Au début d’octobre, nous avions communiqué avec l’administration du Théâtre Paradoxe (qui relève d’une entreprise d’économie sociale) pour l’encourager à prendre les mesures nécessaires afin d’empêcher les groupes en question de se produire dans son enceinte. Malheureusement, tous nos efforts diplomatiques n’ont pas abouti, l’administration du théâtre se disant captive d’un contrat avec le promoteur de la Messe des Morts, qui, dans tous les cas, est le véritable responsable de ce fiasco grotesque. Nous n’avons donc eu d’autre choix que de tenir notre promesse d’enchaîner avec une manifestation en marge du festival.

Pivot : « Le collectif Montréal antifasciste dénonce un festival de musique black métal »
La Presse : « Tirs groupés contre un festival de black métal  »

Quoi qu’on puisse dire des événements de vendredi soir, absolument dominés par le SPVM, nous estimons avoir atteint les objectifs de la campagne plus largement :

  • deux des quatre groupes visés, les plus proches du réseau NSBM, n’ont pas pu jouer au festival ;
  • nous avons efficacement alerté la communauté à une situation problématique ; tout particulièrement l’administration du Théâtre Paradoxe qui, manifestement, connaissait mal le vampire qu’elle avait invité chez elle ;
  • nous avons révélé les contradictions flagrantes qui traversent le milieu du black metal et causé des frictions salutaires entre les adeptes complaisant·es et les fans antiracistes du genre ;
  • nous avons entraîné des conséquences économiques majeures pour le promoteur du festival, dont les activités au fil des ans dénotent une sympathie certaine pour le NSBM ;

En fin de compte, nous dressons un bilan positif de cette campagne de dénonciation et de mobilisation. Dans les prochains mois, nous allons maintenir la communication avec l’administration du Théâtre Paradoxe pour faire en sorte que l’édition 2024 du festival soit la dernière qui ait lieu dans cette salle. Nous allons également maintenir la pression sur le promoteur du Festival, qui a encore une fois donné la preuve de sa complaisance à l’égard d’une idéologie haineuse et de ses manifestations dans le genre black metal, malgré ses prétentions à la neutralité politique.

Et bien entendu, nous allons continuer à exercer une veille constante pour que Montréal reste, résolument, antifasciste.

— Le collectif Montréal Antifasciste

Lettre ouverte du Collectif Estamos Aquí

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Nov 292024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

En réponse à l’attitude des médias face à la manifestation du vendredi 22 novembre 2024 à Montréal

Si nous écrivons ces lignes aujourd’hui, c’est parce que depuis plusieurs jours, les médias s’attardent sans fin sur des vitres brisées et de la peinture renversée à la suite de la manifestation contre l’OTAN de vendredi dernier. Cette obsession pour la destruction de biens matériels occulte pourtant une question beaucoup plus fondamentale : pourquoi la colère explose-t-elle de cette manière ?

Là où les médias se concentrent sur des objets inanimés, ils négligent une réponse émotionnelle bien plus complexe: cette violence n’est pas gratuite. Elle symbolise un cri d’impuissance face à des vies humaines anéanties, des mémoires effacées et des douleurs persistantes qui, loin d’être entendues, sont réduites à des statistiques ou à des faits isolés. Le débat ne devrait pas se limiter aux vitres brisées, mais s’interroger sur ce qui motive ce geste désespéré :  une détresse, un cri de révolte face à une violence insidieuse et omniprésente.

Nous, membres du Colectivo Estamos Aquí, sommes allés à cette manifestation pour exprimer une colère légitime : celle des survivant.e.s d’une dictature militaire au Guatemala, ayant causé plus de 250 000 morts, 45 000 disparu.e.s et détruit des centaines de communautés autochtones. C’est cette mémoire-là que nous venions défendre. Une mémoire que les autorités des Amériques et de l’Europe semblent vouloir reléguer au second plan, sous prétexte d’enjeux politiques et internationaux trop complexes pour la populace. Mais qu’en est-il de l’intégrité des personnes colonisées, déplacées, tuées ? De leurs émotions et de leurs traumatismes, de leurs enjeux à euxles ? Cette violence-là, celle des opprimés, semble avoir été normalisée, voire oubliée.

Les luttes anticoloniales, qu’elles se situent en Amérique Latine ou ailleurs, sont toutes liées par des racines communes : exploitation, domination et déshumanisation. Ces luttes, malgré la diversité de leurs formes et de leurs contextes, s’attaquent toutes à un système global d’injustice et de répression. 

Pourtant, les médias préfèrent détourner l’attention des causes profondes et se focaliser sur les dégâts matériels. Ce faisant, ils minimisent la violence d’un système qui détruit les vies humaines au profit decommodités. C’est comme si, quelque part, les rôles s’étaient inversés et que ce sont désormais les objets — et non les êtres humains — qui incarnaient l’âme du monde.

Dans cette hiérarchie des valeurs, où les possessions sont élevées au rang suprême, les êtres humains sont peu à peu réduits à de simples fonctions : celles de producteurs, de consommateurs, d’outils du capitalisme. La véritable violence, ici, ce n’est pas la casse de vitrines, mais le mépris systématique des vies humaines.

Partout, les peuples autochtones sont réduits à des symboles exotiques ou des ressources exploitables. Leurs terres sont pillées, leurs cultures marginalisées, et leurs voix étouffées. Ce traitement déshumanisant reflète une vision coloniale persistante, où la dignité des êtres humains est niée pour justifier l’exploitation des ressources.

On nous dit que la violence n’a pas sa place. Pourtant, face à une violence institutionnelle d’une force et d’une ampleur monstrueuse, la question mérite d’être posée : la violence n’est-elle pas parfois la seule réponse possible ?

De la violence? : Un communiqué sur la casse lors de la manifestation BLOQUONS L’OTAN*

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Nov 252024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

*Ce communiqué est basé sur le journal du même nom, organisé par la CLAC et D4P, mais il en est indépendant. Nous expliquerons ici le raisonnement derrière nos actions du vendredi soir 22 novembre 2024, parce qu’on sait pourquoi on fait ces choses et parce qu’on croit fort en ce que l’on fait.

Remettons nous d’abords en contexte : le vendredi 22 novembre marque le début de l’assemblée parlementaire du bras armé du Nord global, soit de l’organisation du traité de l’Antlantique Nord (OTAN), qui se tiendra à soi-disant Montréal jusqu’au 25 novembre. Alors que les gouvernements s’adonnent déjà à faire de la vie des exploité.e.s et des exclu.e.s un cirque mortifère, l’OTAN vient mettre pression pour que le soi-disant Canada consacre 50% de plus de son PIB aux forces armées. Évidemment, nos « démocraties » sont tout-à-fait à l’aise avec cet investissement. Ça représenterait 55 miliards de dollard. L’OTAN est une instance décisionnelle qui concrétise des intérêts militaristes et impérialistes. Elle est d’ailleurs complice du génocide en Palestine.

L’OTAN c’est une aliance militaire entre les pays les plus riches du monde, dont le Canada, l’Allemagne, les Étas-Unis, la France, l’Italie et l’Angleterre. Et elle conspire aussi avec des alliés non-membres comme le Japon et l’entité sioniste (Israël). Sa fonction est de protéger les hégémonies capitalistes du Nord global, ayant pour secrétaire semi-formel les Étas-Unis. L’OTAN concrétise la menace et la capacité d’agir de façon dévastatrice face à toute tentative de libération du Sud global. Ses intérêts sont parfaitement impérialistes : les États produits et guidés par le grand capital aspirent à étendre leur emprise en exploitant des territoires externes où voler des ressources, saccager la nature et asservir les gens par une domination politique, économique et/ou miltaire.

L’OTAN veut normaliser l’horreur des crimes de guerre comis par les forces militaires occidentales en les camoufflants en missions humanitaires et en en séparant les différentes tâches entre plusieurs pays, diminuant le coût politique de leurs actions et maintenant leurs bases démocratiques dans la duperie. Les interventions militaires soutenues par l’OTAN viennent protéger des gouvernements alignés sur les intérêts américains, et cherchent à écraser toute tentative de renversement. Ces décisions ont pour but de maintenir les pays les plus pauvres dans leurs situations d’exploitation par le Nord global, de les maintenir sous la contrainte capitaliste. L’alliance de l’OTAN avec l’entité sioniste est cohérente idéologiquement, comme entreprise colonisatrice, mais Israël développe et fournit aussi nombreuses armes et techniques et technologies de contrôles que les États de l’OTAN utilisent pour leur domination capitaliste à travers le monde, autant dans leurs missions impérialistes que pour contrôler leurs propres populations.

Le « problème » que nous combattons ici n’est pas spécifiquement la venue de l’assemblée de l’OTAN, ni les agissements de la Caisse de dépot et placements du Québec (CDPQ, qui force tous les salariés du Québec à financer le génocide palestinien), elles n’en sont que des symptômes. Ce « problème », c’est le système dominant auquel nous nous opposons, celui qui cause toutes ces horreurs : le capitalisme.

Oh et d’ailleurs, non nous ne défendons pas la Russie et ne l’apprécions pas plus que l’OTAN, les gens associent souvent l’OTAN à se défendre de l’empire Russe et pensent que s’opposer à ce sommet voudrait dire avoir une sympathie pour des plus petits États, mais ce n’est pas notre cas, chaque fucken colonisateur de cette planète doit tomber. N’oubliez jamais que nous détestons ce système capitaliste et ses ramifications du plus profond de notre coeur.

On a plus le temps de rester calme et de demander gentiment. La résistance est légitime, l’État et la police ne peuvent plus avoir le monopole de la violence – surtout si c’est la seule langue qu’ils entendront. Nous souhaitons faire cesser la duperie et exposer au grand jour, dans la rue et les médias, les dérives gouvernementales et leurs obsessions militaires, ces infâmités que nous tolérons sous nos nez. Nous blessons le grand capital, matérialisé le plus densément au centre-ville pour nous opposer symboliquement et matériellement à l’horreur capitaliste sous-jacente aux crimes les plus odieux :

les vitres du palais des congrès, où se tenait l’assemblée de l’OTAN, une auto en feu, des anti-émeute couverts de peinture, des vitrines de commerces

Nos gestes sont chargés d’une rage qui nait face aux horreurs dont on est témoins et qu’on dénonce dans ce communiqué, mais aussi de notre misère : entre crises climatiques et crise du logement, inflation et jobs de marde, systèmes de santé et d’éducation en ruines, xénophobie, transphobie, covid et dépression, profilage et répression, montée du fascisme, etc. Tout cela répond du même système. C’est parce qu’on est à bout et horrifié-es qu’on se rassemble et qu’on affiche notre refus. Nos actions auront eu une portée symbolique et matérielle. Elles auront couté monétairement, auront dérangé, propoagé nos idéaux et visibilisé cette lutte légitime et nécessaire.

Avant même qu’il n’y ait de la casse, la police chargeait, frappait et gazait. Dans notre combat, nous avons bien vu la posture complice de nos gouvernements : la brutalité policière en est une matérialisation des plus limpides. La police, chien de garde de l’État, a utilisé ces armes et tactiques développées par l’entité sioniste et autres investissements de l’OTAN pour réprimer notre révolte. La police a encore, comme toujours, défendu les intérêts des riches et de l’État, poivrant, mattraquant, cassant des côtes et gazant, empoisonnant.

Elle tente, fort, d’étouffer les espoirs de libération des vies humaines et de la nature présentement massacrées, mais nous ne nous essouflons pas. Nous dénonçons les arrestations survenues hier et toutes les blessures encourrues (crâne fendu, bras cassé, projectiles dans les yeux, etc.), mais nous ne nous essouflons pas. L’automne a été chaud et l’hiver brûlera plus fort encore, parce que la lutte est tout ce qui nous reste d’espoir, parce qu’il faut faire tout ce que l’on peut, parce qu’on est profondément amoureux-ses de nos révolutions, amoureux-ses de nos camarades.

Les médias metterons l’accent sur notre violence, à nous, manifestant-es. Ils dénatureront nos messages qui confrontent les atrocités perpétrées par soi-disant Israël et l’OTAN, responsable de millions de morts. Alors il est crucial de rappeler que nous dénonçons la brutalité des structures d’oppression qui nous gouvernent, que la pire violence est celle des États et que cette violence est une conséquence du système capitaliste.

AMOUR ET RAGE.

– LE BLACK BLOC

Petit manuel d’autodéfense en interrogatoire

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Nov 252024
 

De Projet Evasions

PDF

C’est avec plaisir et fierté qu’on peut annoncer que notre livre sur les interrogatoire de police vient d’être ré-édité par les Éditions du Commun.

Pour rappel, on avait auto-publié ce livre en 2022 à 2000 exemplaires, écoulé après une année. A présent, grâce aux Éditions du Commun, il retrouve un deuxième vie et la possibilité de toucher un publique plus vaste grâce à sa présence en librairie.

La version PDF reste librement disponible ainsi qu’une version HTML sur le site des éditions où il est bien sûr aussi possible de commander le livre.

D’ailleurs, si vous avez une carte de membre dans votre bibliothèque locale, pourquoi ne pas y commander le livre et lui permettre ainsi une entrée dans votre bibliothèque?


Au mouvement anarchiste international : trois propositions de sécurité

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Nov 172024
 

Du No Trace Project

Ce texte est adressé au mouvement anarchiste international, qu’on définira comme l’ensemble des personnes qui se battent pour des idées anarchistes à travers le monde. Ce mouvement est en conflit avec ses ennemis naturels — l’État, les groupes fascistes, etc. — et doit se protéger s’il veut survivre dans ce conflit. Dans ce texte, on fait trois propositions que le mouvement anarchiste international pourrait prendre en compte dans les prochaines années pour permettre aux anarchistes de continuer à attaquer tout en limitant leurs chances de se faire prendre.

1. Partager les connaissances à l’international

Nos ennemis s’organisent à une échelle internationale grâce à la coopération entre les services de police et de renseignement et aux avancées scientifiques et technologiques — par exemple l’augmentation de la précision des analyses ADN et la prolifération des drones. Cela signifie qu’une technique répressive utilisée dans un pays pourrait bientôt apparaître dans un autre où elle n’est pas encore employée. Cela signifie aussi qu’une contre-mesure efficace utilisée par des anarchistes dans un pays peut fonctionner dans un autre. Nous devrions donc partager les connaissances relatives aux techniques répressives et aux contre-mesures à un niveau international.

Idéalement, toute expérience de répression ou expérimentation de contre-mesures qui pourrait intéresser d’autres anarchistes devrait être mise par écrit, traduite dans plusieurs langues, et rendue publique. Lorsque des anarchistes sont arrêté·e·s ou passent en procès, on peut souvent obtenir des documents juridiques qui révèlent comment ils se sont fait prendre : on peut profiter de ça et publier des analyses de ces documents, en gardant à l’esprit que les informations obtenues de cette manière peuvent être partielles ou déformées. On peut expérimenter de nouvelles contre-mesures et écrire et publier des rapports sur ces expériences (sauf dans les cas où l’État pourrait s’adapter et affaiblir la contre-mesure en lisant le rapport). On peut essayer d’obtenir des informations à la source : lire des manuels de formation de la police, voler des fichiers de police, analyser des fuites de données de serveurs de la police.

Une caractéristique particulère du mouvement anarchiste international est sa décentralisation. On ne voit pas cela comme une faiblesse mais plutôt comme une force : en plus d’éviter les hiérarchies inhérentes aux organisations centralisées, cela nous rend plus difficiles à cibler par nos ennemis qui ne peuvent pas renverser l’ensemble du mouvement en s’attaquant à une partie de celui-ci. Cela dit, cette décentralisation rend aussi plus difficile le partage de connaissances au-delà des frontières. Pour surmonter cela, on voit deux options : développer des liens informels avec d’autres anarchistes en se rencontrant lors de salons du livre et autres évènements internationaux, et utiliser Internet. On propose d’utiliser le No Trace Project comme plateforme internationale pour partager les connaissances qui peuvent être partagées sur Internet, non pas en remplacement des liens informels, mais comme un complément utile pour diffuser des informations au-delà des réseaux informels existants.

2. Définir un niveau minimum de sécurité

Les anarchistes qui mènent des actions directes devraient analyser les risques associés à leurs actions et prendre des précautions appropriées : s’habiller de manière anonyme, faire attention à la vidéosurveillance et aux traces ADN, etc. Mais ce n’est pas suffisant. Si seul·e·s celleux qui mènent des actions prennent des précautions, il est plus facile pour nos ennemis de les cibler. C’est, d’abord, parce qu’iels sortent du lot : si seul·e·s quelques camarades laissent leurs téléphones chez elleux, par exemple, cela pourrait être un point de départ évident pour une enquête en manque de pistes. Et, ensuite, parce que nos ennemis peuvent obtenir des informations à leur propos via leurs ami·e·s qui ne mènent pas d’actions : si une personne n’utilise pas de réseaux sociaux mais est mentionnée sur les réseaux sociaux de ses ami·e·s, par exemple, une enquête pourrait récupérer les données des réseaux sociaux de ses ami·e·s pour obtenir des informations à son propos. Nous devrions donc définir un niveau minimum de sécurité que toute personne évoluant dans des réseaux anarchistes accepte de respecter, y compris celleux qui n’ont jamais mené d’actions directes et n’ont pas l’intention d’en mener.

On ne peut pas dire ce que devrait être ce niveau minimum, car il va dépendre de chaque contexte local, mais on peut donner quelques idées. Au strict minimum, chacun devrait aider à cacher des informations à nos ennemis en ne faisant pas de spéculations sur qui est impliqué dans une action, en ne parlant pas aux flics, et en chiffrant tout ordinateur ou téléphone utilisé pour des conversations avec d’autres anarchistes avec un mot de passe robuste. Discuter de sujets sensibles exclusivement en extérieur et sans appareils électroniques, et éviter de montrer clairement à son entourage social avec qui on a des conversations sensibles (par exemple ne pas proposer à quelqu’un d’aller « faire une balade » devant des personnes qui ne sont pas impliquées dans le projet qui va être discuté). De plus, on pense que chacun devrait arrêter d’utiliser les réseaux sociaux (et en tout cas arrêter de poster des photos d’autres anarchistes, même avec leur consentement, parce que cela aide l’État à cartographier les réseaux anarchistes) et laisser son téléphone à la maison en permanence (pas juste pendant des actions). Transporter son téléphone avec soi a des conséquences en matière de sécurité pour toutes les personnes avec qui on interagit.

Il peut être difficile de convaincre des gens d’adopter un tel niveau minimum de sécurité, surtout s’iels pensent qu’iels n’ont pas d’intérêt personnel à le respecter. Si une personne est réticente, on devrait lui rappeler que ce n’est pas seulement sa sécurité qui est en jeu, mais aussi celle d’autres anarchistes autour d’elle qui mènent peut-être, ou prévoient peut-être de mener, des actions directes. Toute personne qui souhaiterait que des actions se produisent a un intérêt à rendre les réseaux anarchistes aussi difficiles que possible à réprimer par les autorités.

3. Explorer de nouveaux horizons

Nos ennemis évoluent au fil du temps et de l’affinement de leurs stratégies et techniques. Nous devrions nous préparer non pour les batailles qui ont déjà eu lieu, mais pour celles à venir. Nous devrions donc aller au-delà de nos pratiques de sécurité actuelles, anticiper l’évolution de nos ennemis, et développer de nouvelles contre-mesures.

Voici trois sujets que le mouvement anarchiste international devrait selon nous explorer dans les années à venir.

Drones

La surveillance aérienne devient rapidement moins chère et plus efficace. Comment devrait-on réagir à la présence de drones policiers lors d’émeutes, d’évènements anarchistes, etc. ? Comment peut-on détecter ou abattre des drones ? Devrait-on se préparer au risque que des drones soient utilisés pour des patrouilles aériennes de routine, et si oui, comment ?

Technologies de reconnaissance faciale

En 2023, un journaliste a localisé la militante de gauche allemande Daniela Klette, qui était en clandestinité depuis des années, en utilisant une technologie de reconnaissance faciale pour établir un lien entre une photo d’elle datant de plusieurs décennies et une photo récente trouvée sur Facebook, prise pendant un cours de danse. Que peut-on faire contre cette menace ? Comment se préparer à l’intégration croissante des technologies de reconnaissance faciale dans les systèmes de vidéosurveillance publics ?

Manque de visibilité de l’activité policière

Il y a quelques années encore, des anarchistes utilisaient des scanners de fréquences radio pour surveiller les fréquences de la police, par exemple pendant une action directe pour se renseigner sur l’activité policière autour du lieu de l’action. Dans la plupart des contextes, cela est maintenant impossible en raison du chiffrement des communications policières. Peut-on développer de nouvelles techniques pour remplacer fonctionnellement les scanners de fréquences radio, ou, plus généralement, pour avoir une meilleure visibilité de l’activité policière dans une zone donnée ?

À propos des auteurs

On est le No Trace Project. Ces trois dernières années, on a construit des outils pour aider les anarchistes à comprendre les capacités de leurs ennemis, saper les efforts de surveillance, et au final agir sans se faire attraper. On prévoir de continuer dans les années à venir. Les retours sont les bienvenus. Vous pouvez visiter notre site web notrace.how/fr, et nous contacter à l’adresse notrace@autistici.org.

Ce texte est disponible sous forme de brochure.

Préparons-nous, et que la chance soit avec nous.

Une manifestation en solidarité avec Gaza fracasse des dizaines de vitrines et lance des cocktails molotov vers la police

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Oct 012024
 

De Clash Mtl

Une manif pour la Palestine a pris d’assaut l’Université Concordia dimanche soir. Plusieurs vitrines de commerces de luxe sur la rue Sainte-Catherine ont également été fracassées. La police a été tenue à distance par des jets de cocktails molotov.

Discussions anti-répression #1 : se préparer à la surveillance physique

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Sep 272024
 

Du No Trace Project

Le No Trace Project lance une nouvelle initiative, les discussions anti-répression, pour encourager les échanges autour de sujets en lien avec la surveillance et la sécurité, au sein de et entre les réseaux anarchistes informels, à un niveau international. On pense que de nombreuses pratiques d’anti-répression sont plus efficaces quand elles sont mises en place à l’échelle d’un réseau, plutôt que seulement par des groupes affinitaires spécifiques.

Les discussions anti-répression vont être une série de sessions, chacune sur un sujet différent, chacune durant trois mois. Pendant une session, les participant·e·s sont invité·e·s à former des groupes de travail locaux avec des personnes de confiance pour discuter du sujet de la session — on fournit des ressources et des points de discussions pour aider à démarrer ces discussions. À la fin d’une session, un tchat en ligne international a lieu, où les participant·e·s peuvent se retrouver anonymement pour partager leurs idées et conclusions. Après une session, ses résultats sont publiés sur le site web du No Trace Project, y compris tout contenu contribué par les groupes de travail et un résumé du tchat.

La première session, les discussions anti-répression #1, vont aborder le fait de se préparer à la surveillance physique et auront lieu en octobre, novembre, et décembre 2024, et le tchat en ligne le 4 janvier 2025. Les résultats seront publiés ici.

Surveillance physique

Ces dernières décennies, les capacités de surveillance des acteurs étatiques se sont grandement diversifiées, notamment grâce à de nouvelles avancées technologiques comme la vidéosurveillance, les téléphones portables et les analyses ADN. Malgré cela, la surveillance physique — l’observation directe de personnes ou d’activités dans le but d’obtenir des informations — est toujours largement utilisée par des acteurs étatiques, en particulier dans les cas où d’autres techniques de surveillance ne sont pas efficaces. Notre Bibliothèque de menaces référence des exemples d’utilisation de la surveillance physique contre des anarchistes.

On pense que, dans des contextes où l’État enquête sur des actions directes anarchistes à fort impact — par exemple dans une ville où un incendie volontaire a récemment eu lieu et a été revendiqué sur des sites web anarchistes — il est probable qu’il emploie certaines techniques de surveillance physique. On pense aussi que dans de nombreux contextes, les anarchistes ne se préparent pas suffisamment au risque de surveillance physique. Se préparer à la surveillance physique n’est pas évident, cela demande de développer des compétences spécifiques, mais c’est possible, et c’est la seule chose qui pourra vous aider si les flics vous suivent lorsque vous vous rendez à un rendez-vous sensible ou une action.

Groupes de travail locaux

On invite les participant·e·s à former des groupes de travail locaux pour discuter du sujet de la session, d’octobre à décembre 2024. Pendant la session, s’ils le souhaitent, les groupes de travail peuvent nous envoyer tout contenu qu’ils jugent utile à la discussion. On aujoutera ce contenu aux résultats de la session où les autres groupes pourront le consulter.

On conseille aux groupes de travail de lire les ressources suivantes :

  • La brochure Maßnahmen gegen Observation (Mesures contre la surveillance, en allemand et anglais) pour une vue d’ensemble des techniques de surveillance physique utilisées par la police dans des zones urbaines, avec des exemples en provenance d’Allemagne.
  • Le livre The Theory of Covert Surveillance (La théorie de la surveillance cachée, en anglais) pour une vue d’ensemble plus complète des techniques de surveillance physique utilisées par les détectives privés (et la plupart des unités de police), avec des exemples en provenance du Royaume-Uni.
  • Le livre Surveillance Countermeasures (Mesures contre la surveillance, en anglais) pour une vue d’ensemble complète des contre-mesures à la surveillance physique : la détection de surveillance (y compris la contre-surveillance) et l’anti-surveillance. Une fois que vous comprenez la logique des techniques de surveillance physique de l’ennemi, on conseille fortement ce livre pour commencer à apprendre des contre-mesures que vous pourrez appliquer dans votre vie et vos projets.
  • D’autres ressources sont consultables sur notre site web.

Et on propose les points de discussion suivants, qu’on invite les groupes de travail à compléter avec leurs propres points :

  • Parmi les ressources conseillées, qu’est-ce qui a été difficile à comprendre ou mettre en pratique ?
  • Comment est-ce qu’on peut se soutenir les un·e·s les autres dans le développement et la mise en pratique de contre-mesures à la surveillance physique ?
  • Si on détecte de la surveillance physique, quelles activités ou projets est-ce qu’on voudrait continuer et lesquels est-ce qu’on voudrait mettre en pause ? Si on arrête de voir des ami·e·s pour empêcher une opération de surveillance de cartographier notre réseau social, comment est-ce que notre réseau peut aider à ce qu’on ne se sente pas isolé·e ?
  • Si on détecte de la surveillance physique, comment est-ce qu’on peut en parler à notre réseau d’une manière qui n’alerte pas l’opération de surveillance qu’elle a été détectée ? Comment en parler sans tomber dans la paranoïa ?

Tchat en ligne international

Un tchat en ligne international aura lieu le 4 janvier 2025. Il sera ouvert à tou·te·s, et on demande donc à ce que les participant·e·s n’y partagent pas d’informations identifiantes et n’y discutent pas de quoi que ce soit qui ne devrait pas être rendu public. Le tchat sera limité aux messages textuels (pas d’audio ou de vidéo). Les discussions auront lieu en anglais, avec une traduction en temps réel disponible vers et depuis le français et l’espagnol — merci de prendre contact avec nous si vous pouvez aider à traduire en temps réel dans ces langues ou dans d’autres.

Pour savoir comment rejoindre le tchat, voir ici.

Rad Pride 2024 : Comment une manif de nuit a vaincu le SPVM dans le Village

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Août 252024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le dimanche 10 août avait lieu la deuxième édition annuelle de la Rad Pride. Plus de 250 personnes se sont rassemblées au métro Papineau, les cagoules roses se mêlant aux black blocs et à nos tenues de manif les plus gaies. Sous les cris de ralliement « No Pride in genocide “ et ” Queerness is resistance », la marche s’est mise en branle sur Sainte-Catherine. Aujourd’hui, deux semaines plus tard, nous voulons faire un retour sur cette soirée d’un point de vue tactique.

Sur les bannières latérales

Le conflit entre les bannières de côté renforcées et les « flics de côté » est devenu un pilier des manifestations combatives de Montréal. Les bannières renforcées de Montréal sont des bannières avec un cadre en bois, maintenues par des poignées de portes vissées, utilisées pour protéger contre les charges des flics anti-émeutes et les coups de matraques. Au cours de l’été, les terrasses et les foules obstruant souvent les trottoirs, les policiers ont apparemment reçu l’ordre d’entrer dans la rue aux côtés des manifestantes en marche. Il est essentiel de montrer aux policiers que cette provocation est une grave erreur. La multiplication des équipes de banderoles latérales renforcées peut être l’une des meilleures réponses, mais il est important de savoir où ces équipes se positionnent et comment les autres dans la foule les complètent.

Lors de la Rad Pride, une seule banderole latérale renforcée a pris position à l’avant, dans le coin gauche de la marche, et la situation a rapidement dégénéré en affrontement. Après que les flics de côté ont commencé à pousser la bannière et que la bannière a refusé de céder, les flics se sont retrouvés coincés contre un muret de la terrasse. Ils ont commencé à frapper les gens avec des matraques. La hampe d’un.e participant.e à la manifestation a été utilisée pour frapper un policier à la tête depuis l’arrière de la banderole. Malheureusement, la position de la bannière de côté à l’avant a permis de la couper facilement du reste de la foule, et avec suffisamment de gaz poivré et de coups de matraque, le groupe autour de la bannière a dû se disperser dans une mêlée chaotique qui a renversé plusieurs tables sur une terrasse et a conduit à deux arrestations.

La décision de ne pas déplacer la bannière renforcée avec plus de fluidité a conduit les anarchistes, d’un côté de la banderole, et la police, de l’autre, à se retrancher dans leurs positions. Une lutte acharnée s’ensuivit. Dans une telle situation, l’un des deux camps sera repoussé et sa position sera compromise. Il aurait peut-être été possible d’encadrer la police de tous les côtés alors que les policiers concentraient leurs forces pour repousser la banderole. Mais sans la détermination, le nombre ou la capacité d’utiliser les positions retranchées à notre avantage, nous bénéficierons souvent bien plus en encourageant une banderole renforcée à se déplacer avec plus de liberté, sans s’engager à un endroit spécifique de la manifestation (en particulier à l’avant ou à l’arrière, où elle est la plus isolée). Cette approche complète l’un des principaux avantages des combattant.e.s de rue face à un ennemi aussi puissant que la police : la capacité des militantes à attaquer et à battre en retraite, à utiliser l’élément de surprise, à se disperser et à se reformer.

Une marche sans tête

Le SPVM espérait peut-être que l’attaque de l’avant de la marche entraînerait la dispersion de toute la foule, mais il avait encore une longue nuit devant lui. Des manifestant.e.s plus expérimenté.e.s ont improvisé une nouvelle équipe de bannière à l’avant, ont encouragé la foule à se serrer les coudes et ont rapidement fait une boucle vers Sainte-Catherine. 

Il était évident que le SPVM voulait éviter le cauchemar des relations publiques que représente le gazage des foules de fêtards dans le Village gai pendant la Fierté. Puisque ces foules étaient fortement concentrées sur Sainte-Catherine, la manifestation a pu éviter la dispersion en restant sur cette rue. À plusieurs reprises, les flics anti-émeute ont formé des lignes bloquant notre chemin vers l’avant et vers le sud ; à chaque fois, plutôt que de tourner vers le nord à partir de Sainte-Catherine, la manif a tourné sur ses talons et a fait marche arrière, avec plusieurs bannières capables de se substituer à la nouvelle tête de file.

Ce jeu de ping-pong a donné aux manifestant.e.s de multiples occasions d’agir contre la poignée de cibles le long de notre itinéraire. Des vitres ont été brisées à la RBC, à la BMO, dans un bureau de Remax et chez Starbucks. Ce dernier a été attaqué à plusieurs reprises sur au moins trois passages distincts de la foule. Après le premier affrontement, il a fallu près d’une demi-heure aux flics pour rétablir les unités sur les côtés, nous montrant qu’un élément ouvertement conflictuel dans la foule peut fonctionner comme une diversion, créant de l’espace et du temps pour des groupes plus orientés vers la destruction.

Au fur et à mesure que la nuit avançait, l’ambiance devenait de plus en plus festive. Vers 23h, la manifestation était devenue un party dansant réunissant encore plus d’une centaine de personnes, sous le regard d’une ligne de policiers anti-émeute bien équipés. Faire des autorités la risée de toustes est une signature des mouvements de résistance de masse qui ont réussi à travers l’histoire, et il ne faut surtout pas négliger le potentiel de ridiculiser le SPVM en particulier. La victoire de la soirée a été couronnée lorsque les policiers anti-émeute se sont retirés et ont regagné leurs fourgonnettes, et que la foule a chanté « We Are the Champions ».

Ce type de conclusion est tout simplement extrêmement rare pour les manifestations destructrices dans cette ville. C’est avant tout le résultat de la détermination et de l’intrépidité des manifestant.e.s.

La Bibliothèque de menaces traduite en français

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Juil 092024
 

Du No Trace Project

La Bibliothèque de menaces est une base de connaissances des techniques répressives de l’État, de mesures que l’on peut prendre pour y faire face, et d’opérations répressives où elles ont été utilisées. Publiée en 2023 en anglais et régulièrement mise à jour depuis, elle est désormais disponible en français sur le site du No Trace Project.

La Bibliothèque de menaces est aussi un outil de modélisation de menaces, un processus qui consiste à identifier de potentielles menaces en provenance d’adversaires (l’État, des groupes fascistes…) pour pouvoir ensuite identifier et prioriser des mesures à prendre face à ces menaces. Si vous participez à des actions ou projets subversifs, vous avez probablement déjà l’habitude de réfléchir à comment minimiser les risques posés par diverses menaces. La modélisation de menaces formalise ces réflexions pour les rendre plus organisées et systématiques.

La Bibliothèque de menaces, qui recense actuellement 23 opérations répressives réparties dans 10 pays, est un outil d’anti-répression aux ambitions internationales. Ses futures mises à jour seront disponibles simultanément en français et anglais, et nous espérons la traduire dans de nouvelles langues dans les années à venir. N’hésitez pas à nous contacter pour toute contribution, critique, ou proposition de traduction.

No Trace Project