Commentaires fermés sur CAMOVER jeux d’hiver : pour votre boîte à outils
Nov192025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Ce fichier PDF peut être imprimé avec une attention aux protocoles de sécurité. Montrez-le aux caméras pour qu’il soit clair qu’elles ne devraient pas exister. Exprimez clairement nos intentions et nos raisons d’agir. Assurez-vous que les caméras ne seront pas remplacées par de nouvelles.
Pliez-le deux fois afin que l’image soit visible des deux côtés de la feuille pliée.
Commentaires fermés sur Quelques tuyaux pour la sécurité opérationnelle lors d’une activité de type Camover
Nov082025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Nous sommes simplement quelques personnes vétéranes des Camovers passés qui ont décidé de prendre un instant de pause dans la planification de nos sorties de ce mois-ci pour partager quelques conseils avec d’autres équipes. Nous préférons gagner parce qu’on accumule plus de points que vous sur un mois complet d’efforts, pas parce que plusieurs d’entre vous se seraient fait pogner.
Tout d’abord, considérons l’état actuel de la technologie des caméras grand public qui a pas mal progressé au cours de la dernière décennie depuis l’avènement de la tradition Camover. Ces informations sont facilement trouvables en parcourant les listes de produits sur Amazon. Il est donc facile de supposer que les caméras de sécurité que nous rencontrons sur les maisons et les entreprises, y compris les caméras de sonnette, ont certaines capacités :
Enregistrement vidéo haute définition, y compris la vision nocturne avec un angle de vue assez large;
Microphones pour enregistrer l’audio;
Analyse vidéo incluant la détection des individus s’approchant de la caméra ou la manipulant;
Alertes d’activité suspecte qui peuvent être envoyées en temps réel à une application sur le téléphone du propriétaire ou à un centre de surveillance;
Alimentation par batterie et transmission de données via WiFi, ce qui signifie qu’une caméra peut continuer à capturer de l’audio/vidéo après avoir été détachée d’un mur.
Ces capacités rendent encore plus important de se masquer, d’agir rapidement et silencieusement, et d’utiliser des scouts. Développons chacun de ces points.
Se masquer : Cela va sans dire. Des lunettes de soleil pour quiconque s’approche d’une caméra, tout comme un bon winter bloc pour tout le monde, car les nuits se font de plus en plus froides.
Furtivité : Si vous jouez avec un ami, évitez de vous parler n’importe où une caméra pourrait capter l’audio. Développez des signaux manuels si nécessaire. Près des maisons, le niveau de bruit est également essentiel pour ne pas alerter les résidents. Pour un dormeur léger sur son canapé à quelques mètres à l’intérieur, le bruit que vous faites devant sa porte peut ressembler à une tentative d’effraction. Ils pourraient appeler la police sans que vous le sachiez, et les temps de réponse pour les cambriolages sont rapides. Retirer l’appareil avec un pied-de-biche peut être plus silencieux que de le casser avec un marteau. Élaborez un plan à l’avance afin de pouvoir agir et vous enfuir rapidement, en étant hors de vue avant toute réponse à une alerte automatisée.
Scouts/guets (ou peu importe comment t’appelle ça) : Avoir un.e ou plusieurs camarades en rôle de scouts n’est pas facultatif. Si les flics sont appelés, les scouts doivent être capables de les repérer et d’alerter celleux qui sont en action avant que les flics n’arrivent sur le lieu de l’action. Le nombre et le placement de celleux-ci doivent être décidés en fonction de la géographie et du niveau d’activité de la zone d’action. Un long pâté de maisons d’une rue résidentielle à sens unique peut ne nécessiter qu’une seule personne, mais rappelons-nous que les flics peuvent rouler à contresens dans une rue à sens unique (surtout la nuit). Sur des blocs plus courts d’une rue commerciale, bien éclairée et plus fréquentée, vous pouvez vouloir deux, trois ou plusieurs personnes qui font cette tâche. Considérez toujours la ou les directions les plus probables d’arrivée des policiers, y compris la route la plus directe depuis le poste du territoire sur lequel vous vous situez. Les intersections sont souvent de bons endroits pour se placer, car elles permettent une visibilité dans plusieurs directions. Les guets surveillent également les véhicules civils, les taxis, les cyclistes et les piétons afin que vous puissiez agir sans témoins. Pensez à décider de trois signaux: un pour un civil qui approche, un autre pour la police qui patrouille simplement, et un troisième pour la police qui semble répondre à un appel ou se dirige vers le lieu de l’action. Les signaux peuvent être donnés en criant quelque chose d’anodin, comme un nom au hasard, ou en utilisant des talkies-walkies. La façon dont vous réagirez à chaque signal de votre scout variera, la décision de prendre une pause et chiller ou encore de partir en courant dépendra beaucoup des circonstances; parlez des différents scénarios à l’avance avec votre équipe. Gardez à l’esprit que les policiers peuvent travailler en civil et dans des voitures banalisées lorsqu’ils sont en état d’alerte renforcée dans une zone donnée.
D’autres éléments qui augmenteront le plaisir :
Bien que nous aimions les vidéos de caméras smashées autant que n’importe quel.le autre anarchiste, pensez à ne pas filmer vos actions tant que vous ne serez pas rendues super à l’aise avec les différentes tactiques et la dynamique de votre équipe. Filmer ajoute une autre chose à penser et crée des preuves qui pourraient être nuisibles en cas d’arrestation.
Pensez à comment réduire le risque que les propriétaires de maisons et de commerces installent de nouvelles caméras après que vous ayez détruit les leurs. Ils pourraient être plus enclins à le faire s’ils considèrent tout ça comme une attaque ciblée envers eux ou leur propriété, alors envisagez des moyens de communiquer que cela fait plutôt partie d’une campagne générale contre la surveillance dans le quartier, comme laisser des dépliants ou des affiches dans la zone.
Apprenez à repérer les fausses caméras de surveillance. Elles peuvent avoir un faux fil qui ne mène à aucune source d’alimentation, ou pas de fil et pas d’espace pour les piles. Laissez-les tranquilles ou démolissez-les parce qu’elles contribuent toujours à un climat de surveillance généralisée, mais méfiez-vous du propriétaire d’entreprise choqué qui les remplacera peut-être par des vraies.
Au final, vos efforts seront égaux à votre maillon le plus faible, alors assurez-vous que toute votre équipe est prête à agir avec prudence, discrétion et finesse. Avec le bon équilibre entre vitesse, habileté et confidentialité, votre équipe pourra vaincre les systèmes de surveillance les plus sophistiqués et ainsi continuer à déranger cette culture de la surveillance et ses effets pervers partout où vous irez.
Commentaires fermés sur Indonésie : Urgent : Les inculpé.es dans l’affaire du réseau « Chaos Star » risquent jusqu’à vingt ans de prison
Nov032025
Soumission anonyme à MTL Contre-info, traduction de Attaque
À la suite des révoltes de masse d’août 2025, quand une grande partie de la population s’est soulevée et a attaqué la corruption et l’inégalité fondamentales de l’État, 44 compas anarchistes sont emprisonné.es dans la caserne de la police paramilitaire de Java occidental, à Bandung. Il n’y a d’accès aux visites pour personne d’autre que leurs familles et même cela est réduit minimum. Les détenu.es ont été isolé.es et ils/elles sont utilisésDe dans une campagne de manipulation menée par l’État indonésien par le biais des médias grand public. Beaucoup de nos compas emprisonné.es sont très jeunes. Elles/ils sont tou.tes accusé.es de faire partie du réseau individualiste-nihiliste « Chaos Star » , une invention crée par la police dans le but de les poursuivre. La police affirme que les compas emprisonné.es ont été radicalisé.es par de « leaders » et financé.es par des organisations anarchistes étrangères. Les flics indiquent que l’existence de bannières, de drapeaux, de livres, de brochures et de musique, qui étaient en possession des détenu.es, montreraient leur appartenance à l’organisation « Chaos Star ».
Certain.es compas sont accusé.es d’actions directes graves, telles que des attaques au cocktail Molotov, des incendies, des émeutes, la destruction de biens, etc. Enfin, certain.es des compas sont accusé.es de provocation aux crimes et délits, soit en ligne, pour leurs blogs ou médias sociaux, soit pour leur rôle « proéminent ». Ils/elles sont isolé.es dans la caserne de la police paramilitaire et le Legal Aid Institute (LBH) de Bandung a été empêché de les représenter. Une option serait d’embaucher un avocat privé, mais cela coûterait des dizaines de millions de rupiah. Nous demandons une attention accrue sur cette situation dangereuse. La torture et les mauvais traitements sont largement utilisés sur les détenu.es, ce que les familles ont confirmé. Les jeunes compas ont été blessé.es et tabassé.es jusqu’à ce qu’elles/ils fassent de faux aveux, disant qu’ils/elles ont participé aux manifestations et/ou font partie d’organisations précises, car elles/ils ont été soumis.es à la brutalité de la police paramilitaire. C’est un fait connu et une réalité que nous devons affronter. À la suite de l’insurrection, dans toute l’Indonésie, contre l’ex-militaire de droite Prabowo Subianto, les jeunes et le mouvement anarchiste ont été sévèrement réprimé.es par le régime. Beaucoup de jeunes ont été capturé.es lors des assauts de la police et, peu importe leur « culpabilité » ou « innocence » supposées, nous sommes solidaires avec elles/eux et avec tou.tes ceux/celles qui luttent contre l’oppression sociale, les prisons, la police et l’État.
Nous publions les noms de nos compas emprisonné.es et l’adresse de la prison de la caserne de la police paramilitaire de Java occidental, où nos ami.es sont détenu.es. Ne laissons pas ces compas seul.es et envoyons leur des lettres de solidarité, des cartes postales et notre message de feu. Même si le courrier solidaire est volé et bloqué par ceux qui leurs administrent ces abus, ceux-ci sauront que nous les tiendrons tous responsables de ce qui se passe à Bandung. Allumons les lumières sur ce que les tortionnaires détestés de la police et le régime de Prabowo Subianto font à nos jeunes compas, où cela se passe et par qui et ripostons contre la police et toutes les prisons, partout.
ABC/Palang Hitam
Adresse de la caserne de la police paramilitaire de Java occidental :
(indiquer le nom de la /du détenu.e) Jl. Soekarno Hatta No.748, Cimenerang, Kec. Gedebage, Kota Bandung, Jawa Barat 40292, Indonésie
Première liste Noms des compas suspecté.es de crimes génériques :
Aditya Dwi Laksana (A.d) Mochamad Naufal (M.n) Gregorius Hugo (G.h) Rizki Mahardika (R.m) Herdi Supriyadi (H.s) Rizalussolihin Alias Jalus .(R.s) Rhexcy Fauzi Kunaidi (R.f.k) Tubagus Andika Pradita (T.a.p) Muhamad Jihar Fawak (M.j.f) Angga Wijaya (A.w) Muhamad Subhan (M.s) Eli Yana (E.y) Muhamad Vansa Alfarisi (M.v.a) Muhamad Sulaeman (M.s) Muhamad Rifa Aditya (M.r.a). Veri Kurniawan Kusuma (V.k.k) Joy Erlando Pandiangan (J.e.p) Muhamad Jalaludin Mukhlis (M.j.m). Jatnika Alang Ramdani Septiawan (J.a.r.s). Ariel Octa Dwiyan (A.o.d). Angga Friansyah (A.f). Putra Riswan Anas (P.r.a). Zanief Albani Yusuf (Z.a.y). Wanda Abdurrahman (W.a). Wawan Hermawan (W.h). Reyhan Fauzan Akbar (R.f.a)
Deuxième liste Compas suspecté.es de crimes liée à internet :
Arfa Febrianto Bin Dodo Sujana (A.f) Rifal Zhafran Bin Rohman Maulanarifal Zhafran Bin Rohman Maulana (R.z) Muhibuddin Bin Maemun (M.d) Muhammad Zaki Bin Bambang Priono (M.z) Arya Yudha. (A.y). Azriel Agung Maulana Als Gama Bin Jabidin. (A.a) Rifa Rahnabila Bin M Suparman ( R.r) Marshall Andy Kaswara Bin Nandang Koeswara (M.a.k) Yusuf Miraj Bin Tata Rohmana (Y.m) Moch Sidik Als Acil (M.s) Deni Ruhiat Als Deni Sumargo Bin Rudik (D.r) Cheiza Bin Tatang Hernayadi (C.z / Anak) Rizky Fauzi Als Arab Bin Hasan (R.f) Muhammad Ainun Komarullah (M.a.k) – Muhammad est accusé d’être un administrateur du compte Instagram @Blackbloczone et du site web https://blackbloczone.noblogs.org. Andi Muh. Ashabulfirdaus (A.f) – Andi est accusé d’être un administrateur du compte Instagram @Blackbloczone. Dana Ditya Pratama (D.d) – Dana est accusé d’être un administrateur du compte Instagram @Blackbloczone et le titulaire du compte de son porte-monnaie électronique.
Troisième liste Compas suspecté.es d’avoir un rôle de leaders :
Reyhard Rumbayan Eat a été interpellé à Makassar le 23 septembre 2025 [voir ici ; NdAtt.]. Par le passé, Eat avait été en prison pour une attaque de la FAI/FRI contre une banque, en solidarité avec le compagnon anarchiste Luciano Tortuga, blessé au Chili en 2011. Eat a été accusé d’avoir un rôle de leadership au sein du réseau « Chaos Star » et d’être le chef des émeutier.es anarchistes. Il est à l’isolement et n’a le droit de rencontrer personne. Eat a eu une audience préliminaire le 16 octobre et la période d’enquête sur lui s’étend jusqu’au 20 novembre 202[5]. Eat a de graves problèmes de santé et il a un bras paralysé, après un accident de moto, il y a quelques années, quand un.e autre compa est mort.e. Il a besoin de soins médicaux continus.
Bima Satria Putra [Attention, lire la mise à jour ci-dessous ; NdAtt.] Bima est un anarchiste emprisonné pour la possession de dix kilos de cannabis, connu pour son projet de syndicat des prisonnier.es, ses traductions et ses écrits, depuis son incarcération en 2021. Bima a été transféré du centre de détention de la ville de Palembang à Bandung, où sont détenu.es tou.tes les 43 inculpée.es de l’affaire du réseau « Chaos Star ». En raison du manque général d’informations, il n’est pas clair quelles accusations ont été portées à son encontre. Très probablement, il est accusé de provocation aux crimes et délits et on lui attribue un rôle de leadership, en raison de ses écrits publics. Cependant, Bima ne fait partie d’aucun réseau anarchiste individualiste/nihiliste ni d’aucune cellule égoïste.
Les chefs d’accusation portés contre tous les suspect.es comprennent la violation des articles 187 et/ou 170 et/ou 406 du code pénal et/ou de l’article 1(1) de la loi d’urgence n° 12 de 1951, avec une peine maximale de vingt ans de prison.
En plus, elles/ils peuvent être poursuivi.es en vertu de l’article 45a(2), en combinaison avec l’article 28(2) de la loi n° 1 de 2024, qui modifie la loi n° 11 de 2008 sur l’information et les transactions électroniques (ITE) et/ou des article 170 et 406 du code pénal et/ou de l’article 66 de la loi n° 24 de 2009 sur le drapeau national, la langue, les emblèmes et l’hymne national. La peine pourrait aller jusqu’à six ans de prison.
Pour la provocation aux crimes et délits, ils/elles peuvent aussi être poursuivi.es en vertu de l’article 45a(2), en combinaison avec l’article 28(2) de la loi n° 1 de 2024, qui modifie la loi n° 11 de 2008 (ITE), avec une peine maximale de six ans et/ou une amende pouvant aller jusqu’à un milliard de rupiah [quelque chose dans l’ordre des 52 000 euros, au change de fin octobre ; NdAtt.].
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Mise à jour du 1er novembre 2025
Selon une information plus récente, Bima Satria Putra n’a pas été transféré à la caserne de la police paramilitaire de Java occidental, à Bandung. Il a été placé à l’isolement, du 18 octobre au 30 novembre (la raison n’est pas connue), mais toujours dans la prison de Merah Mata, à Palembang, où il se trouve depuis décembre 2021, pour purger une condamnation à quinze ans pour possession de marijuana. Il va bien.
L’adresse pour lui écrire est :
Bima Satria Putra Lembaga Pemasyarakatan Klas l Palembang Jl. Taqwa Mata Merah, Karya Mulia, Kec. Sematang Borang Kota Palembang, Sumatera Selatan 30962 Indonésie
Il est devenu rare de se déplacer en ville sans être épié par des cameras à chaque coin de rue; l’état policier sévit avec son acquisition de nouveaux logiciels IA comme celui que le SPVM vient d’annoncer, BriefCam. Les fonctionnalités de ce dernier incluent :
-Recherche multi-caméras -Synopsis vidéo des va-et-vient d’un individu sur une période de temps -Reconnaissance faciale -Reconnaissance de plaques d’immatriculation -Recherche par caractéristique (physique ou description d’un véhicule) -Envoi d’alertes de détections d’invidivus ou de localisation.
Fuck les yeux de l’état, rejoins cette saison de CamOver! Dans CamOver, tu joues un groupe d’humains confronté avec une invasion de caméras dans leur quartier. La lutte contre les caméras est importante, mais ta survie est essentielle! Afin de gagner, tu dois former une équipe avec des ami.e.s dans ton quartier et détruire le plus de caméras possible. Cette saison de CamOver débute la fin de semaine de la Convergence Tech Anarchiste 2025 et continue jusqu’à la fin du mois de novembre 2025. Sois rapide et déplace-toi à l’insu de l’état de surveillance, que leurs réseaux d’espionnage se rompent sur le trottoir. Le quartier avec le plus de points remporte la partie!
Que le vandalisme démarre! Que cette saison de récolte soit fructueuse!
Conditions d’engagement (tel que vu lors de la dernière saison de CamOver)
1. Préparation Parle avec tes ami.e.s et réunisser un groupe affinitaire. Marcher dans le coin et identifier les cibles potentielles. Pendant votre repérage, prenez note des aspects suivants de chaque cible: où mettre vos masques sans être détecté.e.s, où positionner vos points d’observation, et quel sera le chemin de sortie.
2. Sabotage La nuit est arrivée. Choississez l’outil approprié et poursuivez votre route. Positionnez vos éclaireurs, mettez vos masques aux points prédeterminés et confirmez que personne ne vous voit. Commettez l’acte de sabotage et quittez les lieux en utilisant le chemin de sortie le plus vite possible.
3. Partagez Calculez votre score: un point par caméra. Écrivez un text court racontant vos actions et envoyez-le à mtlcontreinfo.org. Vous pouvez aussi joindre une image et-ou une vidéo au texte. Si vous réussissez à quittez avec une ou plusieurs caméra(s), soyez créatif: posez avec, dansez avec, transformez-les en pantins ou en installation artistique.
Pourquoi jouer?
• Pour développer des compétences et des affinités qui peuvent servir dans de multiples situations : l’utilisation de certains outils, la planification d’actions, devenir méconnaissable, s’enfuir de la police, comment communiquer dans de telles instances. • Pour garder nos rues sans surveillance; pour laisser le SPVM savoir que nous ne tolérons pas cette vague de technologie de surveillance. • Pour transformer les relations avec nos voisins, pour développer des connaissances intimes avec nos rues, les batiments, les ruelles, etc. • Pour rendre nos quartiers plus sécuritaires : pour celleux dont les activités quotidiennes sont criminalisées (traffiqueu.se.r.s de drogue, travailleu.se.r.s du sexe, etc.), graffeu.se.r.s et pour celleux qui luttent contre les systèmes de domination.
• Attache un petit objet, tel qu’un petit bout de bois, à la corde. • Jette la corde par dessus le bras de la caméra. • Prend les deux extremités de la corde et tire!
« Au début des années 1980, dans un milieu de squats, de punk, d’activisme et de vol à l’étalage, quelques individus affectés par les conflits en cours – luttes autochtones et écologistes, guérilla et guérilla urbaine – se rencontrent et complotent.
Nous sommes au Canada. Dans un milieu de contestation et de vie collective bien connu, l’objectif de Doug, Anna et Brent : construire un groupe armé de type anarchiste. Poser des actes destructifs qui bloquent le pouvoir dans ses projets nocifs, et ce, toujours en soutien avec les mouvements d’opposition. Ensuite : inspirer et instruire d’autres groupes pour qu’ils passent à l’attaque à leur tour.
L’approfondissement de leur rencontre donnera naissance à une expérience particulière et intéressante à laquelle vont se joindre plus tard Juliet et Gerry. Cette expérience se nommera Direct Action. »
Texte originellement publié dans la revue Takakia, brame de combat contre le Mordor industriel, #3 (automne-hiver 2024).
Commentaires fermés sur Fuck la répression, les vitres de Concordia cassées
Oct122025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Deux fenêtres ont été cassées lors de la manifestation du 7 octobre à Concordia en raison de leur suspension et de leur traitement de la grève lundi, car ils ont invité les policiers sur le campus et ont utilisé les services de sécurité pour arrêter deux personnes. Que la sécurité de Concordia suce mes deux roches. Vive la liberté. Vive l’anarchie.
Nous assistons au génocide le plus documenté de l’histoire en Palestine et à la consolidation d’un régime fasciste aux États-Unis. Nous sommes beaucoup à nous demander quoi faire. Voici un cadre conceptuel pour comprendre ce qui se passe et des pistes d’actions. Cette synthèse a été écrite à l’aide de matériel provenant entre autres de Kelly Hayes et de son blog Organizing my Thoughts, de Mariame Kaba et d’Andrea Ritchie de l’organisation Interrupting Criminalisation, d’Ejeris Dixon et son balado Fascism Barometer, de Scot Nakagawa et son blog The Anti-Authoritarian Playbook, du blog flegmatique d’Anne Archet, de la chaîne YouTube Thought Slime et du livre l’Antifascisme de Mark Bray.
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Quelques bases
Les mouvements, partis et régimes fascistes se reconnaissent par :
Leur trajectoire autoritaire visant le démantèlement des structures démocratiques, l’élimination de la dissidence et le maintien au pouvoir de leur leader.
Leurs mensonges flagrants qui n’affectent pas le support de leurs partisans.
Leur propension à instrumentaliser ou à créer de toutes pièces des crises pour s’enrichir et pour restreindre les libertés civiles telles que la liberté de mouvement, de rassemblement, de manifestation, de presse et le droit à un procès juste et équitable.
Leurs représentations idéalisées de la race et de la nation, qu’ils articulent en termes de pureté, d’unité et de loyauté.
Leur désir de dominer et/ou d’éliminer les groupes marginalisés (femmes, migrant’es, personnes 2LGBTQIA+, personnes noires, autochtones, minorités religieuses, personnes handicapées, pauvres, autistes, etc.) se présentant d’abord sous forme d’attaques répétées contre leurs droits fondamentaux et de discours déshumanisants.
Leur conviction que les inégalités ne proviennent pas de conditions sociales, mais sont naturelles, biologiques, et que cette hiérarchie devrait leur assurer les pleins pouvoirs.
Leurs références à un passé fictif où c’était supposément le cas.
Leur fétichisation de la violence comme réponse à l’humiliation de ne pas dominer totalement ces groupes marginalisés.
Leur double objectif de nettoyage interne et d’expansion externe.
Le fascisme peut s’emparer du pouvoir de l’État à travers des élections, un coup d’État, ou un mélange des deux comme dans le cas de l’administration Trump qui a gagné les élections, mais qui a aussi profité de son arrivée au pouvoir pour effectuer un « coup administratif », soit l’usurpation illégale des pouvoirs du congrès et des différents départements de l’État par Elon Musk et DOGE.
Une fois au pouvoir, le fascisme se sert d’un processus bien connu pour opérer : la criminalisation. Il passe des lois qui rendent certaines activités criminelles et déploie la police, le système judiciaire et les prisons contre les gens qui les pratiquent. Il criminalise par exemple :
Le fait de donner ou recevoir certains soins (avortement, soins d’affirmations de genre, éventuellement soins aux personnes autistes, aux personnes handicapées…)
Le fait de donner de l’information (en transformant la définition de pornographie pour que les lois s’appliquent à tout livre qui traite de queerness, en transformant la définition d’antisémitisme pour y inclure toute dénonciation du génocide contre le peuple palestinien, en arrêtant des avocats qui donnent de l’information légale aux migrant’es…).
Le simple fait d’exister sur ce territoire (révocation en masse de visas, annulation des statuts, criminalisation des sans-abris…).
Au-delà des lois, la criminalisation est un processus politique par lequel on désigne des groupes entiers de personnes comme des menaces :
Les femmes trans et intersexes menaceraient ainsi les femmes cis, entre autres dans le sport.
Les manifestant’es menaceraient le reste de la population.
Les migrant’es menaceraient le marché de l’emploi, le marché du logement et la classe populaire.
Les musulman’es menaceraient la sécurité nationale.
Ces menaces sont nourries par les fascistes jusqu’à devenir dans leur narration des menaces existentielles au futur de la nation, et ce faisant :
On déshumanise ces groupes de personnes.
On les dépouille d’avance de leurs droits fondamentaux.
On les dépeint comme des « autres » qu’il faut violemment contrôler, punir et faire disparaître.
On s’en sert comme de boucs émissaires pour tous les maux provoqués par le capitalisme et le fascisme.
C’est par ce processus de criminalisation que les régimes fascistes manufacturent le consentement de la population face aux violences déployées contre certains groupes (violence physique et psychologique, enlèvement, travail forcé, déni de soins, assassinat…). On fait croire aux gens :
Que les victimes ne sont pas violentées par haine, mais qu’elles sont punies pour des crimes.
Qu’ainsi cette violence est justifiée. Qu’elle est normale.
Que tant qu’iels ne commettent aucun crime, il ne leur arrivera rien.
Mais plus le temps passe, plus la définition de ce qui est un crime s’élargit.
Ce processus existe aussi dans ce qu’on appelle les démocraties libérales qui ont développé tout l’appareillage judiciaire et carcéral. Les fascistes ont besoin de cette infrastructure et de la légitimation de ce système industrialo-carcéral pour fonctionner et c’est exactement ce que leur offrent les démocraties libérales.
Rappelons ainsi :
Que la police et les prisons sont un héritage de l’esclavage et de la colonisation.
Que les peuples autochtones au Canada ont été la cible de violences génocidaires.
Que leurs danses, leurs rituels, leurs langues ont été criminalisées.
Qu’iels ont subi des stérilisations de masse, des déplacements forcés et des abus multiples dans les écoles résidentielles.
On peut en comprendre que le fascisme n’est pas tant en rupture avec les démocraties libérales qu’il en est la forme-panique. Ainsi, le fascisme qui se consolide actuellement aux États-Unis et qui se concrétise au Canada et Québec se caractérise aussi par :
Une panique devant les avancées récentes en termes de justice sociale, qu’ils nomment « wokeness » et qui menacent leur domination.
Une panique devant la crise climatique et les efforts pour l’amoindrir, qui dans les deux cas menacent les ressources dont ils dépendent pour maintenant leur domination.
Une alliance tendue entre des fondamentalistes chrétiens, un mouvement populaire raciste et sexiste, une élite du monde de la politique et des oligarques ultrariches du monde de la techno.
En vrac, quelques autres données importantes sur le fascisme :
Les fascistes veulent nous faire perdre notre temps. Ils vont dire toutes sortes de mensonges pour que nous passions des heures à prouver nos points, à décortiquer leurs propos, à clarifier les faits. Et ils vont changer complètement leur discours le lendemain pour nous obliger à recommencer.
Pour les fascistes, certaines vérités (mythiques) sont plus importantes que la réalité. Si la réalité ne concorde pas avec leur vérité, c’est la réalité qui a tort. Leur rapport au réel en est grandement affecté et on ne peut les convaincre qu’ils font fausse route en leur prouvant ce qui est réel. Ça ne change rien à leur vérité.
Par-dessus tout, les fascistes veulent le pouvoir. C’est ce qui les motive. Ils vont changer de discours et de valeurs autant qu’il le faut pour acquérir et maintenir leur pouvoir.
Ils veulent être les plus forts pour survivre, dans une vision darwinienne caricaturale de l’évolution. Ils veulent dominer. Selon cette vision, tout ce qui les maintient au pouvoir est justifié; ils ont raison car ils dominent et c’est la seule preuve dont ils ont besoin.
Le fascisme n’est pas le fait de quelques personnes externes au-dessus de la population. Les gens participent, coopèrent, puis deviennent acculturés au fascisme. Ça devient leur réalité, leur manière de comprendre le monde.
Comment y faire face
Historiquement, ni l’appareil de l’État, ni les partis d’opposition, ni le système de justice, ni les grands médias n’empêchent l’avènement de régimes fascistes. Les élites néolibérales qui gèrent les démocraties peuvent sembler s’y opposer, mais devant un monde de plus en plus invivable où il devient impossible de maintenir à la fois le capitalisme et les démocraties libérales, elles aussi vont aussi adopter des politiques de plus en plus fascistes. Pour les néolibéraux, la criminalisation et/ou l’abandon de groupes toujours plus grands de personnes marginalisées sera articulée comme une question de pragmatisme et d’inévitabilité, alors que pour les fascistes elle sera articulée comme le retour souhaité d’un ordre naturel inégalitaire et violent. Bref, il ne faut pas s’attendre à leur support.
C’est l’organisation populaire qui offre la meilleure résistance. Et si la normalisation de la police, des prisons et de la surveillance de masse dans nos sociétés a rendu cet effort plus difficile, présentant ces outils de contrôle comme nécessaires, voire naturels, il existe tout de même de multiples voies pour résister collectivement.
Ce qu’on peut faire dans un premier temps :
Refuser ouvertement la consolidation du fascisme. Nommer ce qui se passe aux États-Unis, en Palestine, au Canada et ailleurs. Parler du fascisme avec nos proches. Ne pas le laisser être insidieux. L’obliger à apparaître.
S’organiser localement contre les événements de groupes fascistes. Leur nuire de toutes les manières possibles. Les empêcher physiquement de propager leur haine.
Call bullshit. Ne pas nous empêtrer dans leurs mensonges. Ne pas perdre notre temps à argumenter avec eux. Ne pas embarquer dans leur manière de cadrer la situation. Ramener les discussions sur ce qu’ils font, sur les horreurs qu’ils commettent, sur la haine qui les anime.
Surtout, ne pas obéir d’avance quand des fascistes arrivent au pouvoir. Face à un pouvoir autoritaire, les gens ont tendance à prévoir ce qu’un gouvernement plus répressif voudrait et à lui donner d’avance, pour être sûr de ne pas le fâcher et pour se protéger. Cette obéissance anticipée informe le régime sur les compromis que les gens sont prêts à faire et lui permet d’aller beaucoup plus loin beaucoup plus vite. Cette manière de s’adapter nuit à tout le monde. Il est essentiel de se rappeler de ne pas obéir d’avance.
Rester solidaires. Le fascisme normalise la souffrance humaine et l’abandon de groupes de gens désignés comme négligeables ou insignifiants. Les fascistes veulent que nous soyons absorbé’es par notre instinct de survie, pris dans nos préoccupations personnelles, que nous soyons isolé’es et faibles. C’est dans la solidarité que se trouve notre force.
Ensuite, il s’agit de bâtir et d’entretenir notre pouvoir collectif, populaire. Pouvoir de garder nos communautés sécuritaires. Pouvoir d’empêcher qu’un des nôtres se fasse enlever. Pouvoir de nous assurer que tout le monde a quelque chose à manger. D’abord, en explorant toutes les manières de participer à tisser ce pouvoir, par exemple en travaillant à :
bloquer les avancées fascistes (par exemple en combattant tout ce qui augmente la portée, la capacité, les ressources et le pouvoir de l’État carcéral et des mouvements fascistes, comme la construction de nouvelles prisons, la militarisation des frontières, de nouveaux systèmes d’identification visant certains groupes, etc.),
casser leurs alliances, leurs liens avec des groupes ou organisations locales (par exemple les liens entre les syndicats de travailleurs/travailleuses et les organisations représentant la police, les liens entre la police et les milices d’extrême-droite, les liens entre les médias de masse et les militant’es transphobes, etc.),
amoindrir l’impact de leurs politiques sur nous (par exemple en bâtissant et soutenant un réseau communautaire fort, des groupes d’entraide, des réseaux de communications sécuritaires, des infrastructures de défense communautaire, des espaces de rassemblement, etc.),
faire des ponts entre les communautés touchées (par exemple les syndiqué’es, les groupes de femmes, les bandes anarchistes, les mouvements de luttes décoloniales, abolitionnistes, pour les droits des personnes handicapées, etc.) et
construire ce dont on a besoin (par exemple, des organisations dédiées à partager l’histoire des mouvements de luttes, ou des organismes de justice transformatrice, ou le plus d’espaces possibles où nous rassembler, où réfléchir ensemble, où digérer toutes les informations, que ce soit des fêtes de quartier, des journées d’atelier, des conférences, des marches, etc.).
Pour approfondir cette question, je suggère le zine Block and Build : But make it abolitionist de l’organisation Interrupting Criminalization. Ensuite, il s’agit de trouver ce qui a du sens pour nous, ce qui concorde avec nos capacités, notre contexte social et notre compréhension de la situation. Pour cela, je conseille le zine Making a plan, qui vient aussi d’Interrupting Criminalization.
Ça peut être un syndicat, une section locale de Food not Bombs, un groupe qui organise des assemblées populaires, un comité logement, un groupe d’ami’es qui fait de l’art engagé, un groupe de femmes, etc. Tout ça a du sens. Et à partir de ces groupes :
Se partager un langage et des analyses plus ou moins communes de la situation.
Se coordonner de manière décentralisée pour favoriser des actions autonomes qui s’inscrivent dans un tout plus grand.
Bâtir une culture de la sécurité adaptée au risque.
Se préparer à la répression en mettant en place d’avance des systèmes de support.
Puis, le temps venu, il est possible de lutter à grande échelle contre un régime fasciste grâce à :
Une masse suffisamment grande de gens qui s’engage à ne pas coopérer. À oublier de remettre une lettre, de transférer un courriel, à ralentir certains travaux de construction, à ne pas enlever les livres des tablettes, à continuer d’apprendre l’histoire aux enfants, à saboter les processus bureaucratiques, à donner de mauvaises indications aux polices, à continuer à faire de la musique, dehors, le soir, à perturber le fonctionnement du régime.
Une diversité de tactiques. D’immenses manifestations populaires, une grève sociale, du sabotage industriel, des réseaux de soins alternatifs, etc.
Et si nous combattons d’un même geste le fascisme et le processus de criminalisation qui le soutient, tout est possible.
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Mai102025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Une question flotte dans le milieu anarchiste depuis quelques temps. Quel est le rôle que doivent/peuvent jouer les manifestations dans la politique que nous menons?
Voici un point de vue situé sur la question.
Ma réflexion pourrait se résumer en un seul énoncé. Les manifestations ont un rôle à jouer dans l’élaboration d’un devenir révolutionnaire, mais c’est un rôle situé dans un contexte qui doit les dépasser. En d’autres mots, il faut arrêter de voir les manifestations comme une fin en soi et commencer à les réfléchir comme un outil. Un outil parmi tant d’autres qui nous sert à atteindre nos buts politiques.
L’enjeu réel derrière la question des manifestations est notre incapacité collective à déterminer nos objectifs politiques. Et c’est pourquoi il est si difficile de déterminer quel rôle devrait jouer celles-ci dans notre univers politique. À force d’être incapable d’imaginer et de matérialiser un devenir révolutionnaire, les manifestations ont fini par prendre toute la place de notre répertoire d’action politique. Nous n’avons plus qu’une seule idée en tête. Faire des manifestations, pour tenir tête à la police, briser une vitre et espérer inspirer par l’action de nouvelles camarades à se joindre à notre cause. Après plus de 15 ans de la reproduction de ce modus operandi, il est temps d’en admettre les limites. Force est que malgré la répétition continue de manifestations, et ce malgré le perfectionnement de la pratique de confrontation face à la police, notre milieu et nos idées politiques stagnent.
Il a été défendu que la solution face à cette stagnation était d’augmenter le nombre de participant.es présent.es dans nos manifestations. Par le nombre, nous serions en meilleure posture d’affronter la police. Mais cette hypothèse ne fait que rejouer la même pièce de théâtre de la politisation à travers la confrontation avec la police.
Et si c’était le contraire? Et si pour tenir tête à la police, il fallait d’abord et avant tout politiser les gens. Cette phrase paraît évidemment simple, mais je suis bien conscient qu’en elle compose un défi énorme. Est-bien malin celui ou celle qui a compris comment repositionner notre politique révolutionnaire dans le contexte politique actuel.
Sans avoir d’idées claires sur ce qu’il faut faire, voici humblement deux pistes de réflexion…
Hypothèse 1
Il faut recommencer à se poser la question du sens de nos actions et manifestations. Arrêter de les voir comme une finalité en soi, mais comme un outil parmi tant d’autres. Comment cette manifestation ou cette action se positionne dans notre stratégie à plus long terme? Qu’est-ce qu’on veut aller chercher avec celles-ci. Est-ce qu’on veut créer du lien? Est-ce qu’on veut favoriser un sentiment de victoire et de joie? Est-ce qu’on veut favoriser la confrontation (qui n’est évidemment pas anti-éthique à un sentiment de joie!)
Une action peut être utile de mille et une manières dans l’avancée des luttes révolutionnaires et il est important selon moi de sortir de la réflexion en silo qui fait de la manifestation un lieu automatique de confrontation face à l’État. J’aime 100 fois mieux une manifestation joyeuse et non confrontationnelle qui nous ferait gagner en puissance et qui nous mènerait éventuellement à une lutte victorieuse que le sentiment d’urgence de devoir attaquer l’État ici et maintenant à tout moment. En d’autres mots, cherchons la confrontation avec l’État, car c’est souvent celle-ci qui permet la radicalisation d’un mouvement, mais pas n’importe quand et à n’importe quel prix.
Hypothèse 2
Augmenter notre nombre et notre force collective dans les manifestations et dans nos luttes en général implique de réfléchir à des façons d’impliquer des gens en dehors de nos milieux.
La meilleure expérience que je connais pour expliciter cette idée m’a été relatée par des militant.es de Chicago et me semble intéressante à rapporter ici pour nous en inspirer.
En 2012, la ville de Chicago a été désignée pour accueillir un sommet de l’OTAN. Dans la tradition des contre-sommets, les anarchistes locaux ont décidé de s’organiser pour perturber l’événement. Mais une question s’est rapidement imposée. Comment, avec leur nombre limité de militant.es, ne pas se faire casser la gueule par la police? La réponse à cette question : en faisant en sorte qu’il soit impossible pour la police de leur taper dessus, en ayant une image positive auprès de la population du quartier dans lequel se tiendrait le sommet. Le moyen d’arriver à leur fin : organiser durant environ un an un marché illégal dans un parc d’un quartier populaire de leur ville.
L’idée était de créer un espace agréable et utile pour les résidents du quartier tout en sachant qu’éventuellement, de par l’absence de permis, il faudrait le défendre face à l’État qui voudrait l’arrêter. Durant l’année qui a précédé le sommet, ils ont donc tenu ce marché public qui était grandement apprécié et visité par les gens du quartier. Et comme prévu, éventuellement la ville a voulu intervenir et empêcher l’activité. Les résidents alliés aux anarchistes ont défendu physiquement le parc où se tenait la manifestation et ont tenu tête à la police.
Résultat, une fois le moment du contre-sommet venu, non seulement la police n’a pas pu attaquer en toute impunité les anarchistes car illes avaient acquis une excellente réputation dans le quartier, mais les résident.es allié.es se sont largement joints à la manifestation permettant ainsi aux anarchistes d’avoir une meilleure chance de perturber l’événement.
L’idée que je cherche à défendre à travers ces deux hypothèses est qu’il faut réfléchir au sens que l’on donne aux manifestations. À la fois dans leur rôle qu’elles peuvent jouer dans nos plans politiques, mais aussi au sens qui donnent envie aux gens de s’y joindre et de les défendre avec leur corps quand il est nécessaire. Car rien ne donne plus de force et de courage que de défendre quelque chose auquel on tient au plus profond de nous-mêmes.
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Avr252025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
À la suite des échecs répétés des manifestations dites « combatives » à Montréal entre 2023 et 2025, deux textes militants ont tenté de proposer, d’un côté, une analyse stratégique visant la massification via des structures autonomes, et de l’autre, une critique sceptique de cette orientation, dénonçant la fétichisation des manifestations et le volontarisme militant. Tous deux partent d’un diagnostic partagé : notre faiblesse collective face à l’État, notre isolement et le caractère routinier de nos mobilisations. Le présent texte se veut une critique au second texte rédigé par N.
Le fétichisme de la spontanéité : critique de l’anti-stratégie
Le désaccord de fond entre les deux textes me semble renvoyer à une question stratégique centrale : comment comprendre que la majorité de la classe travailleuse, y compris dans ses fractions les plus exploitées, n’adhère pas spontanément aux appels à la mobilisation radicale, et continue, dans les pays capitalistes avancés, de se montrer largement passive ou attachée à des formes de réformisme ?
N. soulève à juste titre le caractère routinier et parfois performatif de certaines pratiques militantes, mais, pour expliquer la passivité actuelle, son commentaire de réponse glisse dans un déterminisme mécanique permettant d’adopter un scepticisme cynique, qui rejette toute forme de médiation politique comme étant un projet d’avant-garde inutile : « Ce sont les contradictions sociales elles-mêmes qui sont productrices de luttes et non une bande d’évangélistes de la révolution qui convaincraient un à un des prolétaires trop abêtis par le capitalisme. »
S’il est nécessaire de rompre avec le « fétichisme de la manifestation » — cette idée selon laquelle elle constituerait le cœur de notre pratique politique —, il l’est tout autant de se méfier du fétichisme de la spontanéité, qui consiste à rejeter la nécessité de l’organisation au profit d’une attente passive, fondée sur l’illusion que les contradictions du capitalisme produiront mécaniquement l’irruption des masses. Cette posture relève d’un retrait stratégique, qui masque l’impuissance politique derrière une mystique de la spontanéité.
La passivité des classes exploitées
La passivité ou l’adhésion au réformisme de la classe travailleuse s’expliquent en grande partie par le caractère fondamentalement épisodique de la lutte des classes. Les contradictions du capitalisme ne suffisent pas, à elles seules, à rendre les travailleur·euses révolutionnaires. La conscience de classe ne naît pas mécaniquement de l’exploitation, mais se forme, comme l’explique Charles Post, avant tout à travers l’expérience vécue de l’auto-organisation et de la lutte collective, qui ouvre un espace de réceptivité aux idées radicales.
Cependant, cette condition fondamentale de la conscience de classe — l’engagement actif dans des luttes de masse — ne peut être que partielle, rare et temporaire. Structurellement, la grande majorité des travailleur·euses ne peut se maintenir en lutte de manière permanente, car leur position dans les rapports sociaux les oblige à vendre leur force de travail pour assurer leur propre reproduction. La contrainte de la survie individuelle limite donc, en temps ordinaire, la possibilité d’un engagement collectif soutenu.
En l’absence de luttes collectives, les logiques capitalistes, le réformisme et les formes institutionnelles de la politique libérale tendent à redevenir hégémoniques. Les travailleur·euses cherchent alors moins à transformer le système qu’à y obtenir une part jugée équitable, sans remettre en question les structures de pouvoir. Pire, lorsque le réformisme échoue, et qu’aucune alternative radicale crédible n’est disponible, le capitalisme parvient même à produire les conditions matérielles (individualisation, segmentation sociale, compétition entre exploité·e·s) de sa propre défense idéologique : dans ce vide, prolifèrent des mouvements réactionnaires, racistes et patriarcaux, y compris au sein même de segments de la classe travailleuse.
Il paraît ainsi tout à fait irresponsable de renoncer à l’auto-organisation d’action directe et à la construction d’alternatives — au nom du réformisme ou par fétichisme de la spontanéité —, car les contradictions du capitalisme, à elles seules, ne produisent ni conscience de classe ni émancipation humaine.
L’avant-garde
Le caractère intrinsèquement épisodique de la lutte de classe fait en sorte que seule une fraction minoritaire de la classe travailleuse demeure engagée de manière durable dans l’action militante. Ce que nous pourrions appeler une « avant-garde » — sans intention dogmatique — désigne ici celleux qui s’efforcent, dans les creux du cycle des luttes, de maintenir vivantes les pratiques de solidarité et de conflictualité, que ce soit sur les lieux de travail ou dans les milieux de vie.
Pour éviter tout malentendu, il ne s’agit pas d’une conception « léniniste » ou « trotskiste » classique de l’avant-garde comme minorité éclairée et détentrice d’une vérité politique à imposer à la masse. Il s’agit plutôt de nommer un rôle concret : celui des personnes qui, malgré l’isolement, l’usure et la défaite, persévèrent à faire vivre des institutions, des pratiques et des imaginaires de lutte, souvent invisibles, mais essentielles à la reproduction d’une mémoire collective militante. Ce rôle peut bien sûr être débattu, renommé, critiqué. Mais y renoncer totalement reviendrait à céder au désarmement stratégique.
Il est vrai que certaines de ces figures militantes deviennent, dans certains contextes, la base sociale d’une bureaucratie de la classe travailleuse, détachée des réalités concrètes du travail salarié et sujette à la logique du réformisme : éloignement des lieux de production, libération des contraintes du salariat, adoption d’un langage et de pratiques d’appareil. Mais il en existe d’autres — nombreuses — qui continuent à militer tout en vivant les contradictions du travail capitaliste : précarité, aliénation, subordination. Ce sont des militant·es inséré·es dans la vie ordinaire de la classe, qui organisent patiemment leurs collègues, leurs voisin·es, leur communauté.
Toute organisation, aussi bien intentionnée soit-elle, peut générer ses propres inerties, ses rigidités, ses rapports hiérarchiques. Mais cela ne saurait justifier un rejet total des médiations politiques. Le fétichisme de la spontanéité, qui consiste à opposer de manière absolue militantisme conscient et authenticité populaire, risque de dévaloriser l’activité militante organique — c’est-à-dire celle qui émerge de l’expérience vécue des dominé·es — en la réduisant à une forme d’avant-gardisme suspect, voire à un « racket de la révolution ».
L’article de N. illustre cette tendance lorsqu’il cite des mouvements contemporains perçus comme spontanés — les soulèvements BLM/George Floyd, les Gilets jaunes, les révoltes sociales au Chili —, en soulignant l’absence d’organisations de masse les encadrant a priori. Or, il est hautement improbable que ces mouvements aient émergé sans qu’un noyau de personnes expérimentées, formées dans des traditions militantes diverses, n’y joue un rôle actif, qu’elles se revendiquent ou non d’une conscience révolutionnaire.
En outre, ces mouvements — malgré leur puissance — n’ont pas porté de projet révolutionnaire clair, ce qui pourrait précisément constituer un argument en faveur du texte initial. Car en l’absence de structures autonomes de masse dotées de pratiques et de discours radicalement anticapitalistes, la conflictualité tend à se traduire par des formes réformistes, confuses ou contradictoires. Si un contre-pouvoir révolutionnaire structuré — reposant sur une mémoire, une culture, des formes d’organisation autonomes — avait existé dans les deux dernières décennies, il est fort probable que la conscience politique qui aurait émergé de ces mouvements populaires aurait été plus clairement orientée vers la rupture systémique.
La société post-industrielle et la conscience de classe
Les classes sociales sont des relations historiques mouvantes et leur expression politique suppose à la fois une expérience partagée de l’exploitation et un travail d’organisation qui permette de construire une force consciente de ses intérêts.
Or, plusieurs militant·e·s s’opposeront à la construction de la conscience de classe les postulats des thèses de la société post-industrielle. Pour ces analyses, le développement du secteur des services, la complexification des structures professionnelles, l’essor du savoir théorique, la hausse du niveau de vie et l’émergence des régulations étatiques ont restructuré les conflits sociaux autour du contrôle de l’information et permis l’émergence d’une classe moyenne composée de cadres et d’employé-e-s qualifié-e-s. Pour ces approches, la société n’est plus marquée par un conflit de classes, mais par des identités et des discours capables de se définir eux-mêmes. Ainsi, nos sociétés contemporaines ne seraient plus autant contraintes par des facteurs socioéconomiques comme la classe et offriraient davantage de place à l’agentivité, contrairement aux anciennes sociétés industrielles.
Néanmoins, ces analyses surévaluent les impacts de ces changements dans la division du travail sur les rapports d’exploitation. En effet, comme l’affirme Peter Meiksins, « le capitalisme n’a jamais, ni par le passé, ni aujourd’hui, généré une classe des travailleurs homogène. Au contraire, il a créé une classe variée et très stratifiée, et les capitalistes ont toujours eu un intérêt inhérent à faire en sorte qu’elle soit aussi divisée que possible ». De même, la complexification de la division du travail contemporaine ne produit pas une disparition des règles de reproduction pour la classe travailleuse, soit l’obligation de fournir du surtravail à travers la vente de la force de travail sur le marché.
Bien que des rapports d’exploitation spécifiques caractérisent les conditions sociohistoriques et orientent la formation de classe, la conscience de classe a toujours été un processus contingent, relationnel et collectif constamment en mouvement de formation et de désintégration. En ce sens, la conscience de classe n’est pas le produit mécanique de facteurs socioéconomiques, mais le résultat d’agents conscients au sein de conditions sociales, politiques et économiques. La construction d’une conscience collective de classe à d’autres époques, comme aujourd’hui, a été un processus très exigeant issu d’un effort intense et soutenu d’organisation militante.
En somme, le capitalisme produit encore des « champs d’attraction », qui polarisent la société en classe dans des situations de classe vécues. Des processus sociohistoriques peuvent mener, et ont historiquement mené, à l’émergence de groupes conscients de former une classe opposée à une autre. Le défi aujourd’hui est de produire un tel processus par des efforts organisationnels considérables, tout comme cela a été le cas par le passé.
L’auto-organisation en guise de conclusion
Le manque de personne dans nos manifs est un symptôme de la passivité actuelle des classes travailleuses, en ce sens que la rue est un prolongement, et non le centre, des conflits sociaux. La passivité s’explique par l’absence des luttes collectives alternatives à celles individuelles ou réactionnaires. Dire qu’il ne faut pas faire les efforts organisationnels sous peine d’être des « évangélistes de la révolution » est irresponsable et nous condamne à être ce que nous sommes depuis les trois dernières décennies au Québec : une frange radicale au sein de mouvements sociaux réformistes ; une médiation politique faible qui n’a aucune capacité à fonder une force sociale menaçant l’ordre des choses.
Il ne faut non pas un retour dogmatique à une forme d’organisation figée, ni une morale militante, mais une stratégie matérialiste de reconstruction du pouvoir social autonome de la classe travailleuse. La proposition n’est pas ici de plaquer un modèle universel, mais d’affirmer que sans formes durables de médiation entre expériences d’exploitation et horizon politique, il ne peut y avoir de contre-pouvoir. Une politique révolutionnaire cohérente aujourd’hui devrait :
Dire qu’il ne faut pas faire les efforts organisationnels sous peine d’être des « évangélistes de la révolution » est irresponsable et nous condamne à être ce que nous sommes depuis les trois dernières décennies au Québec : une frange radicale au sein de mouvements sociaux réformistes ; une médiation politique faible qui n’a aucune capacité à fonder une force sociale menaçant l’ordre des choses.
Il ne faut non pas un retour dogmatique à une forme d’organisation figée, ni une morale militante, mais une stratégie matérialiste de reconstruction du pouvoir social autonome de la classe travailleuse. La proposition n’est pas ici de plaquer un modèle universel, mais d’affirmer que sans formes durables de médiation entre expériences d’exploitation et horizon politique, il ne peut y avoir de contre-pouvoir. Une politique révolutionnaire cohérente aujourd’hui devrait :
Identifier les lieux où l’exploitation est la plus forte, visible, et vécue collectivement ;
S’insérer dans ces espaces (santé, éducation, services sociaux, syndicats de base, luttes de locataires) pour y développer des pratiques d’auto-organisation anticapitalistes ;
Faire de la rue un prolongement, et non le centre, des conflits sociaux ;
Se concentrer sur la construction patiente de la conscience de classe comme processus historique ;
Construire des organisations populaires capables de revendiquer un pouvoir démocratique sur les sphères économiques, dans une logique d’unification des luttes, non de leur juxtaposition.
Commentaires fermés sur Trois meurtres en 24h. Attaque nocturne contre les Techniques policières. Justice pour Abisay Cruz !
Avr182025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Le lundi soir 14 avril, des anarchistes sont entrés dans le Collège de Maisonneuve où l’on trouve le programme de formation policière, Techniques policières. L’entrée a été peinte avec « MINI FLICS = FUTURS TUEURS » et « JUSTICE POUR ABISAY CRUZ » ainsi que d’autres slogans comme « 3 STATE MURDERS IN 24H » et « MAKE FASCISTS AFRAID ». Un extincteur rempli de peinture a beaucoup aidé et une fenêtre a été pété. Nous n’oublions pas les meurtres et les abus qui ont été commis par la police de Montréal au cours des dernières semaines et lecteurs, svp, répandez la vengeance populaire. Aux étudiants du programme Techniques policières : quitte et change ton parcours, ce n’est pas un avenir sécuritaire, ni pour nous, ni pour vous. Ce programme forme des personnes qui seront l’avenir de la violence d’État. La police est une force qui punit les pauvres, les immigrant.e.s et les personnes racisées, qui mattraque et tire sur les manifestant.e.s, arrête et tue les gens comme des mouches. Cette société est malade et la maladie est le capitalisme, l’État et la hiérarchie et les gardiens de cet ordre social terrible sont la police. Nous n’oublierons jamais les injustices commises à notre égard. Vive la mémoire d’Abisay Cruz et celle des autres personnes tuées par la police.
Le lendemain matin, dans ce vidéo, on peut voir les regards curieux des passant.e.s.