Montréal Contre-information
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Manifeste des détenus de Bordeaux

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Mai 142020
 

De Anti-Carceral Group

Pour plus d’informations sur la grève de la faim et la situation à la prison de Bordeaux, lire un article précédent.

Un group de détenus dans le prison de Bordeaux, qui espère créer une comité de détenus, a communiqués les revendications suivantes à leur avocat le 11 mai, 2020: 

  1. Nous demandons la libération de plus de prisonniers, car ce qui fut annoncé la semaine dernière [l’annonce de la Ministre de la Sécurité Publique, Geneviève Gaudrault, le 6 mai] ne touche qu’une infime partie des détenus. À Bordeaux, il n’y a pas beaucoup de détenus qui remplissent les catégories visées par le décret. Il ne faut pas jouer avec la vie des gens – le COVID s’agit d’une maladie mortelle. Nous ne sont pas réassurés par les mesures prises à ce jour;

  2. Nous demandons que les prisonniers obtiennent trois jours envers leur peine pour chaque jour détenu dans Bordeaux, puisque les conditions sont totalement diminuées et inacceptables: il n’y a plus de visite, pas d’activités, pas de télévision, il n’y a plus rien a faire;

  3. Nous demandons que les prisonniers à qui il reste une an ou moins dans leur peine puissent bénéficier d’une remise hâtive;

  4. Nous demandons du matériel pour se protéger. À l’heure actuelle, nous avons des gants, mais du type pour servir la nourriture – ce n’est pas suffisant. Nous n’avons toujours pas de masques et nous demandons d’en obtenir;

  5. Des prisonniers dans certains secteurs se sont vu octroyer des «X-Box», pendant que d’autres n’ont pas. Nous demandons plus d’accès à des activités;

  6. Nous demandons la création et la reconnaissance par l’établissement de d’un Comité des détenus pour Bordeaux, afin de faire un seul front commun;

  7. Nous demandons d’être informés de l’utilisation du fond des détenus – où vont les sommes de ce fond?

 

Grève de la faim à Bordeaux

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Mai 142020
 

De Anti-Carceral Group

Mise à jour : Le 11 mai 2020, un groupe de prisonniers à Bordeaux, visant à créer un comité des prisonniers, a communiqué une série de demandes à leur avocat. Vous pouvez le lire ici.

Le 5 mai, un groupe de prisonniers de l’Établissement de détention Montréal, plus connu sous le nom de prison de Bordeaux, a entamé une grève de la faim en réponse à l’escalade rapide de la crise de la COVID-19 dans l’établissement. Depuis le 8 mai, la grève de la faim s’est étendue à au moins quatre secteurs de la prison et d’autres gestes de résistance se sont multipliés.

Aucune demande officielle n’a été présentée au public, car les conditions à l’intérieur de la prison rendent actuellement presque impossible la communication entre les prisonniers. Cependant, des prisonniers individuels ont communiqué une série de revendications. Parmi celles-ci, on peut citer :

  • Fournir aux prisonniers des masques et du désinfectant pour les mains, s’assurer que le personnel pénitentiaire porte ses masques et ses gants en permanence, ainsi que de veiller à la bonne hygiène des cellules et des espaces communs.

  • Fournir aux prisonniers des informations actualisées et précises sur les infections et les tests de COVID-19 à Bordeaux et sur les mesures de sécurité mises en œuvre (y compris l’isolement des prisonniers infectés).

  • Tester immédiatement et continuellement tous les prisonniers et le personnel pénitentiaire pour la COVID-19.

  • Élargir l’accès à la libération pour raisons médicales (pour les prisonniers qui ont été condamnés) et fournir des audiences de libération conditionnelle accélérées (pour les personnes détenues avant le procès). Libérer autant de prisonniers que possible pour permettre la pratique de la distanciation sociale dans la communauté et mieux la permettre au sein de la prison (pour ceux qui ne sont pas libérés).

  • Pour les prisonniers qui ne sont pas infectés ou symptomatiques de la COVID-19, mettre fin au confinement 24 heures sur 24. Permettre aux prisonniers de passer du temps dans l’espace commun et leur assurer un accès quotidien aux téléphones de la prison.

  • Cette liste sera mise à jour advenant qu’une série de demandes collectives soit rendue publique.

Informations générales

Les conditions dangereuses qui ont déclenché la grève à Bordeaux s’intensifient depuis des semaines. Bordeaux est rapidement devenue la deuxième prison provinciale la plus touchée par la COVID-19 au Canada (après l’Ontario Correctional Institute à Brampton, Ontario). Le premier test de COVID-19 positif parmi les détenus de Bordeaux a été enregistré le 24 avril. Le 7 mai, le nombre de détenus infectés par la COVID était passé à 37, tandis qu’au moins 24 membres du personnel pénitentiaire avaient été testés positifs. Depuis le début de la pandémie, les prisonniers ont d’ailleurs critiqué le manque de protocoles de sécurité liés à la COVID mis en place dans la prison, ainsi que le manque d’informations fournies aux prisonniers.

Les informations sur la grève de la faim sont limitées et difficiles à obtenir. Les reportages des médias se sont largement appuyés sur les informations du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, une source très peu fiable. Les informations provenant des prisonniers sont plus fiables, mais en raison de l’isolation totale ou partielle en place (selon le secteur), il a été difficile pour les prisonniers de faire parvenir de l’information à l’extérieur et, plus encore, d’être au courant de ce qui se passe dans les différents secteurs de la prison.

Voici le tableau le plus complet et le plus fiable de la grève de la faim à la prison de Bordeaux, sur la base des informations transmises par les prisonniers à leurs familles, à leurs avocats et aux membres du groupe anti-carcéral.

Les origines et la propagation de la crise de la COVID-19

Le virus COVID-19 a d’abord frappé le secteur E, dans lequel 170 personnes sont emprisonnées. C’est dans ce secteur que sont détenus la plupart des prisonniers travaillant en cuisine et servant de la nourriture. La possibilité que des prisonniers infectés aient préparé ou touché la nourriture servie à l’ensemble de la prison a suscité une grande inquiétude lorsque la nouvelle s’est répandue.

Le secteur E a été placé en isolement 24 heures sur 24 (les prisonniers sont confinés dans leurs cellules) le 24 avril. Selon les informations les plus récentes, la quarantaine est toujours maintenue. Les prisonniers n’ont pas accès aux douches, à la cantine, ni aux téléphones de la prison. Les membres de la famille à l’extérieur n’ont pas pu contacter leurs proches et n’ont reçu aucune information de la part du personnel de la prison, y compris à savoir si leur proche est infecté ou non. Certains membres de la famille ont envoyé des lettres écrites, mais ne savent pas si elles ont été reçues et n’ont reçu aucune lettre en retour. Le 8 mai, un membre d’une famille a finalement été informé que les lettres sont reçues, mais qu’il est interdit d’y répondre.

Certains avocats qui ont des clients dans le secteur E ont pu organiser un appel téléphonique de 10 minutes avec leur client. Cela a nécessité des demandes répétées, par écrit et par téléphone, au personnel de la prison. Dans les cas où un appel téléphonique a été obtenu, un gardien de prison fournit un téléphone portable au prisonnier pour qu’il puisse passer l’appel de 10 minutes depuis sa cellule.

On ne sait pas exactement combien de prisonniers du secteur E ont été testés. Des rapports suggèrent que les prisonniers de ce secteur qui travaillaient en cuisine ont rapidement été transférés au secteur A et ce, sans avoir été testés. Le rapport d’un prisonnier laisse entendre qu’en date du 8 mai, à la fin de la journée, presque tous les prisonniers avaient finalement été testés.

Le 2 mai, le virus s’était propagé au secteur C, dans lequel 180 personnes sont emprisonnées. Le secteur a été immédiatement mis en quarantaine, avec les mêmes restrictions que le secteur E. Le reste de la prison a également été mis en quarantaine 23 heures par jour, les prisonniers étant autorisés à quitter leur cellule une heure par jour, mais sans pouvoir être dans l’espace commun. Depuis le 7 mai, ces restrictions ont été assouplies dans le secteur B, les prisonniers étant autorisés à sortir de leurs cellules 4 heures par jour.

Dans la soirée du 8 mai, certains prisonniers des secteurs E et C ont finalement été autorisés à passer un appel téléphonique de 5 minutes – leur première communication avec le monde extérieur en 15 jours. Comme pour les appels aux avocats, un gardien de prison a fourni un téléphone portable aux prisonniers pour qu’ils puissent passer l’appel.

Malgré cette situation désastreuse, le personnel pénitentiaire ne porte pas systématiquement de masques et de gants lorsqu’il se trouve à proximité des prisonniers, et des mesures d’hygiène adéquates font toujours défaut, dans les cellules comme dans l’espace commun. Un rapport d’un prisonnier datant du 8 mai suggère que les gardiens portent enfin des masques et des gants, mais que les prisonniers n’ont toujours pas accès à de l’équipement de protection personnel. Les secteurs E et C (et peut-être d’autres) ont été périodiquement privés d’eau courante pendant de longues périodes, ce qui rend le nettoyage et l’utilisation des toilettes impossibles. Il n’est pas clair si les gardiens sont testés pour la COVID-19.

Les gardes se moquent également des prisonniers, disant qu’ils seront infectés et qu’on les laissera mourir. Les gardes du secteur C exigent que les prisonniers s’agenouillent par terre pour recevoir leurs repas ; un prisonnier souffrant de problèmes auditifs, n’ayant pas compris l’ordre, a ainsi manqué plusieurs repas. Un gardien du secteur C s’est moqué d’un détenu de 18 ans en lui montrant un téléphone portable et en lui disant que sa mère était sur la ligne, avant de s’éloigner. Le niveau de stress des prisonniers continue à augmenter, et de nombreux sont ceux qui ont exprimé le sentiment qu’on est en train de les laisser mourir.

La grève de la faim et autres résistances

Face à cette situation de plus en plus dangereuse, les actes de résistance à Bordeaux se sont multipliés. Le 5 mai au matin, les prisonniers du secteur G ont entamé une grève de la faim, refusant de manger le repas qui leur était servi. Dans la soirée du 5 mai, les prisonniers des autres ailes se sont joints à la grève.

Les rapports sur les secteurs qui participent à la grève sont incohérents. Plusieurs sources ont confirmé la participation des secteurs D et G. Une source, soit une prisonnier de la section B, affirme que le secteur B participe également. Certains prisonniers, tout en refusant de manger les repas qui leur sont servis, continuent à manger la nourriture de la cantine.

D’autres actes de résistance ont également été signalés à Bordeaux.Ces rapports proviennent du syndicat des gardiens de prison. Ils doivent donc être traités avec prudence. Parmi les actes de résistance signalés, citons le bris de fenêtres, les crachats sur les gardiens, le bris d’objets dans les cellules et l’inondation des espaces communs. Les prisonniers du secteur E avaient été informés que leur confinement 24 heures sur 24 prendrait fin le 11 mai, après 17 jours. Lorsque le confinement n’a pas été levé, les prisonniers auraient mis le feu à du papier toilette et à des magazines et auraient fait déborder leurs toilettes. La prison a réagi en coupant l’eau.

Le 10 mai, une manifestation de bruit a eu lieu devant Bordeaux. Une caravane de 30 voitures, de laquelle faisaient partie trois personnes ayant des membres de leur famille emprisonnés à Bordeaux, s’est rendue à la prison, a klaxonné et agité des pancartes de protestation pour manifester du soutien aux prisonniers et dénoncer l’inaction du gouvernement québécois.

La réponse du ministère de la sécurité publique du Québec à l’escalade de la crise de la COVID-19 à Bordeaux a été minime. Le 6 mai, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a annoncé que certaines catégories de prisonniers seraient admissibles à une libération pour raisons médicales. Son annonce précisait que de telles libérations pourraient être possibles pour les prisonniers souffrant de complications de santé, s’ils ont été condamnés pour des infractions non violentes, et seulement à moins de 30 jours de la fin de leur peine. Cette annonce n’offre rien aux 75 % de prisonniers de Bordeaux qui sont en détention préventive (et qui n’ont donc pas été condamnés). Le Québec continue de refuser de suivre l’exemple de provinces comme l’Ontario et la Nouvelle-Écosse, lesquelles ont accéléré la tenue d’audiences de libération conditionnelle, afin de libérer les prisonniers en détention préventive.

 

Manifs de bruit à l’extérieur des prisons de la région de Montréal suite à la mort d’un prisonnier et à une grève de la faim

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Mai 112020
 

De Anti-Carceral Group

Montréal, le 10 mai – À 14:00 aujourd’hui, une caravane de plus de 30 véhicules visitait le Centre Fédéral de Formation (un pénitencier fédéral à Laval), ainsi que la prison de Bordeaux (un pénitencier provincial à Montréal), demandant la libération immédiate de tous les détenus dans le contexte de la pandémie COVID-19. Les voitures, décorées de slogans tels que “La prison de devrait pas être une peine de mort” et “Libérez tous les détenus”, klaxonnaient et brandissaient ces bannières en solidarité avec les personnes à l’intérieur.

“Nous sommes ici aujourd’hui pour rappeler aux gens qui sont à l’intérieur de ces prisons qu’ils ne sont pas oubliés et que nous sommes là à travailler pour leur libération” dit Ellie Santon qui participait à la manifestation. “Ce qui se passe dans ces prisons est une crise créée par le gouvernement. S’ils le voulaient, ils pourraient résoudre tout cela dès demain. Ils semblent plutôt avoir l’intention de laisser les gens mourrir.”

Le 5 mai, Service correctionnel Canada (SCC) a annoncé qu’un détenu au pénitencier de Laval, le Centre de Formation Fédéral, est mort du virus. Il s’agit du 2e mort à l’intérieur d’une prison fédérale due à la pandémie. 138 détenus ont testé positif au virus COVID-19 jusqu’à maintenant au Centre de Formation Fédéral, ce qui en fait le plus grand foyer de contagion dans une prison fédérale au Québec.

“Le gouvernement a passé des mois à refuser d’agir et le virus a maintenant éclaté à l’intérieur des prisons et les gens meurent,” nous dit Virginia Boucher du Comité de support aux prisons. “Il n’y a pas de justification raisonnable pour ceci. Les gens doivent être libérés de prison immédiatement.” Les personnes en maison de transition doivent pouvoir vivre dans leur propre maison à temps-plein. Toutes les personnes libérées doivent avoir accès à un logement sans danger et à des soins de santé.”

Le 5 mai, les détenus de la prison de Bordeaux ont aussi débuté une grève de la faim qui s’est depuis répandue dans multiples secteurs de l’institution. Il y a plus de 60 cas de COVID-19 associés à la prison de Bordeaux où 75% des prisonniers sont en détention provisoire (avant procès, avant jugement), ce qui en fait le 2e plus grand foyer de contagion à l’intérieur d’une prison provinciale.

“Je suis inquiet pour mon compagnon qui est dans un des secteurs infectés,” nous dit Jean-Louis Nguyen, un participant à la manifestation-caravane. “Il a enfin été testé vendredi mais nous ne connaissons pas les résultats et son audience de libération conditionnelle vient d’être reportée de 2 semaines. Québec doit fournir de l’information publique sur ce qui se passe dans ses prisons et accélérer les mises en liberté sous caution ainsi que les audiences de libération conditionnelle afin d’évacuer de plus de personnes possible de prison et de les réunir avec leurs communautés”.

“Les prisons du Québec ont présentement le plus haut taux d’infection parmi toutes les provinces mais ils refusent d’agir,” dit Ted Rutland du Groupe anti-carcéral. “Les provinces comme l’Ontario et la Nouvelle-Écosse ont libéré des milliers de détenu.es en accélerant les audiences de libération conditionnelle ainsi qu’en libérant les personnes approchant la fin de leur sentence, mais Québec refuse de suivre l’exemple.”

La distanciation sociale est impossible à l’intérieur des prisons et les détenu.es encourent un risque élevé de contracter le virus COVID-19. Les soins de santé en prison sont épouvantables. À travers le pays, les gardes ont employé du poivre de cayenne ainsi que la force contre les prisonniers protestant contre leur situation. Il y a maintenant 500 cas confirmés de COVID-19 liés aux prisons dans tout le Canada.

#liberezlestou.te.s
#grevedefaimbordeaux
#bordeauxhungerstrike
#FreeThemAll
#FreeThemAllCaravan
#FreeThemAll4PublicHealth

Nique la police – Demain et toujours [Vidéo]

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Mai 022020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ceci s’inscrit dans la lignée d’actions pour le 1er mai 2020.

Le premier mai est l’occasion de se rappeler pourquoi nous luttons pour un monde plus juste, un monde qui ne serait pas soumis à la domination d’une élite capitaliste, un monde où on peut rêver. Toutefois, pour des raisons évidentes, nous ne pourrons pas nous réunir dans les rues cette année, mais la contestation n’est pas morte pour autant. Malgré ses ravages, la crise du coronavirus a fourni l’occasion a beaucoup de briser la normalité et de reconsidérer nos rythmes de vies anxiogènes, éffrénés et déshumanisés. Plus que jamais, ces temps troubles sont l’occasion de réfléchir à nos possibilités de créer un monde nouveau que nous seul.e.s pouvons façonner à travers l’entraide et la solidarité.

Toutefois, les temps de crise sont aussi propices au développement de solutions autoritaires. Il est donc important de se rappeler que la bonne gestion de cette crise passe par notre capacité d’action collective et que nous devrons nous préparer à répondre aux forces de l’ordre qui, elles, opèreront avec encore plus de violence et d’arrogance que jamais. Que ce soit ici, à Villeneuve-la-Garenne en France ou ailleurs dans le monde, les mesures de confinement ont donné aux services de police un large éventail de nouveaux pouvoirs, leur permettant d’agir impunément avec plus de brutalité. Devant cela, il était important pour nous d’exprimer à ces parasites que, même malgré la crise, ils ne seront jamais les bienvenus dans nos communautés.

Caravanes #Liberezlestoustes 19 avril

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Avr 232020
 

De Solidarité sans frontières

Le 19 avril, des caravanes de solidarité se sont dirigées vers les prisons et les centres de détention des migrant.e.s à travers le pays, dans le cadre d’une journée d’action contre l’emprisonnement. Les caravanes ont fait du bruit et ont tenu des pancartes en solidarité avec ceux et celles qui sont détenu.e.s. Cette mobilisation a réuni des ex-détenu.e.s, des abolitionnistes du système carcéral et des activistes pour les droits des migrant.e.s dans un premier appel uni, à travers le soi-disant Canada, pour demander la libération immédiate de tous et toutes les détenu.e.s et un statut pour tous et toutes les migrant.e.s, dans le contexte de pandémie de la COVID-19.

Nous avons inclus des liens vers des couvertures médiatiques et des reportages sur les différentes caravanes plus bas. Vous pouvez aussi écouter une émission de radio spéciale avec des interventions des caravanes ici. Pour plus de couverture médiatique ou de reportages sur les caravanes, vous pouvez chercher #FreeThemAllCaravan sur twitter.

Kingston, ON

Surrey, BC [lien Twitter]

Toronto, ON [lien Twitter]

Laval, QC [lien Facebook]

Mise en contexte :

La distanciation sociale est impossible dans les prisons et les centres de détention, et les personnes qui y sont détenues font face à un risque élevé de contracter la COVID-19. Il y a maintenant plus de 260 cas confirmés de COVID-19 liés à des institutions carcérales canadiennes à travers le pays, où des personnes ont été détenues tant pour des charges criminelles que des charges liées à leur statut d’immigration. Il y a eu aussi des cas confirmés dans les centres de détention des migrant.e.s à Laval et à Toronto. Le 16 avril, le Service correctionnel du Canada a confirmé qu’un détenu à la Mission Institution en Colombie-Britannique est décédé à cause de la COVID-19, tandis que plus de cinquante autres détenus ont été déclarés positifs pour le virus.

Du 24 mars au 1er avril, des détenus à la prison pour migrant.e.s de Laval ont tenu une grève de la faim de huit jours pour exiger leur libération immédiate et du logement décent et sécuritaire à leur sortie. Bien que plusieurs grévistes de la faim aient été libérées depuis, onze personnes demeurent en détention.

Malgré les appels répétés de douzaines d’organisations exigeant du fédéral la libération des détenu.e.s et des prisonniers et prisonnières migrant.e.s, le gouvernement canadien refuse de libérer tous et toutes les détenu.e.s. L’ASFC a pour part libéré lentement les détenu.e.s migrant.e.s au cas-par-cas, à travers des audiences individuelles de contrôle des motifs de détention.

Les migrant.e.s libéré.e.s demeurent souvent sous la menace de déportation et font face à la précarité, avec une absence de logement, une longue période de traitement pour les permis de travail et un accès limité ou reporté aux programmes de soutien.

Surprise, on a encore des droits!

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Avr 172020
 

Du Collectif opposé à la brutalité policière (COBP)

Parce que vous êtes plusieurs à vous demander quels sont nos droits durant cette pandémie, nous avons cru bon de publier ce guide, en espérant que cela puisse vous éclairer !

On en profite pour souligner le travail acharné de : Me Franccesca Cancino, Me Émilie Breton-Côté, Me Alia Chakridi, Me Raphaëlle Desvignes, Émilie E. Joly, Jacinthe Poisson et Me Arij Riahi . Le document a été révisé par Me Denis Barrette et la professeure de droit Dominique Bernier.

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PDF: Surprise, on a encore des droits !!

Le confinement des consciences

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Avr 132020
 

Du Collectif Emma Goldman

Nous avons bien ri en Occident de ces images présentant la lutte désespérée de consommateurs des grandes chaînes pour l’accaparation de quantités irrationnelles de papier de toilette. Interrogés par certains médias, les consommateurs répondaient alors ne pas savoir pourquoi ils avaient besoin d’autant de rouleaux ou bien simplement suivre le mouvement de la foule.

Le sentiment de catastrophe est difficile à refouler. Les experts de l’État nous demandent de nous en remettre aux héroïnes, des héroïnes des soins de santé qu’ils ont surmenées, épuisées et découragées à force de coupures répétées dans les budgets et de dévalorisation de leurs métiers en vue des négociations de conventions collectives.

La dissonance est intense… la colère l’est aussi. Les directions « rationalisent » le matériel de protection des employé-e-s ; c’est-à-dire encore à ce jour pas de masque et peu de gants pour les soignants et soignantes dans bien des foyers de personnes âgées malgré l’hécatombe.

Des divertissements et des boucs-émissaires. Pendant que les « anges gardiens » se tuent à la tâche pour des salaires réels plus bas que ceux des décennies précédentes (prospérité l’oblige claironne le patronat québécois!), le peuple est prié de regarder ailleurs – de regarder des vidéos de bébés animaux. Ça va bien aller… et surtout attendez patiemment que l’État remette en place les conditions normales de votre exploitation. Ce n’est pas un beau rêve. L’État est le plus froid des monstres, pour paraphraser Nietzsche, des mensonges rampants de sa bouche, il nous dit : ‘moi l’État, je suis votre soignant ».

Le récit que tout un chacun se faisons des événements n’est pas personnel… il est façonné en grande partie par l’État. Face à la crise, celui-ci nous sort les mêmes vieilles recettes. Xénophobie au rendez-vous, le virus aurait la nationalité chinoise pour plusieurs, dont Trump, ou du moins la faute serait à rejeter sur ce peuple; une duperie qui fait bien l’affaire des populistes qui sentaient leur fierté nationale froissée par la montée de la Chine. Le racisme ne demeure jamais vraiment confiné dans le « domaine des idées ». Il s’est bien manifesté de plusieurs façons par l’expression et les gestes haineux envers les personnes d’origine chinoise ou associée à pour des raisons parfois stupides. Une chicoutimienne née en Chine a par exemple dénoncé plusieurs incidents survenus dans notre région [https://www.iheartradio.ca/energie/energie-saguenay/nouvelles/coronavirus-une-chicoutimienne-nee-en-chine-victime-de-racisme-1.10852664].

Fidèle à ses habitudes, l’État a également envoyé son bras armé pour « mater la crise ». Les appels à l’ordre public ont généré un véritable régime de délation où chacun est appelé à épier les gestes des autres et s’en remettre aux policiers. L’ennemi est potentiellement le voisin ou la voisine. La situation québécoise est actuellement tellement pitoyable que même les flics se disent dépassés par le flot d’appels sordides et demandent aux québécois et québécoises de « slacker » la délation! Certains politiques croient que l’État est trop mou et demandent l’intervention de l’armée. Faut croire que ce virus est une sorte d’anarchiste…

Enfin, les frontières. C’est par le pouvoir des politiciens, et non celui du corps médical, que le récit populaire des événements a acquis la croyance que le virus serait propagé par les personnes provenant de l’extérieur, voir particulièrement les personnes immigrantes, et que la fermeture des frontières nationales constituerait une façon d’enrayer sa propagation. Après les pressions populistes, le gouvernement canadien a même pris des mesures pour empêcher l’accès au Canada des demandeurs du statut de réfugié. Pensons-nous pouvoir vivre dans une bulle de verre hermétique? Le fantasme des populistes de droite est d’une stupidité sans nom. On demande le confinement forcé à des milliards de personnes du Sud global, qui pour une grande partie n’ont pas l’eau potable à la maison ou doivent se débrouiller au jour le jour pour répondre aux besoins de base de leur famille… Combien vont mourir de faim ou de soif plutôt que du coronavirus alors que des pays comme le Canada préféreront investir des milliards pour soutenir l’industrie délétère des énergies fossiles? Comment ensuite penser que cette absence de solidarité avec le Sud global dans le contexte de pandémie ne favorisera pas une propagation encore plus intense et encore plus difficile à combattre au Canada dans le futur? Fuck!

S’il vous plait, protégeons-nous contre le virus, mais combattons également le confinement des consciences par la solidarité de classe et la solidarité internationale. Ciblons les vrais ennemis.

Anarchiste du Pekuakami

En mai, fais ce qui te plaît – Un appel au conflit

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Avr 132020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ici nous pouvons aisément réaliser que le gel hydroalcoolique sert aussi bien à se désinfecter les mains qu’à allumer des incendies.

En d’autres termes que nous n’avons pas besoin des directives de l’état pour prendre soin de nos proches, et, une fois réglée la question de la survie, nous n’avons rien de mieux à faire que de sortir trainer à l’affût d’un mauvais coup, nous avons plus que jamais besoin de vengeance et d’amitiés réellement vécues.

Maintenant que nous sommes pris dans ce système futuriste nous ne pouvons plus que déclarer la guerre à la normalité si nous ne voulons pas mourir d’un ennui aseptisé.

Nous sommes face à un double mouvement. D’un coté le pouvoir semble ne jamais avoir été aussi fort, ne jamais avoir tant conquis les coeurs et les esprits de ses citoyens dociles. De l’autre il semble ne jamais avoir du gérer une situation aussi complexe (du moins depuis notre naissance).
Face à cela peut-être pouvons nous conclure deux choses.

Premièrement qu’ il n’est plus question d’attendre une quelconque masse qui viendrait à s’éveiller pour l’affronter.

Deuxièmement que le moment semble propice pour attaquer.

Propice ici ne signifie pas le seul bon moment. Il est toujours temps pour s’opposer.
Non, propice signifie ici que notre adversaire est complètement occupé à d’autre choses et que nous n’avons aucun moyen de savoir ni ce que nos actes peuvent produire comme effet en chaîne (au vu de la situation assez inédite pour notre époque) ni si nous aurons prochainement une autre occasion.

Cela ressemble à un pari intéressant pour les ennemis du pouvoir. Se saisir de l’occasion et voir ce qui pourrait se passer …

À l’heure où les forces du contrôle qui quadrillent l’espace en véhicules, en drone ou à pieds n’ont jamais été aussi présentes et surmenées, que se passerait si elle étaient menacées dans leurs bastions par des messages de mort écrit à la peinture ? Prises à partie régulièrement par quelques pierres/cocktails/artifices/pétards en pleines nuit pendant leurs sommeils ? Se faisaient attaquer pendant leurs patrouilles ?

A l’heure où les cages sont pleines à craquer et où l’on crève derrière un grillage, que se passerait il si des voitures de matons venaient à rencontrer un tournevis/un marteaux/quelques allumes feux ? Si les personnes qui surveillent et enferment, déjà sous pressions constantes, se faisaient agresser en rentrant chez elles ?

A l’heure où tout le monde ou presque travaille/étudie/partage/se détend/s’instruit/s’insurge/fais du sexe/… face à un écran, que ce passerait il si quelques cables de fibres optiques sous une trappe faciles d’accès étaient saboté ?

A l’heure où tout le monde ou presque « communique » au travers de téléphones. Commande/ ordonne/planifie/organise pour produire (et parfois pour militer) ou « prends soin » via des applications ou des coups de fils incessants, que se passerait il si des antennes relais situées dans des endroits parfois fort peu fréquenté étaient rendu inopérantes ?

A l’heure où tout le monde ou presque vit confiné dans un bulle domotique connectée à la matrice comme un ersatz de vie que se passerait il si un pylone haute tension facile d’accès venait à tomber par terre ?

Nous ne savons absolument pas ce que cela pourrait produire. Et c’est précisément pour cela qu ‘il faudrait impérativement le tenter.

Diffuse et traduis ce texte si tu l’as aimé. Attaque et Conspire si tu veux participer.
Communique et développe tes idées si tu veux dialoguer avec d’autres rebelles.

Ce petit texte tient lieu de faire part pour un mois de mai dangereux.

Note numéro 1 : si tu est trop impatient.e pour attendre mai et que cette invitation t’as plu, n’hésite pas à attaquer en avril et à le signifier dans ton potentiel communiqué.
Note numéro 2 : si tu es trop impatient.e pour attendre tu peux attaquer en avril et en mai !

#Libérezlestous : campagne d’email pour la libération des prisonniers fédéraux

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Avr 122020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

SOUTENEZ TOUS LES PRISONNIERS MAINTENANT! PERSONNE NE DEVRAIT PASSER UN PANDÉMIE EN PRISON!

La situation des prisonniers pendant la pandémie de COVID19 est terrifiante. Il est largement admis que les prisonniers sont dans une position dangereuse pendant cette pandémie en raison de la proximité des quartiers d’habitation, du manque de soins de santé et du manque d’accès aux fournitures sanitaires. Services correctionnels Canada a fait très peux pour contrer les risques internes, mis à part l’annulation de toutes les visites, les libérations temporaires de travail et les visites de roulottes. Comme on pouvait s’y attendre, COVID19 a déjà commencé à se répandre dans le système carcéral fédéral avec des détenus et du personnel infectés dans plus et plus des établissements.

Les appels à la libération des prisonniers sont venus de nombreuses personnes et groupes différents à travers le monde et de nombreux médias au Canada ont publié des articles détaillant le raisonnement pour la libération des prisonniers. Nous aimerions ajouter nos réflexions à cette conversation.

Au niveau fédéral, il existe de nombreux outils que le Service correctionnel du Canada et la Commission des libérations conditionnelles du Canada peuvent utiliser pour libérer les détenus. Ceux-ci comprennent: la prolongation des absences temporaires non accompagnées, l’utilisation des articles 81 et 84 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (ADRC), des audiences accélérées pour les cas de suspension et de révocation, et l’utilisation de l’article 121) 1.b) de l’ADRC, qui indique que «la libération conditionnelle peut être accordée à tout moment à un délinquant […] dont la santé physique ou mentale est susceptible de subir de graves dommages s’il continue d’être détenu».

L’utilisation des dispositions existantes pour libérer les prisonniers afin de protéger leur santé n’est pas sans précédent. En effet, comme l’expliquent Jane Philpott et Kim Pate dans un article de Policy Options, « les articles 29, 81, 84, 116 et 121 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition ont été spécifiquement créés pour faire sortir les gens des prisons pour résoudre des problèmes de santé, pour le développement personnel, pour des raisons de compassion ou pour le travail. Les articles 81 et 84 prévoient le transfère des détenus autochtones dans les communautés autochtones, mais pourraient également s’appliquer à d’autres personnes » (on souligne).

Dans ce contexte, nous exigeons des actions immédiates pour protéger la santé et la sécurité des détenus fédéraux. Plus précisément, nous avançons les revendications suivantes :

1. LIBÉRONS IMMÉDIATEMENT TOUS LES PRISONNIERS VULNÉRABLES : Toute personne de plus de 50 ans, immunodéprimée, enceinte, malade ou présentant une condition préexistante qui la rend à haut risque de mourir de la COVID-19.

2. LIBÉRONS TOUS LES PRISONNIERS, en commençant par ceux qui se trouvent dans les PRISONS DE SÉCURITÉ MINIMALE et les maisons de transition : Selon la logique même du Service correctionnel du Canada, ceux et celles qui se trouvent dans les prisons de sécurité minimale et les maisons de transition sont considéré.e.s comme présentant le moins de risques pour la sécurité publique, alors commençons par là. Laissons ceux qui ont une maison rentrer chez eux, garantissons une distance physique sûre entre les personnes dans les maisons de transition où les gens choisissent de rester, élargissons l’accès au financement de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) pour inclure les personnes qui sortent de prison, ouvrons les logements vacants pour ceux qui n’ont pas de maison.

3. PRENONS IMMÉDIATEMENT DES MESURES SANITAIRES ET PRÉVENTIVES POUR PROTÉGER LES PERSONNES QUI RESTENT EN PRISON : Fournissons gratuitement à chaque prisonnier du savon, du désinfectant pour les mains avec le taux d’alcoolémie approprié recommandé par l’Organisation mondiale de la santé, de l’eau de Javel, des produits de nettoyage et des outils d’auto-évaluation (comme des thermomètres), et transférons les prisonniers en sécurité maximale et moyenne dans les prisons minimales vides pour permettre une bonne distance physique.

4. ARRÊTONS LA LOGIQUE DE LA PUNITION. PRIORISONS L’ACCÈS CONTINU À LA COMMUNAUTÉ ET À LA FAMILLE POUR CEUX QUI RESTENT EMPRISONNÉS : Rendons gratuits les appels téléphoniques et les visites vidéo, autorisons les appels téléphoniques et les visites vidéo pour les bénévoles et les soutiens en dehors de la famille, donnons accès à des téléphones portables pour limiter l’utilisation des téléphones communautaires et pour que l’accès à l’extérieur soit maintenu en cas d’isolement médical, et ne verrouillons pas l’accès aux soutiens communautaires et familiaux. L’Organisation mondiale de la santé, soulignant l’importance de la communication avec l’extérieur, a déclaré que « les décisions de limiter ou de restreindre les visites doivent tenir compte de l’impact particulier sur le bien-être mental des détenus… L’impact psychologique de ces mesures doit être pris en compte et atténuée autant que possible et un soutien émotionnel et pratique de base pour les personnes affectées en prison devrait être disponible. »

5. DES SERVICES MÉDICAUX POUR TOUS : Veillons à ce que les services médicaux soient entièrement financés, accessibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et à ce que des professionnels de la santé supplémentaires soient engagés. Fournissons une formation, des EPI et des tests réguliers. Supprimons l’obligation d’avoir des gardes pour accompagner les prisonniers à l’hôpital. Ne pas envoyer les prisonniers dans des hôpitaux militaires spéciaux.

Qui devez-vous contacter?
À ce stade, vous pouvez appeler ou envoyer un courriel :
1. Anne Kelly – Commissaire du Service correctionnel du Canada: anne.kelly@csc-scc.gc.ca, 613-995-5781
2. Angela Connidis – Sous-commissaire pour les femmes, Service correctionnel du Canada: angela.connidis@csc-scc.gc.ca, 613-991-2952
3. Jennifer Oades – Présidente de la Commission des libérations conditionnelles du Canada: jen-nifer.oades@pbc-clcc.gc.ca, 613-954-1154
4. Bill Blair – Ministre de la Sécurité publique: Bill.Blair@parl.gc.ca
5. Kim Pate – Sénatrice faisant pression pour la décarcération: Kim.Pate@sen.parl.gc.ca
6. Marilou McPhedran – Sénatrice faisant pression pour la décarcération: Marilou.McPhedran@sen.parl.gc.ca
7. Jack Harris – NPD, porte parole Sécurité Publique: jack.harris@parl.gc.ca, 709-772-7171

Vous pouvez aussi utiliser le graphique (ici: demandprisonschange.wordpress.com) sur les réseaux sociaux! Tweetez à @csc_scc_en ET @csc_scc_fr avec les hashtags: ##Libérezlestous.

solidarité,
le collectif Termite

Social Virus

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Avr 122020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Début de la crise et Grande Répression

Cela a commencé en Chine. Des touristes, des banquiers, et d’autres, notables pour leur fortune, l’ont contracté. Le virus étant mortel, et requérant une médecine inconnue, l’on a voulu le contenir au plus vite, mais en vain.

Mon oncle fut parmi les premières victimes au Québec. Peu de temps après sa mort, mon père mourut aussi, sans avoir pu profiter de la fortune de son frère dont il venait d’hériter et sans avoir eu le temps de m’en faire à mon tour l’héritier…

Le virus se propage comme aucun autre connu. Au début de la crise, on disait « de façon aléatoire… ». On dit aujourd’hui que cela ressemble à une malédiction. Par habitude, on prôna l’évitement de la proximité, même si cela ne semblait pas le moyen de propagation du virus. En effet, puisqu’aucun cas n’était enregistré chez les serveurs, serveuses, les caissiers, caissières, bref chez ces travailleurs, travailleuses qui tâtent le moindre produit du capital pour le vendre, et autant de monnaie pour la remettre aux patrons, qui interagissent avec des centaines de gens par jour. Quand ce fut au tour des politiciens de tomber malades, alors qu’on n’enregistrait encore aucun cas chez les masses, on commença à s’intéresser avec zèle à l’origine du virus. Dans l’Est, on crut que c’était un coup des États-Unis. Aux États-Unis, on crut que c’était un coup de l’Est. Or réalisant bientôt que ni l’Ouest ni l’Est n’avait préparé un tel coup, on accusa une supposée Internationale révolutionnaire formée en secret.

La répression de tout regroupement à saveur anarchiste fut brutale. Si bien qu’on regretta de ne pas s’être effectivement organisé.e en Internationale secrète. Les autorités d’ici fermèrent d’abord l’UQÀM, lieu où, drôlement, elles soupçonnaient le plus d’« éléments séditieux ». Nos festivals, nos squats, nos cénacles, la police sabota le moindre de nos espaces. Les plus naïfs et naïves d’entre nous réalisèrent non seulement qu’il faillait bien que ces espaces aient été fortement surveillés déjà pour qu’on les sabote tous ainsi, systématiquement et dès l’émission de l’ordre, mais aussi, qu’il n’y a pas du tout lieu de penser pouvoir mener une activité révolutionnaire en toute sécurité sous domination. Du côté de nos camarades communistes, on vit flamber la Maison Norman Béthune le soir même de la déclaration du gouvernement contre la supposée Internationale. Les autorités sont allées jusqu’à persécuter dans leur demeure les camarades Côté et Gauthier, qui tenaient une librairie d’occasion à Salaberry-de-Valleyfield. Côté et Gauthier, qui apportaient tant à leur communauté par les ateliers qu’iels organisaient, par la distribution de savoirs, par toutes sortes de gestes solidaires, ont fini par mourir des blessures que leur ont infligées les gendarmes. Nous nous assurerons d’une transmission de leur héritage, c’est-à-dire les fruits de leur archivage que des proches conservent pour l’instant et, une fois Valleyfield définitivement gagnée, le maintient d’un lieu de rencontre et de savoir tel que Côté et Gauthier n’en ont jamais rêvé.

Ces écrasantes défaites, dont la liste est si longue qu’on ne saurait la transcrire au complet – je vous partage celles qui m’ont le plus directement touchées – valent mention en cas d’un retour à l’ordre ancien : s’exposer sans plan de secours a eu pour résultat la neutralisation par les autorités de camarades parmi les plus vaillants, vaillantes dès le commencement d’hostilités sérieuses. Et cela, sans qu’on ait pu faire quoi que ce soit pour empêcher ou prendre moins durement le coup. À noter que malgré que plusieurs membres de nos groupes prétendaient militer « au nom des masses », ces dernières ne furent d’aucune aide au commencement de la Grande Répression. Certes, les personnes itinérantes, les fugitives et fugitifs, les gens en refuges n’auraient de toute façon pas pu faire grand chose. Mais je parle de l’autre masse, celle des travailleurs, travailleuses quelque peu engraissé.e.s ou aspirant à le devenir ou entretenant une allégeance indéfectible envers la société de classes. Je parle de profs, d’employé.e.s d’usines, d’infirmières (contre toute attente) et de gens de cuisine! Tout ce spectre allant de l’aristocratie ouvrière à une confortable misère. Je parle de cette masse de traîtres qui ont largement diffusé et encouragé l’opinion du pouvoir à propos d’une crise qui, finalement, était la crise du pouvoir même. En effet, donc, notre exposition, nos façons d’aborder les masses au sein d’un système de domination auront à être repensées en cas de guérison de notre ennemi. Non pas que ces questions n’avaient jusqu’alors jamais été posées. Or on voit bien, à la lumière des événements récents, que ces questions n’avaient pas à être mises en dépôt, que nous révolutionnaires n’étions que toléré.e.s, que si la bourgeoisie nous avait combattu en fonction d’un danger moins grand, moins assuré que le virus, je ne serais pas là à rendre compte de la situation révolutionnaire dans Montréal et ses alentours.

Où en est-on?

Ce ne furent évidemment pas que les révolutionnaires confirmé.e.s qui souffrirent durement des mesures de sécurité bourgeoise. En Indonésie, l’État restreignit à ces agents l’accès à Internet. Tous les services de téléphonie y furent sommés d’enregistrer toute communication et des agents furent payés pour vérifier si le courrier papier ne contenait pas des marques de complots contre l’État. Ce n’est que tout récemment que nous avons pu entrer en contact avec des révolutionnaires de l’Indonésie, après des mois de silence de leur part. Plusieurs autres États ont suivi l’exemple et ont privé de contacts et de ressources des communautés sous prétexte qu’elles accueillaient des « éléments séditieux ». Aussi, dans tous les pays industrialisés, ce fut le confinement général renforcé par la police, la fermeture de tout sauf ce qui a trait aux besoins essentiels, puisqu’on ne savait pas encore si le virus n’allait pas s’attaquer aux masses et se transmettre ainsi davantage. Suite à cet ordre, plusieurs virent leur situation devenir encore plus précaire qu’elle ne l’était déjà : réduction des revenus, isolement en situation de violence conjugale ou parentale, empilement des charges émotives et de travail, etc. Heureusement, l’expérience indique que le virus avait bel et bien une destination et que celle-ci n’était pas le camp des dominé.e.s. C’est ainsi que le renversement de la classe dominante comme destin obligé pour l’atteinte d’une meilleure santé redevint, par un retournement que personne n’avait envisagé, une évidence; et qu’on donna malheureusement raison à cette publication d’avant la Grande Répression, au Lundi Matin : « l’humanité ne se pose que les questions qu’elle ne peut plus ne pas se poser. » Par ailleurs, si vous, travailleurs, travailleuses, et laissé.e.s pour compte, habitez dans une région du monde où la bourgeoisie est encore en puissance, et que vous avez heureusement accès à ce pamphlet, sachez que le virus, s’il demeure, aura vite raison de tout arrivisme. Dans tous les pays où le virus frappa durement, des membres de l’aristocratie ouvrière se sont dépêché.e.s à prendre la place des dominants défunts. Cela, à leur grand péril, comme ce fut le cas avec mon père. L’arrivisme perdure parce que des larbins, larbines sont en ce moment payé.e.s à développer des technologies et des traitements permettant une plus longue résistance au virus. Iels font croire ainsi à une pléthore de borné.e.s que la crise du pouvoir finira bien par passer, que « l’homme est un loup pour l’homme » et rien d’autre. Or à date, la plus longue résistance à la mort prévue fut d’un mois, et après trois semaines, le cerveau dégénère et le malade perd la mémoire, devenant inapte à remplir sa fonction de dominant.

No war, but class war

À l’heure qu’il est, c’est la guerre dans les rues de Montréal, et ailleurs. La police, malgré le déclin de ce pourquoi elle existe, patrouille arme au poing dans les quartiers qu’elle peut encore se permettre de patrouiller. Il faut les voir, les flics, avec leurs machins à respirer… Le mot d’ordre est que tant qu’un chef est proclamé, tant qu’on reconnaît à une personne sa propriété, on défendra le vieux monde. Or les faiseurs de lois et les extorqueurs sont de moins en moins forts et on reconnaît donc de moins en moins leur autorité; la classe dominante ayant perdu sa capacité de renouvellement, il ne reste au pouvoir, pouvoir s’amincissant de jour en jour, que des brutes assumées. C’est suite à un mois complet sans chef que les révolutionnaires sont sorti.e.s de leur trou : tout chef proclamé mourrait la nuit même de sa proclamation. C’est alors que la plupart des scientifiques mandaté.e.s à la recherche d’un antivirus reçurent pour tâche le simple rallongement de la vie des malades, afin que le monde ne sombre pas dans l’anarchie… Durant ce mois, aucune directive claire de la part des autorités. Les forces de l’ordre étaient laissées à elles-mêmes. Et nous réalisions enfin que le virus n’avait définitivement aucune intention belliqueuse à l’encontre de la classe des dominé.e.s. Le bioterrorisme imaginé au début de la crise était-il un fait? A-t-il existé une Internationale secrète qui, après son coup contre les dominants, a fait vœu de silence? Quoi qu’il en soit, les révolutionnaires ont fait, à la sortie de ce mois, ce qui devait être fait : nous nous sommes réuni.e.s et nous avons travaillé à une campagne de mobilisation pour la fin des sociétés de classes, applicable dans les plus brefs délais. Fini le confinement, finie l’attente du salaire. Le travail est à faire non plus selon les caprices d’une élite possédante, mais dans la mesure où nous avons tous et toutes besoin de logement, de nourriture, de loisir, de mener des projets personnels. C’est la guerre, donc, enfin. Le mois suivant fut le retour grandiose des révolutionnaires contre la police, contre tout ce qui nie la reconnaissance de nos besoins et désirs. Le premier meurtre d’un flic à Montréal fut lors du raid de l’épicerie Metro, à Hochelaga. Son corps pend encore sous l’enseigne. Le but avait été de réaménager l’endroit en une gigantesque cuisine et salle à manger commune.

Où en est-on?

Nous n’avons, ici à Montréal, aucune nouvelle des Wet’suwet’en qui bloquaient, dans l’ouest du pays, depuis bien avant la pandémie, la construction d’un pipeline. Il semble qu’iels aient disparu.e.s. Si vous avez de leurs nouvelles, prière, après l’obtention si possible de leur consentement, de le communiquer à des révolutionnaires. Nous devinons qu’il s’agit là d’un coup ordonné par la ridicule Union des Leaders, appareil étatique s’étant inféodé toutes les polices du pays et ayant annulé jusqu’à nouvel ordre toute élection par le peuple, se reconnaissant donc tous les pouvoirs dans le pays. Pour les anarchistes, le remplacement des partis par l’Union des Leaders fait peu de différence. Le gouvernement, le corps policier, qu’ils soient divisés ou non, sont liberticides. Bien sûr, l’aspect discrétionnaire de ce nouvel appareil en a fait souffrir plus d’un, plus d’une, nous le reconnaissons et nous travaillons à ce que les torts soient redressés. Or il faut admettre que cette possibilité n’est que dormante dans un État divisé, qu’elle est masquée, puisqu’il s’agit toujours bien, dans les deux cas, d’une classe qui en extorque une autre. À noter que des universitaires manifestèrent leur mécontentement lors de la formation du nouvel appareil politique, mais qu’iels se turent rapidement quand iels réalisèrent que cette fois-ci, les révolutionnaires ne prendraient pas les coups à leur place, vu leur état diminué. À ce propos, nous n’avons, depuis cet épisode, pas plus de nouvelles de Michel Lacroix, président du syndicat des profs de l’UQÀM. Et à vrai dire, nous nous en soucions peu. Nous avons autre chose à faire que de renouer avec celleux dont le travail payé était la reproduction par l’éducation des inégalités sociales. Prière de le communiquer à Lacroix s’il se sent encore l’âme d’un prof.

La semaine dernière, ce fut officiel : les flics, les soldats, les gardiens de prison, bref les défenseurs salariés des divisions sociales ne sont pas épargnés par le virus. Nous ne nous sommes alors plus gêné.e.s : nous avons fait sauter les murs de la prison de Laval. Cela aurait été impossible il y a quelques semaines. Ce qui reste de gouvernement avait donné l’ordre de fermer les villes et nos camarades lavalois, lavaloises avaient un effectif réduit. Or depuis que les effectifs du bras armé de l’État sont à la baisse, les frontières administratives sont devenues de véritables passoires et des camarades ont pu venir en aide aux révolutionnaires de Laval.

Certitudes et incertitudes

Selon le dicton, une victoire sans péril est une victoire sans gloire. Et force est d’avouer que le péril est moindre, puisque l’on sait que nos ennemis se mettent eux-mêmes en position de contracter le Social Virus (c’est son nouveau nom). Néanmoins, on ne saurait dire que la victoire proche des révolutionnaires ne sera pas glorieuse! Jamais dans ma vie je n’ai constaté une telle abondance de solidarité dans les rues, les milieux de travail. Face aux incertitudes que pose la vie, on a enfin décidé de prendre soin, de se respecter en reconnaissant les besoins et désirs de l’autre. Il n’y aura bientôt plus de gouvernement, plus de patrons, plus de flics, quoique le dernier fantôme du vieux monde puisse dire. Il n’y aura que des individus apprenant à s’organiser en fonction des intérêts de tous et toutes, une camaraderie se généralisant, parce qu’on réalise qu’il n’est pas nécessaire que le rapport à l’autre en soit un de compétition. À ce propos, rien de nouveau : « Deux hommes valent mieux qu’un seul, lisait-on déjà dans L’Ecclésiaste, car ils ont un bon salaire pour leur travail. En effet, s’ils tombent, l’un relève l’autre. Mais malheur à celui qui est seul! S’il tombe, il n’a pas de second pour le relever. » (Qo 4.5)

Parmi nos ennemis, seules les milices patriotiques ne semblent pas atteintes, du moins pas encore, par le virus. Nous n’attendrons pas que cela advienne. Comme j’ai dit, la vie est incertaine. Nous avons en cela le devoir de ne pas nous laisser avoir par le confort que nous procure une providence inconnue. Certains adeptes du vieux monde tentent de faire croire que le virus équivaut à une punition divine « pour avoir permis le ressassement d’idéologies victimaires. » Nous révolutionnaires pensons qu’il s’agit plutôt du dernier sursis accordé à notre cause. Et nous nous devons de lutter maintenant plus que jamais, ne pas attendre la possible guérison de nos ennemis, ou ce sera un douloureux recommencement pour celleux qui ont déjà tant travaillé au monde de demain, celui où la propriété ne sera plus qu’un fantôme, celui où l’économie nous servira plutôt que l’inverse.

Conclusion : continuons.

J’aimerais dire que tout est déjà gagné. Que le socialisme anarchiste et communiste a vaincu. Or je répète : la vie est faite d’incertitudes. Puisqu’on ne sait s’expliquer l’origine du virus, craignons un retour en force et inexplicable de nos ennemis, ne nous assoyons pas sur nos victoires et continuons de combattre, même s’ils sont à l’état de moribonds, les systèmes de domination. Aussi, adressons sérieusement, mais avec calme et recul, les tensions qui existent au sein de nos groupes – rien de trop hâtif ou découlant d’un défaitisme – afin que ne soient pas reproduites les inégalités sociales. Célébrons tout de même, car à quoi bon sinon?

À l’heure où j’écris ces lignes, adressées au peu de populations qui ne sont pas encore ouvertement en guerre contre la bourgeoisie et aux groupes isolés, des camarades de Montréal s’apprêtent à rejoindre des camarades innu.e.s pour la réquisition de la centrale hydroélectrique Manic-5. À l’heure où vous lirez ce pamphlet, l’unité de la milice patriotique gardant ce lieu aura été décimée.

Ceci conclut mon appel à continuer la lutte contre les sociétés de classes. Solidarité et courage, camarades : l’avenir radieux prend place.

Un membre de l’Association Révolutionnaire d’Hochelaga (l’ARH)