Montréal Contre-information
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Manifestation contre la brutalité policière 2018

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Jan 212018
 

Du Collectif Opposé à la Brutalité Policière

Depuis plus d’une vingtaine d’années, le C.O.B.P. invite les citoyens-ennes de Montréal à une manifestation afin d’exprimer une colère face à la police du Québec qui se nourrit de la répression, du profilage et de la brutalité de ce corps policier. Chaque année, nous émettons de multiples revendications et critiques par rapport aux méthodes d’intervention, aux abus et à l’impunité policière. Cette année ne fait pas exception : Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière vous invite à prendre la rue le 15 mars 2018 et à exprimer par tous les moyens nécessaires le refus de se soumettre à l’autorité coloniale et capitaliste qu’exerce la police. Il est important d’exprimer d’emblée que cette manifestation se déroule sur un territoire autochtone non cédé dont la classe politique du Québec s’accorde le droit d’imposer son autorité.

Les comportements policiers qui nous exaspèrent sont particulièrement nombreux. Cependant, cette année, nous trouvons primordial de dénoncer la complicité dont font preuve les policiers-ères du Québec face aux groupes d’extrême-droite, anti-immigration ou islamophobe. C’est à cause de cette complicité que les rassemblements de groupes racistes ont pu avoir lieu sans être perturbés par les contre-manifestations. En effet, la répression policière s’est exercée face aux contre-manifestations, au profit des rassemblements d’extrême-droite et néo-nazi. Le résultat est que des groupes anti-immigration, violents et pro-armes peuvent exprimer leurs propagandes sans trop de gêne.

Nous devons souligner aussi qu’une part de responsabilité de la montée des groupes d’extrême-droite doit être attribuée à plusieurs médias du Québec, qui s’efforcent de discréditer les idées et le travail des groupes antifascistes. Ils-elles osent même faire des comparaisons douteuses entre les moyens de pression des groupes d’extrême-gauche et les attentats très violents de l’extrême-droite. Comme si le triste attentat de la mosquée de St-Foy, ayant couté la vie de plusieurs innocents-es, n’avait jamais existé. Certains médias continuent de nourrir l’extrême-droite notamment en inventant de toutes pièces une histoire canalisant la colère raciste de groupes islamophobe contre une mosquée de Montréal.

Cette année, le C.O.B.P. veut exprimer ces sentiments de révolte face aux médias, à la montée de l’extrême-droite et face aux corps policiers du Québec. Nous appelons donc les citoyens-ennes du Québec à nuire par tous les moyens nécessaires à la montée de l’extrême-droite. Nous crions depuis des années que la police est au service des riches et des fascistes et cette année, le corps policier justifie plus que jamais cette affirmation.

C’est pourquoi, nous nous joignons à la lutte antifasciste et vous invitons à un 5 à 7 avec nourriture et prises de parole le 15 mars 2018 au Parc Lafontaine organisé par SOS itinérance, suivi à 19h30 de la manifestation annuelle contre la brutalité policière et sa police, dont le départ sera également au parc Lafontaine.

TOUT LE MONDE DÉTESTE LA POLICE… ET LES FASCISTES!

Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière

Manif de solidarité devant les prisons de Laval pour la nouvelle année!

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Jan 032018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le soir du 31 décembre, pour la sixième année consécutive, une manifestation de bruit s’est tenue devant les pénitenciers de Laval. Malgré le froid glacial, cette année fut marquée par la plus grande participation depuis les débuts de cette tradition. Plus d’une centaine de personnes ont marché au son des « Tout le monde déteste la police! », « Pour un monde sans prisons, ni centres de détention! » le tout accompagné de percutions, bannières, sifflets et feux d’artifices en grande quantité.

Le groupe s’est d’abord présenté devant l’Établissement Montée Saint-François (B-16), où la sécurité minimale permet d’entrer en contact plus direct avec les détenus, grâce aux fenêtres desquelles ils peuvent nous envoyer la main, voir les bannières et nous entendre. Le second établissement visité fut celui de Leclerc, l’ancienne prison fédérale désuète transformée en prison provinciale pour femmes en 2016 et qui était mixte jusqu’à cet été. La prison se trouvant très loin de la route, l’accès y est normalement empêché par la police, mais le grand nombre de personnes présentes a permis de déjouer avec joie les lignes policières, tout le monde se livrant à une course poursuite plutôt rigolote dans la neige, durant laquelle plusieurs policiers ont pu apprécier la fraîcheur de la poudreuse. Nous étions donc tout proche de la prison pour lancer une belle quantité de feux d’artifice. Simultanément, un autre groupe de personnes s’était glissé du côté opposé de la prison pour envoyer des feux d’artifice tout près des bâtiments où sont logées les prisonnières.

Le tout a continué devant le Centre de Détention pour personnes migrantes, rappelant l’importance de s’opposer au projet du Gouvernement Fédéral de construire un nouveau Centre de Détention pour personnes migrantes à Laval. Ce projet s’inscrivant dans un effort général d’augmenter la capacité d’emprisonnement et de déportation des personnes migrantes par l’Agence des Services Frontaliers du Canada (ASFA). Nous souhaitons un monde sans frontières, où tout le monde peut vivre dans la dignité. Emprisonner les personnes migrantes, leur refuser un endroit où vivre et les déporter dans des situations dangereuses sont des choses inacceptables contre lesquelles nous devons continuer à nous battre. Nous nous battons dans un contexte où l’extrême droite et les groupes fascistes s’organisent et prennent de plus en plus de place au Québec; un contexte où celleux qui résistent aux efforts de l’extrême droite sont arrêtéEs et criminaliséEs.

Le grand charivari a pris fin devant le Centre Fédéral de Formation, la prison à sécurité maximale. Le groupe s’est finalement scindé en deux pour le retour, moment où la police a profité du nombre réduit de gens pour faire une arrestation. La personne arrêtée a heureusement été relâchée le soir même, mais avec des charges.

Les prisons ont été créées pour isoler les gens de leurs communautés. Les manifestations de bruit devant les prisons sont un moyen concret de lutter contre la répression et l’isolement. Nous voulons transmettre un message de solidarité aux gens à l’intérieur et leur souhaiter une bonne année, même si une nouvelle année réellement heureuse en serait une sans les prisons et le système dépendant d’elles!

Bilan de la contre-manifestation du 25 novembre à Québec

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Déc 032017
 

De Montréal-Antifasciste

La manifestation conjointe de La Meute et Storm Alliance le 25 novembre 2017 s’annonçait comme la plus grosse manifestation d’extrême droite au Québec depuis les années 1930. Ses organisateurs attendaient un millier de personnes pour dénoncer la commission publique contre le racisme systémique, ironiquement déjà annulée le 18 octobre dernier par le gouvernement libéral).[i] Au final, si quantitativement les deux groupes et leurs alliés des groupuscules nationalistes, des Three Percenters, de la Northern Guard et des boneheads des Soldats d’Odin et d’Atalante, tous ensemble, n’auront même pas réussi à atteindre la moitié de cet objectif (de 300 à 400 tout au plus), qualitativement et symboliquement, cette mobilisation aura peut-être marqué un jalon pour la dérive fasciste dans la province. Une dérive soutenue de plus en plus activement par les forces policières, et dont plusieurs acteurs politiques « mainstream » se font complices.

Si cette année, à Montréal, le SPVM nous a habitué-e-s à servir de force de protection spéciale pour La Meute et d’autres groupuscules identitaires, jamais la complicité entre la police et les organisations d’extrême droite n’aura été aussi flagrante qu’à Québec ce samedi passé. Il n’est absolument pas exagéré de dire que le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a brutalement réprimé les antifascistes -à coups de bâtons et de boucliers, de gaz-poivre et d’arrestations « préventives »- DANS LE BUT PRÉCIS de permettre aux identitaires et aux fascistes (dont certains étaient ouvertement armés) de répandre leur haine et leur racisme sans opposition dans la Capitale. En diabolisant par divers moyens les contre-manifestant-e-s antifascistes, le traitement médiatique pré- et post-manif aura lui aussi contribué à légitimer et normaliser le discours toxique des groupes identitaires.

Quant à la mobilisation antifasciste et antiraciste, force est de constater qu’il resteénormément de travail à faire pour faire comprendre l’urgence et le danger du glissement actuel vers l’extrême droite, les différents groupes militants impliqués n’ayant pas réussi à mobiliser plus de 250 personnes pour contrer les fachos sur la colline parlementaire.

Une faible mobilisation du côté antifasciste

Premier constat important : le Rassemblement populaire contre la manif de La Meute et Storm Alliance à Québec!, judicieusement et fort habilement organisé par les camarades du collectif antiraciste ad hoc CO25 de Québec, n’a attiré que quelques centaines de personnes, y compris celles qui avaient fait le voyage de Montréal et comptaient pour un peu moins de la moitié du groupe. Des camarades du Saguenay, d’Estrie et d’ailleurs en province s’étaient aussi déplacé-e-s, mais en nombres assez modestes.

Si plusieurs facteurs objectifs ont effectivement nui à la mobilisation (le temps de l’année, la température et le temps de marde, l’heure de départ extrêmement matinale des bus de Montréal, etc.), il nous faut considérer sérieusement un certain nombre de facteurs complémentaires.

Il n’est pas fortuit que les médias grand public aient publié une série d’articles diabolisant « l’extrême-gauche » dans les jours précédant immédiatement la manifestation. Ce traitement négatif des militant-e-s antifascistes assimilé-e-s à l’extrême gauche s’inscrit dans une tendance lourde qui s’est empiré justement à Québec, le 20 août dernier. Une image négative des antifascistes est cultivée depuis un certain temps dans le domaine public, qui repose en grande partie sur une compréhension biaisée de la violence politique et sur la fausse équivalence entre extrême gauche et extrême droite.

À ce chapitre, il est indéniable que les événements du 20 août dernier, et certains incidents en particulier, ont beaucoup nui à la réputation du mouvement antifasciste, même dans certains cercles a priori sympathiques à la cause. Par contre, tout ne peut pas s’expliquer par l’action des médias. Il est clair que nous avons collectivement énormément de difficulté à briser l’hégémonie d’un certain discours légaliste, pacifiste et agressivement non-violent, que l’on pourrait qualifier d’« extrême centriste ». Cette espèce de monopole idéologique, caractérisé par une rigidité pseudo-éthique autour d’un centre mou idéalisé, profite essentiellement à l’extrême droite qui, dans son offensive de légitimation, prend grand soin de collaborer avec la police et de projeter une image de loi et d’ordre, malgré la violence infiniment plus grande et plus sinistre que contient son programme.

Autrement dit, puisque les forces étatiques, l’extrême droite, les médias et même certains acteurs progressistes se liguent pour diaboliser les mouvements antiracistes et antifascistes radicaux, ces derniers ont une énorme pente à remonter en matière d’éducation populaire et de déconstruction des mythes centristes.

En même temps, force est de constater que le racisme jouit d’un seuil de tolérance très élevé au Québec, surtout à l’extérieur de Montréal. Rappelons que la fameuse commission publique contre le racisme systémique – laquelle ne représentait d’aucune façon une menace radicale à quoi que ce soit – a été fortement critiqué par les deux principaux partis d’opposition et ensuite abandonné par le parti libéral, qui pour des raisons bassement électoralistes lui a substitué le concept bidon d’un « Forum sur la valorisation de la diversité et la lutte contre la discrimination ». La même semaine, les libéraux ont passé une loi islamophobe, la Loi 62, présentement contesté dans les tribunaux pour son caractère inconstitutionnel. Systématiquement, les sondages menés au Québec confirment une forte sympathie pour des thèses anti-immigrants et islamophobes au sein de la population, surtout dans des communautés où il y a peu (ou pas) de musulman-e-s ou d’immigrant-e-s, mais qui sont saturés par l’influence des médias poubelles qui sèment la peur de l’autre. Dans un tel contexte, l’hostilité aux antifascistes ne puise pas uniquement dans un conservatisme anti-gauchiste, mais aussi dans la xénophobie qui rejette et méprise tout ce qui n’est pas « de souche ».

Par ailleurs, la structure même des médias sociaux, dont nous dépendons trop souvent dans notre organisation, favorisent la création de chambres d’échos où les utilisateurs et utilisatrices finissent inévitablement par n’interagir presque exclusivement qu’avec des personnes partageant leurs idées et valeurs. Ce phénomène n’est certainement pas étranger à l’isolement accru de l’extrême gauche et de ses idées. La chambre d’échos identitaire semble actuellement beaucoup plus grande et influente que la chambre d’échos antiraciste, et chaque jour elle semble incorporer plus de monde. Il nous faut donc trouver d’autres moyens, et NÉCESSAIREMENT sortir des médias sociaux pour aller directement à l’encontre des communautés et casser cette tendance, à défaut de quoi l’antifascisme radical est peut-être condamné à une marginalisation chronique. Cela implique également, par nécessité, d’organiser et d’agir dans les mêmes communautés, villes et quartiers où l’extrême droite cherche à recruter.

Un rassemblement antiraciste « dans le sens du monde »

Sur une note beaucoup plus positive, nous voulons saluer le travail exemplaire des camarades de CO25. Le rassemblement populaire, s’il a finalement attiré peu de monde, a tout de même été un franc succès sur le plan organisationnel. Le repas préparé collégialement par des membres de l’IWW, du Collectif de minuit et de Bouffe contre le fascisme a été apprécié de tout-e-s, les discours étaient pertinents et appropriés, la sécurité au point et la piñata, une sympathique conclusion. De manière générale, la coordination entre les villes a profité d’une nette amélioration de nos communications! Mais il est évident que les conditions étaient loin d’être idéales… c’est rendu que même pour un innocent pique nique organisé pour dénoncer le racisme, il faille s’attendre à se faire poivrer! Si le rassemblement populaire s’est bien déroulé, on ne peut pas dire autant de la suite des événements.

Un face-à-face plus déséquilibré que jamais… bref récit des événements

Les paramètres « populaires » du rassemblement ayant été clairement communiqués, les participant-e-s à la mobilisation qui voulaient essayer de bloquer physiquement le cortège d’extrême droite ont attendu un peu après midi pour tenter un déploiement.

Suivant le leadership improvisé d’un petit groupe de manifestant-e-s, environ 200 personnes ont (trop lentement) contourné quelques flics désorganisés pour prendre la rue en direction de René-Lévesque. L’antiémeute du SPVQ s’est grouillée le cul juste assez pour improviser un cordon précaire à l’intersection de René-Lévesque et Honoré Mercier, et compte tenu du manque de combativité (peut-être suivant une appréciation prudente des conditions objectives…), les forces antifascistes n’ont pas insisté pour briser la ligne d’anti-émeute et ont plutôt décidé d’occuper l’intersection aussi longtemps que cela serait possible. Le cortège de la Meute et de Storm Alliance se trouvait à ce moment à quelque 150 mètres, devant le Centre des congrès.

Presque immédiatement, les flics ont reçu l’ordre de mettre leur masque à gaz, ce qui présageait d’emblée l’usage d’irritants chimiques. Après une dizaine de minutes, l’antiémeute s’est mise à avancer sur les antiracistes et à les repousser de plus en plus violemment vers la fontaine de Tourny, aspergeant généreusement la première ligne de gaz poivre, LITTÉRALEMENT pour dégager la place et permettre aux racistes de se rendre devant l’Assemblée nationale tel que prévu. L’attachement des flics au droit de manifester DES RACISTES en était presque émouvant.

Les camarades ont résisté courageusement, autant qu’elles et ils ont pu, mais ont éventuellement été repoussé-e-s vers la fontaine. Des clôtures de métal ont été traînées dans le chemin des flics et une solide volée de balle de neige est partie dans la direction des flics et des identitaires. C’était toutefois peine perdue, la majorité des contre-manifestant-e-s s’étant déjà dispersée à ce moment. La rumeur d’une souricière imminente a semé d’autant plus la confusion dans nos rangs et un repli s’est opéré vers les plaines d’Abraham, où un caucus a été improvisé, suite à quoi une partie des irréductibles est repartie dans la direction opposée pour tenter de contourner la flicaille et confronter La Meute plus loin. Une tentative louable, mais qui s’est malheureusement soldée par un échec. Presque au  même moment, la police procédait à l’arrestation de 23 camarades.

Le cortège d’extrême droite a ainsi pu revenir à son point de départ pratiquement sans opposition, toujours sous forte escorte policière.

La police et les médias ont plus tard rapporté que 21 autres personnes avaient été arrêtées « préventivement » en marge du rassemblement, peu après midi. Celles-ci sont accusé-e-s de complot dans le but de former un attroupement illégal et de port d’un déguisement dans un dessein criminel. La police a pourtant elle-même admis qu’aucun acte criminel n’avait été commis. Minority Report much? Certains camarades ont des accusations supplémentaires. 

La Meute, Storm Alliance, Atalante; même combat! La police au service des fascistes!

Le caractère historique de la mobilisation du 25 novembre, à notre avis, concerne la convergence ouverte et assumée de pratiquement tout ce que le Québec comporte de forces d’extrême droite. La Meute, et dans une moindre mesure Storm Alliance, par soucis de soigner leur image, avait jusque-là essayé de conserver une distance respectable avec des groupes ouvertement fascistes et suprémacistes comme Atalante et la Fédération des Québécois de souche. Cette fois-ci, ils n’ont pas hésité à les inviter cordialement à leur petit party dans la Capitale. Et aujourd’hui, sur la page Facebook Atalante Québec, les commentaires élogieux se comptent par dizaines de la part de membres affiché-e-s de la Meute, des SA, de Soldiers of Odin, etc[ii]. Voilà qui est très éloquent.

Soyons clairs : les militant-e-s d’Atalante sont des suprémacistes blancs, néofascistes purs et durs. Il n’y a aucune place à l’ambigüité ; ce groupe a été fondé en 2016 par des boneheads du milieu « Quebec Stompers », proche de Légitime Violence, un groupe musical avec des paroles édifiantes tels, « Ces petits gauchistes efféminés qui se permettent de nous critiquer n’oseront jamais nous affronter. On va tous les poignarder », et pour être plus clair encore, «Déroulons les barbelés, préparons le Zyklon B!», en référence au gaz utilisé dans les camps de concentration de l’Allemagne nazie. Atalante entretient des liens amicaux avec la scène de musique fasciste « Rock Against Communism », ainsi qu’avec le mouvement néofasciste Italien Casa Pound et, ici au Québec avec la Fédération des Québécois de souche et les cathos traditionalistes de la Société St- Pie X.

On a aussi constaté le présence des pseudo-miliciens des Three Percenters (III%), lesquels ont été aperçus à la manif munis de gants tactiques renforcés, de bâtons télescopiques et vraisemblablement de gaz poivre et d’autres armes dissimulées. Ce groupe est plus récemment établi au Québec; il s’agit d’une organisation basée surtout aux états unis mais avec des sections au Canada anglais, qui rassemble des conspirationnistes et des survivalistes derrière une paranoïa antimusulman et « antimondialiste ». Quelques jours à peine après leur sortie de samedi à Québec, plusieurs membres des « threepers » font partie du ramassis de salopards qui ont annoncé leur intention de faire une manifestation en faveur des armes à feu à l’école Polytechnique de l’Université de Montréal le 2 décembre 2017, soit quatre jours avant la commémoration annuelle de la tuerie de 1989 où 14 femmes ont été assassinées par l’antiféministe Marc Lépine.

On est d’ailleurs en droit de se demander pourquoi ces derniers n’ont pas été arrêtés à Québec (ou à tout le moins pourquoi leurs armes n’ont pas été confisquées) alors que la police a arrêté 21 contre-manifestant-e-s antifascistes sur une base strictement préventive, soulignant dans leur rapport aux médias avoir trouvé des armes dans les effets de certain-e-s militant-e-s… Et pourquoi les boneheads d’Atalante et des Soldats d’Odin ont pu se réunir et longuement s’exciter l’identité sur les remparts de l’esplanade sans être le moins du monde embêtés par la police… alors que l’anti-émeute s’acharnait à tours de bras sur les antifascistes à quelques mètres de là.

Ne serait-ce que la disposition physique des policiers dans l’espace suggère une complicité et une belle symbiose. Pendant toute la durée de l’événement, les policiers qui escortaient le cortège d’extrême droite faisaient dos aux manifestant-e-s identitaires et face aux militant-e-s antiracistes. Le SPVQ nous avait déjà un peu fait le coup le 20 août en communiquant aux organisateurs de La Meute des renseignements privilégié au sujet des militant-e-s de Montréal, extirpés de manière douteuse à un chauffeur d’autobus, les aidant ainsi à faire leur manif. Mais là, franchement, la complicité crevait les yeux!

Pas étonnant que les identitaires eurent applaudi chaudement les flics à la fin de leur manif…

Des médias complices…

Comme on pouvait s’y attendre, le traitement médiatique de ces événements laisse à nouveau fort à désirer, présentant encore généralement les antifas comme les méchants habituels, alors que nous étions objectivement les seul-e-s à subir de la violence! La plupart des médias ont repris sans poser de question les points de presse du SPVQ mettant par exemple l’accent sur les armes saisies et l’utilisation bien commode du mot « complot ». Nous avons également remarqué une différence importante entre les traitements de la manif produits par la presse anglophone et la presse francophone. La première n’a pas hésité, notamment, à qualifier la manif de la Meute et SA d’extrême droite, alors que la presse franco jouait d’euphémismes et tournait autour du pot… quand les journalistes ne confondaient pas carrément les différents groupes et leurs positions respectives (une journaliste de TVA a même dit que les gens d’Atalante étaient des antifas venu-e-s manifester contre La Meute!).Xavier Camus a produit un excellent billet sur le bien curieux traitement médiatique entourant les événements du 25 novembre.

Seule la CBC a cru bon relever que la police avait fait le sale travail pour les groupes d’extrême droite. Houssein Ben-Ameur, à notre connaissance, dans une chronique judicieusement intitulée À bas le fascisme!, a été le seul chroniqueur à remettre les pendules à l’heure sans se sentir obliger d’écorcher à la fois les racistes et les antiracistes.

Comme d’habitude, c’est du côté des médias indépendants qu’il faut se tourner pour avoir un point de vue un peu plus fidèle à ce qu’ont vécu et ressenti les militant-e-s antiracistes et antifascistes sur le terrain. La vidéo de MADOC est à ce titre exemplaire.

Dur bilan

Au final, il est difficile de conclure au succès du camp antifasciste et antiraciste. Il est certain qu’une mobilisation modeste vaut mieux que pas de mobilisation du tout, et que nous avons en dépit de toute l’adversité réussi à exprimer une opposition claire à la venue de ces groupes racistes à Québec. Si samedi ne fut pas une victoire pour nous, ça aurait été bien pire s’il n’y avait eu aucune opposition. Il est aussi vrai que sans l’action de la police collabo, même cette modeste mobilisation aurait sans doute considérablement perturbé l’adversaire. Mais ça ne suffira pas. Pour endiguer la dérive fasciste, il nous faudra redoubler d’effort, autant sur le plan de la mobilisation que sur celui de l’information et de l’éducation. De plus, il nous faudra trouver de nouveaux moyens d’intervention, de nouvelles pistes pour mobiliser et sortir des rangs de la gauche convaincue pour aller rencontrer et échanger avec de nouveaux et nouvelles camarades.

Le principal point positif qui ressort de cette mobilisation est le resserrement des liens entre les militant-e-s antiracistes et antifascistes de Montréal et de Québec, et aussi d’ailleurs dans la province. Il va sans dire que nous avons le devoir de bâtir sur cette nouvelle base des réseaux toujours plus solides et efficaces.

Quelques réflexions en vrac :

  • La complicité de la police est un problème qui n’est pas près de disparaître. Le fait que le nouveau chef de la sécurité de La Meute soit lui-même un ancien policier de carrière (de la région de Québec) ne devrait pas nous étonner. Il devient de plus en plus difficile d’ignorer le fait que ces groupes identitaires doivent très certainement compter dans leurs rangs des membres des forces de police, et possiblement du système de justice. Des recherches plus soutenues doivent être menées à cet égard.
  • La convergence des forces d’extrême droite observée le 25 novembre peut paraître inquiétante, mais elle n’est pas sans comporter certains avantages. Le masque tombe : certaines prétentions des chefs de La Meute perdent en crédibilité, et les allégeances racistes sont de plus en plus évidentes. Il nous faut insister sur ces liens et ces allégeances.
  • Il faut mieux nous entraîner aux déploiements tactiques. Certaines décisions prises dans le vif de l’action se sont avérées assez discutables. Notamment, avant de crier à l’encerclement imminent, il est important d’en être tout à fait certain, parce qu’une telle alerte a toujours automatiquement un effet démobilisateur et il est évidemment malheureux que nos cortèges se démembrent parce que de mauvais câlls ont été lancés. Dans le même ordre d’idée, il serait important qu’une meilleure communication, ou éventuellement un transfert de compétences, s’opère entre les militant-e-s ayant plus d’expérience et les plus nouveaux et nouvelles. Ceci présente évidemment des défis en matière de sécurité auxquels il faut aussi réfléchir avec sérieux.

 

[i] Et aussi comme feuille de vigne en appui à « Seb », un homme québécois dont la femme (une « immigrante potentielle légitime ») à de la misère à immigrer au Canada

[ii]              Rappelons d’ailleurs que Dave Tregget, le boss de Storm Alliance, était lui-même président des Soldats d’Odin il y a à peine un an et ne se cachait pas d’être en bons termes avec les stompers et Atalante. Tregget a passé les derniers mois à nier être raciste sur toute les tribunes, mais qui ose encore le croire quand lui et ses chummys sautent dans le même lit qu’Atalante à la première occasion? Tregget est un menteur et un manipulateur, et il serait temps que les médias s’en rendent compte.

Anti-raciste, anti-police

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Nov 112017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 7 novembre dernier, aux petites heures du matin, nous avons fracassé la vitrine du magasin PSP Corp., un fabricant et distributeur d’équipements de police et de sécurité qui fournit les forces policières de la région de Montréal. Nous avons ensuite aspergé leur marchandise de peinture bleu à l’aide d’un extincteur. Cette action était à la fois anti-raciste, contre la police, et contre les entreprises de sécurité privé qui sont complices de l’infrastructure policière dans nos quartiers. La police et leurs assistants sont en première ligne du maintien violent de l’ordre social suprémaciste blanc et de l’autorité coloniale de l’état et du capitalisme. Suite à la montée de l’extrême droite au Québec, la police a défendu les racistes tout en leur permettant de répandre leur haine. L’extrême droite supporte et encourage le maintien et l’expansion de l’état policier et des mesures de surveillance qui visent systématiquement les gens racisé.e.s et de classe ouvière. De défoncer la fenêtre de PSP Corp. et de détruire leur marchandise est une façon de nuire à la surveillance et aux infrastructures policières dans nos quartiers.

Cette action a été faite dans le cadre de la grande manifestation contre le racisme et la haine du 12 novembre. Le racisme existe au quebec. Les technologies de sécurité et de surveillance et les industries qui en découlent appartiennent à un état et une société bâtis par l’exploitation, la suprématie blanche, le patriarcat, et le tout sur des terres volés.

Solidarité avec les militants antifascistes arrêtés à Québec!

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Sep 182017
 

De Montreal-Antifasciste

Nous souhaitons exprimer notre solidarité inconditionnelle avec les personnes qui ont récemment été arrêtées à Québec en vertu d’allégations liées à la mobilisation antifasciste du 20 août dernier. Nous ne connaissons pas d’autres détails que ce que nous avons lu dans les médias, mais il nous apparaît clair que ces arrestations s’inscrivent dans une volonté, par la police de Québec et le maire Labeaume, d’intimider les antifascistes et d’étouffer notre résistance contre l’extrême droite. Aux arrêtés, et à tous ceux et toutes celles qui pourraient être ciblé-e-s à l’avenir : restez fort-e-s et dites-nous ce que nous pouvons faire pour vous aider.

De manière plus générale, si vous lisez ceci : il faut garder en tête que la menace que représente l’extrême-droite est multidimensionnelle et que la réponse antifasciste doit l’être tout autant. Il est fort probable que nous soyons visé-e-s par la criminalisation et la répression. Si vous (ou une personne que vous connaissez) avez été arrêté-e ou faites face à des accusations en raison de votre opposition à l’extrême droite, nous vous encourageons à nous contacter à alerta-mtl@antifa.zone. Nous pouvons recommander des avocat-e-s et ferons tout notre possible pour vous aider.

TRÈS IMPORTANT : Ne nous envoyez pas par courriel des renseignements qui pourraient être utilisés pour vous incriminer d’une façon ou d’une autre. Nous ne sommes pas des avocat-e-s et vos échanges avec nous ne sont pas légalement à l’abri d’une surveillance policière. Contactez-nous pour solliciter notre aide, mais ne fournissez pas de détails au-delà des accusations qui pèsent contre vous (par exemple, ne dites pas « Je l’ai fait! »).

La justice et Jean-Pierre Lizotte, poète de la Prison de Bordeaux

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Sep 062017
 

Il y a dix-huit ans, le 5 septembre 1999, Jean-Pierre Lizotte tombait sous les coups d’un agent du Service de police de la Ville de Montréal. Je partage aujourd’hui un article que j’ai écrit en 2008 (publié en anglais dans la Gazette de Montréal, mais également distribué en français) concernant la « Poète de la Prison de Bordeaux ». RIP Jean-Pierre Lizotte!

C’est dans les pages d’opinions du journal La Presse que s’exprimait récemment Micheal Stober, avocat de l’agent de police Giovanni Stante, impliqué dans la mort de Jean-Pierre Lizotte en 1999. Monsieur Stober y faisait état de son indignation face à la lettre d’opinion de Serge Lareault, éditeur et directeur général du journal « L’itinéraire », publiée dans son édition du 21 août, 2008. Il affirme que le commentaire de M. Lareault donne aux lecteurs et aux lectrices «l’impression fausse que M. Lizotte a été victime de brutalité policière. »

M. Stober répète qu’en 2002, l’officier Stante a été acquitté par jury de l’accusation d’avoir utilisé une force inappropriée, puis innocenté par le Comité de déontologie policière au mois d’août dernier.

Que Giovanni Stante ait été acquitté, voilà qui est un fait que personne ne conteste. Il demeure cependant pertinent, voire nécessaire, de remettre en question le comportement de la police de Montréal, de même que ses méthodes qui semblent permettre des choses comme de frapper un homme non-armé pendant que quelqu’un le retient. Un autre fait incontestable qu’on aurait pu porter à l’attention des lecteurs et des lectrices est que la police a attendu 53 jours avant de révéler publiquement la mort de Jean-Pierre Lizotte.

De tous les témoins des événements survenus au petit matin du 5 septembre, 1999, le seul qui ne pourra jamais donner sa version des faits est Jean-Pierre Lizotte lui-même ; il a perdu la vie suite aux blessures graves qui lui ont été infligées ce matin-là.

Près d’une décennie après l’incident, et prenant toujours vigoureusement la défense de l’agent Stante, M. Stober mentionne le long dossier criminel de Jean-Pierre Lizotte. Les absents ont toujours tort, ne dit-on pas ?

Malgré deux décennies d’allers-retours entre la rue et la prison, Jean-Pierre Lizotte, aujourd’hui absent, en avait long à dire. Heureusement pour lui, il en a dit beaucoup et de manière émouvante et perspicace. Il mérite d’être représenté dans ces pages, au moins autant que l’agent Stante par l’entremise de son éloquent et talentueux avocat.

Grâce aux Souverains anonymes, une émission de radio remarquable qui encourage la créativité des prisonniers de Bordeaux, les paroles de Jean-Pierre Lizotte ont pu être conservées.

En apprenant son décès, les producteurs des Souverains anonymes se sont souvenu d’une note que Lizotte avait écrite à Abla Farhoud, québécoise originaire du Liban, auteure et comédienne de théâtre, qui avait participé à l’une des émissions diffusées depuis la prison de Bordeaux. Lizotte réagissait aux mots d’un des personnages principaux du roman de Farhoud, Le bonheur a la queue glissante, qui remarque que «Mon pays, c’est là où mes enfants sont heureux.»

En tant qu’activiste impliqué dans la défense des droits des immigrants, plongé constamment dans les luttes de justice pour les personnes migrantes et indélébilement marqué par l’expérience d’immigration de ma propre mère, la réaction de Lizotte me touche, surtout lorsqu’il cherche un terrain commun tout en faisant le lien avec sa propre vie. Ses phrases valent d’être citées dans leur intégralité :

« Salut Abla, je m’appelle JP Lizotte. Depuis 21 ans que je reviens en dedans, la prison est devenue mon pays. Quand je la quitte je deviens immigrant ! Je ressens tout ce qu’un immigrant peut ressentir lorsqu’il s’ennuie de son pays d’origine. Quand je suis en dedans, je veux sortir dehors. Et quand je suis dehors, je m’ennuie du dedans. Parfois je me dis  » si j’avais eu une grand-mère ou un grand-père, les choses seraient peut-être différentes pour moi « . Mais comment avoir une grand-mère alors que je n’ai presque pas eu de mère ni de père. Les souvenirs que j’en garde font pleurer. Alors, je ne te les raconterai pas. Mais une grand-mère comme celle de ton roman, ce n’est pas donné à tout le monde. Alors, je dis à ceux qui ont une grand-mère ou un grand-père, profitez-en. Merci. »

Ses amis en prison l’avaient surnommé ‘le poète de Bordeaux’ ; Jean-Pierre était un écrivain prolifique. Le style de ses poèmes en rimes, souvent empreint d’humour, met en vers des thématiques profondes et intimes : son enfance difficile, le manque d’affection de la part de sa mère, l’alcoolisme de son père, la dépression, son diagnostic de VIH, les problèmes liés aux drogues, et des sujets comme la musique, la prison et la révolte. Il a même rédigé ses mémoires d’itinérance, une œuvre encore inédite intitulée Voler par amour, pleurer en silence.

Il y a évidemment des raisons sous-jacentes, mais compréhensibles, qui expliquent les nombreux allers-retours de Lizotte en prison pendant près de 20 ans. Celles-ci remontent bien plus loin que la liste des offenses criminelles mentionnées, hors contexte, par l’avocat de Stante.

Jean-Pierre Lizotte vient d’une réalité difficile, qui remonte à son enfance et qu’il décrit avec candeur dans ses poèmes et ses autres écrits. Tard dans la nuit du 5 septembre 1999, sur un tronçon huppé et branché du Boulevard St-Laurent, la réalité de Jean-Pierre Lizotte s’est heurtée à celle, contrastante, de la clientèle des restaurants, des portiers et des agents de police. Lizotte, parait-il, était la cause d’une perturbation telle qu’il a dû être immobilisé, retenu fermement et frappé à au moins deux reprises, selon le témoignage de l’agent Stante lui-même (des témoins ont rapporté que Lizotte a été frappé ‘à plusieurs reprises’ et avec excès). Des témoins oculaires disent avoir vu une flaque de sang au sol ; un autre raconte que Lizotte a été jeté ‘comme un sac de patates’ dans une fourgonnette de police.

L’officier Stante a été dûment acquitté par un jury en 2002, comme l’ont été les policiers impliqués dans l’agression de Rodney King ou, plus récemment, ceux qui ont mortellement tiré sur Sean Bell, un homme non-armé, le jour de son mariage. Il n’est pas étonnant que des policiers soient innocentés (si même ils sont accusés !) dans un système de justice qui demande une preuve « hors de tout doute » pour les inculper.

Que serait-il arrivé si une caméra avait filmé les événements devant le Shed Café cette nuit de 1999, au lieu qu’on doive se fier aux récits imparfaits et contradictoires des témoins de la scène, à 2h30 le matin ? Comment tout cela aurait-il tourné si Jean-Pierre Lizotte s’était présenté à la salle d’audience et devant le jury, paralysé et dans un fauteuil roulant ?

Au procès de Stante, comme récemment dans ces pages, l’avocat Stober fait le procès d’un homme mort qui ne peut plus se défendre. Jean-Pierre Lizotte assumait ouvertement qui il était. Il est simplement minable de tenter encore de réduire Jean-Pierre Lizotte, le résumant à un ‘criminel’ sans-abri ; au chapitre de la dignité humaine, il affichait pourtant une remarquable opulence.

– Jaggi Singh (septembre 2008), membre de la Coalition Justice pour les victimes de bavures policières (Justice for Victims of Police Killings) et Solidarité sans frontières (Cité sans frontières / Solidarity City / Ciudad Solidaria (Montréal))

Déclaration de Freddy Stoneypoint

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Août 172017
 

Déclaration de Freddy Stoneypoint telle que livrée à ses avocats Me Riahi et Me Desvignes.

« En tant que représentant des protecteurs de l’eau Bawating, mon seul souhait est d’activer mon être cérémoniel en défense de la terre et de l’eau par des moyens pacifiques. Je ne suis pas un activiste, je suis un homme Anishinaabe qui travaille à protéger le territoire pour les générations futures. Je remercie tous les gens qui me supportent afin de construire un meilleur futur pour tous sur l’île de la Tortue. Demain à 10h30 je recevrai une décision concernant mon audience de remise en liberté. »

Urgent : Fond légal et manifs de solidarité pour Freddy Stoneypoint, un Défenseur de la Terre Autochtone

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Août 162017
 


Il y a un besoin urgent de fonds pour la défense légale de Freddy Stoneypoint, un homme Anishinaabe arrêté lundi soir dernier dans un raid de police contre le blocage contre la fracturation sur le terreitoire Mi’gmaq au soi-disant « Québec ».

Des barricades ont été érigées et le site a été bloqué pour plus d’une semaine avant que le camp ne soit attaqué par l’unité tactique de la Sûreté du Québec. Les protecteurs et protectrices de la terre et de l’eau font toujours face à la machinerie de la police, au service des compagnies pétrolières. Les défenseur.es auront besoin de toute le support et la solidarité pour que la lutte réussisse à bloquer la destruction des territoires.

Freddy fait face présentement à des accusations d’entrée par effraction, de méfait de plus de 5000$ et de vol de plus de 5000$, et sera détenu au moins jusqu’à jeudi, date à de sa comparution en cour. Il est détenu à la prison provinciale de New Carlisle.

Freddy a démontré avec consistance une force morale, une détermination et une force de conviction inspirantes dans la lutte pour la souveraineté autochtone et la défense de la terre, de l’air et de l’eau dont dépendent toutes les espèces animales, les humains et les générations futures.

Il est maintenant temps pour tous.tes ceux.elles d’entre nous qui nous reconnaissons dans cette lutte d’aider à la défense de Freddy contre l’attaque du système de justice colonial « Canadien ». Nous affirmons qu’il n’y a pas de séparation entre bons et mauvais au sein des protecteurs et protectrices de la terre et de l’eau. Plutôt, la ligne de fracture se situe entre, d’une part, ceux et celles qui veillent sur les territoires et, d’autre part, les partisans des ravages de l’économie extractiviste.

Rejoignez-nous Jeudi, le 17 août à 1hpm en face du Palais de « Justice » de Percé pour une manifestation en support à Freddy Stoneypoint dans sa lutte légitime. Facebook ici.

Si vous êtes à Montréal, vous pouvez vous joindre à la manif de solidarité du côté nord du Parc des Faubourgs (près du metro Papineau) à 13h! Facebook ici.

Il y a un besoin urgent de fonds pour payer les frais légaux de Freddy et les coûts de voyage de son équipe légale. S’il-vous plaît, contribuez selon vos moyens. Youcaring ici.

Dernière heure: les gens n’aiment toujours pas la police

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Juil 102017
 

From Instagram

Le matin du 21 juin dernier, une voiture de police a été attaquée avec des briques dans le quartier de Pointe-St-Charles. Les circonstances de l’attaque sont inconnues puisqu’elles n’ont pas été raportées par le SPVM ou les médias. À quelle fréquence de tels actes arrivent-ils sans que personne n’en entende parler, parce qu’elles sont invisibilisées par les institutions contrôlant les flux d’informations ?

Il est impossible de dire ce qui a inspiré une telle action hier matin, et nous désirons éviter le piège d’y apposer un narratif politique qu’elle n’en a pas nécessairement un. Néanmoins, entendre parler de cette voiture de patrouille détruite nous a inspiré et procuré des sentiments d’allégresse. Nous publions cette photo, parce que peu importe les circonstances, il est encourageant de voir des gens répliquer contre un vieil ennemi.

Pointe-St-Charles se gentrifie rapidement, et la présence policière a augmenté pour faciliter le nettoyage social que la gentrification requiert. L’année dernière, à Pointe-St-Charles, des anarchistes ont rendu hors d’usage une voiture de police en employant des tactiques similaires à celles d’hier, et ce en plein jour.

Nous espérons voir la résistance se multiplier face à la violence quotidienne de la police. Nous voulons que la peur change de camp.

Recettes pour des actions directes nocturnes

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Mai 242017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

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« L’action directe, c’est tout simplement disposer du problème de l’intermédiaire : résoudre les problèmes soi-même plutôt que de faire des demandes aux autorités ou se reposer sur des institutions externes. Toute action qui contourne les régulations et la représentation pour accomplir directement ses objectifs est une action directe – ça inclut tout, du blocage des aéroports à l’aide apportée aux réfugié.es pour s’échapper et être en sécurité jusqu’à l’organisation de programmes pour libérer ta communauté de sa dépendance au capitalisme. »

A Step-by-Step Guide to Direct Action: What It Is, What It’s Good for, How It Works

Nous croyons que les plus grands obstacles sont sociaux lorsqu’il s’agit de la participation à des actions directes : trouver des camarades pour construire des groupes affinitaires requiert du temps, de la patience et de la confiance (voir How to Form an Affinity Group: The Essential Building Block of Anarchist Organization). La recette présentée ici assume que vous avez déjà des gens avec qui vous pouvez préparer des coups.

Avant d’avoir fait une action directe durant la nuit, on hésitait à commencer. Il n’y avait personne pour nous enseigner les éléments de base, et on avait peur de faire des erreurs stupides qui auraient pu être facilement évitées. Pour cette raison, nous désirons partager quelques trucs logistiques qui pourraient s’avérer utiles à la réalisation de ces actions.

Avis de non-responsabilité légale : Toute information contenue dans cette publication est pour fin éducationnelle seulement, et ne condamne ni n’encourage toute activité illégale.

1. Le secret, c’est commencer

D’abord, tu as besoin de choisir la cible de ton action directe et la tactique que tu utiliseras. Pour cette recette, même si les cibles varient beaucoup, nous allons utiliser un exemple classique : éclater les fenêtres d’un commerce gentrificateur dans un quartier urbain.

Pense à ce que l’action communiquera aux gens que tu n’as jamais rencontré – des complices potentiels au citoyen le plus passif. Quelles possibilités cette communication peut-elle ouvrir? Par exemple, dans la dernière année, les nombreuses attaques contre des commerces de luxe dans Hochelaga et St-Henri ont communiqué une résistance à la gentrification, ont diffusé des signaux de désordre (voir Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis) qui rendent visible la lutte des anarchistes contre le contrôle social, et dans certains cas, ont contribué à la fermeture de ces commerces.

Des introductions à la « culture de sécurité » sont disponibles ailleurs (voir What is Security Culture?), alors nous nous contenterons ici de rappeler de planifier tout le nécessaire en personne, avec des gens de confiance, à l’extérieur de maisons et sans la présence de téléphones (les deux étant vulnérables à la surveillance policière).

Lorsque nous avons commencé à faire des actions nocturnes, nous avons trouvé utile de commencer par des activités moins risquées comme le graffiti ou l’affichage, ce qui nous as tout de même permis de pratiquer le même type d’habitudes de communication que celles qui seraient plus tard appliquées lors des attaques. Ça nous a aidé à mieux connaître et à nous sentir plus confortables avec nos capacités à agir dans des conditions stressantes (rencontres avec la police, fuites, etc.) et dans les relations entre nous.

2. Repérage

Faites du repérage autour de la cible à l’avance. Trouvez les routes d’arrivée et de sortie les plus sûres, priorisez les chemins avec le moins de caméra possible (des ruelles, des boisés, des pistes cyclables, des coins résidentiels). Si vous coupez un trou dans une clôture avec des pinces monseigneur, est-ce que ça ouvrira des possibilités? À travers les différents objectifs de votre rébellion, amusez-vous à subvertir les plans d’aménagement urbain conçus pour le contrôle social.

Soyez discrets. Ne pointez pas du doigt les caméras que vous voulez détruire, ne faites pas des cercles en marchant autour de la cible. Choisissez l’emplacement de ceuzes qui feront le guet (si vous pensez en avoir besoin), par exemple quelqu’un qui fume une cigarette à un arrêt d’autobus et qui n’est pas sur caméra. Comment pourront-illes communiquer avec ceuzes qui font l’action : faire des signes avec les mains, crier des noms aléatoires et subtils pour indiquer différentes situations, utiliser des walkie-talkies, des lampes de poche, des téléphones burner (voir Burner Phone Best Practices)?

Connaître les mouvements de trafic à l’heure de l’action peut aider. Y a-t-il beaucoup de piétons? Où est la station de police la plus proche, et quelles sont les rues où il y a le plus de patrouilles? Faire l’action à 3ham lors d’une nuit pluvieuse signifie qu’il y aura moins de témoins, mais aussi que moins de gens seront présents dans les rues pour vous dissimuler si la police décide de fouiller le secteur, alors parfois c’est plus intéressant d’agir vers minuit. Une fois que vous serez plus confiant.es avec les actions nocturnes, peut-être voudrez-vous expérimenter avec des actions en journée, qui sont plus visibles pour les passant.es et alors plus difficile pour les autorités à invisibiliser, comme l’auto-réduction dans un commerce à St-Henri en mai 2016. Assurez-vous de laisser passer une ou deux semaines entre le repérage de la cible et le moment de l’action puisque c’est la moyenne de temps avant que des données plus récentes n’écrasent les enregistrements des caméras de surveillance.

3. Choix fashion! (et autres préparatifs)

Portez deux couches de vêtements : une couche pour l’action incluant une capuche et un chapeau, et une différente couche en dessous pour ensuite éviter de correspondre à la description des suspects. Fondez-vous dans la faune locale : ça ne fait pas de sens d’être habillé en punk dans un quartier bourgeois, mais ça fait du sens d’être en vêtements de jogging fluo si vous êtes en train de courir sur une piste cyclable. Des vêtements amples aident à dissimuler vos caractéristiques corporelles. Un chapeau et une capuche vous gardent relativement anonymes lorsque vous approchez du point initial – la plupart des caméras point vers le bas, votre face sera donc obscurcie en majorité lorsque vous regardez vers le sol.

Vous pouvez porter un masque complet pour les quelques derniers blocs à parcourir et au cours de l’action elle-même (voir Quick Tip: How to Mask Up). Dépendamment du terrain et de l’emplacement des caméras, vous pourriez vous permettre d’attendre jusqu’à quelques instants avant l’action pour vous masquer pour éviter d’éveiller les soupçons trop tôt.

Assumez que vous serez vu.es sur caméra durant l’action. Ne soyez pas trop paranoïaques à propos des caméras aux alentours – une caméra standard de la ville a une piètre résolution dans l’obscurité, si la police va jusqu’à obtenir les vidéos avant que les enregistrements ne soit écrasés automatiquement par les données plus récentes. Chaque surface de tous les outils qui seront utilisés devrait être nettoyée soigneusement à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes digitales, et des gants de coton devraient être utilisés lors de l’action (les gants de cuir et de nylon retiennent les empreintes digitales sur leurs parois intérieures). N’amenez pas votre cellulaire, ou si vous le devez, retirez la batterie puisqu’il continue à géolocaliser même lorsqu’il est éteint.

Établissez à l’avance un plan au cas où un citoyen interviendrait, ou vous suivrait dans le but d’appeler la police. Le poivre de Cayenne a fait des merveilles pour nous, mais si ça vous semble trop intense comme réponse immédiate, la plupart des gens peut être dissuadée en étant verbalement confronté par un groupe masqué.

4. L’heure des sorcières

Une fois que les guetteurs.euses sont en place et qu’illes se sont mis.es d’accord sur un signal de départ, regardez une dernière fois autour de vous, et allez-y! Pour briser les fenêtres d’un commerce gentrificateur, amenez assez de roches pour plusieurs fenêtres, visez les coins au bas des fenêtres, et assurez-vous d’avoir fini d’agir une trentaine de secondes après qu’ait éclaté le premier pan vitré. Si vous désirez aussi mettre de la colle dans les serrures, bombarder leur enseigne de peinture (voir Balles de peinture : des ampoules remplies de peinture), détruire les caméras (voir les conseils dans Camover Montreal), écrire un message en graffiti (en MAJUSCULES carrées pour cacher les particularités du style d’écriture), ou quoi que ce soit d’autre qui est relativement silencieux, faites-le avant de chahuter en brisant les fenêtres, ou planifiez qu’un.e ami.e de plus le fasse simultanément.

Débarrassez-vous de tout, incluant la couche supérieure de vêtements, le plus rapidement possible, à la première place appropriée sur votre voie de sortie – les flics ont des lumières qui révéleront les éclats de verre sur vos vêtements (ce qui est plus un problème si vous utilisez un marteau plutôt que des roches). Trouvez des cachettes créatives à l’avance pour cacher ce que vous ne voulez pas que la police trouve, mais tant qu’il n’y a pas d’empreintes digitales sur votre équipement et vos vêtements, ça ne devrait pas déranger. Les tactiques incendiaires sont l’exception à cela, puisqu’il y a plus de probabilités qu’ils fassent des analyses ADN. Dans ce cas, vous voulez ramener tout avec vous dans un sac à dos et vous assurer d’en disposer plus loin.[1. Notes sur les analyses ADN : un principe de base est de ne jamais toucher (ou contaminer autrement avec des cheveux, de la sueur, des cellules de peau, des pellicules, de la salive, etc.) toute chose qui sera laissée derrière, puisque contrairement au empreintes digitales, l’ADN ne peut être éliminé. Des gants chirurgicaux (vendus dans plusieurs pharmacies) utilisés avec des techniques stériles (apprises sur youtube) peuvent vous permettre de manipuler des matériaux sans les contaminer après qu’ils aient été sortis de leur emballage. Ceci devrait être accompagné du port d’un casque de bain ou d’un chapeau très serré pour les cheveux, d.un masque chirurgical pour prévenir les particules aériennes de salive, et d’un chandail à manches longues que vous n’avez jamais porté auparavant et dont les manches sont recouvertes aux extrémités par les gants (ou peut-être mieux encore, des combinaisons utilisées pour l’élimination des moisissures et de l’amiante). Travaillez sur une surface surélevée pour ne pas avoir à vous pencher sur les matériaux. Soyez accompagné d’une deuxième personne (qui prend les mêmes précautions) qui fera tomber les matériaux en dehors de leur emballage sur le « champ stérile » (vous pouvez utiliser un rideau de douche par exemple), afin qu’une fois stériles vous ne contaminiez pas les gants avec les emballages que vous auriez pu toucher. Pour transporter vos matériaux, scellez-les dans un sac de poubelles.]

Idéalement, même si vous êtes attrapé.es par la police alors que vous fuyez, vous n’aurez rien sur vous qu’ils pourraient utiliser pour vous lier au crime. Connaissez l’histoire qui vous amène dans le quartier, ou soyez certain.es de demeurer silencieux.ses, parce que s’ils trouvent des preuves pour contredire votre histoire, cela peut être utilisé contre vous en cours, alors que votre silence ne peut être retenu contre vous. Lorsque vous vous faites arrêter au Québec, vous n’avez à donner que trois informations à la police : votre nom, votre date de naissance, et votre adresse (ceci pourrait être différent dans d’autres endroits; il peut être utile de connaître les lois locales avant de réaliser toute action illégale).

Une fois arrêté.es, dire quoi que ce soit de plus fera plus de mal que de bien. Après avoir fourni les trois informations ci-dessus, vous pouvez répéter la phrase suivante : « Je n’ai rien de plus à dire. Je veux parler à un avocat. » (Si les choses se passent mal, allez voir How to Survive a Felony Trial: Keeping Your Head up through the Worst of It. À Montréal, contactez le collectif Outrage au Tribunal pour de l’aide avec la représentation juridique.)

Une réponse typique de la police (s’il y en a une – souvent les crimes liés au vandalisme ne sont découverts que le matin suivant) consistera tout d’abord à se rendre sur la scène du crime, peut-être à prendre le temps d’interroger des potentiels témoins pour savoir s’ils ont vu quoi que ce soit, et à ensuite conduire dans les rues autour à la recherche de potentiels suspects. Si vous sortez des environs immédiats aussi rapidement que possible, vous allez éviter tout cela. Se cacher peut être une option viable si quelque chose tourne mal et que quitter les environs comme prévu semble risqué – les cours arrière des maisons, les coins des allées de stationnement, les toits, les buissons, etc. peuvent tous être très utiles pour vous cacher en attendant de pouvoir partir.

5. Faites des beaux rêves!

Considérez utiliser un vélo pour sortir des environs rapidement – vous pouvez le barrer à une petite distance de jogging. Les vélos peuvent être déguisés en changeant de guidons et selles, en mettant du tape électrique noir sur le cadre, en retirant les caractéristiques qui permettraient de l’identifier ou en le peinturant entièrement en noir.

Il est préférable d’éviter l’utilisation de voitures si possible – une plaque d’immatriculation est beaucoup plus facile à identifier qu’un visage caché sous un capuchon sur un vélo. Mais si vous devez utiliser une voiture parce qu’il est trop difficile d’accéder au lieu autrement, soyez prudent.es. Vous pourriez vous stationner à une distance possible à faire en vélo, dans un coin qui n’est pas surveillé par caméras. Soyez habillé.es de manière totalement normale lorsque vous entrerez le véhicule. Prenez des chemins de campagne pour vous rendre et assurez-vous de bien connaître les routes. N’utilisez pas des voitures qui pourraient être déjà connues de la police, au cas où on leur aurait installé un dispositif de surveillance par GPS, et n’utilisez pas une voiture de location (c’est en partie pourquoi Roger Clement s’est fait attraper pour avoir incendié une filière de la RBC contre les Olympiques de Vancouver).

Reposez-vous bien en sachant que vous avez détruit une petite part de ce monde fucked up!

Allez voir Comment soumettre un communiqué de manière sécuritaire si vous voulez revendiquer votre action! Aussi, allez faire un tour sur la page de guides pratiques pour plus de guides sur les actions directes : le blocage de trains, la fermeture d’oléoducs, les manifs, les émeutes, et plus encore!