Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

Flics homophobes du Québec

 Commentaires fermés sur Flics homophobes du Québec
Oct 262018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La suivante est une liste de flics qui ont, de près ou de loin, participé à l’élaboration d’opérations policières ayant le but d’harceler des hommes queers draguant dans certains lieux publics de la soi-disante province du Québec. Cette liste n’est pas exhaustive.

Sébastien CHARRON agent │PDQ 15 │SPVM │ Opération Sentier

Geneviève PÉPIN agente │PDQ 15 │SPVM │ Opération Sentier

Jean-Ernest CÉLESTIN chef │PDQ 15 │SPVM │ Opération Sentier

Stéphane BROSSEAU agent│SPVM │ Opération Sentier

Stéphane BÉLANGER commandant │PDQ 38 │SPVM│ Opération Nirvana

Suzie PAQUETTE agente sociocommunautaire│ PDQ 38│ SPVM │ Opération Nirvana

Christine DOUCET agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Josée BELLEMARE agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Nathalie LEGROS agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Caroline BERNIER agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Jean-Guy TRUDEL sergent │PDQ 38 │SPVM │ Opération Nirvana

Mélanie POTVIN agente │PDQ 38 │ SPVM │ Opération Nirvana

Giovanni CIARLO agent provocateur/agent double│ SPVM │ Opération Nirvana

Sylvain JOYAL agent provocateur/agent double│SPVM │ Opération Nirvana

Martin BRIÈRE agent provocateur/agent double│SPVM │ Opération Nirvana

Josée MIREAULT agente sociocommunautaire │ PDQ 44 │SPVM │ Opération Narcisse

Alexandre CLÉMENT mat. 11721 │agent provocateur/agent double│SPAL

Pierre QUINTAL porte-parole │SPAL

Gaétan DUROCHER porte-parole │SPAL

Jacques CÔTÉ ancien capitaine│SPAL

Réjan PLEAU responsable des programmes de prévention │ SPVQ

François BOUCHARD agent/relationniste │SPVQ

Sandra DION agente│SPVQ │ Opération Rendez-Vous

Catherine VIEL agente aux communications│SPVQ │ Opération Buisson

Marie-Ève PAINCHAUD agente │SPVQ

Nancy ROUSSEL agente │SPVQ

Christine LEBRASSEUR porte-parole │SPVQ

André MAGNY directeur de poste │ Shawinigan │ SQ

La suivante est une liste de politicien.ne.s et d’acteur.e.s communautaires qui ont, de près ou de loin, participé à l’élaboration d’opérations policières ayant le but d’harceler des hommes queers draguant dans certains lieux publics de la soi-disant province du Québec. Cette liste n’est pas exhaustive.

Isabelle BOISVERT coordonatrice│ table en sécurité urbaine du Plateau-Mont-Royal │Centre des Femmes │ Opération Nirvana

Vivianne LAVOIE directrice générale │ table en sécurité urbaine du Plateau-Mont-Royal │Centre des Femmes │ Opération Nirvana

Marc PETTERSEN conseiller municipal │Ville de Sauguenay

Robert MILOT maire │Ville de Sainte-Adèle

Huguette ROY conseillère municipal │Saint-Paul-Émard │membre de la table de sécurité urbaine du Sud-Ouest │ Opération Sentier

Michel ANGERS maire │Ville de Shawinigan

Action Anti-homophobe au Parc Maisonneuve

 Commentaires fermés sur Action Anti-homophobe au Parc Maisonneuve
Oct 242018
 

Soumission Anonyme à MTL Contre-info

Le soir du 15, nous avons redécorer quelques installations situées au Parc Maisonneuve. En 2013, ce parc avait été le site de l’Opération Narcisse, une opération policière durant laquelle des flics en civil ont porté des accusations criminelles d’«indécence» contre des hommes, et ce, après les avoir séduits. Des pancartes contre l’«indécence»—qui ont, pour la plupart, été volées ou vandalisées—ont été installées dans le contexte de cette opération dans le but de nous intimider. Par l’entremise de nos gestes, nous tenons à dénoncer le role que jouent les agents provocateurs dans la production absurde et inutile de «crimes» impliquant des personnes queer. Nous tenons également à dénoncer l’installation récente d’une caméra à l’entrée des toilettes situées dans le sous-sol du chalet du Parc Maisonneuve. Tôt ou tard, elle subira un triste sort.

Un appel aux actions autonomes contre la Conférence de l’Association internationale des établissements correctionnels et pénitentiaires à Montréal

 Commentaires fermés sur Un appel aux actions autonomes contre la Conférence de l’Association internationale des établissements correctionnels et pénitentiaires à Montréal
Oct 092018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Du 21 au 26 Octobre, Montréal accueillera la conférence de l’Association ICPA et c’est le Service correctionnel du Canada (SCC) qui sera l’organisation hôte. Le thème de cette année s’intitule « Au delà des prisons: les voies à suivre ». Parmi les sujets abordés figurent les conversations suivantes: faire en sorte que l’emprisonnement et la surveillance dans la communauté soient à la fois plus humains et plus efficaces, l’utilisation de la technologie pour humaniser les services correctionnels et améliorer l’engagement de la communauté.

La conférence s’adresse aux membres du personnel pénitencier et correctionnel en leur proposant une programmation décousue comprenant des recherches académiques, des présentations et des visites guidées dans les prisons, afin de renforcer l’idée selon laquelle les prisons peuvent être humaines et leurs professions autre chose que déplorables. Aussi, parmi les invités figurent des entreprises qui font affaire avec des prisons que ce soit en fabriquant des menottes électroniques ou en préparant la nourriture malsaine qui est servie en prison. La conférence va aussi inclure des “visites aux institutions” à une maison de transition à Saint-Henri, deux prisons fédérales à Laval et la prison provinciale à Rivières des Prairies. (Pour plus de renseignements sur la conférence: icpa.ca/montreal2018/)

De nombreuses raisons existent pour s’opposer à cette conférence, mais nous avons choisi de souligner les points suivants:

Sous prétexte de créer des conditions de détention plus « humaines » pour les migrant.e.s, le gouvernement à alloué d’énormes budgets à l’AFSC (Agence des services frontaliers du Canada) afin de développer de nouvelles mesures de contrôle créatives spécifiques aux migrant.e.s. Les travaux ont été entrepris dans l’objectif de construire une nouvelle prison soi-disant « plus humaine » pour migrant.e.s à Laval. Cette prison « à la pointe de la technologie » qui s’installerait sur un terrain appartenant au Service correctionnel du Canada, est destinée à remplacer la prison pour migrant.e.s actuelle située à proximité et à « ressembler moins à une prison ». Cependant, dans le contexte actuel de la montée du fascisme et du sentiment anti-migrant au Québec, et au Canada plus généralement, il semble très plausible que le nombre de places disponibles dans les centres de détentions soit doublé dans les années à venir, si par exemple, la prison actuelle restait ouverte et que la nouvelle était construite avec succès. Quoi qu’il en soit, une nouvelle prison pour migrant.e.s « plus humaine », ou des « alternatives à la détention » telles que les bracelets de surveillance ou l’équivalent d’agents de libération conditionnelle pour migrant.e.s que le gouvernement propose, ne doivent pas être célébrées sous prétexte qu’elles ressemblent moins à des prisons traditionnelles. Toutes ces mesures ont le même objectif: accroître les capacités de l’ASFC de renforcer les politiques d’immigration en vue d’emprisonner et de déporter des migrant.e.s et d’arracher des personnes à leurs familles et à leurs communautés.
Pour plus d’information: stopponslaprison.info

Alors que les responsables des services correctionnels se réunissent pour discuter de la manière dont la technologie peut rendre les prisons « plus humaines », nous pensons aux nouveaux protocoles en vigueur dans les prisons de Pennsylvanie, qui utilisent la technologie pour stériliser les communications et empêcher les personnes d’envoyer des livres et du courrier postal à des personnes se trouvant à l’intérieur.
Pour plus d’informations: booksthroughbars.org/takeaction/

Alors que le Service Correctionnel du Canada est l’organisation hôte de cette conférence, nous pensons aux critiques récentes contre l’isolement cellulaire et aux évaluations des risques psychologiques des prisonnières et prisonniers autochtones. Nous pensons au rôle des pénitenciers canadiens depuis des siècles dans l’emprisonnement des peuples autochtones qui résistent à la colonisation. Nous pensons aux premières prisons qui enfermaient des Noir.e.s résistant à l’esclavage, et qui continuent de les emprisonner à des taux surélevés aujourd’hui. Nous pensons à tou.t.es ceux et celles qui sont mort.e.s en prison et qui continuent de mourir et à ceux et celles qui résistent dans les prisons du monde entier.

Nous sommes inspiré.e.s par la récente grève des prisonnier.e.s dans de nombreux pénitenciers aux États-Unis et au Canada, qui a attiré l’attention sur leurs conditions de vie terribles, mais a aussi mis en lumière les fondements du système carcéral dans l’esclavage et le colonialisme. La mort d’un homme incarcéré en détention provisoire à la prison de Burnside à Halifax, juste après la grève, nous rappelle les ravages de l’emprisonnement sous quelque forme que ce soit. La force de la résistance à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des murs des prisons pendant la grêve, nous incite à nous opposer à ce que l’ICPA présente l’emprisonnement comme normal et acceptable. Nous dénonçons la tentative de blanchiment de la réalité de l’emprisonnement et appelons à l’opposition à cette conférence.

Dimanche le 21 octobre à 15h00—exactement deux mois après le début de la grève des prisonnier.e.s de 2018—il y aura un rassemblement contre toutes les prisons devant la conférence d’ICPA à l’hôtel Marriott Château Champlain de Montréal, 1050 rue de la Gauchetière Ouest (métro Bonaventure). Amenez des bannières, des pancartes et des objets pour faire du bruit!

Contre toutes les prisons, même les “moins pires”.
La seule voie à suivre est d’en finir avec la prison!

pour plus de renseignements: https://montrealcontrelesprisons.wordpress.com/

Action anti-homophobe au Parc Lafontaine

 Commentaires fermés sur Action anti-homophobe au Parc Lafontaine
Sep 282018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 25 septembre 2018, nous avons détruit trois caméras dans les toilettes pour hommes du sous-sol du bâtiment Calixa Lavallée, au parc Lafontaine. Nous y avons aussi pété un oeil-de-boeuf. Ces caméras ont été installées dans le cadre de l’opération Nirvana. Cette opération a pour but de criminaliser et d’arrêter les hommes qui se rencontrent dans ces toilettes. Des policiers en civil s’y rendent pour séduire les hommes et les pousser à la soi-disant «indécence». Là où les flics se tiennent pour séduire les hommes, nous avons taggé «Rip Nirvana». Ces provocations s’inscrivent dans une longue histoire de morale policière visant à purger les espaces publics de toute visibilité des désirs queer. Nous affirmons donc que la libération de nos désirs est incompatible avec l’existence de la police.

Se faire pogner: Appel à textes sur les moments où on n’a pas pu s’échapper

 Commentaires fermés sur Se faire pogner: Appel à textes sur les moments où on n’a pas pu s’échapper
Sep 172018
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Ça se passe. Quand tu pousses les limites, à la recherche de nouvelles façons de se battre, tôt ou tard tu risques de te faire pogner. Et ce n’est pas la fin du monde.

La première fois qu’il y a eu une perquisition chez moi, il était 3h du matin. J’étais vétue de noir avec un sac marin sur mon épaule remplis de pieds de biche, de coupe-boulons et des gants. J’étais au point de sortir. Mais par la fenêtre j’ai vu les gyrophares et puis les silhouettes de flics qui promenaient des chiens sur la pelouse. Ils avaient bouclé la rue.

Certes, se faire pincer, c’est de la merde, alors continuons à trouver les moyens de l’éviter. Mais il y a de valeur à rester avec ces moments où on se rend compte qu’on ne va pas pouvoir s’échapper cette fois-ci. Y réfléchir peut nous donner le courage et la détermination de continuer, d’essayer encore pour mieux se planter la prochaine fois.

J’avais 19 ans. J’ai cherché mes collocs encore éveillés-es et, pendant que commencaient les coups sur la porte, on essayait de décider quoi faire. Ils envoyaient la lumière de leurs torches par la fenêtre. On s’est mis-es d’accord que j’allais sortir pour leur parler et que ma colloc allait fermer la porte à clé derrière moi.

« Se faire pogner » se veut un espace où raconter ces histoires. Envoyez-nous vos histoires très courtes (300 mots en anglais maxi, un peu plus long en français) sur ces moments où vous n’avez pas pu vous en sortir. On les recueillera et les publiera en brochure sur risograph, en pdf et peut-être sur un site web. Vous pourriez envoyer vos textes par mail à nothing-stops@riseup.net Clé PGP ici ou bien vous pourriez les laisser en commentaire sur cette page de North Shore Counter-Info. Si c’est clairement marqué comme une soumission, les modos ont accepté de nous le transmettre. Les textes seront anonymisés même si vous indiquez qui vous êtes. La date limite des soumissions est le 31 octobre, 2018, et la brochure sera prête par le jour de l’an.

Les flics m’ont dit qu’ils cherchaient les types qui venaient de braquer la station-service d’en face. Si on les laissait entrer, ils ne remarqueraient rien apart ces types. Ils me l’ont promis. « Mais si tu nous fais chercher un mandat… » J’ai tappé pour rentrer discuter avec mes amis-es. La maison était entourée. Les coups sur la porte ont repris immédiatement une fois que je l’ai fermée derrière moi.

Dans l’attente de vous lire. Prenez soin. N’arrêtez jamais.

(Pour le moment, nous projetons de ne sortir le recueil qu’en anglais, mais il nous est possible de traduire vos textes, alors allez-y et écrivez-le!)

From Embers : Cruise Control

 Commentaires fermés sur From Embers : Cruise Control
Sep 122018
 

De From Embers

Une entrevue (en anglais) avec un membre d’un collectif basé à Montréal qui fait de la recherche et de la sensibilisation autour de la répression policière ciblant les lieux de rencontres gay.

Liens:

Cruise Control page du collectif (lien facebook)

Ultra Red militant.e.s sonores, Los Angeles, É-U

À propos du Centre de détention de l’immigration de Laval

 Commentaires fermés sur À propos du Centre de détention de l’immigration de Laval
Sep 062018
 

De Stoppons la prison

Quand le centre de détention de l’immigration de Laval devrait-il être construit?

La prison est censée être opérationnelle en 2021, bien qu’aucun calendrier officiel n’ait été rendu public.

Où sera construite la prison?

Le site de la prison est un terrain d’environ 23 700 mètres carrés situé juste à côté de la prison Leclerc, sur les terrains du Service correctionnel du Canada à Laval. L’ASFC hésitait à choisir cette parcelle de terrain, notant que «la proximité du site avec l’établissement de haute sécurité existant n’est pas idéale car l’IHC [Immigration Holding Center: leur euphémisme pour ne pas dire prison] ne devrait pas être perçue comme associée à un établissement correctionnel. » Ce site a été officiellement choisi en février 2017.

Les États coloniaux (respectivement le Canada et le Québec) à l’intérieur desquels la prison sera construite sont fondés sur la colonisation et la dépossession violentes des peuples et des terres autochtones. Plus précisément, Leclerc est situé sur Kanien’keha: ka un territoire algonquin. La gouvernance des colons repose à la fois sur la revendication illégitime de ces territoires et sur la base matérielle de leur contrôle, imposée par les différentes branches de l’Etat carcéral: de la détention et de l’expulsion des migrant-es a la criminalisation des communautés autochtones. Soutenir le projet de souveraineté autochtone signifie rejeter la légitimité de la gouvernance coloniale canadienne et québécoise, et rejeter ses fondements ainsi que ces frontières.

Capacité de cette nouvelle prison pour migrant-es?

Selon le contrat du gouvernement, la prison proposée pourra détenir 133 migrants en même temps (avec 25 lits supplémentaires, portant la capacité totale à 158). Cela augmenterait la capacité maximale actuelle qui est de 144 personnes.

Qui sera détenu dans cette nouvelle prison?

Des centaines de milliers de personnes vivent au Canada sans statut, s’intégrants et partageant des relations fortes avec leurs communautés, familles et ami-es. Chaque année, près de dix mille personnes sont arrachées à leurs réseaux, déportés dans des situations violentes et-ou dangereuses, dans des endroits qu’elles ne connaissent pas ou dans lesquelles elles n’ont aucune possibilité de subvenir à leurs besoins.

En vertu de la loi canadienne, l’ASFC peut arrêter et détenir des migrant-es – tant ceux qui sont ici sans la permission de l’État canadien que des résident-es permanent-es – qui sont soupçonnés d’être une «menace» à la sécurité publique, ceux et celles sujet à ne pas se présenter à leur audiences ou encore ceux et celles dont l’identité est remise en question. Ces migrant-es – et souvent leurs enfants – sont emmenés dans les prisons gérées par l’ASFC à Laval ou à Toronto, au centre de détention temporaire de l’ASFC à l’aéroport de Vancouver ou dans les quartiers à sécurité maximale des prisons provinciales. En vertu de la politique actuelle, il n’y a pas de lignes directrices sur la question de savoir si les enfants seront emprisonnés ou non avec leurs parents, et la détention peut être indéfinie.

En réalité, le système d’immigration du Canada empêche pratiquement tous les immigrant-es, sauf les plus privilégiés et\ou les plus aisés, à obtenir un statut légal pour vivre et travailler ici de façon permanente. Les migrant-es considérés comme une «menace» ou un risque de non-conformité aux caprices de l’ASFC sont souvent ceux qui ont des liens familiaux au Canada, des fonds insuffisants pour partir, des personnes qui subiront des violences si elles sont expulsées ou des personnes qui bénéficient d’un support public contre leur déportation.. Le risque d’emprisonnement est utilisé pour discipliner tous les migrant-es, un instrument de coercition qui normalise d’autres formes de contrôle telles que les systèmes de surveillance humaine et électronique proposés comme solutions de rechange «améliorées» par le gouvernement libéral. Mais le « choix » de se conformer et d’éviter l’incarcération est finalement un faux choix, dans lequel le résultat final est encore la déportation probable.

Dans un contexte où plus de 25 000 personnes ont traversé la frontière en provenance des États-Unis depuis 2016, où la grande majorité de ces migrant-es se verront refuser le statut de réfugié et seront bientôt expulsés, et où l’extrême droite raciste et islamophobe attise les sentiments anti-immigrant-es, nous devons comprendre la nouvelle prison pour migrant-es dans le cadre d’une stratégie de l’État canadien pour renforcer son contrôle répressif sur la liberté de circulation.

Malgré les séances de photos et les communiqués de presse sur les efforts de réinstallation des réfugiés de l’État, le Canada est loin d’être un spectateur bienveillant; L’État canadien crée et exacerbe les conditions qui obligent les gens à quitter leur foyer. Des guerres impérialistes à une économie massivement dépendante de l’extraction des ressources coloniales ici et à l’étranger. L’achat récent par Trudeau du pipeline Kinder Morgan Trans Mountain indique un avenir où l’augmentation des émissions créera de nouvelles vagues de réfugiés climatiques. Des projets miniers canadiens en Amérique latine à la production sous-traitée de biens bon marché pour les marchés canadiens, les intérêts des États et des capitalistes canadiens exportent le fardeau de la production et surveillent les mouvements de ceux qui en héritent. La prison pour migrants proposée n’est qu’une partie de cette architecture internationale et les personnes qui y seraient détenues ne sont que quelques-unes des nombreuses personnes dépossédées par l’État canadien et d’autres puissances impérialistes.

Qui est impliqué dans la construction de la prison?

Jusqu’à présent, des contrats pour la construction de ce projet ont étés attribués à deux compagnies : Lemay, une firme d’architecture qui est basée à Montréal et Groupe A, une autre firme d’architecture qui est basée dans la ville de Québec. Pour plus d’information sur ces compagnies, voir la page « Les Compagnies ». Dans les prochains mois, nous pouvons nous attendre à en apprendre plus sur les compagnies et les entrepreneurs qui seront impliqués à divers titres dans ce projet.

Qui finance la construction du projet?

Le gouvernement fédéral a annoncé un nouvel investissement de 138 millions de dollars dans la détention de migrant-es en 2016, duquel un montant de 122 millions de dollars ira à la construction de deux nouvelles prisons. Une à Laval, au Québec et une à Surrey, en Colombie-Britannique. À ce jour, plus de 5 millions de dollars en contrats ont étés accordés à Lemay et Groupe A pour la conception de cette prison à Laval.

Pourquoi faut-il s’opposer à la construction d’établissements pénitentiaires améliorés?

Dès le départ, le gouvernement a tenté de présenter ce projet comme une amélioration: du choix d’une firme « socialement et écologiquement durable » en tant qu’architecte principal, à l’emphase sur une conception « non institutionnelle » du centre et sur les alternatives à la détention. Mais l’apparence de responsabilité sociale ne change pas la violence des prisons et de la déportation : il n’existe pas de prison qui soit agréable.

Le contrat pour la prison semble être plus investi dans le fait de dissimuler sa nature carcérale aux gens de l’extérieur que de créer un environnement plus habitable pour les gens emprisonnés à l’intérieur. Les spécifications préliminaires proposent que « les clôtures soient recouvertes de façon esthétique avec du feuillage ou d’autres matériaux pour limiter son allure sévère et diminuer la possibilité d’identification claire de la clôture ». Les barres de fer sur les fenêtres doivent « passer le plus inaperçues possible pour le public extérieur » tout en maintenant cependant leur fonctionnalité. De l’emphase est mise sur le fait que la clôture d’un mètre de haut encerclant le jardin des enfants est « similaire à l’environnement d’une garderie », bien qu’une « barrière visuelle » de six mètres de haut doive être construite pour empêcher quiconque de voir à l’intérieur et les enfants de voir à l’extérieur.

Au-delà de considérations d’esthétique ou d’efficacité énergétique, une prison demeure un bâtiment fortifié que les gens ne peuvent pas quitter, isolant les personnes à l’intérieur de leur communauté, de leurs proches, de soins de santé adéquats et soumettant les prisonnier-ères à une détresse psychologique extrême. Depuis 2000, au moins seize personnes sont mortes en centre de détention pour migrant-es alors qu’elles étaient détenues par l’ASFC. La réponse superficielle de l’ASFC face à l’indignation suscitée par ces morts est évidente dans les spécifications du projet, qui demandent tout simplement que l’architecture limite les possibilités de se faire mal soi-même, tout en reproduisant inévitablement la misère inhérente à l’incarcération.

Même pour les personnes qui ont étés épargnées de l’expérience d’une incarcération précédant leur déportation, la menace de la prison demeure, contraignant les migrant-es à accepter d’autres types de conditions répressives. Ces institutions normalisent également la légitimité de l’État canadien de contrôler qui se déplace et qui reste dans le territoire qu’il occupe.

En effet, tout récit du contrôle du territoire par un État colonial devrait commencer par l’occupation coloniale des territoires autochtones qui est en cours. Faire avancer la souveraineté autochtone requiert une contestation de la légitimité de la gouvernance coloniale canadienne et québécoise, incluant la création et l’imposition de frontières. Les mêmes rapports coloniaux et impériaux qui déplacent les migrant-es ailleurs dans le monde sont la base même de l’existence de l’État colonial canadien.

La lutte pour bloquer la construction du centre de détention de l’immigration de Laval est donc ancrée dans les luttes plus larges contre le colonialisme et l’impérialisme. Elle fait partie d’une lutte pour abolir toutes les prisons et pour démolir toutes les frontières coloniales. Nous ne voulons pas simplement arrêter cette prison, mais aussi fermer toutes celles qui existent déjà.

Le gouvernement ne se tournait-il pas vers le financement d’alternatives à l’emprisonnement et la détention?

Des 138 millions de dollars que le gouvernement libéral a alloué à « la réforme de l’immigration », seulement 5 millions sont destinés aux « alternatives » à la détention. Quelles sont ces « alternatives »? Elles comprennent des « systèmes de surveillance humaine et électronique » tels que des moyens de contention, des bracelets électroniques et des systèmes de signalement électroniques. Ces systèmes de signalement sont en eux-mêmes une autre forme de détention – par exemple, devoir se présenter quelque part deux fois par semaine empêche souvent les migrant-es d’avoir des emplois stables. Ces « alternatives » comportent également des arrangements qui mettent des ONG responsables de la « surveillance communautaire ». Pendant que le gouvernement canadien cherche à réduire les coûts en déléguant le contrôle des migrant-es à des technologies envahissantes et à des ONG complices, la majorité de leur plan d’immigration « revu et amélioré » demeure axé sur la détention, par la construction de deux nouvelles prisons à Laval et à Surrey.

À certains égards, les alternatives proposées sont préférables à la prison. Mais, elles sont loin d’être « humaines ». D’un côté, la menace de l’incarcération d’une durée indéfinie dans une des prisons de l’ASFC sert de justification pour les mécanismes de contrôle de plus en plus envahissants à l’extérieur de la prison – comme si tout ce qui n’est pas un emprisonnement est un acte de compassion. D’un autre côté, ces « alternatives » normalisent la continuelle brutalité de l’emprisonnement en tant que forme de peine pour les personnes incapables ou peu désireuses de se soumettre aux conditions du contrôle étatique. Dans tous les cas, tant les prisons que les « alternatives » se terminent par la déportation, alors que la seule vraie alternative à la déportation – une voie vers un statut régularisé tous et toutes – reste inaccessible.

Montréal n’est-elle pas une ville sanctuaire?

En février 2017, Montréal s’est déclarée « ville sanctuaire ». Malheureusement, cette déclaration s’est avérée n’être guère plus que des paroles creuses. Le SPVM continue à collaborer activement avec l’ASFC, ce qui signifie que même un contrôle routier de routine peut mener à l’intervention de l’ASFC, et les migrant-es sans-papiers ont peu de répit face à la menace de la détention et la déportation. En fait, depuis la déclaration de « ville sanctuaire », les appels du SPVM à l’ASFC ont augmenté, faisant de Montréal la ville canadienne avec le taux le plus élevé de contact entre la police locale et l’ASFC. En mars 2018, des agents de l’ASFC ont violement arrêté Lucy Francineth Granados à son domicile à Montréal. Lucy a ensuite été expulsée d’une ville dont la nouvelle administration « progressiste » avait fait campagne sur la promesse de mettre en place une « vraie » ville sanctuaire.

Comment pouvons-nous arrêter la construction de la prison?

Pour arrêter la prison nous allons avoir besoin d’une lutte à plusieurs facettes. Nous aurons besoin d’efforts de recherches concertés, de campagnes d’information publiques, de grandes mobilisations, de perturbations directes de chaînes d’approvisionnement et de sites de construction, de tout ce qu’il faudra pour rendre impossible la construction de ce projet.

Pour ce faire, nous devons réfléchir de manière stratégique à quels points de pression nous pouvons cibler et tirer avantage, ainsi que comment construire des alliances avec des mouvements semblables contre les prisons, les frontières, et la suprématie blanche; aucune lutte n’existe isolément. Distribuer des pamphlets à vos voisins, organiser des manifestations et des actions qui s’y opposent, il y a de nombreux moyens pour que les gens s’organisent de façon autonome contre ce projet.

La page « Matériaux » de stopponslaprison.info contient quelques ressources pour les personnes qui cherchent un endroit où commencer.

Où puis-je en apprendre plus sur ce projet?

Stopponslaprison.info est un centre d’information pour partager; nouvelles, analyse et documents liés à la lutte contre le Centre de détention pour les immigrants de Laval.

Vous pouvez télécharger et consulter la recherche et les documents liés à ce projet dans la section « Documents »

La GMB de la section de K’jipuktuk du SITT-IWW déclare son soutien à la grève dans les prisons

 Commentaires fermés sur La GMB de la section de K’jipuktuk du SITT-IWW déclare son soutien à la grève dans les prisons
Sep 042018
 

De It’s Going Down

La General Membership Branch de la section de K’jipuktuk du SITT-IWW déclare son soutien à la grève dans les prisons.

Territoire Mi’kmaq non-cédé de K’jipuktuk

Considérant que les prisonniers de Burnside ont entamé une protestation pacifique pour se faire reconnaître 10 demandes raisonnables et qu’ils ont exprimé leur solidarité avec la «National Prison Strike» aux États-Unis,

Considérant que les organisateurs «appellent toutes les personnes avec une conscience à travers les barreaux» à soutenir leur déclaration et leurs demandes,

Considérant que le Comité d’Organisation des Travailleurs et Travailleuses Incarcéré-e-s (IWOC) du SITT/IWW «encourage fortement toutes les branches extérieures et les membres en général à faire du travail de soutien au meilleur de leur capacité et selon leur bon jugement»,

Considérant que nous trouvons que les demandes, les objectifs, les analyses et les actions exprimées par les prisonniers dans leur déclaration sont parfaitement en accord avec notre travail et notre mission,

La General Membership Branch du SITT/IWW de K’jipuktuk a unanimement décidé d’exprimer sa solidarité avec les prisonniers ainsi que son soutien à leur grève et à leurs demandes.

Nous demandons au Ministère de la Justice de la Nouvelle-Écosse d’appliquer immédiatement toutes les demandes des prisonniers et de prioriser les droits et les voixs des prisonniers et prisonnières dans toutes les décisions futures.

Nous encourageons toutes les organisations et tou-te-s les individu-e-s qui disent lutter contre l’exploitation, avec les travailleurs et travailleuses et les personnes margnialisées, à soutenir les demandes et déclarations des prisonniers publiquement et à leur apporter tout le soutien nécessaire.

Matériellement, nous offrons toutes les ressources et les contacts à notre disposition pour soutenir les prisonniers dans leur lutte, incluant notre temps, nos voix, nos énergies et nos platformes.

Par les mots et en pensée, nous vous offrons notre plus grande solidarité, notre admiration profonde et l’assurance que vous n’êtes pas seuls.

En solidarité,

Pour un monde sans patrons ni prisons,

IWW K’jipuktuk GMB.

Résister à l’esclavage : De Marie-Joseph Angélique (1734) à la Grève des prisonniers (2018)

 Commentaires fermés sur Résister à l’esclavage : De Marie-Joseph Angélique (1734) à la Grève des prisonniers (2018)
Août 292018
 

De It’s Going Down

Le 23 août, des anarchistes se sont réuni.es afin de placarder, partout dans le Vieux-Port de Montréal, des affiches sur lesquelles on pouvait lire en français et en anglais :

Résistance à l’esclavage : de Marie-Joseph Angélique-1734 à la grève des prisons de 2018.

Du 21 août au 9 septembre.

Plus d’info : twitter.com/JailLawSpeak

Nous avons affiché sur le chemin où Angélique a été transportée, quelques moments avant d’être pendue et brûlée. Angélique, nous nous souvenons. L’esclavage, le vol des terres et les génoocides dessinent les contours des projets coloniaux inachevés de l’Île de la Tortue (Amérique du Nord). En solidarité avec les prisonniers et les prisonnières qui se battent contre l’esclavage dans toutes les prisons des États-Unis, nous tenions à (re)raconter l’histoire de Marie-Joseph Angélique. Angélique était une femme noire mise en esclavage à Montréal au 18e siècle et qui a été condamnée à la torture et à mort pour avoir supposément mis le feu à la maison de ses maîtres, causant ainsi un incendie qui a ravagé la majorité de la ville de Montréal. Nous proposons l’histoire d’Angélique comme exemple pour rappeler que le Québec et le Canada on pratiqué l’esclavage pendant plus de 200 ans. Nous avons choisi son histoire car elle permet de lier notre ville à la lutte en cours pour abolir l’esclavage sur le continent.

Les prisonniers étatsuniens et les prisonnières étatsuniennes ont organisé cette grève en l’inscrivant dans la longue histoire de résistance à l’esclavage. Le 21 août 1831 a marqué le début de la rébellion de Nat Turner, un moment significatif de la résistance des personnes mises en esclavage. Le 21 août 1971 marque aussi le jour où l’État a tué George Jackson, un révolutionnaire Noir emprisonné très impliqué dans les luttes de libération des peuples Noirs. La mort de Jackson a déclenché une période d’organisation dans les prisons. Le 9 septembre 1971 marque le début de la mutinerie de la prison d’Attica, une des moments les plus significatifs de la résistance dans les prisons aux États-Unis. Les prisonniers d’Attica ont fait paraître une liste de demandes raisonnables pour améliorer leurs conditions de vie. Ces demandes n’ont jamais été acceptées, mais elles ont une influence claire sur les grèves des prisonniers et prisonnières aujourd’hui. La résistance à l’esclavage est une lutte ininterrompue pour ceux et celles qui font face à l’incarceration aux États-Unis. Le 13e amendement de la constitution des États-Unis cite :

« Ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n’est en punition d’un crime dont le coupable aura été dûment condamné, n’existeront aux États-Unis ni dans aucun des lieux soumis à leur juridiction. »

L’esclavage se poursuit aujourd’hui dans les prisons des États-Unis. Le 13e amendement justifie légalement la violence et les conditions brutales qui définissent le système carcéral. Ces conditions sont la raison de la grève menée par les prisonniers et prisonnières un peu partout à travers le pays et qui s’étendra sur les deux prochaines semaines. Même si le Canada n’a pas d’amendement constitutionnel similaire, nous voyons les prisons comme un symbole de la domination, mais aussi de l’extension du projet colonial canadien. Le but pemier du colonialisme de peuplement consiste dans la spoliation des terres pour l’établissement des colons et pour l’extraction des ressources naturelles. C’est à travers ces relations coloniales aux territoires que le système assure sa reproduction et l’accumulation des richesses. Les Premières Nations et les nations Inuits et Métis sont vues par les élites économiques et politiques comme un obstacle à la futurité coloniale. L’État et la société coloniale ont utilisé des tactiques et des stratégies telles que la surveillance, la disciplinarisation, la répression, et l’incarcération sur la base de la race et de la classe. Le contrôle et le confinement ne sont pas seulement centraux au projet colonial, mais les prisons et l’incarceration sont aussi des éléments stratégiques pour arracher les populations autochtones à leurs territoires, où elles contestent le pouvoir étatique.

L’esclavage, le vol des terres et les génocides continus sont les histoires fondatrices des États coloniaux qui occupent ce continent et elles sont au fondement des systèmes que nous cherchons à abolir. Nous lions les événements historiques mentionnés plus haut pour illustrer qu’ils appartiennent à un contexte global et prolongé d’expension coloniale, d’exploitation pour le profit et d’enrichissement de quelques humains au dépends de multiples formes de vie.

Solidarité avec les prisonniers en grève, en mémoire d’Angélique.

Contre les prisons, contre l’esclavage, contre le colonialisme!

Liens URL aux fichiers pdf des affiches : https://archive.org/details/PrisonStrike2018posters

Déclaration des prisonniers en lutte à la prison Burnside en Nouvelle-Écosse

 Commentaires fermés sur Déclaration des prisonniers en lutte à la prison Burnside en Nouvelle-Écosse
Août 252018
 

Re-publié à partir de IWOC

Nous, les prisonniers de Burnside, avons décidé de lutter pour le changement. Nous nous sommes unis à travers la prison dans une protestation non-violente, pacifique.

Nous en appelons au soutien extérieur en solidarité avec notre lutte. Nous croyons que c’est seulement à travers l’action collective que des changements se produiront.

Nous reconnaissons que les employé.es de la prison sont aussi des travailleurs et travailleuses qui sont face à des injustices. Nous demandons un environnement de réhabilitation efficace, qui supporte le bien-être de tout le monde au sein du système. C’est changements seront aussi positifs pour les conditions des travailleuses et des travailleurs.

Nos voix devraient être entendues dans les décisions concernant les règlements et la planification de la prison. Les changements que nous revendiquons sont raisonnables et sont nécessaire au respect de nos droits humains.

Les organisateurs de cette protestation affirment qu’en tant que prisonniers, nous sommes entreposés ici et non traité comme des êtres humains. Nous avons essayé d’autres moyens officiels et non-officiels pour améliorer nos conditions, tels que la discussion, les plaintes, la négociation et les pétitions. Nous demandons à nos allié.e.s de l’extérieur de ces murs de manifester avec nous contre les traitements qui nous sont infligés.

Nous montrons ainsi notre solidarité avec nos frères emprisonnés aux États-Unis qui appellent à une grève des prisonniers, du 21 août au 9 septembre. Nous supportons les demandes de nos camarades aux États-Unis, et nous nous joignons à leur lutte pour la justice.

En Nouvelle-Écosse, nos demandes sont différentes, et nous remarquons qu’elles sont plus modestes en comparaison. Nous faisons parti d’une mobilisation internationale pour la justice et nous reconnaissons que notre combat prend racine dans une histoire commune de lutte et de libération.

Nous ne sommes pas les premiers et nous ne serons pas les derniers.

Nous reconnaissons que les injustices que nous vivons en prison sont enracinées dans le colonialisme, le racisme et le capitalisme. Le mois d’août est riche de l’histoire des luttes des Noirs dans les Amériques.

En 1619, le premier bateau transportant des Africains mis en esclavage est arrivé à Jamestown, en Virginie. Il y a plus de deux cents ans, la première révolte d’esclaves réussie a donné naissance à Haïti, la première Nation Noire indépendante. Au début du dix-neuvième siècle, Gabriel Prosser et Nat Turner ont lancé leurs rébellions, et en 1850, après l’adoption du Fugitive Slave Act, Hariett Tubman a commencé le réseau Underground Railroad vers le Canada. Un siècle plus tard, la Marche sur Washington, les émeutes de Watts et l’explosion d’une bombe de la police contre MOVE ont marqué août comme un temps de grandes possibilités, mais aussi de grandes souffrances.

Au Canada, nous reconnaissons le 10 août, la Journée de la justice pour les prisonniers, comme un moment privilégié pour se souvenir de tous ceux et toutes celles qui sont mort.es en détention au Canada.

Nous reconnaissons aussi les sacrifices de nos prédecesseur.es, ceux et celles qui se sont battu.es pour en finir avec les traitements racistes et inhumains réservés aux prisonniers et aux prisonnières. Georges Jackson, un des grands militants prisonnier aux États-Unis a été assassiné à San Quentin en août 1971 et son nom a été rejoint par d’autres – Jonathan Jackson, William Christmas, James McClain, WL Nolen…

En août 1978, à San Quentin, l’activiste Khatari Gaulden est décédé par manque de soins appropriés suite à une blessure infligée dans des circonstaces mystérieuses. Pour lui rendre hommage et pour se battre pour plus de justice, une coalition de militant.es, en dehors et à l’intérieur de la prison on formé le Black August Organizing Committee. À partir des «camps de concentration» de la Californie, les grèves du Black August ont déférlé sur tous les États-Unis.

Dans le même esprit et avec ceux et celles emprisonné.es au sud de la frontière, nous, les prisonniers de Burnside, reprennons cette tradition. Nous ne sommes pas violents, nous nous levons pour des enjeux humains de base.

Nous nous organisons car il doit y avoir du changement. Nos revendications sont les suivantes:

1. De meilleurs soins de santé

La province a comme responsabilité d’offrir à tous et à toutes des soins de santés adéquats et éthiques. Pourtant, plusieurs d’entre nous rencontrons régulièrement des problématiques liées aux soins de santé pour les prisonniers : notre médication est coupée, ou alors il y a des «délais» anormaux dans la livraison de ceux-ci, comme une attente élevée pour passer des rayons-x. Il y a également un manque flagrant d’encadrement pour les personnes souffrants de maladies chroniques ou graves, l’obtention de rendez-vous avec des médecins spécialistes est quasiment impossible et les plaintes sont ignorées par les responsables. Les soins sont accordés de manière insouciante.

Plusieurs prisonniers souffrent également de sérieux problèmes de santé mentale, de dépendances, et d’autres maladies chroniques causées par la pauvreté et par l’environnement hostile qu’est celui de la prison. L’obtention de soins médicaux est un droit et en être privé ne fait pas partie de nos sentances.

2. Programmes de réhabilitation

On dit que le but de la prison est nous réhabiliter. Nous demandons : comment peut-on s’attendre à ce que nous soyons réhabiltiés si il n’existe aucun programme pour nous aider à trouver du travail, à nous éduquer et à nous donner des outils pour devenir des citoyens productifs?

Il faut des programmes qui prennent en charge la question des problèmes de santé mentale et des dépendances ; qui nous enseignent des choses dont nous pourrons nous servir dans nos emplois futurs ; qui nous apprennent comment gérer nos finances personnelles et d’autres choses de la vie quotidienne; qui nous aident à bâtir des relations saines avec nos familles; qui nous aident à réintégrer la société.

Quel est le but de la prison si nous en sortons dans un pire état que lorsque nous sommes entrés ?

3. Équipement sportif

L’exercice physique est nécesssaire pour notre santé physique et mentale. Nous voulons rappeler à la province que nous aussi devons vivre avec un hiver froid. Nous avons donc besoin d’équipements d’entraînement intérieur pour reduire notre stress, nous occuper d’une manière saine et nous aider à survivre dans l’environnement carcéral.

Par ailleurs, nous dénonçons également les irrégularités dans l’attribution du temps auquel nous avons accès à la cour de la prison, et ce en violation de nos droits et de la loi sur le système correctionnel. Nous exigeons un accès à la cours selon les normes en vigueur afin de pouvoir bénéficier de l’air frais, du temps d’exercice et de la lumière du jour.

4. Les contacts lors des visites

À chaque visite d’un membre de la famille ou d’un.e ami.e, nous subissons une fouille complète pour prévenir le traffic de drogue et d’autres marchandises de contrebandes, ce qui nous fait poser la question suivante : si les fouilles corporelles éliminent complètement l’entrée de contrebande dans la prison, alors pourquoi sommes-nous privés de contact physique avec les membres de nos familles lors des visites ?

Plusieurs d’entre nous sont des parents. Nous demandons des visites qui nous permettent d’avoir des contacts humains et de permettre à nos enfants de nous voir autrement que derrière une vitre.

5. Vêtements et souliers personnels.

Comme nous subissons déjà un rigoureux dispositif de fouille afin d’éviter la surveillance, nous devrions avoir le droit de porter nos propres vêtements et souliers à l’intérieur de la prison.

Les vêtements et souliers fournis par la prison sont souvent inadéquats. Nous recevons des souliers qui sont parfois trop petits, parfois trop grands, et ne recevons pas de vêtements appropriés pour l’hiver et qui nous permettraient d’aller à l’extérieur.

Porter nos propres vêtements nous aide à se prévenir de l’internement et nous permet de nous sentir comme des êtres humains.

6. Une alimentation égale à celle des autres prisons.

Nous exigeons une alimentation saine, et égale à celle des autres établissements d’incarcération, en respect avec les croyances et pratiques culturelles de tous les prisonniers. Nous ne comprenons pas pourquoi certaines choses inscrites au menu peuvent être présente dans un établissement de la province, mais pas dans un autre.

Nous exigeons du gouvernement le respect des diètes des prisonniers des différents cultures. Nous avons luttés pour obtenir un menu pour les prisonniers religieux. Le non respect de ceci constitue une violation de nos droits en lien à la liberté de religion. Des prisonniers sont devenus malades, incluant des déficites alimentaires sérieux et des dommages permanents à la santé.

7. Qualité de l’air.

Nous exigeons des autorités qu’ils améliorent la circulation de l’air dans la prison. Durant la plus récente vague des chaleur, la santé des prisonniers était compromise, surtout pour ceux souffrant de maladies chroniques.

8. Une cafétéria plus saine. 

Nous exigeons que le menu de la cafétéria soit revu et qu’une offre plus saine soit offerte. Les prisonniers remplacent les menus offerts par la prison en utilisant leur propre argent ou l’argent founie par les familles dans le but de pouvoir améliorer leur alimentation. Nous ne croyons pas que de nous permettre d’acheter que des produits sucrés et chimiques aident à promouvoir une alimentation saine. Si la malbouffe est éliminée des écoles, hopitaux et autres institutions alors pourquoi les prisonniers sont-ils limités à ces options malsaines?

9. Fin de la limitation des  visites.

Le contact avec nos familles et ami.es est primordial pour faciliter notre retour dans la société et nous permet de rester connectés avec ceux et celles qui nous soutiennent dans le monde exétrieur. C’est sur nos familles que repose le fardeau de devoir déposer de l’argent pour que nous puissions avoir accès à la cafétéria et au téléphone. Si la prison profite des familles, pourquoi rencontrons-nous des difficultées pour les voir comme nous le voulons ?

10. Accès à la bibliothèque.

Nous exigeons un accès immédiat à la bibliothèque. L’accès à cette dernière est essentielle pour nous permettre de nous défendre en cour et de connaître nos droits.

Il ne devrait pas y avoir de limite quant à nos désirs de s’éduquer à la bibliothèque.

***

Pour reformuler : toutes nos demandes sont raisonnables et promeuvent l’amélioration de nos conditions de vies. Nous reconnaissons que le complexe carcéral-industriel tente de nous ségréger. Nous sommes unis dans nos demandes. Ils ne peuvent pas tous nous séparer.

Nous appelons les gens en dehors des barreaux de la prison à partager cette déclaration, en écrivant au Ministre de la Justice, en contactant leur député et le département de la justice pour supporter nos demandes. Nous vous invitons également à en apprendre plus sur les conditions de détention dans la province, et à participer aux actions de solidarité qui se préparent en lien avec notre lutte.

Nous envoyons un message d’espoir à nos camarades en prison partout dans le pays et dans le monde.

«Personne ne peut prétendre connaître vraiment une nation, à moins d’avoir vu l’intérieur de ses prisons. Une nation ne doit pas être jugée selon la manière dont elle traite ses citoyens les plus éminents, mais ses citoyens les plus faibles.»
-Nelson Mandela