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Contre les frontières, contre les prisons. Stoppons la construction de la prison pour migrant-es de Laval !

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Juil 122018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Lancement d’un nouveau site web pour contribuer à la campagne contre la construction de la nouvelle prison pour migrant-es à Laval

Cette prison, qui devrait enfermer jusqu’à 158 personnes sans-papiers, devrait être construite sur les terrains du Service correctionnel du Canada, juste à côté de la prison Leclerc, et devrait ouvrir ses portes en 2021. Alors que le gouvernement libéral argumente que cette nouvelle construction serait une façon plus humaine de détenir des migrant-es, nous appelons cela ce que c’est – une prison, en sachant que ceci est simplement une façade plus belle sur un système violent d’emprisonnement et de déportation, qui maintient les gens enfermés dans des cages en déchirant des familles et des communautés. Nous voulons un monde sans prisons et frontières coloniales, un monde où les gens, pas les États, peuvent décider comment ils peuvent se déplacer et où ils peuvent rester. L’arrêt de la construction du centre de détention de l’immigration de Laval est qu’une étape dans la lutte pour détruire les prisons des migrant-es partout dans le monde.

Bloquons la construction de nouvelles prisons et fermons les anciennes!

Ce site est un centre d’information pour partager; nouvelles, analyse et documents liés à la lutte contre le Centre de détention pour les immigrants de Laval.

stopponslaprison.info

Bill C-75 selon une criminelle: Comprendre la réforme du code pénal des Libéraux (2ème partie)

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Juil 072018
 

De North Shore Counter-Info

Ceci est la conclusion d’une série à deux parties. Cliquez ici pour commencer au début.

Dans la première partie de cette série, on a vu en survol ce que tente de faire la réforme du code pénal des Libéraux, le projet de loi C-75. On a également considéré un des tâches d’ampleur qu’il se donne: façonner une réponse législative à certaines décisions récentes de la Cour suprême. Bien que celle-là soit peut-être l’aspect le plus important de cette loi, les autres sections auront aussi des conséquences importantes pour ceux et celles qui auront besoin de faire face à la justice. Alors ici on discutera de comment Bill C-75 donne davantage de pouvoir aux procureurs pour décider de comment poursuivre des gens, comment il change le traitement des jeunes et finalement la réponse qu’il fait aux mouvements sociaux, dont celui pour Colton Boushie et #MeToo.

Une des mesures les plus controversées de ce projet de loi est la discrétion qu’il donne aux procureurs sur comment poursuivre des accusations. C-75 changera un grand nombre de crimes désignés actes criminels en infractions hybrides, ce qui donne plus de pouvoir au procureur pour décider de comment poursuivre l’affaire.

Il y a deux classes de crimes au Canada: les actes criminelles sont les plus sérieux et les infractions sommaires sont les moins sérieux. Certains crimes sont classés comme hybrides ou mixtes, ce qui laisse au procureur le choix de les poursuivre par voie sommaire ou criminelle selon le contexte, ou même de changer d’avis pour arriver à un plaidoyer négocié.

Avec ce projet de loi, la plupart des actes criminelles passables d’une peine de moins de 10 ans de prison ferme deviendront des infractions hybrides, ce qui veut dire que le procureur pourrait choisir de les poursuivre par voie sommaire. Cependant, il augmente également la peine maximale pour les infractions sommaires de six mois à deux ans (ce qui est aussi la peine la plus longue qu’on purge dans une prison provinciale). Bizarrement, cela fait que les crimes plus sérieux pourrait devenir moins sérieux tandis que les moins sérieux risquent d’être punis de manière plus sévère.

Comme on a vu dans la première partie sur la tentative de sortir des tribunaux le non-respect de conditions de caution, il parait que cette mesure veut donner aux procs plus de liberté pour chercher des plaidoyers négociés en offrant de changer des actes criminels en infractions sommaires. Comme les tribunaux sont des machines à plaidoyer, ceci ne fait qu’augmenter la pression sur l’inculpé-e de se dire coupable.

Normalement, les gens se battent plus fort contre les actes criminaux: les conséquences si on en a un sur notre casier judiciaire sont beaucoup pires, peu importe l’accusation. Les gens pauvres accusés d’un acte criminel ont plus de chances de qualifier pour l’aide juridique et de recevoir plus de soutien financier pour faire face à des affaires considérées comme plus complexes. Cependant, cette mesure augmente également la peine maximale pour des délits mineurs par un facteur de quatre. Si le procureur peut chercher une peine de 18 mois par voie sommaire au lieu de par la voie plus sérieuse, il peut ainsi réduire les ressources de l’inculpé-e et rendre moins probable que cette personne cherche à se défendre, même si la peine et les faits sont les mêmes. Pour autant que les Conservateurs se plaignent que cette mesure cherche à accélérer la justice par moyen de laxisme, de mon avis il a plutôt l’air d’une manière de contraindre les inculpés-es pour les pousser vers une condamnation plus rapidement.

En plus, la possibilité de procéder par voie sommaire augmente les chances que la police et les procureurs vont se servir d’accusations rares pour cibler des mouvements sociaux. Un exemple d’actualité, et un que les Conservateurs ne se lassent jamais de mentionner, c’est Attroupement illégal masqué (AIM), un crime inventée en 2014 qui vient d’être utilisé pour la première fois contre des anarchistes à Hamilton et à d’autres villes. Jusqu’à maintenant, les flics ont préféré des accusations conventionnelles pour les manifestants-es masqués-es, liées aux actions dont ils-elles sont accusés-es, car la constitutionnalité de AIM est douteuse, car elle cherche à rendre criminel le simple fait de participer à une manif sans commettre d’autre délit.

Il est probable que AIM soit en violation de la Charte des droits et libertés, car il criminalise la simple présence à une manifestation. Comme il est un acte criminel sérieux avec une peine maximale de dix ans fermes, il est fort probable que les gens ainsi inculpés feraient leur possible pour se défendre et il est également probable que les flics et les procs auraient du mal à dépasser les contestations fondées sur la Charte. Mais s’ils peuvent réduire la peine et rendre l’accusation moins sérieuse en la poursuivant par voie sommaire, le risque d’une telle contestation s’amenuise et la loi est donc plus utilisable. Comme en essence AIM rend légales les arrestations de masse, qui ne le sont pas d’habitude au Canada, rendre cette loi plus facile à appliquer est extrêmement dangereux.

Le gouvernement libéral puise sa légitimité de la perception d’être responsif aux mouvements sociaux progressistes. Cela leur permet de déactiver ces mouvements et ainsi les maintenir dans le domaine de protestation au lieu de risquer qu’ils deviennent des forces capables d’imposer leur volonté à l’État. Une des vagues de colère populaire la plus importante dans cette dernière année est arrivée suite à l’acquittement de l’homme qui a tué le jeune autochtone Colton Boushie.

Bien que le racisme soit omniprésent chez la justice, ici la colère s’est focalisée sur le fait que le meurtrier ait été un homme blanc et que la décision ait été rendue par un jury entièrement composé de personnes blanches. Ce problème ne date pas de hier: la commission Iaccobucci était lancée en 2011 pour examiner l’absence de personnes autochtones sur les jurys en Ontario. Mais les Libéraux n’ont pas regardé honnêtement la manière dont La Loi sur les Indiens a exclu les personnes autochtones de trucs basiques, comme la franchise, jusqu’aux deux dernières générations. Ou comment avoir sa résidence sur une réserve fait qu’on n’est pas présent sur la liste des jurés. Ou à quel point il coûte cher de se trouver sur un jury. Non, les Libéraux ont choisi plutôt un instrument grossier. L’avocat de la défense dans l’affaire Colton Boushie s’est servi d’un outil appelé la récusation péremptoire pour exclure les jurés qui avaient une tête d’indien, ce qui a énervé des gens, alors ils vont éliminer la récusation péremptoire.

Le problème c’est que cet outil ne sert pas qu’à ça, car à la base il n’est qu’un moyen d’exclure un juré sans se reposer sur une des raisons établies. Il pourrait, par exemple, servir à exclure un supremaciste blanc d’un jury, ou d’exclure quelqu’un comme moi, qui ne prononcerait jamais quelqu’un coupable. Il pourrait faire que les avocats auront plus de mal à exclure des jurés sur une base raciale (parce qu’ils auraient des « sympathies » dans une direction ou une autre), mais il ne fait rien pour faire face aux injustices structurelles de la société canadienne qui ne font que se dévoiler dans les jurys. Mais si le but n’est que d’offrir un appât aux manifestants-es antiracistes pour empêcher l’émergence d’un mouvement contre la justice, peut-être qu’il sera suffisant.

Plusieurs mesures dans le projet de loi C-75 endurcissent les conditions pour les personnes accusées d’agressions sexuelles et violences domestiques. Ceci répond surtout à la campagne #MeToo, mais il cible plus largement les mouvements féministes contre la violence sexuelle. Quelques provisions notables: l’augmentation de peines et l’inversion de la charge lors des audiences de caution pour les récidivistes (ce qui veut dire que l’inculpé doit fournir des preuves pour être relâché au lieu du procureur pour le garder). Ces mesures vont dans l’autre sens des autres aspects de C-75 (des cautions moins sévères, fournir des options pour réduire les peines) et ont évidemment le but de montrer que l’État considère qu’il y a trop eu de laxisme envers ces crimes par rapport à d’autres. C’est « durcir le ton face au crime » pour des gauchistes du genre qui acceptent la prison.

Aussi, la nécessité de protéger les survivantes est invoquée comme encore une raison d’éliminer les enquêtes préliminaires (comme on en a discuté dans la première partie) car avoir à témoigner deux fois est très traumatisant. Semblable à la question de la composition des jurys ci-dessus, l’incapacité total de l’État de prendre au sérieux les violences intimes et sexuelles pendant tant de décennies a fait que les mouvements contre le patriarcat ne pouvaient pas en bonne conscience conseiller aux survivantes d’aller vers la justice (comme son racisme veut dire que les personnes autochtones ou racisées ont aussi besoin d’en garder leurs distances). Ceci menace la légitimité de la justice alors le gouvernement cherche à s’en occuper le plus étroitement possible.

Aucun surprise que les politiciens, des gens qui aiment bien le pouvoir, choisiraient d’écouter aux féministes qui croient que la prison et la justice pourraient en quelque sorte contribuer à nous débarrasser du patriarcat. Individualiser ces problèmes et croire que foutre un connard ou un autre en taule pour plus longtemps puisse faire quoi que ce soit pour faire face à la question des violences faites aux femmes est tragiquement simpliste. La justice ne devient ni plus légitime ni plus féministe avec ce projet de loi. De plus, instrumentaliser les traumatismes des survivantes pour enlever des droits à tous-tes les prévenus-es est fourbe et mérite notre opposition.

Comme la séparation des enfants de leurs parents est d’actualité aux États-Unis, il vaut la peine d’examiner comment les Libéraux proposent de changer le système d’incarcération de jeunes au Canada. Une grosse tranche du projet de loi C-75 cherche à changer La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Sur un jour moyen, il y a environ 900 jeunes en prison, avec entre six et sept mille autres dans des programmes qui n’arrivent pas au niveau de prison. Environ la moitié est autochtone. Les jeunes qui sont incarcérés-es ou placés-es dans une institution soumis-es à des conditions restreignantes ont beaucoup plus de chances que d’autres jeunes de se trouver de nouveau en prison comme adultes. Alors comment la justice traite ses plus jeunes victimes a un immense impacte sur leur avenir et leur communauté.

L’orientation générale de Bill C-75 est de réduire le nombre de jeunes en prison par une augmentation de programmes restrictifs qui ne sont techniquement pas des prisons. Plus même que les adultes, les jeunes passent beaucoup de temps devant la justice pour le non-respect de conditions imposées en tribunal et, comme chez les adultes, C-75 cherche à changer cela en réduisant le nombre de conditions et en les traitant hors du tribunal.

Bien que je sois assez sceptique sur les courants qui ont comme projet d’étendre le contrôle et la violence de la prison à l’extérieur de ses murs en forme de conditions, la liberté sous supervision, les institutions gérées par travailleurs sociaux (comme les foyers de réinsertion) et ainsi de suite, c’est mieux que de voir les jeunes rester dans des cages. Cependant, ces réformes ne s’appliquent que si les jeunes sont jugés-es comme des mineurs, mais C-75 rend plus facile le processus pour les condamner comme adultes. Pour le moment, avant qu’un procureur puisse chercher à faire condamner un mineur comme adulte, il doit demander la permission du Procureur général, ce qui encadre un peu la décision et le rend plus difficile. Dans l’avenir, le bureau du procureur local peut décider pour lui-même, ce qui veut dire qu’encore plus de jeunes n’auront pas accès aux protections de La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents ni aux changements apportés par C-75.

Ce texte a été très long, mais je suis contente que vous l’avez fini. Le projet de loi C-75, tout comme la Loi omnibus sur la criminalité des Conservateurs avant lui, est par exprès long et tordue pour nous empêcher de comprendre ce qui se passe. Ce n’est pas facile d’avoir une vue d’ensemble sur un tel projet de loi, alors la plupart des commentaires là-dessus n’ont regardé que certains aspects. Mais avoir une opinion sur l’élimination des enquêtes préliminaires ou sur le jugement de jeunes comme adultes ou sur le changement de certains actes criminels en infractions hybrides manquera dans sa compréhension – il faut considérer la vision globale d’une loi pareille. C’est une loi progressiste, mais étroitement: elle s’occupe de certaines parties du Code criminel et des textes législatifs connexes où des problèmes ont été identifiés, mais de manière très limitée. Elle se concerne surtout de l’efficacité du système, ce qui masque de grandes questions, comme la pression exercée pour que les gens plaident coupables. Et certaines mesures importantes, tels la réforme du système des cautions, ont peu de chances d’être mises en pratique, car ils restent dans le pouvoir arbitraire des juges et des juges de la paix, qui peuvent vraiment faire ce qu’ils veulent.

Il y a encore d’autres aspect à cette loi (on n’a même pas discuté de toutes les lois bizarres qu’ils vont supprimer: la sodomie et « induire une fausse couche » ne seront plus techniquement illégales), mais j’espère que ce texte peut servir de résumé utile sur ce que C-75 veut faire. Ceci n’est que le début d’une conversation. Ce projet de loi est un des changements les plus importants à la justice des dernières décennies. Même si la politique canadienne est moins passionnante que le spectacle permanent au sud de la frontière, il vaut au moins la peine d’en développer une analyse, car on aura besoin de faire face à ces changements lors de chaque moment de lutte dans les années qui viennent.

Bill C-75 selon une criminelle: Comprendre la réforme du code pénal des Libéraux (1ère partie)

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Juil 032018
 

De North Shore Counter-Info

Cet article est en deux parties…

C’est la loi Colton Boushie et la loi #MeToo. C’est la loi qui veut accélérer les procès et changer le fonctionnement de la liberté sous caution entretemps. C’est une loi qui veut donner à l’État la discrétion de considérer comme plus sérieux les petits délits et les crimes majeurs comme plus légers. C’est une loi qui prétend vouloir moins de jeunes dans le système, mais qui facilite le procédure pour les juger comme des adultes. C’est la loi qui permet aux flics d’éviter le contre-interrogatoire, qui t’envoie devant le juge par vidéo et qui décriminalise officiellement la sodomie. C’est un projet de loi omnibus de 300 pages par le parti qui a passé des années à promettre de ne jamais se servir d’omnibus.

Le projet de loi C-75 est en comité au niveau fédéral en ce moment et il cherche à effectuer des changements majeurs au système judiciaire à travers le Canada. Pour une loi d’une telle ampleur, il n’y en a pas eu beaucoup de discussion en dehors des cercles politiques et légaux. Cependant, le système judiciaire, et les flics et les prisons qui viennent avec, est l’arrière-plan de beaucoup de nos choix dans le quotidien et il structure de manières subtiles et explicites nos idées de ce qui est possible. Ce bill nous touche toutes et tous. Et si comme moi tu te trouves de temps à autre à passer en procès et peut-être finir en taule, il y a des tas de trucs dans cette loi qui te concernent matériellement.

Ce projet de loi est bien trop vaste pour pouvoir en discuter comme il faut dans un texte de longueur lisible. J’espère que ce texte servira de point de départ pour d’autres conversations critiques sur ce bill qui puissent aller plus loin que les provisions misent en avant par les Libéraux pour apaiser certains groupes. Le cynisme ordurier du gouvernement (Il protège les victimes de violence domestique! C’est un bill féministe!) ne devrait pas limiter notre analyse. Divulgation complète, je suis anarchiste et je considère que le système judiciaire soit illégitime, peu importe les lois qu’ils mettent en place, et je le trouve honteux d’être un juge. Mais je trouve qu’une critique aussi large ne nous sort pas de la nécessité de bien comprendre les changements apportés par le projet de loi C-75, d’en former une opinion et de nous préparer à les résister ou à les subir.

En large, il y a trois catégories de provisions dans Bill C-75 dont je veux discuter. J’entrerai dans plus de détails sur chacun plus bas et j’ai essayé de mettre en caractères gras les idées importantes si vous ne voulez lire que certains bouts. Je les divise en catégories selon la motivation derrière les provisions et non par leur contenu, car il est intéressant de voir ce que le gouvernement pense être leur job.

  • Répondre aux décisions de la Cour Suprême qui imposent un délai maximal sur le temps que prennent les affaires à aboutir et qui cherchent à réformer le système de remise en liberté provisoire pour réduire la détention préventive et l’emploi de conditions de remise en liberté très dures. Ces buts passent pour progressistes parmi ceux et celle qui s’en occupent, mais comment le Chambre des communes les interprètent nous laisse avec beaucoup de questions.
  • Répondre aux mouvements sociaux, surtout ceux qui militent autour du meurtre de Colton Boushie and ceux qui appellent à l’élimination de la violence sexuelle. Ces parties du projet de loi se détachent par leur manque de profondeur et leur cynisme en se limitant à la sélection du jury pour le premier et à plus de dureté envers les accusés pour le dernier.
  • Donner plus de latitude aux procureurs pour décider à quel point les crimes sont sérieux, ce qui leur donne plus de pouvoir pour négocier des arrangements, qui facilite l’application de certaines lois et qui leur permet de punir plus sévèrement les crimes mineurs.

Tout d’abord, Bill C-75 répond à deux décisions de la Cour suprême connues sous les noms de Jordan et de Antic. La Maison de communes est responsable de s’assurer que le code criminel et la législation connexe (C-75 modifie 12 textes différents, ce qui est énorme) soient en harmonie avec les décisions des cours canadiennes. Cependant, le caractère politique de leur réponse est important, car les Libéraux cherchent à se présenter en qualité de réformateurs bienveillants tout en ne pas trop diverger du consensus canadien sur le crime (que celles et ceux accusés-es de crimes méritent tout ce qui leur arrive).

La décision Jordan aborde la question de la durée des poursuites. La Cour suprême a trouvé insuffisants les provisions en œuvre pour décider quand les droits de l’accusé ont été violés par la longueur du délai avant que leur affaire n’aboutisse. Les juges ont imposé désormais une limite maximale au délai : 18 mois pour des affaires jugées en cour provinciale et 30 mois si elles passent à la cour supérieure et il a eu lieu un enquête préliminaire.

Jordan a entrainé l’abandon de nombreuses poursuites partout au pays à cause de retards. D’habitude, laisser trainer les affaires aide à l’avocat de la couronne, car beaucoup de gens attendent leur procès en prison ou sont soumis à des conditions de caution rigoureuses, comme est normal au Canada (on va en rediscuter). Pour la plupart, la procédure est la punition. Le plus long le délai avant le procès, le plus les gens plaident coupable.

Être au niveau du défi posé par Jordan sera le but principal de C-75 et la plupart de ses provisions cherchent à éliminer des étapes et à accélérer les choses pour respecter les nouvelles limites. Je ne vais pas dresser la liste de tous les mesures, mais voici quelques-uns qui me semblent importants :

Le bill C-75 va se débarrasser des enquêtes préliminaires. Ces enquêtes sont des procès-avant-le-procès où le procureur est finalement obligé de défendre les accusations et faire face à des questions. C’est également le moment pour la défense de découvrir les contours de ce que va dire le procureur pour pouvoir mieux se préparer pour le procès ou bien de décider si ça vaut la peine. Les enquêtes préliminaires représentent environ 3 % des procès.

Ceux qui défendent l’élimination de ces enquêtes disent que depuis 1991 le procureur est obligé de révéler les détails de l’évidence avant le procès en tout cas ; ceux qui veulent les garder disent qu’ils permettent à la cour de focaliser sur l’essentiel et gagnent du temps lors du procès. Gain de temps brillant ou fausse économie ? Ça dépend de qui on écoute.

Les défenseurs de la terre et tous ceux et celles qui résistent, prenez gaffe : les accusations contre la personne inculpée en lien avec l’occupation anti-fracking Junex au Québec ont été abandonnées après l’enquête préliminaire à cause de leur nature politisées et exagérées. Cela a permis au défenseur de la terre de ne pas avoir à passer encore un an et demi avec des conditions de caution de merde. Lors de l’affaire du G20 Main Conspiracy (Conspiration Principal), la pression lors de l’enquête préliminaire a permis aux prévenus-es d’arriver à un arrangement qu’ils-elles trouvaient acceptable, au lieu de passer encore un an à attendre leur procès.

Le projet de loi C-75 cherche à économiser du temps en laissant les flics éviter le contre-interrogatoire, car il leur permet de donner leur évidence en forme écrite au lieu d’avoir à se présenter au tribunal. Ce qui veut dire que la présomption n’est plus que ton avocat puisse poser des questions sur ce que dit la flicaille, alors si un flic raconte n’importe quoi à ton sujet, ton avocat n’aura pas automatiquement la possibilité de le contester. Il faudra que tu demandes au juge de faire venir le policier et l’affaire sera remise à un autre jour, à des semaines de loin d’habitude. Si t’es en détention, aller au tribunal veut dire se soumettre à de nombreuses soi-disant fouilles humiliantes et passer la journée avec des menottes aux chevilles, en plus de comment chaque retard fait que tu passes encore plus de temps en taule. Et comme les tribunaux croient toujours à ce que disent les flics, c’est plus facile de dire que ça ne vaut pas la peine.

Il n’est pas encore clair comment ils vont le faire, mais bill C-75 cherche à augmenter le nombre d’audiences par vidéo pour les personnes incarcérées, peut-être même ça sera obligatoire dans certains cas. Quand moi je suis en détention préventive, je cherche absolument à me rendre en personne à mes audiences, bien que l’expérience d’y aller soit affreuse. La possibilité de parler à ton avocat ou même d’intervenir directement si t’en as besoin est important si on ne veut pas se trouver poussés-es vers une condamnation sans même s’en rendre compte. L’expérience d’aller au tribunal quand on est prisonnier-ère est vraiment horrible, mais c’est mieux que de juste se laisser faire.

Les Libéraux présentent pleines d’autres parties de ce projet de loi comme des réponses aux obligations de Jordan, mais ces trois mesures qu’on vient de voir en sont le fondement et ils vont faire une différence importante pour tous ceux et celles qui passent par le système.

La deuxième décision de la Cour suprême, Antic, aborde un problème dont personne peut ignorer qui a déjà été inculpé ou qui a assisté à l’audience d’un proche : comment marche le système des cautions. Le moment où tu te trouves accusé-e d’un délit au Canada, tu risques d’aller immédiatement en prison pendant des mois ou des années. Et si tu as la chance de te voir relâcher en attendant ton procès, tu auras à subir des conditions souvent très dures à suivre et qui servent de piège pour garder les gens dans le système.

À un moment quelconque, environ 60 % des prisonniers et des prisonnières au Canada sont en détention préventive (si on ne regardait que les taules provinciales ce chiffre serait bien plus élevé). J’ai pleines de choses à dire sur cela et sur comment ça s’est produit : les décisions sur la caution sont la responsabilité des juges de la paix (JP) [à noter : au Québec, ce rôle est joué par un juge comme les autres] qui ne sont pas de vrais juges, ne sont pas responsables de leurs décisions et ne sont même pas obligés de connaître les lois en question ; le fait que faire appel à une décision sur la caution va coûter des milliers de dollars et peut prendre des mois ; et comment la plupart du mal que fait l’incarcération a lieu dans les premiers jours, car tu perds ton boulot et ton logement et tu vis des expériences traumatisantes. Mais je vais mettre de côté la colère que j’ai contre les JPs et les audiences de caution pour regarder le projet de loi.

Bill C-75 cherche à faire entrer dans le code criminel certains des principes de Antic qui pourraient théoriquement empêcher les JPs de remplir toutes les prisons du pays. Ils sont « le principe de l’échelle » et « le principe de mesure ». Pour citer Bill Blair, ancien chef de police sadique devenu politicien : « Le principe de mesure prend comme point de départ que l’accusé sera remis en liberté dans le plus bref délai raisonnable et sous les conditions les moins pénibles adaptées aux circonstances. » Ce qui étonne là c’est que cela n’était pas déjà le cas. Le principe de l’échelle offre un outil pour satisfaire le principe de mesure : si le procureur va chercher à faire imposer une condition plus stricte (disons l’assignation à résidence), il devrait démontrer pourquoi une condition moins restreignante (un couvre-feu ou une condition précisant le lieu de résidence) ne serait pas capable de satisfaire aux objectifs d’unecaution, en bref faire que l’inculpé soit présent pour ses audiences and assurer la sécurité publique.

Encore un élément de C-75 précise que les JPs et les juges devraient prendre en considération l’appartenance de l’inculpé à des groupes marginalisés et en particulier que les personnes autochtones ont droit à des audiences Gladue avant la décision sur la caution. Ceci est en reconnaissance du fait que les personnes autochtones ne sont que 4 % de la population canadienne mais représentent un quart de tous les prisonniers et que d’autres groupes subissent aussi des taux d’incarcération hors de proportion.

La raison principale pour laquelle les gens se voient refusés la remise en liberté sous caution la manque de garant [à noter : au Québec, l’exigence d’un garant est moins courante]. Le garant, c’est comme un co-signataire pour un prêt financier, mais qui engage une partie importante de leurs biens auprès du tribunal au cas de non-respect des conditions. L’oppression intergénérationnelle se fait voir aujourd’hui (et pas que comme ça) dans le fait que les personnes noires ou autochtones sont beaucoup plus pauvres que la moyenne, et surtout que les personnes blanches. Et si on ajoute la criminalisation de longue date de ces communautés et qu’en conséquence beaucoup de gens ont un casier judiciaire, l’obligation de trouver un garant est un des facteurs principaux dans la surincarcération de ces groupes.

Environ 20 % des poursuites en justice concernent le non-respect des conditions. Bill C-75 cherche à réduire le nombre d’affaires devant la cour et alors il invente une procédure de revue judiciaire comme alternatif à des poursuites criminelles si quelqu’un est accusé d’avoir violé leurs conditions. Normalement une violation de conditions lance une nouvelle poursuite pénale qui reste en vigueur même si t’es innocenté-e de l’accusation originelle et comme les JPs peuvent imposer ce qu’ils veulent comme condition, les violations arrivent tout le temps. Cela bloque les gens dans un cycle de récidivisme et le projet de loi C-75 prétend rendre cela un peu moins commun en réduisant le nombre de condamnations criminelles pour non-respect.

En général, tout ce qui fait qu’il y ait moins de personnes en prison me paraît bien. Non parce que je ne pense pas qu’il soit nécessaire de faire face à des comportements inacceptables, mais parce qu’enfermer quelqu’un dans une cage ne résout rien du tout. Cela dit, même avec ces réformes, le pouvoir reste entre les mains des JPs qui, jusqu’ici en Ontario, s’en foutent des règles d’Antic et continue de distribuer des cautions parmi les plus sévères du pays. Qui a déjà vu un de ces connards en robe et en écharpes passer un jugement sur quelqu’un sans même faire semblant de réfléchir ne peut pas trop espérer que ces nouvelles règles fassent une différence. En plus, les flics adorent les conditions de caution, ils adorent le pouvoir supplémentaire que ça leur donne sur la vie des autres au delà de ce que la loi autorise d’habitude ; ok, il est possible qu’ils utilisent leur nouvelle discrétion de ne pas déposer des accusations en certains cas, mais le pouvoir est toujours le leur.

Jusqu’ici on a vu en gros plan ce que le projet de loi C-75 cherche à accomplir et on est entrés en plus de détails dans comment il propose répondre à deux défis législatifs d’ampleur, les décisions de la Cour suprême dans Jordan et Antic. Dans ces deux situations, l’État s’intéresse moins à limiter les dégâts infligés aux personnes accusées d’un crime que de s’assurer que la machine roule fluidement et de protéger la légitimité du système. Dans la deuxième partie, on verra comment les Libéraux veulent donner l’impression d’écouter les mouvements sociaux féministes et antiracistes sans faire de changements de fond et comment ce que certains traitent de « laxisme » pourrait en effet voir plus de gens condamnés à des peines plus longues.

La deuxième partie suivra sous peu…

Brutalité, impunité et culture du silence : le cas de l’agent Paul Junior Morin #5629 du SPVM

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Mai 302018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il y a des histoires qui, à force de s’accumuler, nous permettent de comprendre les agissements des personnes qui profitent de leur impunité pour abuser de leur pouvoir et commettre des crimes sans s’inquiéter des conséquences. Le cas récent de deux agents du SPVM accusés de séquestration, voies de fait et de menaces sur un itinérant en 2010, nous révèle comment la police commet les pires atrocités et enterre des cas d’abus graves afin de protéger ses membres. Cet exemple permet de rendre visible à tous-tes cette culture de l’impunité. Nous savons cependant depuis longtemps que les policiers commettent des abus et font preuve de violences injustifiées sans être punis ou inquiétés, et en avons fait l’expérience, soit comme victimes, soit comme témoins.

Plusieurs de ces histoires sont racontées de façon informelle, au gré des événements, pour être rapidement oubliées. Lorsque plusieurs de ces récits concernent un même agent de police et ses collègues et qu’ils font état de harcèlement, de violences physiques gratuites, de fausses accusations, de parjure et d’abus graves, il est important de les relier afin d’en démontrer le caractère continu et systématique.

Paul Jr Morin s’en est bien sorti jusqu’à maintenant. Pourtant, il s’apprête à aller en déontologie 31 mai 2018 pour avoir tabassé une militante le 1er mai 2014. Le procès durera 6 jours, jusqu’au 13 juin. Beaucoup d’histoires de l’agent Paul Morin ne se sont toutefois jamais rendues jusque-là. Elles doivent néanmoins être racontées.

Paul Junior Morin est un policier comme les autres, il travaillait au centre-ville il n’y a pas trop longtemps, il est maintenant à Hochelaga au poste 23. Pour arrondir les fins de mois, il fait parti du groupe d’intervention Est (GI) et joue au robocop dans les manifestations.

Sauf que Morin (5629) dépasse souvent ses fonctions officielles de policier. Il vise les militant.e.s, souvent racisé.e.s ou socialement marginalisé.e.s (ie. Punks). Il suit les gens dans sa voiture, les interpelle par leur nom, les intimide.

Sans jamais avoir été formellement accusé, Paul Jr. Morin a souvent perdu des procès contre des personnes qu’il accusait d’infraction ou d’actes criminels. Ces accusations se sont avérées fausses et les juges ont jugé « peu crédibles » ses témoignages et ceux de ses collègues policiers, qui se contredisaient.

Si vous avez été victime de l’agent Paul Morin ou que vous avez observé l’une de ses interventions abusives et violentes, faites parvenir votre histoire au crapulespvm@riseup.net.

Une série d’histoires qui en disent long

9 mai 2008

Un jugement datant du 24 mars 2010 nous dévoile le caractère brutal et aléatoire des interventions de l’agent Morin. Celui-ci était intervenu auprès de Andy Ermilus le 9 mai 2008 à 3h du matin au coin des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine alors qu’il patrouillait avec son collègue François Gagné (matricule 5101). Il prétextait avoir vu la photo de Andy Ermilus dans un «rassemblement de police», rassemblement où sont distribuées les photos de différents suspects. Paul Morin ralentit aux abords d’Andy Ermilus et lui demande son nom. Celui-ci n’ayant commis aucune infraction continue son chemin. L’agent Morin serait alors sorti de son autopatrouille, matraque à la main, et aurait asséné un coup au genou, un deuxième à l’épaule et un troisième à la tête de la victime. Ermilus est alors menotté et emmené à l’hôpital en raison d’étourdissement et craignant de perdre connaissance. Ermilus est par la suite emmené au poste de police, où on confirme qu’il n’a pas d’arme à feu, pas de condition de remise en liberté provisoire et qu’il n’existait pas de mandat pour son arrestation.

À la suite du témoignage de Andy Ermilus et de l’agent Morin le juge Jean-Paul Braun acquitte Ermilus des accusations de résistance à son arrestation portée par l’agent Morin. Les agissements de l’agent Morin dans ce dossier dévoilent sa propension au profilage et à une brutalité arbitraire, arrêtant un homme d’origine haïtienne « ressemblant » à la photo d’un suspect vu il y a quelques jours. Ressemblance qui ont valu à Ermilus une aggression injustifiée de l’agent Morin, un passage à l’hôpital et des accusations de résistance à son arrestation. Acquitté lors de son procès, l’expérience de brutalité vécue par Ermilus se répétera au cours des prochaines années.1

23 mai 2012 et avril 2013

L’agent Morin était présent aussi durant la grève de 2012. Durant l’arrestation de masse, il a refusé l’assistance médicale à une personne éprouvant un malaise. De plus, il aurait fermé les fenêtres de l’autobus, pour être sûr que personne n’entende les plaintes. Il aurait aussi menacé quelqu’un.e avec un taser 11 mois plus tard pour avoir émis un bruit audible.

L’arrestation de masse, 23 mai 2012

About the incident at the mass arrest, William Girard on Facebook reported…

Several students questioned, as well as a nurse have testified that a person in his sixties had a cardiac malaise without having received adequate aid in a timely manner. This person complained of chest pains and difficulty breathing. He asked to be allowed to take his medicine which was refused by Agent Paul Junior Morin, badge number 5629, who was in the STM bus marked 27-028. He said that he had a paper on him to prove his state. Agent 5629 refused to help this person in distress. Students shouted to get an ambulance. Police closed the windows of the bus so that the sound would not be heard outside. Finally, the man fell to the ground, many precious minutes were wasted before police did anything and called an ambulance. Agent 5629 said that he did his job for “the cash” and also to intimidate students. [1]

1 mai 2014

Après la manifestation anticapitaliste du 1 mai, Paul Junior Morin plaque au sol une militante et lui donne des coups dans les côtes pendant qu’elle est inconsciente.

La CRAP, coalition contre la répression et les abus policiers, relate les faits:

Notons que l’agent Brassard fait actuellement l’objet d’une poursuite en dommages-intérêts de 85 000 $ intentée par Jennifer, une militante du COBP surnommée Bobette.

La poursuite, qui vise également les agents Paul Junior Morin et Ken Leblond, porte principalement sur une agression sauvage que Bobette a subi de la part du SPVM après la manifestation du 1er mai 2014, soit trois mois après le décès d’Alain Magloire.

La poursuite allègue que l’agent Morin a foncé sans raison sur Bobette dans un stationnement situé face au Palais de justice de Montréal, sur la rue St-Antoine, à l’angle du boulevard St-Laurent. La militante a été littéralement plaquée au sol. Le choc a été si brutal qu’elle a brièvement perdu connaissance. Ce n’est que lorsque les agents Morin et Leblond se sont mis à la frapper au ventre et aux côtes qu’elle a repris conscience.

L’agent Brassard a quant à lui tordu le pouce de Bobette alors qu’elle était écrasée contre un mur de béton par les autres policiers. Elle a demandé à ce que cesse la pression sur son pouce car elle n’éprouvait plus de sensation. Au lieu de cela, l’agent Brassard lui a dit ceci : « Tu sais Bobette ça fait tellement longtemps qu’on veut te pogner qu’astheur tu vas passer au cash ».

Bobette a été libérée après que les policiers lui ont remis un constat d’infraction en vertu du règlement anti-manifestation P-6.

Elle a cependant à nouveau perdu conscience peu après. Hospitalisée pendant une journée, les médecins ont conclu qu’elle avait subi un traumatisme crânien et une entorse cervicale lors de son agression dans le stationnement.

La poursuite allègue également que l’agent Brassard était tout sourire lorsqu’il a participé à l’arrestation de Bobette à la Cour municipale de Montréal, le 17 juin 2014, sous une accusation « d’intimidation d’une personne associée au système judiciaire », c’est-à-dire l’agent Brassard lui-même.

C’est cet événement qui mènera Morin en déontologie policière, où il comparaîtra pendant pendant 6 jours à partir du 31 mai 2018. Il sera accusé avec Ken Leblond (maticule 6162), Rock Lamarche et Mathieu Brassard (matricule 6070). À noter que Brassard est celui qui a assassiné Alain Magloire itinérant racisé en état de choc, le 3 février 2014.2

23 avril 2017

Le 23 avril 2017 se tenait une manifestation du groupe identitaire Front Patriotique du Québec à laquelle participaient plusieurs figures de l’extrême-droite québécoise. Parmi celles-ci on reconnaît notamment Shawn Beauvais McDonald (alt-right présent à la manifestation suprémaciste de Charlottesville) Robert Proulx (Ex-responsable de la sécurité pour La meute) et Philippe Gendron (membre des Soldats d’Odin et organisateur de la manifestation avortée au stade olympique pour intimider les demandeurs d’asile). Une vingtaine de participant.e.s à la manifestation d’extrême-droite portent des masques, des casques, des gilets pare-balle, des gants de combats ainsi que des bâtons. Un militant anti-fasciste (d’origine arabo-musulmane) sort d’un Starbucks avec un café et rencontre la manifestation. Il crie en bordure de la manifestation des slogans anti-racistes afin de dénoncer la procession de groupes armés d’extrême-droite dans les rues de Montréal. Contrairement aux membres d’extrême-droite armées dans la manifestation, ce militant n’est ni masqué, ni armé et demeure sur le trottoir. Sans avertissement, l’agent Morin poivre le militant, tandis que son collègue Frédéric Plante (matricule 5688) le plaque au sol en lui frottant le visage dans le gravier. Au moment de son arrestation, Frédéric Plante affirme au militant « On te connaît, tu es un baveux dans les manifestations ».

Manif 23 avril

Le militant apprendra au moment de sa libération qu’il est accusé d’entrave au travail des policiers et de voie de fait sur l’agent Morin. Selon les élucubrations de l’agent Morin, il aurait tenté de le pousser pour aller se battre seul, sans arme, ni protection avec les milices d’extrême-droite. L’agent Morin n’en restera pas là et continuera à harceler et intimider le militant deux semaines plus tard alors que celui-ci avait pour condition de ne pas entrer en contact avec lui. Le 9 mai, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, il ralentit son autopatrouille auprès du militant marchant sur le trottoir avec une amie et l’interpelle par son prénom, le menaçant de l’arrêter à nouveau.

À la suite des témoignages des agents Morin, Plante et de la victime, la juge de la cour municipale a acquitté le militant anti-raciste des accusations de voies de fait et d’entrave. Elle a affirmé que les témoignages des agents Morin et Plante étaient contradictoires et a remis en question leur crédibilité. Les fausses déclarations de l’agent Morin n’ont jusqu’à aujourd’hui pas été sanctionnés, malgré l’acquittement et le blâme de la juge à l’égard du comportement et du témoignage du policier.

Mars à juin 2017

Paul Morin semble avoir été en très actif entre mars et mai 2017. Il est à l’origine d’une série d’actes de profilage, de harcèlement et de violence dans le quartier Hochelaga.

Paul Morin émet, le 4 mars 2017, un ticket au nom de la Déferle, un espace social anarchiste dans Hochelaga pour des rebuts laissés sur le domaine public. Les déchets devant la Déferle sont souvent dûs aux locataires d’en haut ou au dépanneur d’à côté. Ceci participe à un harcèlement constant de la part de l’agent Morin envers des personnes ou des groupes qui critiquent le travail des policiers. En effet, au cours du mois de mai, Paul Morin a abordé les membres de SOS itinérance, un organisme qui vient en aide les personnes en situation d’itinérance et remet en question les interventions violentes des policiers à leur égard. Ils distribuaient de la nourriture dans une manifestation au moment de l’intervention de l’agent. Celui-ci les aurait menacé en affirmant : « On va s’arranger pour vous pogner plus tard ». Quelques jours plus tard, l’agent Morin interpelle le véhicule de SOS Itinérance et le mène à la fourrière, sous prétexte de « contrôle technique ».

Un autre incident, beaucoup plus violent, survient le 5 juin 2017 et concerne deux personnes qui, tard le soir, quittent la Déferle, un espace social anarchiste. Alors qu’elles marchent sur la rue Adam, elles sont suivies par une voiture de police roulant lentement en sens inverse de la circulation, sur une dizaine de coins de rue. L’une des personnes demande alors aux policiers s’il y a un problème. L’agent Paul Morin lui répond « T’as un criss de problème ». Les agents sortent de leur voiture et les aspergent de poivre de cayenne. Paul Morin utilise alors sa matraque télescopique pour leur asséner plusieurs coups. À l’aide de son collègue, les policiers menottent les deux victimes. Plusieurs autres policiers arrivent en renfort. Les personnes menottées reçoivent un ticket d’infraction pour avoir été dans un parc après 11h, ce qui n’était pas le cas. Les policiers les laisseront partir, blessé.e.s. Un mois plus tard, elles recevront une deuxième contravention par la poste pour bruit audible. Un voisin, observant la scène et arrivant sur les lieux recevra lui aussi plusieurs constats d’infraction. L’agent Paul Morin doit se contenter d’infractions municipales et ne peut inventer d’accusations criminelles puisqu’une passante enregistre l’intervention à partir du moment où les agents sortent de leur voiture.

Le nombre des incidents et le caractère grave des gestes posés par l’agent Paul Morin témoigne d’une impunité policière généralisée. Paul Morin a pu, de façon continue et systématique, sur près d’une dizaine d’années, commettre des assauts violents et du harcèlement envers des personnes racisées, marginalisées ou associées à des groupes contestataires. Ses interventions sont à chaque fois suivies d’accusations inventées et de faux témoignages. Sa crédibilité a maintes fois été remise en question lors de procès, parfois même par les juges. Nombre de ses victimes ont été acquittées à la suite de processus judiciaires longs et fastidieux, souvent accompagnés de conditions et de restrictions à leur liberté.

Les histoires répertoriées dans ce texte suggèrent que d’autres événements impliquant l’agent Paul Morin ont été vécus ou observés au cours de sa carrière. Il est à notre avis important de relier ces événements afin d’aider ses victimes passées et à venir dans leur défense, mais aussi afin d’informer la population du danger que représente ce policier et tous les autres qui demeurent protégés par la culture du silence et d’impunité du SPVM. Paul Morin n’est pas un policier ayant commis des erreurs exceptionnelles dans des situations exceptionnelles, il est à l’origine d’un nombre important de crimes pour lesquels il n’a jamais été puni ou inquiété.

Si vous avez fait l’objet ou avez été témoin d’une intervention de l’agent Paul Morin (matricule 5629), n’hésitez pas à faire parvenir votre témoignage, avec le plus de détails possible, à l’adresse courriel suivante : crapulespvm@riseup.net

Références

1 R. c. Ermilus, 2010 QCCQ 2878 (CanLII), <http://canlii.ca/t/29cv2>

2 https://deontologie-policiere.gouv.qc.ca/fileadmin/comite/audience/Role_audience.pdf C-2016-4094-3/5011-3

3 https://ricardusofhell.wordpress.com/2013/11/30/agent-5629-paul-junior-morin-who-risked-causing-someones-death-remains-on-duty/

https://lacrap.org/retour-sur-lenquete-magloire

Prison pour migrant-e-s : une bande anti-construction libère des milliers de criquets dans les bureaux d’architectes

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Mai 192018
 

Le siège social de Lemay, 3500 rue Saint-Jacques

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tôt un matin d’avril 2018, notre équipe de construction amateur a relâché des milliers de criquets dans les nouveaux quartiers généraux de la compagnie d’architecture montréalaise Lemay. Nous avons arraché un mur de plywood d’un côté du bâtiment et avons laissé entrer les criquets dans leurs tout nouveaux locaux. En effet, la compagnie Lemay et le Groupe A (situé à Québec) ont obtenu un contrat pour construire un nouveau centre de détention de migrant-e-s à Laval, en banlieue de Montréal. Son ouverture est prévue pour 2020. Nous sommes opposé-e-s aux frontières, aux prisons et aux centres de détention de migrant-e-s. Nous luttons pour un monde où toutes et tous sont libres de se déplacer et de s’établir; un monde libre de la suprématie blanche, du capitalisme, du colonialisme et du patriarcat.

Nous voyons cette action comme le début d’un effort concerté pour empêcher la construction de ce nouveau centre de détention de migrant-e-s. Les criquets sont reputés pour se reproduire rapidement et sont particulièrement difficiles à exterminer; leur bruit constant et leur prolifération rapide dans n’importe quel espace font de ces derniers bien plus qu’une simple nuisance. Ils se multiplieront dans les murs du bâtiment greenwashé de Lemay, dans Saint-Henri, un quartier en gentrification, et ce, même après que le mur que nous avons enlevé ne soit remplacé. Pendant ce temps, notre résistance s’organisera face au centre de détention des migrant-e-s et à tout ce qu’il représente.

Ce nouveau centre de détention pour migrant-e-s à Laval a été proposé dans le cadre d’un «ajustement» du système d’immigration proposé par le gouvernement canadien. La plus grande partie de cet ajustement est dirigé vers les infrastructures : des 138 millions accordés, 122 seront dépensés dans la construction de deux nouveaux centres de détention (à Laval et à Surrey, en Colombie-Britannique) ainsi que dans l’amélioration du centre de détention en fonction à Toronto. Le gouvernement justifie ces mesures en prétendant que les «centres» (pour ne pas dire prisons) ne respectent pas les standards internationaux. Il y a d’ailleurs quelque chose d’ironique à voir que tout en investissant dans de nouvelles prisons pour migrant-e-s, il prétend vouloir trouver des alternatives à la détention.

Ces nouvelles installations sont présentées comme des “meilleures” prisons. Elles sont supposément issues d’un design “non-institutionnel” et ont des espaces extérieurs et un accès facile aux familles ainsi qu’aux représentant-e-s d’ONG, mais priorisent tout de même la “sécurité publique” par l’incarcération. Les compagnies mandatés pour la construction du centre à Laval sont connues pour concevoir des palais de justice et des prisons “LEED”, ainsi que des bibliothèques et des pavillons universitaires. Il est difficile d’imaginer que cette nouvelle prison ne donnera pas une impression “institutionnelle”. La tentative du gouvernement Trudeau rappelle celle par le gouverment fédéral dans le système carcéral pour femmes des années 90 et la tentative du gouvernement ontarien d’assouplir son système carcéral. Les réformes dans les centres de détention visent à redécorer des bâtiments d’où il est interdit de sortir pour prétendre qu’il est acceptable d’y enfermer des personnes.

La nouvelle prison de Laval semble avoir une capacité semblable ou légèrement supérieure à celle du centre présentement en fonction (de 109 à 144 personnes, la nouvelle aurait une capacité d’enfermer 121 personnes). Alors que les dernières années enregistrent un taux plus bas d’incarcération de migrant-e-s et que les gouvernements prétendent vouloir le réduire davantage, ce projet laisse penser qu’il ne s’agit que de mensonges. Étonnant. Comme il a été dit, “construisez les, et ils se rempliront”. Il est peu probable d’assister à une réduction du nombre de détenu-e-s.

Voyons cela de plus près. En tant qu’acteur de l’”ajustement” du système d’immigration, le ministre de la sécurité publique Ralph Goodale a annoncé l’intention du gouvernement d’explorer des “alternatives à l’incarcération”. Dans le rapport qui a été écrit sur la réforme, le gouvernement affirme que les alternatives à l’incarcération incluent “la possibilité de s’identifier par téléphone pour ne pas avoir besoin de se rendre en personne aux services frontaliers, l’augmentation de la liberté de mouvement, la facilitation des critères et l’optimisation de l’efficacité”. C’est-à-dire rendre le travail des flics des frontières plus facile et sauver de l’argent.

Les alternatives les plus connues de l’incarceration des migrant-e-s incluent les maisons de transition et le port de bracelets électroniques ainsi que la probation à travers des ONG qui sont prêtes à agir comme gardiens de prison. Ces mesures sont préférables à l’enfermement. Alors que la prison est le bâton qui menace de frapper, elles représentent la carotte qui discipline. Dans tous les cas, elles servent de légitimation à l’usage de l’emprisonnement (“nous vous avons donné le choix d’utiliser la reconnaissance vocale même si vous ne pouviez pas régulariser votre statut car vous alliez être déporté-e, mais vous avez disparu, il faut donc vous jetter en prison”). Les alternatives à la détention sont des formes plus sophistiquées de contrôle de migrant-e-s qui permettent à l’État de paraître charitable tout en déportant et en emprisonnant des personnes qui ne les respectent pas.

La stratégie d’implanter des alternatives à la détention ne ferait qu’accentuer la collaboration entre les ONGs et le gouvernement pour la détention des migrant-e-s, en échange du financement pour payer les salaires des employé-e-s. En 2017, le gouvernement a signé un nouveau contrat avec la Croix Rouge pour évaluer les conditions dans les centres de détention des migrant-e-s. Par contre, la Croix Rouge surveille techniquement ces conditions depuis 1999, il s’agit seulement de la première fois qu’ils reçoivent un “financement de base” de la part du gouvernement. Avec 1.14 million en deux ans, la Croix Rouge continuera à “évaluer” les centres de détention et à dire au gouvernement que tout va pour le mieux, légitimant la continuation de l’emprisonnement des migrant-e-s. N’est-ce pas merveilleux, quand les ONGs font bien paraître la répression du gouvernement?

Qu’est-ce qui ressort de cet ajustement au final? Plus d’argent pour les prisons répressives, un peu d’argent pour des formes moins violentes de contrôle des mouvements et un peu pour la Croix Rouge. Dans le contexte des migrations à la frontière américaine de ceux et celles qui fuient le régime de Trump, un contexte où la plupart de ces personnes n’obtiendront jamais de statut de réfugié et pourraient bien se retrouver dans un centre de détention, nous voulons empêcher la construction de ce nouveau centre de détention des migrant-e-s. Selon nous, c’est un moment opportun, c’est même le seul moment, pour intervenir pour arrêter le cours des choses. Nous nous mobilisons contre cette nouvelle prison en gardant en tête que nous voulons aussi faire fermer l’ancienne. Nous voyons la prévention de la construction de cette prison uniquement comme une partie d’un combat bien plus grand pour détruire celles qui existent déjà.

En plus de placer cette lutte dans le contexte d’une “crise migratoire” globale, nous comprenons aussi que celle-ci s’inscrit aussi dans le contexte de la montée de l’extrême droite. Storm Alliance, un groupe d’extrême droite raciste et anti-immigration a organisé une poignée de maniestations à la frontière, souvent rejoint par La Meute, un groupe populiste spécifiquement québécois. Influencé par les rhétoriques anti-immigrante et d’extrême droite sur internet, Alexandre Bissonnette a fusillé et tué six personnes dans une mosquée de Québec il y a un an et demi. TVA et le Journal de Montréal ont aussi publié une fausse nouvelle islamophobe pour faire mousser la haine.

Avec tout cela en tête, nous comprenons que la lutte contre la construction de ce nouveau centre de détention est une lutte anti-fasciste, qui est elle-même une lutte contre la suprémacie blanche. Nous souhaitons lier nos actions avec celles d’autres personnes dans nos communautés, proches et éloignées, qui se battent également contre la suprémacie blanche et la montée de l’extrême droite. Même si nous combattons le libéralisme et sont gouvernement actuel au Canada, nous nous battons aussi contre l’extrême droite et leurs désirs d’un avenir plus violent.

Nous sommes inspiré-e-s par l’action récente pour empêcher la déportation de Lucy Granados. Nous sommes inspiré-e-s par le courage quotidien des personnes sans statut et par ceux et celles qui s’organisent et se rassemblent pour protéger nos communautés. Nous sommes inspiré-e-s par toutes les personnes qui se lèvent contre les frontières, les prisons et les autres formes de domination. Nous sommes inspiré-e-s à lutter pour leur liberté de s’installer et de se déplacer, et vous appelons à lutter avec nous.

Lemay n’est pas la seule entreprise impliquée dans la conception et la construction de la prison, et n’est donc pas le seul point de pression possible. Des plans architecturaux de Lemay, aux contributions du Groupe A, aux matériaux et aux équipes de constructions, il faut des ressources multiples pour bâtir une prison. Ceci est un appel pour plus de recherche, de discussions, et d’actions autour de Lemay spécifiquement, mais aussi de toutes les autres firmes et groupes qui sont impliquées dans le projet. Nous espérons voir d’autres bandes anti-construction agir dans le futur et nous espérons que ce projet devienne l’objet d’une campagne soutenue, capable de rassembler plusieurs personnes et groupes vers un futur sans prisons ni frontières.

Nous espérons que la résistance à cette prison continuera de proliférer, plus vite et plus loin que ces milliers de criquets.

Retour sur la manifestation de la CLAC du 1 mai 2018

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Mai 082018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La CLAC amorçait cette année la manifestation annuelle du 1er mai sur le thème du G7. Les plus puissants de la planète se réuniront le 8 et 9 juin pour une réunion d’ampleur dans la région de Charlevoix.

Cette année, le 1er mai avait une allure particulière, les syndicats acceptant de s’accommoder au calendrier du patronat ont décidé de faire une manifestation le samedi 28 avril en réunissant plusieurs milliers de personnes.

La journée du 1er mai, trois manifestations étaient appelées à Montréal soit celle de la CLAC au parc Lafontaine, celle du Parti Communiste Révolutionnaire dans le Golden Square Mile et celle des IWW dans Parc-Extension.

Environ 200 personnes se sont rassemblées vers 18h au coin sud-ouest du parc Lafontaine pour la manifestation de la CLAC. Un dispositif policier impressionnant était déployé tout autour avec les poussins à vélo ainsi que de nombreux bus d’anti-émeute. Le SPVM était bien décidé à ne laisser personne manifester en ce 1er mai. La foule s’agglomérant peu à peu, on a pu observer la présence d’une quarantaine d’individus qui ont commencé à se vêtir en noir pour former un black bloc plus conséquent que lors des dernières manifestations à Montréal. L’anti-émeute a donc décidé de se rapprocher pour ne laisser aucune marge de manœuvre à la petite foule.

Juste avant le départ, quelques discours ont eu lieu sur les ravages du capitalisme ici et ailleurs. La marche s’est alors élancée vers 18h30 sur la rue Sherbrooke en direction ouest. Les flics ont alors décidé de prendre le trottoir côté nord afin de mettre en cage la manifestation. Un petit black bloc bien déterminé ne voulait pas leur laisser cet espace si chéri par la Brigade urbaine qui lui donne un avantage tactique considérable. En prenant le trottoir, la Brigade urbaine arrive à contrôler l’ensemble de la manifestation, car elle peut décider où se dirige la foule et cela limite grandement l’attaque contre des symboles du capitalisme, telles les banques. Prendre le trottoir devrait être un réflexe collectif de la manifestation, car avoir une manifestation encagée par le SPVM est un problème pour tout le monde. Si tasser les flics du côté se limite à une petite portion de la manifestation, il sera alors toujours très difficile de tenir la rue à Montréal de façon plus combative.

Protégé par des bannières le black bloc a donc décidé de vider un extincteur, lancer des briques, des roches des feux d’artifice sur les policiers afin de les contraindre à battre en retraite. Bien que les flics aient reculé un peu, certains à l’avant ont du se cacher derrière des voitures par peur, la stratégie ne fut pas aussi efficace qu’escompté et la manifestation s’est retrouvée scindée en deux avec l’arrivée d’une deuxième brigade urbaine de l’autre côté qui a repoussé l’arrière de la manifestation vers l’est et a fait une arrestation. À ce moment les policiers ont pu rapidement reprendre le contrôle de la situation en déployant l’anti-émeute sur les rues au nord et au sud de Sherbrooke. Les gens n’ont eu d’autre choix que de se disperser ou de retourner vers le parc Lafontaine à peine 5 minutes après le départ. Ce n’est pas le conflit avec les flics qui a forcé la dispersion, mais bien une arrivée massive de flics de tous les côtés.

Les liens entre les gens dans la manifestation n’étaient pas assez denses ce qui a facilité la dispersion. Arriver à garder une unité beaucoup plus compacte aurait pu limiter les dégâts causés par l’intervention des flics. Garder un rythme plus lent et s’assurer que personne ne soit isolée à l’arrière ou à l’avant aurait peut-être permis de manifester un peu plus longtemps. Les manifestations annuelles comme le 1er mai sont préparées des mois à l’avance par les flics et ils cherchent à nous disperser le plus rapidement possible. Arriver à joindre les intentions de chaque personne qui vient manifester est difficile, mais reste la clé de la solution pour continuer à tenir la rue.

Ceci est un texte qui en appelle à d’autres pour savoir comment les gens ont perçu ce 1er mai et comment faire pour continuer à se retrouver dans la rue.

À ce jour : l’arrestation de Cedar

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Avr 232018
 

Du Hamilton Anarchist Support

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Le dernier mois a été chargé à Hamilton. Pour mettre en contexte l’arrestation de Cedar, on peut commencer par souligner le Salon du livre anarchiste qui s’est tenu au début du mois de mars, le premier salon du livre à s’être tenu en 7 ans. L’événement a eu un succès retentissant et a rassemblé des gens venu-es de tout le continent pour explorer des possibilités de changement radical, pour dessiner une vision d’un monde sans hiérarchies ni domination, pour simplement se rencontrer et apprendre les un-es des autres. La fin de semaine a été particulièrement marquée par une petite émeute ayant eu lieu à travers un des quartiers les plus aisés d’Hamilton sur une des rues les plus commercialement toxique. L’ « Émeute de Locke Street » était une expression collective de rage, non seulement contre la gentrification accélérée d’Hamilton, mais contre le capitalisme et le monde violent d’aliénation qu’il nourrit. Elle a mené à beaucoup de conversations productives par rapport à l’inévitable inconfort que produit la lutte pour de nouveaux mondes, et l’importance de clarifier et d’articuler nos politiques. Un nuage toxique de sédiments a aussi été brassé par l’émeute à Hamilton, on a pu voir un déversement massif de chaudes larmes pour les petits commerces, les conseiller-ères municipaux-ales ont crié au « terrorisme », et une ferveur anti-anarchiste des trolls locaux de l’alt-right ont vu là une opportunité pour prendre place sous les feux des projecteurs.

Dans les semaines qui ont suivi, plusieurs de ces réactions ont été dirigées contre le seul espace social anarchiste d’Hamilton, The Tower, qui est defacto devenu une cible avant même d’avoir eu la chance de se positionner pour appuyer l’émeute. Premièrement, ses fenêtres ont été fracassées, ensuite la porte a été défoncée et la librairie saccagée, puis les serrures ont été collées, et plus récemment sommes témoins d’une vague de graffitis amateurs incluant le mot « gay » écrit en colle de farine émiettée sur les fenêtres de plexiglas. À la fin mars, alors que les supporters du Tower étaient occupé-es à nettoyer l’espace aux suites du saccage, une coalition de trolls nationalistes blancs, misogynes et homophobes a organisé un rally en soutien aux commerces de la rue Locke. Leur triste rally a été largement confronté et déjoué, mais pas avant que certain-es d’entre eux n’aient eu la chance de se mêler aux propriétaires des commerces de la rue Locke et de discuter autour de beignes citron-pistache. Une fuite d’information a révélé que les Soldats d’Odin et les Proud Boys espéraient se rendre à The Tower après le rally pour confronter les « mâles beta de 120 lbs » qu’ils espéraient y croiser. La première fois qu’ils s’y sont pointé ils ont trouvé 40 anarchistes prêt-es à défendre l’espace. Ils ont crié leurs droits démocratiques et ont fini par utiliser une escorte policière pour se rendre de l’autre côté de la rue. Quelques heures plus tard, un plus petit groupe d’entre eux ayant l’air saoul s’est pointé en cherchant la bagarre et malgré nos nobles efforts pour désescalader la situation nous avons fini par les renvoyer chez eux ce jour-là avec des nez cassés et sanglants.

Pendant ce temps la pression publique s’est accru pour retrouver les responsables de l’action émeutière sur la rue Locke. La police a été incapable d’appréhender quiconque la soirée de l’action et a répondu aux lamentations publiques avec des promesses de justice et des appels désespérés invitant la coopération du public. Finalement, le 6 avril, un mois après l’émeute, la police a monté un spectacle pour satisfaire un public assoiffé de sang. Mandats en main, ils ont défoncé la porte d’une maison collective à l’aube et ont lancé une grenade assourdissante dans le salon. Avec des fusils d’assaut en main ils ont envahi la maison et menotté les gens, et ont arrêté Cedar (Peter) Hopperton avec des charges de complot visant à commettre un acte criminel (rassemblement illégal et port de masque). Les autres ont été relâché-es et ont dû passer quelques heures dans l’allée de la maison pendant que les flics mettaient la maison sans dessus dessous en cherchant quoi que ce soit pouvant être utile à leur enquête. Ils ont saisi les ordinateurs, les téléphones, des papiers, des zines et des livres, qu’on mettra des années à pouvoir récupérer de leurs pattes graisseuses.

L’audition pour la remise en liberté sous caution de Cedar, qui n’a eu lieu que cinq jours après son arrestation et après que la Cour ait manoeuvré de manière particulièrement sournoise pour la retarder, était un supplice méticuleux. Quatre heures de déblatérations d’imbécilités ont rendu évident que non seulement Cedar était jugé, mais bien aussi l’anarchisme au grand complet. Au final, Cedar s’est vu refusé une libération sous caution et a été renvoyé-e dans l’enfer de la prison Barton où des hordes de personnes kidnappées attendent leur procès dans des conditions misérables. Iel pourrait demeurer à Barton pour un an ou plus tandis que l’État traîne des pieds à monter un dossier contre eulle.

À Hamilton, nous avons organisé une solide équipe de soutien pour nous assurer que Cedar ait une défense légale fiable et autant de conseils et de communication que possible. Nous souhaitons poursuivre les projets auxquels iel tient, et soutenir toute forme d’organisation qu’iel pourraient mener en prison. Nous avons commencé ce blog à titre d’espace où fournir des nouvelles par rapport à la situation de Cedar, leur situation légale, et comment iel se porte. S’il y a plus d’arrestations par rapport à l’émeute de Locke Street, ce site offrira un espace similaire pour ces mesures de soutien. La prison n’est pas la ligne d’arrivée pour les anarchistes, ce n’est qu’une des dimensions du monde contre le quel nous nous battons. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour résister à l’isolement qu’ils essayent d’imposer à ceuzes qu’ils capturent, et continueront notre bataille ensemble contre ce monde de police, de tribunaux et de prisons.

Manifestation contre la police à Maniwaki

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Mar 282018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans le cadre de la semaine contre la brutalité policière, la région de l’Outaouais s’est mobilisé, comme chaque année, pour créer une série d’événements qui dénoncent la violence du service de police de Gatineau et de la SQ. Cette année, les organismes communautaires de la région et les militant.es ont aussi décidé.es de louer un autobus pour se rendre à Maniwaki en soutien aux deux familles qui ont subis les violences des agents de la SQ. En 2015, Brandon Maurice est décédé, abattu par un flic de la SQ, en 2018, un ami de la famille Maurice, Steven Bertrand, se fait tirer dans la tête par un constat du Palais de Justice qui refuse que Steven sorte fumer sa clope.

Nous tenions à crier haut et fort que la police n’est rien d’autre qu’un instrument de l’État qui abuse de son pouvoir, tout en protégeant les riches et les fascistes.

À Maniwaki, comme dans plusieurs régions patrouillées par les porcs de la SQ, ce sont des jeunes sortant fraichement de leur TP qui se ramassent avec ces runs dont ils ne veulent pas. Ces petits trous du cul arrivent dans ces régions, connaissant rien de leur réalité et en ne s’y intéressant pas. Résultat, à Maniwaki comme ailleurs, les policier.es baignent dans l’impunité alors qu’illes assassinent, intimident, profilent systématiquement les plus opprimé.es. On refuse cette attitude colonialiste des cops tout comme on refuse le silence sur les disparitions et agressions des femmes autochtones.

Tout ce qui nous reste, c’est de nous défendre nous-meme contre la police. On a ni confiance en eux, ni le systeme judiciaire ni leur déontologie fraternaliste.

Fuck l’état policier qui réprime les personnes pauvres, marginalisé.es et les militant.es politiques. Fuck ces porcs armés qui font regné un climat d’insécurité social. Fuck les chiens de garde de l’état, de la bourgeoisie et du système capitaliste, Antifa tant qui le faudra,et jusqu’a leur disparition absolue : NO JUSTICE NO PEACE, FUCK THE POLICE!

Une vitrine fracassée à TVA après la manif du 15 mars

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Mar 262018
 

De Journal corporatiste légèrement détourné, soumission anonyme à MTL Contre-info

L’édifice de TVA a été la cible d’un acte de vandalisme dans la nuit de jeudi à vendredi [le 16 mars]. Une vitrine donnant sur le boulevard De Maisonneuve a été fracassée. Bon moyen de rappeler que les possibilités d’attaquer n’existent pas qu’en manif, lors desquelles il n’est pas toujours simple d’agir en raison du nombre important de flics.

Peu avant 3 h 30, trois individus encagoulés qui marchaient sur le boulevard ont brisé la vitrine au moyen d’objets contondants, puis ont rapidement quitté les lieux.

Les policiers ignorent pour l’instant si l’incident est lié à la manifestation organisée par le Collectif opposé à la brutalité policière, qui a eu lieu jeudi soir.

G7 : Jus Parabellum – Le Teach-in !

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Mar 262018
 

Du Réseau de résistance anti-G7

Samedi, avril 21, 2018 – 09:30 to 17:00
2149 Mackay

La journée d’ateliers aura lieu le samedi 21 avril, de 9h30 à 17h00 au SCPA, 2149 Mackay (près du métro Guy-Concordia). L’horaire prévu est :

  • 9h30 : Ouverture des portes ;
  • 10h00 : Salle 1 : Anticapitalisme et G7 ;
  • 12h00 : Dîner;
  • 13h00 : Salle 1 : Atelier d’introduction pour médics de manif (« street medics ») / Salle 2 : Atelier d’introduction à l’autodéfense juridique ;
  • 15h00 : Salle 1 : Atelier de sécurité en manifestation ;
  • 17h00 : Fin.

Un atelier d’autodéfense (Muay Thai) sera aussi organisé, mais vous devez confirmer votre présence au rrag7-legal@antig7.org

« Jus para bellum » ou, littéralement, « justes, préparez-vous à la guerre ». Si on ignore pour le moment les coûts totaux du sommet du G7 des 7-8-9 juin 2018 à La Malbaie, on estime à plus de 300M$ les coûts liés à la seule sécurité du sommet. Alors qu’on aurait pu supporter nos malheureux services publics, comment peut-on réagir en voyant que tout cet argent sera finalement dépensé en répression et contrôle contre nous ?

Nous ne pouvons qu’espérer que la contestation du sommet se passera bien, que les leaders du G7 n’auront d’autre choix que de nous entendre et prendrons pour une fois au sérieux la préséance de l’humanité face aux gains de capitaux collossaux des businessmen et businesswomen qui leur collent aux souliers comme une veille crotte de chien. Mais à voir tout cet argent dépensé dans un arsenal de guerre, d’espionnage de la population, et de propagande pour justifier la répression, ce souhait d’un heureux G7 n’est que voeu pieu. Les leaders du G7 se préparent pour la guerre, il n’y plus de place pour la naïveté, faisons de même.

Le Réseau de résistance anti-G7 (RRAG7) organise donc une journée d’ateliers pour les personnes intéressées à contester le sommet. L’objectif de cette journée est d’informer toute personne intéressée sur ses droits et sur ce qu’elle peut faire pour se protéger. Nous serions heureuses et heureux de pouvoir transmettre les outils de base en vue de faire face à l’État et à ses deux bras droits : la police et le système judiciaire.

Les leaders du G7 nous font la guerre, guerre aux leaders du G7,

Les leaders du G7 nous font la guerre, jus para bellum.