Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

L’histoire du contrôle des armes à feu au Canada

 Commentaires fermés sur L’histoire du contrôle des armes à feu au Canada
Déc 272022
 

Face au retour du débat sur les armes à feu au Canada, nous avons pris le temps de traduire cet article datant de 2019 sur le sujet. Il provenait du site North Saskatchewan Resistance, qui n’est malheureusement plus en ligne.

La première loi sur le contrôle des armes à feu adoptée au Canada a reçu la sanction royale en 1886. Elle ne s’appliquait qu’aux territoires, comprenant ce qui est aujourd’hui l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. La portée de cette loi ferait même rougir Trudeau.

L’article 101 de l’Acte des Territoires du Nord-Ouest interdisait à quiconque de posséder, d’utiliser, de transporter, d’acheter ou de vendre des armes à feu ou des munitions pour quelque raison que ce soit sans l’autorisation écrite expresse du gouvernement. Cette loi est restée en vigueur jusqu’en 1905, date à laquelle la Saskatchewan et l’Alberta sont devenues des provinces. Le raisonnement derrière ce projet de loi, adopté par le gouvernement conservateur de Macdonald, était d’éradiquer toute dissidence restante contre l’État canadien, en particulier chez les Autochtones et les Métis des territoires, qui constituaient à l’époque la majorité. Même si les chefs de la rébellion du Nord-Ouest ont tous été brutalement exécutés ou exilés, que la Police montée du Nord-Ouest, fortement militarisée, parcourt la campagne et que la majorité de la population des Premières nations est regroupée dans de minuscules réserves, le gouvernement fédéral ressent le besoin de désarmer complètement l’Ouest sauvage. Depuis cette année-là, l’histoire du contrôle des armes à feu au Canada est une longue histoire où l’État désarme le peuple au premier signe de mécontentement.

Dans les années qui ont suivie, de nouvelles lois exigeaient que les citoyens canadiens aient un permis pour les pistolets et que les étrangers obtiennent un permis avant de manipuler une arme à feu. Un registre des armes à feu est créé. Malgré tout, les règles régissant la possession d’armes à feu étaient beaucoup plus laxistes que l’État policier totalitaire qui régnait dans l’Ouest au lendemain de la pendaison de Louis Riel. Alors que les gouvernements Trudeau et Turner font face à la pression des séparatistes québécois et que le FLQ démontre qu’il est prêt à aller très loin pour se libérer du Canada, de nouveaux systèmes de contrôle sont mis en place, d’abord en 1969 avec l’omnibus C-150, puis en 1977. Ces lois ont introduit le système des AAAF et ont classé les armes à feu comme étant sans restriction, à restriction ou prohibées.

Le système actuel de contrôle des armes à feu a vu le jour en 1991. Un projet de loi sur le contrôle des armes à feu a circulé pendant des mois à la suite du massacre de 14 femmes à l’École Polytechnique de Montréal en décembre 1989, l’un des pires crimes haineux au Canada. Malgré un soutien public important, le projet de loi n’a pas réussi à s’imposer au sein du Parti libéral ou du Parti conservateur.

À l’été 1990, cependant, les guerriers mohawks de Kanehsatà:ke ont commencé à défendre leurs terres contre les tentatives illégales du gouvernement du Québec de construire un terrain de golf au-dessus de leur cimetière. Après la mort d’un policier lors de l’affrontement, une crise de plusieurs mois s’est ensuivie, qui a jeté tous les grands partis dans une démonstration gênante de racisme colonial et de lâcheté civique. Une étoile montante du Parti progressiste-conservateur de Brian Mulroney, Kim Campbell, a présenté une version fortement modifiée du projet de loi sur le contrôle des armes à feu, auparavant impopulaire, et le projet de loi C-17 (1991) a été adopté par la Chambre des communes avec l’approbation des conservateurs et des libéraux. L’arme à feu utilisée pour massacrer plus d’une douzaine de femmes au Québec deux ans auparavant (le Ruger Mini-14) est restée sans restriction, tandis que les armes à feu portées par les Mohawk Warriors – toutes des variantes civiles semi-automatiques de l’AK-47 – ont été reclassées comme prohibées.

Quelques années plus tard, ne voulant pas être dépassé par les conservateurs, le Parti libéral a adopté des restrictions encore plus sévères sur les armes à feu. Le projet de loi C-68 (1995) a de nouveau été adopté sur la rhétorique de l’École Polytechnique, mais rien dans le libellé du projet de loi n’aurait pu empêcher les fusillades de masse. Le langage du projet de loi visait plutôt les ennemis de l’État, comme les guerriers Shuswap et Secwepemc qui avaient tenu bon au lac Gustafsen quelques mois seulement avant que le projet de loi ne soit présenté au Parlement.

Le gouvernement canadien a longtemps prétendu que ses efforts pour désarmer ses citoyens étaient dans l’intérêt de ces derniers, même si la GRC retourne à ses racines militaristes et ressemble chaque jour davantage à une armée d’occupation plutôt qu’aux Dudley Do-Rights familiers qu’on a fini par fétichiser. Lorsque le gouvernement viendra prendre le fusil de chasse suspendu à la cheminée ou la carabine dans le coffre-fort, rappelez-vous l’histoire du contrôle des armes à feu dans ce pays et pensez-y à deux fois avant de remercier le gendarme pour ses services lorsqu’il vous vole au milieu de la journée.

Lettre à la mairesse

 Commentaires fermés sur Lettre à la mairesse
Déc 212022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Valérie, vos petits discours à deux cennes à la mauvaise sauce gaucho ne convainc meme plus les citoyens les plus acharnés. Votre obstination à gonfler encore et encore le budget du SPVM nous a motivé à nous attaquer un peu aux équipements de la ville de Montréal. Ce jeudi soir dernier, dans Rosemont, les pneus de 15 véhicules de la ville, voiture, van, et petit camion, ont été crevés à l’aide de couteau et clou. Attention à vos véhicules personnels. Bonne journée!

Auxane Jonot : le policier raciste qui s’en vient vivre à Québec

 Commentaires fermés sur Auxane Jonot : le policier raciste qui s’en vient vivre à Québec
Déc 102022
 

De Montréal Antifasciste

Montréal Antifasciste exerce une activité de veille et de surveillance sur les groupes haineux, qu’ils se regroupent dans le monde réel ou sur des groupes en ligne.

Dans les dernières années, les franges radicales de l’extrême droite ont eu tendance à quitter les plateformes traditionnelles comme Facebook et Instagram pour se tourner vers des plateformes jugées plus dérégulées (comme GAB) ou mieux sécurisées (comme Telegram). Cela ne nous empêche pas de continuer notre travail de surveillance, comme nous l’avons fait cette année avec la section québécoise de la nébuleuse White Lives Matter.

En dépit de la perte de certaines de ses plateformes, nous nous sommes intéressé·es cette année à la communauté qui se regroupe autour d’Alexandre Cormier-Denis et de son média Nomos TV. Plus spécifiquement, nous avons pu observer toutes sortes de choses sur le chat Telegram réservé aux abonnés.

Récemment, un utilisateur de ce chat a plus particulièrement attiré notre attention.

L’utilisateur « Aux » est un jeune Français qui s’apprête à s’installer au Québec. Il est un fervent partisan d’Éric Zemmour (l’ex-journaliste devenu candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle française de 2022, qui ferait passer Marine Le Pen pour un gentil chaton) et de son organisation Reconquête. Tout naturellement, « Aux » s’est retrouvé sur le chat réservé aux abonnés payant de Nomos TV puisque son animateur, Alexandre Cormier-Denis, a beaucoup soutenu la candidature d’Éric Zemmour. Il y est actif depuis le 29 août 2022.

De Mr Deez…

« Aux» est actif dans la communauté du jeu vidéo. Il est connu pour être un joueur, notamment sur le jeu Call of Duty, sous le pseudonyme Mr Deez. Il anime une chaîne Twitch à ce nom, suivie par 2200 « followers » et a été derrière le projet YouTube « 5 choses à savoir ». De nombreuses preuves relient sans peine « Aux» à Mr Deez :

… au policier Jonot

« Aux» a finalement dévoilé qu’il travaille comme policier en région parisienne. En plus de se mettre en scène en uniforme, il a commencé à partager des photos de sa journée, comme des photos de son pistolet Taser.

Beaucoup plus choquant, il a décidé de partager des photos des gens qui étaient en garde à vue (arrêtés) – des personnes menottées à leur siège, évidemment photographiées sans leur consentement. De plus en plus décomplexé au fil des semaines, il a commencé à publier régulièrement les noms et les visages de personnes qu’il interpelle, afin de justifier son idéologie raciste. Il a fini par publier les photos ou coordonnées de pas moins d’une quinzaine de détenus, avec des commentaires pour chacun, ou il dévoile leur historique d’arrestations et leurs accusations, avec des commentaires désobligeants ou racistes.

Voici un échantillon des portraits de détenus qu’Auxane Jonot a publié sur la chaîne Telgram de Nomos; nous avons flouté les visages et autres éléments qui pourraient permettre d’identifier les personnes.

Il est même allé jusqu’à publier des extraits de son carnet de notes avec les noms, date de naissance, adresses, et numéros de téléphone – et une photo du système informatique interne pour les policiers avec les détails d’une intervention policière, avec les noms des personnes, adresses, etc.  Tout ça, juste pour donner un prétexte de discuter du « grand remplacement » ou dénigrer les gens qui ne sont pas blancs comme lui.

« Mes 4 interpellations à l’instant, je vous donne un exemple des noms 🙂 C’est nous, on écrit très vite à l’arrache 😭 eux ne savent à peine écrire ahah Justement, je montre au Québec qu’en France tout va très bien et que ceux qui disent le contraire sont des complotiste »

Ses comportements et gestes en disent long sur la culture qui règne aux services de police, qui baigne dans le racisme systémique.

« Alors c’est simple ça fait 4 ans que je suis dans la police, j’ai mis en garde à vu 5 personnes au TOTAL dont le prénom était français ou occidental disons. TOUT le reste c’est du prénom africain/maghrébin ou pays de l’Est. »

La police et le racisme systémique

Le fait que la police est une institution qui incarne le racisme systémique ne fait pas question – étude après étude le démontre, avec ses effets dévastateurs (violence, mort, incarcérations) pour les BIPOC, et même les services de police des grandes villes du Canada le constatent. On a vu que la police de Toronto s’est fait enlever le droit d’arrêter les gens aléatoirement (politique « stop and frisk »), à cause du profilage racial flagrant — et tout récemment les services de police du Québec se sont vu enlever le droit d’intercepter des conducteurs sans motif pour les mêmes raisons.

Il est aussi de plus en plus documenté qu’un bon nombre de policiers sont sympathiques aux mouvements d’extrême droite, et que certains en sont membres eux-mêmes. On l’a vu récemment avec le mouvement du soi-disant « Convoi de la liberté » — des policiers filmés qui donnent leur appui enthousiaste, et encore plus choquant, les allégations de fuites stratégiques de « tous les corps de police » au convoi. Aux États-Unis on a vu la police donner du soutien aux milices qui intimidaient les militant-e-s de Black Lives Matter, et qui ne voulaient pas arrêter Kyle Rittenhouse après que celui-ci ait tué des manifestants dans la foule — Rittenhouse qui a été finalement acquitté de toutes les accusations portées contre lui. En septembre, le Anti-Defamation League a publié une étude sur une fuite de la milice américaine des Oath Keepers, dans lequel on trouvait 373 policiers qui étaient aussi membres de cette milice (et relayait des témoignages de la manière par laquelle ils propageaient les valeurs de cette milice anti-immigrante dans leurs corps de police). On a aussi vu un ex-membre du FBI produire un reportage en 2020 qui documentait à quel point les services « de maintien de l’ordre » ont été liés à des activités militantes racistes dans au moins 12 états au cours de la dernière décennie. En Europe, il y a de nombreuses études sur l’extrême droite dans les corps de police – on y trouve une « culture d’extrémisme » selon le journal The Guardian, qui révèle que 81 % des corps policiers en France voteraient pour le Rassemblement National, et rappelle la fuite du groupe WhatsApp de policiers français bourré de racisme.

Qui est « Aux »?

Auxane Jonot
Aux Tonoj: https://www.facebook.com/auxane.soy
Twitter : https://twitter.com/MrDeeZHD
Twitch : https://www.twitch.tv/mrdeezhd
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCmamnT89_gghqsDP5-JvBaA

Emeline Maire
Facebook : https://www.facebook.com/emeline.maire.14
Twitter: https://twitter.com/Anywherexx

Plusieurs indices semés sur le chat des abonnés de Nomos TV nous ont permis rapidement d’en savoir plus sur lui. Auxane est son prénom, il est originaire de la région Bretagne et vit en région parisienne où il occupait un emploi de policier dans le Val-de-Marne (département 94), notamment dans la ville d’Arcueil.

Sa conjointe est pharmacienne et partage largement les idées racistes d’Auxane, comme celui-ci nous l’a appris, et comme nous l’avons découvert sur son compte Twitter. C’est d’ailleurs en partant des échanges sur leurs deux comptes Twitter que nous avons pu identifier formellement le couple comme étant Auxane Jonot et Emeline Maire.

Une arrivée imminente au Québec

Heureusement pour la jeunesse française, Auxane a annoncé avoir démissionné de son emploi de policier au mois de novembre 2022. Le couple de Français s’apprête à s’installer au Québec. Leur arrivée est prévue pour le 11 janvier 2023.

Il était d’abord prévu qu’iels s’installent à Montréal et qu’Auxane suive une formation en informatique. Sur le chat, Auxane demandait par exemple :

« Selon vous quels sont les meilleurs quartiers de Montréal? Les quartiers les plus épargnés par la diversité? »

Un récent séjour exploratoire cet automne a changé la donne. Suite à sa récente visite au Québec, Auxane déclare sur le chat que :

« Montreal est bcp trop LGBTophile/anglicisé à mort/et grand remplacé pour moi. »

Le couple a finalement décidé de s’installer dans la ville de Québec, jugée plus conservatrice, et ils ont déjà trouvé un appartement dans le secteur de Lebourgneuf.

///

Dans un élan de lucidité, Auxane Jonot a posé la question suivante sur le canal Telegram de Nomos TV :

« On est sur qu’il n’y a pas d’infiltré dans ce canal? Car on ferait vite la une de Mediapart »

Cette phrase à elle seule démontre bien qu’Auxane est tout à fait conscient de la gravité de ses actions et de ses mots, il expose sa haine dans un entre-soi raciste qu’il pense (ou espère) anonyme. Mais comme le dit très bien ACD lui-même : « on est sur de rien du tout ».

Faisons en sorte qu’Auxane et Emeline ne se sentent pas les bienvenus. Et pourquoi pas, qu’il fasse la une de Mediapart!

Il y a de la place pour tout le monde au Québec, sauf pour un ancien policier raciste.

Réfugié·es bienvenu·es, racistes dehors!

P.-S. On vous met en bonus cette capture d’un autre post raciste d’Auxane Jonot sur la chaîne Telegram de Nomos, dont l’ironie n’échappera pas personne…

Solidarité avec Alfredo Cospito! De Barton à Bancali

 Commentaires fermés sur Solidarité avec Alfredo Cospito! De Barton à Bancali
Nov 282022
 

De North Shore Counter-Info

On était dans la rue pour tenir notre banderole avec notre numéro de téléphone dessus pour communiquer avec les prisonniers dans la prison Barton à Hamilton, Canada, comme d’hab, mais on a voulu prendre un moment pour exprimer notre solidarité avec des prisonniers et prisonnières anarchistes en lutte.

Alfredo Cospito a entamé une grève de la faim dans la prison Bancali en Italie le 20 octobre pour exiger qu’on le sorte d’isolement et qu’on lui redonne accès aux appels téléphoniques, au courrier et aux visites. Il a était placé dans ces conditions en mai pour le punir d’avoir continué de s’impliquer dans les luttes anarchistes depuis la prison.

En tant que le Projet de solidarité avec les prisonniers de Barton, nous croyons fermement à la nécessité de ne pas oublier les prisonniers et de les soutenir quand ils entre en lutte contre les prisons qui les oppriment. Certains d’entre nous ont déjà fait de la prison et d’autres ont soutenu leur amis incarcérés, et nous savons toutes et tous à quel point c’est important et utile de faire en sorte que les prisonniers et les prisonnieres anarchistes restent présents dans nos vies. Ce qui n’est pas un geste de charité avec les personnes incarcérées, mais parce qu’ils restent des compagnons qui ont des choses précieuses à contribuer malgré les barreaux.

Ivan Alocco, Anna Beniamino et Juan Sorroche sont des prisonniers anarchistes qui ont également lancé une grève de la faim en solidarité avec Alfredo, et nous voulons leur envoyé notre solidarité aussi. Ce n’est que grâce à la multiplication et à la convergence des luttes qu’on devient assez puissants pour gagner, donc sachez qu’alors que nous travaillons avec les prisonniers de Barton pour détruire la prison ici, vous étés dans nos cœurs.

Notre petite banderole bien moche n’est qu’une petite chose, mais sachez qu’elle représente votre présence à côté de nous dans nos luttes.

Harcèlement policier après une manifestation pour de meilleures conditions de stage

 Commentaires fermés sur Harcèlement policier après une manifestation pour de meilleures conditions de stage
Nov 172022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Samedi 12 novembre 2022.

Par hasard, je passe près d’une manifestation de la grève pour des meilleures conditions de stage, partant du parc Émilie-Gamelin (Mtl). Je m’y joins spontanément.

La manifestation est petite. Je n’estime généralement pas très bien les nombres. Je dirais un peu plus de trente manifestant.e.s. Très près de nous, un flic pour deux manifestant.e.s. Provocateurs avec leur air réprobateur, leurs manœuvres sportives en bicycles et les ordres qu’ils nous envoient. Nous émousser, c’est ça leur job.

À la fin de la marche, je sais que je vais me retrouver seul. Je retarde ce moment le plus longtemps que je peux en suivant des camarades que je ne connais pas avant de devoir bifurquer. Lorsque je dois bifurquer, j’active ma caméra, afin de pouvoir partager le harcèlement policier que je m’apprête à subir. Voir la vidéo. Prière d’excuser la pique à caractère classiste et capacitiste qui s’y trouve par rapport à une scolarité plus ou moins longue. Sur le coup, sur les nerfs, c’est parfois un potentiel silence qu’on confronte plutôt que des idées. Je n’aime même pas l’école. Telle qu’elle est, elle est un lieu de passation d’idéologies répressives et on n’y remet pas assez en question la relation d’autorité d’enseignant.e à étudiant.e, et ce, même parmi des gens qui s’y targuent d’anarchisme (selon mon expérience).

Soyez informé.e.s du fait que des étudiant.e.s stagiaires font présentement grève pour de meilleures conditions de stages. Entre autres, iels réclament des salaires. Iels servent présentement de cheap labor aux organismes, à l’État et aux entreprises alors que leur loyer et le coût de la vie augmentent disproportionnellement. Iels ont besoin de solidarité.

Sachez que je ne me surprends pas de la conduite des flics. Y ont fait très exactement leur job. Les raisons de détestation de la police et de son abolition se trouvent entre autres ici: https://cobp.resist.ca/sites/cobp.resist.ca/files/Etat-policier-2022_0_0.pdf.

Aussi, sachez qu’il est encore de mise (on semble l’avoir oublié) de protéger un minimum nos identités lors d’actions politiques. Pas parce qu’une action politique est prévue tranquille qu’il faut faciliter le travail de la police quant au profilage politique, également celui des extrême-droitistes soit dit en passant: nous avons des camarades qui ont été suivi.e.s par des gens de l’extrême droite après avoir participé à des actions antifascistes sans être masqué.e.s. Il est recommandé de ne pas être seul.e en manif et de ne pas se séparer trop vite de ses camarades. Les flics ont beau ne pas être du monde, sont tout de même faits de chair et doivent encore avoir un certain instinct de conservation face à un groupe.

Bonus (document sur nos droits face à la police): https://cobp.resist.ca/fr/documentation/pamphlet-surprise-des-droits. Noter que je ne suis pas à jour et que j’ai peut-être dit des faussetés dans la vidéo. Elle n’en est pas moins une preuve que les flics ne servent à rien que nous harceler et nous émousser.

ACAB

Annuler la Fierté ? Nous avons préféré ne pas le faire.

 Commentaires fermés sur Annuler la Fierté ? Nous avons préféré ne pas le faire.
Août 142022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Vers 9 heures le dimanche 7 août, Fierté Montréal a informé le public via Twitter qu’elle annulait le défilé de la fierté. Alors qu’iels ont d’abord prétendu qu’il y avait eu une impasse entre les organisateurs et le SPVM après des négociations tôt le matin sur des questions de « sécurité » , Fierté s’est ensuite rétracté, assurant le public que le SPVM n’avait rien à voir avec la décision. La ligne médiatique actuelle en provenance de Fierté semble être que la personne responsable de s’assurer qu’il y avait suffisamment de bénévoles sur le terrain pour bloquer les rues a simplement « oublié » de le faire.

Il y a quelque chose de surréaliste dans la vitesse à laquelle ces histoires changent. Le fait que Fierté ne puisse pas nous donner une réponse franche et honnête devrait nous mettre en colère. Iels ont rencontré ou non les flics dimanche matin ? Que s’est-il passé entre le moment où iels ont annoncé publiquement que les négociations avec les flics avaient abouti à une impasse et le moment où iels se sont rétractés pour assurer au public que la décision était, en fait, la leur et uniquement la leur ? Pourquoi Gamache a-t-il par la suite ressenti un tel besoin de souligner, publiquement, à quel point le SPVM a été formidable ? Moins on en dira sur le récit selon lequel quelqu’un.e à Fierté a simplement « oublié » de trouver 80 bénévoles, mieux ce sera. Pourquoi ne peuvent-ils pas nous parler franchement ?

En colère après la décision d’annuler le défilé, des queers ont appelé la communauté sur les médias sociaux à se réunir à la place Émilie-Gamelin. Une manifestation spontanée, menée par des queers et des anarchistes sur place, a quitté la place, se dirigeant d’abord vers l’ouest sur la rue Sainte-Catherine. Il n’y avait pas de personnel rémunéré ni de bénévoles formé.e.s, mais il y avait une bannière de carton, affichant au marqueur noir « Queer liberation without authorisation » (Libération queer sans autorisation) et une autre affichant « Fuck le cis-tème ». Plutôt qu’un service de sécurité privée, des politicien.ne.s et des commanditaires, nous avions des slogans anti-police. Nous aimerions penser que ces slogans ont dégagé la bonne énergie, car lorsque nous avons fait demi-tour pour repasser devant la place Émilie-Gamelin, la rue s’est rapidement remplie de monde.

La marche a continué à travers le Village, augmentant sa taille au fur et à mesure, remontant ensuite jusqu’à la rue Sherbrooke, où elle s’est ensuite dirigée vers l’ouest. La manifestation était si grande que nous ne pouvions pas en voir l’arrière depuis l’avant ; un.e participant.e estime que nous étions au moins 40 000 personnes. Des flics à vélo surveillant la marche ont été entendus dire aux participants : « Vous ne savez vraiment pas où vous allez, n’est-ce pas ? ». C’était vrai, mais comme toujours, les flics n’ont tout simplement pas compris. Les gens ne savaient peut-être pas vers où iels se dirigeaint, mais iels savaient crissement bien qu’est-ce qu’iels faisaient. Refusant la présence de la police au défilé et s’opposant à la logique anti-queer de la police et de la sécurité qui a conduit à l’annulation du défilé, les gens ont scandé « La fierté, sans sécurité ». Après que le cortège ait tourné vers le nord sur Saint-Laurent, les gens ont commencé à chanter « Tou.te.s, uni.e.s, contre l’homophobie », puis ont observé une minute de silence pour les victimes du VIH/SIDA. La marche est ensuite retournée vers le sud et, de loin, les marcheur.e.s pouvaient voir l’escouade anti-émeute du SPVM se préparer à protéger … le quartier général de la police. La marche s’est terminée au Quartier des Spectacles, où les gens ont profité des jeux d’eau pour se fondre dans la foule. Alors que la marche touchait à sa fin, un twunk portant un jock-strap s’est écrié : « You see, this what happens when you say no to the gays! » (Vous voyez, c’est ce qui arrive quand on dit non aux gays). En effet.

Plus tôt dans la journée, le SPVM avait pris la parole sur Twitter pour nous faire savoir que « comme chaque année, nous étions prêts à encadrer l’événement et nous serons là pour chaque édition ». Il semblerait cependant que très peu de policiers étaient présents pour l’édition de cette année. Alors que le SPVM avait quelques policiers à vélo présents pour la marche, ils n’ont pas été en mesure de bloquer les rues de manière adéquate, dépassés par la spontanéité de la marche. Mais peu importe, car les marcheur.e.s s’occupaient les un.e.s des autres plutôt que de compter sur la police pour assurer leur sécurité. C’est précisément le genre de scénario que craignait Gamache lorsqu’il a fait une déclaration décourageant les participant.e.s aux festivités de la Fierté de se joindre aux marches « désorganisées » ayant lieu un peu partout en ville. Cette année, cependant, ni Gamache ni le SPVM n’ont eu leur mot à dire sur ce qui s’est passé. Faisons en sorte qu’il en soit toujours ainsi.

Photo : André Querry

Comment la police interroge et comment s’en défendre

 Commentaires fermés sur Comment la police interroge et comment s’en défendre
Juil 252022
 

Du Projet Évasions

Un interrogatoire n’est pas un échange harmonieux entre deux individus. C’est un conflit. Et dans ce conflit, notre ignorance fait leur force. Ignorance sur le sens du travail de la police, ignorance sur les techniques de manipulation utilisées, ignorance sur le cadre juridique et enfin ignorance sur nos moyens de défense.

En réponse à ce constat, après une année et demie de travail, nous avons le plaisir d’annoncer la parution d’un livre, pensé comme un outil d’auto-défense contre la pratique policière de l’interrogatoire.

Nous diffusons ce livre à prix libre. Commandez-le dès maintenant en français ou allemand à travers le formulaire de commande sur notre site internet. Une version PDF y est également disponible.

Ce livre est le fruit de nombreuses complicités : relectures, corrections, discussions critiques, encouragements, illustrations, mise en page, traductions, impression et diffusion. Un chaleureux merci à toutes les personnes qui ont rendu ce projet possible.

Traduction

Cet ouvrage a pour objectif d’être un outil d’autodéfense. Afin que l’on puisse apprendre collectivement et individuellement à se protéger de la police jusqu’à ce que l’on jette cette institution dans les poubelles de l’histoire.

En parallèle de l’écrit, son contenu est transmissible oralement lors d’ateliers et de conférences. Mais il y a encore bien d’autres moyens de transmission qu’il serait intéressant d’explorer : podcast, vidéo-tutoriel, bande-dessinée, livre-audio etc. Si des personnes intéressées par ce genre de projets souhaitent reprendre ce contenu, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.

De plus, pour augmenter la portée de cet ouvrage, nous sommes à la recherche de personnes motivées à participer à sa traduction. Toutes les langues sont les bienvenues.

En cas d’intérêt : evasions@@riseup.net

Mois d’action anti-détention

 Commentaires fermés sur Mois d’action anti-détention
Juil 192022
 

De Solidarité sans frontières

Mois d’action contre les prisons de migrant.e.s.
1-31 août 2022.

Après des années d’oppositions, la construction de la nouvelle prison de migrant.e.s à Laval est presque terminée. Si elle ouvre, elle va justifier et étendre la capacité et le pouvoir du gouvernement à détenir, surveiller et déporter des migrant.e.s, adultes et enfants tout en les forçant à rester dans des conditions de vie et de travail exploitantes.

Tout au long du mois d’août, Solidarité Sans Frontières a donc décidé d’organiser un mois d’action en opposition à la nouvelle prison de migrant.e.s mais aussi contre toutes formes de détention et d’enfermement forcé. Joignez-nous pour une série d’ateliers, de projections documentaires, et de manifestations pour affirmer: la seule alternative à la détention est un statut pour toutes et tous!

Contre la prison de migrant.e.s, contre toutes les prisons!
Libérez-les! Un statut pour toutes et tous!

Il n’y a pas d’incendiaire isolé.e

 Commentaires fermés sur Il n’y a pas d’incendiaire isolé.e
Juil 112022
 

De Indymedia Lille

Affiche à télécharger en PDF 11 x 17

Ci-dessous, le texte de l’affiche :

Il n’y a pas d’incendiaire isolé.e

Un compagnon anarchiste, Ivan, a été arrêté en région parisienne le 11 juin 2022. Il est soupçonné de plusieurs incendies de voitures : plaques diplomatiques, voitures de riches, Enedis, entre autres. Nous reconnaissons l’incendie et le sabotage de voitures, d’antennes-relais, de pylônes électriques et d’enseignes comme une stratégie de la lutte anarchiste internationale.

L’omniprésence de nos ennemis fait leurs failles. Certaines cibles nous paraissent inatteignables, et pourtant, toutes leurs tentacules sont autant de talons d’Achille. Si le siège de telle entreprise est difficilement accessible, nous pouvons cramer une de ses nombreuses voitures, ses filiales et son alimentation électrique. Nous nous réjouissons de sectionner ces tentacules, seul.es ou en groupe, avec ou sans revendication, avec les moyens du bord ou des techniques plus perfectionnées. Ainsi, nous attaquons certaines structures de la domination.

Ces attaques ont lieu partout, tout le temps, parce qu’elles sont reproductibles et que les cibles sont à chaque coin de rue.

Nous attaquons parce que nous n’acceptons pas l’horreur de ce monde, parce que c’est un moyen de manifester notre solidarité, parce que nous voulons mettre un grain de sable dans l’engrenage du pouvoir. Pour toutes ces raisons, ces attaques nous donnent de la joie.

Solidarité avec les prisonnier.es anarchistes !
Liberté pour tou.te.s !
À l’attaque !

Des anarchistes (juillet 2022)

Mais pourquoi tu cours ?

 Commentaires fermés sur Mais pourquoi tu cours ?
Juil 012022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le premier mai anticapitaliste 2022 a montré de façon criante les limites de nos manifestations offensives. C’est une bonne chose que des camarades aient pu frapper certaines cibles symboliques mais c’est un vrai problème que ces attaques sifflent la fin de la manifestation au lieu d’en relancer l’élan. Il faut donc se poser la question de nos moyens, de nos choix tactiques et de nos capacités collectives.

Soulignons d’abord que ce n’est pas la casse qui provoque la dissolution de la manifestation. Certaines personnes quitteront toujours un évènement devenant plus offensif mais ce n’est pas tellement le cas ici ou très marginalement. On peut considérer que l’essentiel des camarades présents savent ou iels mettent les pieds et donc à quoi s’attendre. De même, la présence policière massive, collant parfois de très près le cortège, n’empêche pas la tenue de l’évènement (cf. la dernière manif du COBP). Le moment fatidique arrive avec l’usage des lacrymos.

Pour une raison difficile à comprendre, la fumée qui pique semble instiller une terreur sans nom au milieu montréalais. Le gaz est certes très incommodant et peut devenir un vrai problème pour certaines personnes qui y sont plus sensibles mais ce n’est vraisemblablement pas le cas de tout le monde et leur utilisation dans d’autres pays ne provoque les mêmes réactions. Le gaz y est d’ailleurs souvent plus concentré et utilisé plus généreusement. Le problème vient donc vraisemblablement d’un manque d’entraînement et de solidarité collective. Je pense qu’on peut identifier plusieurs facteurs imbriqués ; la peur du gaz et de ses effets, la peur de l’arrestation, la panique collective/mouvement de foule et la culture locale.

Je cours parce que tu cours…

La peur du gaz et de ses effets semble de prime abord tout à fait rationnelle. Il est normal de chercher à s’extraire d’une situation douloureuse ou inconfortable. Cependant cette peur de la douleur ou de l’inconfort est largement disproportionnée. Le problème de ce phénomène c’est qu’il agit comme une prophétie auto-réalisatrice. Chacun.e. sait que les effets des gaz ont tendance à s’aggraver avec la peur ou le stress, notamment pour les personnes qui n’y sont pas habituées. Le fait de chercher à s’extraire à tout prix du gaz renforce paradoxalement ses effets en contribuant à des phénomènes de panique collectives. Par ailleurs en cherchant à sortir par tous les moyens de la zone on en vient à faire de mauvais choix tactiques individuellement ou collectivement. Certain.e.s choisissent de quitter la manifestation en petits groupes, en s’illusionnant sur le fait qu’iels pourront la retrouver un peu plus loin. Dans les faits le comportement se propage et les appels lancés aux hasard à se rassembler ailleurs ne servent qu’à camoufler la débandade. Il me semble nécessaire de changer radicalement cet état de fait.

Tout d’abord c’est une bonne chose d’attirer l’attention de la manifestation sur ce que font les policiers, mais crier qu’« ils gazent » semble avoir l’effet inverse de ce qui est souhaité. Avant même de voir les palets rebondir sur le sol un vent de panique parcours le groupe et les moins aguerris commencent déjà à courir. Il faudrait trouver une solution pour ne pas renforcer indirectement l’efficacité des attaques policières. Peut-être serait-il bon de ponctuer ces appels d’encouragement à ne pas paniquer, à rester grouper et à ne pas courir.

Lorsque les capsules sont au sol, plutôt que de chercher à s’en éloigner, il devrait être une pratique commune de les éloigner de la manifestation, voir de les retourner à l’envoyeur (les flics à vélo n’avaient pas de masques au 1er mai et semblent avoir été pas mal incommodés par les gaz). Actuellement si certaines personnes ont bien tenté de les éloigner, la plupart des tentatives observées revenaient souvent à éloigner les capsules à coups de pieds vers d’autres endroits de la manifestation, même si ce n’était pas l’objectif. L’intention de ces camarades est bonne mais leur initiative est rendue très compliquée par le fait que la manifestation commence déjà à se disloquer, que l’endroit à protéger devient flou et qu’iels risquent de se retrouver isolé.e.s.

Une fois que le gaz commence à se répandre, invitons les plus paniqués d’entre nous à prendre une seconde pour analyser la situation. Est-ce que le gaz est vraiment si incommodant que ça ? Est-ce que les policiers se rapprochent vraiment trop près ? Ont-ils l’air de cibler des personnes ou de se préparer à faire des arrestations ? Ont-ils l’air de chercher à mettre en place une nasse ? Si aucune de ces conditions n’est remplie, se mettre à courir ne peut qu’aggraver la situation. Alors on s’accroche à son binôme, on reste groupé, on suit la bannière de tête et on essaye de rester calme pour ne pas aggraver les effets du gaz. La fuite par petits groupes est une solution individualiste à un problème de sécurité collective.

Il est bien sûr parfois nécessaire de courir, mais là encore, pas besoin de se lancer dans un sprint paniqué si les flics ne nous collent pas aux basques. Dans la plupart des cas, il suffit de trottiner quelques dizaines de mètres pour sortir d’un nuage trop dense ou pour se mettre hors de portée de l’anti-émeute. Ne pas courir trop vite contribue aussi à conserver la cohérence de la manifestation, à ne pas isoler les camarades moins rapides et à éviter le ciblage des gens isolés.

Mais… moi je cours parce que TU cours…

Les risques d’arrestation ont été évoqués plus haut mais il semble important d’y revenir plus précisément. Cette peur est bien plus légitime que la simple crainte du gaz. Se faire attraper peut avoir des conséquences graves pour la vie des camarades, spécialement si iels ont mené des actions offensives ou judiciairement condamnables. Ici encore il semble que la solution choisie par toutes et tous est de chercher à s’en sortir tout seul, ou avec son petit groupe.

Il faut rappeler que les flics cherchent actuellement à cibler certaines personnes mais plus rarement le groupe dans son ensemble. Or, en se mettant à courir de façon déraisonné on facilite leur travail; des personnes et des petits groupes se retrouvent isolés, se changent comme iels le peuvent, sans aucune protection, avec le risque omniprésent de se faire arrêter pour les moins rapide ou les moins discrets. Ceci offre des opportunités pour les policiers, que la personne ait fait quelque chose ou non. La plupart du temps les charges de l’anti-émeute ne servent justement qu’à nous faire courir ou reculer. Étant donné leur équipement il ne tenteront pas de nous suivre longtemps; leur tactique consiste essentiellement à nous faire peur en criant « Bouh! ».

La solution est cependant plus complexe pour résoudre cette question de la peur de la police et de l’absence de confiance entre camarades. Il s’agit d’apprendre à travailler ensemble pour développer cette solidarité qui manque cruellement. Il est aussi nécessaire de se former collectivement à agir en groupe pour qu’une masse critique de personnes se connaissant et ayant l’habitude, empêche nos manifestations de devenir une course au « chacun pour soi ».

On devrait arrêter de courir alors ?

Il faut donc ici parler de la question de la panique collective et des mouvements de foules. On a vu que ces manifestations étaient l’occasion de comportements irrationnels (peur du gaz, des arrestations etc.) qui provoquent par la suite une forme de panique collective. Selon moi il s’agit ici du danger principal dans nos manifestations, avant la police et ses armes. Nous ne devrions pas être surpris par la brutalité policière, par les arrestations et les procès. Tou.t.e.s les militant.e.s révolutionnaires connaissent ces risques ou les ont vécus. Néanmoins la plupart d’entre nous avons commencé à nous impliquer avec l’idée que la force collective était le moyen de faire changer les choses. Or ces moments de délitements individualistes viennent frapper de plein fouet le beau mythe de la solidarité dans nos mouvements; quand ça pète c’est chacun pour soi et on verra après. Pour de nouvelles personnes ce constat peut les dégoûter définitivement de s’organiser avec nous. Ce problème devrait en soi nous encourager à trouver des solutions mais il n’est malheureusement pas le seul.

Un mouvement de foule provoqué par la panique peut être particulièrement dangereux et difficile à arrêter. La taille de la manifestation fait que le danger reste limité dans notre cas et ne devrait pas provoquer de morts. Néanmoins il n’est pas difficile d’imaginer que de graves blessures soient occasionnés par ces mouvements de personnes cherchant à fuir les gaz et/ou la police; bousculade faisant chuter les gens, piétinement des personnes tombées au sol, sans compter les danger inhérents à la circulation.

Il est très difficile d’arrêter ces mouvements de panique une fois que le phénomène se répand dans le groupe. Chacun en a fait l’expérience, ça commence par quelques personnes qui courent ou crient et bientôt la panique se répand comme une vague à travers le groupe au point que même les personnes ayant la tête froide sont obligées de courir ou de se retrouver isolées (participant par là-même à la reproduction du phénomène). Il est essentiel de chercher à stopper cette panique dans l’œuf. Il faut rattraper ou rappeler au calme nos camarades qui paniquent et les faire revenir à la raison. Il faut s’abstenir de courir le plus longtemps possible et appeler régulièrement le monde à rester calme, groupé et solidaire.

…Moi j’ai pas confiance…

Il faut ici pointer le problème sous-jacent à tout ce qui a déjà été soulevé; le manque d’une culture de résistance collective qui encourage des comportements solidaires. Il est tout de même incroyable que, dans une ville qui compte autant de militant.e.s révolutionnaires, une meilleure coordination ne soit pas possible. Le manque de pratique y est sans doute pour quelque chose, les manifestations offensives ne sont pas si fréquente au cours de l’année, mais le problème demeure. Le travail mené par certains groupes pour organiser ces moments est démesuré par rapport à la durée et à l’impact de l’évènement. Il est de la responsabilités de tou.t.e.s de faire le meilleur usage de ces dates que nous imposons au calendrier de nos ennemis; 20 minutes de casse dans le centre-ville ne devraient suffire à nous satisfaire, pas plus que la facilité déconcertante pour la police de faire cesser le problème. Loin d’en sortir galvanisé je suis plutôt assailli par le sentiment d’une grande faiblesse collective. Les camarades excuseront cette conclusion qui tranche avec l’habitude d’auto-congratulation post-manif, mais ce texte ne cherche pas à jouer le rôle d’un communiqué de presse. Il y a des problèmes et il serait important de s’attaquer au problème collectivement.