Éditorial – C pour crosseurs, crapules, charognes, capitalistes…
Pourquoi nous visons le club 357C pour le 1er mai
Entre l’Hôtel de ville de Montréal et le club privé situé au 357 Rue de la Commune Ouest (Club 357C), il y a exactement 1,2 kilomètres. Plus ou moins 1 200 pas. Tout au plus 10 minutes de marche à une cadence normale. Moins de cinq minutes en limousine.
C’est la distance qu’un élu ou un fonctionnaire de la Ville de Montréal doit franchir pour passer de son bureau aux salons privés où il est invité à partager cocktails et petits fours avec divers personnages de l’industrie et du commerce tout en dressant des plans louches pour fourrer le pauvre monde qui paye son salaire.
La distance entre l’Assemblée nationale et le Club 357C est plus grande, mais la crapulerie est identique et l’appât du gain permet de la franchir très rapidement… Le 357C, c’est un bunker… le chaînon manquant entre la mafia, les entrepreneurs et les politiciens !
La Commission Charbonneau a mis en lumière les centaines de rencontres ayant eu lieu à cet endroit entre certainEs députéEs du Parti libéral du Québec, des décideurs du milieu municipal et plusieurs figures notoires des stratagèmes de financement illicite des partis politiques et d’attribution arrangée de contrats publics. Tony Tomassi et l’ancienne sinistre de l’Éducation Line Beauchamp ont été pointéEs du doigt et mollement chicanéEs pour leur « indiscrétion »1. Le premier a perdu la face et est tombé en disgrâce. La deuxième s’est pathétiquement défendue, mais avait déjà quitté la fonction publique au moment où la marde a vraiment pogné dans le ventilateur. La ribambelle de ripoux de l’administration municipale qui ont fricoté de près ou de loin avec des personnages louches proches du crime organisé sont trop nombreux pour qu’on en dresse la liste complète2. Mais les crosseurs du PLQ et d’Union Montréal ne sont pas les seuls à s’être laissés tenter par le chant des sirènes et le luxe ostentatoire du sélect Club 3573.
Pauline Marois. Jean-François Lisée. Réjean Hébert. Nicolas Marceau. Ces noms vous disent quelque chose ? Toutes ces grosses pointures du PQ ont avoué se l’être coulée douce au 357C à un moment ou à un autre. Marois peut bien dire qu’elle n’y est pas allée « pour se faire acheter » et Lisée a beau fanfaronner4, personne n’est dupe de la game qui se joue derrière les lourdes portes de ces clubs réservés aux riches et aux puissants. Et que dire de l’inepte François Legault qui, selon un article du Globe & Mail5, aurait carrément décidé de créer la CAQ suite à une rencontre avec son mentor Lucien Bouchard… au 357C ?
Daniel Langlois, les millionnaires et leur « culture »
Le fondateur du Club 357C, le richissime Daniel Langlois6, dit avoir voulu faciliter le rapprochement entre les décideurs et le milieu de la culture. C’est réussi. Il aura contribué à la culture de la collusion, de la corruption et de la grosse crosse sale. Pourrait-on faire arrêter cet hypocrite et opportuniste de Langlois pour crime par association ? C’est bien ce que plaident les flics pour justifier leurs arrestations de masses et préventives dans les manifestations…
Ouvert en septembre 2002, le 357C comptait sept ans plus tard quelque 530 membres, qui devaient chacun payer une carte d’adhésion de 3 600 $ par année. C’est le prix à payer pour se rencontrer en paix, ni vu ni connu. Un cocon doré pour faire des affaires en or ! Les administrateurs du club préservent d’ailleurs jalousement l’anonymat de ses membres. On peut tout de même en imaginer le portrait : majoritairement mâle, blanc, riche et grisonnant. La caricature de l’ostie de crosseur capitaliste !
Cet établissement s’inscrit dans la tradition des clubs privés qui, ici comme ailleurs, permettent à la bourgeoisie de manigancer à l’abri des regards. Seulement à Montréal, on a eu les Club St. Denis, St. James, Mount Stephen Club, Mount Royal Club, Montefiore Club, Beaver Club… Le bras droit de Langlois dans la gestion de ce havre de fraudeurs est Mark Brennan, un ex de la Banque Nationale et de la Bourse de Montréal. La compagnie gestionnaire du Club est Propriétés Terra Incognita Inc. spécialisée dans le design, la construction et l’exploitation de centres culturels et de divertissement.
Cette maison de passe (-moi du cash !) qu’est le 357C représente fidèlement la « culture » du secret et de la collusion qui caractérise le chevauchement de la classe possédante, de la classe politique et du crime organisé. Nous n’avons aucune raison de tolérer ce genre de repaire de crosseurs. Et nous avons toutes les raisons de nous révolter.
À un moment donné, ça suffit !
Il ne s’agit pas de succomber à la théorie du complot, mais de reconnaître la réalité du complot qui se perpétue jour après jour, année après année, décennie après décennie. Ce complot se nomme ploutocratie : le gouvernement des riches pour les riches. C’est-à-dire la forme de gouvernement qui sied naturellement au système capitaliste. Pour justifier l’exploitation et l’injustice, les ploutocrates ont toujours opéré sur le mode du mensonge, de la corruption, de la manipulation et de la violence systémique.
La fameuse thèse de la pomme pourrie, si chère à l’ordre établi, la fable commode selon laquelle les quelques crosseurs qui se font pogner sont des exceptions et ne reflètent pas vraiment la classe politique dont ils font partie, ne tient tout simplement pas la route. La collusion, le copinage et les magouilles de toutes sortes ne sont pas l’exception : se sont les règles élémentaires du jeu capitaliste.
La crise sociale sans précédent qui a secoué le Québec en 2012 a plus que jamais montré au grand jour tout le mépris de la classe politique à l’endroit des revendications légitimes de la population. Le PLQ n’a rien su faire de mieux que de jeter de l’huile sur le feu et il en a payé le prix aux élections. Arrivé au pouvoir, le PQ s’est empressé de montrer la profondeur de sa propre fourberie en trahissant tous ses engagements un après l’autre et en passant un budget antisocial. Après avoir flashé à gauche, le PQ ne s’est pas contenté de tourner à droite : il a reculé à droite ! Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que Marois affirme que la crise sociale est « derrière nous », puisqu’elle recule à toute vapeur dans sa direction!
Les élites, qu’elles tirent les ficelles à l’Hôtel de ville, à l’Assemblée nationale ou à la Chambre de Communes, ne servent qu’un seul et même maître : le Grand Capital. Que ce soit Harper qui s’en prend aux chômeurs et aux autochtones, Marois qui s’en prend aux étudiantEs et aux assistéEs sociaux ou les ripoux de l’administration municipale qui s’en foutent plein les poches, c’est toujours les mêmes qui fourrent et toujours les mêmes qui se font fourrer.
Contre la violence de leur mépris, la force de notre solidarité !
Lorsqu’on se tanne, qu’on sort dans la rue, qu’on fait du bruit et qu’on brasse un peu la cage, écoeuréEs de se faire niaiser, de l’austérité, de l’iniquité, de la violence du système et de l’impunité, les crosseurs en haut de la pyramide libèrent leurs chiens de garde pour nous tabasser, nous faire taire et nous criminaliser. Mais nous ne nous tairons pas !
Le 1er mai prochain, lorsque la police déploiera toutes ses forces autour du Club 357C pour épargner les crosseurs de la juste colère des travailleurs et travailleuses, des étudiants et étudiantes, des précaires, des pauvres et des écoeuréEs du système capitaliste, lorsqu’elle sortira son arsenal et fera valoir ses règlement iniques pour étouffer la contestation et nier le droit fondamental de manifester, il sera plus clair que jamais qui elle sert et qui elle sert à réprimer.
Le 1er mai prochain, ne laissons pas les capitalistes et leur milice nous intimider et nous diviser. Soyons solidaires, soyons uniEs et soyons enragéEs !
Le 1ermai prochain, marchons ensemble les 1 200 mètres hautement symboliques qui séparent l’Hôtel de ville du Club 357C. Allons porter directement notre colère aux responsables de la misère !
Aujourd’hui et à tout jamais : À BAS LE CAPITALISME !
– CLAC