Montréal Contre-information
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Nov 282016
 

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Soumission anonyme à MTL Counter-info

Lundi le 31 octobre dernier, environ 75 personnes se sont rassemblées à Hochelag’, avec costumes et bonbons, pour une manifestation d’Halloween contre la gentrification. Dans une ambiance carnavalesque, la petite foule s’est élancée dans les rues et a fait des graffitis sur les murs du quartier. Sur l’ensemble du trajet de la manif, on pouvait lire : « fuck homa », « genre = cauchemar », « tout le monde déteste la police », « junkies contre la gentrification », etc. Ça a donné un peu de couleur et de vie à Hochelag’ qui s’asceptise au fur et à mesure que poussent condos, épiceries bobos et magasins de linge haut de gamme.

Cette manif se voulait un renversement des dynamiques quotidiennes, au vu et au su des gens qui habitent le quartier, contre les flics qui protègent les nouveaux entrepreneurs, contre les tags qu’on efface dès le lendemain. Le temps de cette manif, on a pu habiter le quartier différemment, de façon plus incontrôlable.

La manif a déambulé dans les rues en se rendant jusqu’à Ste-Cathe, en scandant des slogans comme « des bonbons pour les enfants, des cailloux pour les bourgeois ». Parce que c’était un soir d’Halloween, les rues étaient animées et la manif a fait réagir plusieurs positivement. Les flics se sont pointés après une vingtaine de minutes. C’est à ce moment qu’une bande d’ados qui chillaient dans le parc sont venus se joindre à la manif. Ils ont envoyé promené la personne qui leur a offert des bonbons, se sont emparés de tout le sac, puis se sont enfuis dans les ruelles. Pleins d’enthousiasme, ils n’ont pas tardé à réapparaître et ont continué à suivre la manif.

Lorsqu’un premier char de flic s’est positionné à l’avant de la manif, une personne a courru pour couvrir l’arrière du char de gribouillis-graffitis, ce qui lui a fait prendre ses distances. Après avoir tourné sur Davidson, les gens ont commencé à fracasser des voitures de luxe à coup de marteaux, ce qui a irrité les flics qui sont dès lors devenus plus agressifs. C’est alors que la première roche a été lancée, suscitant des exclamations joyeuses de la part de la bande d’ados. La manif a piqué à travers le parc Davidson pour prendre la rue Cuvillier et échapper aux flics qui la collaient de près.

Lorsque la manif est arrivée sur Ontario, un groupe de gens a courru à contre-sens de la manif pour attaquer les voitures de police avec une douzaine de roches. Cela a cependant fait réagir la police en chargeant avec leur voiture cette petite bande, plutôt que de retraiter devant l’attaque, comme on pourrait s’y attendre. Les flics auraient clairement pu renverser et écraser une personne à ce moment là. On pense que mettre des barricades entre les chars de flics et ceux qui lancent les projectiles pourrait rendre ce genre de situation plus sécuritaire pour nous dans le futur. Ça pourrait être des dumpsters sur roues qui suivent la manif ou des chars renversés sur le chemin. Une autre chose à considérer est les roches peuvent briser les fenêtres de côté des voitures, mais pas les pare-brises : ainsi, si on vise ce dernier, il y a moins de chance que les policiers se sentent menacés et reculent. Par ailleurs, les gens ont rapidement épuisé leurs réserves de projectiles. En prévoir davantage nous rendrait moins rapidement vulnérables. La charge des voitures de flics a sonné le dernier coup de dispersion : les gens se sont enfuis à travers les ruelles et les rues adjacentes.

Cette manif, on l’a trouvée intéressante pour différentes raisons.

D’abord, on croit que c’est intéressant de profiter d’Halloween pour faire une manif, parce que c’est alors possible de se promener masqué.e dans la rue sans avoir l’air suspect. Et qu’en cette soirée de l’année tout le monde dans la rue a plus ou moins l’air sketch, alors ça facilite la dispersion de la manif.

Aussi, l’emphase de cette manif a été mise sur la contre-information dans le quartier, avec les graffitis et des affiches, sur des rues comme Ste-Catherine normalement patrouillées par trop de flics pour que les gens osent y faire des graffs. C’est puissant de pouvoir marquer les murs du quartier sans avoir à le faire caché.es dans l’obscurité des ruelles.

C’était aussi intéressant que ça soit une manif de quartier, plutôt que ces manifs de centre-ville aux trajets mille fois parcourus et hostiles, et où la répression policière est plus forte et nous fait souvent hésiter à agir. Faire une manif dans un quartier où on habite, où nos ami.es habitent est significatif de notre résistance dans ce lieu.