Soumission anonyme à MTL Contre-info
Montréal, le 24 mars 2019 — Une statue en bronze emblématique de la reine Victoria, inaugurée en 1900 et située sur la rue Sherbrooke sur le campus de l’Université McGill, a été vandalisée hier soir, en avance de la prochaine manifestation contre le racisme et la xénophobie.
Les statues de la reine Victoria à Montréal ont déjà été visées au moins trois fois en 2018: la veille de Noël par les Lutins rebelles du père Noël, le jour de la fête de Victoria par la Brigade Henri Paul contre la monarchie, et le jour de la Saint-Patrick (2018) par la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin
Séamus Singh, de la brigade, a déclaré: « Cette année, nous avons décidé d’attendre une semaine après le jour de la Saint-Patrick afin de mieux planifier notre action juste avant la manif antiraciste d’aujourd’hui. » La brigade souligne cependant qu’elle ne participe ni directement ni indirectement à l’organisation de la marche antiraciste.
Lakshmi O’Leary, également membre de la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin, a expliqué: « En fait, nous avons dû passer un temps considérable à enlever le épais revêtement de plastique qui a caché la statue depuis décembre après une attaque de peinture rouge la veille de Noël. » Elle a ajouté: « Nous avons laissé la cagoule sur le visage de la reine Victoria, car si les rebelles irlandais et indiens du siècle dernier avaient réussi, elle aurait été bien pendue pour sa criminalité. »
Selon la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin, la présence de statues de la Reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités.
Les statues sont également une insulte à l’héritage de la révolte par les combattant.e.s de la liberté irlandaise, et les mutin.e.s anti-coloniaux d’origine britannique. Les statues ne méritent particulièrement aucun espace public au Québec, où les Québécois.e.s étaient dénigré.e.s et marginalisé.e.s par des racistes britanniques agissant au nom de la monarchie putride représentée par la reine Victoria.
Le règne de la reine Victoria a représenté une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne a représenté un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué.
L’action d’hier est motivée et inspirée par des mouvements à travers le monde qui ont fait tomber et ont autrement ciblé des monuments par actes anticoloniaux et antiracistes: Cornwallis à Halifax, John A. Macdonald à Kingston (Ontario) et à Victoria (Colombie-Britannique), le mouvement Rhodes Must Fall en Afrique du Sud, la résistance aux monuments racistes de la Confédération aux États-Unis, et plus.
Selon Udham Connolly, un autre membre de la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin: « Notre action est une simple expression de la solidarité anti-coloniale et anti-impérialiste, et nous encourageons d’autres à entreprendre des actions similaires contre les monuments racistes et les symboles qui devraient être dans les musées, et non prendre de l’espace dans nos lieux publics. »
Séamus Singh conclut: « Cette fois, cependant, nous ne demandons pas que cette statue en particulier soit enlevée; tant qu’elle reste vandalisée avec de la peinture verte, avec la tête de la reine Victoria sous une cagoule, elle peut rester debout. »