Du SITT-IWW
Les frontières et leurs histoires
Aujourd’hui je vous parle des frontières et je pars déjà en étant en beau maudit suite à la déportation du camarade Éléazar du Canada, hein, le plusse beau pays du monde. En plus, il habitait dans la merveilleuse ville « sanctuaire » de Denis Coderre, faudrait peut-être le dire à ses chiens du SPVM que Montréal est supposément une ville sanctuaire, parce qu’ils continuent à livrer des sans papiers au gouvernement canadien. De la bonne vieille bullshit libérale.
Le problème c’est ça, un moment donné, à la fin du moyen-âge, les royaumes ont pris de l’expansion et ont commencé à se transformer en États. Pis le capitalisme est arrivé et pour fleurir véritablement, il avait besoin d’un État fort. Pis un État, bin il faut que ça gère un territoire, on a donc commencé à créer artificiellement des frontières pour délimiter ce qu’on a appelé les États nations (une nation par État.) Bien qu’on sache dès le début que le concept d’État nation est de la pure bullshit, ça n’a jamais empêché le système en place de nous le vendre comme une vérité naturelle. Des pays comme la France, l’Italie, l’Espagne sont formés par toutes sortes de petites peuplades avec des dizaines de langues différentes annexés par la force armée. Et que dire du Canada ? On est sensé croire que les francophones, les anglophones et les dizaines de nations autochtones différentes, on forme un beau grand État-nation ?
Bref, l’État nation, c’est d’abord et avant tout, une police, une armée, une douane et d’autres forces répressives qui contrôlent un territoire donnée au nom du capitalisme. Ça crée évidemment des guerres frontalières avec des zones disputées par différents pays. On n’a qu’à regarder ce qui se passe en Ukraine pour se convaincre avec une situation actuelle. Et qui dit dispute territoriale, dit souvent guerre aussi. Et qui dit guerre dit généralement milliers de personnes de la classe ouvrière qui s’en vont se battre contre d’autres milliers de personnes de la classe ouvrière pour les intérêts bourgeois et nationaux qui leur sont complètement étrangers. Ha c’est beau la nation !
Les frontières et l’intolérance
Ça crée aussi toutes sortes de phénomènes, comme le nationalisme. Tsé, ce sentiment de fierté envers notre état nation ou encore un état-nation nouveau qu’on pourrait créer grâce à un mouvement indépendantiste. Comme on dit souvent au PQ, On va l’avoir notre pays ! Encore une fois, on mobilise des gens de la classe ouvrière en leur faisant croire qu’ils ont plus d’intérêt commun avec leurs patrons québécois qu’avec les travailleurs et travailleuses qui ne parlent pas la même langue qu’eux. Parce que comme on dit souvent au PQ, l’exploitation, EN FRANÇAIS SVP ! Pas pour rien d’ailleurs que ce parti a finit avec le boss d’une des plus grosses business du Québec, doublé d’un des patrons les plus trou-de-cul comme chef.
Un autre phénomène qui rime aussi avec nationalisme, c’est le concept de xénophobie, qui devient une hostilité à ce qui étranger à sa nation, et ça aussi on est familier avec ça au PQ avec sa charte des valeurs, et comme on a pu le voir cette semaine, son opposition à une commission sur le racisme systémique au Québec. Un peu partout en occident, on voit une montée de la xénophobie avec une peur irrationnelle d’être envahi par des méchants réfugiés qui se font bombarder ou qui crèvent de faim dans leur pays. Pis leu plus drôle là-dedans, c’est qu’on entend des rednecks québécois nous dire qu’on va se faire envahir à cause de l’immigration. Hey ! Comme si les français étaient pas débarqués ici en envahissant les premières nations, et comme si le Canada avait toujours été peuplé par des personnes blanches d’origine européenne. Louis Riel doit se revirer dans sa tombe.
Les frontières et le capitalisme
Si on continue encore la marche de l’histoire des frontières on arrive aux années 1980 ou commence à émerger l’idée des traités de libre-échange à grande échelle et, par conséquent, la suppression des frontières pour ce qui est de la circulation des marchandises. Ces programmes de libre-échange nous étaient d’ailleurs vantés par nul autre que Jacques Parizeau et Bernard Landry, anciens premiers ministres du Québec et chef du… Parti Québécois ! Ce qu’on doit en retenir, c’est que d’avoir du libre-échange avec des pays où le salaire minimum est à moins de 2$ de l’heure et donc de délocaliser la production dans ces pays parce que ça coûte moins cher aux patrons, c’est une bonne chose. Mais pas question que les humains, eux, puissent circuler librement dans ces zones. Oh que non ! La marchandise, oui, les humains, qu’ils mangent de la marde.
Des dizaines d’années après l’implantation de ces politiques de libre-échange, on se rend bien compte que nos salaires et nos conditions de travail n’ont simplement pas évolué alors que les marges de profits des entreprises, elles, ont grimpé comme jamais auparavant. Bref, les seuls à qui profitent ce genre de politique, ce sont les patrons, les actionnaires et les banquiers.
Le syndicalisme ne sera pas restreint par les frontières
Ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est qu’en tant que travailleurs et travailleuses, nous devons avoir une vision internationaliste de notre lutte. Les systèmes qui nous oppriment, dont le capitalisme, sont internationaux et se foutent bien de la religion ou de la couleur de cheveux de la personne opprimée. Nous aurions un bien meilleur rapport de force si nous étions uni-e-s, en tant que classe ouvrière, au niveau international qu’en se vautrant dans la xénophobie et le nationalisme comme Rambo Gauthier, par exemple. Quand on pense, par exemple, à une multinationale bien de chez nous, comme Bombardier, qui n’a aucun scrupule à voler l’argent public ici, délocaliser ses emplois au Mexique pour finalement augmenter les bonus des dirigeants. N’aurions nous pas tout à gagner à nous allier avec les employé-e-s des usines mexicaines de Bombardier pour augmenter le rapport de force face à cette compagnie ? Tout le monde y gagnerait, les employés d’ici, les employés du Mexique et les contribuables en général.
Bref, les xénophobes et autre nationalistes ne cherche qu’à nous faire adhérer à un système dans lequel nous avons des intérêts communs avec des patrons québécois. Nous n’avons rien en commun avec un quelconque patron, peu importe sa nationalité. Par contre, nous avons beaucoup en commun avec les travailleurs et travailleuses de partout dans le monde. Ne nous laissons pas berner, la solidarité syndicale ne doit pas connaître de frontières, car nos oppresseurs n’en connaissent pas. Ripostons coup pour coup aux multi-nationales. Souvenons-nous que nos grèves seraient beaucoup plus rapidement gagnées si quand une usine se met en grève dans une entreprise, des dizaines d’autres suivent en solidarité partout dans le monde.
Éric Sédition, pour Action en direct.
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