Montréal Contre-information
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Jan 242017
 

De Toute détention est politique

Pour la cinquième année consécutive, une vigile de bruit s’est déroulée devant les centres de détention à Laval pour souhaiter une bonne année aux prisonnièrEs et leur manifester notre solidarité.

Le groupe d’une soixantaine de personnes accompagné d’instruments de musique et de feux d’artifices s’est regroupé devant le pénitencier Leclerc, le Centre de détention pour personnes migrantes, les résidences de transition B16 et le Centre Fédéral de Formation (FTC). Le rassemblement a également été l’occasion de rendre hommage à Arash Aslani, un ex-détenu du Centre de détention de l’Immigration décédé cette année. Il avait entamé, en 2005, une grève de la faim qui avait menée à sa libération après près d’un mois. Il avait continué depuis à s’impliquer dans les luttes pour les personnes migrantes (pour en savoir d’avantage, cliquez-ici). Les conditions de détention des migrantEs au « Canada » sont particulièrement alarmantes, se retrouvant souvent en détention pour des durées indéterminées sans charges ni procès. Il faut également mentionner qu’au moins deux migrantEs sont décédées durant leur détention dans ces centres cette année.

Retour sur la situation à Leclerc – Un an plus tard

Le transfert des femmes de la prison Tanguay vers Leclerc en février passé aura amené son lot de problèmes et de violences envers les détenues, déjà en position de vulnérabilité imposée par un système carcéral sexiste, raciste et capacitiste. Le transfert effectué de façon complètement désorganisé a causé de nombreuses tensions liées à la mixité dans la prison, entre autre, dans les cas de fouille à nue. Le temps absurde pour instaurer les services de base, l’absence d’accès aux effets personnels (allant jusqu’à 14 jours) et le non-respect des conditions de santé des détenues sont des violations graves que l’État se permet de perpétrer en toute impunité.

Il faut aussi mentionner que de nombreux agents correctionnels dans la prison sont des hommes et que le seul effort fait en ce sens est une mince formation de 4 heures sur la réalité des femmes en prison. La Ligues des Droits et Liberté et la Fédération des Femmes du Québec (FFQ) ont réclamé en mai passé une mission d’observation dans la prison, qui a bien entendu été rejetée par le gouvernement, et la FFQ a subit tellement de coupe dans leur subventions (cause d’austérité) que la moitié de l’équipe a dû être mise à pied, se retrouvant dans l’incapacité de continuer les pressions.

Présentement, le ministre de la sécurité publique affirme que l’ouverture de trois nouvelles prisons à Amos, Sept-Îles et Sorel-Tracy permettra de transférer les 84 détenus masculins de Leclerc d’ici à juin 2017. Il a également laissé entendre en octobre qu’il envisageait la construction d’une nouvelle prison adaptée pour les femmes dans l’Ouest du Québec. Cette optique générale du gouvernement ne cherche en aucun cas à s’attaquer au cœur du problème et se situe dans une idée générale de renforcement du système carcéral. Créer plus de prison n’est pas une solution, il faut réduire le nombre de personnes en prison. La moindre des choses serait de réviser les peines pour les délits mineurs et d’explorer d’autres pistes de solution, particulièrement en communautés autochtones, qui sont souvent les plus touchées. Situation engendrant le morcellement des communautés, l’éloignement, et les soumettant à des institutions coloniales qui ne sont pas reconnues dans leurs traditions (justice alternatives, justice spirituelle, etc).

NOUS NE VOULONS PAS DE MEILLEURES PRISONS, NOUS VOULONS LA FIN DES PRISONS!