Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Oct 022014
 

Aux médias libres
Aux peuples du monde
Aux opprimé-e-s

Poussés par un sentiment de rébellion, un rejet déclaré et un dégoût véritable envers tous les mécanismes de contrôle, dont le système pénitentiaire, nous, individus anarchistes et libertaires, depuis notre position de prisonniers séquestrés par l’État mexicain, avons décidé d’utiliser l’un des quelques outils de lutte dont nous pouvons nous emparer depuis l’enfermement : la grève de la faim, à partir d’aujourd’hui, 1er octobre, à un année de distance des arrestations du 2 octobre 2013, à 10 mois de la séquestration de Fernando Bárcenas et à 9 mois de celle d’Amélie, Carlos et Fallon.

Pour nous, la grève n’est pas synonyme de faiblesse, et nous cherchons encore moins à sombrer dans une posture victimisante, au contraire. Nous l’assumons en tant qu’alternative de lutte que nous considérons propice pour agir dans une logique de protestation et d’insoumission face à l’emprisonnement de nos corps et pour l’humiliation, l’isolement et la frustration qu’induit le fait d’être reclus dans ces centres de terreur. Nous optons pour le passage à l’acte plutôt que d’accepter la prison comme quelque chose de “normal”.

L’État cherche à former des citoyens dociles et serviles pour maintenir son “ordre social” établi et ainsi pouvoir nourrir la structure de production capitaliste que ne bénéficie qu’à la classe dominante. Les prisons ont un rôle primordial dans la configuration de ces bons citoyens. En réalité, c’est à la société bourgeoise que l’on cherche à réadapter les prisonnier-e-s.

Nous rejetons la supposée fonction de réintégration que la prison pourrait amener dans nos vies. Non seulement nous ne la considérons pas comme utile, mais plutôt comme portant très largement préjudice. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes décidés à poursuivre nos luttes pour la détruire, en commençant par de petites actions de négation et en ignorant son influence sur nos vies.

Nous déclarons cette grève de la fin indéfinie, sans revendication ni demande aucune. Nous en cherchons pas à améliorer la prison ou nos conditions. Il s’agit simplement de rejeter sa fonction hors de nos vies, en agissant de façon coordonnée et solidaire.

Avec cette action, nous accompagnons la protestation du 2 octobre, à 46 ans du génocide de Tlatelolco, sans oublier ni pardonner, faisant la guerre jusqu’à la fin de l’oppression.

Nous ne cesserons jamais d’aspirer à notre liberté !
Nous n’abandonnerons pas la lutte pour elle !

Jorge Mario González García (Tour Médicale de la Prison de Tepepan)

Carlos López “El Chivo” (Prison Est)

Fernando Bárcenas Castillo (Prison Nord)

Abraham Cortes Ávila (Prison Nord)

Source

Note de Contra Info:

Mario González et Abraham Cortes ont été arrêtés le 2 octobre 2013, au cours des commémorations combatives du massacre de Tlatelolco en 1968. Mario González a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison, accusé d’attaques contre la paix publique, tandis qu’Abraham Cortes a été condamné à 13 ans pour tentative d’homicide.

Fernando Bárcenas Castillo a été arrêté le 13 décembre 2013 au cours des protestations contre la hausse du prix des billets de métro de la ville de México. Il se trouve depuis en prison préventive, accusé d’avoir brûlé l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola.

Carlos López Marin a été arrêté avec Amelie Pelletier et Fallon Poisson le 5 janvier 2014 pour participation à l’attaque (à coups de pierres et de cocktails molotov) des installations du Secrétariat des Communications et des Transports et d’un concessionnaire Nissan dans la ville de México. Le 17 février 2014, les accusations de terrorisme sont abandonnées, mais pas les mesures de prison préventive, puisque les accusations de dégradations et d’attaques à la paix publique restaient en vigueur. Le procès à leur encontre a débuté le 3 avril 2014, mais on a appris le 16 mai 2014 que les compagnon-ne-s devraient se présenter à deux procès en pénal distincts : l’un inclus dans la juridiction locale pour l’attaque au concessionnaire NISSAN, et l’autre au niveau fédéral pour l’attaque au Secrétariat des Communications et des Transports. Selon les dernières nouvelles dont nous disposons, la dernière audience du premier procès a eu lieu le 16 juin 2014, sans que les sentences ne soient prononcées, tandis que le second procès reste ouvert.