Montréal Contre-information
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Mai 242014
 

La tête haute pour ce qui reste à venir

Cher-es ami-es et compagnon-nes,
J’écris mû par l’envie de vous saluer en envoyant une accolade chaleureuse et
sincère à chacun-e qui pourra me lire. Je veux aussi partager avec vous un certain nombre de choses, sans chercher à « plaire » à personne, mais sans doute avec l’envie de provoquer quelque débat.

J’aimerais dire que je vais bien, mais comment cela pourrait-il être le cas pour quiconque vit la prison/société dans laquelle nous nous dépêtrons tous et toutes ? Il me semble donc plus adéquat de dire que je vais « normalement ».

Bon, je commence ce communiqué, mais… pourquoi écrire un communiqué public ? Je pense qu’il est important de connaître la situation de nos prisonnier-es (ou des prisonnier-es si l’on veut), de savoir comment ils se sentent et comment ils vivent l’enfermement, d’autant plus que tout est fait médiatiquement pour déformer l’information par rajout ou omission, voire en mentant –c’est même la mission exclusive des moyens de communication commerciaux–, et que cela arrive aussi de la part de « gens » qui font tourner l’information sur internet sans être sûrs de ce qu’ils écrivent. Nous, libertaires avons recours à nos propres moyens de diffusion alternatifs qui suivent de près la situation des compagnon-nes enfermé-es et donnent des informations publiques. Cependant, il est aussi important que les prisonnier-es eux-mêmes expriment ce qu’ils et elles ressentent et leur situation.

Voilà le pourquoi de mes communiqués, non que je prétende à devenir le « prisonnier à la mode » ou que je sois fier d’être privé de ma liberté. Fier d’être anarchiste, ça oui, mais pas d’être prisonnier. De fait, je hais les prisons et je suis convaincu qu’elles n’existent pas pour quelque histoire de « réinsertion de l’individu dans la société », mais pour une obscure et perverse raison
de châtiment envers celles et ceux qui ne correspondent pas au modèle du système de domination, de l’ancien comme du nouvel ordre mondial. Ce qu’elles recherchent, c’est le « repentir » de personnes dociles qui contribuent au système sans lutter ni rien remettre en question.

J’ai réfléchi sur l’enfermement et je constate à quel point il est difficile de le vivre ; de fait c’est très frustrant, car l’être humain est libre et sociable par nature et le priver de sa liberté aura sûrement de graves conséquences sur lui, par exemple psychologiques. En effet, sa conduite subira une modification/altération qui lui rendra impossible de rester la même personne qu’avant son entrée dans l’institution carcérale, tel semble être l’objectif du système pénitentiaire. Il n’existe ni formule magique, ni aucun manuel pour survivre en prison. C’est sur la base de ses propres expériences qu’on remarque la cruelle réalité de la séquestration. Dans ma courte expérience de l’enfermement j’ai noté les contrastes de la personnalité –ou la dépersonnalisation– de certains détenus ; il y a ceux qui acquièrent une certaine dose de « pouvoir », que ce soit pour le nombre d’années passées en prison ou pour être les « collabos » des gardiens et des cadres administratifs ; il y a ceux qui optent pour la soumission, qui rampent et acceptent n’importe quelle humiliation, souhaitant de cette manière passer une détention plus tranquille ; il y a ceux qui décident d’embrasser la foi ou les drogues (je ne vois pas de grande différence) pour fuir la réalité ; il y a ceux qui décident de se la jouer « missionnaire » [homme de main], accomplissant n’importe quelle tâche (comme faire payer une vengeance) pour d’autres prisonniers, histoire de se faire une thune ; il y a ceux qui travaillent pour l’institution carcérale et récupèrent un bon « os » avec les commissions ; il y a ceux qui cherchent à vivre avec dignité, sans tomber dans les dynamiques de ce système, que ce soit en vendant des tableaux, des peintures, de la bouffe, en repassant des vêtements ou en cirant des chaussures etc., mais sans oublier qui ils sont ni ramper devant personne. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent qu’ils s’habituent à la prison, car cela signifie l’accepter avec tout ce qu’elle implique et le poids de sa structure. Ce faisant, on devient un prisonnier de plus, rien qu’un parmi d’autres.

Voilà pourquoi je dis que le comportement d’un-e individu emprisonné-e subit une modification, dans la mesure où la manière de se conduire ne sert pas seulement de stratégie pour rendre plus légère la détention, mais où elle finit par devenir une manière de vivre qui se répètera certainement à la sortie ou au prochain passage en prison. Si je suis convaincu d’une chose, c’est que le détenu/ex détenu portera toujours en lui la haine et le ressentiment acquis dans cette « académie de délinquants ».

En tant que prisonnier anarchiste, je me reconnais dans ma réalité, pour le moment je suis dans les griffes de ce système monstrueux, mais je ne cesserai pas pour autant de lutter et de l’attaquer de l’intérieur, dans la mesure de mes possibilités, attaques simples et nécessaires telles que la dénonciation des conditions, le fait de ne pas se soumettre docilement, sachant que je suis obligé de partager ce régime de vie avec d’autres prisonniers, en m’efforçant de minimiser autant que possible les effets du système sur moi. J’ai toujours la ferme intention d’agir – maintenant déjà !- à la recherche de ce monde nouveau où nous soyons libres, femmes et hommes, et où n’existent pas d’institutions d’exclusion telles que la prison. Je comprends que ce désir ne se réalisera pas tout seul, il est nécessaire de commencer à le construire à chaque moment de nos vies. Ce désir, beaucoup de libertaires et de personnes sans adjectifs, solidaires et enthousiastes le partagent… Quand ferons-nous le pas suivant ?

Je parlerai un peu de la solidarité envers les prisonniers, car c’est un thème que je considère comme important –surtout entre libertaires–, savoir que des prisonnier-es résistent dans les geôles et que dans différents endroits du monde des compagnon-nes les appuient et se solidarisent est quelque chose d’important à reconnaître. Le soutien n’est pas chose facile car les prisons « coûtent » toujours beaucoup d’argent et d’efforts aux solidaires. Et si l’on prend en compte que nous menons toutes et tous une vie pleine de tâches à résoudre, le soutien aux prisonnier-es, devient plus compliqué.

Mais ils et elles sont toujours là, les solidaires et la solidarité !

J’entends par solidarité le soutien donné à la personne concernée sans rien demander en échange, sans aucune sorte de condition et qui naît de la libre volonté de l’individu ou du groupe qui appuie en fonction de ses possibilités – sans jamais se sentir forcé-e/obligé-e de le faire (sinon ce ne serait déjà plus de la solidarité), mais bien plutôt par l’engagement que le/la solidaire a lui/elle-même décidé d’apporter.

Comme je l’ai écrit auparavant, tout-e solidaire a une vie personnelle, mais je pense que lorsqu’on prend un engagement et que l’on donne sa parole d’appuyer d’une certaine manière, le moins qu’on puisse faire c’est de les tenir. Nous savons que c’est parfois impossible, pour diverses circonstances de la vie quotidienne, mais lorsque les circonstances deviennent des excuses, ce n’est plus la même.

Bien, rompant avec le mode de discours « agréable », je comprends que la solidarité ne s’exige pas, mais elle ne se mendie pas non plus.

Il est désagréable d’attendre quelque chose de quelqu’un (qui bien entendu s’engage en étant bien sûr de lui) et qu’on te laisse tomber tout en sachant que tu es littéralement dans l’impossibilité d’obtenir ce que tu veux. A ce sujet, je trouve une phrase appropriée : si nous ne pouvons pas nous engager, « il vaut mieux nous taire ».

Mais bon, heureusement dans mon cas, qui est aussi celui des compagnonnes d’affinité anarchiste Amélie et Fallon, nous sommes accompagnés dans l’enfermement de compagnon-nes qui se sont solidarisés sans condition avec nous. D’ailleurs, comme je l’ai écrit en une occasion à une bonne amie : « Nous sommes là qui nous sommes et nous sommes celles et ceux qui sont là, personne n’est de trop, personne ne manque ».

En résumé, je considère la solidarité comme quelque chose de très important, mais je suis aussi convaincu que c’est d’abord la force que l’individu trouve en lui qui l’aidera à surmonter l’enfermement. L’action solidaire vient compléter-renforcer la personne concernée.

Pour le moment, il n’y a pas beaucoup de nouvelles pour moi, bon si, mais cela touche plutôt à l’affaire juridique. Ils ont ouvert une nouvelle enquête (pour Amélie, Fallon et moi), c’est une accusation fédérale de « provoquer en réunion un incendie dans un bâtiment occupé par des personnes », ou quelque chose comme ça. Cela fait référence au STC [Secrétariat des Transports et Communications], c’est-à-dire à l’affaire pour laquelle ils nous accusaient auparavant de Sabotage, Terrorisme et Délinquance Organisée. La réception de la notification de cette nouvelle accusation fédérale, m’a un peu déprimé, mais en réalité ça n’a pas été une surprise, car je la comprends comme la manière d’agir et la tentative de l’Etat de nous garder à tout prix sous les verrous. Je me rappelle toutes les conneries qu’ils ont essayé de construire sur nous lorsqu’ils nous ont arrêté-es, les perquisitions dans les maisons de compagnon-nes, ils ont même envoyé de prétendus compagnons pour tenter de nous soutirer des informations … Quelles informations ?

Je ressens un mélange d’impuissance-rire-rage-douleur-je ne sais quoi d’autre, mais je suis là, la tête haute pour ce qui reste à venir.

Je ne suis pas très au courant de ce qui se passe dehors, je ne peux lire un journal ou voir les nouvelles que très occasionnellement, de sorte que pour le moment mon monde se réduit à la foutue prison, d’où ma lutte partielle contre elle.

J’ai reçu une lettre du compagnon Mario González [1] ce qui me fait bien plaisir et à laquelle j’ai répondu. Force à toi camarade !

Je crois que je développe une addiction au chocolat amer, je demande toujours à ma mère de m’en apporter au parloir.

J’aime beaucoup lire, je le fais dès que j’en ai la possibilité et dès que j’ai un livre à disposition, je le dévore. (chocolats et livres peuvent passer)

Je discute parfois avec quelques bons amis que je me suis faits ici et pour qui l’idée d’anarchisme et de révolution est (ou était) inconnue, absente ou erronée.

Pour nous, révolutionnaires, le champ d’intervention est vaste et les méthodes à utiliser dépendent du choix de l’individu ou du groupe qui décide d’agir. Peut-être pour certaines personnes – y compris des anarchistes –, certaines méthodes ne sont pas appropriées en ce qu’elles ne correspondent pas à ce que dicte la « sainte anarchie », mais bon, le choix dépend de la recherche d’efficience pour frapper les symboles et structures de l’Etat et du Capital et aller au-delà de l’attaque théorique.

Les conditions d’insurrection sont latentes, c’est pourquoi nous faisons le pari du conflit de manière effective et permanente, sans attendre que les conditions soient suffisamment douloureuses pour commencer à agir et sans attendre non plus – comme le dit le compagnon Tripa – de dates stipulées par le calendrier révolutionnaire.

Il est important de comprendre dans sa totalité notre position d’ennemis du Pouvoir, non pas en nous contentant de suivre le courant des autres compagnon-nes comme de petits poissons, mais en contribuant par l’analyse, des propositions et des critiques en affinité, afin de connaître les problèmes sociaux qui nous concernent directement et ensuite d’attaquer, non seulement « l’ennemi-idée », mais aussi « l’ennemi-physique ».

Cet ennemi se renouvelle à tout moment, d’où l’importance de mener une lutte mobile/non statique et en continuelle restructuration.

Cherchons-nous à attaquer l’ennemi d’il y a un an ou celui d’aujourd’hui ?

L’ennemi ne craint pas la méthode, mais notre conviction et notre détermination.

Félicitations à la CNA pour ses 10 ans de soutien aux prisonnier-es … Une forte accolade, compagnon-nes ! Ne reculons pas d’un seul pas !

Une forte accolade aux compagnon-nes du Chili … Mauricio Morales toujours présent !

Carlos « Chivo »
Mai 2014


Rêver éveillé

Aujourd’hui, alors que j’attendais l’appel, je me suis disposé à profiter d’une barre de chocolat amer.

Tandis que la marionnette-gardien accomplissait sa routine, j’ai fermé les yeux et j’ai commencé à rêver éveillé ; j’ai pu sortir un moment de cette réalité et me suis imaginé libre et léger, fort et décidé, la poitrine gonflée d’amour et du désir d’un monde nouveau, organisé d’une autre manière, fait pour toutes et tous sans qu’importe ni le genre, ni l’aire géographique où il nous a été donné de naître et où aucune barrière de ciment ou de barbelés ne viennent interférer dans la fraternité humaine ou limiter la libre circulation de tout individu entre un endroit et un autre. Un monde de personnes autonomes et libres, ayant des relations horizontales, sans compétition, mais selon des principes aussi basiques que fondamentaux comme le soutien mutuel et la solidarité.

J’ai imaginé un lieu où un sourire vaut mieux qu’une foutue opportunité de « progresser  » (avancée de quelques-uns par le recul de beaucoup d’autres), où chaque individu se reconnaisse capable de prendre le contrôle de sa propre vie et puisse ainsi s’organiser avec ses égaux pour créer des liens sociaux sans structures de Pouvoir.

Un lieu où chaque personne rit aux éclats à la seule pensée que l’on puisse être contraints ou manipulés par une autorité quelconque qu’impose une poignée de sujets aux « airs de supériorité » de classe. J’ai imaginé un monde où je pourrais me promener main dans la main avec ma petite fille sans craindre de me faire voler par le flic ou agresser par quelque programme de « paix sociale » dictée par un politicard.

J’ai ouvert les yeux –un peu écœuré par le chocolat– en entendant la voix du gardien appeler mon nom et c’est ainsi que je suis revenu à la réalité, à l’appareil d’exclusion et d’isolement dégueulasse appelé prison.

Alors, j’ai réfléchi sur la possibilité de faire devenir cette belle utopie réalité et je me suis rendu compte qu’il ne suffit pas de le désirer, de le penser et de l’écrire, mais qu’il est nécessaire d’agir, ici et maintenant, en commençant par moi et sans espérer le moment « adéquat » … en commençant la destruction …

Avec beaucoup d’affection aux compagnons de la CNA Mexico pour leurs 10 années de lutte.

Vive l’Anarchie !

[Source : Recueil de textes de compagnons incarcérés au Mexique (janvier 2012 / août 2014) sur Brèves du Désordre.]

Notes

[1] Mario González a été arrêté le 2 octobre 2013 par la police de Mexico -en collaboration avec les autorités de l’UNAM, d’où il s’était fait virer suite à sa participation au mouvement étudiant-, alors qu’il se rendait à la manifestation qui a ensuite connu des affrontements avec les flics. Incarcéré, il a mené une grève de la faim de plus d’un mois pour sa libération, appuyée à l’extérieur par différentes initiatives et actions. Le 10 janvier 2014, il été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour « attaques contre la paix publique » et en raison de « son haut degré de dangerosité sociale ». La condamnation a été abaissée de huit mois en appel, mais reste supérieure à 5 ans ce qui exclut les demandes de libération anticipée. (NdT)

Mai 242014
 

Salut compagnon-ne-s !!!
J’écris cette lettre poussé par une forte nécessité que je ressens de communiquer avec les compas de l’extérieur. Je suis convaincu de l’importance d’être informés de tout événement de la lutte face à ce que l’on appelle communément « l’ennemi », l’État et le capital, en passant par leurs mesquines institutions et leurs méthodes de contrôle fascistes.

La lutte anticarcérale aussi est importante et il est nécessaire que je partage ma situation en tant que prisonnier anarchiste en clarifiant qu’a priori à aucun moment je n’ai tenté de me victimiser pour ce que je dois vivre en ce moment, car comme je l’ai dit (et écrit) plus tôt : je ne crois pas et n’accepte pas la prétendue innocence ou culpabilité pour les délits dont ils m’accusent, je me revendique anarchiste de projectualité insurrectionnaliste et révolutionnaire séquestré par l’État (et non « victime » de séquestration comme j’ai lu dans un communiqué), et le fait de parler de ma situation carcérale a pour but de dénoncer publiquement juste une petite partie de la façon de faire de cette institution dégueulasse. « Ce que l’on ne voit pas n’existe pas », et avec mes maigres possibilités, faire que cela soit visible par ce type de dénonciation fait partie de ma lutte anticarcérale.

C’est il y a environ un mois (mi-mars), quand j’étais encore en première phase d’admission dans cette prison, que j’ai vécu ma première agression. Vers 19h, je me trouvais avec un compagnon de cellule quand soudain un type au visage de brute que je ne connaissais absolument pas s’est approché et a commencé à chercher l’embrouille avec des agressions verbales et des coups ; une partie de la dynamique de la prison est de se battre quand ta « réputation » (chose qui pour moi ne vaut pas une cacahuète) est en jeu, mais échauffé par ses mots et avec le stress de l’enfermement, je suis tombé dans ce jeu.

Après quelques coups et comme par magie, deux gardiens sont apparus (il est rare et peu fréquent que les flics entrent dans les couloirs des cellules) et nous ont « pris » en pleine bagarre. D’habitude, ils calment les esprits avec quelques claques et coups de poing sur le corps pour soumettre ceux qui se battent, et c’est ainsi qu’ils firent avec moi et l’enquiquineur avec qui je me battais (l’impuissance est terrible de ne pas pouvoir se défendre de ces sales flics de merde parce que sinon ils te collent un autre procès pour agression de leur foutue autorité) et je pensais que les choses en resteraient là ; mais non. Après nous avoir humiliés devant tous les détenus présents, ils nous firent descendre les escaliers en nous bousculant, puis soudain je ne vis plus mon agresseur initial et l’on n’emmenait que moi. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais rien su de lui, et arrivés dans un bureau ils ont recommencé à me frapper. Je ne pus me contenir que jusque là, et j’ai alors commencé à leur répondre avec des insultes verbales avec la ferme intention de passer aux réponses physiques, mais ils ne m’en ont pas laissé la possibilité à cause de leurs coups à chaque fois plus forts. Je ne me souviens plus bien du chemin mais ils m’ont amené dans une pièce sombre, et avant de m’y laisser ils m’ont déshabillé entièrement et m’ont jeté un verre d’eau dans la pièce, puis m’ont frappé encore une dernière fois (comme pour que je ne les oublie jamais) et jeté dans la pièce. C’était le soir, il faisait froid , ils m’avaient pris tous mes habits, le sol était humide, j’étais couvert de coups, il n’y avait pas un brin de lumière dans la pièce… imaginez-vous quelle nuit j’ai passé ? J’ai ressenti de la peur, de la rage et de l’impuissance. J’oserais qualifier cela de torture physique et psychologique.

Je n’ai jamais eu peur du noir jusqu’à cette nuit-là, et il était environ 10 heures et je me tournais dans tous les sens (sans rien voir) dans l’inquiétude que quelque chose d’autre se passe, jusqu’à ce que le jour se lève et qu’on me sorte de là. Apparemment c’était déjà une autre ronde de gardiens.

Ils m’ont amené à ma cellule –non sans me lancer une rapide menace pour que je ne dise rien de ce qui s’était passé– et en arrivant à ma cellule j’ai préféré ne parler à personne, non pas à cause de la menace mais parce que j’étais encore sous le choc. Par hasard, ce même jour on m’a amené à la phase suivante de ce centre d’extermination appelé Reclusorio Oriente, j’ai été admis pour la nuit au COC (centre d’observation et de classification) où ils reçoivent dès leur arrivée les presque 150 détenus avec leur « terreur psychologique » habituelle. Là, au COC, une autre petite surprise m’attendait. Très vite ils nous ont appelés pour faire la célèbre « fajina », qui est la corvée de nettoyage du bâtiment, ou plutôt le soi-disant nettoyage puisqu’en réalité c’est un prétexte pour réaliser une juteuse extorsion. Pour nous expliquer ils nous ont dit à tous : « En vrai, qui va se dégonfler et payer 2500 pesos pour ne pas faire la fajina ? Parce que nous nous chargerons de faire que personne ne résiste et que tous paient ». Quelques uns ont accepté. Mais avec d’autres nous avions décidé d’affronter cette fajina. Je me souviens qu’ils m’ont dit : « tu ferais mieux de payer blanc-bec, tu dois avoir de l’argent, joue pas au con, on te fera céder de toute façon ». Ce premier jour j’ai fait la fajina, ce qui a consisté à réaliser un « exercice » de manière quasiment déshumanisée dans le but que ton corps cède et que tu acceptes de payer, et bien sûr toujours avec des gorilles derrière toi qui exigent que tu accélères, et si tu ne vas pas au bon rythme tu reçois des coups. Cela a lieu deux fois par jour, environ 3 heures de torture.
Le jour suivant ils m’ont répété « tu ferais mieux de renoncer », et après une demi-heure de fajina, en faisant une espèce de « chariot » qui consiste à se pencher et laver le sol avec un chiffon mouillé, et cela à grande vitesse, je suis tombé et ils m’ont relevé d’un coup de pied dans le dos.

J’avais quelques problèmes au dos et je n’ai pas pu me relever tout de suite. La douleur était trop forte et je me souviens m’être retourné pour voir l’agresseur (un prisonnier collabo qui travaille avec ceux de la fajina), ils m’ont donné envie de leur répondre mais une fois de plus je n’ai pas pu, avec les séquelles du tabassage datant d’à peine deux jours, de la bagarre et de la pièce noire, et là avec le dos blessé, je ne pouvais même pas parler. Je me suis relevé comme j’ai pu, j’étais avec celui chargé de la fajina qui m’a juste dit : « si tu ne peux pas, alors tu paies ». Voilà comment je suis tombé dans cette extorsion.

J’ai dû appeler quelqu’un pour qu’on me dépose 2000 pesos. En parlant avec cette personne, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer à cause de l’impuissance et de la douleur, mais jamais je ne leur ai fait le plaisir de pleurer devant ces sales matons.

Je fais ici une brève parenthèse pour rappeler qu’à aucun moment je ne me suis considéré comme victime. Offensé oui, car ils essayaient de piétiner ma dignité.

Comme par « coïncidence », pendant deux semaines ils ont refusé l’accès aux parloirs à ma mère, qui était la seule visite que je recevais, sous prétexte qu’il y aurait un problème d’identification à l’entrée du COC. Les toutous des matons « t’inspectent » et te volent de l’argent et des cartes de téléphone. Je n’avais pas d’argent mais j’avais une carte de téléphone, qu’ils m’ont volée en plus de mon carnet de numéros de téléphone. En gros, pendant ces deux semaines je n’ai pu avoir aucune communication, mystérieusement. J’ai seulement pu appeler pour demander l’argent…

Je n’ai jamais pensé me plaindre aux « autorités » de l’institution, car je ne sais que trop bien qu’elles font partie de la même clique de serpents totalement complices. Et encore moins devant les « droits de l’homme » puisque leurs droits sont ceux qui les arrangent et que je n’y crois pas du tout.

Au sujet des extorsions, je souhaiterais clarifier ceci : quand je parle d’extorsion, je parle d’une pression que quelqu’un exerce sur toi pour parvenir à certains résultats favorables pour quelqu’un, même contre ta volonté, car cela reste hors de ton contrôle pour X raisons. Je ne parle pas d’« extorsion » au sens où quelqu’un te demande de l’argent et toi, par peur que l’on ne te frappe, tu lui en donne une certaine somme.
À un moment, une personne qui m’est très chère m’a dit « cya ne leur donne pas d’argent », comme s’il s’agissait de la deuxième définition de l’extorsion, je sais que ce n’était pas son intention mais je comprends que des gens comprennent cette expression ainsi.

Par rapport à ces extorsions, la prison et la lutte anticarcérale, je dirai qu’ici ils font payer pour tout, en réalité, pour tout, et cela me semble ridicule et m’inquiète beaucoup que personne ne dise rien. Je sais que le fait que j’en parle ici ne change rien, mais je ne prétends pas tomber dans ce grégarisme.
Ils te font payer pour aller aux toilettes (ceux qui sont dans la cellule ne suffisent pas pour autant de détenus dans une si petite cellule), pour utiliser de l’eau du robinet (ce qui est très fréquent dans les cellules), pour répondre quand ils font l’appel (vous pouvez le croire ça ? pour répondre quand ils font l’appel !), pour aller au tribunal, pour voir ton avocat, pour faire un parloir, et même pour utiliser une table, pour descendre l’escalier le jour des visites, pour pouvoir sortir de ta cellule (ils appellent ça « desapando »), en régime normal on te fait payer les cadenas, c’est-à-dire que pour sortir de ton couloir ou de ton annexe ils te font payer dans chacune des trois sections (arrivants, COC et régime normal), tu paies le matériel comme balai, savon, sacs poubelle, serpillière et je ne sais quoi encore, etc. Un vrai marché !
Et attention ! Là où tu refuses de payer ils sont sévères.

Je ne peux pas omettre de mentionner les « laicos », qui sont comme des poux blancs, et les punaises et les cafards, ils font partie de la prison !!! Et ils piquent fort.

Un autre aspect qui ne me plaît pas, et qui ne plaît en fait à personne, c’est la surpopulation. Aux arrivants et en régime normal, les cellules sont très petites, du moins pour mon expérience aux arrivants nous vivions à 23 prisonniers dans une petite cellule d’environ 3 x 2,5m, et en régime normal dans une pièce plus ou moins équivalente nous vivions à 17. C’est très inconfortable et même dangereux pour le physique selon la façon dont tu dors, si du moins tu dors, surtout pour les nouveaux qui dorment assis chacun sur un bord de la baignoire. La surpopulation dans les prisons mexicaines est inquiétante, du moins dans la prison Oriente comme je le constate.

Et malgré le fait que nous soyons beaucoup, il ne se passe rien. Ici les méthodes de domestication sont assez remarquables, comme pour la religion, c’est impressionnant la quantité de personnes qui te disent : « c’est peut-être par la volonté de Dieu que nous sommes ici, il a un projet pour nous ici et nous devons attendre sa volonté » et ils se mettent à chanter et à pleurnicher en espérant qu’il les sorte vite de là. Quand ils apprennent que je suis athée et que je pense que c’est une idiotie que d’être aveuglé par ce dogme, ils s’éloignent tout de suite de moi ou commencent à me poser des questions étranges, mais c’est une autre histoire.

Un autre moyen de garder les prisonniers passifs est la drogue, à ce sujet j’ai toujours pensé que chacun était libre de choisir comment vivre sa vie, avec ou sans drogue et quel type de drogue, mais je pense que leur usage est bien souvent une barrière qui freine les individus dans leurs pulsions révolutionnaires et finit par dévier leurs objectifs vers une léthargie de bonheur artificiel ; surtout avec ce que l’on appelle les drogues dures. Entre autres.

La prison rabaisse le prisonnier, l’humilie, le piétine et essaie de venir à bout de sa dignité et de faire de lui une dépouille humaine sans volonté, servile et obéissante, récompensant le poste de « collabo ou balance » pour ceux qui montrent fidélité et loyauté au système, et punissant et isolant ceux qui ne respectent pas leur stupides normes, ne répondent pas à leurs questions et désobéissent à leurs pratiques de terreur.

C’est pour cela que je me déclare prisonnier anarchiste en lutte anticarcérale. Faire face au pouvoir depuis l’intérieur des prisons a pour but de conserver notre identité en tant que personnes ressentant de l’amour pour la liberté, pour notre dignité et pour défendre ce que nous sommes, en libérant nos pulsions les plus sauvages si c’est nécessaire, et face à tant d’humiliation c’est nécessaire jusqu’au plus destructeur de notre être. Je me considère comme une personne libre bien qu’en prison, et ce sera ainsi tant qu’ils n’auront pas réussi à détruire mon individualité, tant que leurs moyens de contrôle et de domination n’arriveront pas à transpercer mon cœur noir, tant que je verrai la solidarité des compagnon-ne-s du dehors envers les prisonnier-e-s dans les griffes de toute prison, de tout centre d’extermination, de toute institution de subordination.

Les tactiques de terreur et de peur de la prison ne peuvent et ne pourront arrêter cet ouragan de passion créatrice, de passion destructrice et de passion constructrice, cette projectualité libératrice ; et même si affronter leur autorité amène aussi l’éminente conséquence de la répression, ici personne n’abandonne, personne ne fait un pas en arrière face à l’ennemi haï.

Le système carcéral cherche à nous faire voir sa violence envers nous comme quelque chose de normal, il essaie que nous nous y habituions, que nous comprenions qu’il faut supporter la prison comme ça ; personnellement je ne pense pas me laisser domestiquer, je ne crains pas leurs représailles, je ne suis pas de ceux qui se disent ennemis de l’État et cherchent à mener une vie « normale », et même si cela ne me pose pas de problème ça ne me parle pas. Je n’ai pas l’intention d’être comme celui qui reçoit une gifle et tend l’autre joue, ni comme celui qui attend qu’arrivent « les conditions pour pouvoir agir », non ! Je crois plutôt qu’une agression doit être renvoyée au double, œil pour œil, face à leur violence notre violence antagoniste, agir sans espérer que les temps soient mûrs puisque parfois ceux-ci n’arrivent que tard, répondons à un feu de bois par un incendie.
Je n’ai pas fini de tout écrire, mais déjà avec ça…

À bas les murs des prisons !
Feu aux prisons !
Pour l’anarchie !!

Carlos “Chivo”
Prison « Oriente » (Mexico)

[Traduit de l’espagnol par non-fides de Abajo los muros.]

Mai 222014
 

JournalRPA

À propos

Parce qu’on en avait plein le cul de n’écrire que des tracts, des dissertations et des statuts Facebook…

Ce journal est né de l’enthousiasme d’élaborer une plateforme de contre-information, un espace de réflexion sur nos pratiques révolutionnaires. Provenant d’horizons plus ou moins variés et adhérant à des modes de lutte distincts, les compagnes et compagnons de ce projet partagent au moins des bases et des méthodes organisationnelles anti-autoritaires. Ce journal s’écarte de la monotonie d’une pensée linéaire, il vise à construire une solidarité entre différents milieux et différentes générations, à participer activement à l’instauration d’une culture de lutte envisagée dans la nécessité de sa propre pérénnité. Il s’adresse à ceux et celles qui refusent les termes de l’État et du capital et qui envisagent la lutte, irréductible au Droit et à la version édulcorée qu’en propose la social-démocratie, comme solution à l’asservissement de nos existences. En ce sens, ce journal s’inscrit dans une tentative d’élargir et de consolider nos réseaux et nos relations et se veut un appel à la destruction des rapports d’oppression, des cages et des frontières qui nous enferment, une invitation à prendre la liberté là où elle se trouve et à la mettre en forme.

Ce journal est écrit, produit et imprimé de manière autonome et avec les moyens du bar à Montréal.

no.2 – Nationalismes

Size: 8.5 x 11″ | Format: PDF

Mai 192014
 

traduction de l’espagnol reprise de Le Chat Noir Émeutier

Dans la matinée du 16 mai, les compagnonnes Amélie et Fallon ont été informées qu’elles seraient emmenées à Reclusorio Sur (prison du sud de Mexico) afin de témoigner de nouvelles accusations sous ordre fédéral.

Vers 8h00, toutes les deux ont été transférées au tribunal, où elles ont rencontré le compagnon Carlos.

Après avoir attendu presque toute la matinée, tou-te-s ont été informé-e-s qu’un mandat d’arrêt leur a été délivré pour le délit de dommages à la propriété d’autrui, sous la forme « d’incendie volontaire dans un immeuble avec une personne à l’intérieur » . Les trois compagnon-nes n’ont pas fait de déclaration et une fois l’audience terminée, il.elle.s ont été ramené-es à la prison où il.elle.s sont détenu-es depuis février 2014 (Carlos à Reclusorio Oriente, Amélie et Fallon à Santa Martha), après avoir passé 40 jours en détention fédérale dans le cadre de la procédure de mise en accusation.

Cela signifie que dorénavant les compagnon-nes font face à deux poursuites judiciaires; une sous la juridiction locale pour les délits d’attaques à la paix publique et dommages aggravés (attaque du concessionnaire Nissan) pour lesquelles ils n’ont pas droit au cautionnement, et une procédure fédérale pour l’infraction de dommages à la propriété d’autrui (attaque sur le secrétariat des communications et des transports).

Les compagnon-nes vont bien et ont été en mesure de dire qu’il.elle.s n’ont pas été frappé-es durant le transfert.

La prochaine audience de la procédure locale est fixée pour le 19 mai, alors que la date de l’audience fédérale sera déterminée ce dimanche (18/05/2014).

Une fois encore, nous appelons à la solidarité avec les compagnon-nes Amélie, Fallon et Carlos, qui sont enlevé-es par l’Etat mexicain depuis le 5 janvier (5e).

L’Etat/le capital est le seul terroriste !

Ni coupable, ni innocent-e !

Liberté pour tou-te-s !

Vous pouvez écrire aux prisonnier.es aux adresses suivantes:

Amélie Trudeau / Fallon Rouiller
Centro Femenil de Reinserción Social Santa Martha Acatitla
Calzada Ermita, Iztapalapa No 4037, Colonia Santa Martha Acatitla
Delegación Iztapalapa, C.P. 09560, Ciudad de México, D.F.
México

Carlos López Marín
Reclusorio Preventivo Oriente
Calle Reforma #50, Col. San Lorenzo Tezonco
Delegación Iztapalapa, C.P. 09800, Ciudad de México, D.F.
México

Mai 122014
 

Chèr.e.s camarades,

Pourquoi insistez-vous sur l’organisation à l’intérieure ou en parallèle de plus grandes manifestations, ou de dates symboliques établies ? Des moments où non seulement vous savez que les attaques de la police viendront, car tout l’appareil répressif sera organisé, coordonné, déployé et habilité par leurs lois et leurs technologies, mais où vous vous ferez également rappeler de surveiller vos arrières des masses hostiles dans la rue (n’avez-vous pas encore vu, les masses prêtes à vous piétiner sous leur peur?), toute l’amalgame de la gauche qui veut maintenir et gérer la domination alternativement, les stools et les paciflics comme nous les appelons à Montréal, déjà piégé.e.s à l’avance dans une souricière entre flics et citoyens, encore plus que lors d’une journée normale. Continue reading »

Mai 122014
 

repris de salonanarchiste.ca

HORAIRE D’ÉVÉNEMENTS PENDANT LE FESTIVAL DE L’ANARCHIE

a) 1er MAI, 18h: Manifestation anticapitaliste
b) 1er MAI, 20h: Projection du film Wal-Town
c) 1er MAI: !er MAI Party de rue
d) 3 MAI, 12h-18h: Journée de soins post-MayDay
e) 3 au 31 MAI: Exposition Occuprint chez Ste-Émilie
f) 4 MAI, 12h-17h: À qui la ville? Assemblée montréalaise d’organisation contre la gentrification

g) 8 MAI, 18h: Soirée de films radicaux
h) 10 MAI, 11h: Brunch Mères contre les frontières
i) 15 MAI, 19h: Lancement du livre Le Cirque Diabolique et lectures sur le désir
j) 15 MAI, 19h30: Le Surréalisme au cinéma I
k) 18 MAI, 13h: Journée contre la civilisation
l) 22 MAI, 18h: Défendre La Terre: Résistance autochtone contre les extractions
m) 22 MAI, 21h: CABARET ANARCHISTE
n) 23 MAI, 17h-21h: VERNISSAGE DE L’ART ET ANARCHIE
o) 24-25 MAI, 10h-17h: SALON DU LIVRE ANARCHISTE DE MONTRÉAL
p) 23 MAI, 20h: Glamarchist Lookfair: Party de dance queer
q) 24 MAI, 18h: BBQ de la Bibliothèque DIRA
r) 24 MAI, 18h-22h: Potluck annuel APOC (Anarchist People of Colour)
s) 26 MAI, 18h30: Race politics beyond the official white/black paradigm
t) 27 MAI, 21h: Lancement du livre Déjeuner pour anarchistes
u) 29 MAI au 1er JUIN: Tribunal permanent des peuples, session sur l’industrie minière canadiennes
v) 1 au 15 JUIN: Journées contre les déportations
w) 2 au 3 JUIN, 19h30: Le Festival international de théâtre anarchiste de Montréal
x) 5 JUIN, 18h-20h: Le Théâtre anarchiste de la Belle Époque
y) 7 JUIN, 14h: Manifestation: Non aux déportations! Un statut pour toutes et tous!
z) MAI-JUIN: Groupe de soutien: Se soutenir les un-e-s et les autres lorsqu’il n’y a pas de “post”-trauma

Des informations plus détaillées ci-dessous.

((( a )))

Manifestation anticapitaliste du 1er mai
Jeudi, 1er mai, 18h pile
Parc des Faubourgs, coin Delorimier et Ontario (métro Papineau ou Frontenac)

Le capitalisme détruit, détruisons le capitalisme!
Organisée par la Convergence des luttes anti-capitalistes (CLAC)
Info: www.clac-montreal.net/1er-mai-2014
—–

((( b )))

Projection du film Wal-Town
Jeudi, 1er mai, 20h
1400 de Maisonneuve West, salle J.A. de Sève Cinema (métro Guy-Concordia)

Cette projection est co-présentée par Concordia Documentary Centre et Cinéma Politica Concordia, avec la participation du réalisateur, Sergeo Kirby et de cinq des protagonistes.
info: www.cinemapolitica.org/screening/concordia/wal-town-film
—–

((( c )))

!er MAI Party de rue
Jeudi, 1er mai
(C’est du bouche à oreille alors… demandez à vos potes et n’informez que vos potes!)
(La date et le lieu n’est pas la même que l’année dernière!)

Manif de soir anticapitaliste festive
Apportez vos masques – Pomponnez-vous!
Info: vimeo.com/92102995 & www.facebook.com/events/494109324049097
—–

((( d )))

Journée de soins post-MayDay
Samedi, 3 mai, 12h-18h
Ste-Émilie Skillshare, 3942, rue Ste-Émilie

Nourriture-Boissons-Musique-Espace de Tranquillité-Groupe de soutien
info: http://steemilieskillshare.org/
—–

((( e )))

Exposition Occuprint chez Ste-Émilie
3 mai au 31 mai, heures d’ouverture: www.facebook.com/SteEmilieSkillshare/info
Ste-Émilie Skillshare, 3942, rue Ste-Émilie, terre occupée des Kanienkehaka

Une présentation d’affiches produits par des membres du collectif Occuprint à
Brooklyn, NY pendant la première année de Occupy
info: http://steemilieskillshare.org/
—–

((( f )))

À qui la ville? Assemblée montréalaise d’organisation contre la gentrification
Dimanche, 4 mai, 12h à 17h
CEDA, 2515, rue Delisle (métro Lionel-Groulx)

Atelier et discussion sur les stratégies possibles de lutte contre la gentrification
info: www.aquilaville.net
—–

((( g )))

Soirée de films radicaux
Jeudi, 8 mai, 18h
L’Alizé, 900, rue Ontario est (métro Berri-UQAM)

Joignez-nous pour une première soirée d’une série de projections mensuelles qui mettront en lumière différents foyers de lutte contre le capitalisme, le colonialisme et autres systèmes d’oppression !
Organisée par Submedia.tv et Medi@ Libre
info: www.submedia.tv ou www.grip-uqam.org/M@L
—–

((( h )))

Brunch Mères contre les frontières
Dimanche, 10 mai, 11h
Centre Lorne, 2390, rue Ryde (métro Charlevoix)

À la veille de la fête des mères, le Comité Justice pour Ivonne organise un brunch dans le but de célébrer la lutte d’Ivonne Hernandez et d’autres mères courageuses qui ont traversé et défié les frontières pour leurs enfants.
Organisé par le Comité Justice pour Ivonne
info: www.justicepourivonne.org
—–

((( i )))

Lancement du livre Le Cirque Diabolique et lectures sur le désir
Jeudi, 15 mai, 19h
Bar Populaire, 6584, boul. St-Laurent (métro Beaubien)

Organisé par les Éditions Bruno Massé et Sabotart
info: www.brunomasse.com
—–

((( j )))

Le Surréalisme au cinéma I
Jeudi, 15 mai, 19h30
DIRA, 2035 St-Laurent, entre Sherbrooke et Ontario (métro St-Laurent)

Programme de projections mensuelles concernant le surréalisme
info: potlatch@cheerful.com
—–

((( k )))

Journée contre la civilisation
Dimanche, 18 mai, à partir de 13h
La Déferle, 1407, rue Valois

Ateliers, conférences, projection et lancement de La Mauvaise Herbe
info: layla.miltsov.org, anarchieverte.ch40s.net/la-mauvaise-herbe ou contrelacivilisation.anarkhia.org
—–

((( l )))

Défendre La Terre: Résistance autochtone contre les extractions
Jeudi, 22 mai, 18h
Centre d’Amitié autochtone, 2001 Boul. Saint Laurent (métro St-Laurent)

Repas communautaire et présentation de Mel Bazil (autochtone Gitxsan et Wet’suwet’en)
Cet évènement fait partie de la série Under the Weather: Recherches et conférences sur les changements climatiques à CKUT 90.3 FM, en collaboration avec le Salon du livre anarchiste de Montréal, Justice climatique Montréal, GRIP-Concordia, le Collectif de Solidarité Anti-Coloniale, Solidarité sans frontières et Personne n’est illégale Montréal.
info: undertheweather.ckut.ca
—–

((( m )))

Cabaret du Salon du livre anarchiste

Jeudi, 22 mai, ouverture de portes à 20h30, spectacle à 21h30
Bar L’Alizé, 900, rue Ontario est (métro Berri-UQAM)

Avec Caytee Lush, ShowMe, Stella Jetté, une performance de Gumboots, Brassmob, Viva Bertaga, avec une prestation de feu par Bobette
info: www.salonanarchiste.ca/cabaret-anarchiste-22-mai-a-lalize
—–

((( n )))

Vernissage de l’exposition Art et Anarchie

Vendredi, 23 mai de 17h à 21h
Au Centre d’éducation populaire de la Petite-Bourgogne et de St-Henri (CEDA)
3e étage, 2515 rue Delisle (métro Lionel-Groulx)

Musique – Bouffe – Performances. Venez rencontrer les artistes participant-es à Art & Anarchie et jeter un premier coup d’oeil à l’expo de cette année!
info: www.salonanarchiste.ca/vernissage-de-lexposition-art-et-anarchie-23-mai
—–

((( o )))

Salon du livre anarchiste de Montréal

Deux journées : samedi le 24 mai & dimanche le 25 mai
De 10h à 17h les deux jours
Au Centre culturel Georges-Vanier (CCGV), 2450 rue Workman et au Centre d’éducation populaire de la Petite-Bourgogne et de St-Henri (CEDA), 2515 rue Delisle
C’est à une courte distance de marche du métro Lionel-Groulx.

Ni dieu, ni maître; ni patron, ni frontière.
GRATUIT. Bienvenue à tous et toutes.
Pour les anarchistes et pour les personnes curieuses de l’anarchisme.

-> Des participantEs venant de partout au Québec et en Amérique du Nord : des libraires, éditeurs, ateliers, films, discussions, activités pour enfants, expositions d’arts et plus!
-> Dans le cadre du Festival de l’Anarchie se déroulant en mai et juin 2014 et offrant des activités dans différents lieux de Montréal.
-> Ateliers et présentations: www.salonanarchiste.ca/ateliers-presentations-2014
info: www.salonanarchiste.ca
—–

((( p ))))

Glamarchist Lookfair
Vendredi, 23 mai, ouverture des portes à 20h
Il Motore, 179 Jean-Talon Ouest (métro Parc ou de Castelnau)

Party de danse queer. Bands! DJs! Glamarchie! Soirée annuelle de financement de Queer Between the Covers.
info: queerbetweenthecovers.org
—–

((( q ))))

BBQ de la Bibliothèque DIRA
Samedi, 24 mai, 18h
Bibliothèque DIRA (cour arrière), 2035 St-Laurent, entre Sherbrooke et Ontario (métro St-Laurent)

On ne présente plus le traditionnel BBQ de DIRA, chaque samedi soir du salon du
livre. Cette année, on a invité Éric Duhaime pour faire une piñata avec lui.
info: bibliodira.org
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((( r )))

Potluck annuel APOC (Anarchist People of Colour/Anarchistes racisé.e.s)
Samedi, 24 mai, 18h-22h
Ste-Emilie Skillshare, 3942, rue Ste-Emilie

Potluck pour les anarchistes s’identifiant comme personnes racisées ou autochtones.
info: http://steemilieskillshare.org/
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((( s )))

Learning from an unimportant minority: Race politics beyond the official white/black paradigm
Lundi, 26 mai, 18h30
QPIRG Concordia, 1500 de Maisonneuve ouest, local 204 (métro Guy-Concordia)

Conférence avec J. Sakai. En anglais avec traduction chuchotée vers le français.
info: www.kersplebedeb.com
—–

((( t )))

Lancement du livre Déjeuner pour anarchistes
Mardi, 27 mai, 21h
Casa del popolo, 4873 boulevard St-Laurent

Lancement du livre avec Norman Nawrocki et son band Crocodile. Gratuit!
info: sabotart@riseup.net
—–

((( u )))

Tribunal permanent des peuples, session sur l’industrie minière canadiennes: Audience sur l’amérique latine
29 mai au 3 juin
CEDA, 2515, rue Delisle (métro Lionel-Groulx)

Notre coalition se propose d’examiner les tendances qui font aujourd’hui des activités extractives une cause majeure deviolations des droits et de dommages environnementaux dans le monde. Organisé par TPP Canada.
info: www.tppcanada.org
—–

((( v )))

Journées contre les déportations: Deux semaines d’événements, d’activités et d’actions dans le cadre de la campagne un Statut pour tous et toutes
1 juin au 15 juin
partout Montréal

Les Journées contre les déportations sont organisées et coordonnées par la Coalition un Statut pour tous et toutes (incluant Mexicains Unis pour la Régularisation, Solidarité Sans Frontières, Personne n’est Illégal-Montréal, avec le soutien de Dignidad Migrante et le Centre des Travailleurs et travailleuses immigrant.e.s).
info: www.unStatutPourTousetToutes.org
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((( w )))

Le Festival international de théâtre anarchiste de Montréal
Lundi 2 juin et mardi 3 juin, 19h30
La Sala Rossa, 4848 boulevard St-Laurent

« Petit festival sans prétention…qui fait quand même de petits miracles »
info: www.anarchistetheatrefestival.com
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((( x )))

Le théâtre anarchiste de la Belle Époque et sur les femmes pacifistes pendant la première guerre
Jeudi, 5 juin, 18h à 20h
Bar Populaire, 6584, boul. St-Laurent

Le festival international de théâtre anarchiste de Montréal et la troupe de théâtre La Balancelle présentent une causerie sur le théâtre anarchiste de la Belle Époque et sur les femmes pacifistes pendant la première guerre mondiale.
info: www.anarchistetheatrefestival.com
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((( y )))

Manifestation: Non aux déportations! Un statut pour toutes et tous!
Samedi, 7 juin, 14h
Rassemblement: Carré Bethune, Guy et De Maisonneuve Ouest (métro Guy-Concordia)

Nous marchons ensemble pour exiger la fin des déportations et des détentions, et nous dénonçons également la double peine dont sont victimes les immigrant-es qui ont des dossiers criminels. Nous demandons Un Statut pour Toutes et Tous, et voulons faire de Montréal une « Cité sans frontières » dans laquelle toute la population peut vivre dans la justice et la dignité. Organisée par la coalition Un Statut pour Toutes et Tous (Mexicains unis pour la régularisation, Personne n’est illégal – Montréal et Solidarité sans frontières, avec le soutien de Dignidad Migrante & le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants
info: www.UnStatutpourTousetToutes.org
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((( z )))

Groupe de soutien: Se soutenir les un-e-s et les autres lorsqu’il n’y a pas de “post”-trauma
mai et juin
Réunions hebdomadaires en fonction du temps préféré

Co-animé.e par Parneet et Noah.
info: radicalsafespaces@gmail.com
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LE FESTIVAL DE L’ANARCHIE – 1er MAI au 15 JUIN 2014 – MONTRÉAL
info: www.salonanarchiste.ca

Mai 122014
 

Inflammable

Cette espace est né d’un besoin d’hébergement et de diffusion pour nos publications passés et futures, ainsi que pour appuyer les initiatives de propagande avec lesquelles nous sentons une affinité.

Vous y trouverez les numéros d’Inflammable, une revue que nous publions de façon irrégulière et qui compile différents textes, compte rendus, analyses, communiqués, lettres etc. parues surtout à Montréal et les environs. Dans la section distro, vous trouverez aussi des revues, brochures et tracts qui proviennent d’autres projets des environs et que nous partagerons ici pour en multiplier la diffusion.

Nous vous invitons à nous envoyer vos brochures, si elles nous plaisent nous les diffuserons.

Nous travaillons présentement sur le troisième numéro d’Inflammable.

Avr 242014
 

traduction de l’espagnol reprise de Non Fides

Vous attendez la Révolution ! Soit ! La mienne est commencée depuis longtemps ! Quand vous serez prêts – Dieu quelle longue attente ! – je n’éprouverai pas de dégoût à parcourir un bout de chemin avec vous !
Mais quand vous vous arrêterez je continuerai ma marche folle et triomphale vers la grande et sublime conquête du Néant !
Chaque Société que vous construirez aura ses marges et aux marges de chaque Société rôderont les vagabonds héroïques et bohèmes, des pensées vierges et sauvages qui ne savent vivre qu’en préparant toujours de nouvelles et formidables explosions rebelles !
Et je serai parmi eux !

Renzo Novatore, Mon Individualisme iconoclaste (1920).

Compagnon(ne)s, cela fait beaucoup de temps que je n’avais rien communiqué publiquement, mis à part quelques notes écrites à des compagnon(ne)s concernant le déroulement du procès contre moi pour le délit d’attaques à la paix publique ; cette fois, je ne communique pas pour vous raconter quoi que ce soit sur ce procès ou sur du baratin juridique, qui en ce moment même ne m’intéressent pas, et m’ont peu importé dans la réalité. J’écris cette fois pour me défendre – une nouvelle fois – et me positionner par rapport à ce qui se passe au Mexique, par rapport à l’actuel coup répressif qu’articule et commence à donner l’État mexicain, bien appris, c’est certain, de ses acolytes flicards de merde italiens et chiliens ; car dans le fond ce n’est rien d’autre qu’une reproduction pittoresque de montages du type Marini ou Caso Bombas, mais made in mekxicou ; un montage qui ne peut être vu que comme une réponse immédiate de l’État devant la pression qu’ont exercée ces dernières années des groupes et individualités anarchistes [1] et libertaires –de jour et de nuit, publiquement ou pas–, devant la dangerosité de ces idées pour la paix sociale, et il ne devrait pas être interprété dans un sens médiateur qui fasse de nous les victimes d’un système contre lequel nous avons décidé de lutter, par tout moyen que ce soit et sous n’importe quel modèle organisationnel. Un montage qui a des leaders visibles, une structure organisationnelle hiérarchique et une structure de type délinquance organisée à visée terroriste dans laquelle figure même une équipe juridique qui s’occupe de nous faire sortir quand on nous met en prison ; une structure qui se rapproche davantage de n’importe quel groupe lié au narcotrafic, guérillero, ou à une organisation marxiste de n’importe quelle idéologie (Léniniste, Maoïste, fashion, Stalinienne, etc.) qu’à l’idée que beaucoup d’anarchistes se font de l’organisation (organisation pour tout type d’affaire, publique ou pas, et plus encore lorsque l’on parle d’organisation informelle). Un montage dans lequel figurent comme principaux promoteurs de l’action anarchistes des compagnon(ne)s d’autres pays venu(e)s au Mexique pour différentes raisons et qui selon les bâtards du bureau du Procureur général de la République seraient la source de financements de la lutte ; un montage dans lequel ils ne souhaitent pas simplement frapper un courant anarchiste en particulier mais divers courants de l’anarchisme local ; et enfin un montage policier dans la construction duquel les médias de communication de l’État/Capital jouent un rôle important. Mais bon, ce que l’État/Capital peut faire ou penser n’est plus mon affaire, principalement parce que je ne pense pas comme le pouvoir, et c’est parce que, précisément, je ne suis pas une personne de pouvoir et d’autorité que mon esprit ne peut penser d’une manière autoritaire, et que je préfère ne pas perdre de temps à me préoccuper de comment et de ce à quoi pense l’ennemi, ou à corriger l’image qu’il a de nous dans le but d’obtenir de plus faibles condamnations ou moins de chefs d’accusations. Tout ce qui figure dans cette lettre est adressé aux compagnon(ne)s de luttes, compagnon(ne)s libertaires et proches de l’anarchisme.

Bon, comme on le sait, j’ai été arrêté de nouveau le lundi 20 janvier, juste au moment où je sortais de chez le juge de paix, sur l’avenue James Sullivan de Mexico, où je devais me présenter chaque lundi pour signer, comme requis dans le cadre de la libération sous caution. Au moment où je sortais, un homme m’a ordonné de m’arrêter. Comme il n’était pas sûr de lui, il m’a demandé si j’étais bien telle personne, et m’a dit qu’il devait m’emmener, pour un ordre de présentation qu’il avait contre moi… je raconterai plus tard l’histoire complète, avec plus de calme, car elle me parait intéressante, surtout sur le plan de la manière d’agir de ces bâtards du bureau du Procureur général.

Au final, alors que je me trouvais à l’agence Camarones du bureau du Procureur général, et après plusieurs heures durant lesquelles ils m’ont ennuyé, posé et reposé des questions, fanfaronnant et voulant être d’aimables interrogateurs, le chef de la Police du Ministère Fédéral, un certain commandant Silva, m’a informé du fait qu’ils avaient contre moi un ordre de présentation devant le Ministère Public Fédéral comme supposé témoin, et un ordre d’arrestation pour le délit de fabrication d’explosifs sans autorisation, dérivé du viol de la loi sur les armes à feu et explosifs à l’usage exclusif de l’armée (ordre expédié par une juge du sixième tribunal de district en novembre 2013) ; et qu’ils m’emmèneraient par ailleurs au Reclusorio Oriente pour exécution de l’ordre. Quand mon avocat (particulier) est arrivé, ils m’ont présenté la bonne sœur –je devrais la qualifier de sorcière, mais les sorcières ont tout mon respect– de la Police du Ministère Public ; elle m’a informé qu’elle m’avait fait emmener car je suis nommé dans l’enquête fédérale pour terrorisme et délinquance organisée dans l’affaire des compagnon(ne)s du Canada et de Carlos Chivo ; elle nous a montré le dossier et la partie dans laquelle je suis mêlé directement à l’affaire, et dans laquelle on essaye de me lier au compagnon anarchiste d’affinité insurrectionnaliste Carlos « el Chivo », et c’est à cet endroit et à ce moment-là que nous avons pu nous rendre compte de la manière dont ils structurent leur montage ; et à la fin de la séance, elle a pris un lecteur mp3 qui faisait partie de mes objets personnels, deux clés USB ainsi qu’un câble pour charger le lecteur mp3, la brochure de la Tension anarchiste de AM Bonanno, la brochure du Projet anarchiste à l’époque post-industrielle du compagnon Costantino C. (dommage car elle était bien jolie), et la brochure de La prison et son monde de Massimo Passamani (je les mentionne car les fonctionnaires et la responsable du Ministère Public ont fait comme s’ils avaient beaucoup d’émotion au vu de ce que j’avais dans mon sac), avec quelques autres papiers de moindre importance. Ils m’ont embêté encore un peu et, plus tard, m’ont transféré au Reclusorio Oriente [2] et présenté au juge qui me demandait. Le jour suivant sont arrivées les avocates du GASPA [3], et elles ont argumenté sur l’invalidité des accusations, puisque fondées sur des preuves qui n’ont pas encore été certifiées, du fait qu’elles ont été reprises de mon autre procès pour attaque à la paix publique, dont je n’ai pas encore obtenu condamnation, et que pour cette raison les preuves n’ont pas encore de validité ; la juge avait donc deux options : me libérer après 6 jours sur demande de l’avocate au moment de l’extension du terme constitutionnel, ou établir une caution très peu élevée (en comparaison avec la précédente et avec celles qu’ont eu d’autres compagnon[ne]s). Et à la question de l’avocate sur ce que je souhaitais faire, j’ai choisi librement de payer la caution, non parce que je veux donner plus de fric à l’État (et je suis d’accord avec la critique qui nous a été faite au moment de l’affaire de l’ambassade chilienne) ou par peur, mais parce que, librement et sans que personne me le conseille, j’avais pris la décision qu’une fois un pied dehors je serais en cavale. Tout était parfaitement clair, le harcèlement et la répression contre moi menés par l’État par le biais du bureau du Procureur général de la République.

Maintenant, je décide de mon propre chef de revendiquer ma rupture juridique (ou antijuridiciarisme anarchiste, comme on la connait plus communément), qui est mon refus de continuer dans leur cirque juridique (et de cette façon, même si elle est minime, de collaborer) contre moi et mes compagnon(ne)s car, à partir de mon individualité, c’est l’option que je trouve la plus en adéquation avec mon discours, mes idées, et ma manière de concevoir la vie, qui est l’anarchie. Il n’y a rien d’autre ; nous savons maintenant qu’ils ont braqué sur moi les ordres de recherche et d’arrestation pour m’être soustrait à la justice (ou m’être échappé) dans le procès pour : attaques à la paix publique (juridiction locale), fabrication d’explosifs (juridiction fédérale), l’enquête fédérale contre moi pour terrorisme et délinquance organisée, et, en passant, l’accusation d’outrage à l’autorité pour l’affaire de l’ambassade chilienne de l’an dernier. Dangereux, non ? Dangereuses sont les pratiques et les idées !

Ceci est une autre phase de la lutte que depuis un certain temps j’ai décidé de mener ; il s’agit d’une autre phase, ce qui est souvent commun dans la vie de l’individu qui décide de prendre un chemin d’insurrection et de conflit permanent –intérieur et extérieur–, contre le pouvoir, de qui ne se rabaisse pas et reste en lutte, en usant de tous les moyens, pour la destruction de l’État/Capital ; ceci est une autre phase qui ne signifie pas pour moi la clandestinité (je suis d’ailleurs très critique sur la position de clandestinité comme forme de « lutte » lorsqu’elle est auto-assumée ou volontaire), mais une mesure imposée par l’ennemi et qui trace les lignes et définit de nouvelles conditions pour mener la lutte anarchiste.

Pour profiter de l’espace et être bref, je souhaite rendre public le harcèlement que la police avait mené contre moi [4] (comme la fois où le Secrétariat de la Sécurité Publique et la Police judiciaire m’ont arrêté et libéré après 10 minutes, ceci dans un parc de Mexico alors que nous tenions une réunion publique pour voir quelle était la situation des compagnon[ne]s prisonnier-ères ; ou les visites de la PGR là où ils supposaient que je vivais, qui était en fait la maison de ma compagne sentimentale, les filatures indiscrètes et régulières, la violation de domicile de ma compagne où ils ont pété entièrement la porte etc.) ainsi que les filatures et le harcèlement de ma compagne et de sa petite fille dont il n’y aurait d’autre responsable que l’État/Capital s’il leur arrivait quelque chose ; et je le dis sans exiger de protection institutionnelle, et sans jouer les victimes, mais plutôt pour exposer la situation qu’elles vivent, elles aussi. Je profite également de cet espace pour envoyer une salutation à tou(te)s ceux-celles qui, sans me faire face, ont passé une partie de leur temps à dire que moi et d’autres compagnon(ne)s collaborions avec la police pour sortir de prison (au moment de l’affaire de l’ambassade chilienne, plus concrètement), ou bien que moi et d’autres compagnons, étions, tout simplement, des policiers… le temps et les fruits de la lutte à court, moyen et long terme, donneront raison à qui ils doivent la donner… Je (nous) reste en lutte… Et vous ?

C’est tout pour le moment, je dis au revoir et envoie une forte accolade à tou(te)s. Une accolade, en particulier, à ma mère, car je ne lui ai même pas dit au revoir, et à laquelle ils ont aussi fait du tort, mais qui comme ma compagne résiste sans se plaindre.

Il y a d’un côté l’existant, avec ses coutumes et ses certitudes. Et de certitudes, ce venin social, on meurt. De l’autre côté, il y a l’insurrection, l’inconnu qui fait irruption dans la vie de tous. Le début possible d’une pratique exagérée de la liberté. [5]

Soutien total aux compagnon(ne)s anarchistes prisonnier-ères !

Une salutation fraternelle à Felicity R., Nikos Mazeotis, Pola, et au petit Lambros Victor. Solidarité avec les compagnon(ne)s anarchistes, antiautoritaires et libertaires en fuite. Solidarité et soutien total aux compagnon(ne)s sur lesquel(le)s on enquête au Mexique dans l’affaire de terrorisme et de délinquance organisée. Solidarité avec Amélie, Carlos et Fallon.

Ni vaincu(e)s ni repentant(e)s !
Face à face avec l’ennemi ! Ils ne pourront pas nous arrêter !
Je ne me rends pas, nous ne nous rendons pas !
Vivre l’anarchie !

En lutte contre l’État,
Mario Antonio López Hdz. Tripa
Planète Terre, le 3 février 2014

Deuxième lettre publique

J’aimerais écrire brièvement concernant la semaine de soutien aux compagnon(ne)s prisonnier-ères au Mexique, qui doit normalement être organisée du 16 au 24 mars.

J’aimerais d’entrée dire que mon objectif n’est pas de saboter la semaine en question, surtout pas ; mais que je souhaite établir ma position, puisque dans le texte d’invitation on fait allusion à moi, on mentionne mon nom et on cite une lettre publique que j’ai écrit de prison.

Bon, à la fin de l’appel en question, on utilise une citation d’un communiqué que j’ai écrit en prison, qui est, à la fin, signé de mon nom. Mais il n’y a pas que ça, puisque la première idée que cela donne est qu’il semble (ou qu’il peut sembler, peut-être en raison de la mauvaise traduction vers l’espagnol) que le texte en lui-même ou l’appel est signé de mon nom, ce qui est impossible pour plusieurs raisons :

Premièrement : parce que je ne suis pas d’accord avec les semaines de solidarité en soutien aux prisonniers (je l’ai été, mais ne le suis plus), et ceci non parce que je ne suis pas d’accord avec la solidarité avec les compagnon(ne)s (puisqu’il est clair que la solidarité est un principe des idées et de la pratique anarchistes, que c’est une éthique individuelle qui est mise en pratique dans notre quotidien) mais plutôt car je considère que le soutien nécessaire et la SOLIDARITÉ RÉVOLUTIONNAIRE [6] avec les compagnon(ne)s prisonnier-ères n’est pas une lutte à part, tout comme la lutte contre les prisons n’est pas une lutte partielle, mais une lutte qui fait partie de la lutte pour la destruction de l’État/Capital, et qui est inséparable de la lutte pour la liberté. Créer un calendrier spécifique des jours durant lesquels il faut focaliser l’action anti-carcérale me semble donc la même chose qu’obéir au calendrier révolutionnaire de chaque année (manifestation du 2 octobre, 1er mai… et maintenant le 1er décembre, etc.) : cela centralise l’action sur un seul jour, et enlève leur sens aux actions menées au quotidien, et qui sont également pensées pour les compagnon(ne)s prisonnier-ères.

Deuxièmement : parce que ça ne fonctionne pas, stratégiquement, si nous avertissons à l’avance les flics des actions futures.

Troisièmement : en ce qui concerne ma personne, je n’ai pas lancé d’appel à une quelconque semaine de solidarité, manifestation ou action, et n’en lancerais pas ; cela individualise, ou plutôt « personnifie », des actions collectives, dévie l’attention de la lutte et crée des icônes, des leaders fictifs et des gourous idéologiques. On sait bien que je m’oppose aux sigles, aux leaders, aux groupes d’avant-garde, de synthèse ou aux organisations lourdes (anarchistes et non-anarchistes) qui essaient de mobiliser les gens ; je suis par contre pour l’auto-organisation et l’autogestion des luttes, pour l’autonomie et l’organisation anarchiste informelle. Je ne collaborerais pas au cirque juridique du pouvoir qui individualise toujours la révolte collective dans le but de chercher de faux leaders (comme les enquêtes contre moi pour avoir supposément lancé un appel à telle ou telle connerie) et de cette manière minimiser l’insurrection, la centraliser au niveau d’une personne ou d’un mini-groupe spécifique.

De toutes les manières, un grand merci pour le soutien.
Une salutation chaleureuse.
Vive l’anarchie !

Mario López Hernández
16/03/2014

Notes

[1] Je ne fais cette référence qu’en raison de ce qui se passe actuellement, à aucun moment je ne tente de faire utilisation de la rhétorique maoïste selon laquelle la validité de notre lutte ou de nos actions serait fonction de la réponse de l’ennemi, ce qui reviendrait au même que mesurer notre supposée dangerosité au degré de dangerosité que nous attribue l’ennemi, qui est l´État, limitant ainsi l’action et la théorie anarchistes à l’existence de l’ennemi. La lutte contre l’État/Capital est une partie importante de l’anarchie telle que nous la concevons. Je ne sais pas comment des compagnon(ne)s en arrivent ou en sont arrivé(e)s à utiliser cette phrase, qui figure en plus dans le film commercial sur la RAF allemande.

[2] C’est dans cette sordide prison qu’est justement incarcéré Carlos « el chivo », voir ici. NdNF.

[3] Grupo de Abogadas en Solidaridad con los Presos Anarquistas, groupe d’avocats en solidarité avec les prisonniers anarchistes.

[4] Je raconte ceci pour étendre la vision de la répression, sans désir de faire une comparaison qui minimiserait ce qui a été dit à d’autres compagnon(ne)s, ce qu’on s’est arrangé pour qu’ils fassent, ou le harcèlement contre l’anarchisme en général dans la région Centre du Mexique. Ceci verra le jour en fonction de ce qui se passe.

[5] Extrait de À Couteaux tirés avec l’Existant. NdNF

[6] Pour comprendre ce à quoi je me réfère lorsque je parle de Solidarité Révolutionnaire, je recommande ici le texte de Pierlone Porcu qui s’intitule précisément « Solidarité révolutionnaire ».

Avr 212014
 

SabotageMedia

Tôt le matin du 8 avril à Montréal, huit chemins de fer ont été bloqués avec une ingérence des signaux électriques de CN.

Cet action fait partie d‘une réponse à la répression et à la colonisation de la part de l’état, qui cible des communautés autochtones à travers Turtle Island. C‘est grâce à la colonisation et cette société raciste et impérialiste que les femmes autochtones assassinées et disparues ont perdu leurs vies.

En tant qu’anarchistes, nous sentons la solidarité avec une lutte pour l’autonomie qui dure depuis le début de processus colonialistes. Des rebels/rebelles, autochtones et travailleur/travailleuses ont souvent ciblé les chemins de fer comme moyen de perturber les efforts du capital et ces systèmes de domination.

Nous avons choisi les chemins de fer de CN parce que pour toute sa vie, CN a choisi de construire son infrastructure sur les terres autochtones volées.
Nous, des anarchistes, voudrions perturber les chemins de domination et pouvoir de l’état.

On voudrait envoyer l’amour et la force envers ceux celles qui confrontent la répression pour leurs actions, et aussi pour ceux celles qui ont perdu des amie(e)s et des membres de famille pendant cette guerre.

Des anarchistes