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Gabriel Sohier Chaput, aka Zeiger: le keyboard nazi de la rue Fabre qui voulait être Goebbels

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Déc 072020
 

De Montréal Antifasciste

Le 4 mai 2018 paraissait dans The Gazette le premier d’une série d’articles révélant l’identité d’un propagandiste néonazi d’importance internationale résidant à Montréal, un individu jusque-là connu uniquement sous le pseudonyme « Zeiger ». Les journalistes du quotidien rendaient publics les résultats d’une enquête menée depuis plusieurs mois par des militant-e-s antifascistes de la région de Montréal pour débusquer et identifier ce « Zeiger », qui sévissait déjà depuis plusieurs années dans le courant extrémiste du mouvement fasciste alt-right, notamment comme rédacteur et gestionnaire du site The Daily Stormer, un site considéré par plusieurs spécialistes comme la plus influente plateforme de propagande néonazie des dix dernières années à l’échelle internationale.

« Zeiger », qui avait notamment été aperçu avec d’autres Montréalais au rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right » à Charlottesville, en Virginie, les 11 et 12 août 2017 (où on a pu le voir scander le slogan : « Gazons les Juifs; Guerre raciale maintenant! ») et dirigeait de nombreux projets d’organisation, de mobilisation et d’information néonazis, était en fait Gabriel SohierChaput[1] , un « consultant en technologie de l’information » habitant le quartier Rosemont-LaPetite-Patrie de Montréal.

Gabriel Sohier Chaput, au centre, avec d’autres suprémacistes blancs au tristement célèbre rassemblement «Unite the Right», à Charlottesville, en Virginie, le 12 août 2017.

Sohier Chaput est disparu dans la nature au lendemain de la parution de ce premier article. Un mandat d’arrêt a été émis contre lui en novembre 2018, et près de deux ans plus tard, The Gazette révélait en août dernier que Sohier Chaput était sorti de l’ombre pour répondre de l’accusation d’incitation à la haine[2] qui pèse contre lui. Il est convoqué au Palais de justice de Montréal ce mardi 24 novembre 2020 pour sa première audience.

Curieusement, les grands médias francophones ont fait très peu de cas de cette affaire, contrairement aux médias anglophones. Que ce soit par indifférence à l’égard du sujet ou par frustration de devoir ramasser les miettes de leurs collègues anglophones, la faible couverture de cette histoire a fait en sorte que le public francophone en a très peu entendu parler. Le présent article vise entre autres à corriger cette lacune pour la postérité.

La principale raison de la démarche est toutefois de garantir que Gabriel Sohier Chaput ne puisse jamais se débarrasser de la pestilence de ses propres paroles et actions.

S’il plaide non coupable, peu de lignes de défense s’offrent à lui. Il pourra prétendre que sa période néonazie relevait d’un égarement momentané et faire acte de contrition, mais la durée (de 2012 à 2018) et surtout la profondeur et la sophistication de son engagement risquent de jeter un doute sérieux sur l’authenticité de ses excuses. Une autre avenue possible sera de plaider le malentendu et de prétendre que son engagement politique auprès de plusieurs projets de propagande nazie n’était en fait qu’une vaste plaisanterie. C’est d’ailleurs la défense boiteuse que ses camarades et lui ont invoquée au lendemain de son doxxing. Malheureusement pour lui, la défense de l’ironie et du « deuxième degré » ne tient absolument pas la route à la lumière des informations contenues dans le présent article, et on ose espérer que la poursuite trouverait facilement les moyens de la déboulonner.

Il pourra au contraire plaider coupable, éviter un procès et assumer des sanctions pénales vraisemblablement assez légères s’il n’a aucun antécédent judiciaire. Un juge lui imposerait alors de s’excuser au tribunal pour les effets néfastes de ses actions passées, mais il serait libre de retourner à une vie relativement normale après avoir payé une amende et versé un montant symbolique, par exemple, à une organisation de défense des droits et intérêts de la communauté juive.

Il aurait ainsi tout le loisir de reprendre discrètement une place dans la société québécoise et la collectivité montréalaise. Nous ne pouvons permettre que son retour se passe aussi facilement.

Les discours haineux comme ceux que propageait et encourageait Gabriel Sohier Chaput mènent à des actions haineuses, et ces actions entraînent des conséquences graves dans le monde réel. C’est par exemple sur le forum IronMarch – modéré par Sohier Chaput – que s’est constitué le réseau terroriste Atomwaffen Division, dont plusieurs membres allaient commettre une série de meurtres et de crimes violents correspondant à l’idéologie mise de l’avant par Sohier Chaput et ses collaborateurs.

Soyons clairs : Gabriel Sohier Chaput applaudissait le meurtre d’homosexuel-le-s et de personnes trans, et appelait de ses vœux l’assujettissement des femmes, l’élimination des populations juives et la ségrégation systématique des populations non blanches. Il ne se contentait pas de le souhaiter; il déployait aussi tous ses moyens intellectuels pour favoriser le développement d’une culture politique fasciste et le renforcement d’un mouvement de masse devant mener à ces solutions finales.

Il doit y avoir des conséquences pour ce genre de crimes, et celles que propose le système de justice pénale ne nous satisferont jamais. Nous l’avons dit souvent et le répéterons encore : la justice ne se trouve pas dans les tribunaux, et pour nous, aucun pardon n’est possible.

Gabriel Sohier Chaput devra vivre le reste de sa vie avec le fardeau de son empreinte en ligne, et nous entendons bien faire en sorte que cette empreinte soit indélébile.

Les articles de The Gazette ont affirmé que Sohier Chaput était « une figure néonazie majeure » et « l’un des plus influents suprémacistes blancs en Amérique du Nord »; nous avons l’intention d’en faire ici la démonstration, citations et preuves à l’appui, à partir de ses propres écrits et interventions. Ce qui suit est un portrait assez détaillé du personnage, de ses idées, de ses activités et des milieux politiques dans lesquels il s’est engagé. Nous avons inclus un certain nombre de liens vers des ressources supplémentaires pour approfondir la compréhension du sujet.

Poursuivre la lecture sur montreal-antifasciste.info

Actions collectives du Sommet du G20 à Toronto

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Nov 202020
 

Du Collectif opposé à la brutalité policière

Si vous avez été détenu ou arrêté pendant le Sommet du G20 à Toronto en 2010, vous pourriez avoir droit à des réparations monétaires ou non-monétaires en vertu de ce Règlement d’actions collectives.

Veuillez lire toutes les instructions et remplir soigneusement le formulaire de réclamation en ligne afin que votre réclamation puisse être évaluée aussi facilement que possible.

https://www.g-20classactionsettlement.ca/fr/reclamation

https://www.g-20classactionsettlement.ca/fr/accueil

Hamilton : La statue de John A MacDonald repeint en rouge

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Nov 192020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-info

Le 9 novembre tôt le matin, nous étions quelques-uns à profiter de l’obscurité pour rendre visite à John A MacDonald dans le parc Gore, au centre de Hamilton. Notre extincteur chargé de peinture, nous l’avons repeint en rouge pour symboliser son héritage sanglant. Ce geste est en solidarité avec les défenseurs de la terre de 1492 Land Back Lane, nos voisins de Six Nations, qui font face à une violence policière intense dans leurs efforts de défendre leurs terres d’un énième projet d’expansion urbaine banal.

Nique John A et nique le Canada, son projet arrogant et génocidaire. Un raciste même selon les valeurs de l’époque, il a renforcé la relation coloniale pour assurer que le vol de terres autochtones continuerait. Nique tous les premiers ministres jusqu’à ce jour, y inclus Justin Trudeau ainsi que ses paroles creuses sur la réconciliation. De nouveau l’État refuse de respecter la souveraineté de n’importe quelle nation en refusant toute négociation directe avec les défenseurs de la terre. Et nique la OPP. ACAB.

C’est le moment de prendre au sérieux les autochtones partout qui disent LAND BACK, rendre les terres. Il faut appuyer les autochtones près de chez vous, que ce soit les pêcheurs Mi’kmaq qui luttent sur la côte est pour pouvoir pêcher ou bien les Tiny House Warriors sur la côte ouest qui résistent le pipeline Trans Mountain. Chaque fois qu’on délégitime les symboles de l’État et ses infrastructures, on fragilise sa posture de pérennité. Tout ce qui est construit peut être détruit, tout comme les rues autour de Land Back Lane.

La leçon de cette action : les extincteurs remplis de peinture sont rapides, silencieux et efficaces. Voici un guide pour comment les remplir (assurez-vous d’utiliser Tor pour le consulter).

Nos voisin-e-s sans papiers ont besoin de notre support immédiat

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Nov 192020
 

De Solidarité sans frontières

Des milliers de Montréalais-e-s n’ont pas de statut d’immigration régulier. Officiellement, elles n’existent pas. En réalité, ce sont nos voisins, nos amies, notre famille, des gens qu’on croise dans la rue; l’homme qui nettoie le bureau la nuit, la jeune qui met les carottes dans le sac à l’épicerie, la personne âgée qui ramasse les canettes vides.

Nous sommes maintenant plongés dans la deuxième vague de la pandémie, et l’hiver arrive. Chaque hiver, beaucoup d’emplois disponibles pour nos voisin-e-s sans statut disparaît. Dans le contexte de la pandémie, bien peu de gens ont été capable de trouver un emploi régulier – même pas le type de travail extrêmement exploitant dans des conditions horribles que les migrant-e-s sans papiers sont trop souvent forcé-e-s d’accepter. Le type de travail qui subventionne le mode de vie des citoyen-ne-s.

Malgré la forte mobilisation menée par des migrant-e-s dans les derniers mois, les gouvernements du Canada et du Québec continuent de refuser des permis de travail aux personnes sans papiers, tout en leur bloquant l’accès aux fonds d’urgence, à l’aide sociale, et même aux soins de santé.

Plusieurs ont maintenant de la difficulté à garder leur appartement, à trouver de l’argent pour se nourrir, pour de la médication, et pour soutenir leur famille au Canada et à l’étranger. Dans ces circonstances, la santé mentale de plusieurs se détériore.

Alors que plusieurs au Canada ont de l’argent à dépenser pour du luxe, d’autres se battent pour survivre.

Nous avons un urgent besoin de regarnir notre fond d’entraide, qui tente d’offrir une partie du soutien dont l’état prive les membres de la communauté qui sont sans statut, dont plusieurs sont impliqués activement dans la mobilisation pour un statut pour tou-te-s. Alors que la lutte migrante pour la justice continue – une lutte qui concerne chacun-e d’entre nous – nous devons prendre soin les un-e-s des autres. S’il vous plaît, donnez aussi généreusement que vous pouvez: n’importe quel montant est profondément apprécié, et nécessaire. Nous vous demandons aussi de faire circuler dans vos propres réseaux et dans vos groupes et demandez-leur de nous aider.

COMMENT DONNER:

Virement Interac: envoyer un virement en ligne à solidaritesansfrontieres@gmail.com
En ligne/PayPal: allez sur notre site Web et cliquez sur le bouton « Faire un don » qui se trouve sur la droite
GoFundMe: https://www.gofundme.com/f/levee-de-fonds-pour-nos-voisins-sans-statut
Chèque: faire au nom de “Solidarité sans frontières” et poster à:
Solidarité Sans Frontières
CP 65083 BP Mozart
Montréal, QC
H2S 2S0

Retour sur le blocage ferroviaire contre le projet de GNL Québec

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Nov 072020
 

Du Collectif Emma Goldman

Jeudi dernier, le 5 novembre, des opposants et opposantes au projet de GNL Québec ont décidé d’émettre un autre avertissement aux promoteurs et aux actionnaires qui salivent déjà à l’idée d’engranger les millions en profit une fois que le gazoduc et l’usine seront mis en fonction. Cette fois, la mise en garde se voulait un peu plus percutante. Après tout, ces gens comprennent seulement le langage du profit et de l’argent, donc c’est à ce niveau qu’il faut attaquer. Pour ce faire, des défenseurs de la Terre du peuple Innu ainsi que leurs allié-e-s ont bloqué pendant près d’une heure la voie ferrée Roberval-Saguenay, obligeant le Canadien National (CN) à suspendre ses opérations [1].

Même si l’action visait plus précisément GNL Québec, il est important de rappeler que c’est ce chemin de fer, dont la portion qui fut bloquée hier près du boulevard Talbot à Chicoutimi, que Métaux BlackRock veut utiliser pour transporter son minerai des environs de Chibougamau vers le port de Grande-Anse à La Baie. Le message de l’action est clair : il n’y aura pas de projets extractivistes sur le territoire non-cédé du Nitassinan. Le saccage du territoire et de la vie qui s’y trouve n’est pas une option, même si les promoteurs font miroiter des billets verts et une poignée d’emplois en retour. Tant et aussi longtemps que le projet de GNL Québec n’est pas annulé, les actions comme celle-ci vont se multiplier et augmenter en intensité.

Malgré la suspension des opérations, la mobilisation de plusieurs policiers dont 6 autopatrouilles et des employés du CN, l’action avait une forte saveur symbolique. D’autant plus que les chemins de fer ont été un outil utilisé par le gouvernement colonial canadien pour étendre son emprise sur tout le territoire qui deviendra le soi-disant Canada, engendrant ainsi le génocide des Premiers peuples.

Le premier avertissement est donné, la suite viendra.

[1] Le chemin de fer Roberval-Saguenay appartient à Rio Tinto, mais le Canadien National utilise une partie du réseau, entre autres entre Jonquière et La Baie.

Laurie Baudin: la photographe attitrée d’Atalante?

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Nov 072020
 

De Montréal Antifasciste

Préambule : Atalante met de l’avant une imagerie guerrière basée sur la figure de l’homme guerrier blanc, dernier rempart contre la déliquescence du multiculturalisme et du monde moderne. Le groupe, composé essentiellement d’hommes, promeut une idéologie fasciste de facto patriarcale et antiféministe. Depuis que nous enquêtons sur le groupe nous avons pourtant consacré plusieurs articles à des femmes, notamment Roxane Baron, Heïdy Prévost et aujourd’hui, Laurie Baudin, bien qu’elles soient sous-représentées dans le groupe. Nous avons également constaté que les conséquences de nos articles semblent plus marquées pour les personnes opprimées en fonction du genre (Roxane Baron a vraisemblablement été tassée d’Atalante, tandis que Heïdy Prévost perdait des contrats professionnels). S’il est entendu que n’importe quelle personne s’associant avec un groupe toxique comme Atalante mérite d’être exposée, nous croyons qu’il est important de lancer une réflexion sur les contradictions soulevées par la présence active de femmes au sein de groupes fascistes et antiféministes. Ce pourrait être le sujet d’un prochain article.

Depuis 2018 Montréal Antifasciste documente les activités du groupe néofasciste Atalante, essentiellement implanté dans la ville de Québec. On commence à bien connaître la façade publique de l’organisation, notamment en ce qui concerne ses coups d’éclat (comme l’affaire Vice), ses campagnes d’affichage, ou encore ses distributions de sandwichs, une stratégie empruntée à des organisations néofascistes européennes comme Casapound (en Italie) et Bastion Social (en France, une organisation aujourd’hui dissoute, mais qui se reconstruit sous forme de petits groupes locaux autonomes).

Ces actions ont un autre point commun : elles sont soigneusement mises en scène, photographiées et publicisées sur les comptes Facebook et Instagram d’Atalante, ainsi que sur son site web. Nous (re)connaissons la plupart des individus qui se retrouvent sur les photos, mais ignorions qui se trouvait de l’autre côté de l’appareil photo et qui hésite manifestement à prendre le devant de la scène. Une observation des dernières sorties du groupe dans les rues de la capitale à l’été 2020 nous permet d’affirmer qui est cette personne (ou au moins l’une de ces personnes) : il s’agit de Laurie Baudin, membre très discrète d’Atalante Québec.

Dans cette vidéo et dans ces photos captées en août 2020, on reconnaît Laurie Baudin, téléphone cellulaire à la main, accompagnant et prenant en photo Jonathan Payeur, Louis Fernandez, Sven Côté et un autre individu lors d’une mise en scène de distribution de sandwichs.

Un-e sympathisant-e antifasciste qui a personnellement connu Laurie Baudin au Cégep Garneau l’a croisée avec Atalante lors d’une autre sortie au mois de septembre 2020 et a pu nous confirmer hors de tout doute qu’il s’agissait bien d’elle sur les photos.

Qui est Laurie Baudin?

Au moment de la sortie de l’article Démasquer Atalante en décembre 2018, nous écrivions ceci à son sujet :

« Partenaire de Dominic Brazeau, elle est peut-être davantage une hangaround d’Atalante qu’une membre active. Comme eux originaire de Mont-Laurier, elle est toutefois très présente dans le cercle social formé autour des frères Mailhot-Bruneau. On la voit sur cette photo poser fièrement avec les couleurs du groupe aux côtés de Marie-Ève Mecteau, alias Evymay Lacroix, et d’Heïdy Prévost. »

Laurie Baudin, à gauche, avec deux autres sympathisantes d’Atalante, Evymay Lacroix et Heïdy Prévost, portant les couleurs d’Atalante à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste.
Laurie Baudin, à droite, en compagnie de son chum Dominic Brazeau, de Jonathan Payeur et de Roxanne. Le motif récurrent du couteau entre les dents est une référence aux arditi, les troupes de choc de l’armée italienne chargées d’assassiner les ennemis à l’arme blanche dans les tranchées. Les vétérans arditi allait plus tard former le noyau dur des chemises noires fascistes, les fasci sous le commandement de Mussolini, tandis qu’une faction rebelle devait former les premières milices antifascistes, les Arditi del popolo.

Nous sommes maintenant en mesure d’en dire un peu plus à son sujet.

Nous pensions que Laurie Baudin était une simple hangaround, mais nous avions tort. La surveillance des comptes de médias sociaux de l’entourage d’Atalante, et en particulier ceux de Roxanne Baron (véritable paparazzi de la scène fasciste québécoise), indique que Laurie est présente lors de la plupart des évènements sociaux d’Atalante et du Québec Stomper Crew (le gang de rue à l’origine d’Atalante, regroupant uniquement des boneheads), qu’elle participe à la préparation des actions du groupe et qu’elle fréquente de près les leaders de l’organisation : Raphaël « Raf Stomper » Lévesque et sa conjointe new-yorkaise Danielle « Duke » Doukas, Jonathan Payeur, Yannick Vézina, etc.

On reconnaît Laurie Baudin lors d’une sortie d’Atalante, riant de bon cœur aux côtés du chef Raphaël «Raf Stomper» Lévesque, de Roxanne Baron, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien et Vincent Cyr, entres autres. Elle porte un t-shirt du groupe néonazi français, Baise ma Hache.
Laurie Baudin, au centre, entourée des militantes d’Atalante Viviane St-Amant (à gauche) et Roxanne Baron. Elle porte un hoodie European Brotherhood, une marque italienne à qui l’on doit des visuels sans ambiguïté (comme le « WPWW » pour White Pride World Wide) et qui est aussi un site diffusant de la musique néonazie, principalement germanique. (Voir l’article Lyon : une dentiste néonazie, « c’est sans danger » ? des camarades de La Horde.)
Roxane Baron et Laurie Baudin (de dos) en train de réaliser une bannière pour Atalante («Immigration, armée de réserve du capital»). On remarque qu’elle porte un chandail marqué de la phrase « Saisir la foudre », du nom du livre/programme d’Atalante.
Avec Roxanne Baron, Sven Côté et Danielle Doukas.

Comme on le voit sur ces photos, Laurie est assez discrète et s’affiche peu contrairement aux autres membres d’Atalante, qui exhibent leurs tatouages et portent souvent des vêtements politiquement explicites. Au premier coup d’œil sur les réseaux sociaux de Laurie Baudin, on pourrait penser qu’elle est toujours la jeune membre du Club Rotary Québec – Val-Bélair qui déclarait au journal local en novembre 2017 vouloir « changer le monde, une personne à la fois ».

Un fascisme décomplexé

Nous avons ainsi eu la surprise de retrouver Laurie Baudin derrière le compte Instagram @miss_revolt (aujourd’hui fermé), qui confirme son allégeance à une idéologie fasciste, suprématiste blanche et anti-LGBTQ+.

« Québec, Jeunesse, Révolution » une adaptation du slogan nationaliste-révolutionnaire « Europe, Jeunesse, Révolution », popularisé par une chanson du groupe de rock identitaire français, Fraction (auquel appartenait Philippe Vardon, un fondateur des Jeunesses Identitaires, ex-Génération Identitaire).
Confréries Dannungio : une référence probable à Gabriele D’annunzio, une figure importante du fascisme italien et rival de Mussolini.
Un tout mimi gribouillage de croix celtique, le symbole du mouvement «White Power».
Une référence probable au slogan néofasciste « Révolte contre le monde moderne », inspiré par Julius Evola.

Sans pouvoir l’affirmer, on est en droit de se demander si Laurie Baudin, la photographe du groupe, n’offre pas également ses services de graphiste aux côtés de d’Étienne Mailhot-Bruneau… On regarde ça.

Si vous avez d’autres renseignements à nous communiquer au sujet d’Atalante, de ses sympathisant-e-s et de son entourage, n’hésitez pas à nous écrire à alerta-mtl @ riseup.net.

Anciens mythes, nouveaux peuples: Les « métis de l’est » et l’effacement des autochtones

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Oct 312020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un zine de Sabordage Distro, 2020
Traduit de l’anglais par Mille Batailles

*Avis aux lecteurs·rices : Le texte suivant est une compilation d’extraits que les auteures ont reliés par un récit de leur cru. Les extraits issus d’ouvrages externes sont en italique. Le nom de l’auteur se trouve à la fin de l’extrait. 1

1 NdT : Toutes les citations sont traduites de l’anglais par les traductrices de ce zine, à l’exception de celle de Said (1993), qui est de Paul Chemla.

L’ère de réconciliation menée par l’État de Justin Trudeau cherche désespérément à se perpétuer. En se désagrégeant, elle dévoile (une fois de plus) une réalité crue : de nombreux·ses colon·es blanc·hes veulent désespérément se trouver du bon côté de l’histoire. Pour ce faire, ces personnes recueillent et racontent des histoires à propos de la grande différence entre la situation « présente » et celle du « passé ». Parmi ces histoires, on compte aujourd’hui et depuis toujours la vision romancée d’une réconciliation menée par l’État.

La réconciliation – en tant que terme – signifie la résolution d’un conflit, le retour au stade de relations amicales. Ce terme peut aussi signifier l’alignement de deux positions différentes afin de les rendre compatibles. […] Alors comment l’État canadien et les peuples autochtones peuvent-ils se réconcilier ? Ils ne peuvent certainement pas revenir à un stade de relations amicales, car ce stade n’a jamais existé. La réconciliation ne peut donc que signifier une élimination du conflit par l’enchevêtrement des communautés autochtones et allochtones […]rendant compatibles deux positions conflictuelles. Cela signifie l’assimilation des peuples autochtones, par la promesse d’une égalité économique au sein du Canada offerte en échange de leur renonciation à leurs revendications de souveraineté. Et cela signifie que les Canadien.nes peuvent engloutir les idées et les symboles autochtones dans leurs propres histoires colonisatrices, dans leur propre canadiana. Voici la seule voie possible sous l’État canadien.

(Tawinikay, 2018)

La fabrication de cette compatibilité grâce au cadre de la réconciliation ne constitue qu’une des multiples tentatives étatiques d’effacer le passé tout comme le présent des peuples autochtones et de faire disparaître le problème permanent qu’ils représentent pour la légitimité de l’État canadien, pour le mythe fondateur de la Confédération et pour les revendications territoriales colones sur le territoire qu’il tente de gouverner. L’effacement des autochtones est un moyen mis en oeuvre pour assurer un avenir au colonialisme de peuplement.

Ce texte s’attarde principalement à la manière dont les personnes blanches contribuent aux tentatives étatiques d’engloutissement et de consommation des cultures autochtones en forgeant des récits qui les transforment en personnes autochtones. Nous faisons ici référence à la tendance grandissante à l’auto- autochtonisation ou, comme de nombreuses personnes le nomment, au transfert de race 2 – processus selon lequel une personne blanche se réinvente en personne autochtone, en utilisant souvent cette revendication identitaire pour miner les luttes d’auto-détermination des peuples autochtones eux- mêmes.

2 NdT : L ‘usage de raceshifting est plus commun en anglais que celui de « transfert de race » l’est en français.

Particulièrement au « Québec » et dans les provinces de l’est, nous constatons l’auto-autochtonisation d’un grand nombre de colon·es blanc·hes, souvent à travers le système judiciaire colonial. Les personnes blanches s’étant auto-autochtonisée se rassemblent la plupart du temps sous le terme « métis 3 de l’est ». Elles forment ainsi une grande variété de fausses « nations » à travers lesquelles faire pression sur le gouvernement pour en obtenir la reconnaissance et des gains économiques. Ces revendications identitaires se rendent fréquemment en cour lorsque des individus ou des groupes cherchent à obtenir des droits de pêche ou de chasse ou lorsqu’il s’agit de combattre des revendications territoriales faites par des groupes autochtones. Bien que ces personnes blanches aient pour la plupart échoué à prouver leur statut autochtone, même d’après les exigences légales canadiennes, ces revendications indiquent les manières dont la blanchité continue à être utilisée pour effacer les autochtones. Nous aborderons en détails certains exemples de ce phénomène plus loin dans ce texte.

3 NdT : Tout comme Darryl Leroux dans son article « Le révisionnisme historique et la création des métis de l’est, la mythologie du métissage au Québec et en Nouvelle-Écosse » dans Politique et sociétés, nous avons choisi d’utiliser la lettre majuscule pour distinguer la communauté Métis historique des revendications métisses qui ne sont pas liées aux peuples Métis, pour lesquelles nous utiliserons la minuscule. Comme Leroux l’indique, « nous faisons cette distinction pour bien tracer notre argument principal ».

Ce zine réunit plusieurs longs extraits de textes s’attardant aux compréhensions actuelles théoriques et pratiques du phénomène d’auto-autochtonisation au « Québec » et dans l’est du « Canada ». Ce texte n’a ni l’intention de prendre position quant aux politiques d’appartenance des différentes nations autochtones ni de décider du statut des personnes autochtones ayant été déconnectées de leurs familles, de leurs communautés et de leurs cultures par la violence coloniale. Nous sommes simplement préoccupées par le fait que des personnes blanches, des familles blanches et des communautés blanches tentent de bâtir une force politique au détriment des personnes autochtones pour revendiquer des terres, des droits de pêche et de chasse et d’autres gains matériels. Notre objectif consiste à nous doter, nous- mêmes ainsi que nos communautés, des informations nécessaires pour de contrer cette force.

Nous ne sommes pas intéressées à alimenter la légitimité des cadres légaux étatiques visant à déterminer le statut ou l’appartenance des personnes autochtones à une communauté. Au contraire, nous tenons à répéter ce qu’affirment certaines personnes autochtones lorsqu’elles dénoncent le transfert de race : l’appartenance à une communauté est déterminée par la parenté et cette communauté devrait pouvoir déterminer qui en fait partie, non pas l’État ni une organisation de personnes blanches. Nous comprenons que la législation canadienne complique et brouille le terrain de la lutte anti- coloniale. Elle est à la fois un des mécanismes principaux employés par l’État colonial pour tenter de contrôler les personnes autochtones et un mécanisme vers lequel nombreuses d’entre elles doivent se tourner pour combattre l’État et le capitalisme. Par ses tentatives de freiner la résistance et d’en créer les conditions avec ses lois et sa surveillance, l’État renforce son récit selon lequel il serait une entité politique et légale légitime. Cela masque ce qui demeure la réalité ainsi que la plus profonde angoisse de la société et de l’État coloniaux, celle de n’être à jamais qu’une force d’occupation étrangère.

Nous écrivons ce texte en 2020, au moment où les territoires occupés par le soi-disant Canada ont vu déferler des vagues de perturbation économique en réponse au raid de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sur les défenseur·es de la terre Wet’suwet’en qui protègent la Yintah contre les tentatives répétées de construction du gazoduc de Coastal GasLink. Les blocages de train, de port et de route menés par des communautés autochtones (incluant notamment des défenseur·es de la terre Gitxsan, Kanien’keha:ka et Mik’maq), appuyés par d’autres actions menées autant par des sympathisant·es autochtones qu’allochtones, ont alimenté et actualisé une vision de la lutte anti- coloniale qui va au-delà des promesses de réconciliation de l’État. De plus, nous écrivons ce texte au moment où la covid-19 a mis elle aussi, mais d’une autre manière, un frein au Canada et à son économie. Pourtant, dans le nord de la Colombie-Britannique, les camps de travailleurs se maintiennent et à travers tout le continent de nombreux projets d’extraction se poursuivent. Une fois de plus, en réponse à l’État, nous voyons apparaître des blocages et brûler des injonctions. Si nous choisissons de nous positionner de la façon dont nous le faisons dans ce texte, c’est que nous désirons lutter avec les défenseur·es de la terre et les protecteur·trices de l’eau autochtones et que cette vague d’auto- autochtonisation est non seulement en tension avec ces dernier·es, mais qu’elle a été et continuera d’être ouvertement en conflit avec eux et elles.

Les auteures de ce zine sont des colones anarchistes blanches en lutte contre l’État canadien et l’idéologie du colonialisme de peuplement 4 . L’une de nous est de descendance Métis de la Rivière Rouge et canadienne-française (et d’autres descendances européennes). En grandissant, elle a parfois entendu des histoires affirmant une même autochtonie (ou absence d’autochtonie) au sujet de ces deux ascendances. L’autre auteure a grandi dans un ménage majoritairement blanc et euro-américain. Dans cette famille, on ne racontait rien du peuple (Ojibwe) dont on habitait le territoire ni de la manière dont on se rapportait à l’histoire de ce territoire ou à son peuple.

4 NdT : settlerism

Dans une autre version de l’histoire de nos vies, les embarcations coloniales ayant emmené les colon·es depuis l’Europe auraient coulé. Dans ces autres temps, nos écrits ne seraient peut-être pas nécessaires. Mais nous avons hérité d’une autre version du monde. Nous devons donc prendre part à la conversation concernant le transfert de race et la manière dont il accélère l’effacement des autochtones. L’auto- autochtonisation est un phénomène intimement lié aux désirs d’appartenance de la suprématie blanche, appartenance nécessitant le déplacement de ceux et celles qui sont perçu·es comme des obstacles à ce désir ainsi que la création de mythes à propos de liens ancestraux aux territoires sur lesquels on se trouve. Tuck et Yang (2012) décrivent ces processus relationnels et émotionnels comme un « mécanisme de déculpabilisation colonial 5 ». Comprendre les narratifs d’auto-autochtonisation comme des coups joués dans une partie où l’innocence est en jeu permet de construire un cadre pour adresser et rejeter l’angoisse profondément coloniale des colon·es blanc·hes alimentant ces gestes et ces fantasmes d’auto-autochtonisation. Une pratique intégrale au transfert de race consiste à raconter des histoires et, plus spécifiquement, des histoires à propos d’ancêtres autochtones éloigné·es que les personnes blanches se créent pour légitimer leur processus d’auto-autochtonisation. King (2003) écrit « Les histoires sont des choses merveilleuses. Et elles sont dangereuses […] Puisqu’une fois une histoire racontée, on ne peut la reprendre. Une fois racontée, elle est en liberté dans le monde ».

5 NdT : settler move to innocence

Le « métis de l’est »

La longue histoire du phénomène d’auto-autochtonisation au « Canada » est intimement liée au vieux projet canadien, toujours d’actualité, visant à effacer les peuples autochtones à travers le peuplement colonial et l’extraction de ressources au profit de l’expansion capitaliste. Au Canada, une des manières les plus répandues pour les personnes blanches de s’auto-autochtoniser consiste à revendiquer l’identité de « métis de l’est ». Dans le contexte des métis de l’est, l’auto-autochtonisation réfère à « l’usage tactique d’ancêtres lointain·es pour réinventer une identité “métis” […] Ces “nouveaux métis” profitent de la confusion chez les colon·es par rapport aux formes d’autochtonité qui reposent sur la parenté et l’appartenance pour trouver de la légitimité » (Leroux & Gaudry, 2017).

Il s’agit le plus souvent de colon·es blanc·hes de descendance française qui fouillent leur arbre généalogique à la recherche d’ancêtres autochtones lointain·es et isolé·es pour s’identifier comme « métis de l’est ». Nous présenterons plus loin dans ce zine différents cas tirés du phénomène des métis de l’est et des histoires de différents groupes menant l’initiative. Mais nous souhaitons d’abord offrir une idée de l’ampleur de la situation.

Selon les statistiques du recensement canadien, entre 1991 et 2016 le nombre de personnes s’identifiant comme métis dans l’Est du Canada a massivement augmenté. En 1991, 8 690 personnes s’identifiaient comme métis au Québec comparé à 69 360 en 2016 – une augmentation totale de 698%. Les provinces de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, où résident un grand nombre de colon·es de descendance française, ont vu une augmentation plus drastique encore, soit de 10 000% sur la même période. Dans l’est du Canada, plus de 70 organisations représentent ces nouveaux métis et c’est sans compter les organisations à vocation similaire qu’on retrouve au Maine, au Vermont et au New- Hampshire (source : https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/171025/dq171025a-eng.htm ).

L’augmentation du nombre de communautés « métis » au Québec : ce n’est qu’un début ?

Paraphrase du site https://www.raceshifting.com

Au Québec, les recherches démographiques démontrent qu’une majorité significative des gens descendant des colon·es français·es établi·es au XVIIe siècle ont au moins un·e ancêtre autochtone, soit vraisemblablement l’une des treize femmes autochtones ayant marié un colon avant 1680 (Leroux, 2018; voir aussi Beauregard 1993). Puisque le nombre de colon ·e s français ·es au début de la colonisation était assez bas et qu’il y avait un taux élevé de mariages entre Canadiens-Français jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, un grand segment de la population québécoise et canadienne-française est susceptible d’avoir plusieurs ancêtres autochtones. Ceci étant dit, le fait d’avoir un, deux, trois ou même cinq ancêtres autochtones datant d’il y a plus de dix générations ne représente qu’entre 0,1% et 1% des ancêtres d’une personne (voir Charbonneau et al. 1990; Vézina et al. 2012). Une recherche du même ordre menée principalement par des chercheur ·se s québécois ·es francophones suggère fortement que les populations de descendance française sont aujourd’hui plus susceptibles d’avoir un bien plus grand nombre d’ancêtres d’origine anglaise ou d’une autre ethnie européenne (allemande, belge) que d’origine autochtone (Leroux, 2018; voir aussi Desjardins 2008).

Les mythes du transfert de race

La mémoire individuelle et collective est portée de génération en génération par les histoires qu’on raconte. Elles lient intimement les êtres aux lieux, aux régions et aux territoires. Raconter des histoires peut contribuer à préserver et à affirmer la souveraineté de certaines personnes sur un territoire et/ou leur appartenance à une communauté. Au fil du temps, grâce à la transmission et à l’intégration de leurs histoires, les luttes pour l’autonomie et de libération de l’État colonial des personnes autochtones gagnent en puissance. Des luttes sont menées de génération en génération, se déployant par leur mise en récit, racontées, encore et encore, à travers les décennies et les siècles. Lorsqu’on observe le cas des métis de l’est, on constate cependant que les histoires racontées sont utilisées pour effacer la complicité, autant actuelle qu’historique, des personnes blanches avec les processus du colonialisme de peuplement. Cet effacement est rendu possible par une mise en récit qui repose sur des tests d’ADN, des mythologies familiales et des tableaux généalogiques auxquels la législation coloniale accorde une légitimité. Les démarches d’auto-autochtonisation d’une personnesblanche peuvent être suscitées par le fait de sentir son accès à la terre menacé (pour des raisons réelles ou imaginaires) ou bien par l’influence d’un mouvement d’auto-autochtonisationnaissant . Elle a alors accès à des infrastructures (tests d’ADN, organisation des métis de l’est, forums généalogiques et autres ressources conçues spécifiquement pour la recherche d’ancêtres autochtones) lui permettant de se trouver des ancêtres autochtones éloigné ·e s qui peuvent remonter à aussi loin qu’au XVIIe siècle ou à plus de dix générations. Munie de cette supposée preuve de sonautochtonité,la personne blanche peut alors rechercher d’autres personnes avec qui renforcer cette nouvelle identité, avec qui partager des histoires légitimant leurs revendications territoriales, ce qui établit ainsi des conditions favorables pour que d’autres suivent le même chemin.

Said (1993), adressant la relation entre les récits, le pouvoir, la terre et l’impérialisme, écrit :

Dans l’impérialisme, l’enjeu suprême de l’affrontement est évidemment la terre ; mais, quand il s’est agi de savoir à qui elle appartenait, qui avait le droit de s’y installer et d’y travailler, qui l’entretenait, qui l’a reconquise et qui aujourd’hui prépare son avenir, ces problèmes ont été transposés, débattus et même un instant tranchés dans le récit. […] Le pouvoir de raconter ou d’empêcher d’autres récits de prendre forme et d’apparaître est la plus haute importance pour la culture comme pour l’impérialisme, et constitue l’un des grands liens entre les deux.

La plupart des colon·es éprouvent une angoisse existentielle à l’idée de ne pas être originaires de la terre qu’ils et elles habitent. On peut la voir se manifester dans leur manière compulsive de chercher à légitimer leur présence en tant qu’envahisseurs/force d’occupation. Lorsqu’elles ressentent cette angoisse propre au colonialisme de peuplement, de nombreuses personnes blanches cherchent des histoires qui puissent l’alléger, des histoires qui ouvrent un chemin vers l’appartenance. Chez d’autres, on crée des histoires pour essayer de tirer un profit économique de l’exploitation du territoire – pour continuer à profiter de son exploitation en tant que colon·es. Lorsque des personnes blanches s’auto- autochtonisent ou effectuent un transfert de race, leurs actions, leurs attitudes et leurs histoires contribuent aux tentatives de négation et de remplacement des modes de vie politiques et culturels des Métis, des Premières Nations et des peuples Inuits à travers les territoires connus aujourd’hui sous le nom d’Amérique du Nord.

Tuck et Yang (2012) soutiennent qu’« il est difficile pour les colon·es d’accepter le fait qu’ils et elles bénéficient directement ou indirectement de l’effacement et de l’assimilation des peuples autochtones. Le poids de cette réalité est inconfortable ; la misère associée au sentiment de culpabilité les pousse à chercher une forme de répit, quelle qu’elle soit ».Deloria (1998) affirme : « L’identité américaine a un caractère indéterminé en partie à cause de l’incapacité de la nation à faire face aux peuples indiens.Les Américains voulaient ressentir une affinité naturelle avec le continent, et seuls les Indiens pouvaient leur enseigner une telle intimité aborigène. Cependant, pour asseoir leur contrôle sur les territoires il leur a été nécessaire de détruire les premiers habitants ».

Le récit intrinsèque à l’auto-autochtonisation poursuit le processus de déplacement et d’effacement entamé par les premiers colonisateurs à leur arrivée sur l’île de la Tortue. Les colon·es sont ceux et celles qui proviennent d’un autre territoire,qui viennent supplanter les lois et les épistémologies autochtones, faisant leur propre loi etimposant leurs mythes d’origine sur une région donnée. Comme King (2003) le suggère, « vous devez faire attention aux histoires que vous racontez. Et vous devez faire attention aux histoires qu’on vous raconte ». L’auto-autochtonisation en cours dans l’Est du Canada trouve appui dans les histoires racontées par des colon·es qui cherchent à refaire l’histoire et à y assurer l’avenir de l’État colonial. Il est donc primordial que nous développions notre capacité à détecter ces histoires et à rendre visible leur fonctionnement afin de désarmer leurs défenseur·es et de défier l’auto-autochtonisation colone lorsqu’elle apparaît dans le contexte de lutte contre l’État et le colonialisme de peuplement.

Tuck et Yang (2012) écrivent : « dans une société de peuplement colonial, tout fait pression pour détruire ou assimiler l’Autochtone afin de le faire disparaître du territoire – voilà comment une société arrive à tenir en simultané différents propos contradictoires sur les personnes autochtones, comme de dire que tous·tes les Indien·nes sont mort·es, qu’ils et elles vivent dans des réserves lointaines, quetoutes les personnes autochtones de nos jours sont moins autochtones que les générations précédentes ou que tous les Américains sont un “petit peu Indiens” ». Bien que leurs propos se situent dans le contexte des soit-disant États-Unis, des parallèles significatifs peuvent être tracés avec les impulsions et les désirs colons qui existent aux soi-disant Québec et Canada, desquels il est important d’examiner les histoires spécifiques.

Pourquoi les « métis » de l’est, pourquoi au Québec et dans l’est du Canada?

Ce n’est pas un hasard si de nombreuses personnes blanches qui s’auto-autochtonisent revendiquent une appartenance à la nation Métis. Les mouvements des métis de l’est capitalisent sur la méconnaissance du métissage et ce faisant l’empirent. On suppose souvent à tort que les personnes Métis, ce peuple autochtone né suite au contact européen, sont Métis parce qu’elles sont issues d’un « mélange », et qu’elles sont ainsi moins autochtones que les Premières Nations ou les Inuits. En français, le terme « métis » signifie littéralement « mélangé » et on l’emploie pour référer aux personnes de « races mélangées », ce qui complique d’avantage la situation.

Leroux (2019) explique l’histoire de cette confusion linguistique dans son livre Distorted Descent, p. 4- 6 :

L’idée de métissage a une origine spécifique dans la pensée française et la pratique linguistique […]. Selon Pierre Boulle, le terme « race » a été introduit dans l’usage français à la fin du quinzième siècle et était probablement un emprunt à l’italien « razza ». « On a d’abord associé le terme à l’idée de lignée, » soutient Boulle, « plutôt qu’à des critères physiques déterminés permettant de différencier de vastes regroupements humains. » Selon Boulle, durant la majorité de son premier siècle en circulation, le terme n’était pas neutre puisqu’il faisait référence à un caractère ou des traits innés, particulièrement ceux qu’on associait à l’aristocratie. L’historien Guillaume Aubert approuve Boulle, expliquant que dès la deuxième moitié du seizième siècle, « le terme “race” a commencé à être utilisé de manière interchangeable avec “sang” pour exprimer l’idée de “famille” ou de “lignée” » en France métropolitaine.” Selon Aubert, la principale motivation du développement de ce concept était de réguler les mésalliances ou les mariages entre personnes de différents rangs sociaux. Aubert explique d’ailleurs que « selon l’idéologie de l’aristocratie française du début de la modernité, la conséquence la plus horrible [de ces mariages] retombait sur les enfants engendrés. La majorité des textes français de cette période réfère à ces enfants avec le terme “métis”, qu’on définit dans les textes de l’époque comme étant le mélange de deux ” espèces ” différentes. En d’autres termes, dans la France métropolitaine, le terme “métis” était d’abord un terme péjoratif marquant les frontières de la déviance sociale et politique à partir de lignes ayant une ressemblance avec les notions présentes de “classe” et de “race”».

En 1684, le physicien et intellectuel français François Bernier a devancé ses contemporains européens de quelques décennies en proposant une approche complètement différente pour comprendre les « races », une approche basée principalement sur des caractéristiques physiques. L’historien Siep Stuurman conçoit l’œuvre de Bernier comme « la première tentative de classification raciale de la population mondiale, classification préfigurant d’un sièclecertaines compréhensions anthropologiques ». […]

De nos jours, les francophones utilisent principalement le terme « métis » en concordance avec l’héritage de Bernier au dix-septième siècle, comprenant les « races » humaines à un niveau biologique. En ce sens, « métis » ressemble à l’anglais « mixed-race », bien qu’au Canada le terme « métis » soit utilisé plus communément par les francophones que celui de « mixed-race » chez les anglophones. […]

Malgré la complexité des origines du terme « métis » dans la marmite coloniale, si, en français, on l’utilisait de manière limitée en parallèle avec « race mélangée », la majorité de la confusion linguistique dans son usage en anglais serait résolue. Or, on utilise aussi le terme « métis » pour référer, en français (et en anglais), à un peuple autochtone , ce qui constitue la principale difficulté de son usage. Utiliser le terme « métis » à la foispour désigner le mélange biologique entre deux individus qu’on imagine être de « races » différentes et pour référer à un peuple autochtone ayant sa propre histoire, ses propres relations et territoires sur les plaines du nord suscitera nécessairement des incompréhensions. Cette confusion linguistique ne devrait pas servir d’unique base aux débats et/ou aux conflits, mais dans le contexte des discussions tendues autour de la nature de l’autochtonité présentement soulevées par le mouvement d’auto-autochtonisation,il vaut la peine de la souligner. […]

Cependant, en plus de ce contexte linguistique, les histoires particulières circulant à propos de la colonisation française jouent un rôle dans l’auto-autochtonisation d’un grand nombre de descendants français blancs du Québec et de l’est du Canada, autrefois la Nouvelle-France. Leroux explique, en page 8 et 9 :

Durant des générations, l’historiographie des canadiens-français et des québécois français a vu s’enchaîner de puissants récits en ce qui a trait aux relations entre les colons français et les peuples autochtones. […]

La majorité de l’historiographie récente concernant le régime français a cherché consciemment à réconcilier les peuples autochtones et les descendants français en brouillant les lignes de la blancheur et de l’autochtonité, reflétant de ce fait une série d’efforts allant en ce sens dans la culture populaire. Selon ces nouvelles histoires sur les origines de la colonisation, les colonisateurs français des débuts et les peuples autochtones qu’ils rencontraient auraient créé une forme nouvelle de « réciprocité interculturelle, mieux encore, une synthèse ethnoculturelle – une fusion des horizons – d’où le Québec émerge en tant que société totalement nouvelle, » tel que l’explique le politologue Daniel Salée. « L’image est séduisante. » […]

Bien que les documents laissés par le Régime français (1608-1763) suggèrent que les femmes autochtones se mariaient rarement à des colons français, la recherche académique et la culture populaire ont transformé le « mythe du métissage » en vérité relativement non-controversée au Québec et au Canada (français). Cette vérité repose sur une croyance nationaliste en la bonté inhérente du colonialisme de peuplement français en Nouvelle- France, particulièrement lorsqu’on la compare à la colonisation britannique (et, à un moindre degré, espagnole).

(Leroux, 2019)

Non seulement les personnes autochtones sont impactées par ces spécificités linguistiques et narratives lorsque leurs territoires sont occupés par des gens qui s’auto-autochtonisent, mais le peuple Métis, dont le mouvement a redéfini le nom, subit aussi des impacts. Il devient alors nécessaire de distinguer le peuple Métis des personnes blanches qui s’appellent métis de l’est.

Le peuple Métis est un peuple autochtone, expliquent-il, parce que les Métis ont développé leurs propres institutions politiques, pratiques linguistiques et formes culturelles à partir de leurs relations de parenté avec les peuples Cris, Saulteaux, Assiniboines et Dene. « Les Métis sont un peuple, non pas un processus historique », écrit Gaudry en 2016 pour l’Encyclopédie canadienne. De nombreux mariages mixtes se sont produits à travers l’histoire canadienne, écrit-il, mais la plupart des enfants issus de ces unions ont trouvé leur place dans l’une des communautés de leurs parents – ou dans les deux. « Les Métis historiques » écrit-il, ne sont pas le résultat automatique d’un « mélange, mais étaient plutôt « de vrais humains qui, mis face à un choix, ont créé une entité politique et sociale sur leurs propres termes ». (Leroux, 2018, Self-Made Métis).

Comme Gaudry (2018) l’écrit dans Communing with the Dead : The “New Métis”, Métis Identity Appropriation, and the Displacement of Living Métis Culture, des mouvements comme celui des métis de l’est supplantent le peuple et les communautés autochtones Métis contemporaines et les remplacent par des gens dont les revendications à l’autochtonité reposent sur leur supposées connexion à des personnes ayant vécu il y a de nombreuses générations.

Cela revient à « mépriser les Métis vivants en situant la promesse d’une renaissance culturelle métis dans la mémoire du sang, de la généalogie et de la descendance – c’est-à-dire la connexion aux morts – plutôt que dansune connexion avec la culture vivante des communautés Métis. Voilà ce à quoi réfère Circe Sturm lorsqu’il parle d’« un vide présumé d’indianité » : la croyance contemporaine que les communautés autochtones soit n’existent pas, soit s’avèrent moins capable d’articuler un commentaire sur leur propre existence que des étranger ·e s qui en parlent avec un ton d’autorité, incluant ceux et celles qui ont intérêt à ranimer une identité perdue. Mais il n’y a pas de vide culturel ou politique Métis, il n’y a pas de vide Métis. (Gaudry, 2018)

À travers les générations, les communautés Métis continuent d’exister, de transmettre leur langue, leur culture et leur lutte. Les Métis et les autres peuples autochtones ne cessent d’expliquer clairement que ce qui détermine qui est membre d’une communauté et qui a le droit de s’en revendiquer sont la parenté et « qui te revendique » 6 plutôt que des théories raciales essentialistes sur la descendance.

6 NdT : who claims you

Comme Jennifer Adese, une femme Métis élevée en Ontario, l’explique, en ayant grandi très exposée aux revendications à l’autochtonité des « métis de l’est », sa compréhension de ce qu’est l’identité Métis a été biaisée. « Je ne m’identifiais pas en tant que Métis lorsque j’étais plus jeune, parce que les revendications de personnes autour de moi m’ont fait croire que la signification de Métis était vide » puisque « rien ne reliait entre elles les personnes revendiquant cette identité outre les revendications elles-mêmes » (Adeese, Todd & Stevenson, 2017). Non seulement cela cause en soi des dommages, mais avoir à démonter les revendications des métis de l’est peuvent, selon Adeese, entraver le travail de lutte anticoloniale contre les impacts de la colonisation sur la nation Métis.

Les luttes actuelles et passées des Métis, à travers lesquels ils et elles accomplissent ce travail important, ont servi de matériel au mouvement des métis de l’est. Par exemple, dans le contexte des décisions légales sur les droits des personnes Métis, les personnes blanches ont vu l’opportunité d’assurer leur accès à la terre et à des territoires de chasse, particulièrement lorsque des revendications territoriales et d’autres types d’actions menées par des nations autochtones sur leurs territoires « menacent » cet accès.

L’Auto-autochtonisation en action : premier cas de figure

En octobre 2004, un petit groupe de chasseurs se réunit sous une grande tente dans les monts Chic-Chocs, au sud du parc national de la Gaspésie. Raymond Cyr, le directeur d’un organisme d’éducation pour les personnes handicapées, s’était joint à son cousin Marc LeBlanc, guide de chasse et de pêche, pour la saison de la chasse à l’orignal. Refuge touristique en été, la région devient une destination de chasse et de pêche lorsque les feuilles se teintent de couleurs. Des véhicules tout-terrain à quatre roues motrices robustes, des remorques chargées à bloc et des camping-cars patinés par les intempéries sillonnent le réseau de vieux chemins forestiers adjacents à la sinueuse autoroute 299, laquelle coupe à travers les falaises de calcaires de la vallée de la rivière Cascapédia.

[…]

LeBlanc était actif dans la région depuis 1992. Mais lorsque les cousins se rencontrent dans leur tente en ce jour d’automne, douze ans plus tard, ils font face à un dilemme : en Gaspésie, une entente entre le gouvernement provincial et la communauté Mi’kmaq de Gesgapegiag est en voie d’établir un territoire sous contrôle Mi’kmaq, sur lequel seraient offertes des activités de plein air moyennant certains frais (en français, il s’agit d’une « pourvoirie », terme désignant à la fois le territoire et l’entité qui le contrôle). Selon les plans de Gesgapegiag, le territoire comprendrait un centre d’interprétation et des sentiers de randonnée et d’équitation, ainsi que des services de pourvoirie tels que des guides, de l’hébergement et des repas.

Le chef de Gesgapegiag de l’époque, John Martin, a expliqué, dans un reportage aux nouvelles régionales, que le projet vise en partie à diminuer la pression sur la population locale d’orignaux en gérant le nombre de chasseurs dans la zone. En 2005, 102 orignaux avaient été tués sur ledit territoire : sept par des chasseurs mi’kmaq et les quatre-vingt-quinze autres par des chasseurs non mi’kmaq.

[…]

Officiellement, l’accord était en cours d’élaboration depuis 1999. Au moment du voyage de chasse de Cyr et LeBlanc, en octobre 2004, il bénéficiait d’une importante couverture médiatique. S’il se concrétisait, le projet s’ajouterait aux près de sept cents autres territoires de pourvoiries privées existant au Québec, dont une douzaine en Gaspésie et plusieurs dizaines gérés par des communautés autochtones. Il s’agirait de la deuxième pourvoirie exploitée par les Mi’kmaq. Tout au long du processus, les négociateurs de Gesgapegiag avaient insisté sur le fait que le projet était central à leurs efforts de reconnexion à leur territoire historique et de construction de leur économie, puisqu’il emploierait une vingtaine de membres de la communauté. Néanmoins, cela attisa la colère de nombreux habitants des environs.

[…]

Cyr et son groupe de chasseurs étaient également contrariés. Face à l’éventualité d’avoir soit à payer un droit d’accès au territoire, soit à chercher un nouveau territoire de chasse – et déjà agacés par l’arrivée de l’exploitation forestière dans la région – Raymond Cyr propose une alternative. Lui, LeBlanc et un petit groupe de chasseurs chassant sur le territoire adjacent avaient l’habitude de se réunir dans une tente commune chaque soir pendant la courte saison de chasse à l’orignal, pour discuter de la chasse du jour. Lors d’une de leurs réunions nocturnes, selon les documents du tribunal et les souvenirs de trois personnes présentes, Cyr suggère aux membres du groupe de chasseurs de revendiquer une identité autochtone. Après tout, chacun d’entre eux avait probablement de lointains ancêtres autochtones – les estimations scientifiques en matière de démographie historique estiment que la majorité des descendants des premier·ères colon·es français·es ont au moins un ancêtre autochtone. Dans le cas de Cyr, disait-il, il en était certain : sa famille en avait toujours parlé.

Mais le plan de Cyr est accueilli avec une certaine incrédulité. Un collègue chasseur, un policier du nom de Benoît Lavoie, se montre sceptique :

« Nous n’avons jamais eu de droits, seuls les Indiens ont eu des droits, nous, nous n’en avons pas » déclare-t-il, selon les documents du tribunal. Cyr répond avec audace par quatre mots fatidiques : « Lisez la décision Powley ».

(Leroux, 2018, Self-made Métis – https://maisonneuve.org/article/2018/11/1/self-made-metis)

L’arrêt Powley

R. c. Powley fut la première grande affaire de droits autochtones concernant les Métis. L’arrêt Powley donna lieu au « test Powley », lequel établit un ensemble de critères définissant non seulement ce qui pourrait constituer un droit des Métis, mais aussi qui est habilité à exercer ces droits. Bien que l’arrêt Powley définit les droits des Métis en ce qui a trait à la chasse, de nombreux experts juridiques et dirigeants Métis considèrent l’affaire Powley comme potentiellement déterminante pour l’avenir de la reconnaissance des droits des Métis.

[…]

L’affaire Powley a défini un ensemble de critères connus aujourd’hui sous le nom de « test Powley ». Ce test est utilisé pour définir les droits des Métis de la même manière que le test Van der Peet est utilisé pour définir les droits des autochtones (Indiens). Une fois qu’un droit est identifié, le test Powley est un processus qui peut être employé pour évaluer si les demandeurs sont autorisés à exercer les droits des Métis.

(Salomon & Hanson (n.d.), Powley Case https://indigenousfoundations.arts.ubc.ca/po wley_case/ )

Pourtant, depuis l’arrêt Powley, on a assisté au Québec à une expansion remarquable des revendications entourant l’identité métis, y compris par plusieurs nouvelles organisations (Gélinas et Lamarre 2015 : 341). Les résultats de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 confirment ce phénomène : le Québec a connu laplus forte augmentation provinciale de l’auto-identification métis entre 2006 et 2011, avec le taux remarquable de 47 %, et une augmentation encore plus étonnante de 158 % entre 2001 et 2011 […] Pour le dire simplement, l’existence d’un test d’identité métis couplé à une incompréhension fondamentale de la difficulté de répondre aux critères de ce test semble avoir créé une fausse feuille de route vers l’autochtonité, feuille de route utilisée par une diversité de personnes et d’organisations pour établir leurs revendications.

(Vowel & Leroux, 2016, White Settler Antipathy and the Daniels Decision)

L’affaire Powley a influencé d’autres contestations juridiques à propos des droits des Métis, comme l’affaire R. contre Daniels (2016).

Daniels c. Canada

La décision de la Cour suprême dans l’affaire Daniels c. Canada a résolu une importante question constitutionnelle à propos du niveau de gouvernement ayant une autorité législative sur les Métis et les Indiens sans statut légal. Malheureusement, nombre d’organisations et de personnes ayant commenté l’affaire ont tiré des conclusions générales et incorrectes à propos de cette décision, suggérant fréquemment que Daniels aurait clarifié qui est Métis ou Indien non inscrit. Ces interprétations erronées de l’affaire Daniels ont conduit à une recrudescence des revendications d’autochtonité de la part de colon·es blanc·hes, ce qui aura probablement comme conséquence, dans les années à venir, de faire monter les tensions entre les colon·es et les peuples autochtones, ainsi qu’entre les peuples autochtones. Bien que ce type de revendications affaiblissant les doits autochtones soit un phénomène vieux de plusieurs générations aux États-Unis (voir Sturm 2011), cette tactique demeure relativement nouvelle au Canada.

[…]

Le problème de l’affaire Daniels

La décision Daniels a été saluée par un éventail incroyable d’organisations et d’individus. Bien sûr, il y a lieu d’être optimiste, en particulier pour les populations autochtones ayant été privées de leurs droits dans les dernières générations par le régime de gouvernance colonial du Canada, mais il y a également beaucoup de raisons de s’inquiéter. Nous sommes particulièrement troublés par la manière dont l’arrêt Daniels, lu conjointement avec plusieurs décisions complémentaires de la CSC depuis une dizaine d’années, a encouragé toute un éventail d’organisations soi-disant métis à revendiquer l’identité autochtone et les droits qui en découlent.

Bien que la décision elle-même n’ait pas porté sur des enjeux d’identité ou de droits, des organisations métis auto-proclamées se sont emparées de la déclaration suivante, émise par Madame la juge Abella au nom de la Cour : « Le terme “Métis” peut renvoyer à la communauté Métisse historique de la colonie de la rivière Rouge au Manitoba ou encore être utilisé comme terme générique pour désigner quiconque possède des origines mixtes européennes et autochtones. » (Daniels c. Canada 2016). Cette déclaration semble relativement banale mais, prise hors contexte, on peut y lire la Cour défendant une position facilitant les fantasmes nativistes de colon·es blanc·hes désirant être “Indiens”.

[…]

Les interprétations présentes de Daniels résonnent avec le vieux désir colon d’effacer les peuples autochtones en prenant leur place. Eve Tuck et K. Wayne Yang (2012) qualifient cette tactique de « nativisme colon » et la décrivent comme une méthode permettant aux colon·es blanc·hes de revendiquer une identité autochtone tout en conservant leurs privilèges. Essentiellement, ces revendications imaginatives permettent aux colon·es blanc·hes de se sentir à leur place sur des terres autochtones volées. Ce besoin d’appartenance semble particulièrement fort au Québec, où les notions nationalistes de terre natale québécoise existent inconfortablement en tension avec l’antériorité autochtone. Cependant, le Québec ne fait guère figure d’exception : partout où le colonialismede peuplement blanc opère il y a une recherche de légitimité et une volonté d’assurer un avenir colon.

(Vowel & Leroux, 2016, White Settler Antipathy and the Daniels Decision)

Pendant ce temps, avec Leblanc dans les Monts Chic-Chocs…

Dans les dix-huit mois suivant leur première discussion sous la tente, LeBlanc constitue un organisme qu’il appelle la Communauté Métisse de la Gaspésie (CMG). Sous ce nom, le groupe commence à faire pression contre le projet mi’kmaq. « En suivant la bonne approche, il pourrait y avoir moyen d’obtenir une injonction contre ce projet [de pourvoirie autochtone] », déclare LeBlanc à un journal local en juillet 2006. « Nous allons dire au gouvernement fédéral qu’il y a des métis en Gaspésie et que notre territoire est actuellement en train de se faire voler. Nous allons demander au gouvernement du Canada de nous donner le temps et les moyens financiers pour recenser le nombre de métis, écrire l’histoire de la communauté métisse de la Gaspésie et arrêter le projet de pourvoiries.

» En peu de temps, l’intervention de la CMG en tant que « peuple autochtone » et l’opposition politique du groupe à un niveau plus large ont réussi à ralentir la progression du projet mi’kmaq, que le gouvernement a finalement mis en veilleuse.

[…]

Les propos de Leblanc étaient simplement un signe avant-coureur de ce qui allait venir. Depuis 2004, au Québec, vingt-cinq organisations de ce type, représentant les personnes se déclarant « métisses », ont été créées, dont une vingtaine étaient encore actives à l’été 2018. Les données recueillies à partir des registres des organisations et des reportages des médias montrent que dix de ces organisations comptaient à elles seules au moins 42 000 membres cotisants à la fin de 2017.

(Leroux, 2018, Self-made Métis – https://maisonneuve.org/article/2018/11/1/self-made-metis )

Auto-autochtonisation en action : second cas de figure

De l’autre côté du fleuve Saint-Laurent, en face de la Gaspésie, au Nitassinan, territoire innu, un processus étrangement similaire à la fondation du groupe gaspésien s’est déroulé dix-huit mois auparavant. En mars 2006, la Communauté Métisse du Domaine du-Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRSM) est devenue le premier organisme québécois à tenter de satisfaire aux critères du test Powley en tant qu’intervenant dans une affaire portée devant la Cour supérieure du Québec. Connue familièrement sous le nom d’affaire Corneau, celle-ci portait sur la construction illégale de camps de chasse sur des terres publiques.

La création de la CMDRSM – à Chicoutimi, à la tête de la rivière Saguenay, un peu plus d’un an avant son intervention dans l’affaire – était directement liée à la négociation d’une revendication territoriale globale dans la région. Les régions du Saguenay-Lac-St-Jean et de la Côte-Nord ont été le théâtre d’un mouvement d’opposition aux droits de chasse et de pêche des Innus depuis plusieurs générations. À partir de 1864, le gouvernement a interdit aux Innus de pêcher le saumon des rivières se jetant dans le cours inférieur du fleuve Saint-Laurent. Durant les années 1970 et 1980, les Innus et la police ainsi que des habitants blancs appuyés par le gouvernement se sont livrés à une longue bataille, entraînant probablement la mort de deux pêcheurs innus (bien que les Innus aient soupçonné le pêcheur d’avoir été assassiné, aucune accusation n’a jamais été portée). Suite à cette période connue sous le nom de « guerre du saumon », les droits de pêche des Innus furent partiellement rétablis dans la plupart des rivières du territoire, le gouvernement ayant enfin commencé à s’apercevoir que sa position était juridiquement intenable.

En 2000, on a annoncé une entente-cadre qui reconnaîtrait plus amplement les droits de récolte des Innus sur un vaste territoire régional. Bien que l’entente ait suscité l’opposition de la base militante innu – puisqu’elle auraitimpliqué de renoncer à tout droit à de futurs litiges – elle a néanmoins entrainé la vive réaction des résidents franco-québécois blancs locaux, entre autres chez les organisations de chasseurs, de pêcheurs et de propriétaires fonciers, ainsi que des gouvernements municipaux et des politiciens. Cette opposition a donné naissance à trois organisations de défense des droits des blancs dans la région, dont deux auraient mobilisé des milliers de nouveaux membres individuels et corporatifs en deux ans : la Fondation Équité Territoriale (FET) et l’Association pour le Droit des Blancs (ADB). Ce militantisme pour les « droits des blancs » a généralement pris la forme d’attaques contre l’entente-cadre innu, les membres des organisations allant s’exprimer contre cette dernière lors d’audiences publiques et donnant leur avis aux médias.

[…]

En 2005, André Forbes, le fondateur de l’ADB, est devenu un membre fondateur clé du conseil d’administration de la CMDRSM et le « chef » de son « clan » métis de la Côte-Nord, devenant de facto le leader de ses membres dans une grande région de la Côte-Nord. Avant sa soudaine transformation en « chef métis », Forbes était l’un des dirigeants les plus véhéments du mouvement des droits des blancs dans la région. Dans un article publié dans le quotidien de Québec Le Soleil, il avait affirmé que les négociations concernant le traité représentaient « de la politique haineuse qui amène des tensions sociales et qui se termine comme en Israël » . Lors d’une manifestation, Forbes avait par ailleurs inventé le terme « Taliban rouge » pour désigner de manière péjorative les peuples autochtones de la région, invoquant un mélange toxique de symbolisme anti-autochtone et islamo- phobe.

(Leroux, 2018, Self-made Métis – https://maisonneuve.org/article/2018/11/1/self-made-metis )

Les histoires des colon·es blanc·hes métis de l’est : un geste « nativiste colon »

Puisque les colon·es blancs ne peuvent manifestement jamais retourner sur leurs terres natales européennes perdues, après des générations de déracinement, ils s’approprient, développent et redéveloppent continuellement des tautologies revendiquant les terres autochtones, créent des représentations « réalistes » de ces territoires qui perturbent les formes de savoir autochtones, et inventent un identité originelle traversant le temps et l’espace, conçue pour se régénérer à chaque fois qu’elle se trouve délogée.

(Wysote & Morton, 2019)

En ce sens, le simple fait de raconter une histoire à répétition ne la rend pas plus réelle. Wysote et Morton (2019) expliquent que les déclarations contemporaines de colon·es blanc·hes légitimant leurs revendications à la terre ou à un ancêtre autochtone – dans un système de colonialisme de peuplement – demeurent un engagement indéfectible à la blanchité et à l’avenir colon. La fonction des histoires transformant des colon·es blanc·hes en autochtones consiste à naturaliser la violence coloniale perpétrée envers les Premières Nations, les Métis et les Inuits, comme si la configuration actuelle du pouvoir colonial était logique et irréfutable (Wysote et Morton, 2019). Il s’agit de ce que Tuck et Yang (2012) identifient comme le « nativisme colon », un mécanisme de déculpabilisation pour se défaire de la complicité au système, passé comme présent, de violence coloniale.

Nativisme colon

Avec ce mécanisme de déculpabilisation, les colon·es repèrent ou s’inventent un ancêtre lointain qui, selon la rumeur, aurait eu du « sang indien », et grâce à cette affirmation ils se présentent comme irréprochables face aux tentatives d’éradication des peuples autochtones. Aux États-Unis, nombreux sont les exemples de figures publiques qui « se souviennent » d’un ancêtre autochtone éloigné, comme Nancy Reagan (qui, dit-on, serait une descendante de Pocahontas) ou, plus récemment, Elizabeth Warren et plusieurs autres, ce qui illustre à quel point le nativisme colon est un phénomène commun. Dans ce récit tiré de Custer Died for Your Sins, Vine Deloria Jr. discute de ce qu’il appelle le complexe de la grand-mère indienne : […]

Les blancs se revendiquant du sang indien ont tendance à renforcer des croyances mythiques à propos des Indiens. À une seule exception près, toutes les personnes que j’ai rencontrées qui se revendiquaientdu sang indien le faisaient du côté de leur grand-mère. Une fois, j’ai fait une projection à rebours et j’ai découvert que, de toute évidence, pendant les trois premiers siècles de l’occupation blanche la plupart des tribus étaient entièrement composées de femmes. Personne, semble-t-il, ne voulait revendiquer un Indien mâle comme ancêtre.

Il n’est pas nécessaire d’avoir une fine connaissance des attitudes raciales pour comprendre la véritable signification du complexe de grand-mère indienne affligeant certaines personnes blanches. Un ancêtre mâle a trop l’aura du guerrier sauvage, du primitif inconnu, de l’animal instinctif, pour en faire un membre respectable de l’arbre généalogique. Mais une jeune princesse indienne ? Ah, on pouvait bien se saisir d’une marque de royauté. D’une manière ou d’une autre, le blanc se trouvait lié à une maison noble, raffinée et cultivée si sa grand-mère était une princesse indienne s’étant enfuie avec un intrépide pionnier…

Avoir une véritable grand-mère indienne est probablement la plus belle chose qui puisse arriver à un enfant, alors pourquoi de nombreux blancs ressentent-ils le besoin d’avoir une princesse indienne comme lointaine grand-mère ? Est-ce par peur d’être catégorisé comme étranger ? Ont-ils besoin d’un lien de sang avec la frontière et ses dangers pour faire l’expérience de ce que signifie être un Américain ? Ou est-ce une tentative pour éviter d’être confrontés à la culpabilité qu’ils portent pour le traitement des Indiens ? (1988, p. 2 à 4)

Le nativisme colon ou, comme l’appelle Vine Deloria Jr., le complexe de la grand-mère indienne est un mécanisme de déculpabilisation colonial, puisqu’à travers lui on cherche à s’écarter d’une identité colone, tout en continuant à profiter du privilège colon et à occuper les terres volées. Deloria observe que le nativisme colon est genré et analyse les raisons qui rendent davantage attrayante le fantasme d’une grand-mère indienne par rapport à un grand-père indien. D’une part, on peut s’attendre à ce que de nombreux colon·es aient un ancêtre autochtone et/ou esclave. Voilà précisément l’habitude du colonialisme de peuplement, qui pousse les humains vers d’autres communautés humaines ; les stratégies de viol et de violence sexuelle, ainsi que l’attrait ordinaire des relations humaines, font en sorte que les colon·es ont des ancêtres autochtones et/ou esclaves. […]

L’ancestralité et l’appartenance tribale sont deux choses différentes ; l’identité autochtone et l’appartenance tribale sont des enjeux que seules les communautés autochtones ont le droit de débattre et de définir, non pas les tests d’ADN, les sites web sur l’héritage et certainement pas l’état colonial. Le nativisme colon imagine un passé indien et un avenir colon ; en revanche, la souveraineté tribale soutient un présent autochtone et de nombreux intellectuels autochtones théorisent la décolonisation comme une pluralité d’avenir autochtones, sans État colonial.

(Tuck & Yang, 2012)

Sur la décolonisation, la réconciliation et l’effacement

En essayant de reproduire des histoires d’autochtonité, les colon·es appuient et intensifient les tentatives d’effacement par l’État canadien des peuples autochtones, ces derniers étant toujours déjà une menace existentielle et matérielle pour la légitimité de cet État. Voilà l’une des raisons qui rend à jamais incompatible l’État colonial et les peuples autochtones ancrés dans leurs territoires, leurs histoires, leurs cultures et leurs protocoles (paraphrasé de Tawinikay, 2018).

Pour nourrir un imaginaire de la décolonisation (menée par les peuples autochtones), plutôt que de réconciliation ou d’auto-autochtonisation, il faut développer une certaine acceptation de sa position de colon·e. Bien sûr, il ne s’agit pas de faire la promotion d’une identité individuelle de « colon·e » à adopter, avec laquelle devenir confortable et à préserver à travers des luttes. Il ne s’agit pas non plus de promouvoir quelque avenir colon que ce soit. Plutôt, nous proposons d’utiliser ce mot pour décrire les formes de relations que les colon·es, en tant que tel, entretenons avec les territoires où nous avons habité et ce, dans bien des cas, depuis des générations. Patrick Wolfe (2013) explique : « il est important de ne pas s’égarer dans un certain volontarisme. L’opposition entre autochtone et colon·e est une relation structurelle, elle n’est pas le fruit de la volonté. Le fait que je sois, parexemple, un colon australien n’est pas le produit de ma conscience individuelle. En fait, c’est une condition historique qui me précède. Ni moi ni les autres colon·es ne pouvons nous en extraire avec la force de notre volonté, que nous le voulions ou non. Sans doute nos consciences individuelles respectives peuvent-elle affecter la manière dont chacun de nous répond à cette position historique commune, mais elles ne l’ont pas créée et elles ne peuvent pas la défaire. »

Tawinikay (2020) propose aux colon·es une orientation :

Voyez-vous tels que vous êtes, voyez votre communauté telle qu’elle est. Agissez de manière à créer un monde où la réconciliation puisse être possible, un monde dans lequel les vôtres redonnent les terres et démantèlent l’État canadien centralisé. Ne romantisez pas les autochtones avec qui vous vous organisez. Ne croyez pas qu’il soit impossible de remettre en question leur jugement ou de choisir de vous organiser avec certain·es plutôt que d’autres. Trouvez ceux et celles dont le cœur brûle toujours vivement, ceux et celles qui préfèrent continuer à lutter plutôt qu’accepter la carotte de la réconciliation. N’agissez jamais par culpabilité ou par honte.

Et ne vous laissez pas croire que vous pouvez transcender votre position colone en faisant du travail de solidarité. Comprenez que vous pouvez et devez trouver vos propres façons de vous connecter à ce territoire. À partir de vos propres traditions, celles dont vous héritez ou celle que vous créez par vous-mêmes.

Nous nous positionnons contre les appels vides et immatériels à la réconciliation faits par les politiciens qui ne cherchent qu’à maintenir l’ordre colonial autant que contre les propositions inutiles selon lesquelles la décolonisation se ferait en prenant conscience que « tout le monde est autochtone de quelque part » ou que tout le monde peut devenir autochtone d’ici.

« La décolonisation n’est pas un « et ». C’est un ailleurs. »

( Tuck et Yang, 2012)

« La décolonisation […] consiste à abroger l’autorité de l’État colonial et à redistribuer les terres et les ressources. Elle signifie également l’adoption et la légitimation des visions du monde autochtones auparavant réprimées”.

(Tawinikay, 2019)

Bibliographie

Adese, Jennifer, Zoe Todd, and Shaun Stevenson. “ Mediating Métis Identity: An Interview with Jennifer Adese and Zoe Todd ,” MediaTropes 7 , no. 1 (2017): 1–25.
Beauregard Y (1993) Mythe ou réalité. Les origines amérindiennes des Québécois: Entrevue avec Hubert Charbonneau. Cap-aux-diamants: La Revue D’histoire Du Québec 34: 38–42.
Desjardins B (2008) La contribution différentielle des immigrants français à la souche canadienne-française. Annales de Normandie 58(3–4): 69–79.
Gaudry, A. (2016). Respecting Métis nationhood and self-determination in matters of Métis identity. Aboriginal history: A reader, 152-63.
Leroux, D. (2019). Distorted descent: White claims to Indigenous identity. Univ. of Manitoba Press.
Leroux, D. (2018). Self-made métis. Maisonneuve: A Quarterly Journal of Arts, Opinion & Ideas.
Leroux, D., & Gaudry, A. (2017). Becoming Indigenous: The Rise of Eastern Métis in Canada. The Conversation.
Leroux, D. (2018). ‘We’ve been here for 2,000 years’: White settlers, Native American DNA and the phenomenon of indigenization. Social studies of science, 48(1), 80-100. Saskatoon Métis Local 126
https://www.facebook.com/permalink.php? id=1751610371790141&story_fbid=2220680341549806
Tawinikay, 2020. Reconciliation is Dead: A Strategic Proposal. https://mtlcounterinfo.org/reconciliation-is-dead-a-strategic-proposal/
Tawinikay, 2019. Autonomously and with conviction: A Métis refusal of state-led reconciliation. https://north-shore.info/2018/10/22/autonomously-and-with-conviction-a-metis-refusal-of-state- led-reconciliation/
Tuck, E., & Yang, K. W. (2012). Decolonization is not a metaphor. Decolonization: Indigeneity, education & society, 1(1).
Vowel, C., & Leroux, D. (2016). White settler antipathy and the Daniels decision. TOPIA: Canadian Journal of Cultural Studies, 36, 30-42.
Wolfe, P. (2013). Recuperating binarism: A heretical introduction.
Wysote, T., & Morton, E. (2019). ‘The depth of the plough’: white settler tautologies and pioneer lies. Settler Colonial Studies, 9(4), 479-504.

Action devant les bureaux de la Chambre de commerce de Saguenay

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Oct 302020
 

Du Collectif Emma Goldman

Lundi matin, à Chicoutimi sur le Nitassinan, une bannière où il est inscrit « Fiers de saccager le territoire pour quelques dollars » a été déployée sur la façade de l’immeuble devant la Chambre de commerce de Saguenay, à l’angle des rues Labrecque et Racine.

Nous, les membres du projet de ré-éducation urbaine, revendiquons la prise de position immédiate et claire contre le projet GNL d’Énergie Saguenay; il s’agit d’un projet industriel d’ampleur, qui, caché derrière une façade de prétentions vertueuses, s’inscrit dans une logique de marchandisation de nos écosystèmes et de notre richesse collective. Dans un contexte global de crise de la biodiversité, de changements climatiques majeurs et irréversibles – et de transition écologique demandée par la majorité des groupes syndicaux et étudiants à travers la province – la région du Saguenay mérite mieux que de se rabaisser aux pieds des logiques marchandes imposées par le grand capital américain. Ce projet extractiviste ne contribuera qu’à accentuer les inégalités sociales et économiques dans les décennies à venir, à concentrer le pouvoir entre les mains d’une poignée d’investisseurs désinvestis des intérêts réels de notre région, et à saccager notre environnement. En somme, le projet est complètement à contre-courant des rêves collectifs, et des projets d’avenir de la jeune génération, qui elle, désire une transition régionale vers une société plus sobre, écologique et durable. Il s’agit d’un moment charnière pour préserver notre dignité humaine, et pour démontrer que nous avons encore à cœur le bien-être collectif.    

Nous invitons aussi la population, tous et toutes, à s’informer sur le projet et sur ses ramifications, à se mobiliser et à démontrer aux autorités leur opposition frontale à son installation sur notre territoire.

Bloquons le Canada

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Oct 222020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À cette heure au Mi’kma’ki, des pêcheurs commerciaux menacent physiquement des Autochtones dans le cadre d’une campagne d’intimidation et d’harcèlement autour de la prise de homard de subsistance de ces derniers. La violence monte en flèche ces derniers jours et rien n’indique que l’escalade cessera. Des vidéos circulent où on voit la GRC qui permet aux pêcheurs commerciaux de voler ou empoisonner le homard, bruler des véhicules, péter des vitres, jeter des pierres sur des Mi’kmaq et s’en prendre à des chefs et à des femmes.

Quoi de mieux comme exemple du fonctionnement de la race au Canada? L’État protège les grands intérêts commerciaux et se sert des prolétaires blancs comme arme contre la population non-blanche. On trouve d’autres exemples partout au pays.

En aout, le camp à kilomètre 27 sur le Yintah Wet’suwet’en s’est fait incendier et l’État ne lève pas la main pour poursuivre les auteurs, alors que des posts publics sur Facebook font appel à cette action précise.

Au Secwepmeculecw, les Tiny House Warriors subissent un harcèlement quasi permanent de la part de suprémacistes blancs qui sont allés jusqu’à établir un camp et un barbecue à deux pas de femmes et de filles autochtones ainsi que de personnes bispirituelles pour les agresser et intimider.

En territoire algonquin, des chasseurs non-autochtones ne cessent d’insulter et de menacer des Autochtones sur leur propre territoire tandis qu’ils cherchent à protéger les orignaux de la chasse excessive.

En territoire Six Nations, la police harcèle et arrête des Autochtones sans que les gens aux alentours se remuent pour les retenir.

Quand est-ce que trop c’est trop? Pourquoi ne bloquons-nous pas le pays? Ne permettons pas à l’État colonisateur et suprémaciste blanc de poursuivre ses violences sans résistance. Il faut agir. Nous faisons appel aux allochtones et aux sympathisant·e·s d’agir comme bien vous semble partout où vous êtes. Les voies de transport sont vulnérables, nous l’avons bien prouvé au printemps. Pas besoin de beaucoup de monde pour prendre des actions subversives capables d’infliger des dégats immenses à l’État.

Agissons dès maintenant. On attend quoi?

#SHUTDOWNCANADA2020 : Les appels à l’action se multiplient

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Oct 192020
 

Du Point d’accès Gidimt’en

D’un océan à l’autre, les communautés autochtones sont attaquées.

Il est temps d’arrêter de parler et de commencer à agir.

Il est temps de #ShutDownCanada encore une fois.