De subMedia
[sous-titres français]
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Depuis quelques jours, l’appel de grève internationale contre les tarifs de transport a encouragé quelques actions de sabotage. Les distributeurs de billets de quelques stations de métro ont été mis hors service en bloquant leurs lecteurs de carte débit/crédit et les fentes à monnaie.
La STM continue d’augmenter les tarifs de transport et de déployer des « inspecteurs » wannabe-flic pour harceler et tabasser des gens pour $3.50. Présentement, la STM cherche même à donner à ses inspecteurs plus de pouvoirs pour arrêter et détenir les gens et avoir accès aux fichiers de la police. Tout effort pour maintenir et étendre le contrôle du mouvement des gens se doit d’être opposé. Heureusement, on ne manque pas d’inspiration d’ailleurs dans le monde, et surtout de la révolte au Chili.
Ces actions étaient des expérimentations pour trouver des manières simples, efficaces et relativement discrètes de saboter la collection de tarifs. Pour l’instant, la méthode la plus efficace semble être de mettre de la colle sur les deux côtés de cartes cadeaux non activés et de les insérer complètement dans les lecteurs de carte débit/crédit, et ensuite de mettre de la colle dans la fente à monnaie après l’avoir fait ouvrir comme si on voulait payer un tarif en argent comptant. Nous espérons que cette technique pourra être reproduite largement en parallèle avec d’autres moyens pour mettre hors service les divers dispositifs de la STM.
Live free, ride free.
Sous les pseudonymes « Neuromancer » et « iamneuromancer », Alex Liberio s’est associé à d’autres néonazis sur différents serveurs Discord et sur le forum Iron March en plus de participer activement aux activités militantes du groupe «Alt-Right Montreal» entre 2016 et 2018.
En mai 2018, les efforts pugnaces de militant-e-s antifascistes de Montréal ont permis d’exposer l’existence d’un salon de discussion Alt-Right privé sur un serveur Discord[1], lequel devait servir de tremplin pour les activités « IRL[2] » d’un petit groupe de militants néonazis de la région de Montréal. Une série d’articles publiés par The Montreal Gazette a forcé à l’exil deux des principaux organisateurs de ce groupe : Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », et Athanasse Zafirov, alias « Date » (aussi « LateOfDies » ou « Sam Houde/Hoydel »). Zeiger était une figure centrale, non seulement de ce petit groupe montréalais, mais aussi du réseau international qui se constituait entre 2015 et 2018, notamment en tant que prolifique producteur de contenu pour le site The Daily Stormer, modérateur du forum Iron March et propagandiste clé du courant explicitement national-socialiste et accélérationniste du mouvement Alt-Right. Il est aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt au Québec et est disparu dans la nature. Quant à « Date » (aussi « LateOfDies »), qui semble s’être graduellement radicalisé politiquement en passant par le milieu des « Pickup Artists » personnifié par le misogyne Roosh V, il était l’un des organisateurs clés du milieu Alt-Right local et national, notamment en tant que coresponsable du rassemblement pancanadien qui a eu lieu en juillet 2017 en Ontario. Il s’est relocalisé en Californie en 2018, où il a pu s’installer confortablement au programme de doctorat de l’Anderson School of Management de l’UCLA, malgré notre article exposant sa nouvelle vie.
D’autres militants notoires de ce petit groupe ont aussi été exposés par la communauté antifasciste, dont Shawn Beauvais MacDonald, alias « FriendlyFash » (aussi « Bubonic ») et Vincent Bélanger Mercure, alias « Le Carouge à Épaulettes » (autre part « BebeCoco »), qui ont participé avec Sohier Chaput et d’autres militants canadiens aux manifestations du rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville, Virginie, les 11 et 12 août 2017, et Julien Côté Lussier, alias « Passport », lequel a agi comme porte-parole de l’organisation ID Canada (une tentative de légitimation du mouvement « ethnonationaliste/identitaire » au près du grand public canadien) et s’est récemment illustré en se portant candidat aux élections fédérales de 2019 dans le sud-ouest de Montréal. Des sympathisant-e-s antiracistes de sa circonscription ont révélé que Côté Lussier est toujours à l’emploi du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté malgré son militantisme fasciste.
Un autre des membres les plus actifs du salon de discussion « Montreal Storm », l’utilisateur « Neuromancer », participait aussi au forum Iron March sous le pseudonyme « iamneuromancer », comme l’a révélé la récente fuite de l’archive complète du forum :
Montréal Antifasciste est aujourd’hui en mesure d’affirmer que « Neuromancer » est Alexander Liberio, un musicien de la scène métal montréalaise et étudiant en science cognitive de l’Université McGill jusqu’à l’an dernier. Sentant peut-être la soupe chaude suite au doxxing de Zeiger et à la publication du contenu du forum « Montreal Storm », Liberio s’est éclipsé aux États Unis pour s’enrôler au séminaire Holy Trinity Orthodox de Jordanville, dans l’état de New York. Cette conversion reste toutefois parfaitement cohérente avec sa vision du christianisme, qui est selon lui synonyme de « culture blanche », « fasciste de manière inhérente » et sans doute le meilleur véhicule pour « réaliser les 14 words » (le credo nationaliste blanc formulé par le terroriste néonazi David Lane[3]).
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Alex Liberio (date de naissance : 6 août 1989) est connu sous le pseudonyme « Neuromancer Wintermute » au sein de la scène métal montréalaise comme membre de différents projets musicaux depuis le début des années 2010.
Il semble qu’il ait été président du conseil étudiant du Collège Vanier en 2012-2013, après quoi il s’est consacré à sa musique et s’est inscrit au programme de science cognitive de l’Université McGill. Difficile de dire quand exactement il a pris le tournant nazi, mais il s’est plaint à quelques reprises d’avoir été trahi par un ami et « fully doxxed[4] » en 2016 suite à une intervention à caractère nationaliste blanc lors d’un événement public antiraciste. Étrangement, nous ne savons rien de ce prétendu doxxing et n’en retrouvons aujourd’hui aucune trace…
En ce qui nous concerne, nous l’avons aperçu pour la première fois le 4 mars 2017, dans la manifestation « coming out » de La Meute à Montréal, près du petit contingent de PEGIDA Québec et en compagnie de quelques individus formant sans doute déjà le noyau initial du groupe « Montreal Storm », ou Alt-Right Montreal, dont Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov. Il a d’ailleurs accordé à cette occasion une entrevue à Global TV, ce qui nous a permis de mettre un visage sur le pseudonyme :
C’est quelques semaines plus tard qu’il s’est inscrit, le même jour (le 26 mars), au forum Iron March et au salon de discussion Montreal Storm sur Discord :
Par sa participation à Iron March, « Neuromancer »/Alex Liberio a côtoyé certains des néonazis les plus influents et les plus dangereux dans le monde, dont le créateur et principal administrateur d’Iron March, Alexander Slavros, et les membres de cette communauté « accélérationniste » qui allait créer Atomwaffen Division, un réseau néonazi sous-terrain lié à une série de meurtres et de projets d’attentats. Par sa proximité avec Sohier Chaput, et par volonté de passer à l’action « IRL », il allait par ailleurs participer assidûment aux activités du « Montreal Stormers Book Club » (dans le vocabulaire de The Daily Stormer, ou « Pool Parties », dans le vocabulaire commun aux adeptes du forum Alt-Right The Right Stuff), dont le projet ID Canada notamment porté par Athanasse Zafirov, Julien Côté Lussier et d’autres. Voici un certain nombre de captures d’écran de ses échanges sur Iron March et le forum « Montreal Storm » :
Liberio/« Neuromancer » fait partie d’un courant non négligeable au sein de la mouvance Alt-Right/néonazie qui s’identifie à la tradition chrétienne orthodoxe. Il ne cache d’ailleurs pas sa conviction que la chrétienté est le meilleur véhicule pour le nazisme :
Pas étonnant, au vu de cette profession de foi, que Liberio ait choisi de devenir séminariste dans l’Église orthodoxe russe. Il s’est ainsi inscrit à la première année de séminaire à l’automne 2018, au Holy Trinity Orthodox Seminary, à Jordanville, NY, lequel est rattaché au Diocese pour l’est des É-U. de l’Église orthodoxe russe. Pour autant que nous sachions, il y est toujours inscrit à ce jour.
Le code disciplinaire du séminaire stipule qu’un diplôme peut être « retenu » devant la preuve accablante d’une inconduite morale sérieuse. Reste à voir si le séminaire considère que la participation à diverses activités et organisations néonazies constitue « une inconduite morale sérieuse »… ou si l’Église orthodoxe russe est effectivement un véhicule approprié pour réaliser la vision d’Adolph Hitler et de ses partisans contemporains.
À partir du courriel inclus par « iamneuromancer » dans le forum Iron March (iamneuromancer@gmail.com), nous avons trouvé une annonce publiée en ligne en 2015 afin de recruter un joueur de cornemuse pour un groupe folk métal (vraisemblablement le groupe Bibracte, que Liberio a animé pour un temps avec sa partenaire) :
Cette annonce comportait également un numéro de téléphone. Une recherche avancée pour ce numéro révèle une annonce de sous-location d’un appartement dans Hochelaga, publiée sur un forum de discussion chinois.Non seulement les photos de l’appartement publiées dans cette annonce correspondent directement au décor que l’on aperçoit dans les quelques vidéos publiées sur la chaîne YouTube Icon Iconium, où l’on reconnaît Liberio et ses rats, mais l’on y trouve également l’adresse alexander.liberio@mail.mcgill.ca :
Une recherche pour Alexander Liberio confirme ensuite hors de tout doute les liens actuels avec le séminaire orthodoxe de Jordanville, NY.
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De Charlottesville à El Paso, en passant par les attentats d’Atomwaffen Division et de Christchurch, les activités en ligne de la génération d’Alexander Liberio ont régulièrement franchi le seuil de la « vie réelle », semant carnage et terreur dans plusieurs pays. Ce qui peut frapper, au-delà de ce constat, est la fragmentation et l’extrême fragilité de leurs rapports, compte tenu de la relative facilité avec laquelle il est possible de perturber et disperser les réseaux exposés dans ces différents forums de discussion. Comme nous le montre la cascade de nouvelles révélations issues du forum Iron March dans la foulée de la plus récente fuite, il est cependant extrêmement facile pour ces jeunes hommes blancs « normaux » de mener leur vie régulière de classe moyenne, comme étudiants, fonctionnaires, hipsters, etc., tout en poursuivant activement leur fantasme de guerre raciale et de génocide, de « charia blanche » et de « soldats sur le terrain ». La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : quelles sont les conséquences concrètes pour ces wannabe paladins de la guerre raciale?
Et surtout, peut-être, nous invitons nos lecteurs et lectrices à considérer quelles sont les implications pour nos collectivités si ces nazis peuvent poursuivre leurs activités en toute impunité…
Nous avons bien l’intention de continuer à redoubler d’effort pour faire en sorte que ces individus ne puissent pas simplement continuer à fomenter la haine comme si de rien n’était et surtout, pour que leurs réseaux ne soient pas seulement perturbés, mais incapables de se reconstituer. Car, comme le montre la série actuelle d’attentats et de meurtres de masse, même si ces réseaux sont stratégiquement précaires, ils peuvent avoir des conséquences désastreuses d’un point de vue tactique.
Cela étant dit, une réponse efficace demandera nécessairement une mobilisation beaucoup plus vigoureuse des communautés antiracistes et antifascistes, de sorte que nos modes et moyens d’action correspondent à l’ambition d’éradiquer pour de bon les nazis de nos vies et de garantir un avenir viable pour tous les enfants.
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Liens trouvés :
https://devpost.com/iamneuromancer/
https://neuromancer-wintermute-visual.tumblr.com/
https://soundcloud.com/neuromancerwintermute
http://uilleannforum.com/forums/viewtopic.php?t=3531
https://soundcloud.com/alexander-liberio
https://www.couchsurfing.com/people/ironmaiden54
https://ondeschocs.com/photos-valfreya-et-bibracte-montreal-13-janvier-2017
https://www.facebook.com/VCSAvanier/photos/a.10151196804818019/10151196811243019/
http://theconcordian.com/2012/10/vanier-student-association-drops-playboy-condoms-sponsorship/
[1] Discord est un logiciel conçu pour faciliter la communication vocale des communautés de joueurs en ligne. Ses fonctionnalités, ainsi que le caractère privé des communications, ont attiré en masse les membres du mouvement Alt-Right, qui en ont fait un usage intensif entre 2016 et 2018.
[2] « In Real Life » par opposition aux activités virtuelles ou strictement en ligne.
[3] La tristement célèbre injonction de David Lane va comme suit : « We must secure the existence of our people and a future for white children » (nous devons assurer la survie de notre people et garantir l’avenir des enfants blancs). Il a composé cette phrase tandis qu’il était incarcéré pour ses activités au sein de « The Order », une organisation terroriste néonazie active dans les années 1980, responsable de nombreux meurtres et attentats armés, dont l’assassinat de l’animateur de radio Juif Alan Berg.
[4] Le doxxing est une tactique qui consiste à rendre public les renseignements personnels d’un personne pour lui nuire d’une manière ou d’une autre. https://fr.wikipedia.org/wiki/Doxing
De CrimethInc.
Tout le monde paie pour que les riches s’enrichissent. Nous payons avec notre labeur, en travaillant pour remplir leurs poches. Nous payons des loyers dont les prix augmentent de façon vertigineuse au fur et à mesure que la gentrification nous jette hors de chez nous. Nous payons également avec la destruction de l’environnement, l’effacement de nos communautés, et le stress de la vie quotidienne. Nous payons pour des choses qui auparavant étaient gratuites, tel que l’eau. Nous payons des impôts pour qu’ils puissent engager plus de flics afin de nous terroriser. Tout le monde paie, mais eux seuls en profitent.
Nous pourrions parler du coût élevé de la vie – mais qui vit réellement ?
Le 29 novembre, personne ne paie. Ceci est un appel à la grève et à s’attaquer à tout ce qui nous étouffe, à tous les moyens qu’ils mettent en œuvre pour nous empêcher de vivre.
Il y a un appel à Seattle pour organiser une grève contre le coût des transports en commun. À Portland, un rassemblement est prévu le 29 novembre à Pioneer Square ; le même jour à San Francisco, un autre rassemblement est également prévu à l’intersection de la 16ème rue et de Mission. Depuis plusieurs semaines déjà, il y a des manifestations à New York contre la mise en application de nouveaux tarifs dans les transports publics, et d’autres actions sont déjà prévues pour cette semaine. Chicago suit également le mouvement. Où que tu sois, tu peux organiser quelque chose et mener une action avec tes ami·e·s.
Une grève revient à donner un coup. Ce n’est pas seulement un boycott; cela signifie interrompre le système, l’empêcher de fonctionner. Tout au moins, tu pourrais dans ton coin éviter de payer les transports en commun dans ta ville. Mais il vaut mieux rendre notre refus public et collectif. Sauter par dessus les tourniquets tou·te·s ensemble. Forcer et ouvrir les portes et intervenir si des agents de sécurité essaient d’harceler ou d’arrêter quelqu’un. Saboter les différentes machines. Faire en sorte que les murs proclament « Personne ne paie ! » avec des affiches ou des tags. Installer une table d’information et distribuer des textes sur pourquoi personne ne devrait jamais avoir à payer quoi que ce soit. Ou encore créer un syndicat des fraudeurs comme cela a été fait en Suède.
Partout dans le monde, les gens se révoltent contre l’augmentation du coût de la vie. En Équateur, les gens ont occupé le parlement et ont forcé le gouvernement à annuler toutes les nouvelles mesures d’austérité mises en place. Au Chili, une fraude des transports en commun massive a donné naissance à une révolte nationale que même l’armée n’a pas réussi à étouffer. De Paris à Beyrouth, en passant par Hong Kong, les gens reconnaissent que notre seul espoir est de résister ensemble.
Le 29 novembre prochain survient à la veille du 20ème anniversaire des manifestations qui ont perturbé et interrompu prématurément le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce à Seattle en 1999, montrant par la même occasion le pouvoir de l’action directe pour changer le cours de l’histoire. Aujourd’hui, l’opposition au capitalisme s’est largement répandue, mais c’est à nous qu’il incombe de répandre les pratiques de résistance qui nous rendront ingouvernables.
Personne ne paie – parce qu’ils dépenseront des millions pour des flics, mais ils tueront quelqu’un pour simplement avoir refusé de payer un ticket à deux dollars. Personne ne paie – parce que l’infrastructure qu’ils construisent n’est pas destinée à nous servir, mais bien à nous contrôler. Personne ne paie – parce que nous ne voulons pas seulement de quelques réformes fragmentaires, nous voulons montrer que nous sommes assez fort·e·s pour changer le monde nous-mêmes. Personne ne paie.
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Tôt, un matin enneigé de novembre, on a visité le bureau de DPL, la compagnie sous-contractée pour la mise en place des coffrages de la nouvelle prison pour migrant.es à Laval. On a de la chance: le siège social de la compagnie (située au 370 rang Rivière Bayonne Nord à Berthierville) est aussi la maison de Pierre-Luc Désy, président de DPL, de sa femme Christiane Désy qui est administratrice de DPL et de leurs enfants.
Nous avons crevé les pneus d’un véhicule de la famille ainsi que de deux remorques de DPL stationnées dans la cour. Nous avons aussi peint des messages contre la prison sur les véhicules, notamment « Nique les prisons » et « Fuck prisons ».
Comment avons-nous su que la compagnie DPL est impliquée dans ce projet de merde si elle est seulement sous-contractante et que ce contrat n’est pas publique? Aux éventuels sous-entrepreneur, posez-vous la question.
Si vous croyez pouvoir cacher votre implication dans le projet, vous vous trompez gravement. Il serait sage de reconsidérer si votre implication en vaut la peine.
Vous devez comprendre que votre rôle dans ce projet ne restera pas un secret. Une fois votre implication révelée, vous serez aussi vulnérables que Loiselle, Lemay et Tisseur qui ont été victimes de plusieurs attaques durant la dernière année.
Pierre-Luc et Christiane, pendant que vos enfants jouent au hockey dans votre cour et vivent en sécurité avec le confort des parents qui les aiment, vous aidez à bâtir les fondations d’une prison qui va séparer d’autres familles, une prison dans laquelle les enfants seront traumatisés et vont possiblement mourir. Cela vous rend fiers? Pensez-vous que vos enfants seront fiers quand ils comprendront vos choix? N’auront-ils pas honte d’avoir porté les t-shirts avec le logo de votre compagnie?
Jusqu’à la fin de cette prison, de toutes les prisons et du monde qui en a besoin.
David Campbell est un camarade antifasciste actuellement incarcéré pour des événements qui se sont déroulés lors d’une manifestation d’extrême droite à New York le 20 janvier 2018.
L’événement, « A Night For Freedom », ou « une nuit pour la liberté », a été organisé par le misogyne et militant raciste Mike Cernovich, avec la participation du fondateur des Proud Boys, Gavin McInnes, et l’animateur de podcast nationaliste blanc canadien Stefan Molyneux. Cet événement s’inscrivait dans un processus continu de consolidation d’une scène politique dite « alt lite »; c’est-à-dire un milieu raciste, misogyne et traversé par diverses théories du complot pseudo-scientifiques relatives à la race et au genre, mais pas réellement néonazi.
Lors de la manifestation, une bagarre a éclaté au cours de laquelle un homme de 56 ans en état d’ébriété a été assommé. Pendant la bagarre, un policier a jeté David au sol sans préavis, lui cassant ainsi la jambe à deux endroits. En l’absence d’autres arrestations effectuées de part et d’autre lors de cette manifestation, l’agent a allégué que David avait traqué, frappé et étranglé le participant de l’Alt-Right, puis tenté d’étrangler l’agent lui-même. Ces allégations ont ensuite été diffusées par les médias de droite, qui n’ont pas tardé à dénigrer David comme un « voyou antifa ».
Les accusations initiales ont été abandonnées après que les images de surveillance n’aient étayé aucune des allégations ci-dessus. Cependant, elles ont été remplacées par l’accusation plus vague, mais plus grave, de « Gang Assault » (agression perpétrée en groupe). La définition de cet acte criminel rend tout groupe de trois personnes ou plus impliqué dans une bagarre mutuellement responsable des actions de l’ensemble des participants, et porte une lourde peine minimale obligatoire de trois ans et demi.
Après presque deux ans de manœuvres juridiques diverses, David a négocié un plaidoyer de non-coopération pour une peine de 18 mois dans un établissement local, afin d’éviter un procès et une peine beaucoup plus longue dans un établissement loin de ses amis et de sa famille. Au cours de la même période et parallèlement, le procureur de Manhattan a inexplicablement offert des ententes de plaidoyer beaucoup plus indulgentes, impliquant uniquement des services communautaires, à un certain nombre de militants d’extrêmes droite ayant été arrêtés et inculpés dans une affaire très similaire qui s’est produite une dizaine de mois après l’arrestation de David. Le procureur n’a donné aucune justification pour ce traitement différencié. L’agent qui a arrêté David n’a pas été tenu responsable d’avoir cassé la jambe de ce dernier et d’avoir menti sur ses actions.
Amoureux des langues et des arts, David était à deux semaines de déménager à Paris pour étudier la traduction française au moment de son arrestation. C’est son engagement envers l’antifascisme et sa communauté qui l’a amené à la manifestation ce soir-là.
Comme il l’a dit dans ses propres mots :
« Je suis antifasciste, et je vais en prison pour ça. C’est une histoire longue et compliquée. En un mot, j’ai été arrêté lors d’une manifestation contre l’Alt-Right à New York l’année dernière. Une bagarre a éclaté, et j’ai été pris dedans. Un flic m’a plaqué par derrière, m’a cassé la jambe et a menti à ce sujet. Les tabloïds m’ont dépeint comme un voyou et le procureur m’a accusé de « gang assault », une loi vague et draconienne. […]
« Il est douteux que toute pression publique puisse me sortir de prison, mais quoi qu’il m’arrive, le précédent pour répondre à ce genre de répression doit être établi. Trump remplit les tribunaux, à tous les paliers, avec des juges de droite non qualifiés. Des lois proposant des peines allant jusqu’à 10 ans de prison pour les personnes réputées antifascistes, souvent simplement définies comme ayant participé à des manifestations tout en portant un masque, sont régulièrement mises de l’avant dans les législatures d’État et fédérales. Si c’est ce qu’ils m’imposent à moi, un nerd plus ou moins « normal », un jeune antifasciste de tous les jours en 2019, alors vous pouvez être sûr que le pire est encore à venir, et c’est peut-être vous qui en ferez les frais, à moins que vous ne disiez clairement, dès maintenant, que c’est un comportement inacceptable de n’importe quel gouvernement dans une société supposément libre et juste. Dénoncez ces conneries. Même si vous ne m’aimez pas, ne m’acceptez pas ou n’approuvez pas mes tactiques, dénoncez ces conneries, pour notre bien collectif »
David purgera 12 mois d’une peine de 18 mois à la prison de Rikers. Une chose que les gens peuvent faire pour l’aider est de lui écrire une lettre; David lit et écrit l’anglais et le français, et il a précisé qu’il aimerait recevoir des articles en français (ceux-ci ne peuvent pas être découpés d’un magazine ou d’un journal, mais peuvent être imprimés à partir d’Internet). Consultez son site Web de soutien https://freedavidcampbell.com pour un guide sur l’écriture à David ou à d’autres prisonniers, et pour en savoir plus sur David, ses intérêts et ses réflexions.
Grâce aux efforts diligents de militant-e-s antiracistes et de son réseau local de sympathisant-e-s, Montréal Antifasciste est en mesure de confirmer que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun aux dernières élections fédérales, Julien Côté (Lussier), est un militant nationaliste blanc de longue date, un participant actif à différents forums de discussion Alt-Right (néonazi), un organisateur clé de ce milieu à Montréal et au Canada… et un employé du ministère de l’Immigration du Canada.
Le 15 octobre dernier, à six jours seulement des élections fédérales canadiennes, la CBC publiait un article révélant que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun, Julien Côté, était jusqu’à l’année dernière le porte-parole national d’ID Canada, une organisation « identitaire » qualifiée par la CBC de « groupe nationaliste blanc et xénophobe », lequel adhère notamment à la théorie du « grand remplacement » très répandue chez les extrémistes de droite. (Cette théorie fumeuse a d’ailleurs motivé plusieurs des massacres fascistes de ces dernières années, dont ceux de Christchurch et d’El Paso.)
Nous devons humblement admettre que la candidature de Julien Côté nous avait échappé jusqu’à la parution de cet article. Malheureusement pour Côté, cependant, le projecteur national soudainement braqué sur sa candidature nous a rappelé son rôle dans le milieu Alt-Right montréalais…
Dans les heures suivant la parution de l’article, un certain nombre de statuts publiés par Montréal Antifasciste, et d’autres sympathisant-e-s antiracistes/antifascistes ont révélé l’étroitesse de ses liens avec l’extrême droite[1], ce qui a exercé une telle pression sur Côté qu’il s’est senti obligé de recourir aux services de Shawn Beauvais-MacDonald pour « sécuriser » l’opération de démarchage qu’il avait prévu de mener à Verdun le 19 octobre.
Drôle idée, direz-vous, que celle de s’adjoindre les services d’un nazi notoire après avoir nié être raciste sur toutes les tribunes. Il a peut-être eu raison d’appeler des renforts, au vu de la mobilisation populaire qui s’est organisée spontanément dans le quartier pour confronter directement Côté et son sbire, mais admettons que le choix du garde du corps laissait fort à désirer si l’intention du candidat était de dédiaboliser sa démarche.
Une résidente du quartier nous a expliqué pourquoi elle et d’autres résident-e-s excédé-e-s se sont mobilisé-e-s suite à la parution de l’article de la CBC :
« Pour nous, il était clair que Julien Côté Lussier utilisait la campagne électorale comme prétexte pour recruter d’éventuel-le-s sympathisant-e-s. Il avait imprimé son numéro de téléphone sur ses affiches, faisait campagne sur les rues en offrant des cafés et des discussions, il s’infiltrait dans toutes les plateformes web des citoyens du quartier et même son site web invitait les internautes à prendre contact en privé pour connaître sa plateforme électorale. Nous nous sommes mobilisé-e-s rapidement pour faire connaître le vrai visage de Côté, pour exposer son jeu et limiter sa visibilité. Nous avons également contacté Montréal Antifa car nous avons vite compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple affaire de quartier et qu’il était important que l’activité de Julien Côté soit répertoriée ».
Nous ne pouvons qu’applaudir cette initiative de la base et tenons à souligner que le présent article n’aurait peut-être pas été produit, n’eût été de la diligence et la pugnacité des résidentes et résidents qui nous ont écrit et offert leur collaboration. C’est précisément à ça que doit ressembler un mouvement antiraciste et antifasciste vigoureux.
À partir de là, et en revisitant les informations que nous avions déjà sur Côté, nous avons vite compris que les révélations de la CBC n’étaient que la pointe de l’iceberg.
Le 20 octobre, l’utilisateur Twitter @Un_Migrant a révélé que le compte Mox_Nisi appartenait vraisemblablement à Julien Côté. Il n’est sans doute pas fortuit que Mox_Nisi ait commencé à faire une promotion excessivement enthousiaste de la candidature de Côté… précisément le même jour où celui-ci a fait connaître ladite candidature! Voici une série de captures d’écran illustrant cette curieuse concordance :
En fait, ça n’a rien d’un hasard si Beauvais-MacDonald est le goon qui est venu protéger Côté de la colère des résident-e-s de Verdun le 19 octobre : si le premier représente l’aspect bête et méchant du milieu Alt-Right montréalais, l’autre fait sans doute partie de ce qui sert d’avant garde intellectuelle à ce mouvement nationaliste blanc. Les deux se sont vraisemblablement connus en 2016-2017, au sein du petit groupe de militants Alt-Right qui animaient le salon de discussion « Montreal Storm » avec d’autres « ethnonationalistes » (que l’on décrirait plus correctement comme les plus récents héritiers de la tradition néonazie historique…) tels que Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov, alias « Date ».
Trompé par son ego, Côté a été le principal artisan de sa propre chute. En retraçant les miettes numériques qu’il a laissées derrière lui au fil des ans, nous avons pu établir hors de tout doute raisonnable que Côté (date de naissance, 22 septembre 1981) est l’utilisateur « Passport » sur le forum « Montreal Storm » et dans d’autres salons Discord privés réservés aux membres cautionnés (vouched) du mouvement Alt-Right canadien.
Ne serait-ce que pour les raisons tactiques évidentes, nous n’énumérerons pas ici toutes les preuves accumulées, mais la somme et la nature de ces preuves forment un dossier accablant. Seulement en comparant l’avatar de Côté qui apparaît sur son compte Skype dans l’entrevue qu’il a accordée à CityNews Edmonton en janvier 2018 et l’avatar choisi par « Passport » sur Discord, il saute aux yeux que c’est la même illustration, soit la toile Der Wanderer über dem Nebelmeer, du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich. Une référence extrêmement nichée, vous en conviendrez avec nous. En suivant un lien affiché par « Passport » sur Discord vers la vidéo d’une conférence de Jordan Peterson à Ottawa, où il s’est rendu en compagnie de Zafirov pour adresser une question à Peterson, nous avons pu confirmer que la voix de « Passport » que l’on entend sur la bande audio est bel et bien celle de Côté.
Par sa participation à différents salons de discussion canadiens et à différents projets d’organisation politique, Côté/Passport était non seulement une figure centrale du petit club Alt-Right de Montréal, mais aussi de la communauté Alt-Right qui essayait alors de se consolider nationalement. Il était notamment, comme l’a relevé la CBC, au cœur du projet d’ID Canada, un groupuscule malhabilement calqué sur les organisations du mouvement « identitaire » européen, comme Génération Identitaire. (C’est d’ailleurs pour défendre une affiche d’ID Canada posée à Edmonton que Côté, en tant que porte-parole de l’organisation, avait accordé une entrevue à CityNews en janvier 2018. Le subtil en-tête de l’affiche était : « VOUS VOUS FAITES REMPLACER ».) Mais ça n’est pas tout. Il était aussi l’un des principaux organisateurs d’un rassemblement national du milieu Alt-Right canadien tenu en Ontario en juillet 2017[2], et l’un de ceux qui ont organisé la conférence du professeur nationaliste blanc Ricardo Duchesne à Montréal un mois plus tôt. Côté s’est aussi rendu à plusieurs reprises dans des rassemblements de l’Alt-Right aux États-Unis, notamment à des rencontres du National Policy Institute de Richard Spencer.
Par son activité virtuelle et « dans la vraie vie », il est clair que Julien Côté, alias « Passport », a joué un rôle de tout premier plan, aux côtés d’autres néonazis confirmés, dans la tentative d’expansion du mouvement nationaliste blanc au Canada. Mais il n’avait pas fini de nous surprendre.
Plusieurs sources internes ont pu confirmer à Montréal Antifasciste que Julien Côté est employé au ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada. Non seulement Côté s’en est-il lui-même vanté sur Facebook (voir les captures d’écran ci-dessous), mais une recherche dans la Gazette du gouvernement du Canada révèle que la Commission de la fonction publique a « accordé à Julien Lussier, analyste de soutien opérationnel, la permission (…) de se porter candidat (…) à l’élection fédérale dans la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun (Québec). » Il s’avère donc que son nom complet est Côté Lussier. Décidément, les noms composés ont la côte chez les néonazis de bonne famille.
En fouillant un peu plus dans le passé de Côté Lussier, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir qu’il était loin d’en être à ses premières frasques en matière de ruades anti-immigration.
En septembre 2012, lui et sa partenaire, Magdalena Baloi-Lussier (Madi Lussier, qui a par ailleurs agi à titre d’agente officielle de la candidature de Côté Lussier), se sont vu retirer une invitation à témoigner devant un comité parlementaire sur l’immigration lorsqu’une députée néo-démocrate s’est rendu compte que le couple Baloi-Lussier était responsable d’un site anti-immigration épousant des thèses racistes. Selon un article paru dans le Journal Métro :
« Le site des Lussier comprend des sections appelées “Chinafication” et “Arabization” de même qu’une interview vidéo avec le Canadien suprémaciste blanc Paul Fromm réalisée lors d’une conférence “raciste” du groupe [American Renaissance]. »
La version archivée du site « Canadian Immigration Report », ainsi que le contenu de la chaîne YouTube liée au projet, confirme la teneur des inquiétudes des membres du comité, qui ont ainsi convaincu leurs collègues de retirer le statut de témoins au couple Baloi-Lussier.
La nature de ce site correspond par ailleurs à celle d’un autre projet que Côté Lussier a voulu mettre sur pied avec ses camarades nazis du forum Discord (le site aujourd’hui zombifié borderwatch.ca) pour répertorier les passages irréguliers à la frontière Canada/E.U.
Autre lien pour le moins curieux, le député qui les avaient invités à témoigner, le Conservateur Chungsen Leung (qui soit dit en passant était le secrétaire parlementaire de Stephen Harper en matière de multiculturalisme de 2011 à 2015), est celui-là même que « Passport » décrit sur Discord comme un député « fermement de [notre] côté » qui « aimerait que les blancs aient une colonne vertébrale » et qui « reconnaît que [nous] sommes une race supérieure ».
Ainsi donc, un individu raciste ayant causé une polémique en marge d’une audience officielle du comité sur l’Immigration en 2012, laquelle polémique a même fait l’objet de nombreux articles de presse à l’époque, a pu rester à l’emploi du ministère de l’Immigration jusqu’à aujourd’hui. Se pourrait-il que le ministère de l’Immigration du Canada, l’une des nombreuses agences gouvernementales responsables de réguler et de perpétuer un système d’apartheid fondé sur l’emprisonnement de migrant-e-s et un régime de déportations sans cesse renouvelé, une organisation dont l’histoire est ancrée dans le racisme, le sexisme et le capacitisme, ait un tel niveau de tolérance pour le suprémacisme blanc? Quand on y pense un peu, ça n’est pas particulièrement étonnant.
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Il est fort regrettable qu’un individu comme Julien Côté Lussier ait pu continuer pendant de nombreuses années à promouvoir le racisme sans être tenu responsable de ses actions. En travaillant au ministère de l’Immigration du Canada, en voyageant à l’étranger pour participer à des colloques d’extrême droite et en occupant une position stratégique au sein d’organismes racistes au pays, il était bien placé pour jouer un rôle central dans la reconsolidation d’un milieu néonazi fragmenté et désorganisé au Canada. Allez savoir ce qui lui est passé par la tête pour décider de se porter candidat aux élections fédérales, un choix funeste qui allait assurément attirer une attention non désirée et provoquer l’intervention des antiracistes de sa circonscription. Quoi qu’il en soit, nous avons bien l’intention d’exploiter ce grave manque de discernement…
Gageons qu’il va regretter d’avoir mis sa face sur le proverbial poteau.
[1] Une séance de questions et réponses sur Reddit a d’ailleurs vu Côté littéralement accablé par une bordée de questions embarrassantes sur sa plateforme.
[2] Ce milieu a fait les manchettes en août de la même année, lorsque Beauvais MacDonald et Bélanger-Mercure ont été identifiés par des antifascistes parmi un groupe de Québécois ayant fait le voyage à Charlottesville, Virginie, pour participer aux manifestations suprémacistes blanches du tristement célèbre rassemblement « Unite the Right ». Gabriel Sohier Chaput, du même groupe, a plus tard été identifié comme un prolifique propagandiste du courant néonazi de l’Alt-Right, notamment en rééditant l’ouvrage Siege de James Mason (l’une des principales inspirations du groupe terroriste Atomwaffen Division et d’une grande partie du mouvement national-socialiste contemporain) et en signant de nombreux articles pour le site The Daily Stormer d’Andrew Anglin.
En mai 2018, Sohier-Chaput a été doxxé par des antifascistes de Montréal et forcé à l’exil sous le coup d’une série d’articles publiés dans la Montreal Gazette. En même temps, le contenu du salon « Montreal Storm » a été rendu public sur le serveur Unicorn Riot, qui mène un projet d’archive des forums nazis sur Discord.
D’autres individus de ce milieu, dont le principal modérateur du forum Discord national et coanimateur du podcast néonazi This Hour Has 88 minutes, « Axe in the Deep », de son vrai nom Clayton Sanford, ont été identifiés dans les mois suivants par des journalistes diligents de Vice.
De Dure Réalité
Hé oui ! Encore un autre lieu culturel associé à la scène alternative qui s’éteint, l’un des seuls d’Hochelaga-Maisonneuve. Nous avions un rêve, celui d’avoir un local reflétant les valeurs de la contre-culture et du syndicalisme avec pignon sur rue, dans notre quartier. Nous étions un groupe de bénévoles avec l’envie d’organiser un lieu ouvert sur l’ensemble de la communauté. Nous n’avons pas récolté le moindre dollar dans cette aventure, au contraire.
Nous voulions qu’il y ait un lieu dans lequel il serait possible pour les musicien.ne.s engagé.e.s d’offrir des performances, pour les artistes visuel.le.s d’exposer le fruit de leur travail, pour les syndicalistes de tout acabit de se réseauter et pour les habitant.e.s du quartier de s’organiser. Les quelques mois où nous avons été en activité nous ont bel et bien prouvé que c’était un besoin dans le quartier. Les autorités municipales en ont décidé autrement.
C’est donc avec une grande tristesse, et suite aux pressions répétées du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) et de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, que nous nous devons de mettre la clé dans la porte de L’Industrielle, espace culturel et syndical.
Nettoyer le quartier pour l’arrivée d’Osha Condos ?
Depuis notre arrivée dans le quartier au courant de l’été, nous avons été frappé par la présence policière complètement démesurée, principalement aux alentours de la rue Sainte-Catherine. Il était simplement impossible de passer plus de quelques minutes dans le coin sans croiser une voiture de patrouille du SPVM. Dès notre ouverture, les policiers et policières ont commencé à venir intimider les gens qui fréquentaient l’espace, souvent en convoi allant jusqu’à une dizaine de véhicules. L’intimidation policière s’est poursuivie tout au long de l’aventure. C’est ça la liberté d’expression ?
Comme si ce n’était pas assez, l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve a décidé également de se joindre à l’effort de répression nous visant. C’est ainsi que les autorités municipales se sont mises à faire pression sur notre propriétaire et nous-mêmes puisqu’il semble que nous ne respections pas le permis d’occupation du bâtiment. Pourtant, les anciens locataires du local, qui l’ont occupé pendant de nombreuses années, n’ont jamais eu de problème à ce niveau, malgré que les activités y étaient très semblables. Coïncidence ?
Comment ne pas faire le parallèle avec l’arrivée d’Osha Condos, situé à deux coins de rue du local que nous occupions, en plein coeur de la partie la plus pauvre du quartier ? Il nous semble clair que le SPVM et l’arrondissement veulent nettoyer le quartier pour le rendre présentable aux yeux des spéculateurs, promoteurs de condos et autres entrepreneurs bon chic bon genre. C’est ça le projet de Projet Montréal ? On sort les pauvres du quartier à grand coup de règlements municipaux et de répression policière ? C’est comme ça qu’on revitalise un quartier, c’est ça ?
Montréal, ville culturelle et engagée ?
L’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve fait vraiment des pieds et des mains pour s’assurer de tuer toute initiative culturelle indépendante. Les espaces où il est possible pour la contre-culture de s’exprimer se font de plus en plus rare à cause des pressions du SPVM et de l’arrondissement. Nous étions l’un des seuls espaces restants où il était possible d’organiser un concert underground. Il semble que les autorités préfèrent les spectacles d’artistes mainstream, sponsorisés par des multinationales de l’entertainment et vidés de tout contenu revendicateur.
Montréal surfe présentement sur sa réputation de ville culturelle et ouverte. C’est bon pour le tourisme, c’est bon pour AirBnB et Uber aussi. Mais est-ce que Projet Montréal prend seulement le temps de voir ce qui est bon pour la population de la ville et du quartier ? Est-ce vraiment de plus de condos dont nous avons besoin ? Est-ce vraiment de commerces où la marchandise se vend trois fois plus cher qu’ailleurs dont nous avons besoin ? Nous ne croyons pas.
Aujourd’hui, nous fermons nos portes, mais nous faisons la promesse de ne pas quitter le quartier. Nous restons et nous continuerons à nous organiser, à nous exprimer, à revendiquer et à lutter, quoiqu’en pensent les autorités municipales.
Pour des espaces culturels où la scène indépendante peut s’exprimer sans se ruiner !
Pour des espaces communautaires qui répondent aux besoins de la population locale !
Pour des espaces où il est possible de s’organiser et de revendiquer !
Le collectif de L’Industrielle, espace culturel et syndical
Soumission anonyme à MTL Contre-info
En acceptant le contrat d’entrepreneur général pour le nouveau centre de detention pour migrant.es de Laval, Tisseur Inc. ont commis une grave erreur. Le soir du 26 octobre nous avons décidé d’offrir notre contribution à la lutte contre le système frontalier et carcéral sous toutes ses formes. Nous avons mis le feu à une camionnette sur les berges du canal Lachine où se trouve un autre projet de Tisseur. Nous n’avons pas fini.
– des anarchistes
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Halloween, 31 octobre 2019, Montréal — Lors d’une action revendiquée par des zombies anticoloniaux, des morts-vivants se sont réveillés du cimetière Saint-Antoine (1799-1855) situé sous ce qui est aujourd’hui le square Dorchester et la Place du Canada.
Les zombies anticoloniaux ont émis un communiqué pour les médias indépendants du monde vivant :
« Aux vivants—Nous sommes les mort-e-s que vous avez oublié.
Nos squelettes, enterrés entre 1799 et 1855, sont ici par milliers.
Vous nous avez recouverts d’asphalte et de béton. Vous avez érigé des parcs à la gloire du colonialisme au-dessous de nos corps. Vous avez profané notre mémoire avec le monument d’un des architectes du génocide autochtone, John A. Macdonald.
Vous avez échoué. Vous continuez d’allouer la présence de la statue de Macdonald dans un endroit public important de Montréal, par-dessus nos corps, comme un symbole de la suprématie blanche.
Les quelques tentatives des vivants anticoloniaux d’attaquer le monument raciste pour le faire retirer ont échoués à ce jour. Alors nous, les morts, avons dû prendre acte et asperger le monument de peinture orange.
La couleur orange représente notre journée sacrée de la Samhain (Halloween), mais c’est aussi une façon appropriée de profaner John A Macdonald qui était membre de l’ordre raciste et anti-catholique « Orange Order ». Après tout, les squelettes sous la place du Canada et le square Dorchester sont à grande majorité irlandaise catholique. Beaucoup d’entre nous ont été victimes des épidémies du choléra du 19e siècle.
Nous nous soulèverons encore et encore, pour attaquer cette statue, tant qu’elle ne sera pas retirée ou que la peinture sera laissée comme signe visible de contestation de l’héritage de Macdonald.
Nous sommes morts-vivants et vos lois ne s’appliquent pas à nous.
Nous avons une longue mémoire et beaucoup de motivation.
Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas.
Joyeux Halloween anticolonial !
— Signé des zombies anticoloniaux du vieux cimetière Saint-Antoine (sous le square Dorchester et la Place du Canada). »