Ce guide est une version améliorée de la section pratique du texte Un appel d’allochtones à allochtones à perturber les voies ferrées en solidarité avec les Wet’suwet’en que nous avons récemment re-publié. Merci à qui l’a porté à notre attention.
L’objectif des informations présentées ici est de perturber les flux ferroviaires, et non de provoquer un déraillement ou un accident qui risquerait de blesser encore plus de personnes ou de souiller davantage la terre.
Comme toujours, nous vous encourageons à penser à vos cœurs, ainsi qu’à la pérennité de ces actions et de la lutte en général ; un simple rappel de faire attention à vous, à vos empreintes digitales et à votre ADN – pour la sécurité de toutes et de tous – et que la répression suit souvent l’action.
Empreintes
Les empreintes digitales peuvent être effacées des surfaces dures avec de l’alcool isopropylique. Essuyez soigneusement chaque objet au cas où quelque chose serait accidentellement oublié ou découvert – mais visez à ne rien laisser derrière vous. Dans la mesure du possible, il peut être utile de confier à une seule personne le soin de retrouver et d’enlever tout le matériel et les débris. Rangez et emballez votre équipement dans un sac neuf et propre et ne le retirez que si vous portez des gants. Certaines personnes portent deux paires de gants pour s’assurer que la paire extérieure n’a aucune chance de laisser des résidus d’empreinte, tandis que d’autres se lavent à l’isopropyle.
ADN
L’ADN peut être transféré de plusieurs façons. Soyez vigilant.e ; ne vous touchez pas le visage et ne toussez pas entre vos mains en portant des gants. Vous devriez de toute façon porter un masque, mais envisagez de porter un masque médical pour réduire la transmission des gouttelettes. Brossez vos cheveux (pour éliminer ceux qui sont tombés) et attachez-les bien serrés en arrière, voire même couvrez-les. Ne fumez pas, ne crachez pas et ne jetez pas de déchets à proximité de votre zone cible le jour de l’action ou pendant le repérage. Ne laissez rien derrière vous. Veillez à ne pas vous blesser sur les clôtures ou les angles pointus. Débarrassez-vous correctement des masques, chapeaux, équipements ou vêtements en les brûlant loin du site. Les jours pluvieux peuvent être pénibles mais pratiques ; la pluie contribue à effacer, déplacer et contaminer tous les éléments de preuve, y compris les fibres et l’ADN. Si vous brûlez vos vêtements ou les éléments de preuve après coup, ne comptez pas sur le fait que les matériaux servant à allumer le feu seront brûlés si complètement qu’il sera impossible d’obtenir de l’ADN. En d’autres termes, n’utilisez pas un vieux chiffon ou un t-shirt qui traîne chez vous en guise d’allume-feu en pensant qu’il sera brûlé et ne laissera donc pas de traces d’ADN. Vous ne savez jamais si le feu finira de brûler le matériau. Plusieurs personnes se sont fait prendre à cause de cette erreur. L’hydroxyde de sodium (soude caustique), que l’on trouve dans certains nettoyeurs de canalisations ou qui est utilisé dans la fabrication du savon, dissout les protéines cellulaires et détruit les preuves génétiques. Cependant, la meilleure défense consiste à éviter toute contamination en se préparant comme il faut.
Une remarque sur l’eau de Javel : L’eau de Javel commerciale peut détruire suffisamment l’ADN pour l’empêcher d’être répliqué et testé en laboratoire pour analyse, mais elle est plus fiable sur les surfaces dures et ce n’est pas toujours une valeur sûre. Elle n’empêche pas de détecter l’hémoglobine. L’eau de Javel oxydée (comme l’eau de Javel au peroxyde d’hydrogène) peut empêcher l’hémoglobine d’être détectée et donc testée, mais elle ne détruit pas non plus l’ADN de manière fiable dans un délai approprié.
En résumé : en cas de doute, faites deux fois plus attention.
Méthode du fil de cuivre
– N’ESSAYEZ PAS DE LE FAIRE SUR LES LIGNES DE DE MÉTRO ; elles sont électrifiées.- Vous pouvez utiliser cette méthode lors d’une action de désobéissance civile en groupe pour envoyer immédiatement un signal d’arrêt de la circulation des trains.
Les rails en acier des voies ferrées font partie du circuit d’un dispositif nommé « système de bloc automatique » (ABS). Un faible voltage traverse les rails entre des capteurs pour créer des cercles divisés en blocs géographiques. Lorsqu’un train traverse un bloc, les essieux du train interrompent ou raccourcissent le circuit, les capteurs remarquent que le bloc est occupé et arrêtent de manière automatique la circulation des trains dans cette zone.
Avec un fil en cuivre qu’on passe autour et puis entre les rails, il est possible de tromper les capteurs et de les déclencher.
1) Pour une conductivité maximale, utilisez un fil de cuivre de gros calibre et enroulez-le autour d’un rail, puis de l’autre. Vous pouvez l’attacher aux rails en enlevant un peu de roches près d’une traverse en bois, ou à des boulons sur les rails si vous utilisez une brosse métallique pour enlever la rouille. Les câbles de démarrage fonctionnent pour une action rapide – assurez-vous simplement qu’ils sont assez longs. Mais ça coûte plus cher qu’un rouleau de fil de cuivre.
2) Raccordez deux éclisses opposées. Ce sont les panneaux plats en acier boulonnés sur le côté des rails, à l’endroit où chaque section de rail en rejoint une autre. Les éclisses sont munies d’un fil recouvert de plastique/caoutchouc qui sort d’un côté. Vous pouvez dénuder ou enlever une partie de ce plastique et attacher un fil de cuivre directement à celui-ci, puis attacher l’autre extrémité au rail opposé, au boulon du rail ou à un autre fil d’éclisse (pour une meilleure connexion). L’avantage de cette méthode est qu’un fil de cuivre de petit calibre sera suffisamment conducteur pour déclencher le signal, et que les petits fils coûtent moins chers. L’inconvénient est que les éclisses ne sont pas toujours placées l’une en face de l’autre – il faut donc bien repérer l’emplacement pour s’assurer que ça fonctionnera.
CONSEILS : il faut que le fil en cuivre soit en contact avec des sections des deux rails SANS rouille ni oxydation et qui sont toujours conductrices. Un fil de cuivre de gros calibre est nécessaire si vos seuls points de connexion sont légèrement rouillés/oxydés. Soyez attentif aux trains et aux patrouilles de sécurité. Ayez un plan avant de commencer à passer le fil ou de déclencher potentiellement des capteurs. Vous aurez peut-être besoin d’un petit outil pour dégager un peu de roche concassée sous les rails avant d’enrouler le fil. Trouvez un bon endroit, creusez sous les deux rails et enroulez d’abord un rail. N’oubliez pas que dès que vous attachez le fil au deuxième rail, l’ABS se déclenche, indiquant que quelque chose ne va pas sur la voie. Disparaissez dès que possible. Si vous enterrez le câble avec de la roche concassée, de la neige ou de la terre, il sera plus difficile de le trouver ou de le repérer dans le bloc.
Destruction des postes d’aiguillage
Les postes d’aiguillage font partie des circuits ferroviaires. Si vous vous baladez le long des voies ferrées, vous les avez probablement vus : ce sont de grandes structures grises ressemblant à des hangars, ou de petites boîtes grises fixées à des poteaux. Ces boîtes reçoivent et interprètent les signaux du circuit ABS, des aiguillages, etc. Les boîtiers sont en métal et généralement scellés. Les petits boîtiers sur les poteaux ont des câbles qui en sortent, vont jusqu’au sol et jusqu’aux voies. Étant donné que ces câbles ont des composants électriques, nous vous déconseillons de simplement les couper, à moins que vous n’ayez une bonne connaissance de l’électricité et de la mise à la terre.
On peut aussi se servir d’un feu brûlant pour abîmer les cordes et les circuits électriques. Il ne faut pas se contenter de les tremper d’essence et s’en aller — il faut partir un feu plus chaud et le faire durer longtemps. La bonne technique pour allonger le temps de combustion d’un liant fibreux (nous, on aime bien les balles de tissu ou de coton), c’est d’ajouter de la vaseline et de bien imbiber le tissu. Vous pourrez juste l’allumer, ça fonctionnera comme une mèche. Pour augmenter la chaleur, on peut ajouter du caoutchouc de pneu ou de chambre à air de vélo. Avec un petit feu comme ça dans les boîtes du circuit ou bien à l’endroit où le câble entre dans le sol, on devrait endommager le circuit et empêcher la circulation ferroviaire en activant durablement le système de blocage automatique.
Remarques : pratiquez-vous à faire ce type de feu pour voir ce qui est possible. La combustion du caoutchouc crée des fumées toxiques. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un incendie criminel – les autorités enquêteront plus sérieusement qu’avec la méthode du fil de cuivre. Soyez prudent : trouvez un bon endroit, ayez des guetteur.eus.es en place et un plan d’arrivée et de fuite où vous ne croiserez pas du monde, faites attention aux empreintes digitales et à l’ADN, éliminez correctement tout équipement utilisé, ayez une EXCELLENTE culture de sécurité avec votre bande et des pratiques cohérentes.
Destruction des rails d’acier
Comment détruire des rails en acier sur lesquels passent des milliers de tonnes tous les jours? De la même manière qu’ils ont été assemblés : grâce à la soudure.
Si vous ne disposez pas d’un équipement de plusieurs centaines de dollars et d’une torche oxyacétylénique, vous pouvez toujours détruire efficacement l’acier avec de la thermite.
La thermite est un mélange de carburant et d’oxydant dont on peut modifier les proportions pour qu’il dégage une chaleur suffisante pour brûler le bloc moteur d’une voiture. Ce n’est pas dangereux à produire, mais ça dégage énormément de chaleur et de luminosité en brûlant, alors faites attention. Cette méthode exige très peu de temps sur place, juste un moment pour l’allumer et partir. Cela produit un maximum de dégâts matériels, car il faudra remplacer le rail ou le poste d’aiguillage.
Le combustible le plus simple à utiliser est la poudre d’aluminium. On peut en trouver dans des vieux etch-a-sketch ou la produire à base de (vrai) papier d’aluminium dans un moulin à café ou un mixeur que vous ne voudrez plus jamais utiliser pour ce à quoi il est destiné. C’est aussi un composant de certains feux d’artifice (généralement les argentés) et de la plupart des cibles de fusils explosifs (le petit paquet de papier d’aluminium ou la poussière grise que vous êtes censé mélanger). Plus le combustible sera fin, plus l’allumage sera facile et la combustion rapide. Il vous faudra une poudre assez fine.
Attention : la poussière d’aluminium très fine est explosive. Cependant, il est peu probable que vous puissiez l’obtenir avec un mixeur ménager ordinaire. Au cas où, n’ouvrez pas le mixeur à proximité d’une flamme nue. La poudre d’aluminium très fine est également difficile à éliminer des vêtements, des équipements, des plans de travail, de la peau, etc. Soyez prêt à passer un certain temps à nettoyer. Portez un masque pour éviter toute inhalation.
L’oxydant le plus simple, avec la poudre d’aluminium, c’est l’oxyde ferrique : la rouille rouge sur le fer. Là encore, vous pouvez en récupérer des morceaux sur de vieux objets et le réduire en poudre fine, ou bien en fabriquer facilement à base de laine d’acier à grain 0000 trempée dans un mélange 1:1 d’eau de Javel et de vinaigre dans un endroit EXTÉRIEUR. Laissez reposer pendant une journée pour créer une pâte, qu’on peut faire sécher et utiliser ainsi.
Attention : le mélange de l’eau de Javel et du vinaigre produit un gaz qu’il ne faut pas inhaler. Bien que cette méthode soit la plus rapide pour produire de la rouille, vous devez pouvoir le faire dans un endroit extérieur et ventilé. Sinon, utilisez un seul liquide et donnez-lui plus de temps.
Vous aurez également besoin d’une mèche d’allumage. Pour mettre feu à un carburant métallique, il faut une flamme vraiment chaude, alors un briquet ou même la mèche d’un feu d’artifice ne marchera pas. Utilisez un cierge magique, ou bien une mèche faite maison avec des têtes d’allumettes enroulées dans du papier d’aluminium. Nous avons eu plus de chance avec cette dernière méthode.
Attention : le cierge magique risque d’allumer la thermite avec ses étincelles si elles la touchent avant le moment voulu.
Thermite en poudre :
Mélanger trois parts (en poids) d’oxyde ferrique à deux parts (en poids) de poudre d’aluminium. Découpez ou percez un petit trou dans un récipient (une boîte de conserve, par exemple). Insérez quelques pouces de votre mèche dans le trou pour qu’elle soit en contact avec le mélange dans la boîte, puis remplissez le récipient de poudre. Placez-le et allumez-le à l’endroit voulu.
CONSEILS : si le mélange de poudre n’est pas fin et compacté, la combustion sera moins efficace et produira moins de chaleur !
Thermite dure :
Trois parts (en poids) d’oxyde ferrique, deux parts (en poids) de poudre d’aluminium, deux parts (en poids) de plâtre de Paris. Versez le mélange dans un moule (boîte de conserve, etc…), insérez quelques pouces de mèche en biais. Laissez sécher puis démoulez.
Thermite moulable :
Huit parts de poudre d’aluminium (en poids), trois parts d’oxyde de fer (en poids), quatre parts d’argile (en poids). Mélangez bien les poudres puis ajoutez-les à l’argile. Insérez la mèche à quelques pouces. Placez le mélange à l’endroit souhaité et allumez-le.
Dernières mises en garde : comme la méthode de la thermite s’attaque directement aux rails, elle comporte un risque de déraillement. Pour éviter ça, vous pouvez déclencher le circuit ABS en attachant également un fil de cuivre sur les rails (méthode 1). Là encore, il s’agit d’une méthode que la police est susceptible d’investiguer de manière approfondie. Assurez-vous que tous les items que vous laissez sur place sont exempts d’empreintes digitales et d’ADN. Prévoyez des guetteur.euse.s et choisissez des chemins d’approche prudente hors caméra. Débarrassez-vous des vêtements et des bottes ou détruisez-les. La thermite brûle à très haute température en produisant une lumière vive – ne fixez pas la flamme des yeux après l’allumage. La poudre d’aluminium très fine est réactive à l’oxygène et peut s’enflammer facilement. Si de l’eau (pluie, neige, flaques d’eau) touche la thermite en feu, l’explosion résultante va projeter du fer fondu dans tous les sens. N’essayez PAS d’éteindre un feu de thermite avec de l’eau.