Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

mtlcounter-info

Un défi : Propager la grève dans chaque centre de détention, centre jeunesse et prison au Canada!

 Commentaires fermés sur Un défi : Propager la grève dans chaque centre de détention, centre jeunesse et prison au Canada!
Août 212016
 

De La Solide, Adapté et traduit d’IGD

Ceci est un défi lancé à toute personne appuyant la grève des prisonniér.e.s du 9 septembre, mais qui n’est pas activement impliqué jusqu’à maintenant.

Pour que cette grève ne puisse pas être étouffée par des gardiens violents et par des censeurs qui veulent à tout prix faire passer cela sous silence, sa propagation se doit d’outrepasser leur contrôle. Puisque la communication entre personnes incarcérées est strictement interdite par les autorités carcérales, c’est notre responsabilité de rendre possible cette contagion depuis l’extérieur. Lancer l’appel à travers les prisons au Canada alimentera cette contagion et donnera la possibilité de créer et solidifier des liens dans la lutte contre les prisons et le monde qui en a besoin, au-delà des murs et à travers les frontières.

La première étape est clairement de transmettre cet appel dès maintenant. Pour permettre aux gens dans les prisons d’agir de façon significative, il faut qu’illes aient le temps d’en parler à leurs ami.es et de faire des plans. Pour cela, nous suggérons aux complices à l’extérieur d’imprimer l’appel à la grève (ci-dessous) pour l’envoyer massivement aux gens dans les prisons.

Envoyer à qui? À tout le monde! À ton ancien.ne ami.e du secondaire pris.e dans une cellule, à la sœur de ta ou de ton ami.e envoyée au centre jeunesse, à l’ami.e de ton voisin emprisonné.e dans un centre de détention de l’immigration ou à la personne dont on parle dans le journal pour s’être fait prendre après avoir braqué quatre banques l’an dernier.

Les personnes incarcérées ont besoin de savoir si ielles peuvent compter sur les gens à l’extérieur ou pas dans le futur. Soyez donc clairs quant à vos intentions concernant la poursuite ou non de soutien avec les gens avec qui nvous communiquez et laissez leur savoir si vous utilisez une fausse adresse de retour. Ainsi, si vous choisissez de maintenir le contact, soyez créatif.ve, subtile et sécuritaire dans la manière dont vous abordez des sujets délicats. Utilisez différentes adresses de retour pour confondre les screws ou exercez votre créativité pour trouver de nouvelles méthodes pour transmettre de l’information à l’intérieur sans que celle-ci soit reliée à votre nom légal. N’oubliez pas de diffuser les actions de résistance ayant lieu à l’intérieur des prisons, par exemple, si une grève débute et/ou si les prisons adoptent des tactiques répressives. Vous pouvez envoyer l’info à des sites web tel que itsgoingdown.org, lasolide.info ou supportprisonerresistance.noblogs.org pour permettre aux gens d’organiser des actions de solidarité ciblant des administrateurs des prisons.

« Aujourd’hui, personne ne devrait pouvoir aller dans une université, une pièce de théâtre ou une conférence scientifique sans que quelqu’un.e intervienne dans une pluie de pamphlets, posant les questions : ‘’Qu’arrive-t-il aux prisonniè.re.s en grève’’ et ‘’Quand est-ce que les autorités se plieront à leurs demandes?’’ Personne ne devrait pouvoir marcher dans la rue aux États-Unis sans voir des nouvelles des révoltes dans les prisons sur les murs. Et les chansons qui sont chantées en à leurs propos doivent être entendues par tou.te.s. »

Ceci est un moment historique, une rare opportunité que l’on ne doit pas manquer. On ne peut obtenir un monde libre en restant les bras croisés. Chacun.e a un rôle à jouer. Allons-y!

Tract, 8.5×11 (Texte à imprimer et à envoyer dans les prisons)

En voici le contenu:

Ça bouge dans les prisons!

La lettre qui suit a été rédigée par des détenu.e.s des prisons américaines au sein du IWOC (Incarcerated Workers Organising Commitee; comité d’organisation des travailleur.euse.s détenu.e.s). Elle vous est envoyée pour vous informer d’une lutte massive qui s’animera dans plusieurs prisons américaines le 9 septembre prochain. Il s’agit d’une grève carcéral coordonnée dans l’objectif de mettre fin à l’esclavage des prisonnier.e.s. Dans les faits, aux États-Unis, des tonnes d’entreprises privées font travailler les détenu.e.s des prisons fédérales et des prisons d’État, en échange de salaires dérisoires. L’utilisation de leur force de travail fait partie intégrante de l’économie du pays, et cela dans un contexte de racisme institutionnalisé où la majorité des détenu.e.s sont noir.e.s et latino.a.s et où l’esclavage n’a jamais pris fin.

Au Canada, l’enfermement n’est pas moins insoutenable : la société engendre elle-même les crimes de celles et ceux qu’elle emprisonne, notamment en les maintenant dans des conditions de vie précaires. D’ailleurs, la plupart des personnes qui se retrouvent en prison y sont pour des « crimes » causés par l’absence de possibilité offerte par cette société qui les marginalise. La violence coloniale et la suprématie blanche se perpétuent ici aussi : les autochtones et les personnes racisées, en particulier les femmes de ces communautés, sont massivement surreprésenté.e.s dans les prisons canadiennes . Bien que le fait de travailler aide à passer le temps et soit perçu comme un privilège, des entreprises, comme CORCAN, exploitent les prisonnier.e.s en échange de salaires ridicules. Ces entreprises profitent de la vulnérabilité des détenu.e.s qui restent considéré.e.s comme des sous-humains et exploitent leur main-d’œuvre et leur temps.

À titre d’information, diverses luttes prirent place durant les dernières années dans les prisons au Canada. En ce moment, une soixantaine de détenus sont en grève de la faim au centre de détentions de l’immigration de Lindsay, en Ontario, pour demander une limite maximale du temps de détention sans accusation pour les sans-papiers. Puis, en 2015 et 2016 il y eut deux grèves de la faim au centre correctionnel de sécurité maximale de Régina, en Saskatchewan pour exiger plus d’heures de promenade, et en 2013, il y eut une grève contre les coupures de salaires dans les prisons fédérales. S’organiser en prison n’est jamais simple, mais en voici des exemples concrets.

Nous souhaitons vous transmettre cet appel à la solidarité, d’abord pour vous tenir au courant. Nous sommes conscient.e.s de la difficulté de communiquer entre détenu.e.s dans les différents établissements. Si vous êtes intéressé.e.s à contribuer d’une quelconque manière que ce soit, si vous désirez écrire une lettre de solidarité aux prisonnier.e.s en grève, ou si vous désirez communiquer avec les gens qui vous ont écrit cette introduction, vous pouvez communiquer avec avec
lasolide@riseup.net

ou nous écrire à :

PRS c/o CKUT,
3647 rue University, Montréal, Québec, H3A 2B3

…jusqu’à ce que nous soyons tous.tes libres
La Solide

Appel à l’arrêt du travail des prisonnier.e.s aux USA

Quand la nuit tombe, les chauve-souris dansent

 Commentaires fermés sur Quand la nuit tombe, les chauve-souris dansent
Août 202016
 

fuckexploitationSoumission anonyme à MTL Counter-info

Mardi dernier, le 16 août, une panne de courant généralisée a plongé Hochelaga dans l’obscurité. Plus de lumière dans les rues, plus de caméra qui fonctionne… En réalisant ce qui se passait, on s’est rapidement lancé des regards entendus et on s’est souri à la lueur des chandelles. On a ramassé nos imperméables et quelques outils, puis on est parti.es jouer dans la nuit. La pluie torrentielle avait perturbé la machine étouffante de la ville et son système de surveillance. La tempête nous offrait un répit, un instant de chaos à ne pas manquer. Complètement détrempé.es, le coeur joyeux, on s’est promené.es dans les rues en improvisant nos cibles avec excitation. On a pris quelques précautions : prévoir une voie de sortie pour chaque endroit et désigner des personnes qui faisaient le guet. La noirceur était notre complice. On s’est amusé.es jusqu’au retour de l’électricité, puis on est rentré.es chez nous sans l’ombre d’un problème.

On a éclaté les vitrines de trois endroits gentrificateurs : sur Ontario, le restaurant Burrito Revolution et un magasin de cigarettes électroniques, ainsi que, sur Ste-Catherine, le café bobo Le dîner.

On a crevé les pneus de deux chars de luxe.

On a couvert de graffitis plusieurs endroits. Sur la boulangerie Arhoma, qui a déjà été visée par une action similaire par la passé, on a écrit : On vous lâchera pas / Hochelag ≠ Plateau. Sur le Jean Coutu : Toi aussi tu fais partie du problème / Fuck ton empire. Sur le Dollorama : Fuck l’exploitation / Solidarité sans frontière. Sur l’agence immobilière Royal Lepage : On veut pas de vos condos. On a aussi redécoré tous les chars du concessionnaire automobile sur Ste-Catherine où on prévoit construire 120 condos, y allant de classique tels que Pas bienvenus ou Mange ton bourg, mais aussi d’inspirations plus funky comme Spaghetti.

La prochaine fois qu’une telle occasion se présente, on espère vous croiser dans la rue !

9 septembre : Grève des prisonnier.ères aux États-Unis

 Commentaires fermés sur 9 septembre : Grève des prisonnier.ères aux États-Unis
Août 082016
 

De Anti-State STL

« Nous ne sommes pas des bêtes et on n’a pas l’intention de les laisser nous battre ou nous conduire comme si on l’était… Ce qui s’est passé ici, c’est le bruit précédant la furie des opprimés. »
– L.D. Barkley, participant à la rébellion d’Attica

Le 9 septembre 1971, les détenus de la Facilité Correctionnelle d’Attica, située dans le nord de l’État de New York, ont pris le contrôle de la prison. Le soulèvement d’Attica, qui a duré cinq jours, n’était pas la première ni la dernière des rébellions ayant eu lieu à l’intérieur d’une prison. Pourtant, son importance a marqué de manière indélébile l’histoire de la lutte contre la suprématie blanche et contre la société-prison dans laquelle nous habitons aujourd’hui encore.

À travers les quarante-cinq années depuis la révolte d’Attica, les prisons gonflent jusqu’à l’explosion sous la pression des tragédies de toutes ces vies interrompues, des familles éclatées et des communautés brisées. Dans la dernière décennie, les mouvements de résistance ont poussé régulièrement derrière les murs des prisons. Partout à travers les États-Unis, les prisonniers.ères sont pleinement réveillé.es et en mouvement : de l’arrêt généralisé du travail dans les prisons de Georgie en 2010, à la grève de la faim qui s’est propagée à travers le système californien de prison en 2013, des incendies dans les centres de détention I.C.E. (Immigration et Contrôle Douanier) au Texas aux émeutes et aux prises de contrôle des prisons au Nebraska et en Alabama. La révolte contre la prison est aussi présente de ce côté-ci de la frontière: à Lindsay, en Ontario, les détenu.es du Centre correctionnel du Centre-Est sont en grève depuis deux ans, demandant la fin de la détention des immigrant.es.

En septembre prochain, les prisonniers.ères ainsi que leurs familles et des supporteurs de l’extérieur sont en train de coordonner une grève des prisonniers.ères à travers les États-Unis, laquelle doit avoir lieu lors du 45e anniversaire de la rébellion d’Attica. Cet effort historique porte en son sein le potentiel de s’élargir et de nourrir le mouvement contre les horribles conditions de confinement, les prisons elles-mêmes et la société qui les crée.

Pour la destruction de toutes les prisons et la création d’une communauté humaine libre et véritable.

Supportprisonerresistance.noblogs.org
iwoc.noblogs.org
itsgoingdown.org

sept9FR
11 x 17″ | PDF

Graffitis dans le tunnel St-Remi, St-Henri

 Commentaires fermés sur Graffitis dans le tunnel St-Remi, St-Henri
Août 082016
 

No Images found.

Pour la fin des prisons

 Commentaires fermés sur Pour la fin des prisons
Juil 222016
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Vendredi le 18 mars 2016,

une poignée d’individu.es a traversé les clôtures entourant l’établissement carcéral Leclerc pour poser une action en solidarité avec les prisonnières qui venaient d’être transférées vers Tanguay.

La façade Est de l’ancienne prison a été redécorée à l’aide d’oeufs de peinture jaunes, bleus et roses et l’inscription «Feu aux prisons, Fin aux systèmes d’oppressions!» a été écrite avec des bombes aérosols.

Ce geste était un appel à multiplier les actions de vandalisme et de sabotage contre les infrastructures des oppressions et à se solidariser des personnes les subissant.

«In modern republics, the function of prison is said to be correction. When individuals break laws that uphold the common good, the conventional wisdom goes, they need to be punished or otherwise taught to be more socially cooperative and generous. In my experience with incarceration, however, the only thing that prison teaches is obedience. A “corrected” citizen is one who internalizes prison bars even on the streets.» -Gelderloos-

 

Frais juridiques; attaque de flics

 Commentaires fermés sur Frais juridiques; attaque de flics
Juil 082016
 

Le 13 juin 2016 à Montréal, une juge m’a sentencié à 3 ans de probation et à 125 heures de travaux communautaires pour un événement mémorable survenu lors de la manifestation du 1er mai 2015 à Montréal. J’ai en plus 600 $ de frais juridiques à payer en 45 jours. Pour cela, j’ai besoin de votre aide. Mais en prime, je vous offre le témoignage délicieux du flic qui s’est fait battre en m’arrêtant!

Vos contribution peuvent être déposées sur le compte paypal de la Caisse de solidarité de La Solide.

Voici d’abord une introduction des faits. Lors de la manif du 1er mai 2015, quelques-uns d’entre nous étaient masqués en black bloc. Quand la manif qui partait d’Hochelaga avait atteint le centre-ville, on a bifurqué vers le stationnement du QG du SPVM pour défoncer les voitures de flics qui s’y trouvaient. Prise en flagrant délit, un grand flic de 6 pieds et 4 a couru et m’a sauté dessus par derrière pour m’arrêter. Les autres compagnons ont tenté de me libérer de son emprise. Deux autres policiers sont venus le rejoindre et ils ont tous trois été violemment attaqués.  La déclaration du premier flic dans les documents de preuve de la cour est hilarante, en voici un extrait:

« (…) Toujours pendant que je cours en direction des véhicules qui se font briser, d’autres « black block », se joignent à se groupe initial de casseurs. Je fixe un individu complètement masqué et habillé en noir que je vois qu’il brise les fenêtres d’un véhicule de police de la ville de Laval et je ne détache plus mon regard de cette personne. Ma décision est prise de maitriser cette personne physiquement et de procéder à son arrestation. (…)

Lorsque j’atteins cette personne qui ne m’a pas vu arrivé à la course, je l’empoigne d’abord par le sac à dos et je tente de l’envoyer au sol pour la maitriser. C’est en tentant de la maitriser que je m’aperçois que cette personne est une fille, car je sens qu’elle est moins forte physiquement que moi et graduellement, je m’aperçois que sa silhouette correspond à celle d’une fille. Celle-ci tente de se libérer et résiste physiquement à son arrestation en se débattant et en tentant de fuir à la course. En quelques secondes seulement, les manifestants black block qui l’accompagnaient et qui s’enfuyaient à mon arrivée reviennent pour aider l’accusée à se libérer de mon emprise en plus de plusieurs autres qui sortent de la foule. Certains la prennent par les mains pour la tirer vers eux pour qu’elle « glisse » de mon emprise, tandis que les autres m’attaquent de toutes les façons qu’ils peuvent. Tous ceux que j’ai vus m’attaquer étaient complètement masqués et vêtus de noir. J’ai vu ces manifestants tenter de me darder le visage avec leurs bâtons de six pieds, tenté de me lancer des projectiles au visage de toutes leurs forces à quelques pieds de moi. À ce stade, ma préoccupation est de protéger ma tête et surtout mon visage de blessures graves. Je crains particulièrement pour mes yeux du fait que je n’aie aucun élément de protection et que des manifestants tentent de me rentrer le bout de leur bâton dans mon visage. Par contre, j’ai reçu plusieurs coups sur la tête et dans le dos d’assaillants qui se trouvaient en arrière de moi et dont je ne pouvais pas voir les coups venir. À chaque coup que je recevais, je voyais comme un éclair noir passer dans ma vision. Je sais que je suis tombé au sol à un certain moment, et je me souviens avoir évité plusieurs coups qui m’étaient directement dirigés au visage en déplaçant ma tête de gauche à droite, à la manière d’un boxeur. Finalement, après quelques instants, d’autres policiers en uniformes sont venus à mon aide. La manifestante que je tentais l’arrestation depuis le début a finalement été maitrisée par moi et les policiers en uniformes venus m’assister. Les policiers en uniforme lui ont baissé le masque du visage à ce moment. (…) Lorsque les renforts policiers sont arrivés,  tous les manifestants « black block » qui m’ont agressé se sont sauvés et aucun autre n’a été arrêté. Plusieurs policiers témoins sont venus me voir immédiatement après l’agression et m’ont dit qu’ils étaient au minimum une dizaine à m’encercler et à me frapper. Selon ceux-ci, ils m’ont lancé des projectiles, m’ont donné des coups de pieds et m’ont lancé un extincteur dans le dos (c’est le coup qui m’a fait le plus mal, mais au moment où je l’ai reçu, je ne savais pas ce qui m’avait frappé). Je pouvais voir sur mon gilet des traces de bottes et au sol, plein de morceaux d’un set de vaisselle en porcelaine, matière dont les vandales et les voleurs utilisent pour briser facilement les vitres de véhicules et frappant dans un coin inférieur de la vitre. Je crois que ces morceaux font partie des projectiles que j’ai reçus, et il y avait également un extincteur au sol (…)»

Finalement, ils m’ont tout de même arrêté et accusé d’agression armée, de méfait de plus de 5000$ et de déguisement dans l’intention de commettre un acte criminel. J’avais été libéré sous caution après une semaine passée à Tanguay, avec un couvre-feu à 23h.

Dans ce récit j’aimerais souligner le courage de ces personnes qui, plutôt que de continuer à courir pour fuir, se sont révélés être des compagnons extrêmement solides et fiables, ont rebroussé chemin pour attaquer sauvagement ce flic qui m’arrêtait.

Plus d’un a passé et le 13 juin 2016, on m’a sentencié pour méfait de plus de 5000$, entrave, déguisement dans l’intention de commettre un acte criminel et port d’arme (porcelaine); 3 ans de probation et 125 heures de travaux communautaires. La suramende (frais juridiques) à payer en 45 jours est de 600$! Votre contribution serait appréciée. Cliquez sur le lien en haut du post.

Amélie

Le vol, l’action directe, la solidarité

 Commentaires fermés sur Le vol, l’action directe, la solidarité
Juil 042016
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Aujourd’hui, 1er juillet, est le jour où la fondation de l’État du soi-disant Canada est célébrée. Nous avons choisi cette journée afin d’annoncer que dans les dernières semaines, nous avons redistribué gratuitement des objets et de la nourriture que nous avons volée dans des boutiques de bourgeois, auprès de personnes marginalisées et de familles provenant de diverses communautés oppressées à “Montréal”, territoire Kanien’kehà:ka non cédé. Ce texte vise à expliquer pourquoi nous avons commis ces actions, à créer des liens de solidarité avec ceux et celles qui ont récemment commis des actions similaires, et à encourager qui que ce soit à continuer de développer de telles initiatives.

Nous publions ce texte le jour du 1er juillet car nous sommes contre tous les États, et en particulier contre la violence coloniale de ceux-ci, comme le Canada, qui sont fondés sur le génocide des nations autochtones et sur l’exploitation et l’exclusion raciste des personnes qui n’ont pas la peau blanche. Nous croyons que le bien-être de la majorité des individus dans le monde dépend de la lutte constante que nous devons mener au jour le jour contre des États industriels et impérialistes comme le Canada, promoteurs et bénéficiaires principaux du capitalisme globalisé. Ce sont ces raisons qui nous poussent à enfreindre les lois de tels États, dans ce cas-ci à voler des entreprises capitalistes afin de redistribuer des biens auprès de communautés qui sont directement affectés par ce système. Le vol à l’étalage est une forme d’action directe qu’un nombre incroyable d’individus emploient afin de se procurer ce qui leur est nécessaire et ce qui leur plaît, et que le système refuse de partager. Cette fois, nous avons décidé de le faire de manière intentionnelle et collective, comme action faisant partie d’une lutte anti-oppressive bien plus large, et dans un esprit de liberté et d’autodétermination globale.

Nous avons été inspirés par des luttes récentes qui sont géographiquement et politiquement proches de nous, et nous tenons à exprimer notre solidarité avec l’ensemble des actions qui ont été réalisées. D’abord, les nations et communautés autochtones qui continuent, depuis des centenaires, à lutter pour leur survie et pour la défense de la terre, de l’eau et de la vie : les Algonquins qui se sont mobilisés contre le développement de condos le long de la rivière Ottawa, les Innus contre le barrage électrique de Muskrat Falls, les Odjibway pour le nettoyage des sols et des eaux contaminés au mercure à Grassy Narrows, et les Mohawks de Kanehsatà:ke qui continuent à lutter contre l’exploitation minière dans leur communauté. Dans les derniers mois, il y a eu plusieurs occupations de bureaux et d’offices gouvernementaux par des gens qui dénoncent la complicité des États et du Canada dans la mort et la violence portée auprès de communautés marginalisées : l’occupation du mouvement Black Lives Matter devant le quartier général de la police à Toronto, les diverses occupations de communautés autochtones des bureaux de l’AANC (Affaires autochtones et du Nord Canada) en solidarité avec la nation Attawapiskat, et l’occupation de solidarité sans frontières des bureaux de l’agence frontalière canadienne à Montréal afin de dénoncer la  violence de la déportation et des détentions des migrant-e-s et des personnes sans-statut. Nous sommes également inspirés par la résistance continuelle et moins visible de ceux et celles qui se battent pour leur survie et afin de vivre dans la dignité, forcée de vivre sans un statut légal, comme les personnes sans-papier, les personnes criminalisées et les personnes sans-abris.

Finalement, nous applaudissons l’impressionnante action anti-gentrification qui s’est déroulée à Saint-Henri, où des dizaines d’individus ont pillé un magasin gentrifié de et espace pour des milliers de dollars. Ces personnes sont proches de nous non seulement géographiquement et politiquement, mais également quant aux choix des tactiques qu’ils et elles ont décidé d’employer. Le déplacement forcé et la marginalisation des résidant-e-s vivant dans un quartier en raison de la gentrification relève directement du capitalisme et de la spéculation immobilière (entre autres) qui se déroule sur les territoires urbains. Le pillage et les attaques sur des magasins bourgeois représentent des moyens d’action importants afin de lutter contre la gentrification, que ceux-ci soient petits ou grands.

L’action qui a été menée à Saint-Henri a certainement réussi à faire mousser l’attention publique et les médias de masse autour de la question de la gentrification. À travers ces discussions, certains arguments sont ressortis auxquels nous aimerions maintenant répondre. Certain-e-s disent que la gentrification est causé principalement par de grandes compagnies immobilières ou encore par des magasins à grande superficie, et que nous ciblons donc les mauvaises personnes (dans ce cas-ci les petites boutiques). Cet argument ignore complètement le fait que le développement de la gentrification, qui se fait en grande partie par le développement de grands immeubles à condos, est grandement facilité par l’implantation de nouvelles petites boutiques chics ou de cafés hipsters, qui proposent des produits fins qui sont complètement hors de prix et que la plupart des résident-e-s du quartier ne peuvent pas se procurer (ce qui crée, éventuellement, le remplacement de la population actuelle par les propriétaires de ces nouveaux condos, et ainsi de suite). Pendant ce temps, la sécurité policière devient accrue puisqu’elle protège ces transformations, et la ville dénonce de toute évidence ces attaques puisqu’elle tire profit des changements qui se produisent dans le quartier.

D’autres personnes vont approuver la lutte contre la gentrification, mais vont dénoncer publiquement l’utilisation de tactiques de pillage et d’autres moyens considérés comme étant illégaux aux yeux de la loi. Nous répondons à cela que l’ensemble des systèmes dont nous luttons contre et qui sont interreliés, comme la gentrification, l’État canadien, et le capitalisme globalisé, sont porteurs d’une violence et d’un misère incroyable qui se déroule à tous les jours, et cela depuis des centaines d’années. Pour survivre, nous nous devons de lutter contre ces systèmes qui nous sont imposés. Vous dites que nous sommes allés trop loin avec nos actions considérées comme étant illégales? Nous disons que nous ne sommes pas encore allés assez loin, et même bien loin de là. Briser quelques lois qui nous sont imposées est le moindre que l’on puisse faire. Nous espérons de tout notre cœur, pour le bien de tous et toutes, que nous serons en mesure d’aller bien plus loin, ensemble et collectivement, par tous les moyens nécessaires et qui sont actuellement en notre disposition.

Par amour et en solidarité avec tous ceux et celles qui luttent!