Montréal Contre-information
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Montréal contre-info est de retour

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Avr 172021
 

Nous sommes de retour d’une absence forcée de quelques jours en raison de la saisie du serveur hébergeant notre site par la police hollandaise. C’est la police brittanique qui a dirigé cette opération dans le cadre d’une enquête visant le site 325, qui était hébergé avec le nôtre sur le serveur de Nostate. Nous voulons exprimer notre solidarité entière avec les camarades du collectif de 325 face à ces maneuvres répressives. Vous pouvez lire leur communiqué ici.

Appel à la solidarité! Contactez le bureau du procureur de Hamilton le 25 mars pour demander l’abandon des poursuites en lien avec les blocages!

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Mar 232021
 

De Blockade Defense

Parmi les accusations en lien avec les blocages ShutDownCanada de 2020, celles contre les défendeur·esses à Hamilton sont parmi les plus graves. Ces accusations visent un blocage de 24 h sur les voies ferrées de CN et CP en ville du 24 au 25 février en solidarité avec les Wet’suwet’en et en réponse à l’attaque du PPO sur le territoire de Tyendinaga le matin même.

Au départ, iIl y avait six personnes inculpées dans cette affaire, mais nous sommes ravi·e·s de pouvoir vous annoncer que les poursuites contre deux de ces personnes ont été abandonnées il y a quelques mois. Les autres défendeur·esses sont accusé·e·s sous quatre chefs de Méfait (criminel) de plus de $ 5000, dont chacun emporte une peine maximale de dix ans de prison.

Au moment même où se déroulait le blocage à Hamilton, un autre blocage avait lieu à Toronto. Il bloquait la même voie, a duré environ le même temps et les personnes arrêtées étaient accusées de faits presque identiques. Cependant, les défendeur·esses de Toronto n’ont été inculpé·e·s que sous un seul chef de Méfait (délit) de moins de $ 5000 dont la peine maximale n’est que six mois de prison.

Impossible d’expliquer la différence entre les accusations portées par la police de Hamilton et celles de Toronto. Mais en ce moment, l’affaire n’est plus entre les mains de la police et la responsabilité reste avec le procureur de Hamilton. 

Tandis qu’à Toronto les poursuites ont été abandonnées par la procureur dans le cadre d’un engagement de ne pas troubler l’ordre public, le proc à Hamilton cherche de la prison ferme contre certain·e·s défendeur·esses et s’obstine à les faire passer en procès.

Il faut que le procureur de Hamilton comprenne qu’il y ait des gens partout au Canada qui observent cette affaire de près et n’acceptent pas ce traitement disproportionné. Le procureur devrait abandonner immédiatement toutes les poursuites en lien avec les blocages.

Les défendeurs et défenderesses de Hamilton ont une audience importante le 12 avril. Dans les prochaines semaines, on a besoin de votre soutien pour faire écouter le procureur. On fait appel à contacter le bureau du procureur de Hamilton le jeudi 25 mars, par téléphone ou courriel afin d’envoyer un message clair.

Les procureurs les plus impliqués dans l’affaire sont:
Steve O’Brien steve.obrien@ontario.ca
Jeffrey Levy jeffrey.levy@ontario.ca
L’adresse courriel générale du bureau c’est VirtualCrownHamilton@ontario.ca.

Si vous envoyez un courriel, pensez à nous mettre en CCI pour qu’on soit au courant!

Le numéro du bureau c’est 905-645-5262. Vous pouvez demander Jeffrey ou Steve, indiquer que vous voulez leur laisser un message ou dire ce que vous avez à dire à la personne qui répond au téléphone. Si vous appelez, envoyez-nous un courriel à dropthecharges@riseup.net pour nous le dire.

Vous pourrez utiliser le texte ci-dessous comme le corps d’un courriel ou comme aide-mémoire pour un coup de fil. Veuillez rester poli·e et souvenez-vous que c’est pas l’intention de menacer ou mettre la pression sur qui que ce soit, nous voulons tout simplement communiquer l’intérêt public dans cette affaire. Comme le bureau du procureur à Hamilton est unilingue anglophone, on a laissé le texte en anglais:


Hello,      

I’m contacting you because I am concerned about your office’s decision to pursue charges against four defendants in connection to the February 24-25th rail blockade in Hamilton last year.        

The four defendants in Hamilton were a small part of a movement involved tens of thousands of people and is of major public interest. I believe that all charges connected to the movement should be withdrawn, including those against the Hamilton blockade defendants.     

The charges laid against defendants in Hamilton are significantly more serious than those laid for similar facts in other jurisdictions. In fact, a blockade that was held the same week in Toronto on the same line for the same duration was resolved by peace bond four months ago.     

Thank you for your time,

1er mai 2021 : Nous ne voulons pas de ce monde qu’ils essaient de nous vendre !

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Mar 222021
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

La pandémie que nous traversons nous précarise tou·te·s et met en évidence des injustices graves. La relance souhaitée par les dirigeant.e.s est une relance qui ne s’adresse pas à nous. Elle ne s’adresse pas aux artistes et autres personnes qui ne génèrent pas assez de profit pour mériter d’exister. Elle ne s’adresse pas aux les travailleur.euses du sexe, dont l’existence même est criminalisée. Cette relance ignore les personnes en situation de handicap, les marginalisé·e·s, celleux avec des problèmes de santé mentale. La relance dont ils parlent, elle est pour les pétrolières, pour les Bombardiers, pour les tizami·e·s comme Guzzo, mais elle n’est pas pour nous. Laisser les gouvernements nous sauver de la crise qu’ils ont eux et elles même créées à travers les coupures en santé, à travers leurs vies de « snowbirds », serait accepter la mort. Ce que nous devons relancer, ce n’est pas l’économie, mais les luttes pour nos droits et la fin de l’exploitation capitaliste.

Le projet de reconstruction économique mise sur un univers technologique taché d’inégalités et basé sur une exploitation capitaliste sale. Le renforcement des frontières et les abus des instances d’immigration, qui au soit-disant Canada sont illégitimes, ont pour mission de préserver ces inégalités. Pendant qu’au Nord on se vaccine, on oublie celleux qui nous habillent dans les usines de Gildan en Haïti. On oublie que chaque conférence zoom dépend du travail dans les mines d’Afrique et d’Amérique du Sud. Ces mêmes pays qui pourraient ne pas voir de vaccin avant le début de la prochaine pandémie. Les mots de remerciement et les paroles vides de ces politicien·e·s ne redonneront pas la vie aux « petrochallengers » haïtien·ne·s tué·e·s par des forces de police formées par le Canada, ne redonnera pas leur yeux aux manifestant·e·s chilien·ne·s blessé·e·s par des armes canadiennes. Il faudra bien plus pour redonner la vie à Raphaël « Napa » André, à Joyce Echaquan, et à toutes les personnes autochtones tuées ici et ailleurs.

Les injustices au niveau mondial se multiplient. Les personnes migrantes qui ont eu la « chance » de venir ici meurent dans nos hôpitaux et nos entrepôts. Les rues des quartiers les plus pauvres sont vides, la police étant toujours en recherche de ses prochaines victimes. Les Premiers Peuples sont humiliés, agressés et tués par les instances gouvernementales, pilotées par les compagnies extractivistes. Et dans tout ce chaos, on nous impose l’obéissance, le silence, l’aveuglement face à tout ce qui se passe autour de nous.

Ne nous laisson pas faire ! Refusons de nous entre-policer sur nos comportements, car vivre dans un monde régi par des lois racistes, coloniales, LGBTQIA2S+phobes constitue un défi en soit. Ce sont ces mêmes lois qui nourrissent les inégalités de genre et qui donnent toujours raison aux plus privilégié·e·s et aux héritièr·e·s bourgeois·e·s : ne les légitimons pas en nous les imposant à nous mêmes ! Nous sommes en colère face à la disparition des aides financières, de nos emplois, de leur précarisation ou encore à l’imposition d’un couvre feu basé sur aucune preuve scientifique reconnue. Ce n’est qu’une excuse pour légitimer le contrôle et la répression étatique. Cet argument sanitaire ne tient pas la route quand on voit qu’il n’est pas appliqué partout. Le gouvernement Legault montre encore une fois son vrai visage en protégeant l’économie au détriment des vies. Refusons cet avenir imaginé par des multimilliardaires, qui détournent notre attention par la peur tandis qu’ils profitent de l’exploitation des personnes les plus démunies.

Ces milliardaires, ce sont eux qui sont les premiers pollueurs et les derniers à en subir les conséquences. Ce sont leurs grosses corporations qui continuent d’exploiter le travail des migrant·e·s et de pratiquer l’extractivisme en territoires autochtones, au nom d’une croissance économique hypocrite dite « verte » ou encore de « développement durable ». En effet, tout le monde sait que la crise environnementale est un enjeu majeur et que celle-ci affectera en premier lieu les populations marginalisées. Pour elleux, c’est le statu quo à tout prix, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Ce qui est encore pire, aucune solution concrète n’est apportée et les listes d’attentes pour les soins sont encore pires qu’elles étaient avant la pandémie. Les médias ont profité de l’opportunité pour vendre des nouvelles anxiogènes sur le virus, éclipsant notamment les luttes en cours pour la défense des territoires. Ces luttes sont vivantes, et nous allons le leur rappeler.

Nous sommes tou·te·s perçu·e·s comme une masse de travail vide et remplaçable, mais tout n’est pas perdu. Ensemble, prêt·e·s à nous battre, nous sommes bien plus fort·e·s et bien plus nombreu·x·ses. Refusons cet avenir « ubérisé » et bâtissons un monde d’entraide et d’équité. Pour y arriver, nous devrons lutter par tous les moyens, et cela passe nécessairement par la reprise de la rue.

On se revoit le premier mai, à 16h, au parc Jarry (coin Gary-Carter et St-Laurent) !

Notre dignité en quarantaine – Un rapport d’anarchistes sur la Grèce

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Mar 222021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

(Cet article date du 22 avril 2020. Je le soumets parce que je pense qu’il s’agit de l’un des écrits anarchistes les plus convaincants que j’ai trouvés, qui capte le sentiment de la grande confusion de 2020. Je pense que ce texte a une énorme valeur littéraire et j’aimerais beaucoup le voir traduit en français.)

Ce tract a été distribué dans différents quartiers d’Athènes. Publié sur plagueandfire.noblogs.org

Tout a changé sans même qu’on ait le temps de s’en apercevoir. Du jour au lendemain, nous nous retrouvons enfermé dans nos maisons, en attente de la prochaine annonce qui, nous le savons déjà, comprendra plus encore de restrictions. La société est en crise, disent-ils, à cause de la propagation d’un virus. Le gouvernement insiste sur l’importance de faire ce qu’il demande pour ainsi agir de façon responsable et solidaire. Il assure que l’état d’urgence est temporaire, mais nécessaire pour gagner le combat contre ce qui compromet sérieusement notre bien-être… mais attendez un peu…

Quel virus? Présentement, on ne peut le savoir. Toutes les informations, nombres et statistiques qui justifient le confinement imposé est entre les mains du gouvernement et des spécialistes qui travaillent à son service. Ce n’est pas un déni de l’existence du virus qui court, mais la reconnaissance de ses caractéristiques, de sa propagation comment y faire face. Les données concernant son impact sont entre les mains des scientifiques du monde entier, qui souvant ne s’entendent même pas entre eux sur la manière de les interpréter ou sur les conclusions pratiques qu’elles impliqueraient. La conclusion des autorités en revanche est simple; ils le savent, nous ne le savons pas.

Pour ces raisons, nous leur devons une obéissance totale. Les médias de masse jouent magnifiquement leur rôle traditionnel de serviteur du système. Ils décident de ce qui existe en démontrant et en répétant l’histoire selon les autorités, ne laissant pas un millimètre d’espace aux voix déviantes de toutes sortes. Leur travail consiste à planifier les assises des prochaines décisions toujours plus totalitaires. Après tout, un virus n’est-il pas l’ennemi parfait? Invisible et potentiellement partout, chaque personne contrevenant à la règle inventée devient complice de cet ennemi avec les amendes et les peines de prison comme justifications à l’oppression. Ainsi, le contexte parfait est créé pour faire briller l’État en tant que sauveur ultime.

Quelle responsabilité?

Impossible d’ouvrir un journal ou de passer à la télévision sans qu’on nous dise de «prendre nos responsabilités». Qu’est-ce que cela signifie? On nous demande de suivre aveuglement les ordres des politicien.nes, mais ne sont-ils pas les mêmes bureaucrates dont nous nous méfiions auparavant? N’ont-ils pas prouvé déjà tant de fois qu’ils étaient avides et corrompus parce que beaucoup d’eux sont plus motivés par des intérêts personnels que par le bien commun? N’a-t-il pas été démontré à maintes reprises que leur soif de pouvoir est plus grande que leur sens de justice ou de raison?

Ce sont les mêmes personnes qui nous demandent de leur faire confiance, sans poser de questions, et qui appellent cela «prendre ses responsabilités». Ne serait-ce pas en réalité faire le contraire? En fait, ce qu’on nous demande c’est d’abandonner tout jugement, toute pensée critique et toute autonomie pour se souscrire au contrôle gouvernemental extrême dans tous les aspects de notre vie.

La mascarade continue. Nous devons obéir aux mesures extrêmes de «solidarité». N’est-il pas cynique d’entendre ces mots de la bouche des représentants d’un système basé sur l’exact antonyme de solidarité? Toute l’année nous devrions courir comme des poules sans têtes pour se soumettre au jeu de la concurrence, être exploité.es, être chassé.es par des flics pour quelque raison que ce soit et être volé.es par des fonctionnaires qui se satisfont de faire leur travail. Et maintenant ils osent nous parler de solidarité?

Comment osent-ils agir comme s’ils se souciaient de notre bien-être? Qu’en est-il des millions de personnes qui vivent dans la pauvreté pour que ces fonctionnaires puissent être riches? Qu’en est-il de toutes les personnes qui meurent pour leur boulot de merde, au profit de l’implacable machine économique? Qu’en est-il de ceux et celles qui sont torturé.es dans les commissariats de police par les bourreaux de l’État en uniforme? Qu’en est-il des milliers de immigré.es qui meurent aux frontières chaque année? Où est le gouvernement dans ces moments-là avec ses grands discours sur la solidarité?

Alors qu’ils essaient de nous faire avaler leurs théories hypocrites sur la solidarité, nous voyons que le confinement enferme des tas de gens dans des circonstances invivables. Les enfants gardés sous le perpétuel joug de parents violents par exemple, ou les conjoint.es, maris et femmes coincés dans des relations abusives. Des milliers de migrant.es sont piégé.es dans des camps dans des conditions pires que d’habitude. Dans les prisons, ils ont interrompu toutes les visites tout comme l’accès des détenu.es au matériel, à la nourriture et aux vêtements provenant de l’extérieur. Les espaces vides dans les prisons sont utilisés pour isoler les détenu.es présentant des symptômes du Coronavirus, ces espaces étant vides dans la plupart des cas, ne pouvant plus accueillir des détenus.

On peut imaginer l’effet que cela aura sur la santé des prisonniers qui y seront jetés. Dans les prisons italiennes, des révoltes massives ont éclaté après l’introduction de restrictions générales. C’est probablement le seul moyen pour les prisonnier.ères de sauver leur dignité vu les conditions dans lesquelles ils sont contraints. En Espagne et en France également, les prisonniers se lèvent et ripostent comme le font d’autres prisonniers dans le monde. L’État ne sait pas ce que signifie la solidarité et ne s’est jamais soucié de notre bien-être. Comme toujours, ce sera à nous de prendre soin les uns des autres et veiller à ce que ceux et celles qui en ont besoin reçoivent un soutien. Lorsque le gouvernement utilise le mot solidarité, ce n’est que pour culpabiliser ceux et celles qui n’obéissent pas à leurs ordres et pousser les gens à intérioriser son autorité.

Quelle crise?

Et on nous dit que nous sommes en crise. Peut-être que quelqu’un nous dira le moment venu que nous ne sommes pas en crise? De la crise financière à la crise climatique, en passant par la crise des migrants et la crise du COVID-19. Il semble que le système porte beaucoup de noms différents pour ce qui s’avère toujours être des périodes utilisées pour restructurer son pouvoir, pour élargir et intensifier son oppression. Dans ce cas – surtout dans ce cas – ce ne sera pas différent. L’idée d’une condition de crise a toujours été utilisée pour contextualiser une nouvelle évolution totalitaire du pouvoir. Le rythme sur lequel cette évolution est forcée n’est pas toujours le même bien sûr. Plus ils peuvent donner une apparence de crise imminente, plus le changement peut être grand et rapide. Il va sans dire que la «crise» actuelle donne au gouvernement (à tous les gouvernements) le contexte idéal pour faire des pas de géant dans le développement de leurs mécanismes de contrôle et d’oppression.

A qui l’urgence?

On répète sans cèsse que les mesures prises sont «temporaires». C’est un mensonge. De nombreuses occasions dans le passé nous ont montré qu’au moins une partie des mesures des «états d’exception» ont été conservées par la suite et ont été inscrites dans des lois qui ne devaient jamais être récupérées. Un des meilleurs exemples de ce fait est le 11 septembre qui aura changé à jamais la capacité des États à suivre, retracer et enregistrer les personnes. À des époques plus récentes où les attaques terroristes ont servi de prétexte pour introduire de nouvelles façons de traduire en justice quiconque n’est pas d’accord avec l’État, faire descendre l’armée dans les rues, renforcer la collecte générale des données, etc. En Grèce, le nouveau gouvernement n’a-t-il pas annoncé l’état général d’urgence dans la capitale visant la répression totale des indésirables (sans-abri, anarchistes, toxicomanes, squatteurs, etc.) depuis l’année dernière?

Nous savons tous qu’un travail acharné est fait pour perpétrer l’image d’une «crise» (dans ce cas, une sorte de «crise sécuritaire») pour justifier la soif absolue de pouvoir du gouvernement, ce qui implique que son comportement fasciste et ses politiques totalitaires seraient «nécessaires mais temporaire»… Et maintenant, que se passe-t-il massivement? Les gens se tournent vers Internet pour leurs besoins, tous leurs besoins. De la communication à la consommation, du travail à la détente. En un clin d’œil, une grande partie de la vie a été délibérément transférée dans le cyberespace. De cette manière, il devient encore plus facile pour l’État de suivre, d’enregistrer et de surveiller l’activité quotidienne de quiconque. Par-dessus tout, c’est notre propre volonté et capacité à s’accomoder aux problèmes causés par notre emprisonnement de masse, qui aident à le normaliser pour finalement l’accepter. La gestion de la situation telle qu’on la connait apportera un ensemble inimaginable d’expériences, d’outils et de savoir-faire qui peuvent et seront récupérés chaque fois que cela est jugé nécessaire par ceux qui sont au pouvoir.

Quelle guerre?

Toutes ces objections et critiques sont indésirables et même dangereuses, parce qu’après tout, nous sommes «en guerre». Une guerre biologique contre la nature. N’est-ce pas le propre des temps modernes? Nous oublions de plus en plus comment vivre avec et dans la nature en multipliant et en intensifiant nos guerres contre elle.

Tout notre mode de vie repose sur l’exploitation de la nature et, si cette réalité n’est pas bientôt renversée, sa destruction totale. C’est peut-être l’arrogance occidentale qui s’illusionne que nous sommes au-dessus de toutes choses et devons élargir nos façons de les contrôler.

Pour la société «civilisée», la nature est toujours regardée dans l’optique de sa valeur pratique. Lorsque nous sommes confrontés à quelque chose qui cause de l’inconfort, tout sera mis en place pour l’apprivoiser, le manipuler ou l’éradiquer. Une guerre constante est donc menée, contre la nature, contre la vie et contre la mort. Il est devenu inimaginable que nous ne posséderions pas la nature, mais en ferions partie et que cette situation mondiale pourrait en être la preuve… Bien sûr, personne ne veut mourir, ni voir ses proches mourir ou souffrir. Nous voulons vivre!

Est-ce que survivre dans un contexte restreint est la même chose que vivre? Est-il possible de vivre dans une cage ou pouvons-nous au mieux survivre dans une cage? Sommes-nous prêt.es à éliminer toutes possibilités de vie pour avoir de meilleures chances de survie? On pourrait dire que ce sont des questions philosophiques bonnes pour passer le temps, mais rien à voir avec la vraie vie. Il se trouve qu’en ce moment même, toute vie nous est interdite parce qu’on nous dit que c’est la seule façon de survivre. Chaque jour dans l’isolement est une atteinte à notre autonomie, à notre capacité à penser et à agir par nous-mêmes, à vivre, à aimer et à lutter.

La quarantaine a été refusée parce que notre dignité ne peut y survivre. Le confinement se doit d’être rompu parce que notre désir de liberté ne peut être contraint!

La statue de la reine Victoria vandalisée après le couvre-feu à l’occasion de la Saint-Patrick

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Mar 192021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin déclare: Finissons-en avec la monarchie au Canada! Fin aux monarchies partout!

Montréal, 17 mars 2021 – La Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin s’est réunie à soi-disant Montréal lors d’une célébration anticoloniale de la Saint-Patrick; la brigade a défié le couvre-feu pour recouvrir à nouveau la statue de la reine Victoria de peinture rouge. La statue en bronze emblématique de la reine Victoria, inaugurée en 1900, est située sur la rue Sherbrooke sur le campus de l’Université McGill.

Selon Pádraig Patel, membre de la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin: « Le legs brutal de la monarchie britannique est de nouveau le point de mire dans les médias. La famille royale est un symbole de racisme et de colonialisme. Oublions les distractions des célébrités, et attablons-nous à nous débarrasser de la royauté, de façon conjointe avec les mouvements pour la justice sociale».

Un autre membre de la brigade, Sujata Sands, mentionne: « Nous regrettons ne pas avoir pu déboulonner la statue ce soir, comme les personnes sympas l’ont fait en août dernier avec la statue de Macdonald ».

Un troisième membre de la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin, Lakshmi O’Leary, avance: « Mettez tous les members de la famille royale britannique dans une limousine et donnez-leur un chauffeur français saoul ! »*

Dans les mots de la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin en 2019: « La présence de statues de la Reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités. Le règne de la reine Victoria représente une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne a représenté un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué. »

Attaques précédentes contre les statues de la reine Victoria à Montréal:

* Henri Paul était conducteur du Mercedes de luxe qui transportait la Princesse Diana lors de son accident mortel à Paris en 1997. Chaque membre de la monarchie britannique mérite un conducteur français saoul.

Communiqué du COBP : 25e manifestation annuelle pour la Journée internationale contre la brutalité policière

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Mar 182021
 

Du COBP

15 mars 2021

Ce soir se tenait la 25e édition de la manifestation annuelle contre la brutalité policière. 25 ans de marche, 25 ans de répression systématique à son endroit, comme une tradition annuelle de mauvais goût. Pour cet anniversaire important, le SPVM a décidé de laisser la marche se dérouler, mais avec un encadrement très serré, les très nombreux policiers bousculant les personnes qui ne suivaient pas leurs règles.

Nous avons manifesté dans Parc-Extension, un quartier ouvrier, pauvre et à majorité migrante, parce que ce quartier est menacé par la gentrification, comme plusieurs autres à travers la ville. Le nouveau quartier technologique à la mode du Mile-Ex et l’arrivée d’un nouveau campus de l’Université de Montréal sont responsables de la gentrification de Parc-Ex de ce qui vient avec : les évictions de nombreux locataires, qui ne pourront pas se permettre de se reloger dans le quartier, l’explosion des prix et les boutiques huppées et une augmentation de la surveillance policière, pour protéger les nouveaux et nouvelles résident·e·s plus riches et pour mettre de l’ordre dans le quartier, pour effacer les résident·e·s que la ville pousse désormais à la rue.

Comme quartier pauvre et avec une large population racisée, le harcèlement policier fait partie de la vie quotidienne de Parc-Extension. Même si cela fait des années que la police promet de régler le problème du profilage racial à Montréal, rien de concret n’a été fait et la répression continue. Les abus policiers graves sont toujours monnaie courante. Dans Parc-Ex, ce qui est arrivé à Mamadi Camara récemment en est un bon exemple. Que l’on manifeste dans Parc Ex, c’est encore toléré, mais dès que nos regards se sont tournés vers Ville Mont-Royal les policiers ont sorti leurs dents, leurs matraques et leurs boucliers.

C’est un hasard aussi ironique que triste que ce 25e anniversaire soit souligné sous le thème de l’abolition de la police. Le COBP réitère que cette solution, qui peut sembler radicale si on s’arrête à ce seul slogan, est la seule possible afin d’enrayer la violence systémique de l’État à l’endroit des personnes vulnérables ou marginalisées. Les nombreux groupes et mouvements ayant mené la lutte à nos côtés depuis les 12 derniers mois, suite au meurtre abhorrant de George Floyd par Derek Chauvin, viennent rejoindre une lutte que le COBP mène depuis sa création, soutenus par un nombre grandissant de gens qui se lèvent pour scander haut et fort le ras-le-bol collectif de leur communauté : à bas la police, nous ne nous laisserons plus tuer impunément dans NOS rues.

Il n’y aura jamais de paix sans justice, et jamais de justice tant que l’institution policière existera pour protéger le statut quo de l’ordre capitaliste.

Pour terminer, nous faisons un appel à témoins : si vous avez été arrêté·e, brutalisé·e ou si vous avez été témoin d’une arrestation ou d’un cas de brutalité policière, svp communiquez avec le COBP à : cobp@riseup.net

Nous vous rappelons également de faire attention à ce que vous publierez comme photos et vidéos sur les médias sociaux.

LE COBP

Podcast: Le verger au complet Ep. 2 – Pourquoi abolir la police

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Mar 172021
 

De la Convergence des luttes anti-capitalistes

La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) publie aujourd’hui le deuxième épisode d’une série de podcasts nommée Le Verger au complet. Le Verger au complet vise la diffusion d’information relative à l’abolition de la police et des prisons, mais proposera aussi des épisodes portant sur des thématiques plus précises telles que la justice transformatrice, les prisons de migrant.e.s, la criminalisation de la dissidence et plusieurs autres.

Dans ce deuxième épisode, on vous partage une entrevue avec une personne impliquée avec le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP), collectif notamment à l’origine de la manifestation annuelle du 15 mars — qui arrive à grands pas!!! — ayant cette année comme thème l’abolition de la police. Depuis 25 ans cette année, le COBP offre un soutient aux victimes de brutalité policière, informe sur les droits des personnes face à la police et dénonce toutes les formes de violence policière. Voici où le trouver : https://www.clac-montreal.net/fr/node/769. La version qui s’y trouve est en format mp3.

Vous aimez ce deuxième épisode du Verger au complet et souhaitez le partager? Toute diffusion sera extrêmement appréciée!

Si vous l’avez manqué, on vous suggère aussi d’écouter notre premier épisode: HIS-1312 – Introduction et histoire de la police (https://www.clac-montreal.net/fr/node/763).

En grève du travail du sexe contre les violences

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Mar 142021
 

De la revue Ouvrage

Entretien avec Cari Mitchell du English Collective of Prostitutes

Par CATS – Comité autonome du travail du sexe à Montréal, un projet d’organisation politique autonome de travailleuse·eur·s du sexe basé à Montréal ayant pour but de revendiquer la décriminalisation du travail du sexe et plus largement, de meilleures conditions de travail dans l’industrie du sexe.

Cari Mitchell est une ancienne travailleuse du sexe et membre de l’English Collective of Prostitutes (ECP), un réseau de travailleuses du sexe au Royaume-Uni qui travaillent autant dans la rue que derrière des portes closes et qui revendiquent la décriminalisation de leur travail et une plus grande sécurité.

En l’an 2000, l’English Collective of Prostitutes (ECP) a organisé une grève du travail du sexe qui s’inscrivait dans le cadre de la grève mondiale des femmes à l’occasion de la Journée internationale des femmes. La Global Women’s Strike est une campagne internationale destinée aux organisations qui souhaitent mettre en avant le travail essentiel effectué par les femmes, qu’il soit non rémunéré ou sous-payé. Une grève du travail du sexe a été organisée à nouveau le 8 mars en 2014 et 2019 avec d’autres organisations de travailleuses du sexe. Les militantes du CATS (Comité autonome du travail du sexe à Montréal) ont demandé à Cari Mitchell de partager son expérience en tant que coorganisatrice de la grève.

CATS: Votre collectif existe depuis de nombreuses années et a adopté plusieurs stratégies politiques pour obtenir des droits pour les travailleuses du sexe. Comment la grève est-elle apparue comme une tactique pour obtenir la décriminalisation du travail du sexe ?

C.M.: Le collectif a commencé ses activités en 1975 et a été créé par des travailleuses du sexe immigrantes. Dès le début, nous avons demandé l’abolition des lois sur la prostitution et que de l’argent du gouvernement soit remis directement aux femmes pour que nous puissions arrêter le travail du sexe, si et quand nous le voulions. C’était et c’est encore surtout des femmes qui font le travail du sexe, surtout des mères et particulièrement des mères monoparentales qui font de leur mieux pour soutenir leur famille. Dans le ECP, nous nous battons également dans des affaires juridiques contre des charges comme le flânage, la sollicitation et la tenue de maisons closes. Peu importe ce pour quoi les gens viennent nous voir, nous les aidons. Nous sommes une organisation de différentes nationalités, races, âges, orientation sexuelle et genre.

Nous nous organisons également avec d’autres organisations. Nous faisons également partie de la Global Women’s Strike et de la campagne «Care Income Now». Comme les autres femmes, nous voulons que le travail de donner naissance et d’élever la prochaine génération soit pris en compte, valorisé et rémunéré. En tant que travailleuses du sexe, nous savons qu’avec cet argent pour le travail que nous faisons déjà, la plupart d’entre nous n’auraient jamais eu à se lancer dans le travail du sexe. Nous souhaitons que les personnes dénonçant le nombre de femmes qui se prostituent à cause de la pauvreté et du manque d’alternatives économiques fassent plutôt pression sur le gouvernement pour que celles-ci obtiennent de l’argent.

Nous sommes basées au Crossroads Women’s Centre à Londres et nous travaillons de près avec Women Against Rape, une organisation anti-raciste et contre les violences faites aux femmes. Nous travaillons aussi avec des organisations pour les personnes en situation de handicap – un certain nombre de femmes dans notre organisation ont un handicap ou ont un enfant ayant un handicap; elles travaillent pour couvrir les coûts associés à celui-ci. La Queer Strike, qui fait partie du mouvement LGBTQ au Royaume-Uni, est également une alliée, tout comme Support, Not Separation qui se bat pour que les enfants ne soient plus enlevés de leur mère – ce qui arrive dans une proportion effrayante, l’excuse étant de retirer les enfants de situations de pauvreté ou de violence conjugale. C’est très choquant. Nous connaissons plusieurs travailleuses du sexe qui ont commencé ce travail seulement pour nourrir leurs enfants, et qui après se les sont fait retirés par les services sociaux sous prétexte qu’elles n’étaient pas aptes à être mères.

Nous disposons également d’un réseau international, nous apprenons donc de toutes les expériences de ces groupes. Nous avons une organisation sœur à San Francisco, US PROS (The US PROStitutes Collective), ainsi qu’en Thaïlande, EMPOWER, qui est actuellement engagée dans une lutte massive pour la justice dans ce pays.

Nous faisons campagne pour la décriminalisation comme cela a été fait en Nouvelle-Zélande en 2003, un modèle qui a démontré pouvoir améliorer la santé et la sécurité des travailleuses du sexe. Cette loi enlève le sexe consentant du Code criminel ce qui veut dire que la police doit prioriser la sécurité plutôt que la poursuite criminelle.

Il y a une longue histoire de femmes qui se mettent en grève pour demander la reconnaissance de leur travail gratuit et sous-payé. En 1975, les femmes d’Islande se sont mises en grève et tout le pays était complètement paralysé. C’était fantastique! Il y a des photos de milliers de femmes dans la rue. Alors que les femmes étaient en grève, les présentateurs de nouvelles devaient avoir leurs enfants avec eux en studio. Ils devaient s’occuper de leurs enfants pendant qu’ils présentaient les nouvelles sur les femmes en grève!

Ainsi, nous avons toujours su que l’arrêt de notre travail est une façon d’attirer l’attention, de soulever les enjeux qui doivent être soulevés. Lors de la Journée internationale des femmes en 2000, la Global Women’s Strike organisait une grève des femmes dans plusieurs pays pour demander aux gouvernements de reconnaître et valoriser tout le travail gratuit que les femmes font. Les statistiques de l’ONU à l’époque montraient que les femmes faisaient les deux tiers du travail contre seulement 5% du revenu et 1% des avoirs totaux. À cette époque, nous travaillions déjà depuis quelque temps avec des travailleuses du sexe à Soho, quartier de Londres, qui est l’une des zones de red light les plus connues du pays. Les travailleuses du sexe qui y travaillent faisaient partie de notre réseau depuis plusieurs décennies et nous avons fait plusieurs campagnes avec elles contre le conseil local de Westminster qui fermait les appartements où les femmes travaillaient pour gentrifier le quartier. Les nombreuses travailleuses du sexe migrantes dans ce secteur étaient ciblées par la police qui les évinçaient, les arrêtaient et les déportaient, en utilisant l’excuse de les sauver du trafic sexuel. En discutant avec elles, les travailleuses du sexe de Soho nous ont exprimé l’intérêt de se joindre à la grève à l’occasion de la Journée internationale des femmes. À cette époque, les femmes travaillaient surtout dans des appartements, où les clients viennent frapper à la porte et attendent pour rentrer. Le jour de la grève, ces appartements étaient fermés, et les travailleuses du sexe de Soho se sont jointes à celles de plusieurs autres endroits, qui travaillaient de différentes façons. Nous nous sommes toutes jointes à la Global Women’s Strike.

Les femmes portaient des masques afin de ne pas être identifiées. Nous avons donc toutes porté des masques, alors personne ne pouvait dire qui était une travailleuse du sexe et qui n’en était pas une, et ce fut un succès fantastique. Nous avons reçu beaucoup de visibilité.

Une autre chose que nous faisons avec l’ECP est de faire connaître les réalités du travail du sexe – qui nous sommes et pourquoi nous le faisons, afin que les gens comprennent mieux de quoi il s’agit. Nous parlons des effets de la criminalisation sur notre sécurité et du fait que nous sommes des travailleuses comme les autres, pour la plupart des mères monoparentales qui font vivre leur famille, non seulement au Royaume-Uni, mais aussi dans d’autres pays. Bon nombre de travailleuses du sexe migrantes envoient de l’argent chez elles, partout dans le monde. Cette grève a donc été un grand pas en avant.

Nous avons continué à travailler avec les travailleuses du sexe de Soho, alors que le conseil municipal de Westminster continuait de les talonner. L’une des choses terribles provoquées par leurs décisions a été la fermeture d’appartements, les amenant à travailler dans la rue. Tragiquement, une femme a été assassinée en 2000, peu après cette grève. Elle était très connue au sein de notre réseau. Nous savions tout d’elle: elle s’appelait Lizzie et elle a été assassinée parce qu’elle faisait le trottoir après avoir été évincée d’un appartement de Soho. Aucune travailleuse du sexe n’a jamais été assassinée quand elle travaillait dans un appartement de Soho. Il est 10 fois plus dangereux de travailler dans la rue que de travailler à l’intérieur avec d’autres.

Les lois sur la prostitution, qui font en sorte qu’il est illégal de travailler à plusieurs pour la sécurité, rendent invisible l’industrie et nous rendent toutes vulnérables. En vertu de ces lois sur le flânage et la sollicitation – soit le simple fait d’attendre sur le trottoir et de parler à un client – les travailleuses du sexe peuvent être jugées coupables avec comme seule preuve les paroles d’un policier. Quand vous êtes déclarées coupables, vous avez un dossier criminel, et il est presque impossible de vous en sortir et de vous trouver un autre emploi. Alors, vous êtes coincées! La police utilise maintenant l’ordre public pour forcer les femmes hors des endroits où il y a des familles vers des endroits isolés. Si vous travaillez en groupe pour la compagnie et la sécurité, vos collègues peuvent prendre la plaque d’immatriculation de votre client quand vous partez et vous pouvez le lui faire savoir. Cela n’est pas possible si vous devez travailler dans des endroits isolés pour éviter l’attention de la police. Là où il y a de la répression policière, la violence et les meurtres de travailleuses du sexe augmentent.

À l’intérieur, il n’est pas illégal d’échanger de l’argent contre des services sexuels, mais tout ce qui doit être fait pour le faire de façon sécuritaire est contraire à la loi. L’aménagement et la gestion d’un appartement, la publicité et le paiement du loyer sont tous des actes illégaux. En d’autres mots, il est illégal de travailler en sécurité dans ce pays! Travailler ensemble veut aussi dire que vous pouvez vous assurez de la sécurité des unes et des autres et apprendre de vos collègues, non seulement sur comment assurer votre sécurité en travaillant, mais aussi comment avoir l’argent en premier, comment interagir avec les clients et comment faire le travail le plus vite possible. Un des problèmes de la répression policière est que nous sommes forcées de travailler seules.

Les pensées ont évolué – la presse, qui nous décrivait autrefois comme des filles de joie, n’ose plus le faire. On a beaucoup plus de respect pour les travailleuses du sexe. Le public est beaucoup plus conscient de qui sont les travailleuses du sexe. Il sait que plusieurs d’entre nous sont des mères, des migrantes, des personnes trans, des femmes racisées; il sait que nous sommes toutes des femmes vulnérables qui n’ont guère d’autres choix que le travail du sexe. La grève a donc été vraiment efficace pour susciter ces changements.

Les dernières grèves dans le cadre de la Journée internationale des femmes ont été organisées par d’autres organisations de travailleuses du sexe, mais nous avons été très présentes, en particulier pour celles de 2014 et 2019. Nous nous sommes organisées pour faire sortir les travailleuses dans la rue. Ce fut donc un grand succès. Les choses avancent. On n’en a pas toujours l’impression, mais les choses avancent.

CATS: Votre mouvement est en faveur de la décriminalisation et non de la légalisation. Pouvez-vous expliquer pourquoi vous pensez que ce modèle est la meilleure option pour les travailleuses du sexe ?

C.M.: Tout d’abord, la décriminalisation, gagnée en Nouvelle-Zélande en 2003, a eu un succès retentissant. Elle a été intégrée à la législation sur la santé et la sécurité. Les travailleuses du sexe affirment qu’elles ont plus de droits et une plus grande protection, et que leurs signalements à la police ne seront pas utilisés contre elles. Ce contexte favorise une réduction des actes violents, car les hommes savent qu’ils peuvent être dénoncés à la police et être poursuivis. Cela fait une énorme différence sur la sécurité des travailleuses du sexe et nous pensons que cela devrait être la norme partout.

La légalisation est une situation complètement différente. C’est de la prostitution gérée par l’État. Il devient nécessaire de s’inscrire auprès des autorités pour travailler légalement et la plupart ne peuvent pas faire cela. Cela crée un système à deux paliers: si vous pouvez vous permettre de vous identifier comme travailleuse du sexe, vous pouvez travailler dans les secteurs légalisés, mais la plupart d’entre nous ne peuvent pas être identifiées. Qui sait ce qui peut arriver si l’école de votre enfant, une travailleuse sociale ou les autorités sanitaires l’apprennent. Ce n’est tout simplement pas quelque chose que la plupart d’entre nous peuvent faire. D’ailleurs, dans les pays où il existe une légalisation, la plupart des travailleuses du sexe ne s’enregistrent pas et continuent à travailler illégalement. Dans les zones des Pays-Bas où il est connu que les personnes travaillent à l’extérieur, une personne qui entre dans la zone peut être identifiée comme une travailleuse du sexe. Au niveau international, les travailleuses du sexe ne font pas campagne pour la légalisation, nous faisons campagne pour la décriminalisation. Nous ne voulons pas être contrôlées par l’État, ni que notre façon de travailler le soit, ou encore l’endroit où nous travaillons.

CATS: Votre grève s’inscrivait dans le cadre d’une grève plus large des femmes au Royaume-Uni et à l’échelle internationale à l’occasion de la Journée internationale des femmes, afin d’attirer l’attention sur l’exploitation du travail des femmes dans tous les aspects de leur vie. Comment pensez-vous que le fait d’être une travailleuse du sexe peut se comparer à d’autres travaux féminisés ou non rémunérés comme les soins et le ménage?

C.M.: À bien des égards, c’est le même travail. Les clients viennent nous voir non seulement parce qu’ils veulent du sexe, mais aussi parce qu’ils veulent une personne qui leur soit sympathique, qui les écoute. Ça peut être pour un quart d’heure, pour une demi-heure, pour une heure, ou pour plus longtemps. Ils recherchent de l’intimité et veulent sentir qu’on s’occupe d’eux, qu’ils sont au centre de l’attention de quelqu’un pour un moment.

En fait, une des femmes de notre réseau faisait du travail sexuel avec un client, et agissait comme aide-soignante auprès de lui, c’était deux métiers qu’elle exerçait avec la même personne. Elle nous rapportait trouver beaucoup plus exigeant le travail d’aide-soignante que le travail du sexe.

En 2017, nous avons réalisé une enquête et nous avons constaté que beaucoup d’autres emplois étaient décrits par les femmes comme de l’exploitation et comme étant dangereux1. Le travail du sexe est l’un des emplois les plus dangereux, uniquement parce que les hommes violents savent qu’ils peuvent s’en tirer en étant violents envers nous. Ils savent que nous n’allons pas porter plainte aux autorités pour ne pas être poursuivies. C’est comme ça.

Donc, cette enquête était vraiment éclairante. Nous sommes allées à la Chambre des communes pour en faire le lancement. Il nous a été très utile de démontrer que beaucoup d’autres emplois sont décrits comme des emplois d’exploitation et dangereux. Le travail du sexe n’est pas unique en son genre.

Dans le travail du sexe, il est possible de gagner un peu plus d’argent en un peu moins de temps. C’est très important, surtout si vous êtes une mère ou si vous exercez un autre travail, par exemple en travaillant dans une banque ou ailleurs, et que le travail du sexe sert à compléter votre faible salaire. Plusieurs se retrouvent dans cette situation. De plus, l’accès aux emplois dans ce pays est tout autre pour les personnes migrantes. Plusieurs d’entre elles n’ont pas le droit de chercher un emploi. Sans oublier tou·te·s ceux et celles vivant dans la pauvreté et affecté·e·s par les discriminations, ce qui est le cas des personnes trans et des femmes racisées constamment confrontées au racisme sur le marché du travail. C’est pourquoi autant de personnes sont poussées vers l’industrie du sexe.

CATS: Comment organise-t-on concrètement une grève du travail du sexe? Comment faire en sorte que tout le monde puisse y participer, même les plus précaires? La whorearchy (la hiérarchisation des différents types de travail du sexe, certains étant plus respectables comme le strip-tease ou la webcam que le travail du sexe incluant un service complet2, en particulier celles qui travaillent dans la rue) est l’un des facteurs qui influencent le degré de criminalisation dont une personne fera l’objet. Cela a-t-il été un problème lors de l’organisation de la grève et comment pouvez-vous y remédier?

C.M.: Nous sommes actives depuis longtemps, nous avons un très grand réseau dans tout le pays, comme à l’international. Nous nous organisons avec des personnes qui travaillent de différentes manières, à l’intérieur et à l’extérieur, et tout le monde était invité à se joindre à la grève de l’année 2000. Les rencontres d’organisation réunissaient des personnes qui travaillaient non seulement à Soho, mais aussi à d’autres endroits. Nous nous sommes assurées que tout le monde puisse faire des suggestions. Nous avons également veillé à assurer la possibilité de demeurer méconnaissable, et qu’il serait possible de participer sans devoir s’identifier comme travailleuse du sexe et compromettre sa sécurité. La sécurité des femmes ne serait pas compromise puisque tout le monde porterait des masques.

Sans égard à leur façon de travailler, les strip-teaseuses comme les personnes travaillant en ligne ont pris part à la grève. Nous étions vraiment déterminées à ne pas être divisées selon nos façons de travailler. Nous sommes toutes affectées d’une certaine manière par les lois, peu importe comment nous travaillons, mais pour nous c’était très important de mettre à l’avant-plan la situation des personnes qui travaillent dans la rue, qui sont les plus confrontées aux lois, les plus stigmatisées et les plus vulnérables vis-à-vis de la police et d’autres violences. C’est donc ainsi qu’on nous connaît; on ne tolérera pas de reproches sur la façon dont les gens travaillent, ce n’est tout simplement pas à l’ordre du jour. Nous travaillons toutes pour l’argent parce que nous en avons besoin et nous choisissons de travailler de différentes manières, selon ce qui convient le mieux à notre vie. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons réussi à organiser la grève de 2000 et celles qui ont suivi. Parce qu’elles savaient que nous ne serions pas divisées les unes contre les autres.

CATS: Ici, à Montréal et dans le reste du Canada, la plupart des syndicats et des organisations féministes traditionnelles sont toujours en faveur du modèle nordique3. Comment était-ce d’organiser une grève du travail du sexe au sein d’un mouvement féministe plus large? Comment avez-vous fait pour développer une alliance avec la gauche et le mouvement féministe?

C.M.: Les féministes condamnant la prostitution ont toujours été là, mais à l’époque, en 2000, elles n’étaient pas vraiment intéressées à se dresser contre nous, et les syndicats non plus. Depuis, le modèle nordique est devenu un enjeu à traiter. Nous saisissons toutes les occasions pour l’aborder, par exemple en allant à des conférences syndicales, en nous exprimant lors d’entrevues avec des féministes dans les médias. Il est évident que la criminalisation des client·e·s ne nous aidera pas, mais qu’elle poussera tout le monde dans la clandestinité et augmentera la stigmatisation. Tous les pays où le modèle nordique a été implanté ont connu une augmentation de la violence contre les travailleuses du sexe. Ces femmes qui se proclament féministes sont en fait le plus grand obstacle à la décriminalisation. Si elles allaient plutôt voir le gouvernement pour lui dire : «Eh bien, nous ne pensons pas que les femmes devraient se prostituer, mais nous pensons que les femmes devraient avoir suffisamment d’argent pour ne pas avoir à le faire», ce serait formidable! Mais ce n’est pas ce qu’elles font; elles adoptent un point de vue moral pour dénoncer la prostitution et en font leur carrière en s’y opposant comme politiciennes, journalistes ou académiciennes. Lors de la grève internationale des femmes en 2000, il y avait des milliers et des milliers de femmes qui marchaient dans les rues. Il y avait des groupes de féministes qui se tenaient sur le bord de la rue avec des pancartes bizarres, mais elles n’ont jamais été en mesure de contrer ce que les travailleuses du sexe affirmaient publiquement.

La sécurité des femmes est un sujet que le gouvernement ne devrait pas pouvoir argumenter. Nous avons ici un prestigieux comité gouvernemental qui a passé un an à faire une vaste recherche sur la prostitution et qui a recommandé en 2016 sa décriminalisation, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Aussi, que les dossiers criminels pour prostitution soient effacés afin que les travailleuses du sexe puissent trouver un autre emploi. Il a aussi été recommandé que la prostitution ne soit pas confondue avec la traite humaine. Mais ces recommandations n’ont pas été prises en compte; le gouvernement a déclaré qu’il fallait faire plus de recherches ce qui signifie juste plus d’argent entre les mains de certain·e·s universitaires. Mais même les universitaires qui ont fait plus de recherches n’ont pas été capables de présenter le genre de contre-rapport qu’ils et elles voulaient tant produire.

Les lois doivent changer et elles changeront. Avant, une femme divorcée était considérée comme une traînée, mais plus maintenant, les choses ont changé, il y a eu un mouvement de femmes. La décriminalisation aura lieu parce que les travailleuses du sexe sont un élément clé du mouvement international de femmes.

CATS: La critique des frontières et la façon dont elles sont presque toujours exclues du discours sur la traite des êtres humains semblent constituer une grande partie de votre campagne. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?

C.M.: Nous avons beaucoup de femmes migrantes dans notre réseau et beaucoup d’entre elles demandent l’asile, fuyant d’autres pays et essaient de survivre. Selon la législation du Royaume-Uni, les demandeur·se·s d’asile sont censé·e·s vivre avec 37 £ par semaine; c’est une somme dérisoire! Donc, pour survivre et peut-être pour envoyer de l’argent chez elles, le travail du sexe est l’une des options qui s’offrent à ces femmes.

Nous savons également de notre expérience, non seulement à Soho, mais aussi dans d’autres villes du pays, que la police cible les femmes migrantes sous prétexte de sauver les femmes des trafiquants. Nous en avons fait une priorité de contrer ce discours. Par exemple, à Soho, les femmes disent : «écoutez, on ne nous force pas, nous travaillons ici parce que nous devons travailler et envoyer de l’argent à notre famille. Chaque centime que nous gagnons, nous l’envoyons à notre famille». La seule contrainte à laquelle nous sommes soumises est celle de ne pas avoir assez d’argent sans faire le travail du sexe.

Les meilleures recherches ont montré que moins de 6 % des travailleuses du sexe migrantes sont victimes de la traite. C’est pourquoi, lorsque nous nous exprimons publiquement, nous nous assurons de contredire la publicité que la police reçoit lorsqu’elle effectue des descentes. Il est clair que ces descentes n’ont rien à voir avec le sauvetage des femmes de la traite, mais plutôt avec le programme d’immigration du gouvernement, qui consiste à expulser le plus grand nombre possible de personnes migrantes. Les femmes qui sont arrêtées sont souvent envoyées dans les centres de détention pour personnes migrantes et souvent expulsées contre leur volonté. C’est terrible.

CATS: Selon vous, quelles sont les prochaines étapes du mouvement des travailleuses du sexe au Royaume-Uni ? Quel est l’impact de la COVID sur la façon dont vous vous mobilisez ?

C.M.: Je suis sûr que c’est la même chose dans votre pays, mais la COVID n’a fait qu’exacerber tous les enjeux. Tout d’abord, tout le monde a essayé d’arrêter de travailler. Les gens étaient et sont toujours dans cet horrible dilemme : soit vous arrêtez de travailler pour ne pas rendre votre famille vulnérable au virus, soit vous n’avez pas d’argent pour les nourrir. Et vous ne pouvez pas payer votre propriétaire si vous travaillez à l’intérieur. Ou vous pouvez aussi décider de continuer à travailler et avoir un peu d’argent, mais vous devez alors être très très prudentes avec les clients et la police qui peut vous poursuivre.

Les personnes qui ont continué à travailler ont pris des précautions très strictes avec les clients. Pendant le confinement, plusieurs ont pratiquement arrêté parce qu’elles craignaient que leurs voisins, la police ou autres autorités ne les attrapent d’une manière ou d’une autre et d’avoir des ennuis avec la justice, puis d’avoir une autre situation à gérer. De manière horrible, la répression policière s’est poursuivie dans plusieurs zones, ce qui est scandaleux.

Certaines organisations de travailleuses du sexe ont fait un excellent travail pour collecter des fonds pour celles qui ne pouvaient pas continuer à travailler, et nous avons aidé à distribuer cet argent aux personnes de notre réseau qui en avaient besoin. Mais nous avons décidé, pendant que ce travail de qualité se poursuivait, que nous nous concentrerions à faire pression sur le gouvernement pour qu’il reconnaisse le travail des travailleuses du sexe, qu’il accorde une amnistie aux arrestations et pour que les travailleuses du sexe puissent facilement avoir accès à tous les types de revenus d’urgence. Mais le gouvernement n’a pas mis de l’avant la moindre mesure pour permettre aux travailleuses du sexe d’obtenir cet argent. Nous nous sommes assurées, dans notre campagne publique, que ce point soit visible et cela a, en fait, réuni quelques membres du parlement. Nous avons demandé à tout le monde sur notre liste de diffusion d’écrire à leur député local et de faire pression sur ceux-ci pour qu’ils soulèvent ces questions au parlement, et certains l’ont fait. Le gouvernement nous est revenu en disant : «les gens peuvent avoir accès à une prestation appelée Crédit universel», qui est très difficile à obtenir, qui prend du temps à se rendre jusqu’à vous et qui ne suffit pas pour vivre. Aujourd’hui, les gens sont bien plus au courant que ces prestations sont très faibles, car de nombreuses personnes dans ce pays doivent y recourir d’une manière ou d’une autre pour survivre pendant cette période de COVID.

La COVID a rendu clairs beaucoup d’enjeux, à commencer par la quantité de travail de soin que font les femmes, en s’assurant que les personnes dans les communautés aient suffisamment de nourriture, que tout le monde aille bien. Elle a également clarifié la brutalité du gouvernement. Par exemple, dans les résidences de soins4, les personnes âgées n’étaient pas du tout protégées contre le virus. On envoyait les personnes dépistées positives des hôpitaux vers les résidences de soins, et bien sûr, des centaines et des milliers de personnes âgées sont mortes. Mais le gouvernement en est très heureux; il n’a pas eu à payer leurs pensions! Le gouvernement vient d’annoncer que des milliards de Livres sterling iront à l’armée, donc nous savons qu’il y a de l’argent. Il a dû organiser tout un système de permission pour que les gens reçoivent 80% de leurs salaires s’ils sont temporairement licenciés. Nous savons donc que l’argent est là et nous savons qu’ils nous ont menti quand ils nous ont dit qu’il n’y avait pas d’argent. Il est très clair qu’ils ne se sont pas organisés pour s’ assurer que les travailleur·euse·s des hôpitaux et des résidences de soins bénéficient de toute la protection dont iels avaient besoin. C’est la même chose avec les travailleuses du sexe, ils ne se soucient pas vraiment de savoir si nous vivons ou mourons. Je pense que les gens sont encore plus sceptiques qu’avant à l’égard du gouvernement.

Quand on parle du travail du sexe, il est clair que la criminalisation sert à nous diviser : il y a les bonnes et les mauvaises filles. Les bonnes filles travaillent dans un supermarché et les mauvaises filles font du travail du sexe. On continue de nous criminaliser parce que sinon, nous serions dans une position où nous pensons que plus d’argent nous est dû de la part du gouvernement. Nous ne nous laisserons pas diviser ainsi, de la même manière que nous ne nous laissons pas diviser par la façon dont nous travaillons. En Nouvelle-Zélande, la décriminalisation n’a pas entraîné une augmentation énorme du nombre de personnes qui s’adonnent au travail du sexe, car cela dépend plutôt de la situation financière du pays. C’est seulement que vous n’êtes pas criminalisées pour avoir gagné de l’argent de cette façon. Les gouvernements doivent soutenir le mouvement international des travailleuses du sexe et si on appuie notre lutte sur notre sécurité et nos droits, nous allons gagner!

1 Le rapport «What’s A Nice Girl Doing In A Job Like This: a comparison between sex work and other jobs commonly done by women» peut être retrouvé en ligne.

2 Dans le jargon, un service complet est un service qui inclut une pénétration.

3 Essentiellement, la criminalisation des clients et des tiers partis.

4 Traduction libre de ‘’care home’’

As-tu peur de la police ?

 Commentaires fermés sur As-tu peur de la police ?
Mar 082021
 

Du COBP

Quand la police s’attaque aux personnes blanches …

Le rôle de la police est de faire peur. Nos éluEs ne s’en cachent pas : quand ils prescrivent un couvre-feu avec des amendes allant jusqu’à 6000$, ielles parlent de « traitement choc », de « passer un signal », et dans ce travail ielles considèrent les policièrEs comme leurs « alliéEs ».

Le travail de la police, c’est le travail de la répression, de l’imposition de force de lois décrétées par un gouvernement qui ne représente qu’une minorité de la population, élu par moins de 25% des personnes ayant le droit de voter. Il ne faut pas se méprendre : le virus est réel et dangereux, et des mesures sanitaires sont nécessaires. Mais plus le temps passe, et plus on se rend compte que les mesures choisies se basent sur les pressions des lobbyistes [1] et vont en contradiction avec tous les avis scientifiques, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs [2].

… comme elle le fait pour les personnes racisées

Peu importe la validité scientifique des mesures, les flics s’en donnent à coeur joie, et ne se cachent même plus pour faire du stalking de certains groupes, comme par exemple les juifs hassidiques d’Outremont. Peu importe que mononc’ Gontran fait des party à chaque fin de semaine à Longueuil, il faut des flics pour compter le nombre de juifs qui entrent et qui sortent de chaque synagogue d’Outremont.

Parce qu’autant qu’on s’insurge contre les mesures qui nous sont actuellement imposées, autant qu’on les qualifient de liberticides et d’injustifiées scientifiquement, de sans coeur pour les personnes vulnérables … ces mesures sont le business as usual pour les communautés racisées de Montréal.

Prenons un exemple, la lutte contre les gangs de rue. Qui connait le travail de l’escouade Eclipse ? Qui a déjà vu leurs voitures passer dans ses rues, stationnées sur le bord d’un parc durant les fêtes de son quartier ? Si vous habitez en-dehors de Montréal Nord, la réponse est fort probablement pas. Et si vous habitez Montréal Nord, il est impossible de l’ignorer, car elle est partout.

Et alors que la gentrification pousse les personnes plus pauvres, souvent racisées, en périphérie de Montréal, la police les suit. Un quartier noir est en émergence à Laval, qui fait face à un service de police uniformément blanc et ouvertement raciste [3]. La réaction de la ville de Laval ? Créer sa propre escouade Eclipse [4].

On va en laisser une au SPVM : on ne peut pas les blâmer de faire du profilage racial quand l’esprit des lois est essentiellement raciste. Une brigade anti-gang de rue ne va pas sévir à Brossard. Il y a des gang de rue formés de jeunes blancHEs, mais ce n’est pas l’image qu’en font les médias. Ce n’est pas l’image propagée par la police. Ce n’est pas l’image que s’en font les covidiots qui vont faire la fête avec mononc’ Gontran. Alors, faut pas se le cacher, quand l’assemblée nationale passe une loi antigang, c’est essentiellement d’une loi anti-jeunes noirEs qu’on parle.

Quand le gouvernement passe un couvre-feu, il sait que ça ne fera pas mal à sa base qui vote pour lui, parce qu’ielles ont touTEs une maison, une cour arrière. Pis leur chalet dans le nord est toujours accessible, vu que les trajets entre les régions sont toujours possibles. Le gouvernement sait que ça fera mal aux douze personnes immigrantes de Parc-Ex, entasséEs dans le même deux et demi pas de galerie miteux de Parc-Ex. Mais il s’en fout, ces personnes ne votent pas pour lui, quand on leur laisse le droit de voter.

L’ « affaire » Camara

Parlant de Parc-Ex, l’affaire Camara n’est pas la goutte qui a fait déborder le vase pour les communautés racisées. Loin de là ! Le vase déborde depuis longtemps :
• Depuis la mort d’Anthony Griffin en 1987, tué alors qu’il était sans armes et qu’il obéissait aux ordres du policier Allan Gosset. Le policier n’a pas été blâmé pour ce meurtre, même s’il avait déjà une réputation de battre ses suspects.
• Depuis le meutre de Freddy Villanueva en 2008, ce qui n’a pas nuit à la carrière du policier Jean-Loup Lapointe, qui a été promu par la suite.
• Depuis l’assassinat de Bony Jean-Pierre en 2016. Le policier Christian Gilbert a été innocenté, même s’il est entré dans l’espace confiné d’un appartement en sachant très bien qu’il avait dans ses mains une arme potentiellement létale à moins de cent mètres.
• Depuis le meurtre de Nicolas Gibb en 2018, tué alors qu’il était en détresse et qu’il marchait en s’éloignant des policièrEs.
• Depuis le meurtre de Sheffield Matthews en 2020, tué alors qu’il était lui aussi en détresse.

Le traitement infligé à Camara n’est donc pas une surprise. Le rôle de la police est de faire peur, celle-ci ne peut pas accepter que quiconque lève la main sur elle. La police doit maintenir le monopole sur la peur, et pour ce faire elle se fait elle-même vengeance pour tout tort qu’elle pense avoir subi, peut importe ce que les lois spécifient.

Le passage à tabac de Camara, son incarcération pendant six jours, le saccage de son appartement, le traitement infligé à sa femme et à ses enfants … tout ça entre dans le programme de peur de la police. Peu importe que ces actions soient illégales : le rôle de la police n’est pas d’appliquer la loi, mais de faire peur, et il faut que les communautés racisées aient peur de la police. Et s’il y a des pots cassés, des vies brisées, ce n’est jamais le policier pris en faute qui paye.

Parce que si les personnes cessent d’avoir peur de la police, c’est tout le statu quo qui est menacé. La peur pourrait alors changer de camp : quel scandale ce serait si les boss avaient peur de leurs employéEs ! Si c’était les slum lords qui craindraient leurs locataires, les racistes qui auraient peur des personnes racisées ! Quel serait le scandale si c’est tout le Système qui aurait peur !

Le mot en « s »

Ah, le fameux mot en « s », « s » pour systémique pour reprendre l’expression de Boucar Diouf [5]. On va en donner une à mononc’ Legault, parce qu’il faut lui donner ça. Son refus de reconnaître le racisme systémique au Québec a motivé la publication d’une infinité de témoignagnes. Ces témoignages dépassent la sphère policière : discrimination à l’embauche, discrimination pour l’accès au logement, racisme en éducation, racisme en milieu hospitalier, et on en passe.

Le refus de reconnaître le racisme systémique est l’expression la plus pure du maintien du statu quo actuel. Du statu quo qui s’assure que les personnes racisées auront toujours les emplois de marde, les appartements de slum lords, les écoles pourries, et pas de pension parce qu’ielles mourront jeunes d’une maladie non-diagnostiquée.

Les lois mises en place visent à maintenir ce statu quo, qui assure que les personnes blanches auront en majorité le haut du pavé : les bons emplois, de bonnes maisons, de bonnes écoles, de bons hôpitaux, et surtout, un siège confortable à l’Assemblée nationale. Tsé, quand un chef de parti politique cite à répétition les mensonges de Rebel News et que c’est une personne qui dit que ça serait bien qu’on soit juste un peu moins raciste qui se fait rentrer dedans, tu sais tout ce qu’il y a à savoir sur le « système » québécois [6].

Le rôle de la police

Oui, il y a du profilage racial dans la police, oui il y a des flics racistes. Mais au final, la police n’est que la partie émergée de la répression envers les personnes racisées. La partie cachée de la répression, c’est la personne noire qui se fait sous-évaluer sa maison [7]. C’est la personne autochtone qui se faire refuser son assurance [8]. C’est la personne immigrante qui se fait refuser un prêt à la banque [9]. C’est Joyce Echaquan qui se fait tuer dans un hôpital. C’est Raphael André qui meurt dans une toilette chimique. C’est le genou qui t’écrase la gorge depuis ta naissance, et que tu ne peux pas vraiment connaître si tu n’es pas né avec.

Et toute cette répression qui assure que les personnes blanches se trouvent en haut, et les autres en bas, n’est possible que parce que le rôle de la police est de faire peur. Alors, on peut bien chiâler que les mesures sanitaires actuelles sont liberticides et sans raison, ce qui est vrai. Mais il faut se souvenir que cette répression policière, c’est le quotidien de toutes les personnes non-blanches à Montréal.

Parce que c’est ça, le rôle de la police, c’est de faire peur. C’est seulement plus évident pour nous, personne blanches, maintenant que les lois s’attaquent à notre liberté. C’est seulement plus visibles, maintenant que la police nous suit, maintenant qu’elle s’intéresse à nous.

Et quand il s’agit de faire peur, il n’y a qu’une chose de vraie : la police au Québec fait très bien son travail.

[1] On donne un « fuck you » tout spécial au lobbyiste anti-choix Vincenzo Guzzo.
[2] En voici deux : https://www.cbc.ca/news/politics/herd-immunity-should-not-be-supported-t… et https://www.ctvnews.ca/health/coronavirus/tam-urges-provinces-not-to-loo…
[3] Voir notamment : https://www.journaldemontreal.com/2020/08/12/plaque-au-sol-pour-une-video
[4] Sur l’escouade Eclipse à Laval : https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-affaires-criminelles/affai…
[5] Sur le mot en « s » : https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-02-20/le-mot-en-s-pour-syst…
[6] Sur les propos du chef du bloc : https://www.ledevoir.com/politique/canada/593277/politique-federale-le-b… Et sur la personne racisée qui se fait censurer : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/595416/la-censure-ordinaire
[7] Oui, c’est un exemple américain. Mais si tu penses que ça n’arrive pas au Québec, j’ai un pont à te vendre : https://thehill.com/policy/finance/housing/513770-florida-couple-says-ho…
[8] Au sujet des assurances : https://www.lapresse.ca/actualites/enquetes/2020-12-11/compagnies-d-assu…
[9] Voir : https://www.reuters.com/article/us-wells-fargo-immigration-idUSKBN1AK1VK

Déclaration des détenu-e-s du Centre de détention de Laval

 Commentaires fermés sur Déclaration des détenu-e-s du Centre de détention de Laval
Mar 052021
 

De Solidarité sans frontières

Sept détenu-e-s de la prison pour migrant-e-s de Laval continuent la grève de la faim débutée le 1er mars 2021. Les grévistes ont préparé une déclaration pour annoncer leur grève, dénoncer leur situation et exiger leur libération.

Déclaration des détenu-e-s du Centre de détention de Laval

Nous sommes un groupe de migrant-e-s détenu-e-s au Centre de détention de Laval.

Par cette présente lettre nous voulons d’une part dénoncer les conditions dans lesquelles nous sommes détenu-e-s au Centre. Depuis un certain temps, le virus du COVID s’est introduit dans la prison. Les mesures sanitaires prises par les agents de l’immigration sont nettement insuffisantes.

Certains des détenus ont déjà contracté le COVID. D’autres se plaignent de douleurs s’apparentant aux symptômes du COVID mais ne reçoivent que des Tylenol. Nous souffrons beaucoup.

Nous avions aussi été confinés dans des chambres séparées sans recevoir aucune assistance psychologique. Nous sommes désemparés et avons très peur pour notre santé.

Selon nous, utiliser la détention comme politique d’immigration est en tout temps une mesure inhumaine et injuste, avec ou sans COVID.

D’autre part, nous annonçons que nous avons commencé une grève de la faim à durée indéterminée à partir du 1er mars pour contester le traitement dont nous faisons l’objet.

Nous demandons à être libérés du Centre de détention de Laval car c’est un espace propice à la propagation du virus et ce n’est qu’une question de temps avant que nous tous ne soyons contaminés.

Ceci est un appel à l’aide. Nous voulons être traités avec dignité et surtout nous voulons bénéficier d’une protection en cette période de pandémie comme tout citoyen canadien.

Signatures : Marlon, Carlos Martín, Rafael, Mehdi, Alan, Karim, Freddy

Pour plus d’info: https://www.solidarityacrossborders.org/fr/act-now-second-group-of-detainees-on-hunger-strike-at-the-laval-migrant-prison