Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

mtlcounter-info

Des Montréalais tiennent un mémorial pour un prisonnier décédé et appellent à l’action

 Commentaires fermés sur Des Montréalais tiennent un mémorial pour un prisonnier décédé et appellent à l’action
Mai 252020
 

Du Groupe anti-carcéral

Le 24 mai, Montréal – À 14 heures aujourd’hui, une caravane de plus de 30 véhicules a visité la prison de Bordeaux à Montréal. Les manifestants ont créé un mémorial pour le prisonnier décédé, Robert Langevin, et ont appelé à des actions immédiates et importantes pour assurer la sécurité des prisonniers et des communautés. Un message des sœurs de M. Langevin a été diffusé, tandis que les véhicules, décorés de slogans tels que «Les prisons tuent» et «Libérez les tous», ont klaxonné, scandé des slogans et brandi des banderoles en solidarité avec les prisonniers à l’intérieur.

Robert Langevin, un prisonnier de 72 ans dans l’Établissement de Bordeaux, est décédé de la COVID-19 dans la nuit du 19 au 20 mai. Profondément malade, M. Langevin avait demandé de l’aide au personnel de l’établissement à plusieurs reprises, et avait même déposé une plainte auprès le Protecteur du citoyen le 27 mars. Ses sœurs, Thérèse et Pierrette Langevin, ont envoyé un message aux participants, qui était écrit sur des affiches et fixé à la clôture entourant la prison de Bordeaux.

“Cher Robert,” lisait le message, “c’est avec un coeur lourd que nous te disons: Adieu, mon frère, tu as toujours été un battant, toujours là pour tout le monde. Aujourd’hui, c’est le monde qui est là pour toi. Ils ont entendu ton cri du coeur. Ils veulent te dire qu’ils sont là pour toi afin de dénoncer l’injustice présente, à travers les murs. Tu n’es pas seul – On est là – On t’aime.”

En plus d’honorer M. Langevin, les participants ont également appelé le gouvernement du Québec à prendre des mesures immédiates et concrètes pour assurer la sécurité des prisonniers et des communautés. Jean-Louis Nguyen était un des cinq participants dont un proche est incarcéré à Bordeaux. “On est ici pour honorer la mémoire de M. Langevin, mais aussi pour rappeler au public qu’il y a malheureusement encore des détenus en difficultés; ils sont isolés, malades, sans soins et coupés de leur famille depuis des semaines,” a dit Nguyen. “Il faut à tout prix éviter un autre cas tragique comme celui de M. Langevin.”

Ted Rutland, membre du Groupe anti-carcéral, a déclaré que le ministère de la Sécurité publique du Québec doit libérer les prisonniers pour permettre une distanciation sociale. «La principale réponse du gouvernement du Québec à la crise du COVID-19 dans ses prisons a été d’enfermer les détenus 24 heures sur 24 dans leurs cellules. Il y a des prisonniers à Bordeaux qui sont enfermés dans leurs cellules depuis 30 jours maintenant, avec peu de contact avec l’extérieur. C’est littéralement de la torture », a déclaré Rutland.

Rutland a noté que des provinces comme l’Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta et la Nouvelle-Écosse ont libéré 25 à 45% de leur population carcérale pour protéger les détenus et les communautés contre la COVID-19. Le Québec, en revanche, n’a identifié qu’un faible pourcentage de prisonniers pour un possible libération. Les derniers chiffres suggèrent que seuls 29 prisonniers provinciaux ont été libérés grâce à cette mesure, et les avocats affirment que les prisonniers qui pourraient se prévaloir du décret continuent de se faire refuser une libération anticipée.

Les participants ont également décrié les mauvais traitements infligés aux prisonniers à Bordeaux depuis la crise sanitaire. Une participante dont le conjoint est incarcéré n’a pas pu le contacter depuis deux semaines et elle s’inquiète pour sa sécurité. La femme, qui préfère ne pas être nommée, a conduit les participants aux chants de «Solidarité» et «Vous n’êtes pas oubliés». Les prisonniers à l’intérieur ont crié de leurs cellules, et un va-et-vient retentissant s’est poursuivi pendant une demi-heure.

Catherine Lizotte, qui s’implique pour aider Robert Langevin et sa famille, estime que l’événement a atteint son objectif. «Je veux que les prisonniers sachent que nous pensons à eux, que nous les aimons», a-t-elle affirmée. «Et nous continuerons de nous battre pour leur libération.»

La foule est partie après une heure, au moment où quatre voitures du SPVM sont arrivées pour observer. En violation du code disciplinaire du SPVM, une voiture de police a fait jouer la chanson d’Akon, «Locked Up», sur le haut-parleur.

 

Des photos de l’événement sont disponibles à https://bit.ly/2TBMTaV

Pour plus d’informations, contactez:

Groupe Anti-carcéral
anticarceralgroup@riseup.net

Art et anarchie 2020

 Commentaires fermés sur Art et anarchie 2020
Mai 252020
 

Du Salon du livre anarchiste de Montréal

lost.claws

@stormie_petrel

Anarkism.info
No Jail No Juvi

CK, Katarokwi/Kingston

Mae B

➝ Alice + S, Edinburgh
➝ Harvey Hacksaw in Olympia, WA

➝ Katarokwi/Kingston

➝ Olympia, Washington

➝ Surrey

@mittlevandejag

noprisons.ca / Zola

LOKI

Naomi RW

Zola



Appel pour « Art et Anarchie » à distance

La vingt et unième édition du Salon du livre anarchiste de Montréal prend une allure radicalement différente cette année, mais nous nous efforçons de créer autant de liens à distance que possible lors de cette journée de « rassemblement » du dimanche 17 mai 2020. À cette fin, au lieu de notre habituelle exposition « Art et Anarchie » dans l’espace physique du Salon, nous lançons un appel aux gens pour créer et partager de l’art anarchiste et des bannières dans les rues de leurs villes et communautés à travers le monde. C’est une manière d’incarner l’amour et la solidarité qui nous unit, et aussi de démontrer concrètement que nous sommes toujours là, que l’anarchie est toujours bien vivante.

L’idée est simple, en date du 17 mai ou avant :
– Afficher de l’art de rue/ou une bannière – votre création ou celle d’unE autre
– Prendre des photos ou demander à unE amiE de le faire
– Publier la/les photos sur les réseaux sociaux, ou demander à des amiEs de le faire, avec le hashtag #ArtAndAnarchy. Incluez l’emplacement, de manière aussi évasive ou spécifique que souhaitée.
– Partagez avec nous à info@salonanarchiste.ca afin que nous puissions le publier sur notre site web et potentiellement l’utiliser, avec votre permission, dans un zine post-salon du livre.

Aidez nous à répandre le mot partout. Ce serait tellement beau de voir l’art et l’anarchie se propager à travers les frontières et les murs du monde entier et nous rendre plus près les unEs des autres.

Hamilton : Sabotage ferroviaire en solidarité avec la lutte des Wet’suwet’en

 Commentaires fermés sur Hamilton : Sabotage ferroviaire en solidarité avec la lutte des Wet’suwet’en
Mai 232020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

En utilisant la méthode des câbles et fils de raccordement décrite ailleurs, le système de signalisation d’une ligne principale du CN à Hamilton a été saboté la semaine dernière. Cela s’est fait dans la continuité de la solidarité avec les chefs héréditaires Wet’suwet’en et les protecteurs du territoire. Les travaux sur le gazoduc Coastal GasLink de TC Energy se poursuivent sans le consentement des chefs et malgré le protocole d’accord signé entre les chefs, la Colombie-Britannique et le Canada. Les gouvernements coloniaux et l’industrie capitaliste n’indiquent pas qu’ils respecteront la souveraineté des Wet’suwet’en.

Cette action a été menée pour soutenir et amplifier cette lutte et pour encourager d’autres à étendre les actions de solidarité au-delà de la simple rédaction de lettres et des appels téléphoniques. Avec la décision finale d’investissement de la société d’investissement KKR dans la CGL plus tard ce mois-ci, il est particulièrement important de maintenir la pression. Les camps d’hommes de la GRC et de la CGL ne respectent pas la distanciation sociale, mais de notre côté, même en la respectant, nous pouvons bloquer la machine!

Appel à l’action lancé par des proches de détenus et des militants suite au décès d’une personne détenue à Bordeaux

 Commentaires fermés sur Appel à l’action lancé par des proches de détenus et des militants suite au décès d’une personne détenue à Bordeaux
Mai 212020
 

Du Groupe anti-carcéral

20 mai, Montréal – À la suite de l’annonce qu’un détenu de la prison de Bordeaux, âgé de 72 ans, est décédé de la COVID-19, des proches de personnes détenues et des militant.e.s demandent des mesures immédiates et importantes pour assurer la sécurité des détenus et de la communauté. Ce faisant, ils rejettent la déclaration de la Ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, selon laquelle les mesures préventives mises en œuvre par son ministère fonctionnent bien et qu’il n’y aurait pas de mesure supplémentaire à mettre en place.

Bordeaux est la prison provinciale la plus durement touchée par la COVID-19 au Canada. Le premier cas positif à la prison a été enregistré le 24 avril dernier. Depuis, le nombre de détenus infectés est passé à 92 et le nombre de cas infectés parmi les membres du personnel à 35. Malgré l’aggravation de la situation, la réponse de l’établissement et du ministère de la Sécurité publique a été déficiente. Des informations qui proviennent de la prison suggèrent que les gardiens de prison n’ont pas toujours eu accès au matériel sanitaire ou même, porté des masques et de gants. Pour leur part, les détenus n’ont jamais reçu d’équipement de protection individuelle adéquat. Plus important encore, aucune stratégie de dépistage n’a été mise en place par le Ministère dans ce lieu de détention. Depuis le début de la crise, le personnel n’a donc pas pu fournir des tests ou des soins de santé adéquats et ce, même  lorsque les détenus présentaient des symptômes. Selon les dernières informations, Robert Langevin, le prisonnier décédé, était gravement malade depuis plus d’une semaine et il n’aurait pas reçu les soins appropriés et auxquels il avait droit.

« Les circonstances qui entourent ce décès sont plus que troublantes. Le Ministère de la sécurité publique démontre par son inaction qu’il est indifférent envers les conditions de détention des détenus », a dit Jean-Louis Nguyen, dont le conjoint est incarcéré dans Bordeaux. « L’Établissement de Bordeaux n’a pas agi malgré les plaintes de M. Langevin concernant son état de santé depuis trois jours. Ce décès était évitable et à mes yeux, scandaleux. »

Plutôt que de fournir des soins de santé, la principale réponse à la crise de la  COVID-19 à Bordeaux a été le confinement. Depuis le 24 avril, de nombreux prisonniers sont confinés à leur cellule, 24 heures sur 24h. Cela signifie que les détenus non ni accès aux douches, ni aux télévisions (ce qui leur permettraient d’avoir accès à l’information), ni même à du matériel de lecture. Ils n’ont pas non plus accès aux moyens de communication, et plusieurs n’ont pas été en mesure de téléphoner aux membres de leur famille jusqu’au 12 mai dernier, moment où les autorités de l’établissement ont commencé à fournir aux détenus un appel téléphonique de 5 minutes tous les deux jours.

En plus de violer les droits fondamentaux des détenus, le confinement en cellule  24 heures sur 24  aggrave également leur état de santé physique et mentale. « Depuis le début, la prison a mis la santé des détenus en danger et n’a jamais fourni les soins dont ils ont besoin”, a expliqué une femme dont le partenaire est en détention provisoire à Bordeaux. « Mon partenaire est dans un secteur qui est en confinement 24 heures sur 24 depuis le 28 avril. Il souffre de douleurs à la poitrine et a demandé des soins médicaux, mais n’a rien reçu. Par respect aux droits de la personne, il faut améliorer les pratiques sanitaires, fournir les soins médicaux, et réduire massivement la population carcérale. »

Les prisonniers de Bordeaux sont exposés de force à la COVID-19 et privés de soins de santé appropriés. De nombreux prisonniers ont le sentiment d’avoir été laissés pour mort.  « Nous sommes des gens gluants et nous sommes clairement laissés ici pour mourir », a déclaré un prisonnier. « Personne ne propose un véritable plan pour empêcher la COVID de se répandre ici. Nous craignons pour nos vies plus que jamais. »

Les préoccupations des détenus se reflètent à l’extérieur, notamment chez les membres de leur famille. « La prison traite les gens comme des animaux”, a déclaré Valéry Goudreau, dont le partenaire est en détention provisoire. « Mon partenaire est malade, ils refusent de prendre soin de lui, et les gardiens lui refusent de la nourriture depuis quatre jours maintenant parce qu’il ne se mettra pas à genoux pour recevoir le plateau. Les détenus sont dans une situation dangereuse et la prison a choisi d’intensifier la répression plutôt que les soins de santé. »

La mort d’un détenu devrait être un moment de réflexion sur les mesures que le gouvernement du Québec et que  les établissements de détention ont mises en place pour assurer la sécurité des détenus et de la communauté. Alors que Geneviève Guilbault estime que son ministère a pris les mesures appropriées et que rien ne doit changer, les proches des détenus et les militant.e.s croient le contraire. « Depuis le début, les gens réclament la libération des prisonniers pour permettre une bonne distanciation sociale», a noté Ted Rutland, membre du Groupe anti-carcéral. « L’Ontario a libéré plus de 3 000 détenus et quatre autres provinces ont libéré 25 à 45% de leur population carcérale. Le Québec refuse de prendre de telles mesures, même si les prisons du Québec sont les plus durement touchées du pays et que 75% des prisonniers attendent d’être jugés et pourraient être facilement libérés sous caution. »

Alors que Mme Guilbault a annoncé le 6 mai qu’un petit nombre de prisonniers seraient éligibles à la libération, ces chiffres sont bien trop faibles pour faire la différence. « Nous avons maintenant la preuve que l’annonce de la Ministre le 6 mai était insuffisante et inefficace sur le terrain », a souligné Jean-Louis Nguyen. « En tant que proche, j’exhorte les autorités à intervenir, une fois pour toute, afin de prévenir qu’une telle tragédie ne se répète à l’intérieur de ces murs. Le Québec ne peut plus se permettre de continuer à négliger les personnes incarcérées. »

Pour plus d’informations, contactez :

Groupe anti-carcéral
anticarceralgroup@riseup.net

Tandis que le centre de détention de Laval se vide, l’ASFC défend l’idée d’imposer des bracelets GPS aux migrant.e.s

 Commentaires fermés sur Tandis que le centre de détention de Laval se vide, l’ASFC défend l’idée d’imposer des bracelets GPS aux migrant.e.s
Mai 142020
 

De Solidarité sans frontières

Mise à jour communautaire

#LibérezLesTous #StatutPourTous #GrèveDeLaFaimLaval #GrèveDeLaFaimBordeaux

Après deux mois de résistance par les détenu.e.s et les personnes qui les supportent, le Centre de détention de l’immigration de Laval est maintenant presque vide. Seulement deux hommes et une femme sont encore à l’intérieur, sous la surveillance de douzaines de gardiens et de gardiennes. Tandis que la lutte pour vider entièrement cette prison et pour s’assurer qu’elle ne rouvre jamais ses portes continue, nous faisons face à d’autres manières par lesquelles l’État contrôle les migrant.e.s et cherche même à établir de nouvelles formes de surveillance, en utilisant la pandémie comme prétexte.

À la fin du mois de mars, les personnes détenues à la prison pour migrant.e.s de Laval (gérée par l’Agence des Services Frontaliers du Canada (ASFC)) ont entrepris une grève de la faim courageuse durant huit jours pour exiger leur libération immédiate. À travers des déclarations écrites et des mises à jour audios quotidiennes, leur appel a reçu du soutien d’Halifax à Vancouver. Tandis que le gouvernement refuse d’accéder publiquement à la demande de les libérer tous et toutes – malgré que des gardiens et des gardiennes aient reçu des tests positifs pour la COVID dans les prisons pour migrant.e.s à Toronto et à Montréal – les libérations des détenu.e.s ont été accélérées à travers des audiences individuelles de révision des motifs de détention. Avec la suspension des déportations, il ne semble pas y avoir eu de nouvelles détentions et le centre s’est vidé.

Toutefois, les migrant.e.s sont aussi emprisonné.e.s dans des centres de détention provinciaux. Les prisons du Québec ont le taux d’infection de la COVID-19 le plus élevé de toutes les provinces, mais le gouvernement a refusé les demandes pour un plan de libération complet. À la place, des gardiens et des gardiennes ont utilisé du poivre de cayenne et la force contre des détenu.e.s ayant mené des actions afin de contester les conditions qui leur sont imposées et qui sont dangereuses pour leur vie. Le 5 mai, des détenu.e.s à la prison de Bordeaux ont répondu à ces conditions en entreprenant une grève courageuse de la faim qui continue au moment d’écrire ces lignes. Certain.e.s détenu.e.s migrant.e.s ont été transféré.e.s des prisons provinciales Leclerc et Rivière-des-Prairies (RDP) vers la prison pour migrant.e.s de Laval, puis ont été libéré.e.s. Le 28 avril, quinze hommes demeuraient à RDP pour des charges liés à l’immigration tandis que plus d’une centaine d’autres demeuraient dans des prisons provinciales à travers le pays.

Pour plusieurs migrant.e.s, sortir du centre de détention ne les a pas mené.e.s à beaucoup plus de sécurité ou de liberté. La libération implique souvent de payer une caution coûteuse (en effet, certaines des personnes les plus pauvres dans nos sociétés paient des milliers de dollars à l’État pour obtenir leur liberté). Plusieurs font encore face à une déportation potentielle et, entre temps, vivent dans des conditions de logement précaires sans revenu. Le processus de traitement des permis de travail est actuellement suspendu pour ceux et celles qui nécessitent des données biométriques et l’assistance sociale prend des semaines, voire des mois pour ceux et celles qui sont éligibles. Les conditions de libération peuvent inclure des rapports réguliers à l’ASFC, une obligation de vivre avec la personne qui assume la caution et même des couvre-feux et le confinement dans des périmètres prédéfinis. De plus, à travers son nouveau programme de « solutions de rechange à la détention », l’ASFC sous-traite le contrôle des migrant.e.s à des tierces parties telles que la John Howard Society, qui supervisent au Québec des programmes punitifs de « gestion des cas » qui s’apparentent à des programmes de libération conditionnelle, parfois en combinaison avec des stratégies de traçage GPS et de reconnaissance vocale.

Sous le prétexte de la pandémie, l’ASFC tente actuellement d’introduire des bracelets de cheville pour localiser par GPS des migrant.e.s au Québec, en les « offrant » à plusieurs détenu.e.s comme un prix à payer pour leur liberté. Nous ne savons pas encore si des personnes ont déjà été libérées sous cette condition. Bien que les avocat.e.s peuvent s’opposer à ce que les bracelets soient imposés à leurs client.e.s, la riposte légale exige beaucoup de temps et peut sembler ne pas valoir la peine pour tous et toutes les avocat.e.s.

Le Québec commence à envoyer plus de travailleurs et de travailleuses dans des conditions dangereuses durant la pandémie, et le travail de construction de la nouvelle prison pour migrant.e.s de l’ASFC à Laval est aussi sur le point de reprendre. Tandis que plusieurs personnes continuent à devenir malades et à mourir dans des prisons et des centres de détention à travers le pays, et que de nombreuses personnes ont des difficultés à s’en sortir, il est terrible de constater que l’État choisit de continuer la construction d’une nouvelle prison et de détourner des ressources pour intensifier la surveillance des migrant.e.s.

Libérez-les tous et toutes ! Un statut pour tous et toutes !

Manifeste des détenus de Bordeaux

 Commentaires fermés sur Manifeste des détenus de Bordeaux
Mai 142020
 

De Anti-Carceral Group

Pour plus d’informations sur la grève de la faim et la situation à la prison de Bordeaux, lire un article précédent.

Un group de détenus dans le prison de Bordeaux, qui espère créer une comité de détenus, a communiqués les revendications suivantes à leur avocat le 11 mai, 2020: 

  1. Nous demandons la libération de plus de prisonniers, car ce qui fut annoncé la semaine dernière [l’annonce de la Ministre de la Sécurité Publique, Geneviève Gaudrault, le 6 mai] ne touche qu’une infime partie des détenus. À Bordeaux, il n’y a pas beaucoup de détenus qui remplissent les catégories visées par le décret. Il ne faut pas jouer avec la vie des gens – le COVID s’agit d’une maladie mortelle. Nous ne sont pas réassurés par les mesures prises à ce jour;

  2. Nous demandons que les prisonniers obtiennent trois jours envers leur peine pour chaque jour détenu dans Bordeaux, puisque les conditions sont totalement diminuées et inacceptables: il n’y a plus de visite, pas d’activités, pas de télévision, il n’y a plus rien a faire;

  3. Nous demandons que les prisonniers à qui il reste une an ou moins dans leur peine puissent bénéficier d’une remise hâtive;

  4. Nous demandons du matériel pour se protéger. À l’heure actuelle, nous avons des gants, mais du type pour servir la nourriture – ce n’est pas suffisant. Nous n’avons toujours pas de masques et nous demandons d’en obtenir;

  5. Des prisonniers dans certains secteurs se sont vu octroyer des «X-Box», pendant que d’autres n’ont pas. Nous demandons plus d’accès à des activités;

  6. Nous demandons la création et la reconnaissance par l’établissement de d’un Comité des détenus pour Bordeaux, afin de faire un seul front commun;

  7. Nous demandons d’être informés de l’utilisation du fond des détenus – où vont les sommes de ce fond?

 

Grève de la faim à Bordeaux

 Commentaires fermés sur Grève de la faim à Bordeaux
Mai 142020
 

De Anti-Carceral Group

Mise à jour : Le 11 mai 2020, un groupe de prisonniers à Bordeaux, visant à créer un comité des prisonniers, a communiqué une série de demandes à leur avocat. Vous pouvez le lire ici.

Le 5 mai, un groupe de prisonniers de l’Établissement de détention Montréal, plus connu sous le nom de prison de Bordeaux, a entamé une grève de la faim en réponse à l’escalade rapide de la crise de la COVID-19 dans l’établissement. Depuis le 8 mai, la grève de la faim s’est étendue à au moins quatre secteurs de la prison et d’autres gestes de résistance se sont multipliés.

Aucune demande officielle n’a été présentée au public, car les conditions à l’intérieur de la prison rendent actuellement presque impossible la communication entre les prisonniers. Cependant, des prisonniers individuels ont communiqué une série de revendications. Parmi celles-ci, on peut citer :

  • Fournir aux prisonniers des masques et du désinfectant pour les mains, s’assurer que le personnel pénitentiaire porte ses masques et ses gants en permanence, ainsi que de veiller à la bonne hygiène des cellules et des espaces communs.

  • Fournir aux prisonniers des informations actualisées et précises sur les infections et les tests de COVID-19 à Bordeaux et sur les mesures de sécurité mises en œuvre (y compris l’isolement des prisonniers infectés).

  • Tester immédiatement et continuellement tous les prisonniers et le personnel pénitentiaire pour la COVID-19.

  • Élargir l’accès à la libération pour raisons médicales (pour les prisonniers qui ont été condamnés) et fournir des audiences de libération conditionnelle accélérées (pour les personnes détenues avant le procès). Libérer autant de prisonniers que possible pour permettre la pratique de la distanciation sociale dans la communauté et mieux la permettre au sein de la prison (pour ceux qui ne sont pas libérés).

  • Pour les prisonniers qui ne sont pas infectés ou symptomatiques de la COVID-19, mettre fin au confinement 24 heures sur 24. Permettre aux prisonniers de passer du temps dans l’espace commun et leur assurer un accès quotidien aux téléphones de la prison.

  • Cette liste sera mise à jour advenant qu’une série de demandes collectives soit rendue publique.

Informations générales

Les conditions dangereuses qui ont déclenché la grève à Bordeaux s’intensifient depuis des semaines. Bordeaux est rapidement devenue la deuxième prison provinciale la plus touchée par la COVID-19 au Canada (après l’Ontario Correctional Institute à Brampton, Ontario). Le premier test de COVID-19 positif parmi les détenus de Bordeaux a été enregistré le 24 avril. Le 7 mai, le nombre de détenus infectés par la COVID était passé à 37, tandis qu’au moins 24 membres du personnel pénitentiaire avaient été testés positifs. Depuis le début de la pandémie, les prisonniers ont d’ailleurs critiqué le manque de protocoles de sécurité liés à la COVID mis en place dans la prison, ainsi que le manque d’informations fournies aux prisonniers.

Les informations sur la grève de la faim sont limitées et difficiles à obtenir. Les reportages des médias se sont largement appuyés sur les informations du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, une source très peu fiable. Les informations provenant des prisonniers sont plus fiables, mais en raison de l’isolation totale ou partielle en place (selon le secteur), il a été difficile pour les prisonniers de faire parvenir de l’information à l’extérieur et, plus encore, d’être au courant de ce qui se passe dans les différents secteurs de la prison.

Voici le tableau le plus complet et le plus fiable de la grève de la faim à la prison de Bordeaux, sur la base des informations transmises par les prisonniers à leurs familles, à leurs avocats et aux membres du groupe anti-carcéral.

Les origines et la propagation de la crise de la COVID-19

Le virus COVID-19 a d’abord frappé le secteur E, dans lequel 170 personnes sont emprisonnées. C’est dans ce secteur que sont détenus la plupart des prisonniers travaillant en cuisine et servant de la nourriture. La possibilité que des prisonniers infectés aient préparé ou touché la nourriture servie à l’ensemble de la prison a suscité une grande inquiétude lorsque la nouvelle s’est répandue.

Le secteur E a été placé en isolement 24 heures sur 24 (les prisonniers sont confinés dans leurs cellules) le 24 avril. Selon les informations les plus récentes, la quarantaine est toujours maintenue. Les prisonniers n’ont pas accès aux douches, à la cantine, ni aux téléphones de la prison. Les membres de la famille à l’extérieur n’ont pas pu contacter leurs proches et n’ont reçu aucune information de la part du personnel de la prison, y compris à savoir si leur proche est infecté ou non. Certains membres de la famille ont envoyé des lettres écrites, mais ne savent pas si elles ont été reçues et n’ont reçu aucune lettre en retour. Le 8 mai, un membre d’une famille a finalement été informé que les lettres sont reçues, mais qu’il est interdit d’y répondre.

Certains avocats qui ont des clients dans le secteur E ont pu organiser un appel téléphonique de 10 minutes avec leur client. Cela a nécessité des demandes répétées, par écrit et par téléphone, au personnel de la prison. Dans les cas où un appel téléphonique a été obtenu, un gardien de prison fournit un téléphone portable au prisonnier pour qu’il puisse passer l’appel de 10 minutes depuis sa cellule.

On ne sait pas exactement combien de prisonniers du secteur E ont été testés. Des rapports suggèrent que les prisonniers de ce secteur qui travaillaient en cuisine ont rapidement été transférés au secteur A et ce, sans avoir été testés. Le rapport d’un prisonnier laisse entendre qu’en date du 8 mai, à la fin de la journée, presque tous les prisonniers avaient finalement été testés.

Le 2 mai, le virus s’était propagé au secteur C, dans lequel 180 personnes sont emprisonnées. Le secteur a été immédiatement mis en quarantaine, avec les mêmes restrictions que le secteur E. Le reste de la prison a également été mis en quarantaine 23 heures par jour, les prisonniers étant autorisés à quitter leur cellule une heure par jour, mais sans pouvoir être dans l’espace commun. Depuis le 7 mai, ces restrictions ont été assouplies dans le secteur B, les prisonniers étant autorisés à sortir de leurs cellules 4 heures par jour.

Dans la soirée du 8 mai, certains prisonniers des secteurs E et C ont finalement été autorisés à passer un appel téléphonique de 5 minutes – leur première communication avec le monde extérieur en 15 jours. Comme pour les appels aux avocats, un gardien de prison a fourni un téléphone portable aux prisonniers pour qu’ils puissent passer l’appel.

Malgré cette situation désastreuse, le personnel pénitentiaire ne porte pas systématiquement de masques et de gants lorsqu’il se trouve à proximité des prisonniers, et des mesures d’hygiène adéquates font toujours défaut, dans les cellules comme dans l’espace commun. Un rapport d’un prisonnier datant du 8 mai suggère que les gardiens portent enfin des masques et des gants, mais que les prisonniers n’ont toujours pas accès à de l’équipement de protection personnel. Les secteurs E et C (et peut-être d’autres) ont été périodiquement privés d’eau courante pendant de longues périodes, ce qui rend le nettoyage et l’utilisation des toilettes impossibles. Il n’est pas clair si les gardiens sont testés pour la COVID-19.

Les gardes se moquent également des prisonniers, disant qu’ils seront infectés et qu’on les laissera mourir. Les gardes du secteur C exigent que les prisonniers s’agenouillent par terre pour recevoir leurs repas ; un prisonnier souffrant de problèmes auditifs, n’ayant pas compris l’ordre, a ainsi manqué plusieurs repas. Un gardien du secteur C s’est moqué d’un détenu de 18 ans en lui montrant un téléphone portable et en lui disant que sa mère était sur la ligne, avant de s’éloigner. Le niveau de stress des prisonniers continue à augmenter, et de nombreux sont ceux qui ont exprimé le sentiment qu’on est en train de les laisser mourir.

La grève de la faim et autres résistances

Face à cette situation de plus en plus dangereuse, les actes de résistance à Bordeaux se sont multipliés. Le 5 mai au matin, les prisonniers du secteur G ont entamé une grève de la faim, refusant de manger le repas qui leur était servi. Dans la soirée du 5 mai, les prisonniers des autres ailes se sont joints à la grève.

Les rapports sur les secteurs qui participent à la grève sont incohérents. Plusieurs sources ont confirmé la participation des secteurs D et G. Une source, soit une prisonnier de la section B, affirme que le secteur B participe également. Certains prisonniers, tout en refusant de manger les repas qui leur sont servis, continuent à manger la nourriture de la cantine.

D’autres actes de résistance ont également été signalés à Bordeaux.Ces rapports proviennent du syndicat des gardiens de prison. Ils doivent donc être traités avec prudence. Parmi les actes de résistance signalés, citons le bris de fenêtres, les crachats sur les gardiens, le bris d’objets dans les cellules et l’inondation des espaces communs. Les prisonniers du secteur E avaient été informés que leur confinement 24 heures sur 24 prendrait fin le 11 mai, après 17 jours. Lorsque le confinement n’a pas été levé, les prisonniers auraient mis le feu à du papier toilette et à des magazines et auraient fait déborder leurs toilettes. La prison a réagi en coupant l’eau.

Le 10 mai, une manifestation de bruit a eu lieu devant Bordeaux. Une caravane de 30 voitures, de laquelle faisaient partie trois personnes ayant des membres de leur famille emprisonnés à Bordeaux, s’est rendue à la prison, a klaxonné et agité des pancartes de protestation pour manifester du soutien aux prisonniers et dénoncer l’inaction du gouvernement québécois.

La réponse du ministère de la sécurité publique du Québec à l’escalade de la crise de la COVID-19 à Bordeaux a été minime. Le 6 mai, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a annoncé que certaines catégories de prisonniers seraient admissibles à une libération pour raisons médicales. Son annonce précisait que de telles libérations pourraient être possibles pour les prisonniers souffrant de complications de santé, s’ils ont été condamnés pour des infractions non violentes, et seulement à moins de 30 jours de la fin de leur peine. Cette annonce n’offre rien aux 75 % de prisonniers de Bordeaux qui sont en détention préventive (et qui n’ont donc pas été condamnés). Le Québec continue de refuser de suivre l’exemple de provinces comme l’Ontario et la Nouvelle-Écosse, lesquelles ont accéléré la tenue d’audiences de libération conditionnelle, afin de libérer les prisonniers en détention préventive.

 

Manifs de bruit à l’extérieur des prisons de la région de Montréal suite à la mort d’un prisonnier et à une grève de la faim

 Commentaires fermés sur Manifs de bruit à l’extérieur des prisons de la région de Montréal suite à la mort d’un prisonnier et à une grève de la faim
Mai 112020
 

De Anti-Carceral Group

Montréal, le 10 mai – À 14:00 aujourd’hui, une caravane de plus de 30 véhicules visitait le Centre Fédéral de Formation (un pénitencier fédéral à Laval), ainsi que la prison de Bordeaux (un pénitencier provincial à Montréal), demandant la libération immédiate de tous les détenus dans le contexte de la pandémie COVID-19. Les voitures, décorées de slogans tels que “La prison de devrait pas être une peine de mort” et “Libérez tous les détenus”, klaxonnaient et brandissaient ces bannières en solidarité avec les personnes à l’intérieur.

“Nous sommes ici aujourd’hui pour rappeler aux gens qui sont à l’intérieur de ces prisons qu’ils ne sont pas oubliés et que nous sommes là à travailler pour leur libération” dit Ellie Santon qui participait à la manifestation. “Ce qui se passe dans ces prisons est une crise créée par le gouvernement. S’ils le voulaient, ils pourraient résoudre tout cela dès demain. Ils semblent plutôt avoir l’intention de laisser les gens mourrir.”

Le 5 mai, Service correctionnel Canada (SCC) a annoncé qu’un détenu au pénitencier de Laval, le Centre de Formation Fédéral, est mort du virus. Il s’agit du 2e mort à l’intérieur d’une prison fédérale due à la pandémie. 138 détenus ont testé positif au virus COVID-19 jusqu’à maintenant au Centre de Formation Fédéral, ce qui en fait le plus grand foyer de contagion dans une prison fédérale au Québec.

“Le gouvernement a passé des mois à refuser d’agir et le virus a maintenant éclaté à l’intérieur des prisons et les gens meurent,” nous dit Virginia Boucher du Comité de support aux prisons. “Il n’y a pas de justification raisonnable pour ceci. Les gens doivent être libérés de prison immédiatement.” Les personnes en maison de transition doivent pouvoir vivre dans leur propre maison à temps-plein. Toutes les personnes libérées doivent avoir accès à un logement sans danger et à des soins de santé.”

Le 5 mai, les détenus de la prison de Bordeaux ont aussi débuté une grève de la faim qui s’est depuis répandue dans multiples secteurs de l’institution. Il y a plus de 60 cas de COVID-19 associés à la prison de Bordeaux où 75% des prisonniers sont en détention provisoire (avant procès, avant jugement), ce qui en fait le 2e plus grand foyer de contagion à l’intérieur d’une prison provinciale.

“Je suis inquiet pour mon compagnon qui est dans un des secteurs infectés,” nous dit Jean-Louis Nguyen, un participant à la manifestation-caravane. “Il a enfin été testé vendredi mais nous ne connaissons pas les résultats et son audience de libération conditionnelle vient d’être reportée de 2 semaines. Québec doit fournir de l’information publique sur ce qui se passe dans ses prisons et accélérer les mises en liberté sous caution ainsi que les audiences de libération conditionnelle afin d’évacuer de plus de personnes possible de prison et de les réunir avec leurs communautés”.

“Les prisons du Québec ont présentement le plus haut taux d’infection parmi toutes les provinces mais ils refusent d’agir,” dit Ted Rutland du Groupe anti-carcéral. “Les provinces comme l’Ontario et la Nouvelle-Écosse ont libéré des milliers de détenu.es en accélerant les audiences de libération conditionnelle ainsi qu’en libérant les personnes approchant la fin de leur sentence, mais Québec refuse de suivre l’exemple.”

La distanciation sociale est impossible à l’intérieur des prisons et les détenu.es encourent un risque élevé de contracter le virus COVID-19. Les soins de santé en prison sont épouvantables. À travers le pays, les gardes ont employé du poivre de cayenne ainsi que la force contre les prisonniers protestant contre leur situation. Il y a maintenant 500 cas confirmés de COVID-19 liés aux prisons dans tout le Canada.

#liberezlestou.te.s
#grevedefaimbordeaux
#bordeauxhungerstrike
#FreeThemAll
#FreeThemAllCaravan
#FreeThemAll4PublicHealth

Revue de l’année 2019

 Commentaires fermés sur Revue de l’année 2019
Mai 102020
 

De Montréal Antifasciste

En 2019, l’extrême droite québécoise a été bien plus calme qu’en 2018 et 2017, année de la création de Montréal Antifasciste. On peut relever plusieurs facteurs ayant contribué à cette situation :

  • L’arrivée au pouvoir de la CAQ en octobre 2018 a démobilisé un certain nombre de membres des groupes organisés, qui ont désormais un gouvernement partiellement sympathique aux revendications identitaires (ce qui ne signifie pas pour autant que les idées et courants d’extrême droite ont magiquement disparu, évidemment);
  • Des conflits internes majeurs, qui couvaient depuis un certain temps, ont éclaté au cours de l’année, notamment au sein de La Meute, mais aussi entre différents groupuscules, comme les Gardiens du Québec (LGDQ) et le Groupe Sécurité Patriote (GSP), et ont perturbé l’équilibre des groupes les plus importants et les plus structurés;
  • Profitant de cet affaiblissement des principaux groupes, un certain nombre de figures marginales et de « leaders négatifs » (Pierre Dion des « Gilets jaunes » du Québec, Luc Desjardins et Michel Meunier des LGDQ, par exemple, ou d’autres personnages rebutants comme Diane Blain) ont pris une place plus importante, contribuant à décrédibiliser et démobiliser de plus en plus l’extrême droite national-populiste;
  • Le travail soutenu des antifascistes pour identifier et dénoncer les éléments les plus radicaux, voire carrément fascistes ou néonazis, au sein de l’extrême droite québécoise a sans doute refroidi une partie de la base de groupes comme Atalante ou des groupuscules Alt-Right. Le mouvement antiraciste et antifasciste a également soutenu la mobilisation contre le courant national-populiste en 2019, dont le principal véhicule a été la soi-disant Vague bleue.

L’activité globalement ralentie de l’extrême droite québécoise ne signale en rien une victoire pour les forces antifascistes. Au contraire, avec un gouvernement populiste majoritaire à l’Assemblée nationale, lequel s’est empressé dans la première année de son mandat de promulguer la raciste Loi 21 sur la laïcité de l’État et d’adopter sous bâillon d’autres mesures anti-immigration, il est légitime de croire que plusieurs forces de la droite dure se sont simplement détendues sous l’impression d’avoir atteint l’un de leurs principaux objectifs. Cela dit, le calme relatif a été l’occasion pour nous de creuser un peu et d’effectuer un travail d’analyse plus fin, ce qui nous a amené-e-s à cerner deux tendances dominantes au sein de cette extrême droite. (Lire à ce sujet l’article Entre national-populisme et néofascisme : État des lieux de l’extrême droite au Québec en 2019.)

Nous prenons aujourd’hui le temps de dresser un portait des groupes qui ont été actifs en 2019 et de résumer les faits saillants des activités de l’extrême droite au Québec jusqu’au début de la pandémie de COVID-19, en mars 2020, qui constituera probablement un tournant pour l’extrême droite (et certainement pas seulement pour elle).

///

 

Les nationaux-populistes

Les « Gilets jaunes » du Québec (GJQ) et Pierre Dion

Le noyau dur des soi-disant “Gilets jaunes” du Québec, mobilisé à Montréal à l’occasion du défilé de la Fierté, le 18 août 2019, afin d’apostropher Justin Trudeau.

Les GJQ sont une poignée de militant-e-s identitaires n’appartenant à aucun groupe structuré et qui ont comme dénominateur commun une approche « post-factuelle » et complotiste (du genre à soutenir que la technologie5G est un outil du Nouvel Ordre Mondial pour dominer les peuples, par exemple…) et souffrent d’une désolante pauvreté intellectuelle (Fred Pitt, Iwane « Akim » Blanchet, Michel « Piratriote » Ethier, etc.). Ils et elles se fédèrent en plusieurs petits groupes à différents endroits du Québec, et sont tout au plus deux douzaines dans le grand Montréal. Les GJQ se sont rencontré-e-s sur Facebook en décembre 2018 en s’intéressant au mouvement des Gilets jaunes français. Leur compréhension du mouvement est toutefois faussée et celui-ci est considéré à tort comme une révolte contre l’élite « mondialiste ». Réuni-e-s virtuellement en décembre 2018, c’est dans les premiers mois de 2019 que les GJQ ont commencé à se réunir tous les samedis devant les locaux du réseau TVA à Montréal, dans le but de dénoncer le mauvais traitement de l’information par cette chaîne. (Loin de nous bien sûr l’idée de défendre le réseau TVA ou les autres organes du groupe Québecor, que nous considérons comme l’un des principaux vecteurs du repli identitaire et xénophobe observé au Québec depuis la prétendue crise des accommodements raisonnables, en 2007, et conséquemment de la montée du national-populisme dans les récentes années. L’esprit obscurci par différentes théories du complot, ou peut-être en raison d’une médiocrité intellectuelle de base, les soi-disant Gilets jaunes du Québec ne semblent pas se rendre compte que TVA et le Journal de Montréal sont leurs alliés objectifs dans la consolidation d’un mouvement identitaire de droite au Québec. C’est d’ailleurs encore devant les studios de TVA à Montréal que la première « Vague bleue » a eu lieu le 4 mai 2019.)

Luc Desjardins et Pierre Dion, des “Gilets jaunes” du Québec.

Quelques Gilets jaunes parmi les plus stridents (Michel Meunier et Luc Desjardins) se joindront plus tard au groupuscule Les Gardiens du Québec (LGDQ, voir ci-dessous) et seront parmi les militant-e-s les plus dévoué-e-s de la « Vague bleue ».

L’hurluberlu hors catégorie Pierre Dion, qui est apparu sur notre radar en 2018 en tentant d’organiser une manifestation anti-immigration à Laval, et qui a acquis en 2019 la réputation de « troll » grâce à un reportage de Télé-Québec, a été l’une des figures de proue des Gilets jaunes. (Lire à ce sujet le bilan d’action rédigé suite à la veille de solidarité avec les victimes du massacre de Christchurch, le 16 mars 2019.)

Le 18 août, espérant apostropher Justin Trudeau au passage, Pierre Dion et une poignée de cabochon-e-s lié-e-s aux Gilets jaunes du Québec se sont rendu-e-s harceler des participant-e-s du défilé de la Fierté à Montréal.

 

Les Gardiens du Québec (LGDQ)

(De gauche à droite, avec les t-shirts blancs) : Jean-Marc Lacombe, Stéfane Gauthier, Carl Dumont et Luc Desjardins, des “Gardiens du Québec”. Au centre (en bleu), Jonathan Héroux, alias John Hex.

LGDQ sont un petit groupe d’une quinzaine de militant-e-s, organisé-e-s dans la région de Bécancour/Trois-Rivières autour du couple formé par Martine Tourigny et Stéfane Gauthier. La plupart des membres semblent appartenir à leur famille élargie. L’hypothèse la plus plausible voudrait que ces membres proviennent en partie de « La Horde », une éphémère scission de La Meute. LGDQ disposent d’une équipe médic et d’une équipe de sécurité judicieusement baptisée SOT (pour « Sécurité opérationnelle sur le terrain »; ce sont dans les faits la même poignée d’énergumènes qui se mobilisent derrière Stéfane Gauthier en mode justicier du dimanche pour « protéger » les rassemblements nationaux-populistes.)

En se ralliant quelques militant-e-s à Montréal (notamment dans les rangs des soi-disant Gilets jaunes du Québec) et en s’associant au militant John Hex (Jonathan Héroux, proche de Storm Alliance), LGDQ est devenu le principal véhicule pour l’organisation de la « Vague bleue » à Montréal (en mai) et à Trois-Rivières (en juillet).

Au courant de l’année, LGDQ ont dégénéré sous l’influence toxique du raciste Michel « Mickey Mike » Meunier, lequel a notamment recruté dans le groupe Joey McPhee (alias Joe Arcand, un poseur néonazi) et a probablement initié avec Luc Desjardins le lamentable rassemblement sous la croix du Mont-Royal en novembre 2019. Pour autant que nous avons pu voir, cette « manifestation » ne comptait en tout et pour tout que quatre participant-e-s, tout-e-s des LGDQ, soit Michel Meunier, Luc Desjardins, Nathalie Vézina et Joey McPhee. Le « groupe » était apparemment ulcéré par une (fausse) rumeur voulant que l’Université McGill ait eu l’intention d’acheter la croix du Mont-Royal pour la démanteler! Voulant sans doute tirer le meilleur parti de l’occasion, ces « gardiens du Québec » se sont fendu-e-s d’un salut hitlérien avant de redescendre le Mont Royal.

(De gauche à droite) Michel Meunier, Luc Desjardins, Nathalie Vézina et Joey McPhee, des “Gardiens du Québec”, donne le salut nazi sur le Mont Royal, le 3 novembre 2019.

Le 22 novembre, quelques semaines après leur « coup d’éclat » du Mont-Royal, LGDQ s’excitent à nouveau. Ce jour-là se tient une manifestation au départ du square Victoria contre « l’ensemble des politiques identitaires portées par Simon Jolin-Barrette et la CAQ », et plus particulièrement contre la réforme du PEQ (Programme de l’expérience québécoise, qui permet aux étudiant-e-s étranger-ère-s d’accéder plus rapidement à la sélection québécoise afin d’être admissible à la résidence permanente canadienne). Cette manifestation est organisée par des associations étudiantes de l’UQAM et par le Syndicat des étudiants et étudiantes employé-e-s. Environ 150 personnes s’y rassemblent. Venu-e-s pour soutenir le gouvernement, huit militant-e-s des LGDQ et/ou proche des Gilets jaunes du Québec se réunissent à quelques mètres du rassemblement et se mettent à crier « vous vous soumettrez » ou encore « au Québec, c’est la laïcité » aux étudiant-e-s réuni-e-s. Se rapprochant du rassemblement, LGDQ sont confronté-e-s par quelques antifascistes présent-e-s sur place et s’ensuit un peu de brasse-camarade avant que la police n’intervienne pour séparer les deux groupes. Le reste de la manifestation se déroulera sans incident, sous haute surveillance policière.

Tout au long de l’année, un conflit larvé s’est graduellement envenimé entre LGDQ et le Groupe Sécurité Patriote (GSP, dont nous reparlerons plus loin) jusqu’à ce que les deux groupes en viennent aux mains lors de la manifestation du 26 octobre à Saint-Bernard-de-Lacolle.

Michel “Mickey Mike” Meunier

Il convient de s’attarder un peu sur le cas de Michel « Mickey Mike » Meunier. Celui-ci s’est démarqué en 2019 comme l’un des militant-e-s d’extrême droite les plus actif-ve-s à Montréal, et certainement parmi les plus disjoncté-e-s de toute la ménagerie. Au cours de l’année, et notamment dans la période précédant la première « Vague bleue », Meunier a pris l’habitude de sillonner les rues du Centre-Sud et de Hochelaga, à Montréal, pour arracher ou recouvrir tout signe de la présence de la gauche dans ces quartiers et pour y laisser des collants, affiches et graffitis à teneur raciste et identitaire. Il a aussi publié plusieurs vidéos passablement surréalistes où il manifeste une obsession malsaine pour les antifascistes, dont l’une où il se met en scène en train d’uriner sur un autocollant antifasciste dans une toilette du Comité social Centre-Sud. Au mois de décembre, Meunier a été arrêté (mais semble-t-il pas accusé) suite à une enquête sur des menaces en ligne faites au PM Justin Trudeau. Depuis l’arrestation de Meunier, les « gardiens » se sont fait-e-s très discret-e-s et se manifestent principalement en ligne. Meunier est quant à lui revenu à la surface récemment sur Facebook en portant un ressentiment évident à l’égard de Storm Alliance, qu’il accuse de l’avoir trahi… Il a aussi repris son habitude de coller des collants identitaires dans le quartier Centre-Sud de Montréal.

Un échantillon des collants que pose Michel “Mickey Mike” Meunier dans Centre-Sud et Hochelaga, à Montréal.

 

La « Vague bleue »

(De gauche à droite) Guillaume Bélanger, Stéfane Gauthier, Michel Meunier, Jonathan Héroux et Luc Desjardins ont été parmi les principaux promoteurs de la “Vague bleue”.

La prétendue Vague bleue a été la principale mobilisation des groupes nationaux-populistes en 2019, ou du moins de ceux se trouvant en-dehors de l’orbite de La Meute, laquelle perdait déjà de plus en plus sa force gravitationnelle. Le mouvement de la « Vague bleue » se voulait initialement une espèce de véhicule populaire portant un projet de « constitution citoyenne » pour le Québec, mais a vite pris un tournant islamophobe en réorientant son message principal autour d’un soutien forcené au projet de loi 21 sur « la laïcité de l’État ».

Si la première itération a connu un succès relatif (entre 300 et 400 personnes à Montréal, le 4 mai) malgré une agressive contre-mobilisation antiraciste, la deuxième manifestation (à Trois-Rivières, le 27 juillet) s’est avérée un échec cuisant, n’arrivant pas à mobiliser plus de 80 personnes. C’est à cette occasion que Diane Blain a prononcé un tristement célèbre discours dégoulinant de racisme, qui a eu un certain écho médiatique et probablement nui aux futurs rebonds de la « Vague bleue ». (Diane Blain avait déjà fait les manchettes en tant que membre de La Meute lorsqu’elle avait apostrophé Justin Trudeau lors d’un événement de relations publiques à Sabrevois, pas très loin de Lacolle, le 16 août 2018. Comme plusieurs, elle a depuis quitté La Meute, mais demeure active et bien visible dans le courant national-populiste de l’extrême droite québécoise.)

La “Vague Bleue” 2, à Trois-Rivières, le 27 juillet 2019.

Montréal Antifasciste a produit de nombreux articles et communiqués sur la « Vague bleue » et ses militant-e-s :

 

Storm Alliance (SA)

L’année 2019 a confirmé l’absence de leadership au sein de ce groupe qui a grandi trop vite et n’a jamais trouvé de direction claire après le départ de son fondateur, Dave Tregget. Suite à l’implosion de La Meute, SA a reçu de nombreux transfuges, qui ont suivi l’exemple de Steeve « L’Artiss » Charland et d’autres figures clés du (jadis) plus gros groupe identitaire au Québec.

SA est de moins en moins pertinent, et à part sa contribution de fier-à-bras à la « Vague bleue », le groupe n’a rien fait de bien marquant. On peut toutefois mentionner une manifestation « pour les enfants » à Québec en septembre, sous l’impulsion du complotiste et plaideur quérulent Mario Roy, qui mène une croisade contre la DPJ depuis des années. (Roy, lui-même un membre influent de SA, avait fait les manchettes plus tôt en 2019 lorsque le quart de l’argent recueilli en dons pour soutenir la famille d’une fillette tuée à Granby lui ont été remis pour financer sa croisade personnelle!) SA a bien essayé de se relancer durant le temps des fêtes avec un projet de paniers d’épicerie pour des familles dans le besoin, énième tentative de réinventer la roue et de faire dans le social pour redorer leur image. À leur décharge, les « stormeurs » ne ragent pas contre les réfugié-e-s à la frontière quand ils et elles sont occupé-e-s à remplir des paniers au IGA ou à manifester « pour les enfants ». L’activité de leur groupe Facebook, principal outil de mobilisation, semble être au point mort.

 

La Meute

Le contingent de “sécurité” de La Meute, lors de la “Vague bleue”, à Montréal, le 4 mai 2019.

Inutile désormais de présenter La Meute, le groupe national-populiste de loin le plus structuré et le plus important numériquement… jusqu’à son effondrement brutal en juin 2019. L’année 2018 s’était pourtant plutôt bien passée, avec la sortie médiatique de leur manifeste et la tenue de plusieurs actions très visibles dans le cadre de la campagne électorale provinciale. Le groupe s’était d’ailleurs attribué la victoire de la CAQ et le départ du libéral Philippe Couillard, et promettait d’être très visible dans l’actualité de 2019. Le tandem Sylvain « Maikan » Brouillette, comme porte-parole et idéologue, et Steve « L’Artiss » Charland, comme figure fédératrice à l’interne, semblait très bien fonctionner, mais les dissensions internes se sont avérées plus redoutables que l’esprit de corps au sein du groupe. Dans un geste dramatique qui ne manquait pas de panache, Charland a quitté l’organisation et brûlé ses couleurs de La Meute le 24 juin 2019, en compagnie de plusieurs chefs de clan et membres du conseil. (Il serait fastidieux d’inclure ici le détail de ces conflits, mais les intéressé-e-s en trouveront une synthèse en note[i].) Aujourd’hui, le clan Charland semble avoir raccroché les gants ou être passé à Storm Alliance, tandis que Sylvain Brouillette semble bien seul à la tête d’une organisation désormais virtuelle, mais toujours tenue d’une main de fer par « la Garde », les fameuses « pattes rouges » qui lui sont restées fidèles.

Concrètement, La Meute n’a pas fait partie de l’actualité en 2019 et rien n’indique qu’un retour de l’organisation soit probable en 2020.

 

Groupe Sécurité Patriote (GSP)

Le Groupe Sécurité Patriote pose avec des membres des III % du Québec.

Le GSP était initialement le groupe (d’in) sécurité du Front patriotique du Québec (FPQ) avant de prendre peu à peu son indépendance, bien que les deux organisations soient encore proches et collaborent à l’occasion. Le GSP a également intégré une partie de la section montréalaise des III %. C’est un petit groupe d’une quinzaine de personnes, assez structuré et dirigé par Robert « Bob le Warrior » Proulx, qui s’est fait connaître pour sa fâcheuse propension à s’afficher avec le drapeau autochtone des Warriors dans des manifestations identitaires ainsi que ses affinités avec les boneheads des Soldiers of Odin.

Le boss de GSP, Robert Proulx, comme cul et chemise avec le néonazi Kevin Goudreau, à Saint-Bernard-de-Lacolle, le 24 août 2019 .

Pour le GSP, ce fut globalement une année d’échec marquée par une pitoyable manifestation pro-Loi 21 à Montréal, le 8 juin (avec une vingtaine de participant-e-s, essentiellement les membres actif-ve-s de GSP), le fiasco de la manifestation annuelle du FPQ, le 1er juillet, et leur exclusion de la « Vague bleue » en raison d’une attitude jugée trop paramilitaire le 4 mai, à Montréal. À la fin de l’été2019, le GSP se met en tête de manifester régulièrement au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle pour protester contre l’immigration irrégulière et demander la fermeture du chemin Roxham. Le groupe organise finalement deux rassemblements. Le premier (le 24 août) avait initialement été proposé par Lucie Poulin du Parti Patriote, et réunit une cinquantaine de personnes, dont plusieurs en provenance de l’Ontario, y compris le néonazi de triste réputation Kevin Goudreau. Le second rassemblement (le 19 octobre) réunit près de 120 personnes et parvient à remobiliser une partie des composantes de l’extrême droite québécoise, très divisée depuis l’échec de la « Vague bleue » et l’éclatement de La Meute.

Cette manifestation aurait pu être considérée comme une réussite et faire craindre aux forces antiracistes une mobilisation susceptible de prendre de l’ampleur… mais elle portait plutôt en elle les germes de la discorde. En effet, les nombreuses tensions entre le GSP et LGDQ, qui avaient été en partie maintenues sous le couvercle jusque-là, ont éclaté au grand jour lors de cette manifestation et dans la foulée.

 

Le Parti populaire du Canada et les élections fédérales

Le 21 octobre 2019, Justin Trudeau a été réélu Premier ministre du Canada à la tête d’un gouvernement libéral minoritaire. Les élections de 2019 auront notamment permis de confronter les prétentions de Maxime Bernier à la réalité, lui qui avait longtemps été député conservateur en Beauce avant de quitter le bercail pour créer le Parti populaire du Canada en 2018, dans l’espoir de dépasser les conservateurs sur leur droite.

Dès le départ, le PPC a adopté une position anti-immigration et négationniste vis-à-vis des changements climatiques, et lorsque ses rassemblements ont été pris pour cible par la gauche radicale, Bernier ne s’est pas fait prier pour traiter explicitement les « antifas » de terroristes. Le PPC a obtenu le soutien de nationaux-ales-populistes de partout au Canada, bien qu’au Québec ce soutien ait été mitigé par une certaine opposition à son nationalisme canadien. (Le minuscule et incompétent Parti Patriote, dirigé par Donald Proulx, a d’ailleurs cherché sans succès à consolider cette opposition nationaliste.) Bernier lui-même a également été critiqué à plusieurs reprises pour avoir accueilli à bras ouverts le soutien de différents éléments d’extrême droite et accepté de poser avec, notamment, des membres du Northern Front et des Soldiers of Odin.

En dépit des ambitions de son chef, le PPC a échoué lamentablement, ne réussissant pas à faire élire un-e seul-e candidat-e ou à recueillir ne serait-ce que 2 % du vote populaire. Cet échec est sans doute en partie dû au sentiment, largement répandu à droite, que le PPC n’avait aucune chance de déloger les libéraux, ce qui semblait être la grande priorité. Ainsi, plusieurs nationaux et nationales-populistes ambivalent-e-s au Québec ont voté pour le Parti conservateur ou le Bloc Québécois. (Il est à noter que si la direction du BQ a déclaré qu’elle ne tolérerait pas la présence de militant-e-s d’extrême droite dans ses rangs, les médias ont découvert plusieurs candidat-e-s qui avaient affiché à plusieurs reprises des messages racistes et d’extrême droite sur les médias sociaux).

 

Les néofascistes

 La Fédération des Québécois de Souche

Un collant représentant le pianiste André Mathieu, vraisemblablement produit dans l’entourage de la Fédération des Québécois de souche et affichés notamment par des militant-e-s d’Atalante à Québec et Montréal à l’été 2019.

La FQS n’est pas un groupe de terrain (elle laisse ce rôle à son organisation sœur, Atalante) et joue plutôt un rôle de fédération et de diffusion idéologique avec sa page Facebook très consultée et son journal périodique Le Harfang. Au cours de l’année, elle diffuse de nouveaux autocollants, qui sont surtout trouvés à Québec, mène quelques actions d’affichage et organise un happening de soutien au mouvement naissant des Gilets jaunes, à Québec. En avril, la FQS voit son « mémoire » sur le projet de loi 9 sur l’immigration déposé en commission par la députée caquiste de Châteauguay, MarieChantal Chassé. Le mémoire est retiré du site de l’Assemblée nationale dès le lendemain, lorsque le caractère raciste de la FQS est relevé par Québec Solidaire.

 

 

Atalante

Quelques dizaines de fans assistent au concert de Légitime Violence et du groupe NSBM français Baise Ma Hache au Bar le Duck, à Québec, le 8 juin 2019, après que le réseau antifasciste soit parvenu à faire annuler la tenue du concert au Centre Durocher.

Atalante poursuit ses activités régulières (randonnées, affichage, distribution de sandwichs et camps de formation) principalement à Québec et à Montréal, ou sa tentative d’implantation n’a pourtant pas semblé fonctionner. En dépit de ces activités, on a pu remarquer une stagnation de ses effectifs et des tentatives de recrutement au Saguenay, où l’organisation ne compte probablement qu’une poignée de membres satellitaires. On peut noter deux évènements marquants pour Atalante cette année : la venue du band NSBM français « Baise Ma Hache » en juin 2019 (partiellement déroutée par le milieu antifasciste), et le procès du leader Raphaël Lévesque[ii].

Les antifascistes ne les ont pas laissé-e-s tranquilles :

 

 

 

 La mouvance Alt-Right

Julien Côté Lussier accompagné de Shawn Beauvais-MacDonald, à Verdun, le 19 octobre 2019.

Le noyau organisé de l’Alt-Right à Montréal a explosé en 2018, et la plupart des figures centrales ont fui le Québec ou se sont tapies dans l’ombre. L’actualité de l’année a été la candidature de Julien Côté aux élections fédérales et l’appel en renfort de son camarade néonazi Shawn Beauvais-MacDonald, aussi militant d’Atalante. Nous avons par ailleurs appris que ce dernier a quitté son emploi au groupe Securitas et fait un bref passage au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité, ce qui lui a d’ailleurs valu la visite de militant-e-s antifascistes! En dehors de cela, les activités de l’Alt-Right à Montréal ont suivi la même courbe qu’ailleurs en Amérique du Nord et ont été pratiquement inexistantes à l’extérieur du monde virtuel au Québec, mis à part le harcèlement des propriétaires d’un café de Val David, que l’on peut vraisemblablement imputer à des trolls  Alt-Right qui résident dans la région.

Sinon, la fuite des salons de discussion du forum Iron March en novembre a permis d’identifier quelques Québécois, dont au moins un était aussi actif dans le salon discussion du groupe Alt-Right Montréal sur Discord.

 

2020 jusqu’à maintenant…

Dans les premiers mois de 2020, l’actualité politique au Canada a été marquée par une importante vague de résistance autochtone déferlant sur l’ensemble du pays. Ce sursaut historique pourtant inéluctable a clairement pris l’extrême droite québécoise par surprise[iii].

Dans le Canada anglais, les nationaux et nationales-populistes et les néofascistes se sont ligué-e-s dans leur opposition féroce aux revendications des peuples autochtones pour la défense de leur souveraineté. À Edmonton, le 19 février, des éléments d’extrême droite associés au groupe United We Roll ont démantelé une barricade de solidarité, déclenchant du même coup des appels à les imiter partout au pays. De nombreuses menaces d’attentats à la bombe ont été formulées contre des militant -e-s autochtones, et les communautés autochtones de partout au Canada ont été la cible d’innombrables commentaires et injures racistes, tant en ligne que dans la rue. L’extrême droite canadienne-anglaise s’est montrée pratiquement unanime dans son hostilité aux blocus de solidarité, s’appuyant à la fois sur le racisme qui caractérise ces groupes et sur un puissant courant niant les changements climatiques, lequel est ancré dans des théories complotistes voulant que les élites « mondialistes » financent secrètement les troubles et les conflits mondiaux, les mouvements écologistes, etc.

Au Québec, la réaction observée initialement a suivi un schéma fort différent. Bien que de nombreux-ses nationaux et nationales-populistes québécois-e-s adhèrent au racisme, au déni du réchauffement climatique et aux délires complotistes de leurs cousin-e-s des autres provinces, la réaction aux blocages a été généralement confuse. Dans les premiers jours de la vague de résistance, l’un des principaux arguments relayés au sein de leurs réseaux était l’injustice supposée d’un « deux poids, deux mesures ». Ils et elles estimaient que si des blocages du même genre que ceux menés par les Autochtones et leurs sympathisant-e-s étaient réalisés, les gens seraient certainement arrêté-e-s et réprimé-e-s, tandis que les blocages de solidarité avec les Autochtones étaient tolérés. En même temps, on a vu des cas isolés d’activistes d’extrême droite déclarant leur solidarité avec la lutte des Wet’suwet’en. Cette réaction différenciée est sans aucun doute le résultat des différentes façons dont les nationaux-ales-populistes se positionnent par rapport à l’État-nation canadien à l’intérieur et à l’extérieur du Québec.

Néanmoins, après la première semaine d’actions de solidarité, notamment dans le contexte d’un important blocus à Kahnawake et d’une barricade de solidarité à Saint-Lambert, les nationaux et nationales-populistes québécois-e-s ont redécouvert leur antipathie historique pour la nation mohawk. Ce revirement a mis abruptement fin à la pantomime hypocrite qui se jouait depuis plusieurs années au Québec, où des leaders d’extrême droite comme de nombreux-ses simples militant-e-s s’étaient positionné-e-s comme des allié-e-s naturel-le-s des Autochtones contre l’État canadien. Ce n’était soudainement plus le cas, et les commentaires et menaces racistes anti-autochtones ont commencé à se multiplier dans la fachosphère québécoise. Rien de tout cela ne s’est pour autant traduit en actions tangibles, car certain-e-s acteur-trice-s clés ne savaient pas comment se positionner. De plus, l’extrême droite était mal préparée à intervenir sur le plan organisationnel.

À la mi-mars 2020, alors que d’un item d’actualité lointaine, la COVID-19 devenait rapidement une pandémie d’envergure mondiale exigeant un confinement généralisé de la population, l’extrême droite québécoise s’est montrée tout aussi inopérante. Tandis que les forces de gauche organisaient des groupes d’entraide dans les collectivités et menaient des « manifestations de voitures » en solidarité avec les migrant-e-s aux prises avec des conditions létales dans les centres de détention, l’extrême droite québécoise était confinée aux médias sociaux, où sa principale occupation consistait à propager diverses théories du complot sur le virus, dont l’idée parfaitement irrationnelle voulant que celui-ci soit propagé par la technologie sans fil 5G…

 

Un avenir incertain…

L’agitation d’extrême droite, qui a commencé à prendre de l’ampleur en 2016, semble s’être finalement aplatie en 2019. Depuis, nous avons simplement constaté une série de tentatives largement infructueuses ou éphémères de se regrouper et d’aller de l’avant. Cette faiblesse de nos adversaires s’est manifestée dans leur incapacité à répondre efficacement, jusqu’à présent, à l’un ou l’autre des deux principaux enjeux sociopolitiques de 2020. Cela dit, leur base n’est pas prête de disparaître et l’état d’esprit complotiste et raciste dont on observe aujourd’hui les diverses manifestations pourrait annoncer une expansion de l’extrême droite dans les mois à venir.

Comme nous l’avons déjà indiqué ci-dessus, il ne faut pas considérer le désarroi actuel des forces d’extrême droite comme une victoire de notre part. Aujourd’hui, deux des principales revendications portées par l’extrême droite depuis plusieurs années au Québec ont été satisfaites : la Loi 21 interdit aux personnes portant des « vêtements religieux » d’occuper divers emplois dans le secteur public (cette loi vise en tout premier lieu les femmes musulmanes portant le hijab) et, dans le contexte de la pandémie, le passage frontalier irrégulier du chemin Roxham a été fermé aux demandeur-euse-s d’asile. Il va sans dire que la gauche radicale, au sein du milieu antiraciste/antifasciste, mais aussi bien au-delà, a encore beaucoup de pain sur la planche.

La situation nouvelle créée par la pandémie est remplie de dangers et d’incertitudes. Dans les mois à venir, de nouvelles possibilités politiques vont se présenter et les propositions politiques ancrées dans la peur et la désignation de boucs émissaires auront probablement le vent en poupe. Nous vous encourageons à lire nos Réflexions préliminaires sur la situation actuelle (en date du 30 mars).

La vigilance, comme la solidarité, sera certainement toujours de mise.

 

 

 


[i]               Pour la postérité, et pour ceux et celles qui cultivent une fascination morbide pour ce genre de choses, voici grosso modo comment ça s’est passé.

Un conflit a éclaté au sein de La Meute en mai 2019, lorsqu’il est devenu clair que le porte-parole (et chef de facto) Sylvain Brouillette s’était montré incapable de remplir la paperasse pour La Meute Inc. pour l’exercice financier 2017-2018. Des membres de l’exécutif se sont inquiété-e-s de l’image que cela projetterait s’il-le-s n’étaient pas en mesure de répondre aux questions des membres des clans (comme sont appelées les sections régionales de La Meute), et que cela retarderait encore l’enregistrement de La Meute comme organisation à but non lucratif. Tandis que Brouillette se défendait en évoquant des problèmes d’ordre personnel (un divorce conflictuel et des difficultés professionnelles) et se plaignait de n’avoir jamais voulu être responsable de la comptabilité, d’autres membres de l’exécutif l’accusaient de monopoliser le pouvoir, de contrôler l’information et de diriger La Meute comme si c’était sa propre entreprise privée.

Au fur et à mesure que les tensions s’aggravaient, tou-te-s les membres de l’exécutif (à l’exception de Brouillette) ont démissionné. Brouillette a démis Stéphane Roch de ses fonctions comme administrateur de la page Facebook publique de La Meute, et en guise de représailles, Brouillette s’est à son tour vu retirer les privilèges d’administration de la page secrète de l’organisation. Le 19 juin 2019, tout semblait indiquer que Brouillette avait été évincé de l’organisation et que ses critiques (regroupé-e-s autour de Steeve « L’Artiss » Charland) avaient pris les rênes, mais en quelques jours seulement, Brouillette a réussi à reprendre le contrôle de la page Facebook secrète, et Charland et ses fidèles étaient sur la voie de sortie.

L’une des premières actions de Brouillette de retour aux commandes a été de publier les chiffres de l’exercice financier2017-2018. Bien que ce rapport ne soit pas assez détaillé pour satisfaire aux exigences de Revenu Canada, il révèle une organisation fonctionnant avec un budget dérisoire, avec à peine 10 000 $ en reçus. La moitié de ce budget est inscrite comme un « don des Chinois », une probable référence à la Chinese Canadian Alliance, un groupe « astroturf » qui a organisé une grande manifestation sur la Colline Parlementaire à Ottawa le 18 février 2018, à laquelle ont participé La Meute et Storm Alliance, entre autres. (À l’époque, Brouillette avait déclaré : « La Meute s’est créé une solide alliance avec la communauté chinoise et nous croyons que cela ouvrira la porte à des alliances avec d’autres communautés dans un futur proche »… pourvu qu’elles paient, pourrions-nous ajouter!)

Pour ponctuer spectaculairement ce conflit, un grand nombre d’ancien-ne-s membres se sont fait un point d’honneur de célébrer la Saint-Jean-Baptiste en brûlant et en détruisant leurs vêtements et accessoires aux couleurs de La Meute (casquettes, vestes de cuir, drapeaux, etc.), déclarant du même coup que La Meute était « morte ». Les clans ont toutefois semblé accepter le retour de Brouillette.

Quoi qu’il en soit, au moment d’écrire ces lignes (avril 2020), le groupe est resté essentiellement inactif depuis que les événements décrits ci-dessus sont survenus.

 

[ii]               Lévesque « est accusé d’introduction par effraction, de méfaits et de harcèlement criminel à l’égard du journaliste Simon Coutu et d’autres employés de VICE Québec. L’homme de 36 ans est également accusé d’avoir intimidé Simon Coutu pour le forcer à s’abstenir de “couvrir les activités du groupe Atalante Québec”. Ce dernier avait publié plusieurs reportages sur l’extrême droite dans les semaines précédentes. »
https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/201912/09/01-5253022-intimidation-a-vice-le-leader-dun-groupe-dextreme-droite-en-cour.php

 

[iii]              Comme l’explique Solidarité sans frontières : « En décembre 2019, un juge de la Cour suprême de Colombie-Britannique a accordé une injonction contre les défenseurs du territoire basés au campement Unist’ot’en, lesquels tiennent depuis plusieurs années un blocus pour empêcher la construction du projet de gazoduc Coastal Gas Link (de l’entreprise Trans Canada) devant traverser le territoire non cédé de la nation wet’suwet’en. Un deuxième campement de blocage a été dressé par un autre clan des Wet’suwet’en, les Gidimt’en, qui manifestent une opposition solidaire au gazoduc au sein de leurs structures de gouvernance traditionnelle, et au mépris d’une décision judiciaire qui refuse de reconnaître leur souveraineté et leur titre. (…) La GRC a imposé un black-out médiatique au moment même où elle entreprend une invasion à grande échelle du territoire des Wet’suwet’en pour démanteler les blocus. Les défenseurs du territoire ont lancé un appel urgent à la solidarité et au soutien, face à ce qu’ils considèrent comme “un acte de guerre” et “une violation des droits de la personne, un siège, et une extension du génocide auquel les Wet’suwet’en ont survécu depuis le contact”.

 

Retour sur le 1er mai 2020 : Rebâtir autre chose

 Commentaires fermés sur Retour sur le 1er mai 2020 : Rebâtir autre chose
Mai 072020
 

bannière

De la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC)

Le 1er mai dernier, comme chaque année depuis plus d’un siècle, c’était la Journée internationale des travailleuses et travailleurs. Malgré le confinement, plusieurs personnes ont pris action pour redécorer la ville. La situation peut sembler sombre, mais il y a quand même quelques points positifs malgré tout.

L’air de nos villes est plus pur qu’il ne l’a été depuis au moins un siècle. La consommation pétrolière ralentit en même temps que la production de gaz à effet de serre. Pour beaucoup de gens, le confinement forcé est un moment de revoir notre relation malsaine avec le travail dans cette société capitaliste hyperperformante et hyperproductive.

Nous nous définissons par le travail. Une des première question qu’on pose à quelqu’unE qu’on rencontre est “qu’est-ce tu fais dans’vie ?”. La droite a martelé pendant des décennies que les gens qui ne travaillaient pas étaient des parasites. Est-ce que, du jour au lendemain, toutes ces personnes confinées sont soudainement devenues des parasites ? Ou bien est-ce que la vie humaine, la vraie vie, est plus qu’une somme de “métros-boulots-dodos” ?

Nous saluons les personnes qui aident leur prochainE, qui combattent le virus, directement ou indirectement. Combien de personnes qui, hier seulement, étaient méprisées, se trouvent maintenant en première ligne. Parlons du milieu de la santé par exemple. La crise actuelle accentue le caractère essentiel du travail des infimières et des infirmiers et des préposéEs aux bénéficiaires. Les médias les rangent dans la catégorie des anges. Mais la reconnaissance de l’opionion publique ne suffit pas, il faut que cette reconnaissance s’étende de manière effective dans leurs conditions de travail. Combien sont-ielles à faire du temps supplémentaire obligatoire, à travailler parfois 16h par jour et à recommencer ce manège infernal le lendemain? La fatigue s’accumule, les risques augmentent. Tout ça pue l’exploitation. Et pour couronner le tout, le système les  baillonne lorsqu’ielles veulent dénoncer.

Au beau milieu de tout ça, des milliers de personnes sans internet, sans contact, sans support. Sans-abris, prisonnières, sans statut, sans oublier les personnes qui ont de la difficulté à rester confinées chez elles à cause des conditions d’insalubrité de leur logement. Toutes les personnes coincées entre deux frontières, ici ou ailleurs. Toutes des témoins anonymes, parce que personne ne les écoute, personne ne les voit. Grève des loyers, grève de la faim …

Tout ce chaos, simplement parce qu’une poignée de riches imbéciles tenaient mordicus à prendre leurs vacances au loin, à faire des croisières, à brûler le peu qui nous reste d’écosystème. Le bateau coule, et ce sont toujours les mêmes qui écopent. La crise n’est pas finie qu’on parle déjà de reconstruire : des aéroports, des pipelines, des bateaux. Et bien nous on dit : Basta ! S’il faut reconstruire, soit, mais nous travaillerons à rebâtir autre chose. Que le monde capitaliste brûle, nous serons l’étincelle!

Nous vous posons donc la question. Dans les prochains mois, est-ce que vous travaillerez vous aussi à bâtir des solutions nouvelles ? Ou bien est-ce que vous allez travailler à maintenir le vieux problème en vie ? 

Merci à ceux et celles qui ont fait vivre ce premier mai. 

Les photos soumises sont disponibles à https://clac-montreal.net/node/750