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Notes sur le caprice fasciste qui a défrayé la chronique : une réaction anarchiste à la mêlée du 6 janvier à Washington, DC

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Jan 162021
 

De Radio Fragmata

A quel drôle de bordel avons-nous assisté aux Etats-Unis, mercredi 6 janvier ?

Il y aurait tant de remarques à faire au sujet du spectacle dont nous avons été témoins dans l’enceinte du Capitole de Washington, DC. Toutefois, nous nous contenterons ici d’une déclaration succincte, en espérant clarifier la lecture de la situation depuis l’étranger et faire entendre le besoin urgent dans lequel se trouvent nos camarades états-unien.ne.s, qui sont confronté.es simultanément à une violence croissante de la part de certaines franges organisées de la population et à la répression étatique. Pour aller à l’essentiel, nous pourrions dire cela : que ce qui s’est produit n’était ni une insurrection, ni une révolte : et que le monde a seulement assisté à un caprice fasciste autorisé.

En Grèce, on se souvient bien du jour où les manifestants qui prenaient la rue dans le cadre des mobilisations nationalistes autour de la question du « nom de la Macédoine » ont forcé l’entrée du Parlement, sur la place Syntagma, juste avant que ne soit rendu le verdict concernant l’affaire stupide qui les animait, et nous n’avons pas oublié l’attitude de la police d’alors, qui avait opéré un service strictement minimal de manière à rendre évidents son soutien et sa solidarité avec celles et ceux qui s’emparaient du Parlement – sans toutefois courir le risque d’y laisser leur emploi. Parmi les slogans entendus sur le parvis du Capitole -tels que « U-S-A » ou « Trump est président, le Christ est roi », nombreux sont ceux auxquels on pourrait trouver des équivalents en Grèce.

Le 6 janvier 2021, le gouvernement américain s’est réuni pour ritualiser la certification des résultats du vote du Collège Électoral, actant ainsi le lancement du transfert de pouvoir vers une nouvelle présidence. C’est là un rituel archaïque qui -puisqu’il a été fondé avant que ne se développent les moyens modernes de circulation, ce qui supposait que les États les plus périphériques avaient besoin de plusieurs mois après l’élection pour que leurs votes puissent parvenir à la capitale à cheval- se tient en janvier, plutôt qu’au moment de l’annonce des résultats du vote, en novembre. Trump et ses partisan.es s’accordaient à voir dans cet événement leur dernière chance de perturber par un coup d’éclat la passation de pouvoir entre un Parti Républicain d’extrême-droite et un parti Démocrate de droite « modérée ».

Le fait que l’appareil de sécurité états-uniens ne réprime pas avec la même virulence une foule estampillée MAGA (Make America Great Again, slogan de campagne de Donald Trump, ndt) que des manifestations antifascistes, anarchistes ou abolitionnistes a été illustré assez clairement le 6 janvier. À tel point que les médias mainstream ont bien été contraints de le remarquer également, avant de se fondre en lamentations publiques pitoyables prétendant se poser la question de comment la police avait pu se montrer si tendre avec cette foule lâche et égocentrique qui ne cherchait qu’à renforcer les pires traits de la société états-uniennes contemporaine, et qu’on avait laissé forcé l’entrée d’un bâtiment pourtant doté de sa propre force de police (dont le budget annuel dépasse les 500 millions de dollars).

La tolérance dont la police a fait preuve à l’égard des partisan.es de Trump n’avait rien d’une coïncidence. Il est bien établi que l’extrême droite états-unienne a fait le choix stratégique d’infiltrer les forces de l’ordre autant que les instances du pouvoir politique depuis la chute du groupe de guerilla neo-nazi The Order au tournant des années 1980 et l’attaque à l’explosif d’un bâtiment fédéral d’Oklahoma City en 1995 par le suprémaciste blanc Timothy McVeigh, qui avait coûté la vie à 168 personnes. Ce choix tactique n’a rien d’un secret, ayant même récemment fait l’objet d’un rapport du FBI. McVeigh comme les membres de The Order s’inspiraient de la bible suprémaciste de l’époque, le roman Les Carnets de Turner (1978), qui présentait la mise en place d’une congrégation de fascistes se définissant comme des « patriotes ». Pour prendre la mesure de l’ampleur du succès de cette opération d’infiltration, on ne peut se contenter de dénombrer le suprématisme formalisé omniprésent dans l’institution policière états-unienne, puisqu’on doit également rajouter à cela que l’ensemble des syndicats policiers a soutenu la candidature de Trump en vue de la campagne présidentielle de 2020. Quand bien même les effectifs policiers seraient plus hétérogènes aux Etats-Unis que dans de nombreux autres pays, on ne peut oublier que les missions fondatrices de la police dans ce pays consistaient d’une part à traquer les esclaves en cavale, et d’autre part à brutaliser les syndicats de travailleur.euses. Le caractère fasciste d’une telle fonction dépasse donc même le cadre strict du racisme.

Si des banderoles anarchistes, antifascistes ou de soutien à la cause noire avaient été déployées le 6 janvier, on aurait assisté à des arrestations massives, à un niveau de brutalité policière largement supérieur, et probablement à un massacre. Cinq personnes ont perdu la vie lors des événements du 6 janvier. Trois d’entre elles sont mortes des suites de blessures auto-infligées : l’une en déchargeant par accident son taser contre son entrejambe, ce qui a provoqué un arrêt cardiaque ; une autre en chutant lors de l’escalade d’un échafaudage ; et une dernière piétinée, alors même qu’elle portait un drapeau siglé du slogan conservateur « Ne me marche pas dessus ». Un flic est mort à la suite d’une agression physique*, et une manifestante a été abattue par la police. Les trois autres n’ont fait les frais que de leur propre stupidité et ont maintenu leur privilège blanc jusque dans leurs morts grotesques. Si l’évènement n’avait pas été de nature suprématiste blanche – voire ostensiblement fasciste- il est évident que des dizaines de personnes auraient été abattues par la police.
Outre les assassinats quotidiens de personnes racisées et de prolétaires par la police aux Etats-Unis, on peut s’intéresser à deux cas de figure très récents (les sorts réservés à Kyle Rittenhouse et à Michael Reinoehl) pour tenter de mieux comprendre l’attitude de la police le 6 janvier, lorsqu’elle s’est trouvée confrontée à ses homologues fascistes issu.es de la société civile.

Kyle Ritthenhouse a commis un double meurtre lors d’une manifestation en réaction au supplice de Jacob Blake – un homme noir dans le dos duquel un policier blanc a tiré sept balles sous les yeux de ses enfants. Blake est sorti de cette agression paralysé, mais l’agent responsable a été disculpé en débit de preuves vidéos incontestables.

Rittenhouse est actuellement en train d’être jugé pour les meurtres qu’il a commis, et il a pu traverser sans être inquiété les lignes policières juste après avoir avoir fait feu sur des manifestants. Le contraste avec le cas de Michael Reinoehl est saisissant. Ce dernier, un antifasciste autoproclamé résidant dans l’Oregon, a fait feu sur un fasciste qui l’agressait dans le cadre d’une manifestation pro-Trump. Le lendemain de cette altercation, Reinoehl a donné une interview à Vice News pour attester du caractère de légitime défense de son geste. Un jour plus tard, la police fédérale lui trouait le corps d’une cinquantaine de balles. Trump n’a pas hésité à se vanter publiquement de l’assassinat de Reinhoel. Son sort a globalement eu peu de résonance médiatique, et illustre parfaitement le déséquilibre entre les obstacles auxquels sont confronté.es les révolutionnaires et ceux qu’on prétend opposer aux comportements «rebelles» des fascistes et consorts. Ce constat vaut également pour ce que l’on peut observer à l’intérieur des tribunaux. Les enquêtes et les condamnations qui donnent suite aux actions menées par la droite sont gérées d’une manière qui semble plus tenir de l’obligation que de la ferveur avec laquelle l’état attaque les mouvements révolutionnaires et émancipateurs.

Ce jour là, nous avons observé les élites sociales-démocrates verser des larmes hypocrites, des milices fascistes hallucinées jouer la farce d’un coup d’État sous le regard attendri de leurs baby-sitters en uniforme, et les médias tenter désespérément de rationaliser la situation en affectant un cynisme timide: « il n’y a rien à voir, ce ne sont que des joueurs costumés ». Une chose est certaine: celles et ceux qui se sont « saisi » du Capitole après y avoir invité, y trouvant les portes grandes ouvertes, n’ont fait preuve d’aucun courage et n’ont en aucun cas mis en œuvre l’insurrection que les modérés et les médias prétendent y avoir discerné.

Lorsque les mouvements révolutionnaires qui s’opposent sincèrement au système prennent la rue, ils doivent faire face à une situation autrement plus dangereuse. Un parti dominant de droite modérée comme les Démocrates, ou des appareils policiers prétendument « neutres » comme le FBI, ne tarderont pas à faire un exemple de certain.es de ces crétin.es de droite, mais il ne s’agira que d’une opération de communication comparable à celle opérée par le gouvernement de Nouvelle Démocratie en Grèce lors du procès du parti néo-nazi Aube Dorée, ou à celle mise en œuvre par Facebook qui avait censuré des dizaines de pages anarchistes pour compenser la suppression d’un nombre équivalent de profils néo-nazis. Ces stratagèmes n’ont pour but que la mise en scène d’une esthétique de la neutralité, alors même que ces acteurs continuent à imposer la société atroce que nous combattons.

L’intensité de cette action préfigure la guerre civile latente à venir, par ailleurs déjà déclarée par la droite, qui se trouve désormais plus en confiance que jamais à l’issue des événements du 6 janvier. La particularité de la droite états-unienne tient à ce qu’elle peut se pavaner en armes en toute légalité tant qu’elle n’ouvre pas le feu, et que même si elle en arrive là -on l’a vu lors de l’affaire Trayvon Martin ou des agressions à l’encontre d’antifascistes dans les manifestations Black Lives Matter- elle se voit donner des gages de tolérance judiciaire que nous ne connaîtrons jamais.

Il n’y a pas que l’extrême droite violente qui sorte radicalisée de cet incident ; les pontes de la sociale-démocratie états-unienne, qui représentent une menace égale à celle des fascistes, en sont également des bénéficiaires directs. Les chef.fes-de-file de la modération et du « bon sens » politique sont même les grand.es gagnant.es de ce spectaculaire caprice fasciste. Celles et ceux qui prétendent dicter les limites du politiquement acceptable, qui ont l’audace de mettre dans le même sac les insurrectionnalistes et les abolitionnistes d’une part et les fascistes et les anti-sémites théoriciens du complot ont réellement tiré leur épingle du jeu ici, comme en attestent les qualificatifs haineuses et ignorantes d’ « insurrection » et d’ « anarchie » employés pour décrire les événements du Capitole.

L’administration Trump s’est démenée tout au long des dernières années pour faire passer les anarchistes, les « antifas », et Black Lives Matter pour des organisations terroristes alors même qu’elle refusait d’utiliser les mêmes termes pour qualifier les groupes néo-nazis et suprémacistes blancs. Si les deux partis majoritaires se proposent désormais d’enquêter sur Qanon (un groupe persuadé que Trump, qui est pourtant confronté à des dizaines d’accusations de viol, y compris sur mineures, serait occupé à sauver le pays d’une conspiration orchestrée par des célébrités et des politicien.nes juives mettant leur pouvoir au service du trafic d’enfants) et les Proud Boys (un groupe de chauvinistes occidentaux revendiqués fondés par le fondateur démissionnaire de Vice Media, Gavin Mcinnes), il est tout à fait certain que ce durcissement s’accompagnera d’un renforcement parallèle de la répression des mouvements d’émancipation. Une semaine tout juste avant le 6 janvier, l’administration Trump rédigeait un décret proposant d’interdire l’accès au territoire états-uniens à toute personne soupçonnée d’affinités anarchiste ou antifasciste.

Ce décret s’inscrit dans la longue liste des prérogatives élargies des gardes-frontières sous les administrations Obama et Bush, notamment depuis le Patriot Act, et devrait passer comme une lettre à la poste aux yeux de l’administration Biden qui s’annonce.

Tout ceci se déroule alors même que les Démocrates viennent d’accéder à la Maison Blanche et d’obtenir une majorité des sièges au Congrès. L’extrême-droite demeure en revanche aux manettes de la Cour Suprême, ce qui a des conséquences lourdes sur les vies des segments marginalisés ou minoritaires de la population, ainsi que sur la santé des mouvements révolutionnaires.

La persistance du soutien populaire, lequel découle à la fois de longues années à subir les énormités d’extrême-droite du gouvernement Trump et de la révolte (majoritairement noire) qui a fait suite à l’assassinat de George Floyd, est déjà largement menacée par les tromperies des huiles démocrates depuis la victoire de Biden en novembre dernier. Cette victoire ne laisse présager aucun traitement de faveur pour celles et ceux qui font face à des années d’emprisonnement pour leurs actes de résistance dans le cadre de la révolte « Black Lives Matter » de 2020.

Les meneurs sociaux-démocrates et la frange de la gauche qui conserve foi en l’État et en sa capacité de réforme aimeraient peindre cet événement sous les traits d’un « coup d’État avorté » ou d’une attaque portée contre la volonté populaire. Ces discours émanent très largement d’une part très privilégiée de la population qui considère que le système électoral est là pour l’écouter. La majorité des personnes qui ont usé de leur droit de vote en 2020 l’ont fait par culpabilité ou parce qu’elles se sentaient malheureusement obligées de choisir entre deux maux. Elles ont été conditionnées à ne pas en attendre trop d’un État qui use d’un slogan aussi affligeant que Freedom isn’t free, « la liberté se monnaie ». En tant qu’anarchistes, nous rejetons le processus électoral étatique dans son intégralité, et ne voyons aucune possibilité de triomphe d’une « volonté populaire » dans un système qui se maintient par la confiscation du pouvoir et la coercition. Les choix qu’ils nous proposent dans le cadre leur spectacle de votation démocratique ne correspondent en rien au chemin qui pourrait nous mener à la liberté. Dès lors, nous rejetons ces rituels. Par ailleurs, les rituels d’origine coloniale, tels que le vote représentatif dans un système eurocentrique, ne pourront jamais accorder la liberté à quiconque sur une terre volée.

Tandis que nous continuons, en tant que mouvements anarchistes, abolitionnistes, et révolutionnaires, à mener une lutte incomparablement plus sincère que celles qui animent des citoyen.nes déboussolé.es et des célébrités prétentieuses au gré des effets de mode, nous devons redoubler de solidarité afin de ne pas nous laisser isoler, alors que la violence exercée par des groupes fascistes de la société civile s’accroît, de pair avec un acharnement policier brutal qui arbore le sourire mensonger des élites sociales-démocrates.

On aurait presque envie de rire en contemplant les politicien.nes apeuré.es, la droite et la police qui en arrivent aux poings, et l’absurdité généralisée qui s’est matérialisée ce jour là. Néanmoins, nous ne pouvons oublier qu’au cours des dernières semaines, des antifascistes ont été pris.es pour cible et attaqué.es à coups de feu dans le Nord-Ouest du pays, ni qu’en parallèle du caprice fasciste au Capitole une femme noire a fait l’objet d’une tentative de lynchage public dans le cadre d’un rassemblement néofasciste à Los Angeles. L’inquiétude ne nous permet donc pas d’en rire.

La droite a adopté une posture post-moderne quant à la question du racisme aux Etats-Unis, parce qu’elle se sentait bridée par l’étau des « politiques d’identité » mâtinées de politiquement correct promue par le parti de droite modérée (les Démocrates). Cette politique semble prête à dénoncer n’importe quoi, à l’exception du classisme et du racisme systémiques, et présente l’attribution de métiers qui prolongent le statut quo colonial aux personnes colonisées comme une forme éthiquement viable de réparation et de dédommagement. Les groupes de droite ont donc opéré une transition vers un monde nourri de théories conspirationnistes piochées sur le deep web qui encouragent les personnes pauvres à se mettre au service de milliardaires et à traquer les reptiliens juifs qui « tirent les ficelles » du capitalisme mondial au travers du réseau 5G plutôt que de simplement avoir recours à la terminologie raciste historique autour de laquelle ils gravitent pourtant tous. Malgré cette rhétorique de haine extrême, ces groupes prétendent toujours être éligibles aux plus hautes fonctions. C’est là un problème qui se pose à l’échelle mondiale, puisque des fascistes de cette trempe ont fait émergence sur la scène publique aussi bien aux États-Unis qu’au Brésil, en Allemagne, et ailleurs.

Il est impératif que nous continuions à combattre le statut quo technocratique et libéral en même temps que nous maintenons notre garde dressée face à un fascisme contemporain dont les incarnations sont nombreuses et parfois déstabilisantes. Nous devons aussi être capables de reconnaître le regain d’assurance de notre propre mouvement. Aux États-Unis, les rangs des anarchistes, des antifascistes et des abolitionnistes ont énormément grossi malgré la répression violente qui leur a été opposée, et une nouvelle génération courageuse a fait preuve de sa force tout au long de l’année 2020.

Ni les murs des prisons, ni ceux des frontières ne suffisent à endiguer la solidarité révolutionnaire.

Celle-ci nous permet de rester vigilant.es, connecté.es, de ne jamais nous perdre de vue alors même qu’un nouveau confinement et une nouvelle ère de fascisme modéré nous guettent.

Cette solidarité révolutionnaire, nous l’exprimons à toutes les personnes qui risquent la prison pour avoir pris part à la révolte contre le suprématisme blanc, et à toutes celles qui mènent une lutte sincère contre l’État et le capitalisme.

—Radio Fragmata / Janvier 2021

Post-Script
*le profil Parler (réseau social prisé des extrémistes de droite) du policier mort de ses blessures à la suite des événements du Capitole, Brian Sicknick, a depuis été révélé publiquement. On a pu y découvrir que l’agent « suivait » de nombreux comptes d’extrême-droite, comme ceux de la Team Trump, d’Alex Jones ou de Gavin McInnes.
*Bien que cela n’ait rien de surprenant, il a depuis établi que de nombreux policiers hors-services et politiciens de droite avaient pris part aux agissements du 6 janvier. Selon certains rapports, des officiers auraient même montré leurs badges à des officiers en service au cours de la bousculade.

Tenez vous au courant des luttes en cours et de la répression à l’encontre des mouvements révolutionnaires via les sites suivants :
Bay Area Anti-Repression
https://antirepressionbayarea.com/ 
NYC Anarchist Black Cross
http://nycabc.wordpress.com
Its Going Down
itsgoingdown.org
RAM
https://revolutionaryabolition.org
Up against the law legal collective 
https://upagainstthelaw.org 
Portland General Defense Committee
https://pdxgdc.com

Puget Sound Prisoner Support
https://twitter.com/PugetSupport 

Michigan Solidarity Bail Fund:
https://michigansolidaritybailfund.com/
Tilted Scales Collective
http://tiltedscalescollective.org
Scuffle Town Anti-Repression
https://scuffletownarc.wordpress.com/

15 mars 2021 – 25e journée internationale contre la brutalité policière – ABOLISSONS LA POLICE

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Jan 152021
 

Du Collectif Opposé à la brutalité policière (COBP)

Le 15 mars 2021 se déroulera la 25e Journée Internationale Contre la Brutalité Policière (JICBP), peu importe la situation sanitaire.

Les personnes impliquées dans l’organisation de cette édition de 2021 opteront pour des alternatives adéquates selon l’évolution de la pandémie qui par ailleurs sévissait déjà lors du 15 mars 2020.

Parce qu’il faut souligner à quel point cette année a été brutale ! Dans un contexte difficile où toute la population essaie de faire preuve de solidarité, il y a une valeur constante sur laquelle on peut toujours se fier : la police demeure sans pitié.

Rappelons les dernières 8 minutes et 46 secondes de George Floyd. Rappelons-nous de Sheffield Matthews, assassiné par le SPVM aux petites heures du 29 octobre dernier. Rappelons-nous de Chantel Moore, Rodney Levi, Eishia Hudson au total trente-quatre personnes tué-e-s par la police au Canada pendant les 11 premiers mois de 2020. Près de la moitié des personnes assassinées étaient des autochtones.

Plusieurs activités entourant la journée internationale contre la brutalité policière auront lieu avant, pendant et probablement après le 15 mars prochain, sous une forme ou une autre. Afin de préparer cette journée, nous vous demandons donc de nous envoyer des textes, des images, des vidéos et des enregistrements audios que nous pourrons partager dans notre journal annuel et sur notre site web.

Et contactez vos ami-e-s et groupes d’affinité et passez le message que le 15 mars aura lieu. Soyez prêt-e-s !

En cette année 2021, nous appelons à l’abolition pure et simple de la police. Cela fait maintenant un quart de siècle que nous prenons la rue pour forcer la police à se réformer, de montrer des signes d’amélioration, et la situation ne fait qu’empirer, année après année. Les commissions d’enquête se multiplient, les rapports sont de plus en plus accablants, et malgré tout rien de concret ne se passe.

Au final, à quoi sert tout ce système de répression institutionnel et son service de police, ici et ailleurs ? Qui protège-t-il ? Les tribunaux n’ont pas protégé les femmes qui se battaient contre l’agresseur sexuel Gilbert Rozon.

La GRC n’a pas protégé les autochtones de New Edinburgh en Nouvelle-Écosse contre les racistes blancs qui ont mis le feu à leur entrepôt.

La SQ n’a pas sévi contre les policiers qui ont violé les femmes autochtones de Val-d’Or.

Le SPVM a utilisé, et utilise encore, tous les outils à sa disposition pour chasser les sans-abris du campement de la rue Notre-Dame et de plusieurs autres endroits à Montréal.

Et finalement, l’ASFC (Agence des services frontaliers du Canada) déporte présentement sans aucun remords les « anges gardiens » qui maintiennent debout notre système de santé à bout de bras.

Et la situation est la même partout. On peut le voir en France, au Chili, en Ayiti, au Nigéria, aux États-Unis et au Brésil, un mouvement mondial qui gronde et prend de l’ampleur. Un mouvement qui demande la fin de la police telle qu’on la connaît. Un mouvement qui crie, haut et fort.

Parce qu’on a assez de compter les assassinats aux mains de la police, parce que les larmes des familles et ami-e-s sont devenues colère, parce qu’injustice et impunité riment avec système colonial-raciste-sexiste, parce qu’il y a des alternatives : ABOLISSONS LA POLICE.

Lettre d’un ex-prisonnier

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Jan 132021
 

Nous avons reçu le message qui suit par courriel. Nous le publions avec la permission de l’auteur.

Bonjour,

Je ne sais pas si c’est votre organisation qui était passée devant le centre de détention Centre Fédéral de Formation (CFF600) sur la montée St-François le 31 décembre 2019 mais si c’est le cas, je tiens à vous remercier.

En effet, j’étais en prison à ce moment là, dans les condos qui donnent face sur la montée St-François. Je pouvais vous voir depuis la fenêtre du salon et de ma cellule. Pendant ce moment, vous m’avez fait oublié que j’étais incarcéré et je me suis senti important et vivant. Savoir que du monde de l’extérieur pensait à moi et se déplaçait pour moi m’a fait du bien.

J’aimerais être informé de tout autre manifestation concernant les centre de détention ou pour l’immigration (ou je travaillais en tant que détenu)

Je regrette de ne pas m’voir présenté cette année car j’aurais aimé y participé, j’aurais du me présenté quand même.

Merci beaucoup de votre temps!!

Yannick, enfin presque libre!!!! (je suis en maison de transition mais bientôt chez moi)

Après un hiver de blocages : Le point sur les accusations criminelles en lien avec #ShutDownCanada

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Jan 122021
 

De North Shore Counter-info

Affiche en format PDF 8.5 x 11 à imprimer et à partager !

Presque un an est passé depuis la vague de blocages en solidarité avec les défenseurs de la terre wet’suwet’en. Par la suite, de nombreuses questions urgentes ont fait que l’attention du public est passé à autre chose. Toutefois, pour celleux en première ligne aussi bien que pour celleux avec des accusations en justice, il n’y a aucune possibilité de passer à autre chose.

En ce moment, au moins soixante personnes font encore face à de graves accusations criminelles en lien avec les descentes policières dans le territoire wet’suwet’en ainsi qu’avec le mouvement de solidarité. Ces actions ont impliqué des milliers de personnes dans toutes les provinces du pays, aussi il est impossible d’en faire rapidement le portrait, mais voici quelques aspects :

En janvier 2020, tandis que la GRC préparait leur nouvelle offensive contre la réoccupation du territoire wet’suwet’en qui dure depuis plus d’une décennie, les actions solidaires ont commencé. Quand les flics sont descendus pour de vrai dans les premiers jours de février, les Mohawks de Tyendinaga ont lancé un blocage ferroviaire qui a paralysé la circulation entre Toronto, Ottawa et Montréal. Perturber la circulation ferroviaire est vite devenue la tactique privilégiée du mouvement et les prochaines semaines ont vu des blocages à long terme menés par des communautés autochtones à Kahnawake, Listuguj, Six Nations et New Hazelton. Des blocages de moindre durée ont eu lieu (souvent à répétition) à Halifax, Toronto, Victoria, Vancouver, Magnetewan, Coquitlam, Hamilton, Morris, Saint-Pascal, Edmonton, Saint-Lambert, Kamloops, Saskatoon, Elsipogtog, Saguenay et de l’autre côté de la frontière dans l’État du Washington. Il y a également eu des manifestations et des blocages routiers en de nombreux endroits.

À l’issue de cette mobilisation massive, vingt-huit personnes du territoire Mohawk de Tyendinaga se battent contre des accusations suite à l’attaque du PPO sur leur communauté. Le deuxième groupe en importance c’est les quinze personnes accusées qui attendent leur procès en rapport avec un blocage près de Sherbrooke, Québec. À Hamilton en Ontario, six personnes font face chacune à quatre chefs d’accusations de méfait pour un blocage ferroviaire de vingt-quatre heures. Dans le Bas-Saint-Laurent, une personne est encore inculpée après une perturbation ferroviaire et à Montréal il y a deux personnes accusées de méfait pour des graffitis.

L’hiver précédent, en janvier 2019, il y a également eu un raid sur le territoire wet’suwet’en par la GRC. La mobilisation en solidarité était à échelle plus modeste, mais il y a eu des manifs, des occupations et des blocages importants un peu partout dans le pays, qui ont également vu de la répression.

Deux personnes présentes aux barricades sur le territoire wet’suwet’en lors du raid sont encore accusées de voie de fait sur la police. À Hamilton, une personne est inculpée pour des dégradations d’un poste de la GRC. À Montréal, six personnes se battent encore contre des accusations de méfait en lien avec le blocage du pont Jacques-Cartier.

Il y a eu presque cent-cinquante arrestations durant ces deux années de lutte. Beaucoup ont eu pour résultat des remises en liberté sans inculpation. D’autres des amendes. Certaines des poursuites criminelles se sont déjà résolues. Par exemple, en automne 2020, le procureur a retiré les accusations contre douze personnes en relation avec un blocage ferroviaire à Toronto et deux autres à Vancouver ont eu des absolutions. En outre, toutes les charges contres les personnes présentes sur le territoire au moment du raid de février dernier ont été abandonnées (mais la GRC a laissé savoir que leur enquête se poursuit).

On ne peut que se réjouir que de plus en plus d’affaires se résolvent, mais il faut tout de même rester prudent. Le système judiciaire abandonne les accusations contre certaines personnes à fin d’isoler et de délégitimer d’autres. Il ne faut pas oublier que certain·e·s inculpé·e·s ont de fortes chances de finir en prison pour des moments de lutte auxquels nous avons toutes et tous participé·e·s.

Tout le monde ne fait pas face au système judiciaire sur un pas d’égalité. C’est un système profondément raciste et colonial, ce qui fait que les accusés autochtones ont plus de chances de se voir condamnés et de se voir imposer des peines lourdes. De même, les personnes avec des casiers judiciaires, surtout avec des condamnations en lien avec leur implication militante, risquent d’être traitées de façon autrement plus sévère et de finir en prison.

Le mouvement de l’hiver dernier était d’une puissance incroyable et la lutte n’est pas terminée. Sur le territoire wet’suwet’en, les travaux sur le pipeline continuent malgré la pandémie, tout comme la résistance des défenseurs de la terre en première ligne. C’est la même histoire chez d’autres peuples autochtones partout au Canada – de Mi’kma’ki au territoire Secwempec en passant par Six Nations, c’était une année charnière pour la résistance autochtone et les affirmations de souveraineté. Ces courants continueront de s’entremêler avec la résistance face à l’expansion industrielle, ce qui créera encore de nouvelles possibilités et des sites de résistance. Rien n’est arrêté et dans le futur nous aurons besoin de bloquer le Canada de nouveau.

Tout mouvement qui connaît du succès subira de la répression et aura des prisonniers. Ce qui est plus important que d’éviter la répression c’est la manière dont on y fait face. Nous devons toujours trouver des moyens de montrer aux personnes ciblées qu’elles ne sont pas seules, pour qu’elles puissent en venir à bout en se sentant fortes et en restant intègres. Des démonstrations de solidarité tout comme le soutien pratique font une immense différence quand les gens ont affaire à la justice. Il faut que les personnes courageuses qui prennent des risques aient de l’appui si nous voulons être courageux et courageuses ensemble encore et voir nos mouvements croître.

Nous continuerons de poster des mises à jour sur North Shore Counter-Info sur les affaires en cours et nous amplifierons les collectes de fonds et les appels au soutien concret ou à la solidarité de la part des accusé·e·s. Les mises à jour seront regroupées sous le tag « Blockade Defense » sur North Shore (north-shore.info/tag/blockade-defense) et sur Twitter sous le hashtag #BlockadeDefense.

Avons-nous oublié quelqu’un ou avez-vous des commentaires ? Contactez-nous en anglais ou en français à blockadedefense@riseup.net. La clé pgp est sur keys.openpgp.org.

Contre le couvre-feu

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Jan 112021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Samedi soir, un couvre-feu a été instauré dans les rues du Québec. C’est la restriction de mouvement la plus large et la plus intense depuis la crise d’octobre 1970. Le gouvernement Legault a donné à la police le pouvoir d’intercepter toute personne qui se trouve à l’extérieur après 20 heures et de lui imposer une amende pouvant aller jusqu’à 6 000 dollars si elle ne peut fournir une raison que les policiers jugent valable. Dans les semaines à venir, le COVID continuera de se répandre. Pendant ce temps, les sans-papiers, les sans-abri, les personnes confrontées à des situations de vie dangereuses, les travailleuses et travailleurs de l’économie souterraine et les personnes qui veulent simplement se promener la nuit – entre autres – seront harcelé.e.s par la police tous les soirs sans fin déterminée. Tout cela pour protéger le statu quo d’une économie qui nous tue, nous et la planète. Cette évolution brutale dans une ère d’expérimentation du contrôle social ne peut rester sans réponse. Il n’est pas seulement possible, il est nécessaire, de riposter.

Nous refusons cette escalade du contrôle gouvernemental sur nos vies tout en rejetant la position de la droite populiste et des théoriciens du complot. Ces groupes soit nient totalement la menace de COVID-19, soit accusent à tort certains groupes racialisés, souvent avec des allusions à peine voilées à une « élite mondialiste ». Leur réponse au COVID montre clairement que nous voyons se confronter deux idées de la liberté. Celle que nous défendons ne soumet pas les individus à une idée de bien collectif fournie par l’État. Cependant, elle exige que nous reconnaissions la réalité matérielle de notre monde et les conditions réelles de l’oppression – la nôtre et celle des autres – et que nous ne nous réfugions pas dans des intrigues géopolitiques fictives qui pourraient apaiser notre sentiment d’impuissance en réaffirmant notre indignation. Cette liberté nous oblige à nous battre pour une vie qui vaut la peine d’être vécue, plutôt que de renvoyer sans cesse la responsabilité à des ennemis imaginaires. Le COVID est réel, l’État policier aussi.

Nous n’avons jamais cru que les appels aux restrictions de Legault étaient fondés sur des préoccupations pour notre sécurité. Depuis le début de la pandémie, lui et ses acolytes ont hésité à fermer les lieux de travail et les écoles, tout en limitant encore davantage notre capacité à inventer nos vies en nos propres termes en dehors du travail. Cela montre que l’État ne s’intéresse à nous que lorsque que nous continuons à produire et à consommer, nous maintenant juste en assez bonne santé pour continuer à remplir les poches des riches. Partout dans le monde, ceux-ci se sont enrichis de manière exponentielle pendant la pandémie, tandis que nos difficultés augmentaient. Les capitalistes et les gouvernements (ce sont les mêmes !) s’adaptent aux restrictions sociales, ce qui leur permet de profiter de nous pendant que nous continuons à souffrir. Nous avons toujours été contre ce monde du travail. Ne permettons pas à l’État de définir encore davantage la façon dont nous vivons et nous nous protégeons, nous et nos proches.

La criminalisation de nos relations par l’État nuit à la santé mentale d’un nombre croissant de nos ami.e.s et de notre famille. Une vie perdue à cause d’une crise de santé mentale n’est pas moins tragique qu’une vie perdue à cause du COVID-19. La conférence de presse du 6 janvier a clairement montré que la santé mentale n’est guère qu’une préoccupation secondaire pour le gouvernement. Nous estimons que la façon dont nous vivons va au-delà de la simple survie, et nous rejetons toute définition de la santé dictée par les exigences de la production économique.

Pendant ce temps, l’État n’a de cesse de nous monter les un.e.s contre les autres et nous transforme en micro-entreprises de surveillance qui n’avons qu’à appeler la ligne de dénonciation directe mise à notre disposition pour faire le travail de la police qui elle, a été invitée à « faire circuler leurs autopatrouilles, gyrophares allumés, dans les rues des villes pour marquer le début de cette période exceptionnelle », selon La Presse (8 janvier 2021).

Contrairement à ce qu’affirme La Presse, nous estimons que cette période n’a rien d’exceptionnel. La mise à nu du pouvoir de l’État policier dans ce qu’il a de plus violent est au mieux, un test, au pire, le nouveau normal. Il ne tient qu’à chacun d’entre nous de faire la preuve que leur démonstration de force ne tient pas la route face à notre inventivité, et que les rues, vidées de leurs habitants, peuvent devenir un immense terrain de jeux.

Pas de solution policière à la crise sanitaire !

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Jan 092021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Montréal, le 9 janvier 2021

Aujourd’hui à 20 heures, pour la première fois de notre histoire, un couvre-feu sera mis en place à l’échelle de la province. Après dix mois de crise sanitaire, notre gouvernement a encore une fois opté pour la solution policière. Alarmes, sirènes et gyrophares à l’appui, la police nous annoncera l’heure de son règne tous les soirs, et ce, au minimum pour le mois prochain. Il s’agit là d’une véritable stratégie d’intimidation et de peur mise en œuvre pour camoufler l’amateurisme et l’inefficacité de la méthode caquiste de gestion pandémique.

Ce « gouvernement des banlieues » a encore une fois décidé de procéder à de sombres calculs de rentabilité plutôt que d’instaurer des mesures basées sur la justice sociale et la science. La mise en place du couvre-feu dans un tel contexte n’est pas une mesure sanitaire. C’est un choix qui pourrait s’avérer non seulement inefficace, mais carrément dangereux. L’effet disproportionné de la décision nuira aux personnes les plus vulnérables de notre société, celles qui subissent déjà régulièrement la violence et la brutalité de nos forces de l’« ordre ».

Sans surprise, ce gouvernement suit la stratégie adoptée presque partout ailleurs, celle qui cadre parfaitement avec la logique du capitalisme néolibéral. On manque toujours de ressources pour les services publics, mais les coffres ne sont jamais vides pour le renforcement de l’appareil de répression d’État.

Plusieurs intervenant.e.s l’ont déjà mentionné : le couvre-feu aura tout au plus un effet symbolique. En réalité, c’est à une poursuite de la dégradation du filet social et à l’installation d’un climat de peur que l’on assiste. En lieu et place de la solidarité, et alors que notre santé mentale est déjà fragilisée par près d’un an d’incertitude, le gouvernement encourage la délation, la recherche de bouc-émissaires et la culpabilisation individuelle, se dédouanant ainsi de toutes responsabilités. À Montréal, nous aurons près d’une centaine de flics de plus. Or, ce que nous demandons, ce sont des psychologues et des intervenant.e.s. Quel effet aura cette surveillance accrue sur notre paranoïa collective ? N’y a-t-il pas une autre alternative ?

La gauche radicale ne doit pas laisser ce combat entre les mains de la droite et de son discours anti-scientifique et individualiste. En temps de crise sanitaire, nous n’avons pas le luxe de respecter aveuglément les mesures répressives et contre-productives tout en se contentant de demi-mesures préventives. Nous avons déjà trop tardé, il est maintenant plus que nécessaire d’agir afin qu’un discours critique se fasse entendre. Nous ne pouvons pas nous permettre la complaisance. Face à la surenchère sécuritaire, nous avons le devoir de proposer un autre projet politique, qui ne laisse personne derrière et qui se base sur des données scientifiques rigoureuses.

Dans tous les quartiers, par tous les moyens, il faut qu’on se fasse entendre. Aucune solution policière à la pandémie n’est acceptable. Résistons à l’autoritarisme en place et à venir, luttons contre le couvre-feu ! Nous ne devons rien attendre d’un gouvernement mené par un sinistre comptable paternaliste aveuglé par le pouvoir et ne parlant qu’à sa base.

N’acceptons pas le défaitisme ambiant, préparons le printemps !

Manifestation annuelle de bruit à soi-disant Montréal 2020

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Jan 032021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Bien qu’aucun appel public n’ait été lancé, quelque 50 personnes se sont rassemblées pour la manifestation annuelle de bruit à soi-disant Montréal. Nous poursuivons ainsi la tradition de faire résonner la nouvelle année aux côtés de nos proches incarcérés. Cette année, nous avons seulement visité la prison fédérale à sécurité minimale pour hommes à Laval, Québec – appelée Centre fédéral de formation à sécurité minimale. Il s’agit de la prison où nous pouvons toujours apercevoir des personnes aux fenêtres et où nous savons qu’on peut nous entendre et voir nos feux d’artifice. Nous avons cogné contre des casseroles, hurler nos souhaits et établi un nouveau record d’explosion de feux d’artifice.

Cette année a été difficile pour plusieurs, mais encore plus pour ceux et celles en prison. Il n’y a pas eu d’éclosion de SARS-Cov2 au Centre de formation à sécurité minimum, mais il y en a eu dans l’institution jumelle – Le Centre de formation multi-niveaux, où un prisonnier est mort de la Covid-19 durant l’été. Les prisonniers des deux institutions ont subit des mois de confinement, sans aucune visite, activité de groupe et un accès limité ou interdit au gym et à la bibliothèque. C’est pourquoi nous trouvions encore plus important de nous rassembler pour le Nouvel An. Nous voulions que les prisonniers sachent qu’on ne les oublie pas.

Solidarité avec tou.te.s les prisonnier.e.s, y compris dans les prisons de migrants! #liberezlestous

Solidarité avec toutes les personnes qui font face à la répression dans la foulée des insurections en réaction à la mort de George Floyd, de Breonna Taylor, de Rayshard Brooks, et d’autres encore! #amnistiegenerale #BlackLivesMatter 

Pour un monde sans prison et sans système qui en profite.

Rétrospective du Réseau Libertaire Brume Noire

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Déc 242020
 

Du Réseau Libertaire Brume Noire

Deux ans d’organisation au bout du monde : communication, autogestion, décroissance

Le soi-disant Québec est une province énorme. Si nous voyageons en Europe ou ailleurs, il est facile de constater l’ampleur du territoire de l’île de la Tortue. Il est facile de se mettre en perspective sur le concept de ‘Nationalisme’ versus ‘Territoire’. Les métropoles canadiennes, par leur capitalisme, exploitent les régions pour leurs ressources naturelles et humaines. Ici, en Gaspésie, nous le voyons très bien. Gespegsignifie ‘là où la terre se termine’ en Miꞌkmaq.

Les gens ont à cœur la révolte des pêcheurs et la grève de Murdoch, avec raison. Force est de croire qu’il est plus difficile de se rappeler le ‘pourquoi’ des dites révoltes à en voir l’exploitation toujours en place aujourd’hui par la pêche, la déforestation dans le parc de la Gaspésie et ailleurs, l’énergie éolienne pas très verte, la recherche du peu de pétrole qu’il reste dans le sol, l’épandage, la cimenterie Port-Daniel et on en passe. La région est de facto une des plus pauvres au Québec. Les services publics survivent grâce aux organismes (qui eux ont peine à survivre par manque de fonds et de ressources) et il est difficile de créer une économie locale forte vu les intérêts très divergents des gens sur le territoire (touristes VS résident-e-s VS travailleuses-eurs). Bref, rien de nouveau sous le soleil.

Mais malgré tout ce flagrant industrialisme pervers, l’espoir est là. La Gaspésie a un ‘je ne sais quoi’ qui nous rapproche de la nature et du collectivisme. Elle nous donne le goût du commun. Elle nous laisse toucher le rêve. C’est pour l’un ‘la marge’, pour l’autre ‘l’épanouissement’. Pour certains membres du réseau, la Gaspésie c’est toute leur vie. Pour d’autres, c’est devenu leur vie. La région inspire de manière puissante. Les gens sont bons et peuvent se relayer à la terre. Ils et elles sont conscientes de cette exploitation, à un certain point.

Gaspésien-ne-s natif-ive-s, néo-gaspésien-ne-s, Premières Nations, immigrants…. plusieurs visages portent la bannière du réseau libertaire brume noire. Les âges, orientations, organisations et tactiques sont différents pour les membres. Le Réseau Libertaire Brume Noire est une organisation composée d’une pluralité de personnes qui partagent des objectifs communs, qui sont en quelque sorte la raison d’être du Réseau :

  • Le RLBN est en faveur d’une organisation sociale fondée sur les principes d’égalité et d’autogestion plutôt que ceux de la propriété privée et des contrôles étatiques.
  • Le RLBN souhaite informer les citoyens à propos du socialisme libertaire et à les sensibiliser aux différents enjeux du territoire via l’éducation populaire et l’action directe.
  • Le RLBN vise à tisser des liens de solidarité entre ses membres, entre le réseau et la communauté environnante ainsi qu’avec d’autres réseaux ou collectifs partageants des objectifs communs.
  • Plus largement, le RBNL souhaite contribuer à l’émancipation des gens du territoire par le soutien des initiatives communautaires, l’éducation populaire, en ayant un impact positif sur leur milieu de vie/quotidien ou en soutenant d’autres luttes.

C’est par ces courtes lignes pouvant représenter certaines valeurs collectives, par la spontanéité et par la volonté que le réseau a su traverser 2 ans d’organisation avec succès. En plus de son positionnement anticapitaliste, le réseau est anti-oppressif et donc solidaire des différentes luttes menées dans une perspective d’émancipation locale. L’adaptation au changement dont font preuve les membres (nouveaux membres, départs et réalité de la région, changements de tactiques) est une clé du bon fonctionnement, ainsi que la solidarité auprès des entités déjà en place (organismes, groupes, assemblées municipales, petites entreprises, initiatives de toutes sortes…). Les réalités de la région pouvant frapper rapidement, il est important de créer notre entité propre à notre territoire.

C’est avec grand plaisir que nous partageons donc ce petit article de rétrospective chronologique des actions menées par les membres du Réseau depuis sa formation en 2018, afin de vous sensibiliser au fait que le nombre importe peu, que la résistance est plus grande que la plus grande des métropoles et que nous espérons inspirer un milliard de collectifs décentralisés auprès (et loin) de nous!

2018

ALTERNATIVES

En septembre : Des anarchistes se rencontrent dans le sous-sol d’un 3 et demi du centre-ville de Gaspé. Ça rêve, ça parle et surtout, ça s’indigne. Plusieurs personnes se joignent à la partie chaque semaine pour des discussions, lectures, projections. Un moment, le 3 et demi se fait serré.

9 septembre : Une action anti-électorale est mise en place face aux élections provinciales du Québec. Des pancartes ‘votez pour vous’ sont affichées partout sur le territoire de Gaspé la veille des élections.

7 octobre : Un jeune d’origine Arabe se fait attaquer au bar la Voute de Gaspé. Un combat de bar bien classique, mais la connotation raciste pousse les anarchistes à agir. Un BBQ anti-raciste est spontanément organisé près du bar pour porter un message clair autour de la ville : pas de raciste dans nos quartiers! 

17 octobre : Rassemblement suite à la légalisation du cannabis. Un document de 30 pages sur des recommandations de la santé publique et des comparaisons de répercussions autour du monde et du Canada a été déposé à l’assemblée municipale dans l’objectif de sensibiliser le maire et les élu-e-s au changement de loi. La ville n’a jamais répondu au document et a interdit la consommation de cannabis sur son territoire (en comparaison, il est légal de consommer à Percé, la ville voisine). Un article de Radio Canada https://ici.radio-canada.ca/…/rassemblement…

24 octobre : Première assemblée générale du Réseau Libertaire Brume Noire. L’objectif de la rencontre est de définir nos propres méthodes organisationnelles. Il en est conclu qu’une assemblée par saison serait propice en plus des rencontres spontanées pour assurer une constance dans les projets et soutiens du réseau. 

10 novembre : Contingent anticapitaliste à la manifestation de la Planète s’invite au parlement. 

16 novembre : Des membres du réseau vont supporter le piquet de grève à la SAQ de Gaspé avec du thé, de la musique et des pamphlets. 

22 novembre : Atelier d’éducation populaire sur l’anarchisme vert et l’anarchisme écologique pour la semaine de sensibilisation à l’environnement du Cégep de la Gaspésie et des îles. Discussions autour de Murray Bookchin, Serge Mongeau, l’autosuffisance et plusieurs autres sujets en lien avec le socialisme libertaire et l’écologie.

17 décembre : François Legault vient faire une annonce (annonce qui devait être faite par Couillard, mais Legault vient prendre le mérite) concernant le financement de millions à l’aéroport (aéroport qui manquera de fonds pour rouler les ressources humaines une fois rénové et qui ne garantit pas encore les prix des vols réduits pour les résident-e-s). Des membres du réseau, accompagné-e-s de la Planète s’invite au parlement Gaspé et plusieurs autres citoyennes-ens, viennent faire comprendre à François qu’il n’est pas la bienvenue sur le territoire de Gespeg en perturbant la rencontre à l’hôtel Baker.

24 décembre : Campagne de sociofinancement du réseau afin de pouvoir lancer des projets d’éducation populaire sur le territoire. Une vague de solidarité autour du soi-disant Québec ainsi que dans les provinces de l’Est et jusqu’en France se fait ressentir.

2019

DIVERSITÉ DES TACTIQUES

20 janvier : Une bannière en solidarité avec le Rojava vivant la révolution à Afrin est affichée au Berceau du Canada.

27 janvier : Suite à la bannière de solidarité, un contact est effectué avec la commune internationale du Rojava. Une soirée solidaire est organisée afin de sensibiliser les gens de Gaspé à la situation du Rojava (souper thématique, projection, discussion). 

5 février : Lancement de l’étagère libre à la microbrasserie Cap Gaspé, bibliothèque anarchiste en libre consultation sur place. 

15 mars : Contingent anticapitaliste lors de la manif mondiale du climat de Gaspé organisée par Youth For Change et la Planète s’invite au parlement de Gaspé.

21 mars : Tournée ‘when the sidewalk ends’ par le rappeur micmac Q052. La tournée passera à Mont-Louis, Gaspé et Carleton dans une perspective anti-coloniale.

27 avril : Rassemblement et marche pour la semaine de la Terre au Berceau du Canada. Des tracts sont distribués (anecdote croustillante; Mégane Perry, élue régionale du Parti Québécois, vient faire un speech avec le mégaphone à l’effigie du Réseau). 

25 et 26 mai : Stand au salon du livre anarchiste de Montréal. Nous avons la chance d’être accueillis à Montréal par de nombreux-euses camarades et de faire de nombreuses rencontres qui seront précieuses pour notre entité. Nous retournerons à Gaspé la tête pleine d’idées et le coffre rempli de matériel de propagande.

Juin : Soutien au Camp de la rivière en blocage du projet pétrolier GALT en terre gaspésienne. Distribution de matériel, support aux demandes, organisations d’événements de solidarité. 

15 juin : Action de nettoyage des berges en soutien avec l’action de la municipalité. La plage de Boom defense et les secteurs locaux seront nettoyés par des membres.

5 juillet : Le réseau organise son premier match de soccer contre le racisme. Le réseau fera alors collaboration avec le Festival de l’eau, la Ville de Gaspé et des entreprises et organismes locaux, dont un syndicat de travailleurs et travailleuses, sans oublier les Premières Nations afin d’offrir une journée d’activités et un tournoi de soccer contre le racisme. 

14 juillet : Visite de camarades de Montréal de différents réseaux (IWW, MTL Antifa, Submedia) et discussion autour d’une bière à Cap Gaspé. 

27 juillet : Stand d’éducation populaire et BBQ au Festival de l’eau de Gaspé. Le festival de l’eau a pour objectif de sensibiliser la population aux réalités des Premières Nations, à l’environnement et aux luttes contre les changements climatiques

29 juillet : Célébrations spontanées pour la vente du projet GALT de CUDA pétrole à une entreprise autrichienne. Le combat n’est pas fini, mais chaque petite victoire nous fait du bien.

24 août : Un festival punk axé sur l’autosuffisance est organisé à Gaspé. Brume Noire prend en charge un stand populaire avec dépliants et livres.

4 septembre : Un des membres du réseau observe un manque en matière de sensibilisation à la consommation de drogues dans la région. Il prend donc en charge de contacter les actrices et les acteurs locaux (infirmières, travailleurs de corridors, travailleurs sociaux, organismes de sensibilisation, etc.) et organise une formation naloxone et blender. Le réseau fournit, encore à ce jour, les festivals, CLSC, infirmières, travailleurs sociaux de la région avec certains types de matériel souvent manquant (naloxone, seringue, etc.). Durant la soirée, une personne se prononce auprès du directeur de la santé publique; ‘C’est pas normal que c’est les p’tits anarchistes de Brume Noire qui fournissent Gaspé en matériel!’

PS: oui, c’est normal. On s’organise.

7 septembre : Stand au salon du livre anarchiste de Halifax. Encore de nombreux camarades, cette fois-ci dans notre secteur de l’Est et de cultures différentes. Une action de solidarité avec le Rojava, étant sous la menace Turque, est encore mise en place. Des camarades viennent nous visiter à Gaspé et sont hébergés chez un membre pendant une semaine.

14 septembre : Projection du documentaire L’amour et la révolution de Yannis Youlountas lors de ‘la grande kermesse de fin de saison’ au Pit Caribou. Le film porte sur les événements par rapports aux migrants en Grèce et les mouvements autonomes.

27 septembre : Contingent anticapitaliste pour la manifestation mondiale pour le climat. Une manif avec des discours dans des endroits-clés et avec plusieurs actions. Les forces policières et gens de Gaspé ne sont pas habitués à une telle organisation, c’était pour notre part magnifique, spécialement la bannière sur la Banque TD afin de souligner leur financement des projets pétroliers. 

21 octobre : Un membre en voyage en Bretagne rencontre le réseau UCL de Fougères aux oiseaux de la tempêtes.

2020

ADAPTATION AUX CHANGEMENTS

14 février : Une St-Valentin Queer au Mont Béchervaise est organisée par des membres du réseau afin de permettre un safespace. L’événement attire un succès et une diversité de genres et d’orientations dans le respect des valeurs LGBTQ+.

21 juin : Rassemblement à la halte routière du centre-ville de Gaspé contre le racisme en support au mouvement Black Lives Matter et aux personnes des Premières Nations tuées par la GRC au Nouveau-Brunswick. 

28 juillet : Une pétition pour conserver le droit au camping sur le territoire de Gaspé est déposée à l’assemblée municipale. Aucune réponse après 4 courriels et 3 appels. Une fois qu’un membre a pu parler au directeur de la ville, les réponses peu concluantes (consultation autour d’hiver 2020-2021 sera faite sur le site de la ville). Une action de nettoyage des berges face à l’arrivée massive de touristes salissant les plages et au débat entourant le camping gratuit est organisée par le Réseau (la plage de Douglastown est nettoyée). Des membres vont financer des conteneurs à déchets et de recyclage par dusociofinancement en ligne et les placer sur la plage. La gestion des déchets est aussi prise en charge.

25 septembre : Un rassemblement en solidarité aux Premières Nations (Moratoire pour la chasse dans la Vérendrye par le peuple Anishinabe et protection des droits de pêche par les Micmac à Halifax) est organisé à la halte routière du centre-ville de Gaspé. 

27 septembre : Lancement de l’étagère libre à la maison des jeunes de Gaspé. Suivant le même concept que celle de la microbrasserie Cap Gaspé, les jeunes ont sélectionné des sujets de sciences sociales et luttes locales et les ouvrages ont ensuite été fournis par Brume Noire. 

Octobre : Lancement des soirées solidaires. Soirées thématiques avec des luttes locales et internationales actuelles afin d’accentuer l’aide mutuelle dans le réseau (cuisines collectives, projections, art making, discussions). Une soirée pour la Brigada Autonoma et une pour le Rojava ont déjà été organisées.

Et tellement plus à suivre… tout est possible avec la volonté d’un monde meilleur. Ça commence maintenant. C’est déjà commencé. À celles et ceux qui résistent, notre solidarité du bout du monde!

SIGNATURE ET LIENS: Les membres du Réseau Libertaire Brume Noire – brumenoiregespeg@protonmail.com – page facebook

Une autre fin est entièrement spéculative : Réflexions sur l’expulsion du campement Notre-Dame

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Déc 122020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le lundi 7 décembre à 7 heures, plus de 50 personnes ont tenté de se rassembler près du campement de Notre-Dame pour soutenir les résident.e.s menacé.e.s d’expulsion par les flics ce matin-là. Ce campement a été établi l’été dernier par des personnes vivant sans abri sécuritaire. Le SPVM avait déjà établi un périmètre autour du campement et l’a défendu pour empêcher les manifestant.e.s de s’en approcher. Ainsi, la police a pu facilement évacuer les résident.e.s du campement comme prévu.

Même s’il était certainement inspirant de voir tant de gens sortir pour une telle cause, la manifestation de solidarité du matin s’est terminée de la même manière que bien des actions antifascistes à la frontière de Lacolle : les flics immobilisent la foule, puis l’empêchent d’atteindre ses objectifs. À ce stade, la seule chose qui reste à faire est de crier des injures. Ce qui était décevant et inefficace, étant donné que l’objectif de l’action de ce matin-là était d’arrêter les expulsions.    

En quoi cela aurait-il pu être différent ? Comment les personnes qui se sont présentées auraient-elles pu se comporter de manière à empêcher les flics d’expulser de force les gens de leurs abris et de la communauté qu’ils avaient créée ? Cette réflexion rappelle une autre fin possible, qui est entièrement spéculative.

Je voudrais commencer par reconnaître quelques points importants pour expliquer comment je me situe vis-à-vis de l’appel à la solidarité de lundi matin : a) alors que certain.e.s résident.e.s du camp ont exprimé leur volonté d’être relogé.e.s par le SPVM et les services sociaux, plusieurs autres ont manifesté un ardent engagement à rester sur place malgré la menace d’expulsion. Cette réflexion est une tentative d’imaginer comment des sympathisant.e.s auraient pu faciliter les conditions pour que ces résident.e.s puissent rester ; b) dans toute (ré)imagination stratégique, il n’y a jamais de certitudes, c’est pourquoi cette réflexion est une façon d’envisager des réponses futures ; c) plusieurs personnes présentes ce matin-là avaient déjà collaboré avec les résident.e.s du campement de Notre-Dame et elles ont partagé des informations critiques qui ont permis à l’action de solidarité de se concrétiser. Ces relations existantes sont cruciales pour toute réponse de solidarité ; d) je n’ai moi-même aucune relation avec les résident.e.s ou les organisateur.trice.s de ce campement.

Compte tenu de ce qui précède, j’aimerais réimaginer l’action de lundi matin sous l’angle de la dissuasion. Alors, permettez-moi de spéculer…

Début novembre, alors que le temps change, que les nuits deviennent plus froides et les jours plus courts, de nombreuses personnes de la constellation de la gauche radicale, anarchiste et autonome de Montréal se réunissent pour discuter de ce qu’il faudrait faire lorsque les résident.e.s du campement de Notre-Dame feront face à une expulsion. Ce scénario est prévisible non seulement en raison des expériences passées, mais aussi parce que ces personnes ont déjà des relations avec les gens du camp, et que la police a déjà procédé à des expulsions similaires dans d’autres parties de la ville ainsi que dans d’autres grandes villes comme Toronto. On sait qu’il y aura un périmètre de police limitant l’accès au camp dès l’aube de l’expulsion.

À force de conversations et de collaboration, les organisateur.trice.s de cette coalition de réaction rapide parviennent à une proposition à présenter aux habitant.e.s du campement : lorsque la police viendra avec sa menace d’expulsion, les partisan.e.s entreront discrètement dans le camp la veille, planteront leurs tentes et seront prêt.e.s à réagir dès l’arrivée matinale des flics, des pompiers et des services sociaux.

La réaction des résident.e.s à cette proposition est mitigée. Certain.e.s sont prêt.e.s à déménager avec le soutien des services sociaux et craignent qu’une telle action ne les empêche d’être relogé.e.s avec le peu de soutien que la Ville pourra leur offrir. D’autres résident.e.s expriment une certaine hésitation, tout en étant plutôt d’accord avec l’idée générale de rester sur place et de conserver leur communauté autonome. C’est super important pour beaucoup d’entre elles et eux, étant donné que depuis 4-5 mois, ils et elles sont nombreux.ses à avoir établi des relations de soutien au sein de ce campement. Après bien des discussions, il est décidé que cette proposition sera mise en œuvre, étant entendu qu’on n’empêchera aucun.e résident.e de recevoir le soutien offert par la Ville, tout en sachant que ce soutien sera limité, et au mieux superficiel. Tout le monde repart de cette réunion avec une idée précise de ce qui se passera si la menace d’expulsion se concrétise.

Un mois plus tard…

Vers 6 heures du matin, le 7 décembre, la première voiture de police s’arrête. Les flics pensent avoir le dessus étant donné que les actions de solidarité ont été postées sur Facebook et Twitter pour plus tard dans la matinée. Cependant, les organisateur.trice.s de l’action de nuit ont veillé à faire passer le message par des outils de communication sécurisés et par le bouche à oreille uniquement. Quarante personnes se sont présentées la veille avec des tentes, et elles sont toutes prêtes à réagir. Alors que les flics s’approchent du camp, les partisan.ne.s surgissent de leurs tentes et forment un périmètre autour de la zone centrale du camp. Ce faisant, ils et elles ont pu avertir les personnes qui se trouvent en attente à l’extérieur du campement. Une fois ces personnes informées, elles appellent plus de monde afin de renforcer les lignes autour des extrémités est et ouest du camp.

Les flics sont surpris par l’afflux de soutien ainsi que par la volonté des gens de maintenir la ligne. À 7h30, les flics sont entourés par une ligne de manifestant.e.s extérieure et intérieure et, à 8h du matin, les gens continuent d’affluer. La police évalue la situation et conclut qu’aucune action immédiate ne peut être entreprise. Bien que l’expulsion ait été évitée ce jour-là, la menace est toujours présente. L’action matinale a encouragé de nombreux.ses résident.e.s qui commencent à discuter des moyens de renforcer leur position. L’issue est encore inconnue, mais tant les résident.e.s du camp que leurs soutiens se sentent renforcé.e.s par ce premier succès.

Et bien que ce résultat ne soit que spéculatif, j’espère qu’il permettra une réflexion plus approfondie sur les moyens de passer d’une position réactionnaire de solidarité à une position qui porte en elle la possibilité de réellement dissuader les flics de faire chier le voisinage.

Vers une vie sans flic.