Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

1er Mai à Montréal: quelques réflexions critiques

 Commentaires fermés sur 1er Mai à Montréal: quelques réflexions critiques
Mai 252017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Malgré un nombre appréciable de participant-es en cette journée pluvieuse, le 1er Mai de Montréal a laissé à plusieurs d’entre-nous le sentiment que la police a réussi à garder la célébration docile et ordonnée. La manifestation anticapitaliste avait deux points de départ : un contingent au centre-ville organisé par la CLAC (Convergence des Luttes Anti-Capitalistes), et un contingent antifaciste et contre les frontières qui devait se joindre à celui du centre à partir de l’est. Cela visait entre autres à éviter de s’organiser avec le PCR, des communistes autoritaires avec lesquels la CLAC persiste à s’organiser.

Dans le contingent du centre-ville, il y a eu des affrontements entre le PCR et la police après qu’une banque ait été vandalisée avec des bombes de peinture, menant à l’arrestation d’un de leurs militants. Le contingent de l’est comptait au moins une centaine d’anarchistes portant des masques, certains portant des drapeaux noirs. Les gens semblaient attendre de rejoindre la manif du centre-ville avant de se mettre à faire péter des trucs, mais malheureusement, avant que ça puisse arriver la police a flanqué la manif des deux côtés. Une fois que les manifs se sont rencontrées au centre-ville, la police s’est déployé à un degré jamais vu auparavant à Montréal. Près d’une centaine de flics ont marché de chaque côté de la foule, afin que tout au long de sa marche il y ait toujours au moins un trottoir dominé par les flics.

Jusqu’à la dispersion de la manif quelques heures plus tard, un sentiment de vulnérabilité à ces tactiques policières a prévalu. Sans même que les flics n’aient à activement réprimer la manif, la destruction de propriété et des attaques contre la police ont pu être dissuadées. À tout moment la police était prête à intervenir des deux côtés, et la manif n’avait ni de bannières de côté ni une densité suffisante pour être capable de se défendre contre les attaques de la police qui auraient nécessairement suivi toute action illégale. Au-delà de quelques vitres de voitures de luxe brisées, la tension ne s’est jamais matérialisée en une action collective.

La police se prépare toute l’année (et avec de gros budgets) pour les rituels annuels de révolte que les anarchistes de Montréal ont cultivé, dont le 1er Mai et le 15 mars. La défaite du 1er mai de cette année a réaffirmé que nous aurions intérêt à expérimenter avec les manifs (du moins celles répandues par bouche-à-oreilles ou par les médias sociaux) qui ne donnent pas autant de temps à la police à se préparer. Cependant, on ne veut pas abandonner ces rituels annuels. Tout comme le 6 décembre à Athènes, le 1er Mai de plusieurs villes et le Jour de la jeunesse combattante au Chili, les rituels annuels d’émeutes anarchistes peuvent encore nous servir. Beaucoup de gens ne seront dans la rue avec nous qu’au 1er mai lorsqu’il n’y a pas de mouvement social. D’interagir avec eux-elles et de se préparer pour des moments de rupture sociale généralisée quand nous auront parfois à confronter une force policière hautement préparée et mobilisée, rend ces traditions valables.

Il est impressionnant de voir le nombre d’anarchistes venu en ce 1er Mai pluvieux, apparemment en groupes affinitaires. Nous avons ici deux propositions pour adapter ce potentiel significatif aux récents développements dans les tactiques de flicage:

1. On devrait commencer à agir comme un bloc, et pas seulement porter du noir

En tant qu’anarchistes portant le masque noir, nous avons besoin d’améliorer notre capacité à demeurer ensemble en tant que bloc. Nous avons comme défaut de nous éparpiller à travers la foule en groupes affinitaires, ou même seul-es. Ce phénomène est probablement dû aux barrières sociales qu’il y a entre des gens qui ne se connaissent pas, et qu’on a besoin de commencer à dépasser pour former des black blocs efficaces plutôt que des poches de gens éparpillé-es à travers la manifestation.

On a besoin de nos propres bannières de flanc afin d’aider à délimiter et défendre ce bloc. Sans des bannières de flanc, nous n’avons rien pour prévenir la facilité avec laquelle la police coupe à travers la foule pour faire des arrestations ciblées. Les bannières de flanc aident aussi à obscurcir la vue des flics de ceuzes qui les portent. Elles sont des barricades mobiles, et nous avons besoin de commencer à prioriser ce déploiement.

Au 1er Mai de Berlin cette année, des bannières de flanc ont été utilisées en succession pour défendre la manif contre l’encadrement policier.

Pour ce qui est du positionnement du bloc, nous croyons que le plus sensé serait de prendre exemple sur le «Cortège de tête» de nos camarades de France, qui ont systématiquement positionné la section combative à l’avant de la manif durant les révoltes contre la Loi Travail. Si vous comptez participer au bloc, vous savez que vous pourrez toujours le trouver à l’avant. Quoique par le passé, se tenir à l’arrière a aidé les plus petits groupes à être moins remarqués par la police et à agir plus facilement, maintenant que la police peut encadrer l’intégralité d’une manif, ces petits groupes se retrouvent plutôt isolés.

2. A qui le trottoir?

Refusons de nous laisser encercler d’avance par la police qui nous encadre sur les trottoirs. On peut accomplir cela en bâtissant la culture de prendre les trottoirs avec cohésion chaque fois que nous prenons la rue, avant que la police ne puisse les remplir. Les tentatives passées de visant à le faire sont toujours demeurées petites et la police est toujours parvenue à trancher au travers. C’est là où des bannières renforcées et des porte-bannières combatif.ves pourraient s’avérer utiles. Si la police tente de nous dérober les trottoirs, une équipe ancrée par des bannières pourrait bloquer leur passage et les rendre vulnérables aux projectiles lancés par ceuzes qui se tiennent derrière les trottoir et les bannières de rue.

Bien que beaucoup d’entre nous participions à ces moments sans avoir de relations d’organisation en dehors d’eux, nos rituels pourraient voir leur force rajeunie, si nous faisons des efforts pour nous préparer au sein de groupes affinitaires pour permettre la coordination avec d’autres.

On se voit sur les barricades (mobiles)!

Coucou les bobos

 Commentaires fermés sur Coucou les bobos
Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit du 19 mai, nous avons décidé de nous rassembler pour attaquer le restaurent Ludger, le bureau de Projet Montréal et le IGA de Saint-Henri.

Si nous avons attaqué-es le Ludger, ce n’est pas seulement pour dénoncer les plats trop cher qu’on y sert, mais pour s’attaquer au mode de vie des jeunes professionnels yuppis qui viennent envahir les quartiers populaires avec tout leur fric et qui contribue largement à l’exclusion des pauvres dans le quartier.

Si nous avons attaqué le bureau de Projet Montréal ce n’est pas seulement pour leur rôle dans la gentrification du quartier en sortant l’argument de la mixité sociale et en favorisant l’implantation de nouveaux commerces et de nouveaux projets de condos. Nous avons attaqué le bureau, car c’est le monde politique au grand complet qu’on voulait attaquer. Nous refusons d’être représentés et diriger par quelqu’un-e d’autre que ce soit le premier ministre ou un député d’arrondissement. Nous sommes maîtres de notre propre vie.

Si nous avons attaqué le IGA ce n’est pas seulement parce que la bouffe y est trop cher, mais parce que nous croyons que bien manger ne devrait pas être un luxe, mais quelque chose de gratuit et accessible à tous et à toutes. Dans ce quartier, certaines personnes ont faim et nous ne voulons pas être des observateurs désolés de la situation.

Nous sommes très conscient-es qu’en s’attaquant à ces cibles ce ne sont pas les grandes institutions capitalistes qui ont été visées. Il reste que ces commerces sont le reflet, à plus petite échelle, d’un monde qui favorise toujours les plus nantis face aux plus pauvres qui subissent toujours plus la misère. C’est pourquoi nous avons voulu pendant un instant renversé l’ordre des choses et faire comprendre à ces gens qu’ à force de se faire piétiner dessus à chaque jour nous pouvons aussi mordre. Nous voulons une vie riche pas une vie de riche.

Nous avons été réjoui-es le lendemain matin en voyant dans les nouvelles que d’autres commerces avaient été attaqués dans la même nuit à Verdun.

p.s On espère ne pas avoir trop déranger votre petit souper du vendredi.

Des insoumi-ses


11 x 17″ | PDF

L’antifascisme l’emporte à Montréal : manger une volée avec votre Joyeux Festin?

 Commentaires fermés sur L’antifascisme l’emporte à Montréal : manger une volée avec votre Joyeux Festin?
Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Le 25 mars 2017, près de 200 personnes ont répondu à l’appel d’aller confronter des groupes d’extrême-droite qui planifiaient perturber une journée d’ateliers anti-racistes/anti-fascistes à Montréal. L’appel a été lancé après qu’un événement Facebook ait fait surface, appelant à empêcher les « ateliers terroristes ». Cet événement a été créé par la Coalition Canadienne des Citoyens Concernés (CCCC), le même groupe qui avait appelé les rallies du 4 mars dernier qui ont eu lieu à travers le Canada contre les immigrant.es. Ce jour-là, pour la première fois, le groupe fasciste La Meute a été capable de prendre les rues de Montréal.

Vers 9ham, des gens ont commencé à se rassembler sur le campus de Concordia, au centre-ville, devant le pavillon Hall où les ateliers allaient se tenir. La foule était composée d’un mélange d’étudiant.es, d’anti-fascistes et d’anarchistes, dont près de la moitié avait le visage couvert. C’était un matin froid et boire du café sans retirer nos masques s’est avéré plus difficile que d’habitude, mais la menace réelle d’une autre mobilisation de l’extrême-droite, similaire à celle du 4 mars, nous a gardé.es vigilant.es.

Après environ 45 minutes, une mini-van grise s’est arrêtée à côté de la foule. Georges Hallak, le leader et apparemment seul membre du CCCC, est débarqué. Avec un rictus de mange-marde et un drapeau canadien attaché à l’extrémité d’un bâton de hockey (les fuckings canadiens…), il a commencé a marcher vers la foule, arrivant tout juste à faire quelques pas avant de rencontrer un barrage de poings. La police a rapidement tracé son chemin jusqu’à lui, menotté Hallak, et l’a enfourné dans une voiture de patrouille.

La foule a rit et applaudit, autant excitée qu’incrédule face à la scène qui venait de se produire (sérieusement, un drapeau canadien collé à un bâton de hockey… what the fuck?). Pour ajouter du ridicule à la situation, il s’est avéré qu’Hallak était en livestream sur Facebook pendant que ça se passait. Le vidéo de sa disparition éclair vit dans nos coeurs et sur nos disques durs. L’ambiance a ainsi été posée : semblerait-il que la foule soit en mode confrontation.

Dix minutes plus tard, un skinhead solitaire s’est matérialisé de l’autre côté de la rue. Vêtu de pantalons de l’armée, avec des lunettes fumées de mauvais goût, et des « bretelles rouges[1. Dans certains cercles skinhead, les bretelles rouges doivent être méritées, gagnées en commettant un acte violent comme une attaque contre un ennemi perçu de race blanche. Toutefois, quelques skinheads portent du rouge non pas parce qu’ils ont commis un acte de violence mais simplement parce que ça fait partie de leur sous-culture.] », l’homme s’est promené autour, a parlé à la police, et s’est caché derrière une voiture de police, apparemment confus quant à l’endroit où se trouvait le reste de ses amis. Quelques projectiles ont été lancés dans sa direction, mais la foule ne s’est pas occupé de lui plus longtemps. Éventuellement, un petit groupe d’individus masqué s’est approché et l’a poussé au sol (note : les Doc Marten’s ont une adhérence terrible et ne sont pas très performants dans la neige). Après quelques coups de poings, la police a mis fin à la bagarre, ce qui a fait retourner les individus masqués dans la foule.

Au milieu de toute cette excitation, nous avons échouer à remarquer que le conducteur de la mini-van s’était stationné à moins d’un bloc de distance de la manif. Après avoir confirmé que c’était bien le même véhicule, la foule s’est approché pour quelques secondes avant qu’elle ne s’enfuit. Une volée de roches a frappé le véhicule, même si nous n’avons pas été capables de le rattraper.

Dans le livestream d’Hallak, il mentionne s’être coordonné avec les Soldats d’Odin (SDO), un groupe de d’auto-défense anti-immigrants. SDO a été formé en Finlande en 2015 mais a depuis lors établit des chapitres dans des dizaines de villes à travers le Canada. Peu après l’arrestation d’Hallak, près d’une vingtaine de membres de SDO ont été repérés en face d’un McDonald, à un bloc de distance de la manif. Quelques dizaines de personnes vêtues de masques se sont séparées de la foule principale dans un effort pour aller les confronter, mais la police était partout.

Après s’être regroupé, SDO a marché vers la manifestation, ne réussissant à s’approcher qu’à un demi bloc de distance avant d’être accueillis par un groupe de militant.es fâché.es. La police a d’abord prévenu les deux côtés de s’affronter, mais un petit groupe a avantageusement fait usage d’une ruelle pour lancer des œufs sur SDO et des morceaux de glace. SDO a rebroussé chemin vers le McDonald et s’est dispersé.

À un certain point lors de ces premières confrontations, la police a été capable d’isoler un anti-fasciste, de le battre et de l’arrêter. Il s’est fait donné une amende et été relâché plus tard. Durant les heures qui ont suivi, plusieurs des manifestant.es présent.es le matin ont participé aux ateliers du matin sans qu’ils n’aient été perturbés, alors que quelques autres moments hilarants se passaient au dehors.

Deux membres de SDO ont été repérés en train de manger des cheeseburgers dans le McDonald. Un petit groupe d’individus masqué est entré dans l’Arche Dorée et a tenté de les confronter, mais il en a plutôt résulté une conversation incroyablement malaisante entre les deux groupes. Nous nous tenions autour avec gêne alors que des personnes, qu’on présume avoir été là par intérêt pour les nouveaux déjeuners servis toute la journée, se demandaient si on était en file. Les deux hommes sont devenus de plus en plus grincheux, et on a décidé que des renforts pourraient être utiles. Rapidement, un foule d’une vingtaine de personnes est arrivée et a attaqué un des membres de SDO avec des œufs et des coups de poing. Lorsqu’un pickup est arrivé pour les aider à fuir, un autre membre s’est fait tabasser au sol et le véhicule a eu une vitre fracassée grâce à une roche bien lancée.

La mini-van d’Hallak, stationnée devant la station de police puisque son conducteur voulait apparemment s’assurer de son état, a été bien redécorée (juste à temps pour le printemps!). La police a tenté de faire entrer Hallak dans son véhicule mais ont été forcer de le garder dans leur voiture lorsqu’une petite foule prête à la confrontation est arrivée. La mini-van et la voiture de patrouille se sont éloignées, et ont disparu.

Après une heure sans voir les racistes, les manifestant.es se sont dispersé. Le matin a été rempli d’événements et d’activités amusantes, ce qui était bienvenu pour nous remonter le moral après les échecs du 4 mars. Malgré tout cela, nous pensons qu’il est important de relever certains aspects qui méritent d’être améliorés.

Bien que les racistes aient été neutralisés et en sous-nombre comparé aux anti-racistes, ils ont tout de même été capables de se rassembler, même si c’était juste sur le trottoir. Ceci peut être en soi une victoire pour eux. Leur capacité à prendre la rue servira à galvaniser leurs rangs et à leur offrir des opportunités pour rayonner et recruter des membres potentiels. Une approche sans plateforme fonctionne mieux si nous réussissons à rendre totalement impossible pour eux le fait de se présenter en grand nombre.

Les groupes qui se présentent à ces événements (CCCC, les Soldats d’Odin, La Meute) ont une présence très publique sur internet. Une surveillance en ligne peut nous aider à glaner des informations cruciales quant à leurs tactiques et à leurs capacités logistiques. Les visages de ces personnes et leurs noms complets sont sur Facebook.

Ces manifestations peuvent consister en beaucoup de temps mort. Nous attendons parfois plusieurs heures avant que l’ennemi ne fasse signe. Utilisons ce temps pour organiser des assemblées informelles et des conseils de porte-parole lors desquels nous pouvons partager des idées et discuter de stratégies pour se retrouver avec plus de cohésion dans les rues.

Une manifestation d’extrême-droite protégée par la police contre les antifascistes

 Commentaires fermés sur Une manifestation d’extrême-droite protégée par la police contre les antifascistes
Avr 252017
 

De Sub.media

Aujourd’hui, l’extrême droite a été capable de prendre la rue à Montréal, avec l’objectif supposé de protester contre le gouvernement libéral. Ils ont exclu de leur appel leurs différentes affiliations et ont réussi à attirer une foule de bonne taille, qui ne connaissait pas les politiques des organisateurs.

Ils ont aussi laissé leurs drapeaux et leurs signes à la maison, et ont préféré porter des drapeaux du Québec et, dans un étrange cas, une personne a marché avec un drapeau de l’unité autochtone, connu par le public comme le « drapeau warrior ». Inspirés par les événements récents aux États-Unis, les éléments proto-fascistes dans la manifestation étaient prêts à se battre.

Certains portaient des masques, des armures et des casques, et brandissaient même des bâtons. Ceux qui faisaient la sécurité portaient des brassards et il y avait des éclaireurs dans le périmètre de la manif. Les anarchistes et les anti-fascistes étaient bloqués par une présence policière massive ce qui a empêché les camarades de se rendre assez proche des manifestant.es. La police protégeait les manifestants alors qu’ils marchaient librement à travers le centre-ville.

Le 15 mars à Montréal : c’est pas la neige qui va nous empêcher, d’attaquer les policiers

 Commentaires fermés sur Le 15 mars à Montréal : c’est pas la neige qui va nous empêcher, d’attaquer les policiers
Avr 012017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Quelques centaines de personnes se sont réunies hier soir à la Place Valois dans Hochelaga pour la 20e édition annuelle de la manifestation contre la brutalité policière, organisée par le collectif opposé à la brutalité policière (COBP). C’était le lendemain de la plus grande tempête de neige de l’année à Montréal. Les bancs de neige qui bordaient les rues étaient devenus des obstacles, autant pour les manifestants, que pour les flics. En refusant cette logique de protestation qui exige une police moins brutale, nous avons porté la mémoire des 15 mars antérieurs et leur héritage marqué de révolte contre la police. Nous y avons aussi amené des roches.

Les mots du récit du dernier 15 mars qui eut lieu à Hochelaga il y a 7 ans font toujours écho :

« Nous sommes allés à cette manifestation dans l’intention d’attaquer la police. En plus de toutes les armes que nous transportions, nous portions avec nous un désir de ne plus voir un seul flic marcher dans les rues le lendemain; au moins sans boiter du pied, avec un mal de tête et un sentiment de peur qu’aucune paye d’heures supplémentaires ne peut calmer. Nous sommes sortis dans les rues pour les attaquer comme si nous pouvions réellement les frapper hors de nos vies, sans culpabilité, sans remords ni honte. Tout en reconnaissant que nous n’avons pas encore réalisé l’amplitude de nos désirs (les flics ne sont pas encore en train de courir pour sauver leur peau), nous continuons d’organiser nos vies et nos projets dans cette direction. »
– Traduction libre de Measuring the Meaning of a March, Mars 2010, Montréal

RÉCIT

Après un discours du COBP, la foule s’est dirigée vers l’ouest sur la rue Ontario. Le tiers des individus était masqués. À l’avant de la manif, on pouvait apercevoir une douzaine de drapeaux noirs, quelques bannières renforcées, en plus de la bannière de tête du COBP. Les flics n’étaient pas présents aux abords de la manif probablement à cause des énormes quantités de neige qui étaient tombées la veille, ce qui les gardaient aussi à distance des possibles projectiles. Alors que certains policiers suivaient dans les rues parallèles, paraîtrait-il qu’une partie des anti-émeutes ont dû prendre le métro, probablement en raison de la tempête ayant perturbé le plan de transport prévu. Des roches ont été distribuées et d’autres projectiles ont été trouvés le long de la rue l’Ontario, avec un succès relatif, puisque tout était couvert de neige. Nous avons rapidement traversé Centre-Sud puis atteint l’Est du centre-ville. Un feu d’artifice a été lancé, annonçant notre arrivée dans un terrain confortable et bien connu a été lancé. Des individus dans le bloc ont demandé à plusieur reprise aux gens tenant la bannière de tête de ralentir plusieurs fois ; on aurait dit que la manif courait après elle-même, ce sans raison particulière. Il a été difficile pour les retardataires de se joindre et pour la manif, de faire bloc. Nous aimerions que les prochaines manifs ralentissent ou, voir, qu’elles s’arrêtent quand il n’y a pas de menace immédiate de la police – cela permettrait plus de destruction, de graffitis, d’affichages, d’ériger des barricades ou de danser !

En approchant les environs du quartier général de la police de Montréal (SPVM) sur la rue Saint-Urbain, les policiers en voitures et à vélo à l’avant de la manif ont été attaqués avec des feux d’artifice. Pendant que la foule se rassemblait à l’intersection d’Ontario et Saint-Urbain, davantage de feux d’artifice ont été tirés sur les policiers, qui se mobilisaient pour défendre leur quartier général, puis sur une demi-douzaine de policiers à cheval qui venaient de l’est. “Get those animals off those horses” est presque devenu la réalité au moment où les chevaux apeurés se sont rués sur leurs pattes arrière, ce qui provoqua leur retrait pour la soirée.

Plutôt que de se rassembler au quartier général de la police et de laisser les flics prendre place, nous avons continué vers l’ouest sur De Maisonneuve. Quelques coins de rue plus tard, plus de feux d’artifice ont été tirés sur les flics devant nous. Un photographe qui suivait et filmait de près une personne du bloc a vu sa caméra jetée hors de sa main, provoquant une confrontation plus large avec les médias à l’avant de la marche. Des roches et des boules de neige ont été jetées à un cameraman des médias de masse, qui a ensuite été poussé avec une bannière renforcée et frappé au sol, alors que son garde du corps loué a été battu avec des bâtons de drapeau depuis l’arrière de la bannière.

Une voiture de police laissée seule a été repérée à notre gauche, stationnée sur la rue Union. La foule l’entoura rapidement et la défonça. Sur le même coin de rue, vers le sud, les vitrines du magasin La Baie (l’une des plus vieilles entreprises coloniales du Canada) furent fracassées et marquées par des graffitis. Après environ quinze minutes d’énergie déterminée se traduisant en action conflictuelle parmi la foule d’environ cent-cinquante personnes, les flics exécutèrent une manœuvre d’encerclement et de dispersion efficace. Des lignes de police anti-émeute coururent des deux côtés de la manif, tandis que les flics à vélo nous poursuivaient, fermant les sorties par derrière. Plusieurs personnes se sont dispersées dans les rues éloignées des flics, mais une douzaine de personnes ont été prises au piège vers l’est sur Ste-Catherine à la Place-des-Arts, alors que plus de flics anti-émeutes arrivaient de Saint-Urbain et bloquaient la seule voie de sortie qui restait.

Cela n’aurait jamais dû arrivé; c’est dans les petites rues que nous somme le plus fort.e.s puisque cela laisse moins de mobilité à la police. Ils nous ont donc évidemment guidés vers l’espace le plus ouvert du centre-ville. Nous diriger vers l’ouest sur Ste-Catherine contre le trafic et attaquer offensivement la police à vélo vulnérable qui a réussi à nous intimider en nous repoussant vers la Place-des-Arts, aurait au moins permis une meilleure dispersion.

À la place, les cœurs se sont resserrés, alors que les flics fermaient rapidement un encerclement de trente personnes contre un côté d’un bâtiment de la Place-des-Arts. Toutefois, avec des cris lancés « On fonce !», une confiance et une rapidité inspirante, avant que la deuxième ligne de flic puisse se former, celles-ceux qui étaient encerclés ont poussés contre les anti-émeutes qui bloquaient le trottoir à l’est, ont brisé la ligne et se sont libérés. D’autres anti-émeutes ont voulu bloquer cette nouvelle voie de fuite, mais ils n’étaient pas assez. Les gens courraient à travers les bancs de neige et les stationnements couverts de neige. La plupart ont pu prendre la fuite. Malheureusement, environ dix personnes se seraient retrouvées dans un nouvel encerclement s’étant formé dans le stationnement à côté du quartier général du SPVM. Leurs sacs à dos ont été saisis et ils ont probablement été photographiés, mais on les a laissé partir sans contravention ni accusation. La manifestation s’est terminée sans arrestations.

CRÉATIVITÉ TACTIQUE

Pour combattre l’inévitable stratégie de dispersion inévitable de la police, avec un peu de préparation à l’avance, une équipe portant une bannière renforcée aurait pu se déplacer vers l’un des trottoirs pour bloquer ou du moins retarder le positionnement des lignes de police (potentiellement munis d’extincteurs pouvant être déchargés sur la police pour ralentir leur déploiement). Lancer des projectiles sur les lignes de flics s’est avéré être inefficace, car la foule se déplaçait trop rapidement pour faire bloc et se battre avec une certaine cohésion. Cela rendait difficile de jeter suffisamment de roches pour avoir un impact sur les mouvements de la police. Dans le futur, souvenons-nous de cette leçon ; les feux d’artifice ont tout de même réussi à maintenir la police à distance, spécialement sur un terrain où les projectiles plus conventionnels étaient compliqués à trouver.

Ces dernières années, la perspective que le black bloc puisse prendre de l’espace loin de la police un 15 mars paraissait lointaine. La soirée d’hier était donc inspirante. Durant l’une des deux journées de l’an (l’autre étant le 1er mai) pour lesquelles la police passe l’année à se préparer, nous avons encore pu échapper significativement aux contrôles policiers et porter une attitude conflictuelle en confiance. Cela rend évident que nous devrions nous préparer toute l’année pour les manif en donnant plus de confiance en ce qui peut être possible. Nous pouvons clairement amener le conflit dans la rue d’une manière qui ne signifie pas la fin d’une manif comme plusieurs s’y attendent, mais plutôt comme le début de quelque chose.

Le 15 mars de cette année nous a laissé.e.s avec des questions d’ordre stratégiques concernant les manifestations et nous apprécierions que cette conversation continue. À quels moments la police se tient-elle à distance de la manif intentionnellement et de façon constante, quand et comment les tentatives de confrontation doivent-elles être faites ? Quels autres objectifs avons-nous dans de telles situations ? Comment pouvons-nous utiliser le temps et l’espace que nous avons dans ces moments pour mieux nous préparer à une éventuelle attaque de la police ?

NE DONNONS PAS DE PREUVES À LA POLICE !

Un mot aux journalistes indépendants de la ville: il peut être difficile de vous distinguer des médias de masse qui génèrent des preuves incriminantes et qu’ils remettent volontiers à la police (et que nous attaquerons à chaque fois que nous en aurons la chance). Distinguez-vous par votre comportement – ne filmez qu’à distance et ne filmez pas directement ceux qui attaquent. Ne filmez que leurs cibles. Malgré toutes les bonnes intentions que vous avez sans doute, si vous filmez des gens qui commettent des crimes, ces images peuvent et seront utilisées pour solidifier les preuves contre ielles (même si ielles portent un masque, d’autres vêtements ou des traits du visage sont régulièrement utilisés par la police pour identifier les suspects). Vous ne voulez pas être ce type qui met en danger les manifestants en les exposant à la violence policière. S’ils-vous plaît, prenez cela au sérieux.

Deux autres choses : ne filmez jamais au point de départ ou dans les premiers quinze minutes d’une manif pour permettre à tous.tes celleux qui prévoient porter un masque d’avoir l’opportunité de le mettre en sécurité. Avant de publier des vidéos, flouez toujours les corps des personnes qui sont masquées. Consultez ce tutoriel si vous ne savez pas comment faire.

Nous apprécions que la couverture de la manifestation par Document Everything utilise toutes ces techniques ; les individus dans le black bloc sont floués et les cibles des actions sont filmées plutôt que les personnes qui les attaquent. Au cours de l’attaque de la voiture de police, l’écran devient noir et on n’entend que les bruits de destruction. La couverture de 99% Médias a également brouillé les individus qui ont brisé la voiture, mais nous aimerions critiquer qu’ils ont publié des images rapprochées en haute-définition d’individus masqués non-floués en train de tirer des feux d’artifice sur des flics – personne n’a une tenue parfaite dans un bloc et ce genre d’images font en sorte que les gens se retrouvent en cellule.

Malheureusement, Document Everything, subMedia et quelques autres journalistes indépendants qui sont clairement de notre côté ont été attaqués par le bloc – nous aimerions que les personnes dans le bloc ne soient pas sans distinction envers les personnes avec une caméra. Jetons de la peinture et fracassons les caméras de tous les médias de masse sans hésitation, mais prenons aussi le temps d’expliquer aux médias indépendants quelles pratiques nous mettent en danger. Inversement, Maxime Deland (dont les photos incriminantes ont été publiées plus tard par TVA Nouvelles et qui semble être le photographe des médias de masse attitré pour aller dans les manifestations conflictuelles) est passé inaperçu dans le bloc parce qu’il ressemblait à un journaliste de médias indépendants – voici son visage pour la prochaine fois.

CONTRE LA POLICE, PAS QUE CONTRE LEUR BRUTALITÉ

Nous sommes content.es que cette année, le COBP ait décidé de cesser d’utiliser cette stratégie ratée de dénoncer les pires comportements de la police et a fait appel à des actions directes décentralisées contre elleux, tout en exprimant leur inspiration par plusieurs attaques contre la police et la surveillance au cours de l’année dernière. Le COBP a explicitement appuyé le conflit avec la police dans son communiqué le lendemain de la manif :

« Nous applaudissons tous les groupes autonomes qui se sont mobilisés pour le 15 mars et qui s’organisent toute l’année pour construire un rapport de force contre le SPVM et contre toutes les forces de police … »

« … Nous avons assisté à un 15 mars proactif, avec des actions diversifiées, offensives et efficaces. »

« Nous saluons la façon dont les militants se battent contre l’État policier et cela malgré la violence de la réponse. »

Nous aimerions que la manif de l’année prochaine soit appelée contre la police, point. Cette année, l’itinéraire a été choisi en fonction des endroits où ont eu lieu les meurtres par la police dans les années passées et d’une reconnaissance symbolique de la lutte contre l’embourgeoisement à Hochelaga. Marcher dans les rues résidentielles de Centre-Sud pendant une demi-heure pour atteindre cet objectif symbolique de commencer à Hochelaga ne nous a pas paru utile. Nous pensons que pour les prochaines années, il fait plus de sens de prioriser des routes qui nous offrent des avantages de combat, parce que la meilleure forme de mémoire est la révolte.

Mutinerie au centre jeunesse de Val-Du-Lac

 Commentaires fermés sur Mutinerie au centre jeunesse de Val-Du-Lac
Mar 222017
 

Hier soir, vers 22h30 6 adolescents du centre jeunesse Val-Du-Lac près de Sherbrooke ont décidés de se révolter contre les autorités de l’établissement. Ils ont menacé de tout casser à l’intérieur et refusaient de collaborer avec les intervenants du centre. Sans surprise, les intervenants ont appelé les policiers. Les 6 jeunes hommes ont résisté à leur arrestation et seront accusés d’attroupement illégal, voies de fait sur un agent, harcèlement, menaces et d’entraves au travail des policiers.

Ils nous fait chaud au cœur de voir des gestes de résistances face à ces institutions qui sont mises en place pour les briser autant physiquement que mentalement et qui tente de les réinsérer dans la société. Que la grogne contre se monde se propage.

Solidarité
-Des anarchistes

Vandalisme contre la gentrification à St-Henri

 Commentaires fermés sur Vandalisme contre la gentrification à St-Henri
Mar 172017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Le 15 mars 2017, près d’une douzaine de propriétaires de condos ont dû sortir leur char hors des bancs de neige de la plus grosse tempête de l’hiver à Montréal, pour finalement constater que leurs pneus avaient été lacérés durant leur sommeil.

Nous avons fait cette simple action à la veille de la 20e manifestation Contre la Brutalité Policière, qui a eu lieu à Hochelaga. Nous voulions mettre l’emphase sur le fait que la lutte contre la police et celle contre la gentrification sont une seule et même chose: la création d’un monde hostile au contrôle social et à toutes les formes de domination.

Cela n’a requis qu’un minimum de planification et aurait pu être fait à des dizaines d’endroits dans le quartier.

Avec cette action, nous avons réfléchi aux choix tactiques consistant à prendre pour cible des individus yuppies (aléatoirement) et des personnes riches dans le contexte d’activités anti-gentrification. Un moyen souvent mentionné comme tactique désirable est de causer des dommages à des voitures de luxe. Un peu moins de la moitié des voitures garées dans les stationnements des condos que nous avons visité avaient clairement une marque de luxe. Nous avons lacéré les pneus de toutes les voitures. Plusieurs yuppies décident de démontrer leur richesse autrement que par des BMW et des Mercedes. Peu importe leurs choix de consommation, ça vaut le coup de leur procurer un sentiment d’insécurité dans le quartier en endommageant à leur propriété. Et prendre pour cible tous les propriétaires de condos ou les voitures des yuppies pourrait rendre la tâche plus difficile à la police d’attraper les gens qui le font, puisqu’ils tenteront de le faire si ces pratiques se répandent. Ce sera aussi plus dur pour les propriétaires d’assurer la sécurité de leurs véhicules, dans des stationnements intérieurs par exemple. Par contre, il pourrait être avisé de se concentrer sur les voitures de luxe avec d’autres formes de vandalisme qui sont plus visibles pour les passants que des pneus lacérés, afin que les actions puissent être intelligibles aux voisin.es et aux gens sur la rue.

Fuck la police, vive la dégentrification!

Tant qu’il y aura des caméras il y aura des cibles

 Commentaires fermés sur Tant qu’il y aura des caméras il y aura des cibles
Mar 142017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Les anarchistes détestent les caméras. Mais adorent les jeux. C’est pourquoi avec quelques ami.es du Sud-Ouest on a répondu à l’appel du jeu CAMOVER. Masqué.es de noir (bien sûr), nous avons mis dans des sacs quelques caméras de surveillance indiscrètes et avons couvert d’autres de peinture. Pas d’Face, Pas d’Charges! Props aux potes d’Hochelaga qui niquent le shit. Continuez votre bon travail et à garder les caméras ennemies abattues.

Témoignage d’un.e participant.e :

« CamOVER!? Sans aucune doute. On est descendu.es à quatre dans la rue, deux guetteurs.euses désinvoltes, avec talkie-walkies et des cigarettes, et on a commencé à mettre les caméras dans nos sacs. Des câbles qui serpentent dans les airs et les caméras dégringolent, on s’est fait regarder croche par un citoyen qui passait par là et on a recommencé, genre, « FUCK TOI ET TES CAMÉRAS ». On s’est choop quand les flics sont arrivés, on a caché les caméras dans une ruelle et on les a récupérées le jour suivant ».

<3

Évaluation et rapport de la contre-manif anti-raciste

 Commentaires fermés sur Évaluation et rapport de la contre-manif anti-raciste
Mar 102017
 

Cliquez sur CC sur l’application vidéo pour voir les sous-titres en français

De Sub.media

Évaluation et rapport de

la contre-manif anti-raciste

Ceci est une rapide évaluation personnelle et un rapport de la contre-manifestation anti-raciste à Montréal aujourd’hui (4 mars 2017) en réaction à une tentative de mobilisation d’islamophobes, racistes et anti-immigrant.e.s. Ceci est un rapport public (Je sais que n’importe qui peut le lire). Je peux partager d’autres infos avec des camarades.

Ceci n’est simplement l’avis que d’un activiste anti-raciste sur ce qui s’est passé plus tôt aujourd’hui à Montréal, influencé par des discussions avec des camarades, avec qui j’ai partagé la plupart de ce que vous allez lire plus bas.

Évaluation

Il est essentiel d’être brutalement honnête: la mobilisation d’aujourd’hui a été un échec tactique par les anti-racistes et les anti-fascistes de Montréal. Il n’était pas assez pour nous d’être dans la rue ni d’être plus nombreuxes que les racistes; nous avions besoin d’empêcher au minimum les racistes islamophobes de marcher et d’arrêter la marche complètement. Pourtant, plus de 100 manifestant.e.s racistes, entouré.e.s de polices, ont réussi à marcher de d’Hôtel de ville au carré Berri et nous avons été incapables de les arrêter. C’est tout simplement inacceptable, c’est un immense échec.

Depuis les deux dernières années, malgré l’augmentation des groupes racistes et anti-immigration, nous avons empêché l’extrême droite de marcher ou de manifester publiquement, ou de les confronter avec du succès (ex: les manifestations de Pégida échouées dans St-Michel et Villeray; les mobilisations et évènements de JDL échouées; nous avons empêché l’anti-immigrant.e.s et raciste « Marche du silence »; nous avons activement confronté la visite de Marine LePen à Montréal). Aujourd’hui, l’extrême droite raciste a réussi à marché dans les rues de Montréal et il n’y a pas de manière d’embellir cette réalité.

En parlant avec des camarades après l’évènement, et après avoir réfléchi personnellement, il y a plusieurs raisons immédiates à notre échec collectif, selon moi:

i) Quand notre contingent de maximum 400 personnes a été séparé de la manifestation raciste et il y a eu une période de 45 minutes où nous étions d’un côté et que leur manif était de l’autre, une grande partie (50-100 personnes) de notre manif aurait dû se déplacer de l’autre côté pour prendre les racistes en sandwich. Il aurait été plus difficile pour les polices de nous tasser pour permettre la marche raciste que pour nous de tasser les anti-émeutes (ce qu’on n’a pas réussi à faire). Pour être juste, certains camarades en ont parlé, et quelques individus se sont déplacés de l’autre côté pour les prendre en sandwich, mais ce n’est jamais arrivé de manière efficace et décisive.

ii) Notre manifestation anti-raciste aurait dû être beaucoup plus importante. Nous étions 400 max. et nous aurions dû être au moins 1000. S’il vous plaît, prenez les appels pour confronter les racistes et les fascistes sérieusement, changez vos plans si nécessaire et présentez-vous (si vous en êtes capables) ou joue le tout aussi important rôle de soutenir les gens qui y sont présents.

iii) Présentez-vous à temps pour confronter des racistes; nous étions 400 personnes max., mais environ 200 à 11h30. Il y avait déjà des racistes présent.e.s et nous aurions peut-être pu coordonner deux groupes anti-racistes pour les prendre en sandwich si plus de gens avaient été présents plus tôt.

iv) Les islamophobes, racistes anti-immigrant.e.s étaient mobilisé.e.s et organisé.e.s. Iels ont réussi à rassembler au moins 100 personnes. La « Canadian Coalition of Concerned Citizens », le groupe islamophobe nébuleux qui a organisé la manifestation à travers le Canada, a été essentiellement pris en charge au Québec par le groupe raciste La Meute, qui organise de façon quasi-militaire. Le temps est passé où les activistes cyniques dé-priorisaient les efforts anti-fascistes comme non centraux puisqu’il n’y avait qu’une poignée de fascistes aux manif qu’iels essayaient d’organiser (nos manifestations faisaient partie de la raison pour laquelle ces fascistes restaient à la taille d’une poignée). L’extrême droite raciste et anti-immigrant.e.s est organisée et mobilisée au Québec, Montréal inclus.

v) Non seulement la manif raciste a réussi à marcher, entourée de polices, de l’hôtel de ville au carré Berri, mais La Meute est arrivée à la manif en marchant du carré Berri à l’hôtel de ville (en coordonnant leurs efforts avec les polices). C’est un échec tactique de ne pas avoir entendu parler de cette marche en avance et de n’avoir rien fait.

vi) Nos communications collectives d’aujourd’hui ont été un échec. La prochaine fois, il faudra communiquer de façon organisée, pas improvisée, coordonnée, fiable, selon un plan collectif d’entourer les racistes, les prendre en sandwich et ensuite, les arrêter complètement.
Un résultat possible de l’échec d’aujourd’hui concernant l’arrêt des racistes est de se montrer moins complaisant.e.s dans notre organisation anti-fasciste, devenir mieux organisé.e.s, voulant dire aussi de ne pas compter sur l’ « antifa » en tant que sous-culture, mais plutôt une priorité centrale dans l’organisation de tous les groupes qui opposent le racisme et le fascisme. Un autre résultat qu’il faudra prendre l’extrême droite anti-immigrant.e.s en hausse au Québec et au Canada au sérieux (au cas où vous ne le faisiez pas déjà). Un autre résultat qui met au défi notre modèle d’organisation existant, surtout le fait de compter (pour quelques-un.e.s) sur de l’improvisation totale pour ce qui est des organisations nécessaires, fiables et de base.

Rapport

Pour celleux qui n’étaient pas là, voici un rapport cru de ce qui s’est passé:

L’appel pour une contre-manifestation anti-fasciste/anti-raciste était prévue pour 11h30 du matin, au moins 30 minutes avant la manif raciste allait commencé en avant de l’hôtel de ville de Montréal. Avant 11h30, environ une douzaine de personne qui avaient l’intention de manifester dans la marche raciste, avec environ 100 activistes anti-racistes et plus qui sont arrivé.e.s dans les 30 minutes d’après. Il y a eu des confrontations verbales et au moins une confrontation physique, entre racistes et anti-racistes. Les polices ont fini par diviser les deux groupes; les racistes déplacé.e.s par la police à l’est de l’hôtel de ville et notre plus grand groupe d’anti-racistes à l’ouest. Une rangée de polices nous a séparé.e.s et ont créé une zone tampon large de la moitié d’un bloc entre les racistes et les anti-racistes.

Pour environ 45 minutes, ou plus, il y a eu des slogans scandés d’un côté à l’autre de notre manif. Pendant ce temps-là, les gens de La Meute sont arrivés et ont joint le petit groupe de racistes. Leur nombre est devenu de 100 et plus, à brandir leurs drapeaux de griffes de loups. Un petit groupe avait des affiches « Pégida Québec » (en référence au groupe d’anti-islam, anti-immigrant.e.s qui a commencé en Allemagne et qui avait jusqu’à maintenant échoué à manifester publiquement à Montréal).

Il est devenu clair que la manif raciste a commencé à marcher sur Notre-Dame vers Berri. La rangée de police reculait et nous les avons suivi.e.s (pourtant, avec du recul, nous aurions dû couper notre manif en deux pour essayer de bloquer la manif raciste). Pendant se déplacement, il y a eu des altercations avec des anti-émeutes. Les polices ont sorti leur poivre de cayenne et quelques camarades ont reçu des coups de matraque (une personne s’est fait explosé les dents avec un coup de bouclier; nous avons pris le numéro de plaque de la police et nous allons faire un suivi pour offrir du soutien constant à la victime).

Éventuellement, il a semblé avoir une stratégie collective et ça a été d’essayer de rattraper la marche raciste en remontant (littéralement en courant à un moment) la rue St-Denis pour rejoindre la rue Berri et confronter les racistes. En revanche, les deux fois (que j’ai notées) où cette stratégie a été utilisée, une rangée de police (à pied et à vélo) nous ont empêché.e.s de rejoindre la manif raciste.

Au moment où nous avons rejoint De Maisonneuve et St-Denis, La Meute était déjà arrivée au carré Berri et était en train de se disperser. Le groupe principal d’anti-racistes est allé au nord pour essayer de trouver une façon de replier la marche au carré Berri. Il restait environ 50-75 membres de La Meute, en train de se disperser, alors nous leur avons crié après à distance. Les polices anti-émeute étaient présent.e.s et ont éventuellement installé une rangée contre notre petit groupe (20 personnes).

Plus tard (environ 10 minutes plus tard), le plus grand groupe anti-racistes nous a rejoint, mais tout était fini. Plusieurs ont pris réconfort en brûlant les affiches que les racistes avaient laissées et en chantant l’Internationale, mais ce n’était certainement pas mon attitude après un tel échec tactique.

Pour les personnes libérales…

Voici un rappel de la raison pourquoi la manif d’aujourd’hui était raciste, islamophobe et anti-immigrant.e.s (et non pas simplement contre M103 et pour la liberté d’expression): Les individu(s) derrière la « Canadian Coalition of Concerned Citizens » ont exprimé publiquement des opinions anti-immigrant.e.s, délibérément exagéré les effets de la motion M103 et d’autres politiques d’une façon islamophobe, ont exprimé ouvertement leur admiration pour Marine Le Pen et Donald Trump, ont partagé des vidéos des groupes d’extrême droite en Europe de l’est avec des slogans comme « Dehors l’Islam » et « Plus de Mosquées » et enfin, ont exprimé des théories conspirationistes anti-sémitiques sur George Soros et l’ordre du monde. Leurs marches basées au Québec ont été ouvertement soutenues et organisées par des groupes de l’extrême droite anti-immigrant.e.s et anti-musulman.e.s comme La Meute et Pégida. Ces groupes réclament être concernés par l’Islam et « l’islamisation » et non pas contre les musulman.e.s, mais quand vous exagéré délibérément et répété des faussetés toxiques sur les musulman.e.s et l’Islam, sans mentionner sur les immigrant.e.s, alors vous êtes islamophobes et racistes. Les individus associés avec ces groupes ont commis des actes violents et ont exprimé de la violence contre des groupes identifiables (ces groupes – musulman.e.s, migrant.e.s, personnes racisées, activistes antifa – n’incluez pas les personnes libérales blanches).

La position des groupes qui se sont mobilisés pour la contre-manifestation anti-raciste est que nous ne fournissons pas d’espace public dans nos rues ni dans nos quartiers pour les racistes. Aujourd’hui n’était pas une journée pour « dialoguer » avec les racistes, mais plutôt de les arrêter. Quelques-un.e.s d’entre nous dialoguons avec eux (plusieurs personnes racisées n’ont pas le choix, ce « dialogue » nous est imposé), mais aujourd’hui était une tentative de shut down. La remise en question libérale de l’efficacité des tactiques anti-fascistes au moment où nous essayons de mettre en oeuvre ces tactiques en face des polices anti-émeutes, du poivre de cayenne et des violent.e.s racistes qui nous ont menacé.e.s, à une manif qui visait clairement à dénoncer et à arrêter les racistes et fascistes est incroyablement contre-productif d’un mouvement anti-raciste efficace. De même pour vos leçons condescendantes sur la « diversité ». Fuck you.

Dans l’espoir que cette évaluation et rapport est utile tant pour les personnes qui étaient là que pour celleux qui n’étaient pas à la manif de Montréal. Plus de discussions, dans nos espaces d’organisations et ailleurs, vont certainement se produire et ceci est une contribution rapide écrite la journée même.

– Jaggi Singh,
membre du Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM) et de Solidarité sans frontières.

(Ce rapport est une réflexion personnelle)

Dénonçons l’odieuse réforme de l’aide sociale!

 Commentaires fermés sur Dénonçons l’odieuse réforme de l’aide sociale!
Mar 092017
 

De CLAC

Ce matin, les bureaux d’aide sociale de Parc Extension, Rosemont et Montréal Nord on été recouvert d’affiche pour protester contre la réforme de l’aide sociale (loi 25). Cette mesure s’attaque aux plus vulnérables parmi nous, forçant ceux qui vivent déjà avec seulement le tiers du seuil de faible revenu à faire des formations en employabilité sous peine de voir leur prestations diminuer. Cette loi est particulièrement indécente : elle ne générera aucune économie pour le gouvernement et participera à la dégradation des conditions des vies des assistéEs sociaux.

Cette réforme est particulièrement vicieuse puisqu’elle interdit désormais au gens de sortir de la province pendant plus de 7 jours consécutifs, touchant principalement les femmes migrantes ayant de la famille à l’extérieur du pays ou de la province. En général, les femmes sont toujours plus touchées par de telles réformes parce qu’elles se retrouvent plus souvent à devoir dépendre de l’aide sociale pour faire des tâches domestiques non-rémunérées (gardes de enfants, entraide familiale, etc).

L’appauvrissement au Québec est en augmentation croissante. Alors que les salaires stagnent, tant le coût de la nourriture, du logement et du transport augmente de façon fulgurante. Cet dégradation des conditions de vie fait la richesse de certain : les banques canadiennes continuent de faire des profits phénoménaux sur la paupérisation de la population : le filet social étant depuis longtemps rongé par les mesures d’austérité, les gens n’ont d’autre choix que d’avoir recours au crédit.

Les attaques envers les plus pauvres se doivent d’être dénoncées, parce qu’elles viennent détruire à terme les gains sociaux effectué par la société. Tant que nous laisserons des gens dans la misère la plus absolue, nos luttes pour la justice sociale ne créeront que des îlots de richesse temporaire.